• il y a 6 mois
Complots, guerres, vengeances, coups d’État, exécution et meurtres, l’Histoire est émaillée, et ce n’est pas nouveau, d’épisodes violents ! Et parmi eux, les assassinats marquent l’imagination : Henri IV, Jules César, Marat, Louis XVI, l’impératrice Sissi, François-Ferdinand d’Autriche… les meurtres des puissants sont entrés dans l’histoire. Mais que sait-on de leurs auteurs ? Des raisons qui les ont poussés à commettre l’irréparable ? Des conséquences de leur acte ? Le cours de l’histoire en a-t-il été changé ? Sans oublier que, parfois, les rois et les puissants sont les coupables et non les victimes… En compagnie de Christophe Veyrin-Forrer , auteur de "Tueurs de rois, de reines, de princes et de puissants" (édition de l'Opportun) nous allons répondre à ces questions...

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Transcription
00:00 [Générique]
00:20 Bonjour à tous.
00:22 Complot, guerre, vengeance, coup d'état, exécution et meurtre,
00:26 l'histoire est émaillée et ce n'est pas nouveau d'épisodes violents.
00:30 Et parmi eux, les assassinats marquent l'imagination Henri IV, Jules César, Marat, Louis XVI,
00:36 l'impératrice Sissi, François Ferdinand d'Autriche.
00:39 Les meurtres des puissants sont entrés dans l'histoire.
00:42 Mais que sait-on de leurs auteurs ?
00:44 Des raisons qui les ont poussés à commettre l'irréparable ?
00:47 Des conséquences de leur acte ?
00:49 Le cours de l'histoire en a-t-il été changé ?
00:52 Sans oublier que parfois, les rois et les puissants sont les coupables et non les victimes.
00:57 En compagnie de notre invité, Christophe Vérin-Faurer, nous allons répondre à ces questions.
01:02 Christophe Vérin-Faurer, bonjour.
01:04 Bonjour.
01:05 Vous êtes éditeur, journaliste, auteur et vous avez déjà publié 4 ouvrages.
01:10 En 2021, "Les pires arnaques de Martin Guerre à Uramine chez Flammarion".
01:15 En 2023, "Incroyable destin".
01:19 Vous avez rencontré des témoins qui ont vécu en direct les grands moments historiques du XXe siècle.
01:25 C'est paru chez Rue de Seine.
01:27 Encore en 2023, sur les lieux du crime, "Les grandes affaires criminelles en Normandie et en Bretagne".
01:34 Alors c'est paru chez Ouest France.
01:36 Et tout dernièrement, aux éditions de L'Opporta, c'est le sujet qui nous intéresse aujourd'hui,
01:41 "Tueurs de rois, de reines, de princes et de puissants".
01:46 "50 morts sanglantes de l'histoire".
01:49 Alors nous allons dire que c'est un peu macabre comme sujet.
01:54 Qu'est-ce qui vous intéresse dans tous ces assassinats ?
01:56 Ce n'est pas l'assassinat en tant que tel qui m'intéresse.
01:59 Ce qui est intéressant, c'est par rapport à un continuum de l'histoire,
02:02 il y a un moment, comme vous l'avez signalé, il y a les moments de rupture, de chaos,
02:06 les guerres, les épidémies et les crimes.
02:10 Et donc quand il y a un crime d'un roi, qu'est-ce qui se passe ?
02:14 Est-ce que ça bouleverse complètement le continuum de l'histoire ?
02:17 Que devient l'assassin ? Pourquoi ? D'abord, pourquoi l'assassin a attaqué ?
02:22 Que devient-il ? Et que devient sinon la victime, du moins le pays dont il avait la charge ?
02:29 Voilà l'idée.
02:30 – Et est-ce que vous avez réussi à en tirer une conclusion générale ?
02:34 Parce que finalement, ça nous ramène au sens de l'histoire.
02:36 Est-ce qu'il y a un sens de l'histoire ou est-ce qu'elle est faite justement par les hommes ?
02:39 – Ce qui est intéressant, c'est que quelques années après, ou des années après,
02:41 qu'est-ce qu'on retient quand il y a un assassinat de ce type ?
02:43 Oui, il y a eu, c'est une ligne dans un bouquin d'histoire,
02:46 oui, il a été assassiné, puis il a été remplacé par un tel, et voilà, et ça a continué, etc.
02:51 Donc les motivations de l'assassin et les conséquences de son acte
02:56 disparaissent un peu dans le flux de l'histoire,
02:58 et donc en réalité, on n'y fait plus attention.
03:01 Et il y a un certain nombre de cas où l'histoire a été sérieusement modifiée par ses crimes,
03:08 dans d'autres cas, il y a eu très peu de conséquences.
03:10 Et on peut dire de façon générale que dans les démocraties,
03:14 le système est organisé de telle façon qu'il y a un principe de succession.
03:20 On a eu deux assassinats de présidents en France, dans les années 30,
03:25 et à la fin du 19ème siècle, et le système a assuré la continuité,
03:32 il y a eu un nouveau chef d'État qui a été élu, et l'histoire a continué.
03:37 Dans d'autres cas, et c'est souvent dans les régimes plus autoritaires,
03:41 où il y a un chef extrêmement puissant, quand il est dessoudé, ça pose problème.
03:46 - Alors en revanche, dans les monarchies stables, ça fonctionne aussi très bien.
03:50 - Alors ça fonctionne très bien.
03:52 - La succession se fait également automatiquement.
03:54 - Oui, pas tout à fait, si on reste dans le cadre de la famille, c'est toujours bien compliqué.
03:59 - Mais sinon voilà, après le principe de succession au premier fils
04:04 fonctionne aussi très très bien.
04:07 Alors vous racontez deux types de crimes, ceux dont les puissants sont victimes,
04:14 et puis également ceux où les puissants sont eux-mêmes les assassins,
04:20 ou les auteurs, ou du moins les commanditaires.
04:23 Alors avant de rentrer dans l'examen de quelques cas particuliers,
04:27 je voudrais savoir s'il y a des points communs entre tous ces assassins,
04:31 je précise les assassins de puissants pour l'instant.
04:33 Est-ce qu'il y a un continuum ?
04:36 - C'est très variable.
04:37 - C'est très variable ?
04:38 - Globalement, si on prend l'ensemble des profils des assassins,
04:44 généralement ce sont des hommes, il y a relativement peu de femmes,
04:47 ce sont des gens plutôt jeunes, ce sont des gens qui sont souvent très intériorisés,
04:52 très intériorisés, qui ont un problème de communication,
04:55 qui ruminent dans leur tête jusqu'à passer à l'acte.
