• il y a 6 mois
Hey salut à tous et bienvenue dans cette nouvelle vidéo où on va parler du rapport entre la religion et la Pop Culture ! J'attends impatiemment votre avis sur le sujet en commentaire je compte sur vous pour rester respectueux :)

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00:00 : Introduction
01:30 : La Pop Culture et la religion
04:45 : Les signes religieux et la figure christique
13:45 : Les polémiques et scandales
21:30 : Les fandoms, nouvelles religions ?
25:30 : Un conflit dans le rapport au sacré
Transcription
00:00 La religion fait partie des sujets considérés comme tabous sur YouTube et dans la pop culture de manière générale.
00:06 Elle est souvent à l'origine de débats de sourds, de polémiques ou autres controverses.
00:10 Blasphèmes, satires provocatrices, menaces de mort et cinéma brûlé, ça va parfois très loin.
00:16 Pourtant la religion occupe une place centrale dans notre culture populaire et ce rapport mérite d'être compris et analysé.
00:23 Alors pourquoi la religion pose problème ?
00:26 C'est la question à laquelle j'ai essayé de répondre et j'ai quelques pistes que je trouve plutôt intéressantes.
00:31 Je pense que ça va vous intéresser, restez bien jusqu'au bout.
00:34 En fait ça fait plusieurs mois que je souhaite faire ce sujet de vidéo mais je ne sais jamais vraiment comment l'aborder.
00:45 C'est un sujet super important mais que je trouve trop peu traité en tant que tel
00:48 et je me suis dit finalement que peut-être la meilleure solution c'était de le faire avec transparence.
00:53 Certains me reprochent parfois d'assumer ouvertement mes biais mais pour moi c'est important.
00:57 Donc voilà, je vous le dis, je ne suis pas croyant et je m'identifie foncièrement à aucune religion.
01:03 Aussi je serais ravi en commentaire d'avoir le point de vue de personnes croyantes
01:06 et même de personnes non croyantes qui n'auraient pas le même point de vue sur le sujet.
01:09 L'objectif ici c'est de débattre.
01:11 Vous verrez le but ce sera pas du tout de remettre en cause de toute manière le bien fondé ou non de ces croyances
01:16 mais plutôt comment elles s'inscrivent dans la pop culture ou parfois en opposition à celle-ci.
01:21 Donc s'il vous plaît, restez respectueux en commentaire, débattez bien sur le sujet
01:25 et partez pas dans des débats sur la morale et la religion.
01:28 Je compte sur vous, c'est important pour que je puisse continuer à traiter sereinement ces sujets parfois sensibles.
01:33 Bon, allons-y.
01:34 Déjà il faut définir un peu ce dont on parle.
01:36 Au sujet de la pop culture, je fais référence à tous les éléments culturels qui bénéficient d'une diffusion de masse.
01:41 C'est très large mais si vous suivez la chaîne, vous le savez, ça va du dernier album de Taylor Swift au film Disney
01:47 en passant par la série Netflix d'Hammer, voire le dernier influenceur du moment.
01:51 Pour la religion, c'est encore plus subjectif et difficile à caractériser.
01:55 En France et en Occident, on a tendance à l'imaginer par le prisme des trois grands monothéismes
02:00 mais faut vous douter que c'est en réalité plus que ça.
02:03 De manière générale, une religion désigne les pratiques au sein d'une société qui sont attentives
02:08 à ce qui est perçu comme un élément de l'ordre du sacré.
02:11 J'ai donc décidé de reprendre la définition donnée par James Livingstone dans son livre "Anatomie du Sacré".
02:16 Pour lui, la religion est un système cohérent de croyances et de pratiques
02:20 qui sont orientées vers ce qui est perçu comme ayant une valeur sacrée et un pouvoir de transformation.
02:25 Si c'est pas super clair pour vous, vous inquiétez pas, ça l'était pas non plus pour moi au début
02:29 mais on va développer au fur et à mesure de la vidéo.
02:32 D'autant que vous le verrez, l'analyse va principalement se concentrer sur la religion chrétienne.
02:36 C'est dû à un énorme ethnocentrisme, j'ai grandi en France, entouré de valeurs plus ou moins liées au christianisme
02:41 donc j'ai l'œil plus aiguisé pour les reconnaître que les signes du bouddhisme.
02:45 Mais aussi parce que la culture populaire vient en grande partie des Etats-Unis,
02:49 un pays où, je le rappelle, le président prête encore serment sur la Bible lors de son investiture
02:54 et qui a que peu traité la question de l'islam ou du judaïsme dans ses œuvres en comparaison.
02:59 La relation de la religion à la pop culture est alors par nature ambiguë.
03:03 D'un côté, elle va tenter de s'en servir pour continuer à convertir des fidèles et renouveler sa mythologie.
03:08 En fouillant, j'ai trouvé plein d'exemples d'utilisation de la pop culture à des fins d'évangélisation.
03:14 C'est le cas des films religieux comme "L'Église du Commandement", "Ben Hur"
03:16 ou plus récemment "La Passion du Christ" de Mel Gibson.
03:19 Par sa nature prosélite, le christianisme se doit de porter autant que faire se peut le message de Dieu
03:24 et un des canaux majeurs de communication aujourd'hui est la pop culture.
