• il y a 7 mois
Lors de la première session du Think & Do Tank du 02 avril 2024 « Plus de femmes dans les métiers de la transition écologique » au Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, nous avons eu le plaisir de recevoir Caroline Renoux, lors de sa Keynote sur les profils les plus recherché.es dans les 5 ans.

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Transcription
00:00 [Musique]
00:07 Alors Caroline, peut-être, peux-tu commencer par nous expliquer quel est ton poste ?
00:15 Oui bien sûr. Bonjour à tous, je suis Caroline Renou. Je suis la fondatrice de Burdeo.
00:22 Burdeo qui est un cabinet de recrutement et de chasse de tête spécialisé sur les métiers de la RSE et de l'impact.
00:29 Et qui existe depuis 2010.
00:31 Et alors Caroline, toi, quel point de bascule ? Vous verrez, c'est une question que je vais poser régulièrement
00:38 parce que dans ces métiers très habités, très engagés, presque militants, on a toujours personnellement
00:46 un moment où on va basculer dans ces métiers qui vont avoir du sens pour nous.
00:50 Donc Caroline, quel a été le moment pour toi de basculer dans ces métiers à impact ?
00:57 Alors c'est difficile de trouver un moment particulier, mais je me souviens en 2007, il y a eu le Grenelle de l'environnement.
01:05 Et donc là, j'ai commencé à lire notamment les rapports du GIEC et puis à me dire, il y a quand même un truc qui ne va pas très bien.
01:12 Et puis en 2008, il y a eu une gigantesque crise financière. Et à l'époque, j'étais directrice commerciale
01:20 et j'ai dû licencier beaucoup de monde du jour au lendemain.
01:23 Et là vraiment, je me suis dit, ça ne peut pas fonctionner comme ça.
01:28 Et en même temps, je croyais aussi beaucoup à l'entreprise. Je n'avais pas forcément envie de m'engager dans le militantisme associatif.
01:37 Donc je me suis formée à la RSE, puisqu'en 2010, il y avait quelques formations. Il n'y en avait pas beaucoup, mais il y en avait quelques-unes.
01:45 Et puis dans la foulée, j'ai monté Bordeaux.
01:47 On va en parler de la formation, justement. Alors, pour la sixième année consécutive, Bordeaux,
01:53 donc cabinet de recrutement et de chasse de tête spécialisé dans le développement durable et de l'impact, comme tu viens de le dire,
01:59 a dressé son top 5 des métiers les plus recherchés par les entreprises françaises en 2024. Alors, quels sont ces enseignements ?
02:08 Alors déjà, ce qui est fascinant aussi dans mon métier, c'est que dans la RSE, dans l'impact, les métiers évoluent énormément
02:17 et sont tout le temps en permanence en train de changer. Donc on a interrogé 200 entreprises pour essayer de capter
02:26 quels allaient être pour cette année vraiment les métiers le plus en cours, alors le plus en cours parmi d'autres.
02:33 Donc il y en a cinq. Le premier, c'est chef de projet CSRD. Donc en fait, il s'agit de gens qui vont faire le reporting
02:42 autour d'éléments environnement, sociétal et de gouvernance. Le deuxième métier, c'est l'administrateur ou l'administratrice
02:50 transformation durable. Donc ce sont dans les conseils d'administration, une administratrice ou un administrateur
02:57 qui vont davantage porter les sujets de RSE et d'impact. Et ça, c'est assez formidable que ça arrive, puisque avant,
03:07 les directions RSE étaient quand même loin des conseils d'administration. Là, au moins, ils sont dedans.
03:13 Le troisième métier, c'est tout ce qui est autour de responsable DRH et direction RSE. C'est-à-dire que maintenant,
03:22 un DRH, s'il veut conduire le changement, il doit aussi maîtriser très bien ses sujets RSE. Et enfin, le dernier poste,
03:31 c'est autour de l'analyse data RSE, puisque les données ESG, donc environnement, social et de gouvernance,
03:40 prennent davantage d'importance. Donc il faut pouvoir les collecter et les analyser.
03:45 Merci, Caroline. Alors vous avez également réalisé une autre étude avec l'ESSEC et Barthol pour essayer de comprendre
03:52 comment ces sujets, comment la RSE, infuse l'ensemble des métiers. Alors quels sont les enseignements de cette seconde étude ?
04:00 Alors cette étude, on l'a conduite auprès de 200 cadres professionnels et puis autour d'experts du sujet.