05:01 Et on a des exemples très marquants,
05:05 comme Damien qui a tenté à Louis XV, ou Fieschi,
05:11 c'est des gens qui avaient vraiment…
05:13 ils s'expriment par la violence, par le mouvement,
05:16 mais ils étaient complètement intériorisés, ils ruminaient leurs histoires,
05:19 et à un moment, la rumination est tellement forte qu'il faut que ça s'exprime.
05:22 - Donc on s'aperçoit que ce sont souvent des cas isolés plus que des complots ?
05:27 - Alors, bonne question, bonne question et mauvaise réponse.
05:31 Ce sont souvent des cas isolés, c'est-à-dire qu'il y a un auteur solitaire,
05:35 plutôt solitaire, mais il y a souvent le soupçon que derrière il y a un complot
05:42 et que le solitaire cache le complot.
05:46 - Ou aurait été manipulé.
05:48 - Ou manipulé, si on a le cas de Ravaillac,
05:50 Ravaillac qui a toujours été considéré, par la justice en tout cas,
05:53 comme un assassin solitaire, le nombre de candidats comploteurs
05:58 est absolument considérable.
06:00 Son épouse, le duc des Pernons, les puissances espagnoles,
06:05 on a vite fait de ne plus savoir où est la réalité.
06:10 - Est-ce qu'on voit des méthodes particulières ?
06:13 Est-ce qu'il y a des points communs ?
06:15 - Pas vraiment, les méthodes sont un peu liées à l'état de la technique du moment.
06:20 Donc les premiers crimes, c'est essentiellement des couteaux, des dagues,
06:25 après les épées, et puis après les épées sont venues les bombes,
06:35 les machines infernales, des machines d'infernales, des bombes.
06:41 Donc c'est l'état de la technique.
06:43 - Il faut que ce soit rapide en général, rapide, violent, efficace ?
06:47 - Il faut que ce soit immédiat, mais à la fin, dans les 19e, 20e siècle,
06:53 l'organisation est faite de telle façon qu'il y a un tireur principal,
06:58 enfin un assassin principal, et souvent des positions de repli.
07:02 Dans le cas de François Ferdinand d'Autriche, ils étaient trois.
07:06 Donc c'est le second, le premier a raté, le second a réussi,
07:10 Gabriel Auprincipe a réussi, et ils étaient trois.
07:12 - Il y a quand même un côté très suicidaire dans ces actes isolés.
07:16 - Oui, mais c'est un peu ce que je disais tout à l'heure,
07:19 ça rumine tellement dans la tête qu'il faut que ça s'exprime par l'acte.
07:25 Et les conséquences de l'acte, pour l'individu, elles n'existent pas beaucoup.
07:32 Ils l'ont accepté, je ne sais même pas s'ils en ont la conception,
07:37 ils ont commis l'acte, donc ils ont réussi.
07:40 Après, ce qu'ils deviennent, qu'ils soient brûlés, coupés en morceaux, etc.,
07:44 quelque part, ce n'est pas leur souci.
07:46 - Alors vous commencez finalement, c'est intéressant,
07:48 avec le premier meurtre référencé dans l'histoire,
07:52 qui est celui de Cain qui tue Abel.
07:56 Alors s'il est dans la Bible, ce meurtre, il a forcément une signification.
08:01 - Oui, il a une signification, certainement, parce que c'est un symbole.
08:06 Mais c'est un symbole un petit peu faible, dans la mesure où
08:11 les personnages qui sont décrits, Abel et Cain, sont gardiens de troupeaux et agriculteurs,
08:17 ce sont des notions économiques, techniques, qui n'existaient pas
08:20 moins 5 000 ans avant Jésus-Christ.
08:22 Donc ce texte ne réfère pas à l'origine du monde,
08:25 qui est beaucoup plus ancienne.
08:29 - Il faut noter que Cain, d'ailleurs, n'est pas puni de son crime.
08:33 Mais bon, ça c'était pour signaler que vous en parlez.
08:37 - Je signale quand même qu'il y a des traces en Europe, notamment en Italie,
08:42 je cite dans le bouquin, où on voit dans les gravures rupestres,
08:46 on voit des scènes probablement d'assassinats,
08:51 et qui étaient beaucoup plus anciennes, qui datent de…
08:53 - D'assassinats ou de combats ?
08:55 - D'assassinats plutôt.
08:56 - D'assassinats, vraiment.
08:57 - C'est toujours difficile d'exploiter, de comprendre, d'analyser.
09:00 Mais ce sont des traces plus anciennes que l'histoire d'Abel et Cain.
09:06 Après Cain, nous entrons dans l'Antiquité avec un assassin célèbre,
09:10 qui est celui de César, Brutus.
09:14 Mais Brutus qui n'était pas seul.
09:16 - Brutus a rejoué un Brutus qui n'était pas un fils adoptif, comme on l'a dit,
09:23 c'était un jeune que César appréciait,
09:27 comme il appréciait un certain nombre de jeunes,
09:29 Octave, Marc-Antoine par la suite.
09:33 Et il était très inquiet de la montée en puissance de César,
09:37 qui avait conquis l'Europe et qui manifestement visait la stature suprême.
09:43 Donc il rejoint le complot des…
09:47 - Des sénateurs.
09:49 - Voilà, le complot des sénateurs.
09:51 Il participe au complot, ce qui fait qu'on prétend que César aurait dit
09:59 "toi aussi mon fils, tu es dans le complot".
10:01 Il l'aurait dit en grec et pas en latin.
10:03 On l'a appris à l'école, on l'a appris en latin.
10:05 "Tu quoques me filis"
10:07 Mais en fait il l'aurait dit en grec.
10:10 Et par la suite, qu'est-ce qui se passe ?
10:12 Bon, il y a la nomination d'un triumvirat, Octave, Marc-Antoine et un général.
10:17 Au fur et à mesure, il ne reste plus qu'un, qui est Octave,
10:23 qui va devenir Auguste, qui va devenir…
10:27 - Et Brutus lui finit mal.
10:29 - Et Brutus, il combat ses concurrents du triumvirat et il meurt…
10:35 Non, il ne meurt pas, il est défait dans une bataille et il décide de se suicider.
10:41 - Et ce meurtre reste très symbolique.
