Son histoire a inspiré « Frères », film d’Olivier Casas en salles ce mercredi. Entre ses 3 et ses 8 ans, Michel de Robert a vécu dans la forêt, seul avec son frère âgé de deux ans de plus que lui. Il nous raconte cette enfance incroyable, dont il ne retient aujourd’hui que le « bonheur ».
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00:00On n'a jamais rien cuit, les squids on les mange cru, les esters on les mince cru, on a cherché juste à s'y nourrir.
00:08Ah j'ai faim.
00:10Ce qui est très important et qui au niveau de la survie est quelque chose de conséquent,
00:31c'est surtout de penser que 5 et 7, quand on rentre dans le bois, on va y rester quand même environ 3 années.
00:39Le problème de la nourriture c'est pas du tout un problème.
00:42Comme c'est la guerre, pas des grands, toutes les maisons ont des poudriers, ont des lapins, etc.
00:47Parce que pour se nourrir à la fin de la guerre ça a été comme ça, et elles sont toutes dépotagées.
00:51Donc l'une de la nuit on va cavaler et on va les voler.
00:54On va voler des poudres, on va voler des œufs.
00:56On avance cru la viande, on avance pas cuit.
00:58Le lapin c'est pas difficile, on le prend par les oreilles, on le perd contre un arbre pour le tuer.
01:03Après on enlève la peau, et après on découpe les morceaux de viande et on les mange.
01:08La journée, je vais résumer en disant qu'il n'y en a pratiquement qu'une qui se répète à chaque fois,
01:12avec une fonction de quelque chose à faire.
01:15C'est soit construire, c'est-à-dire se protéger des intempéries, et se nourrir.
01:20Trouver des solutions par rapport à chaque problème.
01:23C'est des gestes instinctifs.
01:24Vous avez passé 2 mois d'hiver sans pratiquement vous laver.
01:27Vous allez dans la rivière au mois de mars ou au mois d'avril.
01:30Vous allez prendre de la sable et vous crottez.
01:32Le pire c'est le froid. Vraiment le pire c'est le froid.
01:35Ce qui nous dérange aussi c'est le fait de sentir que vous n'existez pas.
01:39Donc pourquoi on s'aime tellement et pourquoi on se soude tellement ?
01:44C'est parce qu'on sait que la vie c'est toi ou moi.
01:59Dans sa stupéfaction, il a un réflexe, il tire une table,
02:03de couper cette corde.
02:04Mais avec le poids, cet homme tombe.
02:06Et à ce moment-là, il y a une marre de sang qui se répand sur le sol.
02:11Et Patriche est persuadé à ce moment-là qu'il vient de faire quelque chose de très grave.
02:17Et à ce moment-là, il m'attrape et on s'enfuit, on se cache.
02:20Mais ça va aussi venir de quoi le fait qu'en fait on ne revient pas ?
02:24On ne nous a jamais trouvé tout simplement parce que personne ne nous a jamais cherché.
02:29C'est aussi terrible que ça.
02:31On n'existe plus.
02:32On n'existe pour personne.
02:34Personne n'a envie de s'occuper de nous.
02:39Depuis qu'on est partis de cette cabane, plus rien n'a de saveur.
02:42Je crois après quelque chose qui ne reviendra pas.
02:44Mais il y a plein de moments de bonheur.
02:46La phrase la plus importante, c'est quand Patrick dit, avant en fait de se tuer,
02:50il dit, on a commencé par la faim, on a commencé par le meilleur.
02:54On avait la force et l'amour de l'un pour l'autre.
02:57On avait l'admiration de l'un pour l'autre.
02:59Je dis à Patrice, c'est grâce à toi que je suis là.
03:02Et il dit, ben oui, mais sans toi je ne serais pas là.
03:05On a commencé par le meilleur.
03:07Quand vous avez vu le film, vous avez pu voir qu'en fait,
03:10il n'a pas mis l'essentiel sur la vie des enfants dans la forêt,
03:13il a mis l'essentiel sur l'amour des deux ans.
03:15Je vais à ma soixante-dix-deux ans,
03:17et j'ai besoin de partir tous les ans tout seul dans l'hiver.
03:20Je prends un sac à dos, je prends un avion.
03:22Je suis allongé sur une lune, la nuit vient de tomber,
03:25il y a un ciel étoilé, extraordinaire.
03:27Je suis allongé.
03:29Je suis allongé.