03:28 Parfois même jusqu'à l'absurde.
03:30 Par exemple, en 1993, un spot était diffusé sur MTV pour inciter les jeunes à devenir prêtres.
03:36 De même, vous connaissez probablement Iron Man, Batman ou même Superman dont on reparlera.
03:41 Mais est-ce que vous connaissez Bibleman ?
03:43 C'est une série évangéliste de super-héros qui a existé de 1995 à 2010.
03:48 Elle raconte l'histoire d'un riche milliardaire qui découvre les bienfaits de la Bible
03:52 et combat les forces du mal déguisés en super-héros pour répandre la bonne parole.
03:56 Et je vous jure que c'est pas une parodie.
03:58 Il y a eu des figurines, un jeu de société, un jeu vidéo et même un remake en animation CGI.
04:03 Le personnage a même été tourné en dérision sous la forme d'Ollie Avenger dans le film "Super" réalisé par James Gunn.
04:09 *Bruit de combat*
04:19 De même, on retrouve des mangas qui racontent la Bible comme si c'était un shonen classique.
04:23 Cependant, c'est pas tellement l'utilisation de la pop culture par la religion qui m'intéressait, mais l'inverse.
04:29 A savoir comment la pop culture s'approprie la religion,
04:33 un système de pensée centrale et fondateur pour des millions, voire des milliards d'individus.
04:38 Et pourquoi ça pose problème au point de quasiment systématiquement opposer les deux.
04:43 En fait, de nombreuses oeuvres qu'on adore s'inspirent des croyances ou possèdent un sous-texte religieux.
04:48 Le plus connu d'entre tous est sûrement "Star Wars".
04:51 La bataille du bien contre les forces du mal rappelle la binarité et les préceptes de la Bible.
04:55 Mais surtout, le concept de la force et des Jedi, ces êtres surpuissants dont les pouvoirs sont à première vue invisibles,
05:01 relèvent quasiment du divin.
05:03 C'est un des enjeux majeurs des films, à savoir ceux qui croient dans l'existence de la force et des Jedi, et ceux qui ne croient pas.
05:10 On retrouve cette dimension spirituelle qui aurait la capacité de transformer le monde qui nous entoure.
05:26 Les Jedi, quant à eux, ont comme devoir de maintenir la paix en suivant des principes de bienveillance, de compassion et de justice.
05:34 Ils s'organisent sous la forme d'ordre, poursuivant un code moral très strict qui n'est pas sans rappeler une forme de clergé.
05:40 Même les temples Jedi ou les rituels de la saga forment un sous-texte religieux indéniable.
05:46 Ce n'est sûrement pas un hasard si les intrigues et les passages les plus reniés des fans vont à l'encontre de ce prisme spirituel,
05:53 comme dans l'épisode 1 où on apprend qu'en réalité ce seraient les Midichloriens qui seraient à l'origine à la fois de la force,
05:59 et à la fois d'Anakin qui deviendra Dark Vador et donc la figure du côté obscur.
06:02 De même pour Palpatine et sa résurrection dans Star Wars 9.
06:06 La rationalisation de l'univers entre en contradiction avec son enjeu premier de la croyance en une force supérieure.
06:12 Cette analyse religieuse, on peut l'étendre à plein de films et de sagas de notre culture populaire.
06:17 Matrix, Harry Potter, Le Seigneur des Anneaux.
06:20 Il en devient parfois difficile de démêler ce qui relève d'une véritable inspiration spirituelle et ce qui est simplement de la surinterprétation.
06:28 J'ai dû lire une cinquantaine de papiers sur les signes religieux dans la pop culture.
06:32 Mais parfois j'ai eu du mal à dissocier les recherches académiques distancées et lucides du reste.
06:38 Par exemple, je suis tombé sur beaucoup d'articles sûrement écrits par des personnes très croyantes
06:44 qui avaient tendance à voir la figure de Dieu un peu partout.
06:47 Et c'est normal, quand on décide d'appliquer un prisme de lecture, c'est facile d'y voir des signes partout.
06:52 D'autant qu'auparavant, des réalisateurs comme Cécile B. de Millet, un des pères fondateurs d'Hollywood,
06:57 qui a notamment fait Sunset Boulevard et Les Dix Commandements,
07:00 assumaient clairement leur volonté de transmettre la parole divine en mettant en scène des épisodes épiques de la Bible.
07:06 Aujourd'hui, rares sont les réalisateurs de pop culture à s'aventurer, à assumer ou bien encore revendiquer une quelconque affiliation religieuse.
07:14 Cependant, j'ai trouvé un moyen assez fiable de repérer plus qu'un indice, un signe religieux.
07:20 Avec en plus une méthode assez précise et détaillée que vous pouvez vous-même reprendre.
07:24 Le tout autour d'un cliché qu'on connaît tous.
07:26 Il s'agit de la figure christique.
07:28 La figure de Jésus, ou même plus généralement du prophète, ça marche aussi avec Mohamed,
07:32 est quasiment omniprésente dans notre culture populaire.
07:35 Il s'agit d'un stéréotype de personnage régulièrement mobilisé pour en faire le centre du récit.
07:40 En fait, ça s'explique assez facilement.
07:41 En effet, il prend le plus souvent la forme du "Chosen One" ou de l'élu en français.
