Abandonné par sa mère à l'âge de quatre ans avec son frère de six ans, ils ont survécu pendant sept dans un bois. Leur histoire a inspiré le film "Frères" d'Olivier Casas sorti ce mercredi 24 avril.
Michel de Robert nous a partagé son histoire.
Michel de Robert nous a partagé son histoire.
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00:00 Il arrive un drame et c'est ce drame qui va déclencher en fait cette vie dans les bois.
00:04 Évidemment tout petit comme ça quand on arrive dans le bois,
00:26 on regarde notre environnement, on ne sait pas quoi faire.
00:28 Mais ça va en fait fonctionner extrêmement vite.
00:31 C'est-à-dire qu'extrêmement vite on a une obligation finalement de se nourrir
00:35 et une obligation de se protéger les intempéries.
00:39 L'instinct chasseur, l'instinct cueilleur, ces instincts-là vont arriver très très vite.
00:43 Pour se protéger aussi le fait de vouloir tout de suite construire une cabane
00:49 avec les moyens du bord et puis il y en aura une deuxième qui est beaucoup plus élaborée
00:53 et une troisième qui est presque une vraie cabane pour se nourrir.
00:58 C'est un problème qui était relativement facile dans la campagne française
01:02 parce que tout était à disposition.
01:04 Toutes les maisons juste après guerre avaient des poulaillers, des potagers,
01:08 il y avait des arbres fruitiers, etc.
01:10 Enfin on est dans la campagne donc il suffit de chercher.
01:15 La nuit bien évidemment parce qu'on ne voulait pas se faire prendre,
01:18 on est devenu un peu des voleurs de poules.
01:20 Par contre le froid, ça c'est un problème qui a été très très dur.
01:24 On s'endormait l'un dans l'autre, l'un en face de l'autre
01:28 pour prendre la chaleur de l'un et la donner à l'autre et réciproquement.
01:33 Et en fait ce qui est formidable, ce qui a forgé quelque part notre amour
01:41 c'est qu'en fait on se sert l'un contre l'autre avec la notion de dire
01:45 "C'est pas pour que je te donne ma chaleur mais c'est pour que tu vives".
01:48 On a été des enfants totalement heureux.
01:51 On court dans la nature, on se lance dans les blés,
01:56 on monte aux arbres, on est dans les rivières.
01:58 Quelque part on passe du paradis à l'enfer.
02:05 On est libre, on fait ce qu'on veut, on n'a aucune contrainte
02:09 et d'un seul coup on rentre dans une famille à Paris.
02:11 En une année on doit pouvoir rentrer à l'école,
02:14 on est dans une chambre enfermée à clé.
02:16 Monsieur Spies pour nous promener, il sait très bien que les deux garçons,
02:21 il ne faut pas les laisser ensemble.
02:23 Donc il nous emmène nous promener sur les belles allées de l'avenue Poche mais attachés.
02:29 Quand j'ai 18 ans, je dis à ma mère "Pourquoi tu nous as fait ça à Patrice et à moi ?"
02:42 Elle me regarde et me dit "Mais Michel, il faut que tu comprennes que je ne vous ai jamais voulu.
02:48 Moi quand j'étais avec un homme, je tombais enceinte tout le temps.
02:53 J'ai avorté 3-4 fois, il fallait bien qu'il y en ait qui naissent.
02:56 Mais je ne vous ai jamais voulu.
02:57 Donc quelque part vous m'avez toujours encombré.
03:02 Ce n'est pas facile de démarrer avec ça.
03:05 "Les deux garçons"
03:13 On considère que personne ne va comprendre ça.
03:15 Aujourd'hui, si vous voulez, après avoir délivré cette histoire,
03:22 après ce film que je trouve merveilleux qui a été réalisé par Olivier,
03:27 je me dis "J'ai bien fait de parler".
03:30 Parce que je m'aperçois sur les avant-premières l'intérêt, l'ouverture d'esprit,
03:36 les questions qui se posent et peut-être une transmission qui fait réfléchir sur ça.
03:43 Ce qui est fantastique de la part d'Olivier, c'est qu'il a eu la patience pendant 4 ans
03:51 d'aller chercher petit bout par petit bout, d'aller sortir cette histoire.
03:57 Il y a beaucoup plus de choses que dans le film.
04:02 Là où c'est fantastique, c'est qu'il a tiré dans la quintessence de ce film l'amour,
04:08 qui en fait a été l'élément essentiel de notre survie.
04:12 [Musique]