• il y a 7 mois
Lors de la première session du Think & Do Tank du 02 avril 2024 « Plus de femmes dans les métiers de la transition écologique » au Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, nous avons eu l'honneur d'écouter M. le ministre Christophe Béchu, conclure notre session et participer à un temps d'échange avec le public.

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Transcription
00:00 (Générique)
00:08 J'invite maintenant M. Christophe Béchu, qui vient de nous rejoindre,
00:12 ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires,
00:15 à venir conclure cette première partie de notre matinée.
00:20 C'est à vous.
00:22 (Applaudissements)
00:37 Donc je suis censé conclure.
00:42 Mesdames et messieurs, je voudrais...
00:47 Quand je dis mesdames et messieurs, je devrais dire surtout mesdames,
00:50 peut-être messieurs, j'en vois un seul dans cette partie-là.
00:52 Non, il y en a quand même quelques-uns qui se sont mélangés
00:55 au milieu de l'assistance.
00:58 Je voudrais vous dire le plaisir que j'ai à vous accueillir ici,
01:03 au ministère de la Transition écologique,
01:06 dans ce salon qui a été l'un des principaux lieux
01:09 du Grenelle de l'environnement.
01:13 Un des lieux où on s'était forcé pendant des milliers d'heures
01:16 d'arriver à trouver des consensus pour regarder comment faire en sorte
01:21 de prendre pleinement conscience de la nécessité en matière
01:27 de préservation de l'environnement, de lutte pour la nature,
01:31 pour l'ensemble des espèces avec lesquelles nous vivons,
01:35 de changer de vision et de paradigme.
01:39 C'était il y a 15 ans.
01:42 A certains égards, on peut avoir l'impression que c'était il y a
01:44 bien plus longtemps, tellement il s'est passé de choses depuis.
01:48 Et à d'autres, on mesure que toute une partie des constats
01:51 qui ont été posés à ce moment-là nécessitent encore d'avoir des actions
01:54 qui soient à la hauteur des enjeux dont on continue de discuter.
02:00 On peut prendre l'écologie comme étant la liste des problèmes
02:05 auxquels nous avons à faire face.
02:07 Et Dieu sait qu'ils sont nombreux.
02:10 J'ai toujours quelques scrupules, en début de journée et en début de semaine,
02:13 à les énumérer parce que ça peut plomber un peu l'atmosphère.
02:17 Mais je vais faire en sorte de terminer évidemment par le thème
02:20 qui vous réunit ce matin et de montrer que derrière ces problèmes,
02:24 il y a aussi des opportunités et des chemins d'avenir dont il faut
02:26 être capable de se saisir.
02:29 On est confrontés à un premier souci majeur qui est celui
02:34 de nos émissions gaz à effet de serre, qui est extrêmement bien documenté
02:38 et qui fait qu'on s'aperçoit que jamais dans l'histoire de l'humanité,
02:42 on ne s'est retrouvé avec un dérèglement climatique
02:46 qui est la résultante de nos activités humaines.
02:51 Dix, quand on regarde les dix années les plus chaudes
02:57 à l'échelle de notre pays, huit sur dix ont eu lieu au cours
03:01 des dix dernières années.
03:03 On n'est pas dans l'anomalie statistique.
03:07 On bat tous les mois des records de température.
03:11 L'année 2023 était la plus chaude jamais enregistrée à l'échelle de la planète.
03:15 On a des records au niveau des températures des océans.
03:19 Et j'utilise volontairement le mot de dérèglement climatique
03:22 et pas celui de réchauffement parce que le réchauffement,
03:24 ça peut avoir un côté sympa.
03:27 Si on faisait un sondage pour savoir si les gens apprécieraient
03:30 qu'il fasse un ou deux degrés de plus tous les jours,
03:33 j'ai assez peu de doutes sur le fait qu'on pourrait se mettre d'accord
03:35 sur le sujet.
03:37 Le problème, c'est pas ça.
03:39 Le problème, c'est que quand on se retrouve avec un dérèglement climatique
03:42 et donc avec une température qui s'écarte de ce qu'est sa température historique,
03:46 on accentue de manière considérable les sécheresses.
03:50 On se retrouve avec moins d'eau parce que la nature a besoin d'en absorber davantage
03:55 et donc que l'eau disponible pour les activités humaines,
03:57 même si plus autant et moins importante,
04:01 on perturbe l'ensemble des activités de la faune et de la flore
04:04 et pour certaines, de manière irrémédiable et extrêmement rapide,
04:08 et je pense par exemple aux forêts,
04:10 qui n'ont absolument pas le temps de s'adapter à l'évolution de ces températures
04:14 et qui sont doublement fragilisées,
04:16 à la fois par le stress hydrique et par la menace d'incendies
04:21 qui avant étaient principalement sur le bord du pourtour méditerranéen
04:25 et qui maintenant, avec des températures qui commencent à ressembler
04:28 dans la moitié nord de la France à ce que nous connaissions dans la moitié sud,
04:32 provoquent à la fois des risques et des pertes de biodiversité très importantes
04:38 comme on a pu le savoir.
04:40 Ça, ce sont nos émissions.
04:43 Notre deuxième défi, c'est l'érosion de la biodiversité.
