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Transcription
00:00Nous avons parlé d'Europe, d'immigration,
00:02vous avez parlé de protectionnisme écologique.
00:04De son côté, la France insoumise veut mettre surtout Gaza,
00:07Jérôme Gage, au cœur de la campagne.
00:09La convocation par la justice de Mathilde Pagnet,
00:11présidente du groupe LFI à l'Assemblée,
00:12fait couler beaucoup d'encre
00:14dans le cadre d'une enquête pour apologie de terrorisme.
00:16Est-ce que vous considérez que c'est une judiciarisation du débat
00:20que vous dénoncez, ou alors, sur un sujet aussi grave,
00:22LFI doit s'expliquer sur son communiqué et ses propos ?
00:25Moi, je suis très clair, c'était Emma Brooke.
00:27J'étais Charlie et je suis toujours Charlie.
00:29Je suis trop attaché à la liberté d'expression
00:32pour considérer que, dans le débat politique,
00:34chacun n'est pas libre de dire ce qu'il veut.
00:37Je me suis prononcé sur ce communiqué du 7 octobre.
00:39C'était une faute politique et morale.
00:41Je l'ai condamné et j'en ai tiré les conséquences.
00:44Mais je le combats sur le terrain politique et moral.
00:48Judiciariser et criminaliser,
00:50comme on le voit depuis plusieurs années,
00:54les questions syndicales, les questions associatives,
00:56on l'avait vu avec eux, les soulèvements de la terre...
00:58Et ça, vous le dites pour tous,
00:59pas seulement pour une personnalité de gauche.
01:01Je le dis pour tous.
01:02Je n'aime pas cette espèce de chape de plomb
01:06qui consiste à détourner des outils de la lutte antiterroriste,
01:08cette disposition sur l'apologie du terrorisme,
01:10c'était une disposition prise dans le cadre de la lutte antiterroriste,
01:14et de venir pointer tel ou tel.
01:16Maintenant, après, j'assume le débat politique.
01:18Et je le fais, y compris avec des gens qui n'ont pas hésité
01:21à me jeter en pâture quand je n'étais pas d'accord avec eux.
01:23C'est pour ça que je débarrais par cette question avant d'aller sur...
01:26C'est le débat politique.
01:27Mais vous avez été une cible dans ce débat,
01:29puisque Jean-Luc Mélenchon vous a dénoncé
01:30comme étant l'un des instigateurs de l'annulation de sa conférence.
01:33Vous avez affirmé que vous n'aviez pas demandé cette annulation,
01:36mais vous avez dénoncé, d'ailleurs, très rapidement,
01:38le fameux logo sur l'affiche de cette conférence,
01:41qui, je le rappelle, nie l'existence d'Israël.
01:44Mais de quoi Jean-Luc Mélenchon, pour vous, Jérôme Gatch,
01:46pour vous, pour votre histoire, pour votre engagement,
01:48pour vos convictions, sera-t-il coupable en adoubant un tel logo ?
01:52Il entretient une ambiguïté, c'est le point que j'ai dénoncé.
01:54En effet, c'était mensonger de dire que c'était sous mon impulsion
01:57que cette conférence à Lille a été annulée.
02:00Je vous ai dit, je suis attaché au débat démocratique,
02:01et j'avais dit très clairement,
02:03chacun peut choisir les thèmes qu'il veut aborder.
02:05Mais souffrez que moi-même, je puisse dire que les ambiguïtés,
02:08depuis le début de ce conflit porté par la France insoumise,
02:11m'ont été insupportables.
02:13Le communiqué du mois d'octobre...
02:14Il est ambiguë, encore ?
02:16Quelle ambiguïté il y a, en réalité ?
02:19Quand vous adoubez... Je pose une question.
02:20Un tel logo, quand vous comparez le présent...
02:23Vous adressez un parallèle, pour être précise,
02:26entre le président de l'université et Adolf Eichmann.
02:29Où est l'ambiguïté ?
02:30Pour moi, tout ça, ce sont des fautes politiques et morales,
02:33d'ailleurs plutôt révélatrices d'une fébrilité
02:35dans cette campagne électorale, et surtout l'absence de nuances.
02:38Parce que, voyez-vous, on veut me réhabiller comme d'autres
02:42dès l'instant où on n'est pas aligné
02:43sur les positions de la France insoumise,
02:45et on peut ne pas être aligné sur une partie des positions.
02:48Le point de départ était l'absence de condamnation claire
02:51du Hamas comme mouvement terroriste.
02:53Moi, je demeure sur la ligne qui n'a pas bougé.
02:56Je pense, d'abord, que c'était une attaque terroriste.
03:00Je pense, aujourd'hui encore, à la libération des otages,
03:02et dans le même temps...
03:03Et, bon sang, pourquoi on n'arrive pas dans ce pays
03:06à pouvoir dire ça et à dire aussi que je suis...
03:08On n'arrive pas. Qui n'arrive pas ?
03:10C'est important. C'est quelqu'un...
03:12On nous enjoint de choisir un camp.
03:14Vous étiez dans le même mouvement, la NUPES.
03:15Je veux terminer ma phrase,
03:16sinon on va dire que je suis hémiplégique.
03:18Je veux pouvoir condamner le Hamas,
03:21dire qu'il est l'adversaire des Palestiniens
03:22et dire aujourd'hui que la riposte israélienne est insupportable.
03:26Je vais vous poser... On va en parler.
