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00:00 Si t'as envie de mourir, tu viens chez moi.
00:01 La maison la plus chère de la Réunion.
00:03 T'inquiète pas, je suis là. Fais-moi confiance.
00:06 On vous en parlait déjà en 2021 sur Clique à nous.
00:08 La journaliste Florie Songbo avait recueilli le témoignage de Maxime,
00:11 l'artisan qui devait lui poser sa terrasse à abandonner le chantier
00:14 avec son account de 2600 euros sans même l'avoir débuté.
00:17 Et dernièrement, Frédérique nous a contactées car en menant son enquête,
00:20 elle s'est rendue compte qu'elle s'est faite arnaquer par le même artisan.
00:23 Le préjudice s'élèverait cette fois à plus de 20 000 euros.
00:26 Je suis donc allée la voir à Pitons-Sorleu.
00:27 Cette maison, je l'ai achetée il y a deux ans grâce à un héritage.
00:31 Elle était très récente, elle était de 2019.
00:34 Mon projet, bien sûr, c'était d'y habiter.
00:38 Et là, on allait faire un petit studio.
00:40 Elle était nickel.
00:41 On a simplement voulu l'exploiter un peu plus.
00:44 Et en fait, l'artisan me l'a cassé un peu plus.
00:47 Ça, c'est la future buanderie.
00:52 En fait, oui, effectivement, il a agrandi.
00:57 Bon, des tôles comme ça qui dépassent, ça ne se fait pas du tout
01:00 parce qu'il y a trop de prise au vent.
01:03 Des vis qui dépassent, ça ne se fait pas non plus.
01:05 Et puis, il y a ça, le serre-joint.
01:07 On ne peut pas l'oublier.
01:10 Ça, c'est le deuxième artisan qui l'a mis pour sécuriser,
01:13 pour éviter de couper la tête à quelqu'un avec une tôle qui se serait envolée.
01:16 Cette terrasse est très sécurisée.
01:21 Si tu as envie de mourir, tu viens chez moi.
01:23 Sinon, il y a un truc aussi extraordinaire que je peux te montrer.
01:26 C'est ça.
01:28 Parce qu'en fait, avant, cet escalier, il était là.
01:32 Donc, il a rajouté un plancher.
01:35 Et il a mis bien des cales.
01:36 Ce n'est pas la même épaisseur.
01:38 Là aussi, on peut mourir.
01:39 Alors, donc, c'est ce qu'on a vu tout à l'heure.
01:41 Pas du tout sécure.
01:43 Ça bouge bien.
01:44 Et en plus, il avait...
01:46 Je l'ai enlevé, mais il avait déjà mis le parquet.
01:49 - Quand tu as constaté ça, tu as réagi comment ?
01:51 - Je l'ai appelé, mais il ne répondait pas.
01:57 Il y avait tellement de choses à regarder, tellement de choses à voir que...
02:06 que je n'ai pas tout vu.
02:08 Le plancher, c'est du bois.
02:11 Et là, c'est du placo.
02:14 Parce qu'en fait, au départ, ce n'était qu'une grande pièce.
02:17 Et à savoir que quand on fait une salle de bain sur du bois, il faut l'étanchéifier.
02:23 Et non, là, c'était directement posé sur le bois.
02:26 Donc, le carrelage en lui-même, il est étanche, mais les joints ne le sont pas.
02:29 Donc, en fait, il faut tout casser et tout refaire.
02:31 Là, j'ai perdu ce que l'escroc m'a escroqué.
02:38 C'est-à-dire plus de 20 000 euros.
02:40 J'ai perdu plus de 10 000 euros de matos.
02:46 Et puis, cette maison, je l'ai achetée 300 000 euros.
02:49 Je pense qu'elle ne vaut plus 300 000 euros, en tous les cas aujourd'hui.
02:52 Bon, la visite aurait pu continuer encore longtemps.
02:55 Le constat effectué par le commissaire de justice compte 57 pages.
02:58 Et le rapport d'observation estime le coût des reprises des travaux à 24 450 euros.
03:02 J'ai aussi demandé l'avis au nouvel artisan.
03:04 Ce n'était pas le travail d'un artisan.
03:06 Tout ce qu'on regarde, il n'y a que des erreurs.
03:08 Là, ce n'est plus des erreurs.
03:10 Quand c'est comme ça, là, c'est vraiment de l'incompétence.
03:13 Si Frédéric est dans cette situation aujourd'hui,
03:15 c'est surtout parce qu'elle avait confiance.
03:17 Elle m'explique.
03:18 Je connaissais cet artisan parce que j'ai une boutique à Saint-Leu,
03:24 et qu'il était déjà intervenu pour faire un caillebotis.
