• il y a 7 mois

Aujourd'hui dans "Punchline", Laurence Ferrari et ses invités débattent du jeune homme de 22 ans qui a été frappé à mort à Grande-Synthe.
Retrouvez "Punchline" sur : http://www.europe1.fr/emissions/punchline

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Transcription
00:00 18h19, on se retrouve en direct dans Punchline sur CNews et sur Europe 1.
00:04 J'aimerais qu'on évoque maintenant le meurtre d'un jeune homme de 22 ans à Grande-Synthe.
00:08 Il a été frappé à mort sur un parking de la ville, tout près d'un supermarché lundi soir.
00:12 Il est mort hier soir des suites de ses blessures.
00:14 C'est un drame absolu, les policiers l'ont retrouvé inconscient.
00:17 On ne sait pas exactement ce qui s'est passé, on sait qu'un jeune mineur a été placé en garde à vue.
00:20 Je me tournerai vers vous Jean-Claude Saufcouy pour savoir s'il y a plus d'informations.
00:24 Mais d'abord on fait le point sur cette affaire terrible avec Célia Barotte,
00:27 on entendra le frère de la victime. Célia.
00:30 Lorsqu'il a été découvert dans la nuit de lundi à mardi,
00:33 le corps inconscient de Philippe présentait plusieurs coups, notamment au visage.
00:37 D'après les premières remontées d'informations dont nous disposons,
00:40 il a été agressé par plusieurs individus qui voulaient lui voler son téléphone portable.
00:44 Les proches de Philippe expliquent qu'il était animateur dans un centre socio-éducatif,
00:49 qu'il était honnête, généreux, plein de vie, toujours souriant et prêt à aider les autres.
00:54 Une enquête a d'abord été ouverte pour le chef de tentative d'homicide volontaire en bande organisée.
00:59 Une enquête qui a été requalifiée depuis hier soir en meurtre en bande organisée.
01:03 Selon les premiers éléments de l'enquête, l'agression pourrait avoir été commise par trois individus.
01:08 Un des mis en cause, un mineur, a été interpellé et placé en garde à vue.
01:12 Les investigations se poursuivent afin d'identifier l'ensemble des mises en cause
01:16 et de pouvoir déterminer les circonstances exactes de ce drame.
01:20 Dans un message publié sur les réseaux sociaux, le maire de Grande-Synthe a fait part de son choc
01:24 et demande à ses administrés de ne pas céder à la peur, de ne pas céder à l'esprit de vengeance.
01:29 Une cagnotte en ligne a été organisée par les proches de Philippe.
01:32 Près de 13 000 euros ont déjà été récoltés.
01:35 Si pour ces précisions, Célia Barotte, on va écouter dans un instant le maire, Marcial Bayer.
01:39 Mais d'abord, j'aimerais qu'on entende le témoignage bouleversant du frère de ce jeune homme, du frère de Philippe.
01:45 Il a été recueilli il y a quelques instants par notre envoyé spécial, Fabrice Elsner. Écoutez son émotion.
01:50 Il a juste été chez un ami et c'est sur le chemin du retour pour entrer chez moi que ça s'est passé.
01:56 Donc en gros, son ami, il habite à peut-être 150 mètres de chez moi, 200, 300.
02:02 Je n'ai pas la marge exacte, mais c'est vraiment pas trop loin.
02:05 Ils l'ont emmené carrément à l'opposé pour déposer le corps, mais je pense qu'ils l'ont attaqué avant.
02:10 Ils ont dû lui mettre un KO avant et ils l'ont déplacé jusqu'au carrefour contact pour faire une mise en scène,
02:15 pour baisser les pantalons et voler les chaussures.
02:18 Il ne peut vraiment pas avoir de cerveau.
02:21 Les gens n'ont pas d'âme, c'est des gens enfermés à vie.
02:24 Il y a encore des traces de sang, comme vous pouvez voir, il y a encore des traces de sang ici.
02:28 C'est là qu'on a retrouvé Philippe Allongé.
02:31 La tête a été redressée, les bras le long du corps, les pantalons baissés, les chaussures enlevées.
02:36 C'est ici qu'on l'a retrouvé.
02:38 Pour un téléphone, pour une sacoche.
02:41 Alors que mon frère, il ne met pas de vêtements de luxe, il ne met pas de marque, il ne met rien.
02:45 C'est débile.
02:47 Et moi, comme ils disent, ce qui est chouette, c'est que la justice soit faite et qu'il prenne perpétue.
02:51 Jean-Christophe Coville, l'émotion du frère de la victime,
02:54 est-ce qu'on en sait plus sur ce qui s'est passé ? Un jeune homme est en garde à vue ?
