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00:00 -Le passage à présent des Etats-Unis,
00:02 où Joe Biden a donc promulgué hier très officiellement
00:05 la loi d'aide à l'Ukraine,
00:07 validée par le Congrès, signature présidentielle
00:10 pour plus de 60 milliards de dollars.
00:12 Cette loi va permettre aux Etats-Unis
00:15 de fournir à Kiev des fonds, des armes, des munitions.
00:18 Le président américain a affirmé que certaines de ces munitions,
00:21 de ces armes, devraient être livrées dans les heures qui viennent.
00:25 Les Etats-Unis ont franchi une étape.
00:27 Mike Sullivan, conseiller de la Sécurité nationale,
00:30 a confirmé les informations publiées dans la presse américaine.
00:33 Washington a bien livré des missiles long porté à l'Ukraine,
00:37 certains capables de toucher une cible à 300 km.
00:40 Ecoutez.
00:41 -Je suis en mesure de confirmer, comme d'autres vous l'ont dit,
00:45 qu'en février, le président a ordonné à son équipe
00:48 de fournir à l'Ukraine un nombre important de missiles
00:51 destinés à être utilisés sur le territoire souverain de l'Ukraine.
00:54 Ils ont commencé en mars dans le cadre du dernier paquet d'aides
00:58 à l'Ukraine, autorisé par le président le 12 mars.
01:01 Nous en avons déjà envoyé et nous en enverrons davantage
01:04 maintenant que nous avons plus d'habilitation et d'argent.
01:07 Donc, de notre point de vue,
01:08 maintenant que nous avons résolu nos principaux problèmes
01:12 et que nous sommes en mesure d'intensifier
01:14 et de fournir nos armements à l'Ukraine en tant qu'alliés,
01:17 comme le font le Royaume-Uni, la France et d'autres,
01:20 il est approprié de le faire maintenant.
01:23 -On a eu un réciprocage ce matin. Bonjour, Gauthier.
01:25 Pourquoi est-ce que les Etats-Unis lèvent ce tabou aujourd'hui ?
01:29 Pourquoi est-ce qu'ils se refusaient jusqu'ici
01:31 à envoyer ces missiles longue portée ?
01:34 Ça change quelque chose sur le terrain ?
01:36 -Alors, dans la rhétorique, oui, il y a quelque chose
01:39 qui change dans la mesure où reconnaître
01:41 ces envois précédents, c'est une manière un peu
01:45 de répondre à Poutine et à ses pics agressifs,
01:49 de dire "Voyez, nous aussi, on peut être agressifs."
01:52 On peut être agressifs à plusieurs niveaux en deçà,
01:55 mais c'est une manière d'être, comme on dit, franc du collier,
01:58 et surtout, au fond, de dire aux Ukrainiens
02:01 et aux Russes, bien sûr, que la nature des armes
02:04 qui vont être livrées ou qui sont en cours de livraison
02:07 est quand même différente des précédentes,
02:10 puisque là, on parle de missiles qui peuvent atteindre 300 km,
02:13 et vous savez, au fond, que dans la... Comment dirais-je ?
02:17 L'organisation de cette guerre, ou en tout cas,
02:19 de cette initiative tactique, l'idée a toujours été
02:22 non pas de faire face à la force numérique,
02:26 à la supériorité numérique des Russes,
02:28 mais de faire en sorte de pouvoir taper au-delà.
02:31 Au-delà, c'est les dépôts de carburant,
02:33 c'est les vivres, les denrées alimentaires, etc.
02:36 Donc, c'était ça, l'idée. Maintenant,
02:39 le fait de pouvoir taper un petit peu au-delà des lignes russes
02:43 n'a pas donné les résultats escomptés.
02:45 Là, on se dit qu'il faut aller vraiment
02:48 vers les centres qui sont...
02:50 primordiaux pour l'armée russe,
02:53 et qu'il faut des armes de ce type-là.
02:56 Ca veut dire, bien sûr, que la réaction
02:58 de Vladimir Poutine à ça, on ne la connaît pas.
03:01 Simplement, on va voir si, et c'est ça,
03:04 le fin mot de l'histoire,
03:06 enfin, en tout cas, un mot provisoire,
03:09 c'est quelle est la capacité, avec ces armes de l'Ukraine,
03:14 à résister face aux Russes,
03:17 ou à prendre un certain ascendant ?
03:19 Jusqu'à présent, c'était ça.
03:21 On armait les Ukrainiens,
03:22 de sorte qu'ils ne s'effondrent pas,
03:25 mais qu'ils ne prennent pas le dessus.
03:27 C'était, finalement,
03:28 un arrangement tacite avec Poutine.
03:30 -C'est l'occasion, Gauthier,
03:32 de poser une autre question plus large.
03:35 Ces armes, qu'elles viennent des Européens,
03:37 des Américains, elles arrivent bien en Ukraine,
03:40 la plupart du temps par la route, vous me corrigez.
03:43 Si je me trompe, pourquoi les Russes
03:46 ne prennent pas ces convois qui amènent ces armes ?
03:49 -C'est une énigme, effectivement,
03:51 qui tient, précisément, je pense, à ce que je viens de dire,
03:54 c'est, finalement, l'idée que,
03:56 même si la rhétorique est très forte,
03:58 et terrorisante, d'ailleurs, pour les populations,
04:01 mais, enfin, pas moi, je veux dire,
04:03 par là, les dirigeants, notamment russes,
04:06 mais qu'il y a une sorte d'équilibre à respecter.
04:09 Que va-t-il en être, maintenant ?
04:11 C'est ça qu'on ne sait pas.
04:13 C'est le premier point.
04:14 Le deuxième point, qui est, à la limite, plus important,
04:17 et qu'on laisse de côté, c'est que,
04:19 dans l'idéologie de Poutine,
04:22 il n'y a rien de pire que la trahison.
04:24 Or, pour Poutine et pour ses idéologues,
04:27 qu'est-ce que l'Ukraine, si ce n'est une trahison ?
04:30 J'en cite un seul, l'écrivain Zakhar Pilyapin,
04:33 qui est un poutiniste fervent et farouche.
04:36 Il dit que Kiev est le but ultime,
04:38 Kiev est une ville russe,
04:40 une ville russo-ukrainienne.
04:41 L'objectif est l'Ukraine toute entière,
04:44 il ne peut y avoir d'autre objectif.
04:46 Et au fond, dit un autre,
04:48 Piotr Tolstoy, le descendant de Léon,
04:51 qui dit qu'il faut détruire la peste nazie
04:54 que l'organisation terroriste internationale,
04:57 appelée Ukraine, cesse d'exister.
04:59 Et l'idée, finalement,
05:00 que la Russie pourrait punir les Ukrainiens
05:03 de la manière qui ressemble à un ethnocide,
05:06 et que, si la Russie parvient à ses fins,
05:08 il serait trop tard pour l'Occident de dire "nous venons en aide".
05:12 C'est l'issue que peut envisager le Kremlin,
05:15 et c'est la raison pour laquelle c'est une course contre la montre
05:19 pour que ces armes, qui sont d'une efficacité réelle,
05:22 parviennent aux Ukrainiens en temps voulu.