10:45 - Symbolique d'un échec, puisque Brutus veut tuer sinon le père,
10:53 il veut tuer le futur empereur, mais quelques années après, qu'est-ce qu'il y a ?
10:57 Il y a un nouvel empereur qui était un ancien protégé de César.
11:01 Donc le meurtre commis par Brutus et les sénateurs n'a servi à rien.
11:07 - Alors, tant que nous sommes à Rome, restons-y,
11:11 vous présentez la liste de tous les empereurs romains,
11:16 et là je dois dire que les statistiques sont assez effrayantes.
11:19 - Assez effrayantes.
11:20 - Ce n'est pas vraiment une situation d'avenir, empereur romain ?
11:22 - C'est une situation risquée, ce qui montre qu'il y a beaucoup de pouvoirs
11:25 qui étaient attachés à ce statut, puisqu'à peu près un tiers des empereurs
11:31 ont été assassinés, souvent d'ailleurs par leur garde praetorienne,
11:35 donc méfions-nous de nos alliés.
11:38 - Il y en a d'autres aussi, il y a toute une série,
11:41 ce sont les tsars, les tsars russes aussi, c'est pas mal dans le genre ?
11:44 - Les tsars russes, oui, il y en a beaucoup, plutôt au XIXe.
11:53 Il y en a qui sont célèbres, le plus célèbre, c'est une peinture
12:00 qui raconte l'histoire, c'est l'assassinat par Ivan le Terrible
12:05 de son fils qui défendait son épouse.
12:08 D'ailleurs Ivan le Terrible, c'est une mauvaise traduction,
12:11 parce qu'il n'était pas terrible, il était redoutable,
12:13 ce qui ne veut pas dire tout à fait la même chose.
12:15 - Je voudrais maintenant que nous parlions des grands assassins
12:19 de l'histoire de France, enfin les grands assassins de puissance.
12:24 Il y en a trois, les trois plus connus, c'est Ravaillac, Clément,
12:29 et puis Damien, il n'a pas assassiné, il a commis un petit couteau.
12:34 Le plus connu, c'est qui ? C'est Ravaillac ?
12:36 - C'est Ravaillac, je pense, parce qu'il est un petit peu symbolique,
12:40 on en a parlé tout à l'heure, c'est vraiment le type qui...
12:46 Il y avait probablement un complot derrière lui,
12:48 mais il est apparu seul et l'enquête assez superficielle
12:53 qui a été faite n'a pas apporté de preuves vraiment convaincantes.
12:59 - Et les autres assassins ou les tentatives d'assassinat de rois,
13:03 donc on a Clément... - Clément qui a tué Henri II.
13:09 - Henri III. - Henri III, pardon, Henri III,
13:12 il a eu un accident de cheval et de... - De tournoi.
13:16 - De tournoi, c'est ça, tout à fait.
13:18 - Ça montre finalement l'incapacité à protéger la personne du roi.
13:23 On le voit très accessible parce que Clément, c'est un moine, je crois.
13:30 - C'est un moine qui vient...
13:32 Damien, c'est quelqu'un qui collabore au château de Versailles,
13:40 dans les fonctions tout à fait subalternes,
13:44 et effectivement il arrive...
13:46 - On arrive facilement à accéder au souverain.
13:49 - C'est aussi la fonction du roi en France, il est accessible,
13:54 il est accessible, il touche les écruels.
13:57 - Oui, il est habitué au bain de foule.
14:03 Mais finalement il y a beaucoup de ratages,
14:05 il y a plus de ratages que de réussites dans les tentatives d'assassinat.
14:09 - Il y en a beaucoup dont on n'a pas parlé,
14:11 parce que les ratages n'étaient pas le sujet du bouquin,
14:13 c'était les réussites.
14:14 - Vous ne racontez pas que les réussites,
14:16 parce que vous parlez de Damien et Louis XV,
14:18 c'est un ratage finalement, il n'est pas mort.
14:21 On a le cas également qui est intéressant,
14:24 qui est le cas de Charlotte Corday.
14:26 - Oui, Charlotte Corday...
14:28 - Qui va assassiner...
14:30 - Charlotte Corday qui s'est fait monter l'esprit
14:34 par des Girondins qui étaient réfugiés à Caen,
14:38 qui se prend que Marat est le grand méchant,
14:41 d'à ce qu'elle entend, il faut dire qu'il est assez méchant,
14:43 parce qu'il disait "pour ramener la paix en France,
14:45 il faut tuer 40 000 personnes".
14:48 Et puis quelques semaines après, il revient à la convention,
14:50 il dit "non ce n'est pas 40 000, c'est 270 000 personnes qu'il faut tuer".
14:53 Donc il apparaît comme le très méchant.
14:55 Donc elle va réussir à l'identifier à Paris,
14:59 elle vient à Paris...
15:01 - D'où vient-elle ? Qui est cette Charlotte Corday ?
15:03 - C'est une jeune femme de bonne famille,
15:09 elle a 25 ans, elle fait des études au collège
15:13 et elle décide de venir à Paris pour tuer Marat.
15:18 Elle arrive à rentrer chez lui en prétextant qu'elle avait un message
15:22 pour donner des informations sur les complots des Girondins.
15:26 Donc Marat lui ouvre sa porte,
15:30 c'est domestique parce que lui était dans son bain,
15:33 sulfureux plutôt, et elle le tue.
15:38 Alors évidemment elle est tout de suite capturée, emprisonnée,
15:42 et trois jours après, après un procès n'est plus sommaire,
15:47 elle est guillotinée.
15:49 Ce qui est intéressant dans l'affaire de Charlotte Corday,
15:53 c'est est-ce qu'elle a réussi ou est-ce qu'elle a raté ?
15:55 En tant qu'assassin, elle a réussi puisqu'elle a tué sa cible.
15:59 Et la victime c'était Marat.
16:01 Mais ce qu'on retient aujourd'hui de l'histoire quand même,
16:05 quand on regarde avec deux siècles de distance,
16:08 c'est que la vraie victime c'était elle,
16:11 c'était elle au titre de tous les condamnés de la Révolution,
16:16 c'était elle la victime, et Marat c'était le clan des assassins,
16:19 le clan des méchants, le clan des destructeurs.
16:21 Donc il y a une espèce d'inversion de l'histoire qui est tout à fait étonnante.
16:24 L'assassin devient la victime et la victime devient l'assassin.
16:27 - On va rester, enfin on n'est plus dans la Révolution,
16:31 mais dans l'institut de la Révolution,
16:33 un que je ne connaissais pas qui était Louvel.
