• il y a 7 mois
Libé investit l’Académie du climat pour la deuxième étape 2024 du «Climat Libé Tour». Pour l’occasion, on vous a fait partager cette journée sur Twitch samedi 30 mars.
Dans la soirée, nous avons reçu autour d’une table Féris Barkat, cofondateur de Banlieues Climat et Rania Daki, membre de l’association, pour répondre à cette question : l’avenir de la planète se joue-t-il dans les quartiers populaires ?

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00:00:00 Ça provoque en 2003 19 000 morts en France et le plus de morts ça a été en Val-de-Marne et en Seine-Saint-Denis.
00:00:07 Habiter à côté d'un échangeur d'autoroutes, d'une usine entourée par la pollution de l'air,
00:00:12 est-ce qu'aujourd'hui vivre en banlieue ou dans un quartier populaire,
00:00:15 ça veut dire être condamné à subir en premier les changements climatiques ?
00:00:19 On voit les logements insalubres, tous les travaux qu'il y a qui créent de la pollution de l'air,
00:00:25 de la pollution sonore, de la pollution visuelle.
00:00:28 Lors de notre dernier Climat Libre et Tour, on a invité Féris Barkat, cofondateur de Banlieue Climat.
00:00:32 Quand on conscientise ces inégalités-là, ça permet de les utiliser pour s'émanciper.
00:00:37 Rania Dekhi, membre de l'association.
00:00:39 C'est beaucoup plus facile de mettre en pratique des gestes écolo qu'en Alessou.
00:00:42 Et du coup on culpabilise une certaine tranche de la société.
00:00:45 Et Margaux Jacques, spécialiste de la transition écologique des territoires.
00:00:49 Parce qu'il y a une étude qui va finalement montrer qu'il y a une corrélation aux Etats-Unis,
00:00:53 entre l'ethnicité des gens et la présence de déchets toxiques enfouis sous terre.
00:01:02 On a répondu à cette question, pourquoi l'avenir de la planète se joue dans les quartiers populaires ?
00:01:06 C'est pas une question de sauver la planète, c'est une question de juste nous-mêmes
00:01:10 et réussir à, dans nos perspectives, vivre dignement.
00:01:16 Et vivre dignement, c'est déjà une victoire.
00:01:19 Si cette vidéo vous plaît, abonnez-vous à la chaîne YouTube de Libé.
00:01:22 On publie des entretiens comme ça tous les samedis midi.
00:01:25 D'ici là, je vous souhaite un bon visionnage.
00:01:28 Bonjour à tous, bienvenue dans ce stream de Libération.
00:01:31 Merci beaucoup de nous suivre et j'espère que vous allez bien.
00:01:34 Pour commencer, vous pourriez m'expliquer un peu l'objectif de Bordel Climat,
00:01:39 pourquoi vous l'avez créé, c'est quoi le sens de ce que vous faites et comment vous le faites ?
00:01:44 - Hum hum.
00:01:45 - Allez vas-y Féris, lance-toi.
00:01:48 - Alors effectivement, il y a eu un lancement qui s'est fait il y a maintenant un an et demi,
00:01:54 avec un constat assez simple sur le fait qu'on était les plus exposés.
00:01:59 Moi, ma maman a grandi dans un quartier qui était très très très pollué.
00:02:04 Alors en termes de maladies, c'est très compliqué de faire les corrélations et les causalités
00:02:08 entre les maladies et les particules fines et de manière générale avec ce qu'on appelle les exposomes.
00:02:13 Les exposomes, c'est tout simplement ceux à qui on est exposé.
00:02:16 En termes de qualité de l'air, d'alimentation, de qualité de vie tout simplement.
00:02:23 Et donc on peut pas faire des liens directs mais il y a des facteurs qui aggravent, des facteurs à risque.
00:02:29 Et ma mère est tombée très malade et face à ce constat-là, j'ai commencé
00:02:33 à m'intéresser davantage aux questions climatiques environnementales.
00:02:35 Ça m'intéressait pas tant que ça au début mais quand je suis arrivé à Londres,
00:02:39 j'ai pu rencontrer des gens qui étaient plus intéressés que moi, qui m'ont un peu mis dans le truc.
00:02:43 Et petit à petit, j'ai commencé à capter qu'il y avait une injustice qui était en train d'être banalisée
00:02:54 dans le sens où on opposait fin du mois et fin du monde, en disant en fait c'est pas un sujet pour vous,
00:02:58 vous n'êtes pas que ça à faire de vous intéresser à l'écologie,
00:03:02 allez vous intéresser à votre frigo plutôt.
00:03:04 Et cette opposition fin du mois, fin du monde, je me suis dit, elle est incohérente précisément
00:03:09 parce que la fin du monde va aggraver la fin du mois dans tous les cas.
00:03:13 Et donc c'est comme ça qu'on a commencé à se réunir avec eux.
00:03:18 Alors d'abord c'était Abdelali Elbadawi qui a fait Banlieue Santé, Banlieue School,
00:03:21 puis ensuite Sana Seytouli, puis Cefio également, le rappeur.
00:03:26 Tous les quatre, on s'est réunis autour de ce constat sur la question de la santé
00:03:30 pour dire que c'était un problème.
00:03:33 Ça nous dérange absolument pas.
