• il y a 8 mois
À quoi joue Jean-Luc Mélenchon ? Matthieu Croissandeau revient sur les différents propos polémiques de Jean-Luc Mélenchon

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Transcription
00:00 On va parler de Jean-Luc Mélenchon avec vous, Mathieu Croissando, parce que Mélenchon a donné une conférence hier devant les étudiants de Sciences Po,
00:06 et ce fut pour lui l'occasion de s'expliquer après ses propos polémiques de la semaine dernière. On va commencer par l'écouter.
00:12 La pire des domestications, je vous l'ai dit tout à l'heure, c'est la racisme, que ce soit le racisme islamophobe, le racisme antisémite.
00:21 Nous sommes parfaitement capables de faire la différence entre un juif et un sniper de Tsaïl. Nous jugeons les individus quand ils sont dans la bonté, quand ils refusent d'obéir.
00:33 Nous n'avons pas d'ennemis génériques. Notre adversité c'est le mal, notre adversité c'est le meurtre.
00:40 Changement de ton, non ?
00:42 Oui, vous avez remarqué, il a baissé d'un ton Jean-Luc Mélenchon, le docteur Jackie de Mister High de la politique française.
00:46 La semaine dernière encore, après l'annulation tout à fait contestable d'ailleurs de sa conférence à Lille,
00:52 il n'avait pas hésité à évoquer les bassesses qu'avait conduit la police française à faire les rafles du Veldiv.
00:56 Il avait même fait le parallèle entre le président de l'université et Adolf Eichmann, le nazi qui avait appliqué la solution finale.
01:03 Il a un argument indéfendable à juger sur notre plateau hier, Fabien Roussel.
01:07 Mais, hier soir, les étudiants de Sciences Po ont eu droit à la version pâteline, quasiment grand paternel de Jean-Luc Mélenchon,
01:13 pourfendant tous les racismes et convoquant même la pensée, cette fois-ci, de Simone de Beauvoir ou du philosophe Emmanuel Kant.
01:19 Mais à quoi il joue ?
01:20 Il y a deux choses à comprendre. D'abord, pourquoi la tournée des facs et pourquoi ne parle-t-il que de la Palestine ?
01:25 La réponse a été donnée par le directeur de campagne de la tête de liste aux européennes, Manon Aubry.
01:29 On sait que si on veut faire un bon score, il faut amener à l'élection des gens qui, en général, ne viennent pas,
01:33 comme les jeunes ou les quartiers populaires.
01:35 En fait, les Insoumis, ils savent qu'ils sortent un plafond de verre dans l'électorat classique,
01:38 alors ils vont chercher un autre électorat.
01:40 Les jeunes, d'où la tournée des facs, les quartiers populaires, d'où le discours monothématique qu'on entend sur Gaza.
01:45 C'est un virage qui avait été entamé au lendemain de la défaite de Jean-Luc Mélenchon en 2017 déjà,
01:49 et ça n'avait pas plutôt pas trop mal réussi à la dernière présidentielle, aux dernières législatives.
01:53 Ils avaient réalisé un score plutôt canon chez les jeunes et dans les quartiers populaires,
01:56 notamment dans le département de la Seine-Saint-Denis.
01:58 La deuxième chose, c'est que dans une élection où il espère l'emporter, Jean-Luc Mélenchon, il amadoue, il rassemble.
02:04 Dans une élection où il sait qu'il va perdre, il éclive, il suffate, il éparpille.
02:08 L'objectif, c'est, pour le cas pour les européennes, c'est d'être le plus radical,
02:13 le représentant de la gauche la plus pure, histoire que personne ne lui fasse de l'ombre.
02:16 Et donc, vous l'avez vu, il concentre ses tirs, depuis quelques semaines, sur son concurrent,
02:20 comme la tête de l'ISPS, Raphaël Glucksmann, et non pas sur ses adversaires, comme Emmanuel Macron ou le Rassemblement National.
02:25 Là encore, ça ne lui avait pas si mal servi la dernière fois.
02:28 Il avait perdu toutes les élections intermédiaires, européennes, municipales, régionales,
02:31 et il avait plutôt fait un bon score à la présidentielle et aux législatives.
02:34 D'un mot, il n'est pas allé trop loin dans la polémique ?
02:35 C'est toujours la même technique, provocation, victimisation.
02:38 À court terme, toutes ces polémiques le serviront, parce qu'il expliquera sa défaite en juin,
02:42 non parce que sa candidate ou son programme ne tenait pas la route,
02:45 mais parce qu'on l'aura empêchée de faire campagne.
02:47 Sur le long terme, en revanche, les outrances de l'FI risquent de coûter cher,
02:51 parce qu'on n'est plus dans le folklore, la République, c'est moi, là.
02:53 On est sur les principes.
02:54 La violence verbale des insoumis depuis 2022, leurs attermoiements, leur silence au moment des émeutes urbaines,
03:00 leurs scandaleuses ambiguïtés au lendemain des attaques du Hamas le 7 octobre, ça, ça a laissé des traces.
03:05 Aujourd'hui, l'FI est jugée plus inquiétante que le Rassemblement national,
03:07 et même chez les insoumis, ça commence à faire tousser.

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