04:46 À la minute où on se part, on a une espèce sur huit à l'échelle de la planète
04:51 qui est menacée, pour partie à cause du dérèglement climatique,
04:56 mais d'abord et avant tout à cause de l'étalement urbain partout dans le monde
05:01 qui consiste à bétonner des terres qui du coup cessent d'être fertiles,
05:06 arrêtent de pouvoir stocker du carbone,
05:09 cessent de se retrouver avec à l'intérieur des organismes qui sont des organismes vivants
05:14 et c'est par la disparition de ces organismes vivants, puis des insectes,
05:19 qu'on finit par menacer la totalité des espèces qui se retrouvent sur la planète.
05:26 Notre troisième défi, c'est la pollution.
05:29 En 2060, il y aura plus de plastique que de poissons dans les océans
05:34 si nous restons sur les rythmes de rejet que nous sommes en train de connaître à l'heure actuelle
05:40 et avec des liens très étroits, en particulier avec une industrie textile
05:45 qui de plus en plus va vers des modèles ultra courts, ce qu'on appelle l'ultra fast fashion,
05:50 et qui à elle seule est responsable d'un tiers de la pollution chimique de nos océans.
05:56 Notre quatrième défi, c'est l'adaptation.
06:00 Ce dont je suis en train de parler, ce sont des risques,
06:03 mais ce sont des risques qui sont en train d'arriver et qui sont extrêmement bien documentés.
06:07 Et la difficulté sur ces trois niveaux de risques,
06:11 pèsent des émissions, préservation de la biodiversité, lutte contre la pollution,
06:17 c'est qu'il faut à la fois qu'on change nos pratiques chez nous,
06:21 mais qu'on les change partout dans le monde.
06:23 Parce que si en parallèle il n'y a qu'un ou deux pays qui font des efforts et que les autres ne le font pas,
06:26 on continuera à avoir une pollution à la fois des océans,
06:29 des émissions qui continueraient à s'emballer sur le plan mondial,
06:31 et des conséquences même si un ou deux pays réussissaient à atteindre la neutralité carbone,
06:36 y compris dans des horizons proches.
06:39 Et à côté de ces trois défis, on a ce défi de l'adaptation qui a la particularité d'être national.
06:45 S'adapter, c'est tirer les conséquences de ce dérèglement
06:50 et être capable de protéger la faune, la flore, les habitants, notre avenir,
06:55 de façon très concrète.
06:57 C'est s'apercevoir qu'avec le rythme de baisse des émissions de gaz à effet de serre que nous connaissons aujourd'hui,
07:03 les températures vont commencer à augmenter parce que ce rythme de baisse n'est pas encore au bon niveau.
07:08 Et qu'il n'y a qu'un quart des pays de la planète qui ont commencé à baisser leurs émissions.
07:12 Et donc quand on écoute les scientifiques, on se rend compte qu'on va
07:16 non pas vers une augmentation des températures de 1,5 degré, mais vers une augmentation des températures
07:20 qui sera plutôt de l'ordre de 3 à l'échelle de la planète et donc de 4 à l'échelle de notre pays.
07:25 Et à 4 degrés, on a les deux tiers de stations de ski de ce pays qui n'ont plus de neige.
07:32 On a un nombre de jours de canicule qui tend vers 40 ou 50
07:38 avec des conséquences sur les activités humaines qui viennent très importantes.
07:41 On a une augmentation des sécheresses par 5.
07:45 Et donc on doit adapter notre pays pour que des trains ou des services publics
07:50 ou des infrastructures de communication résistent à des températures pour lesquelles ils n'avaient pas été conçus.
07:55 On doit entreprendre des travaux très importants pour sécuriser l'accès à l'eau partout sur les territoires
08:02 et se demander comment on fait en sorte d'éviter de la gaspiller, etc.
08:08 Le point commun de ces quatre sujets que j'évoque devant vous,
08:12 et je pourrais en décliner quelques autres mais j'essaye de les simplifier,
08:17 c'est que ce sont autant de défis pour lesquels nous avons besoin d'intelligence et d'investissement.
08:26 En face de chacun de ces défis, il y a des solutions qui sont à créer ou qui existent et qui convient de déployer.
08:33 Et on estime qu'à un horizon temporel très court, dans les 10 prochaines années,
08:38 il y aura 400 000 emplois, un titre ou un autre, qui vont se retrouver comme étant autant d'opportunités dans ces métiers.
08:45 Baisser nos émissions, ça veut dire nous passer du pétrole et du gaz.
08:49 Pour nous Français, c'est plutôt bien, on n'en produit pas.
08:52 Produire de l'énergie renouvelable, à l'inverse, ça génère des opportunités d'emplois
08:58 qui seront disponibles ici, en France, en Europe, et qui seront autant de leviers
09:04 pour être capables à la fois de préparer notre avenir, mais aussi de générer des retombées économiques
09:10 et de permettre des créations d'entreprises.
09:13 Faire en sorte de nous adapter, c'est mieux isoler nos bâtiments,
09:16 c'est regarder comment on va vers davantage de sobriété dans nos usages.
09:20 C'est modifier les règles pour que demain, l'eau du lave-linge permette d'alimenter la bassine des toilettes
09:26 et que ce soit plus de l'eau potable qu'on utilise à chaque fois qu'on y va,
09:29 puisque un Français, c'est en moyenne 150 litres d'eau potable par jour et par personne.
09:36 Si on livrait à chacun d'entre nous le matin 100 bouteilles d'un litre et demi
09:42 en disant "voilà ta consommation pour la journée", je pense qu'on ferait plus attention
09:46 que s'il suffisait d'ouvrir le robinet pour qu'il y ait de l'eau qui coule.