04:09 Et on s'est particulièrement intéressés à cinq métiers. Donc les ressources humaines, la finance, l'innovation,
04:16 le marketing et la communication, et tout ce qui est autour des achats et de la supply chain. On a demandé à ces cadres
04:25 « Est-ce que vous pensez que la RSE a un impact ou pas dans ce que vous faites ? ». Il s'avère que 96% d'entre eux répondent que oui,
04:35 la RSE aujourd'hui a une transformation majeure dans leur métier. Et ça c'est quand même aussi assez formidable,
04:43 puisqu'avant on parle beaucoup des métiers de la transition écologique. Ce n'est pas uniquement les métiers qui vont être
04:49 très techniques liés à l'environnement, c'est tous les métiers qui sont impactés aujourd'hui.
04:54 Voilà, vous avez bien compris. Tous les métiers sont impactés. Donc ce n'est pas juste une lubie ou un pôle.
05:00 Je vois que Monsieur Kinle Akiyes reviendra sur scène, on en parlera. Mais effectivement, tous les métiers sont impactés.
05:09 Alors comment forme-t-on ? On a parlé un petit peu de formation, justement. Comment se forme-t-on à ces nouveaux métiers,
05:17 ou en tout cas à ces métiers-là en particulier ? Alors déjà, on se forme à son métier de façon classique.
05:25 Aujourd'hui, de plus en plus, les universités, les grandes écoles commencent à inclure la RSE dans tous les parcours,
05:32 dans tous les métiers. Ensuite, quand on est plus jeune diplômé, on peut aussi se former en suivant des sensibilisations,
05:41 en suivant des formations qui sont spécifiques. Néanmoins, ce qu'on a constaté dans notre étude, et ça on le voit partout,
05:49 c'est qu'aujourd'hui, les solutions pour vraiment transformer les entreprises, on ne les connaît pas encore exactement.
05:55 Sinon, on n'en serait pas là. Et donc ce qui fonctionne le mieux, c'est de se former entre pairs, c'est-à-dire de se former avec
06:02 ses confrères, ses consoeurs et ses concurrents. Et c'est aussi, puisqu'on parle des métiers féminins,
06:08 c'est aussi des valeurs de façon plus féminine qu'on voit, c'est-à-dire le fait de pouvoir se mettre d'accord avec ses concurrents,
06:16 ses confrères. Je vois Élodie aujourd'hui qui en parlera et qui le fait très bien, pour pouvoir avancer ensemble.
06:24 Par exemple, le C3D, donc le Club des Directeurs du Développement Durable, ils sont tous, beaucoup sont concurrents entre eux,
06:30 ils avancent ensemble. Je ne sais pas si certains ont vu, mais la Convention des entreprises pour le climat conseille,
06:37 dont Bordeaux fait partie. Nous sommes 40 cabinets de conseil, donc on est tous concurrents. Pourtant, on a signé une charte ensemble
06:45 pour faire avancer ces sujets.
06:48 — Alors merci Caroline. Vous êtes du coup la fondatrice de Bordeaux en 2010, je le disais. J'imagine que vous avez un regard...
06:55 Je le tutoyais au début, je vous vois après. C'est pas grave. Un petit regard sur les dix dernières années, ou en tout cas,
07:03 ton regard sur l'évolution de ces métiers qui ont infusé les entreprises, mais aussi la société de manière plus générale.
07:12 — Alors déjà, pour revenir sur le sujet aujourd'hui, c'est que de plus en plus, moi parfois, j'entends parler de RSE à la papa.
07:20 Donc les métiers de la RSE, ça a démarré il y a environ une vingtaine d'années. Et puis les gens qui pensent qu'on n'a pas été suffisamment loin,
07:30 qu'on n'a pas été suffisamment vite, bon, et c'est vrai, parlent de RSE à la papa. Ce que je voudrais quand même préciser, c'est qu'en 2010,
07:38 les inspirateurs qui m'ont inspirée, c'était des inspiratrices. Mes premiers clients, c'était des clientes.
07:46 Et aujourd'hui encore, deux tiers de nos candidats, ce sont des candidates. Donc ce sont quand même des métiers qui mobilisent énormément les femmes.
07:55 Et c'est là aujourd'hui où on voit toujours beaucoup de femmes. Alors c'est vrai, maintenant, on peut faire carrière. Les salaires sont un peu plus élevés.
08:04 Donc il y a davantage d'hommes. Néanmoins, c'est quand même beaucoup les femmes qui tirent ces sujets. Sur l'évolution, alors déjà en France,
08:13 on est globalement plutôt en avance sur ces sujets, parce qu'il y a une réglementation qui est là, parce qu'il y a une culture.
08:21 Donc en France, en Europe, on est quand même plutôt en avance sur les sujets, même si partout dans le monde aujourd'hui, on voit une révolution.
08:29 Alors elle va être différente selon les zones géographiques, parce qu'une des magies aussi de l'RSE et de l'impact, c'est que ça s'intègre dans son environnement.
08:41 Donc en Chine, où il y a une pollution extrême, on va voir beaucoup de choses qui sont faites sur ces sujets-là.