16:36 Louvel et qui lui veut en finir avec les Bourbons.
16:38 Alors qu'est-ce qu'il fait Louvel ?
16:40 - Alors Louvel, lui aussi il est omnubilé par les Bourbons
16:45 qui sont des traîtres à la France puisqu'ils ont pris les armes contre le pays.
16:48 Donc il faut détruire les Bourbons.
16:51 Il faut les détruire.
16:53 Donc il va fomenter une attaque contre le Duc de Berry.
17:08 - Qui est le Duc de Berry exactement ?
17:10 - Le Duc de Berry c'est le neveu de Louis XVIII
17:15 et c'est le seul mâle blanc apte à procréer.
17:22 Dans l'ensemble de la famille Capet.
17:26 - Et donc Louvel ?
17:28 - Donc Louvel, comme je l'ai dit tout à l'heure,
17:31 veut exterminer les Bourbons qui sont des traîtres à la France.
17:35 Donc il les suit lors d'une soirée à l'opéra
17:44 et au moment de sortir,
17:49 il plonge son couteau dans le corps du Duc de Berry
17:55 qui lui va mourir quelques heures après.
17:59 Donc Louvel a réussi.
18:02 Il a tué le dernier Capet apte à enfanter un nouveau roi.
18:09 Mais manque de chance, quelques jours après,
18:11 on apprend que la Duchesse de Berry était enceinte
18:14 et quelques mois plus tard,
18:19 Donneville a un roi futur roi qui aurait été Henri V
18:24 ou qui a été par la suite le Duc de Comte de Chambord.
18:29 Le seul problème, il avait réussi au départ,
18:34 mais il rate puisqu'il y a un successeur.
18:37 Mais finalement il va réussir puisque le Comte de Chambord
18:41 qui était le candidat royaliste en 1071
18:45 renonce au pouvoir qui lui est presque offert
18:48 sous prétexte d'une affaire de couleur des drapeaux.
18:51 Donc Louvel a finalement gagné.
18:53 Et après on les rentrait dans la République.
18:55 - Alors justement la République, en France les dénés assassinats
18:58 d'un président ou d'un ministre sont assez récentes,
19:02 à la date des années 30 ?
19:03 - Alors il y a eu, oui le dernier c'est...
19:07 - Alors on a déjà l'avant-dernier président de la République,
19:10 lui c'est Paul Doumer.
19:11 - On a Paul Doumer...
19:13 - Qui est tué par...
19:14 - Qui est tué par un des traqués encore, russe,
19:19 du nom de Golgolov,
19:21 qui... donc ça se passe à l'hôtel Beruyer,
19:29 il y a la soirée des anciens écrivains, anciens combattants,
19:35 donc il veut se faire dédicacer,
19:38 donc le président arrive, il lui tire dessus...
19:42 - Qui est ce russe, pourquoi, quelles sont ses motivations ?
19:46 - Si on le savait...
19:48 - On ne sait pas, il a...
19:49 - On ne sait pas, il a...
19:51 donc on n'a pas voulu lui faire faire une expertise psychologique, psychiatrique,
19:57 et donc...
19:58 - On l'a interrogé, il a donné des explications, il n'y a rien de cohérent.
20:02 - Des propos totalement cohérents, il venait dans son âme,
20:06 il sentit qu'il fallait faire quelque chose,
20:08 que la France empêchait la Russie de se développer,
20:12 de sortir du bolchevisme, etc.
20:14 et donc c'était tout à fait incohérent.
20:18 Et comme je le disais, quand il s'est fait dédicacer son bouquin,
20:23 il s'est fait dédicacer sous un nom d'emprunt qu'il avait pris,
20:26 qui est "Monsieur Bred",
20:28 et en russe "Bred" ça veut dire "folie".
20:31 - "Fou", "Monsieur Fou", d'accord.
20:32 - Ensuite, dernier assassinat politique en France en 1934,
20:38 c'est le roi d'Yougoslavie, Alexandre Ier,
20:43 qui est assassiné en compagnie de la ministre des Affaires étrangères.
20:46 Quelle est cette histoire ?
20:48 - Alors, c'est toujours l'histoire de la "Metal Europa"
20:53 qui nous crée des problèmes.
20:55 Donc la Yougoslavie, c'est probablement après la Première Guerre mondiale,
21:01 s'est érigée en État indépendant, puis en royaume,
21:08 et il s'est trouvé forcément en conflit avec certaines communautés
21:13 qui étaient un peu en périphérique, notamment la Bosnie.
21:17 Là, il y avait un conflit entre les nationalistes bosniaques,
21:24 on suppose, ou les "Ustashis" croates, et le gouvernement central.
21:31 Donc il y a eu ce complot.
21:35 Le roi de Yougoslavie qui avait besoin d'appui est venu en France
21:40 pour rechercher un appui auprès de la France par rapport à l'Italie
21:44 qui avait aussi pas mal d'ambition sur cette région-là.
21:47 Il débarque à Marseille.
21:49 Le service d'ordre est probablement totalement insuffisant.
21:53 Et un des comploteurs, là aussi il y en avait plusieurs,
21:59 réussit à monter sur le marchepied de la voiture
22:02 et tire sur le roi qui meurt quasiment instantanément.
22:07 Le ministre des Affaires étrangères qui était venu l'accueillir est tué aussi.
22:13 Donc, histoire terrible.
22:17 Est-ce qu'ils ont réussi ? Pas vraiment.
22:23 Par contre, ce dont on s'est aperçu 40 ans après,
22:27 c'est que notre brave ministre des Affaires étrangères, M. Barthoud,
22:30 n'avait pas été tué par le comploteur, mais il avait été tué par une balle française.
22:35 Parce qu'il y a eu un tel au moment de l'assassinat.
22:37 Il y a eu des images cinémagraphiques qui ont été prises
22:41 où on voit que c'est la grande confusion.
22:45 Et dans la confusion, tout le monde tire et il a pris une balle.
22:49 Terrible histoire de notre dernière aventure.
22:55 Alors effectivement, vous disiez, les Balkans font beaucoup parler.
22:59 Là, on va faire un retour en arrière à Sarajevo, le 28 juin 1914.
23:04 Là, on va dire que c'est l'assassinat le plus célèbre du XXe siècle.
23:09 C'est vraiment un assassinat très célèbre.
23:12 C'est surtout celui qui a eu les plus grandes conséquences.