03:28 Et qu'en fait, c'est un ami, enfin, c'est un camarade de ma belle-fille.
03:33 Donc, j'avais une confiance totale en ce bonhomme.
03:40 Et il a commencé donc au mois de juillet.
03:45 Tout le temps, me demandant régulièrement des avances, des avances, des avances.
03:50 J'ai tellement l'habitude de...
03:53 Je suis commerçante, donc si je veux recevoir mes robes,
03:56 il faut que je les paye avance.
03:57 Ça faisait très longtemps qu'on n'était pas partis en vacances,
04:09 et on a décidé de partir en septembre avec mon époux.
04:13 Et donc, je branche l'artisan et je lui dis,
04:17 "Ben écoute, on arrête les travaux en septembre, et puis on reprend en octobre."
04:23 Il me dit, "Mais non, Fred, justement, j'ai du temps, tu me verses le solde,
04:27 et quand tu reviens, promis, juré, tout sera terminé."
04:31 Donc, quand on est arrivé, elle m'a dit, "Non, mais là, c'est pas terminé, t'inquiète,
04:35 ça, je finis tant, tant, là, fin du mois d'octobre, c'est bon, c'est terminé."
04:41 Et après, plus de son, plus d'image.
04:43 Frédérique a porté plainte auprès de la gendarmerie début février
04:45 pour escroquerie et abus de confiance.
04:47 Si aujourd'hui, elle souhaite raconter son histoire, c'est pour faire bouger les choses.
04:50 Il est interdit d'être naïf.
04:52 J'ai 60 ans.
04:54 Je réalise enfin un rêve que j'ai depuis hyper longtemps,
04:59 que je ne pouvais pas réaliser avant, de par mon métier.
05:02 On me prête pas de sous, etc.
05:05 Et là, il a piétiné ça, quoi.
05:10 J'ai fait tout ce qu'il fallait faire.
05:13 Maintenant, c'est au décideur.
05:16 Et entre-temps, j'ai retrouvé Maxime, qui lui aussi attend toujours.
05:19 Là, on est dessus, sur la terrasse qui a été refaite, qui était le lieu des méfaits.
05:23 Donc, il faut imaginer que tout ça, on est 60 cm en dessous, parce qu'il n'y avait plus rien.
05:27 Il a été condamné par la justice, donc au civil et au pénal.
05:31 Alors, la peine, il y a deux peines.
05:33 Il y a une condamnation au civil qui l'oblige à me rembourser plus les dommages et intérêts.
05:39 Et une peine au pénal où il a appelé des coupables.
05:41 Et donc, il doit de la même façon exécuter un acte citoyen.
05:46 Je ne sais plus le terme exact, mais un acte citoyen.
05:48 Et également me rembourser.
05:50 À ce jour, la condamnation a eu lieu il y a un an.
05:54 À ce jour, toujours rien.
05:55 Il y a peut-être un mois ou un mois et demi, je reçois un message sur les réseaux sociaux
05:59 sur lesquels j'avais laissé la trace de ma mésaventure,
06:04 qui me raconte qu'elle a eu une mésaventure similaire,
06:06 alors dans d'autres proportions financières que les miennes.
06:09 Et finalement, ce que j'ai voulu éviter, ça n'a pas marché du tout.
06:12 Parce que ce monsieur était encore affiché comme artisan au niveau de son cirette ou de son cabisse.
06:21 Donc, il pouvait encore agir en toute impunité parce que c'est trop long.
06:24 Alors, pourquoi c'est si long ?
06:26 J'ai posé la question au président de la Chambre régionale
06:28 des commissaires de justice de La Réunion, Jean-Christophe Poyot.
06:31 Et il m'explique qu'en effet, la justice est longue et incertaine.
06:34 Si sur le papier, le justiciable a gagné,
06:37 il faut comprendre qu'il ne retrouvera pas forcément l'argent qui lui a été pris.
06:40 Mais il rappelle qu'une décision de justice est valable 10 ans,
06:43 alors il ne faut pas laisser tomber.
06:44 Frédéric et Maxime sont-ils des cas isolés ?
06:46 Maître Poyot m'indique qu'il y aurait une centaine de constats de désordre
06:50 sur les bâtiments effectués par mois.
06:51 C'est donc un gros contentieux à La Réunion.
06:53 Mais tous les cas rencontrés ne relèvent pas nécessairement d'une intention de nuire.
06:56 Ce sont surtout des problèmes économiques.
06:58 Comme l'indique la direction générale de la répression des fraudes,
07:01 ce secteur d'activité est encadré et réglementé.
07:03 Le mieux est donc de prendre connaissance de ces recommandations sur son site
07:06 avant de débuter les travaux.
07:08 Sous-titrage Société Radio-Canada
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07:17 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]

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