07:46 Dans sa thèse sur le sujet, Scott Gordon déconstruit ce mythe particulièrement fréquent dans la fantasy young adult.
07:52 En réalité, cette structure remonte jusqu'à l'épopée de Gidegamesh,
07:56 un récit épique de la Mésopotamie datant de plusieurs siècles avant Jésus-Christ
08:00 et qui relate les aventures de Gidegamesh, une figure héroïque qui était une divinité durant cette même Mésopotamie.
08:06 Il y a donc un lien direct entre cette figure narrative et la religion avant même la naissance du christianisme.
08:13 Mais depuis, difficile de ne pas y voir un lien avec le Messie, messia en anglais,
08:18 cet élu promis par les prophéties sous la forme d'un homme venu délivrer un peuple
08:23 pour amener à la fin des temps une ère de paix et de félicité éternelle.
08:28 Katniss Everdeen, Neo dans Matrix ou Harry Potter en sont des archétypes
08:32 qui prouvent bien que la présence de la religion dans ces films n'est pas que fantasmé.
08:36 Toutes ces sagas sont d'ailleurs constamment ramenés au concept que vous connaissez sûrement, le monomythe.
08:41 En 1949, Joseph Campbell écrit "Le héros aux mille visages",
08:45 un livre dans lequel il explique l'existence d'une structure narrative commune et universelle.
08:50 Si depuis, son travail a été fortement remis en cause, il est clair qu'il a inspiré de nombreux auteurs et réalisateurs.
08:56 Mais pour écrire ce monomythe et ce héros aux mille visages et cette épopée du héros,
09:01 Joseph Campbell a lui-même pioché dans les récits autour de Bouddha, Moïse, Mohamed et Jésus.
09:06 Alors comment faire la différence entre simplement un personnage principal qui a des super pouvoirs
09:11 et une véritable métaphore du prophète ou de Jésus ?
09:15 Pour y remédier, j'ai décidé d'analyser deux personnages, Spider-Man et Superman.
09:20 Le second est régulièrement mobilisé comme exemple typique de la figure christique au cinéma,
09:25 mais le premier également.
09:26 Effectivement, en 2002, au moment de la sortie du film par Sam Raimi, le pasteur Mike Furches disait à son propos
09:32 "Le film est plein de références et de significations spirituelles".
09:35 Il est tout à fait possible que Spider-Man soit le plus spirituel de tous les super-héros,
09:41 et cette adaptation cinématographique contribue à le prouver.
09:44 Mais ce qui est encore plus clair, c'est que sa spiritualité est enracinée dans le christianisme.
09:49 Pour voir si cette affirmation tient la route,
09:51 je vais m'appuyer sur la grille d'analyse proposée par Anton Kozlovich dans son travail de recherche à ce propos.
09:57 Il a défini 25 éléments récurrents sous forme quasiment de cases à cocher
10:01 pour repérer une véritable figure christique.
10:04 Tangible, le personnage doit être visible et pas uniquement dans l'ombre,
10:07 c'est le cas pour Spider-Man comme Superman.
10:09 Central, il doit être le centre du récit, encore une fois, ça fonctionne pour les deux.
10:13 Outsider, les figures christiques doivent être en marge de leur communauté,
10:17 c'est le cas pour Superman qui est littéralement un extraterrestre,
10:19 mais aussi Peter Parker, qui est dépeint comme un geek un peu à part.
10:23 Dans les autres points que les deux personnages remplissent,
10:25 on a le fait que le personnage possède un alter ego, qu'il soit special normal,
10:29 qu'il y ait une femme sexuellement identifiée auprès de lui,
10:32 qu'il soit au service des plus faibles qui sont parfois ingrats, et qu'il soit pauvre.
10:36 Mais c'est vraiment sur les autres points que la différence se fait.
10:39 Superman cumule aussi les caractéristiques des douze associés en quelque sorte avec la Justice League,
10:43 là où Spider-Man est solitaire.
10:45 Également, il est dans l'âge divin puisqu'il a la trentaine pendant que Peter est plus jeune.
10:49 Il est trahi par un associé, en l'occurrence Batman.
10:51 Il a un sacrifice important à faire avec celui de son père adoptif et est dépeint comme innocent.
10:56 Aussi, il est envoyé en mission par une source divine avec son père biologique qui l'envoie sur Terre,
11:01 là où Spider-Man est simplement piqué par une araignée.
11:03 Dans la version de Sam Raimi du moins.
11:05 Et enfin, avec la fin de Batman vs Superman, on a même la mort décisive suivie de la résurrection,
11:10 la forme du crucifix, la simplicité et le triomphalisme.
11:14 En gros, Spider-Man coche 9 cases sur 25.
11:17 Superman, quant à lui, en coche 21 sur 25.
11:20 Le constat est sans appel, l'un semble bien être une figure christique
11:25 quand l'autre est probablement le fruit d'une surinterprétation.
11:28 Pour preuve, Peter Parker serait même juif dans certains canons.
11:31 Quoi que vous me direz, ça peut être un argument supplémentaire pour les deux visions.
11:35 En tout cas, n'hésitez pas à reprendre ce petit tableau bingo la prochaine fois que vous vous demandez
11:39 si un personnage est véritablement une figure christique.
11:42 Je vous mets un lien en commentaire pour pouvoir télécharger l'image et le remplir vous-même.