00:03:35 Ben du coup, vas-y présente-toi parce qu'en fait on est en stream sur le stream de Libé.
00:03:39 Et ils vont venir de bonjour en stream, donc c'est des jeunes de Banlieue Climat.
00:03:47 Faites juste attention parce qu'il y a énormément de fils et qui est notamment à portée d'un
00:03:51 peu de la Ferris.
00:03:52 On est complètement en live.
00:03:54 Mais non, c'est pas le superstar.
00:03:55 Il y a du monde qui vient vous dire bonjour aujourd'hui ?
00:03:59 Aucune idée.
00:04:00 Et ben là pour l'instant j'ai pas tout à fait les stats juste en face des yeux,
00:04:03 mais on est en train de parler justement de l'objectif de Banlieue Climat, comment ça
00:04:06 a été créé.
00:04:07 Ferris, t'es en train de nous raconter ça ?
00:04:08 Tu veux rajouter un mot ?
00:04:09 Je veux juste que tu te dises comment t'as créé.
00:04:10 Non, ça va, ça va.
00:04:11 Mais je veux bien que tu me dises un petit mot.
00:04:12 Moi je veux bien raconter la première fois que je l'ai rencontré, Ferris.
00:04:13 Ben si tu veux faire ça, il faut juste que tu te mettes un peu plus proche du micro,
00:04:14 pour qu'on puisse t'entendre.
00:04:15 Est-ce que tu peux, avant de faire ça, te présenter et nous dire un petit peu qui
00:04:16 tu es ?
00:04:17 Carrément.
00:04:18 Je m'appelle Aymen.
00:04:19 Je vais prendre le micro, je vais me sécurer.
00:04:20 J'ai 23 ans, 24 ans dans deux jours.
00:04:21 Je suis formateur chez Banlieue Climat.
00:04:22 Et j'ai été à l'université de Banlieue Climat.
00:04:23 Et j'ai été un des premiers formés à la transition écologique par Ferris Barcate
00:04:41 en même temps.
00:04:42 En avant-première, avant Banlieue Climat, avant tout.
00:04:45 Avant même que ça devienne une super star, tu vois.
00:04:49 Avant qu'il va sur le quotidien, qu'il combriole le palais de Tokyo, qu'il nous
00:04:55 fasse rêver et qu'il nous rappelle qu'on peut encore sauver le monde même venant d'une
00:05:00 banlieue.
00:05:01 Donc toi, ça t'a appris à rêver un monde meilleur, entre guillemets, un meilleur visionnement
00:05:07 pour notre planète.
00:05:08 Exactement.
00:05:09 Parce qu'avant Banlieue Climat, avant que tu rencontres Ferris Barcate, tu avais quel
00:05:11 aspect, quel point de vue par rapport au problème climatique ?
00:05:13 Comme je fais avec mes amis dans mon quartier, je pose la question "c'est quoi l'écologie
00:05:17 pour toi ?" et ils me répondent "c'est les déchets, c'est la poubelle, c'est
00:05:22 trier ses affaires, pas jeter sa cigarette par terre".
00:05:24 Et quand on sait que ça s'arrête pas là, on se dit "putain, être idiot, c'est
00:05:31 vraiment être en manque de culture, de savoir".
00:05:36 Mais du coup, toi tu t'es rendu compte de ça ?
00:05:38 Exactement.
00:05:39 Il y a un moment où tu t'es rendu compte de ce côté, où tu t'es rendu compte de
00:05:42 comment en banlieue tu vivais des problèmes climatiques ?
00:05:45 En banlieue, on avait pas ce souci du climat.
00:05:49 A une certaine époque, quand tu me disais "il va y avoir un réchauffement climatique",
00:05:54 moi j'habite à Strasbourg, il fait froid toute l'année, c'est pas plus mal, tu
00:05:58 vois ? Qu'il fasse beau un peu plus de jours dans l'année, nous ça nous arrange.
00:06:02 Mais au final, c'est bien pire que ça, c'est la montée des eaux, c'est des morts
00:06:06 partout dans le monde, c'est la sécheresse, c'est des maladies.
00:06:11 En fait, il n'y a que le peuple, parce que je ne veux pas dire qu'on ne peut pas
00:06:16 compter sur les états, parce que si on aurait pu compter sur eux, ils auraient déjà fait
00:06:19 le boulot.
00:06:20 Mais il n'y a que le peuple qui peut faire changer les choses.
00:06:22 Et il y a une devise, qui est la devise d'un pays, qui est "par le peuple, pour le peuple".
00:06:28 Donc si on veut faire quelque chose pour nous, on doit le faire par nous-mêmes.
00:06:32 C'est beau.
00:06:33 Et toi du coup, Rania, toi aussi tu as vécu ce côté-là ? Mais tu peux rester avec nous
00:06:38 en ce temps, oui ?
00:06:39 Non, je prévenais juste que je vais vous ramener à manger, donc...
00:06:42 Merci beaucoup.
00:06:43 De rien.
00:06:44 On a pas mangé, mais ça arrive.
00:06:45 Bon, à tout à l'heure.
00:06:46 Merci beaucoup, merci d'être passé.
00:06:47 Merci pour ton témoignage.
00:06:48 Aïmen Amizi, crack formateur, vous allez le voir bientôt.