23:16 Beaucoup de ces assassinats, on s'aperçoit que les régimes sont suffisamment forts
23:21 pour surmonter ce chaos instantané de l'assassinat.
23:27 Dans le cas de François Ferdinand d'Autriche,
23:35 qui est le successeur de son père, je crois, ou son oncle,
23:43 il vient à Sarajevo pour montrer que le pouvoir est bien à l'Autriche, en quelque sorte.
23:51 Et là, il va se confronter à un complot de trois tireurs,
23:57 pistolets, bombes.
24:00 C'est le premier rat parce qu'il arrive trop tard et le convoi est déjà passé.
24:06 Et le second, comme la voiture est obligée de s'arrêter parce qu'elle s'est trompée de plan,
24:11 donc il faut retourner, etc., il en profite pour tuer l'oncle François Ferdinand d'Autriche et son épouse.
24:20 C'est vrai que c'est une région qui est toujours un peu, encore aujourd'hui, un peu coudrière.
24:27 C'est un fait divers en tant que tel.
24:33 Mais par le jeu des alliances entre les différents pays de la zone,
24:37 les alliances se sont tout d'un coup fortifiées, consolidées,
24:42 et le résultat, c'est qu'un mois après, tous les pays étaient en guerre les uns contre les autres.
24:47 Les uns d'un côté de l'Allemagne-Autriche-Hongrie et l'autre de la France et de la Russie.
24:53 Et les conséquences de ce petit fait divers ont été absolument désastreuses,
25:02 puisqu'il y a eu 18 millions de morts.
25:04 - Donc, comme vous dites, c'est deux coups de feu qui...
25:06 - Deux coups de feu qui tuent 18 millions de personnes.
25:08 Juste un exemple qui nous ramène à aujourd'hui.
25:13 Aujourd'hui, les Ukrainiens se plaignent de ne pas avoir assez d'obus.
25:20 Il leur faudrait au moins 3 millions d'obus.
25:23 Il faut savoir que pendant la guerre de 1914-1918,
25:26 il y a eu plus d'un milliard d'obus qui ont été tirés,
25:30 c'est-à-dire 900 000 obus par jour qui ont été tirés sur les différents fronts.
25:35 Donc ça montre le changement complet, c'est un autre sujet,
25:41 le changement complet de la politique militaire.
25:45 On rentre dans une guerre industrielle avec des nouveaux équipements,
25:53 les tanks, les mitrailleuses, l'aviation, etc.
25:57 Et une Europe sérieusement bouleversée qui a laissé la place à l'Amérique.
26:03 - Alors, nous allons maintenant aborder un autre volet de votre livre
26:07 qui est l'assassinat comme outil politique.
26:09 En gros, quand des puissants assassinent des puissants.
26:13 Là aussi, il y a pas mal de cas.
26:17 Donc il y a Jean Sans Peur et Louis d'Orléans.
26:20 Et puis, Henri III et Guise.
26:25 - Oui, absolument.
26:26 Alors, sur Jean Sans Peur, c'est vraiment une querelle intrafamiliale.
26:34 C'est une branche contre une autre, je t'assassine, tu m'assassines.
26:37 Mais c'est intéressant de voir comment,
26:40 dix ans après l'assassinat de son père,
26:43 celui qui est devenu Charles VII,
26:46 se venge terriblement de Jean Sans Peur à Montreau, je crois.
26:52 Le cas d'Henri III est très intéressant
26:56 parce qu'il a été à la fois assassin et assassiné.
26:58 Il a été assassin parce que, dans la cour, je dirais,
27:06 la puissance de Guise n'a pas arrêté d'augmenter
27:10 par rapport à la puissance réelle de la famille royale.
27:14 Donc il y a un moment où le conflit, qui était un conflit humain,
27:18 en plus Henri III était assez soumis à sa mère,
27:21 Guise était déjà autonome, son père avait été tué.
27:27 Il y a un moment où Henri III se rend compte
27:33 qu'il va se faire tuer par Guise.
27:36 Donc il prend la décision, l'initiative,
27:42 et il monte un complot au château de Blois.
27:48 Il prétexte qu'il doit partir, donc il a besoin de voir Guise très vite,
27:53 qui était quand même le grand chef des armées.
27:56 Il le fait venir, mais le problème c'est que Guise,
28:01 il est d'abord armé et il est toujours avec sa garde.
28:05 Donc comment faire ? Henri III monte un plan assez astucieux,
28:09 il réunit un conseil du royaume.
28:13 Pour rentrer dans la pièce du conseil du royaume,
28:15 il ne faut pas avoir d'armes, c'est interdit.
28:18 Donc Guise rentre seul, et il a rendez-vous,
28:23 avant le conseil, avec le roi dans son palais vivant,
28:30 dans son palais vieux.
28:32 Donc il doit passer par la chambre du roi,
28:35 et quand il passe par la chambre du roi,
28:37 face des deux côtés, il y a toutes les équipes de Louis XVI,
28:43 de Louis XIII pardon, d'Henri III.
28:45 [Rires]
28:47 Excusez-moi de ce lâche.
28:49 Et il blesse un certain nombre de ses gars,
28:53 mais il est tué, alors tout de suite après,
28:56 il est découpé, brûlé et jeté dans la rivière.
29:00 Voilà, son frère aussi d'ailleurs, tous les Guises.
29:04 Donc il avait exterminé cette branche de Guise,
29:09 en tout cas les leaders de la branche de Guise,
29:12 ce qui lui faisait vraiment beaucoup d'ombre.
29:15 Seul problème c'est que, quelques mois plus tard,
29:19 Henri III est obligé de s'allier avec les troupes protestantes,
29:25 pour contrer les troupes catholiques très puissantes à Paris,
29:30 et donc on va vers un siège de Paris.
29:33 Il est au château de Saint-Cloud,
29:36 il est sur sa chaise percée,
29:40 tout le monde je suppose sait ce que c'est,
29:43 et il y a un moine qui vient, un certain Clément,
29:47 qui vient en disant qu'il a des papiers très importants à lui montrer, etc.
29:52 Et on le laisse entrer, et effectivement il a une dague,
29:57 et avec la dague il perce le ventre, le bas-ventre d'Henri III,
30:02 qui va mourir très bientôt, quelques heures plus tard,
30:05 non sans avoir adoubé son successeur, qui est devenu Henri IV.
30:10 Alors évidemment Clément a fini coupé en morceaux, brûlé et jeté dans la rivière, comme d'habitude.