11:46 Mais si aujourd'hui l'interprétation de Superman comme une forme de Jésus-super-héros semble acceptée et comprise de tous,
11:52 ce ne fut pas toujours le cas.
11:53 Ce n'était déjà pas l'intention de base de Jerry Siegel et Joe Chester,
11:56 les créateurs de Superman, tous les deux juifs,
11:59 et Richard Donner, réalisateur du premier film, avait même reçu des menaces de mort pour avoir fait de Clark Kent une figure christique.
12:05 Ce débat autour de la figure de l'élu prophétique dans les œuvres grand public revient actuellement sur le devant de la scène
12:10 de la meilleure des manières avec Dune en particulier, sa suite Dune II.
12:14 La saga de Denis Villeneuve adaptée du roman de Frank Herbert offre un nouveau point de vue jusqu'ici trop peu exploré autour du Messie,
12:20 la manière dont il peut être construit quasi artificiellement et surtout comment il peut être un instrument d'asservissement pour les peuples.
12:27 L'élu d'Harry Potter à Superman a toujours été le libérateur d'un peuple, celui en qui le bon résonnait,
12:33 hormis Anakin dans Star Wars mais qui a été grandement inspiré par Paul Heydredis.
12:37 Or, dans Dune, on voit que le prophète peut être en réalité le fruit d'une machination construite de toute pièce.
12:44 Il se développe alors comme une idole, ce qui est pourtant rejeté dans toutes les grandes religions monothéistes.
12:48 On y reviendra, mais dans les Dix Commandements, il est dit "Tu ne feras aucune idole, aucune image de ce qui est là-haut dans les cieux,
12:55 ou en bas sur la terre, ou dans les eaux par-dessous la terre. Tu ne te prosterneras pas devant ces images pour leur rendre un culte."
13:02 Le Lisan Al-Gaïb de Dune est pourtant une idole mise en exergue par le personnage de Stilgar qui ne cesse de voir les signes de la prophétie à chacun de ses pas.
13:11 Le film opère alors la distinction qui est fondamentale entre foi et superstition.
13:16 La foi est une conviction profonde et rationnelle à des croyances spirituelles et religieuses
13:21 quand la superstition est par nature irrationnelle en se reposant sur des présages, un dogmatisme et principalement sur la peur.
13:28 Et on comprend bien que l'adoration pour le supposé Lisan Al-Gaïb repose sur la peur des Frémen,
13:34 un peuple opprimé en quête de signes d'un prophète libérateur.
13:37 Mais ce dernier n'est peut-être pas le Messie tant attendu.
13:40 Comme d'habitude, petit encart pour vous dire que si vous souhaitez soutenir la chaîne, c'est le moment ou jamais de vous abonner,
13:46 mettre un pouce bleu, commenter, je vous l'ai dit tout à l'heure, pour participer au débat,
13:49 et même partager sur les réseaux sociaux, ça m'aide énormément.
13:52 On n'est pas si loin des 200 000 abonnés et en même temps c'est difficile pour une chaîne comme la mienne d'émerger en ce moment.
13:58 Donc voilà, merci énormément à ceux qui le feront.
14:00 On l'a donc vu, le lien entre pop culture et religion, il est très fort.
14:03 Et de nombreuses oeuvres très populaires comportent un sous-texte religieux central.
14:07 Mais parfois ce sous-texte ne passe pas et donc se transforme en polémiques et accusations de blasphème.
14:14 Il faut dire que comme beaucoup de formes de divertissement, la religion s'oppose régulièrement à la pop culture.
14:19 Selon certaines interprétations de l'islam, la musique serait même interdite.
14:22 Et sous l'Empire romain, les chrétiens étaient parmi les seuls à refuser d'assister au jeu en raison de leur confession.
14:28 Cette opposition a alors mené à des tensions qui sont parfois allées très loin.
14:32 Pour rester dans le thème de la musique, de nombreux artistes ont fait face à des levées de boucliers suite à des représentations religieuses.
14:37 En 1989, Madonna, grande star de la pop pour les 2000 comme moi qui ne l'ont pas connue,
14:42 est en quête de nouveaux souffles dans sa carrière et sort son quatrième album, Like a Prayer.
14:46 La chanson éponyme aborde des thèmes de spiritualité, de désir, de culpabilité, de rédemption et est très bien reçue par la critique.
14:52 Elle est même certifiée disque de platine la même année.
14:55 Tout allait bien, sauf qu'elle décide d'en faire un clip.
14:58 Elle y présente des images provocatrices, embrassant une statue de Jésus noir et simulant un orgasme dans une église
15:04 pour critiquer le puritanisme, le racisme et les abus policiers contre les noirs.
15:08 Les paroles un peu ambiguës du morceau et ses images érotiques choquent la communauté chrétienne,
15:13 menant même le pape Jean-Paul II à demander son retrait des ondes italiennes.
15:17 A la base incluse dans une publicité avec Pepsi, elle sera même retirée de la télévision suite à des appels massifs au boycott de la part d'associations.
15:24 Son contrat avec la marque est annulé.
15:26 Dernièrement, c'est le chanteur Lil Nas X qui a connu le même genre de polémiques.