00:06:55 Super formateur.
00:06:56 Super formateur, ministre, quelque chose comme ça.
00:06:58 Ministre, ça se chaufferait toi, ministre ?
00:07:01 Président, ça y serait beaucoup.
00:07:03 Président Amizi.
00:07:04 Je te déclare ta candidature pour l'élection de ministre d'Antet.
00:07:08 Je te déclare ma candidature, peut-être pas pour 2027, mais 2032, ce serait bien.
00:07:11 Ah oui, pas mal.
00:07:12 Tu vois, le temps de prendre un peu de maturité, de pouvoir.
00:07:15 Sinon, votez Ferris pour 2027.
00:07:18 C'est des sports.
00:07:19 Des sports ?
00:07:20 La France, il ira mieux si c'est moi au pouvoir.
00:07:24 Mise d'inter ? Vas-y, ça marche.
00:07:27 Tous les espaces intérieurs, stocky.
00:07:29 Merci beaucoup d'être passé pourtant.
00:07:32 Reprends.
00:07:33 Et faites juste attention en passant, il y a beaucoup, beaucoup de câbles.
00:07:36 Vous avez du backstage de ouf.
00:07:39 Merci beaucoup.
00:07:41 Du coup, ça me fait revenir un peu sur mon sujet, puisque toi, du coup, t'as...
00:07:45 Il est fort.
00:07:46 Il est très fort.
00:07:47 Merci, merci à lui.
00:07:48 En fait, son témoignage, il montre un peu que t'as porté une forme de conscientisation
00:07:53 des problèmes climatiques en Borlieu, pour certaines personnes.
00:07:57 Est-ce que c'est ton cas, par exemple, Adia ?
00:07:59 Alors, moi, j'avais conscientisé cette lutte-là avant de rencontrer Ferris,
00:08:05 mais c'est vrai que quand j'en ai entendu parler, j'ai pris connaissance de son association,
00:08:09 ça me parlait directement.
00:08:11 Mais je pense que oui, il a un rôle important dans la conscientisation de nombreux jeunes.
00:08:17 Et toi, par exemple, personnellement, dans ta vie, dans ta jeunesse,
00:08:21 à quel moment t'as conscientisé que dans ton environnement,
00:08:24 il y avait des soucis climatiques, qu'il y avait des soucis...
00:08:27 Je l'ai conscientisé quand j'ai vu que j'allais dans des quartiers plus riches
00:08:30 et que c'était complètement différent, l'environnement était différent,
00:08:33 c'était plus joli, même si c'est pas directement lié.
00:08:38 On se rend compte qu'il y avait plus d'arbres, de fleurs...
00:08:41 Tout à l'heure, à Saint-Anne, Ferris a fait une blague et il a dit que les arbres,
00:08:45 ils étaient tristes parce qu'ils avaient un mètre carré de liberté,
00:08:49 et après, que du béton.
00:08:50 Et c'est vrai qu'en Banlieue, c'est ça, alors que dans des quartiers plus riches,
00:08:53 il y a beaucoup plus d'herbes, beaucoup plus de végétalisation.
00:08:56 Et je l'ai conscientisé petit à petit, comme ça, en voyant des différences.
00:09:00 - Et donc, concrètement, si on rentre un peu dans le détail,
00:09:04 c'est quoi les problèmes climatiques auxquels on est plus exposé en banlieue
00:09:09 que dans d'autres quartiers plus riches potentiellement ?
00:09:12 - C'est des problèmes climatiques qui sont généralement perçus
00:09:18 comme des problèmes sanitaires ou des problèmes inévitables
00:09:23 liés à l'environnement dans lequel on vit.
00:09:27 Par exemple, moi, quand je vais chez mon cousin et que je dors chez lui,
00:09:33 l'isolation, elle est catastrophique.
00:09:35 Et donc, ce genre de bâtiments qui ne sont pas rénovés d'un point de vue thermique,
00:09:40 ça provoque, en 2003, 19 000 morts en France,
00:09:44 et le plus de morts, ça a été en Val-de-Marne et en Seine-Saint-Denis.
00:09:47 Donc, dans les territoires où la rénovation thermique, c'était zéro,
00:09:51 il y avait une surpopulation aussi dans les appartements.
00:09:57 Donc, toutes ces questions d'îlots de chaleur, notamment avec le béton,
00:10:01 sont créées et sont beaucoup plus présentes dans les quartiers.
00:10:05 Si on rajoute la qualité de l'air, les particules fines,
00:10:08 c'est ce dont on parlait juste avant, vous regardez une carte avec les particules fines
00:10:12 entre la banlieue, entre les quartiers riches, entre là où est le vent.
00:10:16 Le vent, par exemple, c'est un formidable moyen pour évacuer les particules fines.
00:10:21 Sauf que les grands ensembles, quand les immeubles sont trop serrés, ça devient compliqué.
00:10:25 Donc, il y a plein de choses comme ça.
00:10:27 L'alimentation, c'est intéressant.
00:10:29 Comment il y a un problème avec certains commerces de proximité
00:10:34 et une alimentation malsaine qui a changé, qui a transformé,
00:10:41 qui n'est pas du tout... Il ne faut pas faire du misérabilisme.