09:49 Quand on mesure les écarts qui peuvent exister sur le plan mondial entre l'eau dont nous disposons
09:54 et l'eau qui manque d'ores et déjà dans tant de pays de la planète,
09:57 on mesure l'intérêt qu'il y a à la fois à lutter contre ce gaspillage et à trouver des solutions.
10:02 Et des solutions, il y en a plein.
10:05 Dans les canalisations de nos villes, on perd un litre d'eau potable sur cinq à cause des fuites.
10:13 Il y a encore des quantités d'endroits qui ne sont pas équipés de mousseurs
10:17 dans lesquels vous diminuez le débit de votre robinet.
10:20 Je parle de solutions très basiques.
10:22 Il y a ensuite des solutions beaucoup plus importantes
10:24 comme tous les dispositifs de réutilisation des eaux usées, etc.
10:29 Je ne déploie pas.
10:30 Le point commun, c'est quoi ?
10:32 C'est qu'il y a des métiers d'avenir en quantité.
10:37 Et le point commun qu'il y a entre ces opportunités et la matinée que vous animez ici,
10:47 c'est que pour être capable de remporter ce défi,
10:50 pour faire face à ces enjeux qui sont absolument considérables,
10:53 on ne peut pas se permettre de ne pas embarquer tout le monde.
10:59 C'est vrai d'un point de vue civique.
11:01 Il ne s'agit pas d'avoir 5 ou 10 % de la population qui est convaincue
11:05 et 85 ou 90 % de la population qui doute.
11:09 Mais ça l'est aussi sur le plan professionnel, sur le plan universitaire.
11:17 Il faut faire en sorte que des hommes et des femmes s'engagent dans ces métiers.
11:23 Et là, c'est la raison pour laquelle on est heureux de vous accueillir ce matin.
11:28 Il y a des gisements d'emplois qui sont considérables
11:30 et on a certainement des progrès à faire pour féminiser ces métiers de la transition.
11:37 L'égalité, ce n'est pas seulement un mot ou un concept.
11:40 C'est une nécessité pour faire face à la transition écologique.
11:44 Parce que dès lors que je dis qu'on a besoin de tout le monde,
11:46 on ne peut évidemment pas se permettre de se passer de la moitié de l'humanité.
11:50 Et on a aujourd'hui des marges de progression qui sont significatives.
11:56 Si je résume, très vite, j'ai un enjeu,
12:02 et je commence par une forme de devoir d'exemplarité,
12:05 pour faire en sorte que le ministère, puisque c'est lui qui anime ces politiques,
12:09 soit lui-même le plus proche possible de la parité.
12:12 Pour bien montrer que quand il encourage les partenaires ou les entreprises
12:18 qui travaillent pour lui à faire quelque chose, il commence par se l'appliquer à lui-même.
12:22 Le ministère de la transition écologique, c'est 44% de nos effectifs qui sont des femmes.
12:28 Et sur l'année 2022, c'est 49,29% des recrutements de cette année-là qui sont des femmes.
12:35 Et au niveau de 44%, il s'améliore et on va gentiment vers les 50%.
12:44 Avec pourtant un handicap, c'est qu'à chaque fois qu'il y a des métiers d'ingénieurs ou des métiers techniques,
12:51 on a une surreprésentation des hommes et que nous sommes dans un ministère
12:54 dans lequel il y a beaucoup de fonctions qui sont des fonctions d'ingénieurs.
13:00 Pas forcément dans des domaines tels qu'on les imagine,
13:02 mais par exemple, météorologue, qui est un métier crucial.
13:06 Météo France qui dépend de ce ministère, c'est entre 2 500 et 3 000 personnes.
13:12 C'est typiquement un lieu dans lequel nous avons besoin qu'on ait des femmes qui se disent
13:18 qu'elles ont envie de suivre des études dans l'école nationale de météorologie
13:24 qui est pilotée par ce ministère et qui se situe à Toulouse.
13:28 Ce sont des métiers sur la gestion des voies navigables.
13:32 C'est tous les métiers autour de la sobriété ou de la transition énergétique.
13:35 Il y en a des quantités avec à chaque fois le point commun de bien montrer comment
13:40 ces métiers scientifiques peuvent déboucher sur une partie des solutions.
13:45 Et là, il y a un combat qui dépasse celui du ministère de la transition écologique
13:48 et qui est comment on casse une forme de plafond qui conduit à ce que
13:53 beaucoup de femmes ne se tournent pas vers des métiers scientifiques.
13:55 Alors que quand elles le font, elles le font souvent avec un succès éclatant
13:59 puisqu'il y a quelques semaines, j'ai eu l'occasion d'être le parrain de la remise des prix
14:05 pour les femmes engagées dans la transition énergétique.
14:08 C'est la présidente de Dalkia qui est une femme qui a organisé et monté ça
14:14 avec quelques autres il y a déjà quelques années et avec un nombre de candidats
14:18 qui chaque année augmente, preuve que les choses sont en train de bouger.
14:23 Je suis donc très heureux d'avoir pu vous offrir un cadre qui vous aura permis
14:27 de réfléchir et d'avancer sur ces sujets et de venir exécuter ce qu'on m'a demandé,
14:33 c'est-à-dire m'adresser à vous pour vous dire un mot de clôture,
14:36 même si je serais heureux à condition que ce soit prévu, de pouvoir échanger
14:40 avec celles et ceux qui sont ici, puisque c'est ce que j'avais initialement compris
14:45 de ce qu'était mon job, mais comme je suis quelqu'un d'obéissant et de discipliné
14:52 et que je ne veux surtout pas m'exposer à votre courroux, j'ai fait les choses
14:55 dans l'ordre où vous me l'aviez demandé.