15:29 Courtney Wilder et Jeremy Rewald reviennent sur le sujet, et le morceau Montero de l'artiste américain qui a fait polémique.
15:36 C'est intéressant car dans ses paroles, la chanson ne comporte pas spécifiquement de référence à connotations religieuses,
15:41 en dehors de celles à Ève et au Jardin d'Éden.
15:43 Encore une fois, c'est le clip vidéo qui va mettre en scène une imagerie chrétienne autour du péché et du sexe.
15:48 On le voit descendre du paradis aux enfers sur une barre de pole dance, avec également un passage où il twerke sur Satan.
15:54 L'interprétation faite par les chercheurs est que la vidéo va suggérer que Lil Nas X utilise cette imagerie pour montrer qu'il est à la fois le sauveur et le pécheur.
16:02 Une version de lui se laisse aller à la tentation, mais pas celle de coucher avec un homme, celle de le damer pour cela.
16:08 Bien plus que d'avoir un propos sur la religion en tant que tel, le chanteur reconfigure et réinterprète des traditions religieuses en dehors d'un dispositif religieux.
16:16 Cependant, et c'est logique, cela ne passe absolument pas auprès de nombreux croyants et chrétiens qui y voient ici un blasphème.
16:22 La notion de blasphème, qui signifie étymologiquement "parler mal" en grec, est très ancienne.
16:27 Au Moyen-Âge, ceux qui insultaient Dieu ou la religion étaient punis, et c'est d'ailleurs encore le cas dans de nombreux pays dans le monde.
16:33 En France, ce n'est que depuis 1905 et la séparation des églises et de l'État qu'il est dépénalisé.
16:38 Aux États-Unis, il n'a jamais vraiment existé.
16:40 Pourtant, malgré son absence de base législative, il revient très souvent dans le débat autour de la pop culture.
16:46 Je pense par exemple à Bilal Hassani, qui souhaitait organiser un concert dans une église pourtant désacralisée, à Metz,
16:52 mais qui était considérée comme une profanation et un blasphème pour le collectif Lorraine Catholique.
16:57 Cela pose des questions profondes de société sur la liberté d'expression, avec d'un côté des croyants blessés dans leur foi qui ont l'impression d'être pris pour cible,
17:05 et de l'autre des athées qui souhaitent jouir de leur droit à insulter Dieu et la religion, ou même simplement à le représenter.
17:11 Le champ s'est déplacé du théologique ou juridique au plan moral.
17:16 Qu'est-ce qui est acceptable de dire en société ou pas, et spécifiquement dans l'art ?
17:20 Et encore une fois, je n'ai absolument pas la prétention de vous dire comment agir sur le sujet.
17:24 J'ai évidemment mon avis sur la question, mais ce n'est pas tellement le propos.
17:27 Je me sentais quand même obligé d'aborder la question du blasphème, parce que pour moi elle est centrale pour comprendre la polémique entre la religion et la pop culture.
17:36 Et ça ne concerne pas que des boycotts d'artistes pop considérés comme déviants.
17:40 Ça va parfois beaucoup plus loin.
17:41 Parce qu'au-delà des suggestions et de l'utilisation des symboles religieux, parfois c'est le prophète lui-même ou Dieu qui est représenté.
17:47 Or, la question de la représentation dans les religions monothéistes a toujours posé problème.
17:51 Un interdit à ce sujet existe depuis le monothéisme juif, et donc bien avant l'ère chrétienne, qui sera ensuite repris par les autres religions.
17:59 Cela a même mené à la fameuse querelle des images ou période iconoclaste.
18:02 L'iconoclaste étant la destruction délibérée d'images, à savoir de représentations religieuses de type figuratif.
18:08 Bref, quand Jésus, Mohamed ou même Dieu est représenté concrètement à l'écran, ça fait grincer des dents.
18:14 En 1982, Martin Scorsese, grand catholique qui a longtemps hésité entre prêtre et réalisateur, termine un scénario, La dernière tentation du Christ.
18:22 Adapté du roman du même nom, l'intrigue se concentre sur la vie terrestre de Jésus et certains de ses péchés.
18:28 La Paramount accepte de produire le film, mais finalement se rétracte devant le flou de pétitions courriées de protestants américains.
18:35 Le réalisateur repart donc en quête d'un financement en France, qui accepte de donner de l'argent pour que le long-métrage voie le jour.
18:40 Mais encore une fois, les chrétiens français ne voient pas ce projet d'un bon oeil.
18:44 Ils lancent une vague de boycott et vont même jusqu'à bloquer le standard téléphonique du ministère de la culture.
18:49 Ça remontera jusqu'au président de la république, François Mitterrand, qui sera interpellé par l'archevêque de Paris.
18:54 La France finira aussi par se retirer du projet, qui sera récupéré par Universal pour voir le jour en 1988.
19:00 Un pasteur tente alors une levée de fonds pour racheter le film et le détruire.
19:04 Des heures de temps d'antenne publicitaire sont achetées à la radio et à la télévision pour le dénoncer.
19:09 Le film va malgré tout sortir, mais non sans peine, avec des manifestations, des jets de lacrymogènes,
19:14 des menaces contre les patrons de salles qui le diffusent.
19:16 Cinéma Saint-Michel est même détruit, faisant une dizaine de blessés.