00:10:44 Il y a une forme de surexposition et de mille-feuilles d'inégalités sociales,
00:10:50 mais on n'est pas là pour se plaindre.
00:10:52 Dans tous les cas, on va avancer, on va continuer à essayer de s'en sortir.
00:10:56 Mais quand on conscientise ces inégalités-là, ça permet de les utiliser pour s'émanciper.
00:11:01 C'est-à-dire que prendre la place dans l'espace public à travers ce qu'on vit
00:11:06 pour essayer de les faire changer.
00:11:08 Je pense que cette conscientisation n'a pas pour objectif de nous plaindre,
00:11:13 mais pour l'objectif de nous émanciper, de nous libérer.
00:11:16 Et cette libération-là, elle est là pour absolument n'importe quelle classe sociale.
00:11:21 Pour les plus aisés, c'est plus compliqué, mais quand on prend la ruralité,
00:11:24 il y a aussi des ponts, une précarité en termes d'alimentation, de pesticides,
00:11:28 qui est terrible.
00:11:29 Donc il y a des ponts communs à faire entre ceux qui sont les plus précaires.
00:11:35 - Oui, parce que... Je vais juste prendre un message dans le chat,
00:11:38 puisque Pierrot te fait un joli "coucou, Rania".
00:11:40 C'est peut-être un mec que tu connais.
00:11:43 - Big up à Pierrot.
00:11:44 - Et le gros théâtre.
00:11:46 - Big up à Pierrot.
00:11:47 - Big up à Pierrot.
00:11:48 Merci, Pierre, d'être parmi nous.
00:11:50 Et pour reprendre un peu sur votre travail à Banlieue Climat,
00:11:53 c'est que tu as beaucoup parlé de conscientisation.
00:11:56 En fait, l'enjeu, c'est que vous faites des formations en banlieue
00:12:00 auprès de jeunes pour qu'ils conscientisent ce qu'est le problème climatique.
00:12:04 Est-ce que vous avez des moments dans vos formations
00:12:07 où vous vous êtes rendu compte que vraiment ça avait un impact ?
00:12:09 Je sais pas, où à un moment tu parles à un jeune,
00:12:12 tu lui parles d'un problème climatique et tu vois qu'il y a un truc
00:12:15 qui se réveille dans ses yeux et où il se rend compte que, en fait, oui,
00:12:17 t'as raison, il voit ce que c'est le problème climatique.
00:12:19 - Moi, j'ai un exemple.
00:12:20 - Attends, est-ce que tu peux juste décaler la bouteille d'eau ?
00:12:22 Comme ça, tu la mets...
00:12:23 - Je la mets là.
00:12:25 - Super, merci beaucoup.
00:12:27 - Moi, j'ai un exemple.
00:12:28 C'était à la formation de formateur en janvier.
00:12:31 Donc, on avait 12 formés qui voulaient devenir formateurs
00:12:35 et qui étaient très motivés.
00:12:37 C'était vraiment incroyable.
00:12:39 Ils ont appris super vite.
00:12:41 Au départ, ils n'étaient pas très à l'aise.
00:12:43 Ils avaient un peu peur, certains.
00:12:45 Et à la fin, on avait certaines personnes qui nous disaient
00:12:48 "Là, je viens de me rendre compte du pouvoir que j'ai.
00:12:51 Je peux instruire d'autres personnes."
00:12:53 Il y a des gens qui sont beaucoup plus à l'aise.
00:12:55 Par exemple, Asala, elle a tenu une table ronde tout à l'heure
00:12:58 alors qu'avant, elle ne se sentait pas confiante.
00:13:02 Et aujourd'hui, elle est capable de faire une table ronde
00:13:04 avec François Ruffin.
00:13:06 C'est pas mal.
00:13:08 Et quand on discute, on se rend compte qu'avant,
00:13:11 ce n'était pas du tout une notion qui les intéressait.
00:13:13 Le changement climatique, ça ne leur parlait pas trop.
00:13:16 En leur donnant des exemples de leur quotidien,
00:13:19 finalement, c'est un sujet qui les touche beaucoup plus qu'on pense.
00:13:22 - Du coup, quoi comme exemple de quotidien ?
00:13:25 Comment tu fais pour passionner quelqu'un à l'écologie
00:13:28 alors qu'avant, il n'avait pas conscience de l'importance du problème ?
00:13:32 - Sur cette question, je dirais deux choses.
00:13:35 La première, c'est qu'on n'est pas là pour sensibiliser.
00:13:38 Il y a une sensibilité qui est déjà là.
00:13:41 La question écologique, elle est abordée de manière différente
00:13:48 avec un autre référentiel, culturellement, autrement,
00:13:51 à travers aussi le fait qu'il faudrait utiliser les habits
00:13:54 de ses grands frères, de ci, de ça.
00:13:56 Il y a plein de choses qui sont des réflexes
00:13:58 qui ne sont pas conscientisés comme étant de l'écologie
00:14:00 mais qui sont en fait de l'écologie.
00:14:02 Et puis le deuxième point, c'est que dans la forme,
00:14:07 on utilise parfois des référentiels de manga, de réf.,
00:14:11 de trucs, de machins qui vont leur parler.
00:14:13 Donc dans la forme, il y a une différence.
00:14:15 Mais dans le fond, il n'y a aucune différence avec une autre classe sociale.