14:57 Maintenant, je suis très heureux de pouvoir vous répondre.
14:59 Merci à tous.
15:01 (Applaudissements)
15:13 Merci beaucoup pour votre discours. Est-ce que vous avez des questions dans la salle ?
15:20 Les sujets sont nombreux, n'est-ce pas ?
15:24 Merci, bonjour d'être venu parmi nous.
15:35 Dans le cadre de la transition écologique, est-ce que vous vous tenez compte
15:40 de l'évolution et de l'explosion des datas ?
15:43 On n'en entend jamais parler et c'est quand même un des gros pollueurs.
15:47 J'étais à la Cinémathèque à Bercy l'autre jour, on nous a dit des chiffres énormes.
15:53 Pourtant, on nous dit des chiffres assez conséquents,
15:56 mais dans le langage politique, on n'en entend jamais parler.
16:00 Alors, il y a effectivement tout un volet sur le numérique au sens large.
16:08 Les datas en faisant partie, mais pas seulement.
16:10 Notre sujet, il est le suivant.
16:12 On part de très bas, mais ça augmente très vite.
16:15 Et donc, le poids du numérique dans nos émissions augmente de manière considérable.
16:21 Pour vous donner un ordre de grandeur, 30% de nos émissions, c'est les transports.
16:27 20% c'est l'agriculture.
16:31 20% c'est l'industrie.
16:34 20% c'est les bâtiments.
16:36 10% c'est la production d'énergie.
16:39 Vous avez les 100% d'émissions en France.
16:41 À l'intérieur de ça, le numérique aujourd'hui, c'est 2 à 3% des usages.
16:47 Sauf que cette part augmente.
16:49 Elle augmente au fur et à mesure des années.
16:53 Et elle a en plus plusieurs impacts.
16:55 J'ai un impact direct sur les émissions qui sont liées à l'activité.
16:58 Puis j'en ai un deuxième, qui est aggravé par le fait que j'ai besoin,
17:03 pour fabriquer les composants, de terres rares,
17:05 et qu'on a donc beaucoup d'activités extractives
17:07 qui sont liées à cette industrie du numérique au sens large.
17:11 Et donc on a plusieurs combats qui se mènent avec la secrétaire d'Etat au numérique,
17:18 Marina Ferrari.
17:20 Le premier de ces combats, c'est de lutter contre l'obsolescence programmée.
17:23 Comment on évite de construire, ça vaut d'ailleurs pas que pour le numérique,
17:27 ça vaut de manière générale pour tout ce qui est électronique,
17:30 comment on évite de construire des produits qui sont faits pour être jetés vite,
17:34 ou pour lesquels les mises à jour ne sont plus possibles,
17:36 et qui vous obligent à en acheter un nouveau,
17:38 et à faire en sorte, ainsi de suite, d'accélérer le rythme auquel vous les consommez.
17:42 Ensuite on a un deuxième volet, sur lequel là c'est l'Europe qui est le plus en pointe,
17:46 et qui est d'aller uniformiser les standards.
17:49 Vous savez que ce sera le cas, je crois, c'est à partir de l'année prochaine,
17:53 avec le chargeur universel,
17:55 pour qu'on évite que chaque marque introduise ses propres exigences,
18:00 et je suis prêt à faire le test chez vous,
18:03 si vous vous amusez à ouvrir les placards et à regarder le nombre de chargeurs dont vous ne vous servez plus,
18:07 voire le nombre de smartphones que vous avez gardés,
18:10 parce qu'il y a une dimension affective,
18:13 avec le temps que vous les avez eus en main,
18:15 et pourtant à l'intérieur,
18:17 on a des quantités de matière qui pourraient se recycler,
18:21 et qui pourraient demain permettre d'éviter d'aller extraire des produits neufs.
18:25 Il y a un enjeu qui est assez considérable,
18:27 ce sont plusieurs dizaines de millions de smartphones
18:30 qui sont à l'heure actuelle dans les placards des français au sens large.
18:35 Et puis des enjeux de reconditionnement, je n'entre pas dans le détail.
18:38 Donc on a, avec l'ensemble de la filière numérique,
18:42 un groupe de travail sur la sobriété,
18:44 comment on fait en sorte pour que globalement,
18:46 on ait moins d'émissions avec ce qui fonctionne,
18:49 comment on a une empreinte carbone plus faible pour les nouveaux modèles qui sortent,
18:54 comment on organise une efficacité
18:57 en luttant contre l'obsolescence programmée
19:00 et avec des standards qui soient les plus communs possibles,
19:03 et puis comment une partie des émissions
19:07 peut être utilisée de manière positive.
19:11 Et là, je ne vais pas entrer trop dans le détail,
19:13 mais les serveurs de données émettent beaucoup de chaleur.
19:19 Et donc l'enjeu sur lequel nous sommes en train de travailler ici au ministère avec l'ADEME,
19:23 c'est d'utiliser la chaleur de ces serveurs
19:26 pour la remettre dans des réseaux de chaleur.
19:28 À Angers, dans ma ville,
19:30 nous travaillons à l'heure actuelle sur un site qui est opéré par Atos
19:34 pour que les serveurs d'Atos puissent utiliser leur chaleur
19:39 pour la remettre sur le réseau de chaleur du quartier de Belleveille,
19:42 qui est le quartier dans lequel ils sont placés,
19:45 et donc pour que cette chaleur,
19:47 elle nous permette de la vendre moins cher aux étudiants et aux habitants
19:50 de ce quartier d'un peu plus de 10 000 habitants.