19:20 Juste pour rappel, Martin Scorsese prépare en ce moment un prochain film sur Jésus.
19:24 Le feu s'est déclenché à la fin de la séance de 22h, non pas dans la salle du film de Scorsese, mais dans l'autre, moins surveillé.
19:32 Il n'y avait heureusement que 18 spectateurs dans ces deux salles,
19:35 10 blessés dont un gravement atteint pour avoir seulement voulu voir un film, certes controversé par certains.
19:41 Déjà en 1979, la comédie britannique de "La vie de Brian" fait polémique et est interdite dans certaines villes en Angleterre,
19:47 en Norvège jusqu'en 1987 et en Italie jusqu'en 1990.
19:51 Et si d'autres projets plus récents, comme la série Netflix "Messiah" ou même "L'Exorciste" à l'époque,
19:57 avaient entraîné une levée de boucliers, ça n'a jamais été aussi loin qu'avec le film de Martin Scorsese.
20:02 On pourrait alors, dans la même veine que "La vie de Brian", parler de la satire.
20:06 Saks Park est souvent pointé du doigt pour sa représentation provocatrice de Jésus ou même de Satan.
20:11 Les polémiques ne cessent jamais autour de la série d'animation.
20:13 Pourtant, le professeur d'analyse culturelle religieuse Terry Ray Clark souligne que cet humour, souvent à vocation provocatrice,
20:20 n'a pas forcément pour objectif de valoriser les personnages néfastes.
20:23 Cartman, qui est le personnage qui injure le plus souvent la religion et les croyants, n'est pas montré comme un exemple pour l'audience.
20:29 Au contraire, chacun de ses cuisins à échecs est célébré et accueilli avec enthousiasme.
20:33 L'autre série d'animation satirique à laquelle on pense tout de suite, c'est évidemment "Les Simpsons".
20:37 Le show de Matt Groening est connu pour son humour irrévérencieux et traite régulièrement la religion.
20:42 Le chercheur John Ehren a relevé que pas moins de 69% des épisodes de "Les Simpsons" comportaient au moins une référence religieuse
20:49 et 11% avaient une intrigue centrée sur la question.
20:52 Mais encore plus que pour Saks Park, la série ne tombe pas vraiment dans l'écueil de la méchanceté blasphématoire gratuite.
20:58 - Je pense que quelqu'un là-haut aime moi.
21:00 - Tu l'aimes ?
21:02 - Pas vraiment, non.
21:04 Le collègue The Reg l'avait très bien montré dans sa vidéo à ce propos,
21:07 "Les Simpsons" critique les dérives des pratiquants religieux américains comme il le fait pour toute la société.
21:12 Mais la série reconnaît l'importance de la religion et reste assez respectueuse de la foi.
21:16 Il rappelait même que l'épisode "Les apprentis sorciers" a carrément été salué pour sa représentation de la communauté musulmane américaine,
21:22 ce qui est malheureusement assez rare.
21:24 Mais bon, cela n'empêche évidemment pas les polémiques.
21:26 Et en fait, je pense que c'est une problématique qui est un peu inextricable.
21:29 Parce que quand on s'y penche de plus près, la pop culture et la religion se font concurrence sur de nombreux aspects,
21:34 tout en offrant des visions complètement différentes du monde qui nous entoure.
21:38 Certains chercheurs sont même allés plus loin en étudiant le cas des communautés de fans.
21:42 Les fans sont un phénomène majeur de la pop culture.
21:44 Ils en sont sûrement le symbole le plus fort et un relais énorme.
21:48 Trois articles passionnants se sont alors posés la question qui peut paraître étonnante, voire hors de propos au premier abord,
21:53 est-ce que les fandoms ou communautés de fans sont des religions ?
21:56 En effet, comme le souligne Mikael Jindra, qui s'est penché sur le cas des adorateurs de Star Trek,
22:02 la pop culture est désormais en capacité de créer des histoires et des mythes fondateurs
22:06 par lesquels de nombreux individus vont construire leur identité.
22:09 Il suffit de voir par exemple les Potterheads, qui ont souvent leurs conventions
22:13 où ils se retrouvent, leurs propres contenus sur internet,
22:15 chacun à sa maison de prédilection de tout de l'art et agrandi au sein de cet univers fictif.
22:20 A cela s'accompagnent des valeurs véhiculées par l'oeuvre ou par l'appartenance au groupe de fans.
22:25 Le chercheur, à travers différents entretiens, montre par exemple que le mythe fondateur de Star Trek
22:29 repose sur sa vision du futur commune aux fans.
22:32 Cette dernière s'appuie sur les idéaux scientifiques et technologiques de l'Amérique avec une idéologie égalitaire.
22:37 On peut reprendre l'exemple des Potterheads qui se sont construits autour de valeurs d'acceptation de la différence et d'inclusion
22:43 conduisant certains d'entre eux à renier la créatrice de l'univers pour ses propos transphobes.
22:47 On peut donc voir plusieurs parallèles entre les religions et les communautés de fans.
22:50 Un ensemble de croyances, des organisations et des membres actifs créant un lien social.
22:54 Aussi, Jennifer Porter rappelle que les fans s'identifient très souvent eux-mêmes comme tels,
22:59 nouvelle preuve de l'importance que cette appartenance revêt dans leur identité sociale.