08:49 Les aspects sociaux, malheureusement, on ne va pas dire qu'ils sont très poussés forcément. Dans les pays anglo-saxons, aux États-Unis, au Royaume-Uni,
09:00 tout ce qui est autour du sociétal, de la diversité et de l'inclusion, c'est aussi des sujets qui sont plutôt en avance par rapport à la France.
09:08 Et puis en France, on a énormément de sujets qui poussent un peu partout. Et en tout cas, ce que je n'aurais pas dit il y a encore 3-4 ans,
09:18 parce que c'est vrai que c'est des métiers où on y va par passion, par conviction. Et pendant très longtemps, les gens qui allaient sur ces métiers
09:26 étaient prêts à faire des énormes concessions en termes d'évolution de carrière, en termes de salaire. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas.
09:33 On peut vraiment faire carrière dans l'RSE et dans l'impact. Et il y a plein de choses formidables à faire.
09:39 — Merci, Caroline. Est-ce que vous avez des questions, déjà, dans la salle, après ce qui vient d'être dévoilé ?
09:47 Moi, j'en ai une pour commencer. Je vois que tout le monde est un peu timide. C'est normal. Comment est-ce qu'on peut expliquer que ce sont les femmes
09:56 qui soient très présentes, j'allais dire, sur ces métiers, de l'impact de la transition écologique ? Comment on peut l'expliquer ?
10:05 — Alors, je n'ai pas d'études précises pour le dire. En tout cas, ce sont des métiers de conviction et de passion. Il faut vraiment un déclic pour y aller.
10:17 Force est de constater qu'il y a quand même beaucoup plus de femmes qui ont démarré sur ces métiers parce qu'il y avait une conviction qui était très forte.
10:25 Après, alors ça peut paraître bateau, mais il y a aussi énormément de femmes qui viennent après une maternité aussi, en se disant
10:33 « J'ai pris conscience d'énormément de choses. Je veux mettre du sens et avoir un impact dans ce que je fais parce que j'ai compris ce que ça pouvait faire aussi pour mes enfants ».
10:46 — Merci. Je crois que... — Et puis, pardon. Non, je pense aussi qu'il y a deux choses. C'est que c'est aussi des métiers sur lesquels on va sans forcément se dire qu'on va faire carrière, etc.
10:58 Et ça doit pousser beaucoup. Il y a aussi une compétence qui est extrêmement importante sur ces sujets. C'est tout ce qui est travail en coopération, travail en coopétition
11:12 et cette volonté aussi de dialogue avec les parties prenantes, donc avec les associations environnementales, où souvent, il y a plus de femmes qui vont être ouvertes à la discussion
11:22 plutôt qu'à la confrontation. — Merci beaucoup, Caroline. Une petite question. J'ai le temps ?
11:29 — Ce que j'entends est presque en contradiction avec l'objet même de cette matinée, où on dit... Enfin j'ai entendu un chiffre, là, sur 30% des métiers de la transition sont pris par les femmes.
11:47 Vous nous dites, et ça, j'en suis convaincue, je le constate, que c'est d'abord des femmes qui tirent ces sujets-là, comme la diversité et l'inclusion dans lesquelles nous nous sommes.
11:57 Voilà. Où est le hiatus ? Qu'est-ce qu'il fait aujourd'hui ? — Oui, oui, je continue. Alors, en fait, ça dépend comment est-ce qu'on calcule les métiers de la transition écologique.
12:09 Je vous parle de tous les métiers qui vont avoir pour objectif principal de diminuer les impacts négatifs et de maximiser les impacts positifs.
12:19 Après, vous allez avoir des études qui vont dire que les métiers de la transition écologique, ça va être des choses très techniques sur la gestion des déchets, etc.
12:28 Et donc là, on va être sur des métiers très techniques. Donc il y a plus d'hommes qui suivent des métiers d'ingénieurs qui font des études techniques.
12:37 En revanche, si vous prenez, je sais pas moi, une école d'ingénieurs, vous avez à la fin 90% d'hommes, 10% de femmes.
12:46 Si après, vous regardez le nombre de ceux qui sont dans les métiers de la transition écologique, il y aura peut-être 30% de femmes et 70% d'hommes.
12:58 Donc il y aura de toute façon plus de femmes statistiquement qui seront portées vers ces métiers que l'inverse. Ça, c'est très clair.
13:07 Merci beaucoup, Caroline. Je crois qu'on peut l'applaudir. Et c'est le moment de la photo avec ici.
13:16 Caroline, je vais te demander d'enjoindre Gwenelle et Choupal, nos deux magnifiques présidentes du Synt&Dutank.
13:25 Agir pour l'égalité pour une petite photo. Souvenir.
13:29 C'est fou.
13:30 Sous-titrage Société Radio-Canada
13:43 [SILENCE]

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