30:16 - Et puis on a aussi un autre roi qui se rebelle, si je puis dire, qui est Louis XIII,
30:21 Louis XIII contre Conchini ?
30:24 - Oui. Alors Louis XIII est très soumis à sa mère,
30:29 et sa mère deal pas mal avec ce couple infernal,
30:35 Conchini qui est devenu maréchal d'encre,
30:38 et la Galigaille qui s'est enrichie considérablement, etc.
30:43 Donc là aussi, à plus, Conchini traite le roi de façon extrêmement méprisante.
30:50 - Comme un gamin, comme un ado.
30:51 - Comme un gamin, et le roi décide de ce qu'il appelle son coup de majesté.
30:57 Qu'est-ce qu'il fait ? Très simplement, quand Conchini arrive au Louvre,
31:06 il est arrêté par la garde de Louis XIII, aussitôt assassiné à coup d'épée, etc.
31:13 Et son épouse a suivi de quelques jours.
31:16 Alors ce qui est intéressant aussi, c'est la vengeance,
31:18 c'est un plat qui se mange parfois chaud, parfois froid,
31:21 Conchini avait décidé que les condamnés à mort,
31:25 on mettrait leur corps, on exposerait leur corps sur le pont Neuf,
31:31 que tout le monde voit l'ampleur du crime, etc.
31:34 Et il a fini, effectivement.
31:36 - Il a fini sur le pont Neuf.
31:37 - Donc là, l'assassin est fini assassiné, ça arrive aussi assez souvent.
31:43 - Et là, dans les cas d'Henri III à Louis XIII,
31:46 on est vraiment dans l'assassinat comme un outil politique avec une visée de pouvoir.
31:50 - Comme un outil de pouvoir pour affirmer son pouvoir
31:52 et pour contrer les oppositions ou les ambitions en leur donnant.
31:57 - Non, parce qu'il ne s'agit pas d'arrêter la personne, de juger, de l'exécuter.
32:00 On est vraiment dans la justice, dans l'immédiat.
32:04 - Oui, le coup de majesté, ça s'appelle.
32:06 - Le coup de majesté.
32:07 - Le coup de majesté, voilà. La majesté peut faire un coup.
32:10 - Alors, vous avez également un chapitre consacré à l'étranger,
32:15 on ne va pas tous les détailler.
32:17 On va en parler d'un qui est l'un des plus connus chez nous, qui est Henri VIII.
32:22 Alors, je ne sais pas si on peut vraiment dire que c'est un assassin.
32:25 - Oui, là il a clairement fait assassiner ses deux "premiers ministres"
32:32 et puis il a quand même fait assassiner deux de ses épouses.
32:35 Si on prend la succession de ses six épouses, la première il l'aurait pu dire parce que…
32:43 - Elle n'est pas d'héritier malin ?
32:45 - Non, ça c'est la première. Catherine d'Aragon, il veut faire annuler son mariage,
32:51 le pape ne veut pas et de là vient le schisme de l'église anglicane.
32:55 La deuxième c'est Anne Boleyn, elle n'arrive pas à avoir d'héritier,
32:58 elle est décapitée en 1536. Jeanne Semour, elle meurt en couche en 1537.
33:06 Anne de Clèves, mariage arrangé, elle est vraiment trop moche,
33:09 il n'en veut pas, donc il la gratifie et puis on la met de côté en 1540.
33:14 La cinquième c'est Catherine Howard, dont on a supposé qu'elle avait eu un amant
33:20 et qu'elle avait fait des choses pas très claires avec son frère,
33:23 donc elle est décapitée elle aussi, toujours au même endroit.
33:26 Et puis finalement la sixième, Catherine Parr, finalement elle a résisté et il s'est calmé.
33:32 Il faut dire qu'il était très fatigué déjà avec toutes ses épouses.
33:36 Voilà donc c'est quand même un assassin, c'est quand même un assassin.
33:43 - Et ses ministres, il se débarrasse également de deux de ses ministres.
33:47 - Thomas Moore, qui était hostile au schiste, qui est décapité en 1535,
33:57 et Thomas Corwell qui est décapité aussi, mais toujours avec des motifs supposés,
34:03 parce que le roi n'est pas forcé, il n'a pas besoin de donner un argument à ses décisions.
34:09 - Donc là on est encore dans le cadre du coup de majesté.
34:12 - Oui, on fait quelques sauts, en quelque sorte, je me débarrasse d'un de mes collaborateurs.
34:17 Voilà.
34:21 - Bien, mais écoutez, Christophe Vérin-Faurer, merci.
34:24 Je renvoie à votre ouvrage "Tueur de rois, de reines, de princes et de puissants"
34:28 paru aux éditions de L'Opportun.
34:30 C'est un livre à parcourir, à picorer, on n'est pas obligé de le lire d'une traite,
34:36 on passe d'un chapitre à l'autre.
34:38 Ce qui est intéressant c'est que vous vous placez bien dans l'époque
34:41 et puis il y a toujours le mot de la fin qui permet de donner la conclusion,
34:45 si vous voulez, est-ce que ça a vraiment changé les choses, ou pas,
34:48 ou qu'est devenu l'assassin.
34:51 Ce qui permet de bien replacer ça dans le...
34:54 Donc il y en a une trentaine, une cinquantaine en tout, en comptant l'étranger,
34:59 parce que vous parlez également de l'Angleterre, l'Autriche, Hongrie,
35:02 on n'a pas parlé de Sicie, bien évidemment, les Etats-Unis...
35:05 - Sicie c'est une mort très spectaculaire, elle est devenue une légende,
35:10 mais en fait ça n'a absolument rien changé dans l'histoire de son pays.
35:14 - Non, non, absolument rien, s'il n'y avait pas eu Romy Schneider,
35:16 on n'en parlerait même peut-être plus.
35:19 Les Etats-Unis, on a bien évidemment...
35:21 Ils ont pas mal de présidents assassinés aux Etats-Unis.
35:23 - En pourcentage, pas plus qu'en France.
35:25 - Pas plus qu'en France ? - Non, pas plus qu'en France.
35:27 - D'accord. - Parce qu'il y en a beaucoup plus,
35:29 parce qu'ils ont des mandats qui sont généralement plus clairs.
35:32 Il y a 8,7% des présidents américains qui ont été effectués,
35:39 assassinés, en France c'est la même pourcentage.
35:43 - On va laisser à nos lecteurs le soin de découvrir tout ça.