03:27Il faut le dire extrêmement clairement
03:29que je combats le gouvernement de Benyamin Netanyahou
03:32comme, hier soir, des Israéliens sont allés manifester
03:34devant son domicile pour dire que ça suffit.
03:37Le fait qu'on puisse dire, dans le même temps, deux choses...
03:40Je veux comprendre. Vous avez été ciblé.
03:42Il y a des haters sur les réseaux sociaux, quand même,
03:45qui vous poursuivent.
03:47Donc, moi, j'aimerais savoir, par rapport à Jean-Luc Mélenchon,
03:49où vous en êtes aujourd'hui ?
03:51Vous me dites des ambiguïtés. Est-ce que c'est votre gauche ?
03:53Et comment vous le qualifiez, tout simplement ?
03:55Écoutez, la conséquence...
03:57J'espère que tout le monde l'a vu.
03:58La conséquence de ce qui s'est passé le 7 octobre,
04:00c'est que la coalition politique que nous avions mise en place
04:03en juin 2022 n'existe plus.
04:06Voilà. J'ai été un de ceux...
04:08Et franchement, je n'en tire aucune glorieule,
04:11mais c'était, pour moi, épidermique et principiel.
04:14Mais pourquoi avoir attendu ce temps ?
04:16Vous ne vous doutez pas de telles ambiguïtés ?
04:19Parfois, votre étonnement peut étonner.
04:21Vous ne vous doutez pas que, sur Israël,
04:24Jean-Luc Mélenchon avait de telles positions ?
04:25Non, pour la raison simple, c'est que je...
04:27Vous n'avez jamais discuté avec vos alliés sur ce sujet-là ?
04:29Sur ce sujet-là, je vais vous prendre un seul exemple.
04:31Ça fait 50 ans que le conflit existe.
04:32Oui, mais sur ce sujet-là, Jean-Luc Mélenchon lui-même,
04:35dans une conférence qu'il avait faite en janvier 2024,
04:37a reconnu que ce n'était pas un sujet sur lequel il allait beaucoup travailler.
04:39Je vais vous prendre qu'un seul exemple.
04:41Jean-Luc Mélenchon a sorti un livre
04:43juste avant le début du conflit.
04:45Dans ce livre, je lis attentivement les écrits politiques des uns et des autres,
04:48il n'y a pas une ligne sur le conflit israélo-palestinien.
04:50Il n'y a pas une seule ligne sur le conflit israélo-palestinien.
04:52Vous aviez un doute sur cette position ?
04:54Non, mais en tous les cas,
04:56moi, la position qui, d'ailleurs, était celle qui était dans notre accord politique
05:00était le soutien à une solution à deux États
05:02qui ne passait pas par cette logique de conflictualisation et de déséquilibre.
05:07Moi, j'avais été heurté par ce communiqué,
05:09mais vous voyez, ils ont fait le choix de faire de ce thème-là
05:13un sujet de la campagne des élections européennes.
05:15Voilà. Pourquoi pas ?
05:17Mais donc, du coup, ils sont enferrés dans une logique de surenchère,
05:20de clivage et donc, du coup, de délimitation.
05:23Alors que dans le débat, encore une fois,
05:25comment on rend audible la nécessité de la protection des civils palestiniens ?
05:30Et vous voyez, quand je dis ça, je le dis à tous les endroits.
05:32Quand je vais le dire à une manifestation pour demander la libération des otages,
05:36je me fais siffler par une partie du public
05:39qui considère que dire ça, c'est un crime de lèse-majesté
05:42et c'est une atteinte à la défense de l'État d'Israël.
05:46Est-ce qu'on peut avoir de la nuance dans le débat politique ?
05:48Est-ce qu'on peut avoir une position équilibrée ?
05:50Moi, je suis un universaliste républicain.
05:52Et pardon de le dire, entre Meyer Habib et Rima Hassan,
05:56je pense qu'il y a un chemin de la raison qui est capable...
06:00Vous les mettez dans des positions opposées, mais sur le même plan ?
06:03En tous les cas, dans le niveau de crispation identitaire
06:07et d'impossibilité d'avoir une écoute,
06:11les Israéliens eux-mêmes sont traversés par ce débat politique.
06:16Et nous, il faudrait qu'on soit campés sur des positions à ce point heurtées.
06:20Moi, j'essaye d'avoir cette position où, je le redis,
06:24la colonisation en Cisjordanie, c'est une faute politique.
06:30La guerre telle qu'elle est menée aujourd'hui,
06:33les dizaines de milliers de victimes palestiniennes
06:36me heurtent, me blessent, me révulsent matin, midi et soir.
06:39Et je suis pour la protection de l'ensemble de ces civils.
06:42Je suis pour qu'Israël, comme l'ensemble de ses partenaires le lui demandent,
06:47ne soit pas embarqué dans une suite en avant pour des mauvaises raisons
06:51et qu'on garde la perspective d'une solution politique à deux États.
06:54Mais je suis dans le même temps pour reconnaître
06:56que le Hamas ne peut pas être un interlocuteur.
06:58Il continue à détenir des otages aujourd'hui.
07:00Il y avait une vidéo qu'on a découverte sur un otage américano-israélien.
07:06Il a envoyé ce message-là
07:09d'élimination de l'existence même de l'État d'Israël
07:12à travers la barbarie des attaques qui a été faite.
07:14Et donc, toute complaisance ou ambiguïté à son endroit,
07:17forcément, me heurte.

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