19:53 Et je vous donne cet exemple parce que je le connais par cœur,
19:55 mais je peux vous en donner beaucoup en France sur lequel on est en train de travailler.
19:58 Encore une question.
20:03 Par là-bas.
20:05 Bonjour. Merci beaucoup, monsieur le ministre, pour votre accueil.
20:16 Il y a quelques mois, je vous avais croisé à une réunion publique
20:20 sur le tour de France de l'écologie.
20:22 Je voulais savoir où est-ce qu'on était par rapport à votre tour,
20:26 et notamment en ce contexte de crise agricole,
20:29 où on entend beaucoup moins parler parce que ce sont des sujets qui fâchent,
20:33 comme l'eau, que je sais qui est un sujet très important pour vous.
20:36 Merci beaucoup.
20:38 Alors, cet après-midi à 16h30, je lance la COP Île-de-France,
20:47 et à 14h30, avant ça, je préside le Conseil national de l'eau.
20:52 Donc votre question ne peut pas mieux tomber compte tenu de l'actualité de cette journée.
20:56 Je commence par le début.
21:01 Notre pays s'est doté d'une planification écologique en septembre dernier.
21:06 En clair, on a été le premier pays, nous sommes pour le moment le seul pays,
21:10 à avoir dit, puisqu'on sait quelles sont les émissions qu'on ne doit pas dépasser
21:14 et à quelle date, comment on fait pour les atteindre ?
21:16 Pour schématiser, dans la plupart des pays du monde, et même en France jusqu'à il y a un an,
21:23 on relevait les compteurs tous les ans pour savoir ce qu'avaient été nos émissions de l'année précédente,
21:29 et on espérait que le niveau d'émission corresponde à notre niveau d'engagement.
21:33 Mais on n'avait pas un plan qui consiste à dire, pour baisser les émissions de temps,
21:37 je vais conduire telle action.
21:39 On le faisait un peu aux doigts mouillés, puisqu'on n'avait pas cet outil de planification.
21:44 Depuis septembre dernier, on a identifié les 52 leviers, je ne vais pas être trop technique,
21:50 mais il y a 52 leviers différents qui vont nous permettre de baisser nos émissions
21:54 et d'atteindre la baisse de 50% à l'horizon de l'année 2030.
21:58 Et l'année 2023 s'est soldée par une baisse d'émission deux fois plus importante que l'année 2022
22:04 et dans le bon rythme pour qu'on tienne la trajectoire,
22:07 sauf qu'évidemment, il faut maintenant le faire tous les ans jusqu'en 2030.
22:11 Comme ma conviction c'est qu'il faut embarquer tout le monde,
22:14 je me suis lancé dans un tour de France de l'écologie qui a consisté à lancer des coops régionales,
22:19 c'est-à-dire des moments dans lesquels on met tous les acteurs de la région et on leur dit,
22:22 voilà, ça c'est l'objectif national, pour votre région, voilà l'objectif,
22:25 maintenant, à vous, dans les prochains mois, de regarder ce par quoi vous voulez commencer.
22:30 Toutes les régions de France, sauf la Bretagne et l'Île-de-France, ont initié ces procédures.
22:36 Aujourd'hui, c'est l'Île-de-France et la Bretagne, c'est dans les huit jours qui viennent,
22:41 et donc tous les territoires se seront lancés dans cette démarche,
22:44 y compris les Outre-mer pour lesquelles il ne reste plus que la Guyane qui n'a pas encore lancé sa coop.
22:49 Et le tour de France, c'est cette idée de se dire,
22:53 si les gens ne sont pas convaincus, vous pouvez voter tous les textes que vous voulez,
22:58 à la fin ça ne marche pas.
23:00 Je peux faire des aides pour les voitures électriques,
23:03 si à la fin les gens choisissent de ne pas acheter la voiture électrique quand ils sont dans la concession,
23:08 c'est leur droit le plus strict.
23:10 Donc il faut une part de conviction qui nécessite d'aller à la rencontre
23:14 et de mesurer l'impact qu'on a dans les décisions qu'on prend.
23:20 Demain matin, nous allons par exemple mettre en consultation
23:24 la dernière roue du carrosse de l'affichage environnemental textile.
23:30 À partir de l'automne prochain, quand on achètera des vêtements,
23:34 les marques pourront commencer à mettre l'impact en eau, en émission,
23:40 des vêtements qui seront proposés.
23:42 Vous pourrez donc comparer entre un t-shirt en polyester venu d'Asie et un t-shirt en coton bio,
23:49 si je prends un exemple absolument caricatural des deux extrêmes,
23:53 de ce qu'on pourra trouver, ce qu'est leur score environnemental.
23:57 Et donc cette démarche qui consiste à associer les citoyens,
24:01 elle se poursuit, elle ne s'arrête pas.
24:04 Et elle va se poursuivre au moins jusqu'à l'été avec la COP de cet après-midi.
24:08 Dans un contexte qui effectivement est compliqué.
24:11 Vous avez cité la crise agricole, je vais dézoomer,
24:15 parce que ce n'est pas seulement les manifestations qu'on a eues en France.
24:18 Partout en Europe, vous avez eu des tracteurs, à Madrid, à Berlin, à Bruxelles,
24:24 vous avez eu des manifestations en Hollande, d'agriculteurs qui sont en train de dire
24:28 "Vous êtes en train de nous faire disparaître en empilant des normes de préservation de l'environnement
24:35 qui fait qu'à la fin on ne peut plus travailler".
