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00:00Nous recevons Serge Bilet, journaliste écrivain ivoirien,
00:03et il vient nous présenter une comédie musicale
00:06retraçant la vie du 1er président ivoirien,
00:08Félix Oufouette-Boigny.
00:10Bonsoir, Serge Bilet. Merci d'être revenu sur notre plateau.
00:14Vous êtes un régulier. On est toujours heureux de vous recevoir.
00:17Ce soir, vous n'allez pas nous parler d'un nouvel ouvrage,
00:20même si vous êtes en train d'y travailler.
00:23Ce soir, vous nous parlez d'une comédie musicale
00:26sur le 1er président ivoirien,
00:29Félix Oufouette-Boigny.
00:31Vous avez écrit un livre
00:36qui s'appelle Mes années Oufouette,
00:38et un livre sur la 1re dame, Marie-Thérèse, les Kennedy et moi.
00:42Cette fois, c'est une comédie musicale.
00:44Pourquoi ce nouveau genre ?
00:47Sur Oufouette, je fais un travail qui ressemble à un triptyque.
00:50Le livre, la comédie musicale, le spectacle, et aussi un film.
00:54Je trouve qu'aujourd'hui, nos jeunes, en particulier en Afrique,
00:58ont une totale méconnaissance de leur histoire,
01:00notamment de l'histoire coloniale.
01:02Il est important de trouver tous les moyens possibles
01:05pour pouvoir les toucher.
01:06Les moyens les plus importants aujourd'hui, on le sait,
01:09c'est le livre, c'est l'image avec les vidéos,
01:13et puis c'est aussi, naturellement, le spectacle vivant.
01:16J'ai voulu, à travers toute mon approche d'Oufouette-Boigny,
01:20passer par ces trois outils
01:23afin de pouvoir toucher un maximum de gens.
01:25Les jeunes qui s'intéressent à la musique
01:27ne sont pas forcément ceux qui vont lire,
01:28et ceux qui vont lire ne sont pas forcément ceux qui iront au cinéma.
01:31C'est pour ça que, pour Oufouette, j'ai fait cette démarche-là,
01:34et cette démarche consiste justement à toucher un maximum de personnes.
01:37Avant de continuer cette interview,
01:39on va écouter un extrait du clip d'un single
01:42de cette comédie musicale. Écoutons.
01:46Je m'appelle Félix Oufouette-Boigny.
01:49Je suis né en pays dominé.
01:52Et parce que vous êtes trop voulus,
01:54je me bats pour mon peuple et mon corps bat pour t'aider.
01:58J'ai eu si peur, Félix, que tu ne viennes pas.
02:05Tu m'as très bien manqué, que j'en perdais le sommeil.
02:10Sais-tu, ma belle,
02:16que tu es la femme que j'aime ?
02:20Je suis flattée.
02:25Voilà cet extrait magnifique de cette comédie musicale.
02:28Alors, de quoi parle cette comédie musicale ?
02:31J'ai voulu raconter,
02:32parce que le spectacle est différent du livre
02:35et différent naturellement aussi du film,
02:36j'ai voulu raconter à travers cette comédie musicale
02:39toute la conquête de l'indépendance,
02:41donc tout ce qui part de 1946 à 1960,
02:43avec tous les personnages de l'époque.
02:46Il y a Anne-Marie Radji, qui était les géries de la marche
02:48des femmes de Grand-Bassam.
02:49C'est une marche qui n'est pas connue
02:51en dehors de la Côte d'Ivoire,
02:52mais qui était très importante dans l'histoire de la Côte d'Ivoire.
02:54Raconter aussi le combat de Jean-Baptiste Moquet,
02:56qui était plus nationaliste que Oufoué de Boigny.
02:58Et raconter un peu toutes les divergences
03:00qu'il y avait entre les uns et les autres,
03:01entre Oufoué de Boigny et Étienne Djaumant,
03:03qui était son véritable rival de l'époque.
03:05Et puis naturellement, le rapport quelquefois tendu,
03:08mais aussi détendu avec les gouverneurs de l'époque.
03:11Donc c'est tout ça, la conquête de l'indépendance.