23:03 Enfin, la chercheuse Elisabeth Ray Cuddy montre en quoi les débats de fans autour de ce qu'on appelle le canon d'un univers
23:10 peut faire penser aux débats religieux autour des écritures bibliques.
23:13 Le canon est ce qui est considéré comme faisant partie de l'univers ou pas ?
23:17 Elle prend l'exemple du Marvel Cinematic Universe dans lequel des séries comme Les Inhumains ou même D'Ardeville
23:22 ont pendant longtemps été considérées comme ne faisant pas partie du canon, à savoir de l'oeuvre officielle et reconnue.
23:28 Des débats similaires ont lieu pour Star Wars ou même Dune, ce qui rappelle les querelles des croyants à ce propos.
23:33 Pour autant, est-ce qu'on peut affirmer que ces communautés sont des religions ? C'est difficile à dire.
23:38 Cela implique forcément de sortir de notre système de pensée sur la religion qui reste centré.
23:42 Autour des rituels, des églises, du divin et des monothéismes.
23:46 Michael Jindra parle alors de religion culturelle, quand Jennifer Porter préfère le terme de religion implicite
23:52 souhaitant éviter de pathologiser des fans qui subissent déjà des stigmatisations dans notre société.
23:57 Cette question est tout aussi floue pour les fans non pas d'une oeuvre mais d'un artiste ou d'une célébrité.
24:03 C'est ce qu'a étudié Pete Ward avec Les Bully Bears, fan de Justin Bieber.
24:07 Il est vrai que la relation entre les célébrités et leur adorateur est souvent décrite comme étant le fruit d'un culte de la célébrité.
24:13 Et pour cause, le mot fan qui vient de fanatique et donc fanatisme a une étymologie religieuse.
24:18 Ça provient du latin fanaticus, à savoir un enthousiaste inspiré par Dieu.
24:23 Et certains artistes jouent de ce rapport très particulier en développant ce culte de la personnalité
24:28 comme Kanye West ou Jared Leto qui s'entourent quasiment de fidèles.
24:31 On le voit dans le rapport des fans à leurs idoles qui sont parfois prêts à les défendre sous tous les réseaux sociaux
24:37 et qui s'identifient comme tels.
24:38 Je pense par exemple aux Arianators, donc les fans d'Ariana Grande
24:42 qui sont connus pour être très engagés, pour défendre leur chanteuse préférée coûte que coûte
24:46 qui n'hésite pas à s'afficher avec des photos de profil Ariana Grande,
24:49 avec des posters, à dépenser énormément d'argent dans les concerts, dans les CD, dans de la collection de merch.
24:55 Il y a vraiment des formes de rituels qui ressemblent à de la religion.
24:58 Même le terme d'idole qu'on accole parfois à ces artistes, il n'est pas anodin.
25:02 Certains y dédient une adoration sans limite, les imaginant comme des êtres quasi divins.
25:06 Cependant, Pete Ward lui aussi se garde de l'appellation de religion
25:11 et préfère le terme de parareligion qui repose sur l'idée que le culte de la célébrité n'est pas une religion
25:16 mais qu'il présente des similitudes avec la religion.
25:19 Comme le concept d'interaction parasociale, la parareligion suggère que des éléments religieux sont présents
25:24 mais qu'ils sont présentés de manière un peu ambiguë.
25:26 Parareligion, religion implicite ou religion culturelle, faites votre choix.
25:30 Mais il est clair que la pop culture et la religion occupent une place prééminente dans les consciences humaines
25:35 et même dans la construction de l'identité.
25:37 Il est peut-être ici le problème.
25:39 La pop culture comme la religion vont aujourd'hui servir de cadres sociaux normatifs pour les individus.
25:45 Cependant, les deux s'opposent sur bien des aspects.
25:47 Et je préfère préciser, les deux ne sont pas exclusifs, évidemment.
25:50 Déjà, il y a des personnes qui font partie de plusieurs communautés de fans
25:53 et même il y a des personnes religieuses et croyantes qui font partie de communautés de fans.
25:57 L'un n'exclut pas l'autre.
25:58 Mais il y a malgré tout un conflit intrinsèque entre la vénération des icônes contemporaines
26:03 et la condamnation de l'idolâtrie dans les textes sacrés.
26:06 Alors qu'on l'a vu, la Bible et le Coran rejettent catégoriquement l'adoration des idoles,
26:10 considérant cela comme une déformation de la divinité,
26:12 la pop culture célèbre souvent ses propres figures emblématiques au rang de quasi-déité.
26:18 Dans les religions abrahamiques, l'idolâtrie est perçue comme une corruption de la foi,
26:22 un égarment loin de la vérité spirituelle.
26:25 Cependant, dans la pop culture contemporaine, l'apothéose des célébrités est menée courante,
26:29 les plaçant sur un piédestal semblable à celui des dieux.
26:32 Cette glorification des figures célèbres peut être vue comme une forme moderne d'idolâtrie,
26:37 où les fans idolâtrent leurs idoles avec une dévotion parfois comparable
26:40 à celle des adeptes religieux envers leur divinité.
26:43 Une pratique logiquement rejetée par les monothéismes,
26:46 mais surtout les deux visions vont s'affronter sur la notion de sacré.