24:38 Et on avait eu les gilets jaunes il y a quelques années.
24:42 On avait augmenté le prix de l'essence pour que les gens essayent justement de se détourner des voitures à essence.
24:47 Ça avait été vécu comme une agression sociale, en disant "Vous êtes sympas, mais pour le moment c'est des impôts en plus
24:52 et on n'a pas les moyens d'acheter des voitures qui nous permettraient de nous passer des voitures thermiques".
24:58 Ça permet de mesurer à quel point, en matière de transition, il faut trouver le bon rythme.
25:04 Si je me contente d'expliquer de manière théorique comment ça fonctionne, mais que je ne me confronte pas au réel,
25:10 il y a un risque, à la fin, que personne ne suive.
25:14 Vous vous retournez, vous avez voté la législation la plus ambitieuse,
25:18 mais si personne ne l'applique, vous n'avez pas progressé dans la transition écologique.
25:23 Et le moment qu'on est en train de vivre avec l'agriculture, il a un mérite,
25:27 c'est de se demander comment il n'arrive pas à notre agriculture ce qui est arrivé à notre industrie.
25:33 Si demain, à cause de nos règles, on importe de plus en plus de produits agricoles,
25:41 on aura perdu sur le plan économique, mais on aura aussi perdu sur le plan écologique
25:46 parce que faire venir des produits alimentaires du bout du monde,
25:49 ça nous coûtera plus cher en termes d'empreintes environnementales que de les fabriquer ici.
25:53 Et donc, il faut qu'on sache où on arrête le curseur.
25:57 Et dans beaucoup de domaines, on a tellement empilé les normes et les règles,
26:01 que le ras-le-bol s'explique par le fait qu'il peut y avoir des injonctions qui sont totalement contradictoires.
26:06 Et je vous donne un exemple.
26:09 Il faut qu'on lutte contre les feux de forêt.
26:11 Pour lutter contre les feux de forêt, le plus efficace, c'est de débroussailler les abords des forêts
26:17 pour éviter que quelqu'un qui s'amuse à jeter son mégot ou à faire son barbecue dans sa propriété,
26:22 parce qu'il y a de la broussaille qui va jusqu'à la lisière de la forêt, ça mette le feu à la forêt.
26:27 Et donc, il y a ce qu'on appelle une obligation légale de débroussaillement.
26:30 Si vous ne débroussaillez pas, vous êtes susceptible d'avoir une amende.
26:34 Dans le même temps, il y a une interdiction de débroussailler
26:37 pour empêcher que les espèces soient dérangées pendant qu'elles se reproduisent.
26:42 Et le problème, c'est que l'obligation de débroussaillement, c'est au printemps.
26:46 La plupart du temps que les gens l'appliquent.
26:48 Et que l'interdiction de débroussaillement, c'est au printemps.
26:51 Si je ne clarifie pas la règle, je peux comprendre qu'il y a des gens qui deviennent fous en se demandant
26:56 si on les oblige à faire quelque chose et qu'on leur interdit, comment ils vont faire ?
27:00 Je passe sur les exemples vécus, les inondations dans le Pas-de-Calais
27:03 qui permettent de montrer qu'entre l'interdiction de curer les rivières pour ne pas déranger les poissons
27:08 et l'obligation de curer les rivières pour éviter les inondations,
27:12 là aussi, il faut qu'on arrive à trouver un équilibre entre les deux.
27:15 Et donc, il y a plein de domaines dans lesquels,
27:17 même si le discours ambiant, c'est de dire l'écologie, ça commence à bien faire,
27:21 le sujet, ce n'est pas l'agriculture contre l'écologie.
27:24 C'est qu'on a fini par poser des règles qui sont l'écologie contre l'écologie
27:27 et qu'à la fin, il faut bien qu'on arrive à sortir de tout ça par l'eau.
27:31 Ma conviction la plus absolue, c'est que les agriculteurs sont les premiers
27:37 à se rendre compte de la nécessité de la transition.
27:39 Mais c'est sans doute pour eux aussi que c'est ce qu'il y a de plus difficile et de plus compliqué.
27:43 Quand vous demandez à une entreprise de 50 000 personnes de changer de modèle,
27:48 elle a généralement les budgets pour le faire.
27:51 Quand vous demandez à une entreprise de 2 personnes de changer de modèle,
27:54 elle n'a pas forcément la trésorerie pour s'en occuper.
27:57 Et c'est quoi un agriculteur ? C'est en moyenne une entreprise de 1,7 personnes.
28:03 Donc on voit bien qu'il faut qu'on commence par les gros dans tous les domaines
28:08 pour ensuite aller vers les petits.
28:11 Ce qui est vrai dans le domaine de l'industrie, l'est dans le domaine de l'agriculture.
28:16 Et au milieu de ça, on a l'eau, qui est sans doute le sujet le plus important à court terme.
28:24 Parce que l'eau, on en a besoin pour toutes les activités humaines.
28:27 Et qu'on s'est retrouvé avec une petite sécheresse, importante à l'échelle de notre pays,
28:31 mais petite à l'égard de ce qui nous attend à l'été 2022,
28:36 à se retrouver dans 700 communes de France avec des gens qui n'avaient plus d'eau au robinet,
28:42 qui étaient livrés avec des bouteilles ou avec des citernes en 2022 en France.
28:49 Si on en est là avec une sécheresse qui pourrait ressembler à celle qu'on connaît dans les années qui viennent,
28:55 ça permet de mesurer à quel point il faut qu'on arrête de penser qu'on en aura pour toujours,
29:00 que c'est facile et qu'il suffit d'ouvrir le robinet.