03:13Comment est-ce qu'on fait pour partir de ce postulat
03:17de coloniser pour arriver à l'indépendance
03:20avec des compromissions, avec aussi des combats, des morts ?
03:25Et c'est tout ça que j'ai voulu raconter.
03:27Alors, comment ce genre de spectacle
03:31est accueilli en Côte d'Ivoire ?
03:32Est-ce qu'il n'y a pas un risque ?
03:34Même si vous parlez d'un personnage qui est connu en Côte d'Ivoire.
03:36Oui, bien sûr qu'il y a un risque, parce que c'est nouveau.
03:38Ici, à Paris, on a pu voir,
03:41dans l'histoire, par exemple, d'Horat-Louis XIV,
03:43on a pu voir naturellement des films, des livres,
03:46mais aussi une comédie musicale, Le Roi-Soleil.
03:48Donc c'est pareil, c'est la même démarche.
03:50Mais il faut prendre des risques.
03:51Et ce risque-là, c'est de convertir les Ivoiriens
03:55à un genre qui est complètement nouveau pour eux,
03:57même si autrefois, il y a eu, à travers nos traditions,
04:01des choses qui pouvaient ressembler à des comédies musicales
04:03de l'époque, mais aujourd'hui, c'est quelque chose de totalement moderne.
04:06Donc oui, il y a un risque, mais ce risque, il faut le prendre,
04:08parce que nous devons nous convertir à tout ce qui se passe aujourd'hui,
04:11donc dans la modernité.
04:12Et si on peut trouver tous les moyens pour faire connaître l'histoire,
04:15pour faire connaître les grands hommes,
04:16avec leurs ombres et avec leurs lumières,
04:18eh bien, c'est important de le faire.
04:20Est-ce que vous espérez toucher toutes les générations
04:25avec ce personnage, ce genre ?
04:27On ne sait pas, parce que, par exemple, le livre Mes années au fouet,
04:30moi, j'étais extrêmement surpris, parce que ça touchait les jeunes
04:33qui ne connaissaient pas l'histoire de la Côte d'Ivoire,
04:35donc avec tout ce qui a pu se passer dans les drames,
04:37mais aussi dans les bons moments, ils ne connaissaient pas.
04:39Là, on va voir, on ne sait pas qui on va toucher,
04:42mais on espère toucher le maximum,
04:44parce qu'une comédie musicale, c'est d'abord une histoire familiale.
04:46Il y a certes la trame historique, mais il y a l'histoire d'amour,
04:48et donc, là, on l'a vu à travers ce clip.
04:50Il y a l'histoire avec un grand H et il y a la petite histoire.
04:52L'histoire d'amour entre Euphoé et Thérèse,
04:54et puis, donc, naturellement, tout ce qui va avec,
04:56et donc, oui, on espère toucher un maximum de personnes,
04:59mais c'est nouveau, et comme ce genre de spectacle familial,
05:02c'est peut-être nouveau, donc, chez nous,
05:05il faut espérer que, justement, ça va intéresser les gens,
05:08mais c'est un risque que, moi, j'adore prendre.
05:10On va suivre ça, en tout cas.
05:12Est-ce que vous pouvez nous parler un peu des coulisses ?
05:15Comment se sont passées les castings, par exemple ?
05:17On a fait un casting à Bijan, avec des artistes et des danseurs,
05:20parce que c'est une troupe de 40 personnes,
05:22c'est quand même pas rien,
05:23avec les meilleurs chanteurs qu'on a actuellement.
05:25On a vu tout à l'heure, notamment, Onel Mala,
05:27qui est un chanteur très connu en Afrique,
05:29et donc, ce qui était intéressant pour nous,
05:31c'est d'incarner tout, donc, sur place,
05:33avec des chorégraphes sur place, avec des scénographes sur place,
05:36avec aussi un metteur en scène sur place,
05:38c'est-à-dire que de monter toute la troupe sur place,
05:41pour la plupart d'entre eux, pour les trois quarts,
05:43voire même quasiment la totalité, c'était nouveau.
05:45Mais justement, c'est parce que c'était nouveau
05:47que c'était excitant.