02:58 Pour l'instant, oui, on a une idée.
03:00 Il y a trois personnes qui seraient recherchées, au moins trois personnes,
03:03 dont une personne déjà en garde à vue.
03:05 Mais après, c'est le motif pour l'instant.
03:07 On a besoin de savoir si c'était vraiment crapuleux avec un guet-apens et on l'a entraîné,
03:12 style "je vous donne un rencard",
03:15 par le biais d'un réseau social.
03:18 Et puis, en fait, c'est un guet-apens.
03:20 C'est arrivé il y a quelques jours à Grande-Synthe aussi,
03:22 un homme de 39 ans qui a été passé à Tabac avec des battes de baseball.
03:26 Il a réussi à se réfugier dans un restaurant.
03:31 Mais voilà, le problème aujourd'hui, c'est que pour un téléphone portable,
03:37 votre vie ne tient qu'à un fil.
03:39 Vous pouvez vous faire agresser.
03:42 On peut tuer un homme aujourd'hui pour lui prendre son portable ?
03:45 Oui, et surtout, c'est qu'à une époque, il y avait peut-être aussi des bagarres, des vols,
03:49 ça a toujours existé.
03:51 Aujourd'hui, on est une société qui est censée avoir évolué un peu vers le bien.
03:54 On se rend compte que malheureusement, on est quand même attiré
03:58 beaucoup par le mal et la violence.
04:00 Et surtout, c'est qu'on tue une personne et on ne veut pas qu'elle se relève.
04:04 Et donc, dès qu'on l'agresse, il faut la finir, entre guillemets.
04:07 Désolé pour la violence des mots, mais c'est ça dans la tête de ces agresseurs.
04:10 C'est que la personne ne doit plus se relever.
04:13 Et moi, ce qui me choque aussi, c'est...
04:16 Alors là, heureusement, c'est aussi les attaques au couteau en ce moment.
04:19 Et donc, tout est lié.
04:21 C'est histoire de bandes, c'est histoire de trafic.
04:23 Aujourd'hui, la violence est complètement désinhibée.
04:26 Absolument, et notamment chez les mineurs,
04:28 parce que là, on a un mineur en garde à vue, Geoffroy Lejeune.
04:30 Le spectre de ce meurtre est absolument terrifiant.
04:33 Visiblement, une mise en scène selon son frère,
04:36 on l'aurait déplacé pour lui voler un téléphone portable.
04:39 L'enquête va le dire.
04:41 Mais vraiment, c'est abominable, en réalité.
04:43 C'est abominable, et ça s'ajoute à beaucoup d'affaires
04:46 qui ont au moins un point commun avec celle-ci.
04:49 C'est-à-dire qu'en fait, j'ai le sentiment qu'on pourrait commenter ça tous les jours.
04:52 Quasiment tous les jours.
04:53 On ressasse ce chiffre de 120 attaques au couteau par jour,
04:56 même si on sait qu'il est contesté, etc.
04:58 Mais en attendant, je pense qu'il est approchant de la réalité.
05:00 Et en fait, ça veut dire que 120 fois par jour,
05:03 il y a quelqu'un qui trouve en lui
05:06 la motivation pour sortir un couteau et agresser quelqu'un,
05:09 c'est-à-dire potentiellement lui donner la mort.
05:11 Je discutais récemment à ce sujet,
05:14 et je pense en fait que si on s'interroge,
05:16 on est incapable de ce geste, en réalité.
05:18 Quand on est normalement constitué dans une société qui tient debout,
05:21 c'est quelque chose qui est profondément antinaturel.
05:24 Et pour donner la mort, pour faire ce genre de geste,
05:27 et qui plus est avec un couteau, il faut avoir...
05:30 - Il n'y avait pas de couteau à avoir. - Je sais, mais...
05:32 - Il y en a beaucoup et on en commente souvent. - Il y en a énormément, mais là, ce n'est pas le cas.
05:35 - Et en l'occurrence... Bref.
05:37 Donner la mort quand on n'est pas soldat, ce n'est pas normal,
05:39 ça ne devrait pas exister dans une société.
05:40 Moi, je m'interroge sur toutes les raisons qui font qu'on en arrive là.
05:43 Je veux bien croire qu'il y ait les réseaux sociaux,
05:45 je veux bien croire qu'il y ait les vidéos sur Internet.
05:47 Je pense qu'il y a aussi la drogue, mine de rien,
05:50 parce que je pense que l'état dans lequel vous met l'abrutissement du cannabis
05:53 ou d'autres drogues peut... - Ou la stimulation artificielle
05:56 d'autres drogues de synthèse.
05:57 André Vallini, c'est vraiment votre thèse.