00:14:18 La question, ce n'est pas comment on fait.
00:14:22 On fait comme on ferait n'importe où en termes de connaissance.
00:14:25 Peut-être que la formation, et là on a beaucoup bossé avec Rania,
00:14:28 elle est plutôt bien construite.
00:14:29 On arrive à avoir un déroulé qui est plutôt clair
00:14:31 avec des bons graphiques et un design
00:14:34 que Rania a beaucoup amélioré.
00:14:37 Mais dans le fond, on est sur des rapports du GIEC,
00:14:41 on est sur les sécheresses, on est sur les zoonoses,
00:14:43 on est sur des trucs très techniques.
00:14:44 La rigueur, elle est super importante,
00:14:46 sinon il n'y aura pas la légitimité derrière
00:14:47 pour pouvoir faire les projets.
00:14:48 On est sur des sujets qu'on va en profondeur dessus
00:14:51 parce qu'on pense que c'est comme ça
00:14:53 qu'on va réussir à se faire écouter.
00:14:55 Et au niveau d'exemples concrets,
00:14:57 parce que c'est ça aussi la question,
00:14:59 j'ai constaté que sur la question des injustices environnementales
00:15:04 à l'échelle internationale,
00:15:05 ça veut dire que nous c'est la galère,
00:15:07 vas-y ça marche tranquille, ok, ok, ok.
00:15:09 Mais là au Niger, c'est encore pire que pour nous.
00:15:12 Là au Bangladesh, ils construisent leurs maisons tous les matins.
00:15:15 Là dans ce pays, il y a une sécheresse de folie.
00:15:17 Et donc cette inégalité-là, en mode,
00:15:19 ils subissent alors que nous on consomme,
00:15:22 ils payent alors que nous on profite,
00:15:24 ça fait écho aussi à une certaine réalité ici
00:15:27 qui permet aussi de prendre conscience
00:15:29 que c'est pas un truc pour le futur,
00:15:31 mais c'est déjà maintenant la ville de Jogakobabad au Pakistan
00:15:34 qui est inhabitable.
00:15:35 C'est déjà aujourd'hui la montée des eaux.
00:15:38 C'est déjà en 2016 qu'un enfant de 12 ans
00:15:41 est mort de l'anthrax parce que le permafrost a dégelé.
00:15:44 C'est déjà tout ça, ces trucs-là un peu zinzins
00:15:47 qui nous font prendre conscience que c'est chaud
00:15:49 et que là, quand je leur demande c'est quoi qui les a plus le marqué,
00:15:53 il y a le permafrost, il y a les sécheresses,
00:15:55 il y a l'Afrique du Nord qui est de plus en plus touchée,
00:15:58 il y a la pollution aussi directement près de chez eux.
00:16:02 Donc il y a des choses très concrètes sur l'urgence à eux,
00:16:05 mais aussi des trucs plus généralistes,
00:16:07 comme n'importe qui qui va capter que le permafrost c'est une dinguerie
00:16:10 et donc qui va commencer à se dire "ouh là là, problème d'avoir un virus".
00:16:13 - Il y a un truc intéressant dans ce que tu racontes,
00:16:15 c'est notamment le fait que...
00:16:18 En fait ça fait écho à ce que Rania me disait
00:16:20 avant quand on préparait le stream.
00:16:22 Elle raconte que quasiment en banlieue,
00:16:27 on a des gestes écolo sans que ce soit pour un objectif écolo.
00:16:31 Tu me parlais du fait d'habiller en fripes
00:16:33 ou d'aller chercher des trucs comme ça.
00:16:35 En fait de faire de l'écologie,
00:16:37 mais pour un objectif plus économique.
00:16:40 Et ça c'est aussi une réalité.
00:16:42 - Totalement.
00:16:44 En plus, dernièrement, tu en as parlé avec le Bondy Block, j'ai vu.
00:16:48 Et en fait, nos parents nous ont éduqués à être écolo
00:16:53 sans même poser le mot "écolo" dessus.
00:16:55 C'était juste de la normalité pour eux,
00:16:58 c'était leur référentiel.
00:17:00 Récupérer les vêtements des grands frères et sœurs,
00:17:03 donner ensuite les vêtements à nos cousins, cousines,
00:17:06 nos petits frères et sœurs.
00:17:08 Toujours réparer nos produits électroménagers, etc.
00:17:13 Jamais aller jeter à la poubelle directement,
00:17:15 ça pouvait toujours avoir une utilité.
00:17:17 Mes parents ont toujours récupéré plein d'objets,
00:17:20 plein de choses, parce qu'on sait jamais,
00:17:23 ça peut toujours nous servir.
00:17:25 Tout ça, c'est des gestes qu'on nomme aujourd'hui "écolo",
00:17:28 pourtant nous on a grandi avec,
00:17:30 et on ne les nommait pas forcément "écolo".
00:17:33 - Et dans la perception de l'écologie,
00:17:39 tu me disais que tu avais senti une différence entre...
00:17:44 Toi tu as habité à Aubervilliers, c'est ça ?
00:17:47 Entre quand tu étais à Aubervilliers et quand tu étais à Paris.
00:17:50 - En fait, c'est juste qu'à Aubervilliers, on ne le nommait pas,
00:17:52 mais on l'était malgré nous.