29:03 Et il faut que tout le monde s'interroge sur les usages.
29:05 Et là, on a lancé un plan important.
29:07 Il y a un an, le président de la République a présenté à côté de Savigne-le-Lac précisément
29:14 les mesures qu'on devait décliner.
29:17 On a fêté les un an du plan haut pendant le week-end de Pâques.
29:20 Les 53 mesures sont maintenant initiées, engagées.
29:23 Elles ne sont pas toutes réalisées parce qu'il y en a certaines qui prennent du temps,
29:26 mais on est vraiment en train d'agir dans tous ces domaines.
29:29 Et le temps qu'on vit, ce n'est pas un problème.
29:32 C'est juste une occasion supplémentaire d'aller créer du consensus entre les différents acteurs.
29:40 Et au milieu de tout ça, la mobilisation de la société, en s'appuyant sur les initiatives citoyennes,
29:48 en s'appuyant sur l'économie sociale et solidaire,
29:51 en s'appuyant sur tous ceux qui sont prêts à agir pour faire en sorte de faire bouger localement
29:57 leur écosystème, leur environnement, leur ville, leur quartier, leur lycée.
30:01 C'est exactement ce dont on a besoin.
30:04 La somme de toutes les actions qui nous permettent à la fin d'avoir un impact.
30:09 C'est vraiment comme ça que les choses se passent.
30:12 Je reste dans le domaine de l'eau.
30:14 Vous connaissez tous l'expression "les petits ruisseaux font les grandes rivières".
30:18 Les petites économies finissent par faire les grandes économies en matière d'écologie.
30:25 Merci beaucoup.
30:27 [Applaudissements]
30:38 Une petite dernière question ?
30:42 Non ? Alors non ?
30:46 Si, si, quand même.
30:50 Alors elle doit être excellente.
30:53 Je rigole, Elodie.
30:57 Monsieur le ministre, vous évoquiez justement la manière dont vous devez parfois collaborer avec d'autres ministères.
31:04 On a parlé de l'agriculture.
31:06 J'avais justement une question là-dessus, puisque nous, dans le monde de l'entreprise,
31:11 moi je suis en charge de la transfo durable de la filiale France de L'Oréal,
31:14 donc je dois collaborer beaucoup avec le reste des patrons du business.
31:18 Je voulais savoir comment ça se passe.
31:20 J'ai des exemples assez précis en tête.
31:22 Je pense par exemple à ce qui s'est passé sur le glyphosate.
31:26 Est-ce que pour vous c'est un échec pour votre ministère et votre pouvoir d'influence ?
31:31 Comment ça s'est passé avec le ministre de l'Agriculture sur ce sujet ?
31:33 Est-ce que vous avez des exemples concrets de la manière dont vous collaborez au sein des différents ministères ?
31:41 Quand je vais quitter cette pièce, je vais rejoindre Bruno Le Maire.
31:47 On a un sujet à 12h15, qui est la remise officielle du rapport sur l'avenir des assurances,
31:55 compte tenu du contexte que nous connaissons.
31:57 Pour le dire de façon très rapide, on a une augmentation des catastrophes naturelles.
32:01 Les caisses des catastrophes naturelles sont vides.
32:04 On le voit avec les inondations, on le voit avec les éboulements, on le voit avec les sécheresses.
32:11 Si on ne change pas notre modèle d'assurance, on aura ou des activités économiques qui seront inassurables,
32:19 ou des niveaux de risque pour les particuliers ou pour les collectivités qui deviendront absolument démentiels.
32:26 Ce rapport, on l'a commandé ensemble.
32:28 On va recevoir ensemble ses conclusions. Je ne sais pas si on sera d'accord sur les suites à lui donner,
32:33 mais je fais les choses par étapes.
32:40 Toutes les décisions qu'on prend ici, toutes les décisions auxquelles on participe,
32:45 elles doivent de toute façon s'articuler avec des gens qui veulent aller ou plus vite ou moins vite.
32:51 C'est vrai à l'intérieur du gouvernement, c'est vrai à l'échelle de l'Europe.
32:55 Le sujet du glyphosate, aujourd'hui, notre principal souci, ça a été la position européenne sur le sujet.
33:04 Le glyphosate, c'est un pesticide qui est utilisé, dont la France a interdit certains usages et continue à en autoriser d'autres.
33:13 La proposition qui a été faite par l'Union européenne, ça a été de dire, il faut réautoriser tous les usages du glyphosate pour 10 ans.
33:22 Et dans ce combat, nous n'avons pas été capables de trouver un tiers des pays européens qui s'opposent à cette décision.
33:28 Donc la décision européenne qui est passée, c'est, puisqu'il n'y a pas d'études qui prouvent la dangerosité pour la santé humaine du glyphosate,
33:36 l'Europe réautorise pour 10 ans le glyphosate.
33:39 Nous, notre ligne de défense, c'est qu'il n'y a pas que la santé humaine, il y a l'impact sur les milieux aquatiques et sur la biodiversité.
33:47 Et quand vous menacez la biodiversité, après vous finissez par avoir des impacts sur la santé.
33:52 Donc, se concentrer sur la santé humaine en ne regardant pas les impacts dans le milieu, c'est quand même oublier une partie de tout ça.
33:58 La position sur laquelle nous sommes aujourd'hui, nous France, c'est de dire qu'on n'appliquera pas les règles européennes de réautorisation de tout
34:06 et qu'on conservera les interdictions qui avaient été décidées auparavant.