05:59 Vous dites qu'il y a une violence latente,
06:01 mais que les réseaux sociaux amplifient tout ça.
06:03 - Oui, moi, je pense qu'il y a une violence qui s'est développée
06:05 chez les adolescents.
06:07 Elle est immanente, enfin, elle est à l'intérieur de chaque être humain.
06:11 La civilisation fait justement qu'on arrive à surmonter ces pulsions,
06:16 à les maîtriser, et les jeunes n'y arrivent plus
06:19 parce qu'ils sont désinhibés, parce qu'ils sont toute la journée
06:23 devant des écrans où ils voient défiler des images d'une violence inouïe.
06:27 Et le fait de voir toutes ces images arrive à banaliser cette violence.
06:31 Parce que les jeunes, les adolescents, ils disent
06:33 "Finalement, puisqu'on ne voit que ça, c'est que tout ça fait partie de la vie,
06:37 et donc la mort est au bout du chemin."
06:40 Mais je pense quand même que ce qui est structurant dans tout ça,
06:42 c'est la drogue.
06:43 On ne sait pas exactement ce qui s'est passé,
06:45 ce qu'a fait le présumé coupable.
06:48 Il n'y a pas de présumé coupable, je sais, je devrais réviser mes classiques.
06:53 Enfin, celui qui est en garde à vue.
06:55 On ne sait pas ce qu'il a fait, si c'est lui qui a commis ce crime.
06:58 Mais je pense quand même que la délinquance et la violence aujourd'hui
07:01 dans nos villes, dans nos pays, en Europe occidentale et aux États-Unis,
07:06 tout ça vient beaucoup du trafic de drogue.
07:08 - Vincent Herouet ?
07:10 - Moi je suis complètement d'accord, effectivement, le passage à l'acte,
07:12 c'est la vraie curieuse idée, qu'on ait envie de larder,
07:16 de frapper avec une batte de baseball.
07:19 Quand même, la diffusion des haches et des couteaux dans le pays
07:22 pose quand même un petit problème.
07:24 Ce sont des armes auxquelles on n'avait pas véritablement recours
07:27 il y a 30 ou 40 ans.
07:29 On m'a raconté qu'il y avait des chaînes de vélo pour les blousons noirs,
07:32 mais ce n'était pas la même chose, quand même.
07:34 Il y a une banalisation, c'est vrai, il y a un passage à l'acte, c'est vrai,
07:36 il y a l'influence de la drogue, c'est vrai,
07:38 mais il y a surtout l'impression quand même générale
07:40 que ce pays ressemble de plus en plus à une coupe-gorge
07:43 et qu'il y a une telle violence latente
07:48 que la résistance, ce n'est pas dans le verre-corps qu'il faut la célébrer,
07:52 c'est vraiment au pied des immeubles dans la cité.
07:55 Il y a tous ces discours lénifiants,
07:59 tout ce blabla officiel,
08:02 toutes ces petites bougies,
08:05 mais ralasse, vraiment, c'est insupportable.
08:10 Jean-Sébastien Ferjou.
08:12 André Vallini disait, la violence est immanente,
08:16 au sens où elle fait partie de la nature humaine,
08:18 elle est présente dans chacun d'entre nous,
08:20 et la civilisation est le même,
08:22 c'est de l'embêcher et de la canaliser.
08:24 Avons-nous déconstruit tout simplement notre civilisation ?
08:27 Oui, parce que c'était un projet,
08:29 certains l'ont suffisamment assumé,
08:31 que ce soit la trilogie infernale,
08:33 Jacques Derrida, Gilles Dezeuleuse, Michel Foucault,
08:35 ça fait 30 ans, les philosophes français, d'ailleurs,
08:38 et c'est ça qui est parti aux Etats-Unis, qui nous revient,
08:40 déconstruire la civilisation occidentale
08:42 qui est soupçonnée d'être à l'origine de tous les maux,
08:45 alors que nous n'avons jamais connu dans toute l'histoire de l'humanité
08:48 une ère dans laquelle il y aurait eu autant de liberté,
08:51 autant de prospérité, c'est ça qui est en plus complètement dingue.
08:53 Mais je crois que nous sommes une société qui n'a tellement plus d'avenir,
08:56 le côté "no future", parce que que vous le preniez par l'angle
08:58 "grand emplacement, on est fini, on va tous être remplacés",
09:02 vous le preniez par l'angle "la planète va cramer",
09:05 de toute façon, on fait grandir les enfants
09:07 dans un environnement qui est profondément, profondément anxiogène.
09:11 Le ministère de la Santé britannique, d'ailleurs, l'avait constaté
09:13 sur le côté environnemental, en disant,
09:15 en demandant aux écoles britanniques de cesser d'alarmer les enfants,
09:18 tellement ils ont constaté l'impact sur la santé mentale des enfants.