00:17:54 À Paris, c'était plus...
00:17:56 Il y a eu les marges du climat,
00:17:58 moi j'étais au lycée à ce moment-là,
00:18:00 et les marges pour le climat, c'était...
00:18:03 - C'est un commentaire qui vous fait réagir.
00:18:06 (rires)
00:18:08 - Je crois que ça va être...
00:18:10 - Non mais à Paris, c'était pas la même chose,
00:18:13 c'était plus...
00:18:15 On le disait plus ouvertement,
00:18:17 alors que par exemple, en banlieue,
00:18:19 parfois quand tu récupérais des choses,
00:18:21 c'était un peu la honte.
00:18:23 - On se cachait un peu.
00:18:25 - Alors qu'aujourd'hui, c'est devenu à la mode de récupérer.
00:18:28 Maintenant, c'est à la mode d'être écolo, à l'époque.
00:18:31 C'était la honte, c'était pas fou.
00:18:34 - Si on parle un peu de pollution de l'air
00:18:36 et des problèmes concrets auxquels on est exposés,
00:18:39 d'un point de vue climatique en banlieue,
00:18:41 il y a notamment une chose dont je voulais parler.
00:18:44 Tout à l'heure, il y a plusieurs jeunes d'Oxfam,
00:18:47 de banlieue climat, de l'académie du climat
00:18:50 qui sont allés dans 5 points dans Paris
00:18:53 et 5 points en Île-de-France, en région parisienne.
00:18:56 - 4 ! - 4 ? Merci, Rania.
00:18:58 (rires)
00:19:00 Qui représentent le problème de pollution de l'air
00:19:03 pour les jeunes, notamment l'échangeur de bagnolets.
00:19:06 En quoi c'est un problème écologique ?
00:19:09 - Sur bagnolets, il y a un échangeur,
00:19:12 un périph' avec plusieurs voix
00:19:15 qui pose pas mal de problèmes.
00:19:18 Je crois qu'aux 2 côtés du périph',
00:19:20 on a 30% d'enfants qui ont de l'asthme.
00:19:22 Je ne suis pas sûr de ces chiffres-là.
00:19:24 Mais ce dont je suis sûr, par contre,
00:19:26 c'est à quel point depuis 2005,
00:19:28 on sait que ça crée de l'asthme chez les enfants,
00:19:30 à quel point on est au courant qu'il y a des institutions,
00:19:33 des associations, notamment sur bagnolets,
00:19:35 Vert Dragon et d'autres, qui se sont accaparés ce sujet,
00:19:38 qui l'ont mis sur le devant de la scène
00:19:40 pour dire que c'était inacceptable
00:19:42 et que depuis 2005, rien n'a vraiment été fait,
00:19:45 et qu'il y a des enfants, des personnes qui en souffrent.
00:19:48 Et donc l'échangeur de bagnolets, c'est intéressant
00:19:51 parce que, si j'ai bien compris,
00:19:53 il y a même des city-stades, des terrains de foot juste à côté.
00:19:56 Donc t'as l'impression de faire du sport,
00:19:58 "Vas-y, je suis en bonne santé", tout ça,
00:20:00 alors qu'en fait, t'es en train de respirer des dingueries.
00:20:03 Il y a aussi la question des écoles
00:20:05 qui sont construites près de ces échangeurs-là
00:20:07 parce qu'il y a 3 enfants sur 4 de milieu populaire
00:20:10 qui ont des problèmes liés à la qualité de l'air.
00:20:13 Il y a la question de l'asthme, des maladies cardiovasculaires,
00:20:16 les particules super fines, ce qu'il faut savoir sur l'échangeur
00:20:19 et sur la pollution de manière générale.
00:20:22 C'est qu'on parle de PM, PM1, PM2, PM3, PM10.
00:20:27 - C'est quoi, c'est les particules fines ?
00:20:29 - C'est les particules fines.
00:20:31 PM10, c'est 10 micromètres de diamètre.
00:20:33 PM1, c'est 1 micromètre de diamètre.
00:20:35 Et ces particules fines-là, les plus petites,
00:20:37 donc 1 micromètre de diamètre,
00:20:39 c'est celles qui sont les plus dangereuses,
00:20:41 les plus problématiques.
00:20:42 Ça peut aller jusqu'à 0,3 micromètre de diamètre,
00:20:44 donc ça rentre dans le cerveau,
00:20:46 ça rentre par les voies respiratoires,
00:20:48 mais pas que, par les pores aussi de la peau,
00:20:50 et ça peut rentrer dans le cerveau, dans les poumons, dans le sang,
00:20:53 et ça pose des vrais problèmes sanitaires.
00:20:55 Il n'y a pas encore vraiment d'études
00:20:57 qui font des liens et, comme je disais au début,
00:20:59 des corrélations avec la qualité de l'air et la santé.
00:21:02 Mais donc on est sur un endroit où
00:21:05 c'est tellement paradoxal.
00:21:08 On va critiquer la banlieue qui utilise sa voiture,
00:21:10 la même voiture cause
00:21:12 les problèmes de santé de ces personnes-là.
00:21:16 En même temps, il n'y a rien qui est fait pour baisser le trafic routier
00:21:20 parce que, soi-disant, c'est de l'écologie punitive.