34:09 En particulier, le premier utilisateur de glyphosate en France, c'était la SNCF. De très loin, pour traiter les abords des voies.
34:17 On ne réautorise pas la SNCF à le faire. On continue d'interdire le glyphosate pour toutes les activités non agricoles.
34:24 Plus de la moitié du glyphosate s'était utilisé dans d'autres usages que l'agriculture.
34:28 Par exemple, pour traiter les cimetières, pour traiter une partie des rues de nos villes par les services d'espace vert,
34:33 avec tous les impacts que c'était susceptible d'avoir.
34:36 Tout ça, on l'a changé. Et il reste un domaine, l'agriculture, dans lequel nous on dit aux agriculteurs,
34:41 c'est pas parce que l'Europe réautorise pour 10 ans, qu'en France on réautorise pour 10 ans.
34:45 On veut trouver le plus vite possible ce qui vous permettra de vous passer du glyphosate.
34:50 C'est le principe de pas d'interdiction sans solution. Donc, je n'entre pas dans le détail.
34:54 Ce que je veux juste dire, c'est, ce qui est compliqué, à chaque fois, c'est qu'il faut trouver des équilibres.
35:02 Si vous faites de l'écologie sans économie, à la fin vous avez un problème parce que vous importez davantage.
35:08 C'est ce qu'on a vécu dans l'industrie.
35:10 Si vous faites de l'écologie sans les gens, vous avez un problème parce qu'ils finissent par ne pas vous suivre.
35:15 Si vous faites de l'écologie sans les maires ou sans les collectivités locales, alors que c'est eux qui ont une partie des réponses.
35:20 J'ai parlé des transports. Ce qui fait qu'on se met au vélo, c'est pas qu'on a un jour un ministre qui vous dit que c'est bien le vélo et que c'est bon pour la santé.
35:27 C'est si vous avez une piste cyclable sécurisée dans votre ville. Et ça, on ne va pas les dessiner depuis le ministère.
35:34 Ça doit se dessiner localement. Si vous voulez passer au transport en commun, super.
35:38 Pour quel prix, avec quelle fréquence et où est l'arrêt par rapport à chez vous ?
35:42 Ça, ce sont des décisions qui relèvent du local, etc.
35:45 Puis, il y a tout un aspect où il faut aussi qu'on soit capable de faire bouger à la fois les acteurs économiques et les citoyens.
35:54 Et je termine là-dessus parce que je profite de la présence de jeunes dans cette salle.
36:04 Un des soucis que nous avons, c'est l'augmentation extrêmement rapide de l'achat de vêtements en France.
36:16 En particulier de marques qui n'ont pas de boutique physique et qui vendent tout en ligne et qui font des super promos pour acheter 10 articles pour presque rien.
36:27 Mon seul problème, c'est qu'on n'a jamais acheté autant de vêtements en France.
36:35 On ne les a jamais aussi peu portés.
36:38 Et il y a quand même un paradoxe en disant qu'il faut qu'on veille à la durabilité de notre planète, mais on peut se permettre de porter un vêtement seulement 7 ou 8 fois.
36:45 C'est la moyenne du nombre de fois où on porte un vêtement chine ou témou avant de le jeter.
36:54 L'ultra fast fashion, c'est-à-dire les quelques marques qui se concentrent dans un tout petit triangle,
37:02 c'est un tiers de la pollution chimique de nos océans et un tiers du trafic de fret aérien.
37:10 Un jean, si vous en avez un sur vous, c'est 8000 litres d'eau qu'il faut pour être capable de le produire.
37:19 Ça permet de mesurer pourquoi c'est super d'en avoir, mais on n'est peut-être pas obligé d'en avoir 15 différents avec toutes les nuances possibles en fonction des moments où on les porte.
37:28 Et qu'en tout cas, si on l'a, c'est quand même pour faire en sorte de le faire durer un minimum.
37:32 Et mon problème, il est le suivant, c'est que dans ce modèle économique, on laisse une facture à la société qui est de réparer les dégâts,
37:39 à la fois de cette pollution chimique, de la quasi-impossibilité de faire en sorte de pouvoir les réparer.
37:44 Et que le modèle, là où il est pervers, c'est que chaque semaine, vous avez 15 millions de vêtements européens qui sont jetés sur les plages du Kenya et du Rwanda,
37:53 parce que dans ces pays, pour aller gagner un peu de devise, ils nous achètent nos déchets.
37:58 Ça s'entasse, sauf que la plupart de ces vêtements sont faits avec du polyester.
38:02 Ce polyester, il s'émiette en petits bouts de plastique qui sont ensuite ingérés par les animaux, puis par les populations locales et qui se diffusent dans l'eau.
38:10 Quand je dis ça, je vous montre qu'il y a à la fois comment on tourne le dos à un vieux modèle économique qui a été basé sur le pétrole
38:17 et comment on évite d'en construire un où on a une dépendance à des dérivés du plastique ou à une surconsommation qui est l'inverse de l'endroit où nous devons aller.
38:28 Et pour ça aussi, on a besoin de tout le monde. On a besoin de ceux qui réfléchissent, de ceux qui pensent, de ceux qui écrivent,
38:35 de ceux qui ont des médias pour être capables de montrer que la mode peut se vivre de manière durable et d'une autre façon.
38:43 Bref, on a besoin de tout le monde, on a besoin de vous. Merci d'être venus. C'était un bonheur.
38:48 (Applaudissements)
39:01 Merci.
39:02 (Musique)
39:06 [SILENCE]

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