05:48Et moi, tous les jours, je suis en relation avec eux,
05:50ils font des répétitions, et vraiment, je trouve
05:52qu'il y a un enthousiasme qui est extraordinaire,
05:54et cet enthousiasme-là se communique peu à peu
05:56aussi à la population.
05:57Et il y a combien de personnes dans cette troupe ?
05:59Combien de comédiens ?
06:00On est 40 personnes, c'est-à-dire, entre les artistes,
06:02les chanteurs, les danseurs et tout le reste de l'équipe,
06:06on est au moins une quarantaine de personnes.
06:08C'est important, mais ça montre aussi le sérieux
06:11d'une telle entreprise qui a commencé depuis neuf mois.
06:14On a commencé le travail de communication
06:16depuis neuf mois pour sensibiliser les gens
06:19à ce genre de spectacle qui est nouveau pour eux.
06:22Alors, ça a commencé depuis neuf mois,
06:24mais c'est quand, la première ?
06:26La première, c'est le 7 juin.
06:27Il y a deux spectacles, le 7 et le 8 juin.
06:30Et donc, on attend effectivement quelque chose
06:31qui va être une espèce de communion autour d'une histoire,
06:34mais aussi d'un spectacle familial
06:36où les gens pourront y aller avec leurs enfants
06:39et puis découvrir à travers ce spectacle
06:42l'histoire du pays, et puis après, naturellement,
06:44essayer d'aller peut-être plus loin à travers des livres
06:46qui iront naturellement dans plus de profondeur
06:49sur tel ou tel personnage.
06:51Alors, vous parliez tout à l'heure d'un film.
06:54Donc, vous avez écrit beaucoup de livres
06:56sur des personnages historiques.
06:58Vous faites cette comédie musicale, vous parlez d'un film.
07:01Est-ce que vous ne serez pas aussi, pourquoi pas,
07:02intéressé par les plateformes de séries,
07:07faire une série sur un personnage historique ?
07:09Est-ce que ce ne serait pas peut-être la prochaine étape ?
07:11Tout est possible.
07:12Le vrai problème que nous avons en Afrique,
07:15c'est d'abord de s'intéresser à nos propres histoires.
07:17Souvent, nos histoires sont écrites par d'autres,
07:19avec le regard, je n'ai rien contre.
07:21Mais vous connaissez bien la fable,
07:22si les lions avaient leurs propres historiens,
07:25donc l'histoire de chasse ne serait pas aussi glorifiée.
07:27Eh bien, c'est ça, nous devons d'abord
07:28nous réapproprier tout cela.
07:29Donc, ça prend du temps entre le moment de proposer
07:32des spectacles comme celui-ci, de proposer des films,
07:34de proposer un certain nombre de choses.
07:36Peut-être qu'après, on enverra aux séries.
07:38Et on pourra donc peut-être envahir un peu
07:40tout l'espace médiatique par nos propres histoires,
07:44écrites par nous, à notre façon,
07:46et qui nous permettent d'avoir un regard
07:48qui est complètement différent.
07:49Vous voyez, Bouigny, on dit beaucoup de choses sur lui.
07:51Il y a des choses qui sont agréables,
07:53d'autres qui le sont moins.
07:54Mais ce qui est intéressant,
07:55c'est comment est-ce que les jeunes vivraient aujourd'hui,
07:58s'approprient ce personnage ?
07:59Qu'est-ce qu'ils ont à dire de lui ?
08:01Est-ce qu'ils auront à dire de lui,
08:02avec ses ombres et ses lumières ?
08:03C'est ça qui est le plus important pour moi,
08:05plutôt que l'image qu'on peut avoir de lui à l'étranger.
08:09Merci beaucoup, Serge Billet.
08:11Je rappelle que la première, ce sera le 7 et le 8 juin,
08:14en Côte d'Ivoire. On suivra ça
08:15avec notre équipe de correspondants sur place, bien sûr.
08:18Et merci beaucoup. Prochain projet, peut-être ?
08:22Oui, je travaille sur déjà quelque chose.
08:24Une histoire autour de Mandela.