35:47 Merci infiniment. - Merci.
35:49 [Musique]
35:55 - Avant de nous quitter, un conseil d'exposition.
35:57 Celle-ci se tient dans la belle ville de Toulouse
36:00 et est consacrée au Qatar et à la croisade des Albijoua
36:04 entre 1209 et 1229, répartie sur deux lieux,
36:08 le magnifique couvent des Jacobins qui mérite à lui seul une visite
36:11 et le musée Saint-Raymond.
36:13 L'expo pose une question essentielle,
36:15 les Qatar ont-ils vraiment existé en tant que véritables communautés religieuses
36:20 ou sont-ils une construction historiographique ?
36:23 Si l'exposition n'y répond pas complètement,
36:25 car le débat historique est toujours ouvert,
36:27 elle montre que le phénomène dit Qatar,
36:29 le terme est apparu bien après,
36:31 est fortement ancré dans la mémoire occitane.
36:33 Ce sont plus de 300 objets qui illustrent le parcours.
36:37 Des documents d'archives exceptionnels
36:39 comme le manuscrit de la fameuse Canso,
36:41 la chanson de la croisade albijouase,
36:43 ou encore le célèbre traité de Paris
36:46 qui entérina la soumission des comtes de Toulouse
36:49 à la couronne capétienne,
36:51 mais aussi des objets archéologiques inédits,
36:53 œuvres sculptées ou peintes,
36:55 et ce qui nous a plu,
36:57 du matériel de reconstitution historique de qualité scientifique,
37:00 ce que l'on appelle de l'archéologie vivante
37:03 pour des costumes ou de l'armement par exemple.
37:05 Et vous avez 9 mois,
37:07 c'est-à-dire jusqu'en janvier 2025,
37:09 pour la visiter.
37:10 Pour lire, je vous conseille "L'Exil des monarques"
37:13 écrit sous la direction de Hélène Becket
37:16 et paru aux éditions Armand Colin,
37:18 Louis XVIII, Louis Napoléon Bonaparte,
37:21 Charles X, Louis XIX, Henri V.
37:24 Une des particularités du XIXe siècle français
37:27 est l'incroyable liste des princes et monarques en exil,
37:31 parfois chassés de France,
37:33 souvent prétendants au trône ou à la couronne impériale.
37:36 Issus de trois dynasties différentes,
37:38 ces hommes bénéficiant d'un réseau en France,
37:40 mais aussi au-delà de nos frontières,
37:42 voyagent dans toute l'Europe au gré de l'instabilité politique.
37:46 À travers l'analyse d'historiens,
37:48 cet ouvrage nous livre une réflexion résolument neuve
37:51 sur la période de la Révolution française
37:53 en se penchant sur la notion d'exil,
37:55 à la fois conséquence de l'abdication des souverains
37:58 et moyen de reconquête du pouvoir.
38:00 Cet ouvrage érudit, rythmé par les histoires des princes proscrits,
38:04 nous permet de comprendre que l'instauration d'un régime républicain
38:08 a pris du temps et beaucoup de chemin de traverse,
38:11 dont les chemins de l'exil pour beaucoup.
38:13 C'était Passer présent, l'émission historique de TVL,
38:17 proposée en partenariat avec la Revue d'Histoire Européenne.
38:22 Maintenant, vous allez retrouver Christopher Lanne et sa petite histoire.
38:26 Mais avant, bien sûr, vous n'oubliez pas de cliquer
38:28 sur le pouce levé sous la vidéo
38:30 et de vous abonner à notre chaîne YouTube.
38:33 Merci et à bientôt !
38:35 On se retrouve cette semaine pour une petite histoire
38:56 qui a inspiré les écrivains et intrigué l'homme de la rue,
39:00 l'éléphant de la Bastille.
39:02 Après la destruction de la Bastille, on a commencé à s'interroger
39:04 sur ce qui allait remplacer l'ancienne forteresse.
39:07 Sous la République, on souhaitait y placer un monument
39:09 qui ait du sens pour habiller ce lieu hautement symbolique.
39:12 Et pour ça, on n'a rien trouvé de mieux qu'une fontaine
39:15 avec une sorte de pharaon, avec de l'eau qui jaillit de ses seins.
39:19 Comme à l'époque, on aimait bien les allégories,
39:21 c'était censé être une allégorie égyptienne de la nature.
39:25 Ça n'a pas duré longtemps et c'est tant mieux.
39:27 C'est en 1806, sous l'Empire...
39:29 Sous l'Empire...
39:31 Ah, qu'est-ce qu'on est bien sous l'Empire !
39:33 C'est à partir de 1806 que Napoléon relance l'idée
39:36 de mettre quelque chose sur cette place vide.
39:38 Marqué par la campagne d'Égypte et fasciné par l'Orient
39:41 comme beaucoup de ses contemporains,
39:43 l'Empereur souhaitait bâtir une fontaine monumentale
39:46 avec un éléphant surmontée d'un oda en forme de tour.
39:49 Pour Napoléon, il s'agissait de reprendre le symbole royal de l'éléphant
39:53 mais surtout de s'inscrire dans la lignée des conquérants
39:56 ayant utilisé cet animal que furent Alexandre et Hannibal.
40:00 Il précise son projet dans un décret du 9 février 1810
40:15 où il exige qu'on construise rapidement un éléphant en bronze
40:19 avec les canons pris aux insurgés espagnols.
40:22 L'Empereur souhaite que l'eau puisée dans le canal Saint-Martin
40:25 qui passera juste en dessous jaillisse par la trompe de l'animal.
40:29 Il exige également, vu la taille de l'animal,
40:31 qu'on puisse entrer à l'intérieur et monter jusqu'à sa tour.
40:34 Et afin de respecter la véracité historique,
40:37 il demande que les antiquaires et les savants se concertent
40:40 afin d'être au plus près de l'époque et de représenter l'animal
40:43 comme l'utilisaient les anciens.
40:45 Non, pas ces anciens-là.
40:47 Ceux-là.
40:48 Mieux.
40:49 Alors ce projet ne faisait pas l'unanimité chez tous les architectes de l'époque.
40:53 Par exemple, Pierre Fontaine
40:55 - oui, le mec s'appelle Fontaine, tranquillement quoi -
40:58 s'opposait fermement à l'idée qu'une fontaine
41:00 puisse avoir un autre élément principal que ses eaux.