09:21 La dépression, il suffit de dire.
09:23 Bien sûr que le trafic de drogue fait partie,
09:25 mais il y a autre chose qui se joue quand même,
09:28 parce que cette violence-là, elle est présente partout dans la société,
09:31 y compris à des endroits où il n'y a pas fondamentalement de trafic de drogue.
09:34 Genre ils savent que vous, vous les savez.
09:36 Ce qui serait intéressant aussi, c'est de voir après le parcours de délinquance
09:39 des trois personnes qui sont soupçonnées,
09:42 de savoir s'ils étaient déjà connus des services de police et de justice.
09:47 Par exemple, il y a une note de la police judiciaire en interne
09:50 qui est tombée sur les attaques au couteau.
09:52 Alors là, on va faire un parallèle, parce qu'effectivement,
09:54 il n'y a pas d'attaque au couteau, mais 63% des profils de mise en cause
09:57 sont connus des services de police.
09:59 Donc en fait, on a déjà des gens qui sont identifiés.
10:01 Il y a 30% qui vivent dans des quartiers de reconquête républicaine,
10:06 donc c'est un tiers quand même, des assaillants.
10:08 10% étaient sous l'emprise des drogues,
10:10 32% sous l'emprise de l'alcool.
10:12 Donc déjà, on a une identité d'un individu
10:15 et 27% de nationalité étrangère.
10:17 Donc ça aussi, c'est un fait nouveau pour nous.
10:19 Donc on verra au fur et à mesure, on va égrener
10:22 et donner un peu de granularité à cette affaire,
10:24 et on verra un peu plus avec un effet de loupe.
10:26 J'aimerais qu'on écoute maintenant le maire de Grande-Synthe,
10:29 Martial Beyert, qui disait dès ce matin
10:33 "Ne cédons pas à la peur ni à l'esprit de vengeance."
10:35 Écoutez-le.
10:37 Aujourd'hui, c'est un drame qui s'est passé avec une violence inouïe,
10:40 apparemment sur un jeune qui était sur le chemin du retour
10:43 pour rentrer chez lui après une soirée chez des amis.
10:46 Il avait 200 mètres à parcourir,
10:48 parcourir sur une avenue très fréquentée,
10:51 une avenue sur laquelle nous n'avons aucun problème.
10:54 Et le destin, la vie et l'atrocité,
10:57 la folie de certains a fait que ce jeune homme ait décédé.
11:02 Effectivement, il y a un sentiment d'insécurité qui augmente
11:05 qui a eu quelques faits ces derniers jours sur la ville de Grande-Synthe.
11:08 Avec ou sans relation avec cet acte ignoble
11:12 et ce fait divers, incroyable qu'on a vécu sur Grande-Synthe,
11:16 je ne ferai pas de conclusion hâtive,
11:19 mais effectivement, mes concitoyens aujourd'hui me contactent
11:22 parce que tout simplement, il y a un sentiment de peur, d'incompréhension.
11:25 De peur, d'incompréhension, c'est un maire socialiste, André Valigny,
11:30 qui disait aussi "Continuons à oeuvrer pour l'éducation, la bienveillance et la fraternité."
11:34 On a passé le cap, là. On n'en est plus à la bienveillance et la fraternité.
11:37 Là, on est à la sauvagerie la plus totale et la barbarie.
11:40 Oui, mais il faut comprendre que le maire est dans une situation compliquée.
11:44 Quand un tel drame arrive dans une commune, le rôle du maire, c'est d'apaiser,
11:48 d'essayer de rassérener les débats dans sa commune.
11:52 Imaginez que le maire dise le contraire, c'est-à-dire "Oui à la vengeance".
11:56 Bien sûr que non. Et entre ça et dire "Vive la bienveillance et la fraternité"...
12:00 La bienveillance, le mot est peut-être un peu... - Un peu mal choisi.
12:03 Un peu neif, oui. C'est son côté volontarien.
12:06 On pourrait dire aussi que Marie-Hélène Thauraval a saisi l'occasion du drame
12:11 qui impliquait des jeunes de sa commune pour dire la vérité, tout simplement.
12:16 On l'a écouté, d'ailleurs, à ce moment-là.
12:18 Je suis désolé, mais moi, c'est comme le maire de Viry-Châtillon.
12:20 Je crois à leur émotion, mais par contre, je pense que leur bougie,
12:23 comme disait Vincent tout à l'heure, c'est profondément néfaste.
12:26 Ça participe du problème, en réalité, que personne ne va ouvrir les yeux sur ce qui se passe.

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