00:21:23 La punition que tout le monde subit,
00:21:26 et en particulier ces gens-là, est totalement occultée.
00:21:28 Et le jour où il y a les JO qui arrivent,
00:21:30 notamment en 2024,
00:21:32 on va purifier l'air des athlètes, ce qui est très bien.
00:21:35 Mais d'un point de vue symbolique,
00:21:38 on a souvent, et les familles ont eu du mal à faire valoir
00:21:41 la corrélation entre qualité de l'air et problème de santé.
00:21:45 Et le jour où il y a les JO qui arrivent,
00:21:47 non, t'inquiète, on a compris, les industries, l'autoroute, c'est chaud,
00:21:49 vas-y, ça marche, on va purifier vos logements.
00:21:54 Et donc je pense qu'il y a une forme de violence sociale et symbolique
00:21:59 qu'il faut verbaliser, qu'il faut mettre en avant,
00:22:03 et qu'il faut refuser parce que
00:22:05 cette banalisation sur la qualité de l'air,
00:22:08 elle est très dangereuse.
00:22:10 La qualité de l'air, ça n'a jamais été un sujet banal,
00:22:13 en tout cas dans l'histoire de France.
00:22:14 En France, ça a toujours été un sujet.
00:22:16 En 1722, la police était chargée de s'occuper
00:22:20 de la largeur des rues, des industries,
00:22:22 de s'occuper que les gens respirent bien,
00:22:24 que les gens soient en bonne santé.
00:22:26 Paris était connue pour être une ville de beaux sues.
00:22:30 Pourquoi ? Parce que les gens étaient, soi-disant,
00:22:33 ne faisaient pas attention à leur environnement.
00:22:36 L'environnement était lié à leur physique.
00:22:38 Les gens sont moches parce que l'environnement n'est pas bon.
00:22:40 Donc le fait même de polluer l'air,
00:22:42 c'était une dinguerie à l'époque.
00:22:44 Maintenant, c'est devenu totalement normal,
00:22:46 et c'est devenu même des externalités négatives.
00:22:48 C'est-à-dire qu'il y a une société, il y a des problèmes,
00:22:51 ok, on a ça, mais de l'autre côté, il y a un feu de forêt,
00:22:53 il y a des gens qui meurent, ok, ok.
00:22:55 Donc au bout d'un moment, ces externalités, elles s'empilent,
00:22:57 de plus en plus, et il faut les mettre dans la balance.
00:23:00 Et ce que là, ces inégalités, plus les particules fines,
00:23:04 plus l'alimentation, plus on rentre dans une génération
00:23:07 qui va développer davantage de cancers.
00:23:10 Il y a un article du Times, je crois,
00:23:13 qui est sorti il n'y a pas longtemps,
00:23:15 sur les cancers des jeunes avant leurs parents.
00:23:17 Donc toutes ces externalités-là,
00:23:19 elles commencent à poser de gros soucis.
00:23:22 Et voilà, donc nous, avec Bonne Loi Clément,
00:23:25 on essaye de les mettre sur la table.
00:23:27 Et on arrive à travailler parfois avec les pouvoirs publics,
00:23:29 pour essayer de les régler.
00:23:31 Et ça avance, et on essaye.
00:23:34 C'est marrant que tu évoques les JO,
00:23:35 parce que Rania, typiquement, c'est un truc dont tu me parlais
00:23:37 quand on me préparait.
00:23:39 Je crois que tu m'avais dit une phrase qui m'avait vraiment marquée.
00:23:41 Tu m'avais dit, en gros, on subit les travaux des JO,
00:23:45 mais on n'en profite pas.
00:23:46 C'est ça.
00:23:48 Depuis que je suis petite, on nous parle des JO,
00:23:51 c'est prévu depuis longtemps,
00:23:52 on voit des travaux depuis longtemps.
00:23:54 Il y a même le Grand Paris Express,
00:23:56 il y a des travaux depuis longtemps qui sont en place.
00:24:00 Et là, je lisais un article, en plus, il n'y a pas très longtemps,
00:24:03 de Street Press, qui disait qu'il y a des personnes
00:24:07 qui vont déménager parce qu'elles n'ont pas le choix.
00:24:11 Ah oui, ils sont trop mignons.
00:24:14 C'est trop mignon.
00:24:15 Il y a une livraison de bouffe.
00:24:17 C'est gentil, merci.
00:24:19 C'est formidable, c'est vraiment super gentil.
00:24:22 C'est trop bien.
00:24:24 Bon appétit.
00:24:26 Bon appétit.
00:24:28 Merci Aymen.
00:24:31 Je crois que vous faites la fin du jeûne, c'est ça ?
00:24:36 Oui, c'est ça.
00:24:38 Allez-y, profitez.
00:24:39 Merci.
00:24:40 C'est le moment ou jamais.
00:24:42 Tu parlais de l'impact des travaux dont vous ne profitez pas.
00:24:49 C'est ça.
00:24:50 Là, par exemple, pour le Grand Paris Express,
00:24:52 je lisais un article de Street Press qui disait
00:24:54 qu'il y a de plus en plus de gens qui sont forcés à déménager
00:24:56 parce qu'on va détruire les tours,
00:24:58 puisqu'il y a des nouveaux métros qui sont mis en place.