41:03 Ça n'empêchera pas Napoléon de persister dans son projet
41:05 qui sera confié à l'architecte Jacques Sellerier
41:08 qui sera remplacé plus tard par Jean-Antoine Alavoine.
41:11 [musique]
41:23 Les travaux commencent en 1810
41:25 et on construit tout d'abord le socle et les bassins.
41:28 Puis un modèle d'éléphant en plâtre à l'échelle 1
41:31 est sculpté par le sculpteur Pierre-Charles Bridun.
41:34 Le monument provisoire, installé directement sur place,
41:37 mesure 16 mètres de long et 24 mètres de haut.
41:40 On était alors en plein travaux
41:42 quant à sonner l'heure de la chute de l'Empire.
41:44 [pleure]
41:45 Pardon.
41:46 Tout s'est donc arrêté net.
41:47 Sous la restauration, on s'interroge
41:49 pour savoir ce qu'il convient de faire avec ce projet
41:51 mais aussi avec ce gros éléphant en plâtre qui gisait là.
41:54 Évidemment, ce symbole impérial fut écarté et condamné
41:58 et les architectes Alavoine et Bridun
42:00 proposèrent de nombreux projets qui furent tous refusés.
42:03 On proposa notamment l'enlèvement d'Europe par Jupiter
42:06 ou l'Athône changeant des paysans en grenouilles
42:09 et même une statue monumentale de Louis XVIII sur son trône.
42:12 Bon, pour ça c'était facile, il n'y avait qu'à garder l'éléphant.
42:15 À court d'idées, on se débarrassa du bébé
42:18 en le confiant à la ville de Paris à charge d'achèvement.
42:21 De Chavrol, préfet de la Seine,
42:23 voulut une statue de Paris entourée de quatre allégories de fleuves.
42:26 Un mois après, alors que tout avait été convenu,
42:29 la Révolution de Juillet arriva
42:31 et le projet fut encore abandonné.
42:34 Sous Louis-Philippe, le souvenir impérial était revenu à la mode
42:37 notamment avec le retour des cendres de Saint-Hélène.
42:40 L'idée de l'éléphant fut à nouveau remise sur la table,
42:43 mais n'aboutit pas.
42:44 À la place, on décida finalement le 20 mars 1833
42:48 d'ériger une colonne en hommage aux journées de Juillet
42:51 et aux heures de la nuit.
42:53 Le projet fut alors annoncé par le président de la République
42:56 et le projet fut annoncé par le président de la République
42:59 et le projet fut annoncé par le président de la République
43:02 et aux hommes qui étaient tombés durant ces événements.
43:05 Toujours dans le coup, c'est à la voine qui se chargent des plans.
43:08 En haut de la colonne, on décide de mettre une sorte de mec à poil,
43:11 aussi appelé génie de la liberté.
43:13 Bon, mais pendant que commencent les travaux de la colonne,
43:16 l'éléphant, lui, est toujours là avec sa pâle figure de plâtre
43:19 abîmée par le temps.
43:21 Pour les écrivains classiques, cette étrangeté au cœur de la capitale
43:24 était l'objet de fascination et d'amusement.
43:26 Ce qui peut contribuer à le rendre célèbre en faisant du pachyderme
43:29 le refuge du jeune cave-roche dans ses miséras.
43:32 Là, l'image que vous voyez, c'est l'éléphant en plâtre
43:35 construit pour les besoins du film "Les Misérables".
43:38 À propos de cet animal gigantesque devenu le symbole de la force populaire,
43:43 il écrit "C'était sombre, énigmatique et immense.
43:47 C'était on ne sait quel fantôme puissant, visible et debout
43:51 à côté du spectre invisible de la Bastille."
43:54 Pour les passants, en revanche, sa présence était source de problèmes.
43:57 Après avoir abrité des sans-abris et puis, dit-on, des refuges de malfrats,
44:02 l'éléphant s'est transformé en gigantesque refuge pour les rats de la capitale.
44:07 Là, on voit un dessin d'époque où deux hommes discutent au pied de l'éléphant.
44:11 L'un dit qu'il est inutile et l'autre lui assure inutile,
44:14 mais non, il sert à loger plus de 40 000 rats.
44:17 Au pire, on s'en plaignait, au mieux, on s'en désintéressait totalement.
44:21 Ainsi, Jules Jeannin écrit "C'est à peine si l'homme du Faubourg-Saint-Antoine
44:25 qui traverse la place portant son bois d'acajou ou traînant son tonneau de bière
44:29 jette au pauvre éléphant un coup d'œil de regret et de pitié."
44:33 Triste fin pour un si beau projet.
44:50 Ne sachant quoi en faire, on voulait d'abord le déplacer,
44:53 tantôt sur le rond-point des Champs-Elysées, tantôt sur l'esplanade des Invalides,
44:57 tantôt au sommet de l'Arc de Triomphe,
45:00 on décida de détruire cette maquette de plâtre, chose qui fut faite en juillet 1843.
45:05 Depuis, vous le savez, c'est la colonne de Juillet qui trône en lieu et place du bel éléphant.
45:10 Avant, on y allait pour commémorer les morts des trois glorieuses de Juillet
45:14 ou bien ceux de la résurrection de 1848.
45:17 Maintenant, on y va pour célébrer... autre chose.
45:22 Triste fin.
45:24 Et d'ailleurs, à propos de la colonne de Juillet, une anecdote en entraînant une autre,
45:27 sachez que sous l'édifice se trouvent les victimes des trois glorieuses de Juillet,
45:32 ça vous le savez peut-être,
45:33 les victimes de l'insurrection de 1848 qu'on a ajouté par la suite, ça vous le savez peut-être aussi,
45:39 mais on y trouve également des momies.
45:41 Des momies égyptiennes de plus de 3000 ans qu'on a mis là par erreur
45:44 parce qu'elles étaient enterrées dans la même "fausse commune"
45:47 que les insurgés de 1848 qu'on avait déterrés dans les jardins de la Bibliothèque nationale.
45:53 Finalement, comme le voulait Napoléon au départ,
45:55 la place de la Bastille conserve aujourd'hui encore un petit parfum d'Egypte.
45:59 Et ça, c'est beau.
46:00 Merci à tous d'avoir suivi cet épisode.
46:02 Si il vous a plu et si vous avez appris des choses,
46:04 n'hésitez pas à le partager pour faire découvrir l'émission à vos amis.
46:07 Et d'ici là, moi je vous dis bonne semaine à vous et à bientôt sur TV Liberté.
46:12 [Musique]

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