26:49 Pour Konrad Ostwald, chercheur en philosophie, la religion propose avant tout sur le sacré,
26:54 ce qu'on a vu au début de la vidéo, ce qui est divinement supérieur.
26:57 Or, aujourd'hui, la pop culture s'aventure sur ce terrain.
27:00 Jean Baudrillard expliquait que la société de consommation sacralisait l'objet,
27:03 en y associant une promesse de bonheur, une forme de sacré,
27:07 qui relèverait évidemment d'un simulacre.
27:09 Cette sacralité, simulée dans les objets de consommation,
27:12 est moteur de la société de consommation,
27:14 où tout n'est que production et absorption de signes annonce pour Baudrillard la fin de la transcendance.
27:19 Les films, les séries, les musiques vont gagner ce statut de manière quasi artificielle.
27:24 Et ça va parfaitement fonctionner dans une société où les individus croient de moins en moins.
27:28 En effet, en termes de contexte social, on assiste à un fort recul de la religion dans nos sociétés.
27:33 C'est le cas en France, puisqu'entre 1981 et 2018,
27:36 la part des français qui disent croire en Dieu a baissé de 62% à 50%,
27:41 selon l'enquête européenne sur les valeurs Arval.
27:44 Et au Très-Atlantique, depuis peu, la tendance est similaire.
27:46 À la question "Dieu joue-t-il un rôle important dans votre vie?",
27:49 les américains obtenaient une moyenne de 8,2 sur 10 il y a 12 ans.
27:53 Aujourd'hui, c'est 4,6 d'après une étude.
27:56 Cela s'explique en partie par la sécularisation de la société,
27:59 à savoir la séparation entre le domaine religieux et le domaine public,
28:03 l'église abandonnant petit à petit certaines fonctions dans la société civile.
28:07 Ça rejoint la vision de Marcel Gauchet, pour qui le désenchantement du monde
28:11 désigne avant tout l'affaiblissement de l'organisation religieuse de notre société,
28:15 de la religion dans sa fonction de structuration de l'espace social,
28:18 sous l'effet de la culture individualiste et de l'émancipation des sujets,
28:22 mais qui ne signifie pas pour autant la fin du sacré.
28:24 Pour lui, les formes de religiosité évoluent, mais la religion ne disparaît pas.
28:29 Alors, cette consommation, devenue sacrée, dont la pop culture est une composante majeure,
28:33 avec ses films, ses séries, ses musiques, va venir combler,
28:36 se vide-laisser par la disparition progressive des religions traditionnelles,
28:40 en offrant une nouvelle forme de religiosité, culturelle, parareligieuse ou implicite.
28:45 Et donc, elle est peut-être là, la vraie tension,
28:47 elle est sur ce mythe et ce récit fondateurs dans la construction identitaire des individus.
28:52 Nos sociétés sont de plus en plus segmentées, individualisées,
28:56 et le roman national proposé par les hommes et les femmes politiques de notre pays,
29:00 et par les grandes religions monothéistes,
29:03 ont de plus en plus de mal à imprimer sur les consciences.
29:06 Malgré tout, c'est comme ça que l'individu s'est toujours construit,
29:09 et que l'humain a besoin de se construire en groupe et en société,
29:12 autour de récits, de valeurs.
29:14 Et finalement, la pop culture va venir proposer ces mêmes récits, ces mêmes valeurs fondateurs,
29:19 sans reposer sur les structures habituelles considérées par certains comme dépassées.
29:24 Il est donc tout à fait logique que la religion voit d'un mauvais œil cela.
29:28 Et de même, il est tout à fait logique que des personnes religieuses,
29:31 qui ont pratiqué la foi, qui croient énormément,
29:35 rejettent cette espèce de foi sous forme de simulacres et de pratiques de consommation.
29:40 Et donc, le vrai problème, c'est que la pop culture essaye et fait la même chose que la religion,
29:45 tout en ayant des valeurs, notamment autour du sacré on en a parlé,
29:49 qui sont complètement opposées.
29:50 Alors non, pop culture et religion ne sont pas fondamentalement incompatibles.
29:54 On a vu ensemble pas mal d'exemples qui montraient que les deux pouvaient s'interconnecter.
29:59 Mais dans leur sens propre, et dans la manière dont aujourd'hui les individus se les approprient et les appréhendent,
30:05 oui, forcément, il y a une tension.
30:07 Et cette tension, elle dépasse pour moi toutes les croyances, toutes les religions, tous les textes sacrés.
30:12 Elle est vraiment dans la construction de l'humain en tant qu'individu et en tant qu'entité sociale.
30:17 En tout cas, j'attends vraiment votre avis en commentaire sur la question.
30:20 Merci énormément d'être resté jusqu'à la fin de cette vidéo.
30:22 Elle m'a demandé beaucoup de travail, beaucoup de travail de recherche.
30:25 Ce n'est pas un sujet que je maîtrise énormément de base.
30:27 Donc, comme je l'ai dit, je serai vraiment preneur de vos retours.
30:29 J'espère qu'elle vous a plu.
30:31 Moi, j'ai trouvé ça très intéressant.
30:32 J'ai appris beaucoup de choses.
30:33 J'espère aussi que vous avez appris quelques trucs.
30:35 Et on se retrouve très bientôt pour de nouvelles vidéos.
30:37 C'était Adam Bross.

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