00:25:00 Parce que c'est une nouvelle population qui va arriver.
00:25:02 Il y a une gentrification qui est en train de se faire.
00:25:04 Et c'est exactement la même chose pour les JO.
00:25:06 En gros, les JO, il y a des constructions qui sont là
00:25:09 depuis des années et des années.
00:25:10 Nous, on subit cette pollution sonore, visuelle,
00:25:13 et la pollution de l'air en elle-même.
00:25:16 Mais après ça, on ne va pas pouvoir profiter.
00:25:19 C'est comme le fait qu'on nous dise qu'il va y avoir des QR codes
00:25:22 pour accéder à certains quartiers de Paris.
00:25:25 Ah ouais ?
00:25:26 Ouais.
00:25:27 Je pense qu'on ne sera pas invité à certains quartiers.
00:25:30 Je ne sais pas du tout.
00:25:31 Non, c'est une des idées qu'ils ont.
00:25:33 Il y avait vraiment des QR codes.
00:25:35 Apparemment, c'était annoncé.
00:25:37 Je ne sais plus si c'est un truc qu'ils maintiennent,
00:25:40 mais pour accéder à certains quartiers...
00:25:42 Mais le fait de l'annoncer, ça prouve aussi la manière dont on nous voit.
00:25:47 Je réponds juste à une question.
00:25:49 Je vois que Stone te logo écrit énormément dans le chat.
00:25:51 Merci à toi.
00:25:52 Tu demandes si on compte assainir la scène pour les JO.
00:25:56 Oui, c'est un projet.
00:25:57 L'objectif, c'est que pour les JO,
00:25:59 il y ait des épreuves qui se tiennent dans la scène.
00:26:02 NCNNVL, je n'arrive pas à lire ton pseudo.
00:26:05 Bravo la jeunette, vous faites plaisir à entendre et bonne app.
00:26:08 Merci.
00:26:11 Est-ce que...
00:26:14 Moi aussi.
00:26:15 Pour être très honnête, avant le stream,
00:26:17 je me suis enfilé une quantité de cacahuètes absolument énorme.
00:26:20 J'ai absolument pas faim.
00:26:23 Même si les dates ont l'air vraiment super bonnes.
00:26:25 Sers-toi.
00:26:26 Merci.
00:26:27 Sers-toi.
00:26:30 Est-ce que cette action que vous portez,
00:26:33 ça vous donne de l'espoir pour notre planète,
00:26:37 pour améliorer votre qualité de vie ?
00:26:39 Moi, je suis mitigée.
00:26:42 Enfin, à part si tu as envie de...
00:26:43 Vas-y, vas-y.
00:26:44 Moi, je suis mitigée parce que...
00:26:46 Nous, on avance beaucoup.
00:26:49 Le Climat, ils font énormément de choses.
00:26:51 Le fait aussi de rencontrer d'autres assos jeunes,
00:26:53 avec Oxfam, pour un Réveil écologique,
00:26:55 tous les assos avec qui on a travaillé pour le Climat Libéraux,
00:26:58 c'est porteur d'espoir,
00:27:00 parce qu'on se dit qu'on n'est pas les seuls à penser à ça
00:27:02 et qu'on a envie d'agir.
00:27:03 Malheureusement, il y a une sorte de fracture, ça,
00:27:06 parfois avec les mesures qui sont prises à l'échelle politique.
00:27:10 Moi, je dis souvent,
00:27:13 on n'est pas là pour sauver le monde,
00:27:15 on est là pour se sauver nous-mêmes.
00:27:17 Et donc, je n'ai pas forcément d'espoir particulier,
00:27:21 même si parfois, je me dis, vas-y, on peut tout faire.
00:27:25 Parce que là, on bosse avec Libération.
00:27:27 Cette semaine, on a fait une mission infiltration au Palais de Tokyo.
00:27:30 On fait plein de trucs un peu zinzin,
00:27:33 on se dit, elles sont aux limites.
00:27:35 Et ça avance bien, et ça marche bien,
00:27:38 les jeunes commencent à sentir le truc, ça fait un an.
00:27:40 Donc parfois, j'ai ce truc de, en fait, on peut tout faire.
00:27:43 Et puis parfois, je me dis,
00:27:45 ce n'est pas une question de sauver qui que ce soit,
00:27:47 ce n'est pas une question de sauver la planète,
00:27:50 c'est une question de juste nous-mêmes
00:27:52 et réussir à, dans nos perspectives,
00:27:56 vivre dignement.
00:27:58 Et vivre dignement, c'est déjà une victoire.
00:28:00 Et donc, moi, l'espoir, je le vois dans...
00:28:02 Justement, quand Aymen a parlé avant,
00:28:04 quand Aymen est venu parler au micro,
00:28:06 pour moi, ça résume absolument tout ce qu'on veut faire.
00:28:08 Et à partir du moment où Aymen a ce message-là,
00:28:11 et qu'il va dans la rue, des inconnus,
00:28:13 il ne les connaît ni de Adam ni de Eve,
00:28:15 il va leur parler, il leur dit, s'il vous plaît,
00:28:17 venez dans le climat, ça va être trop bien, machin, machin.
00:28:19 Ça me dit, une marche à 14 heures sur la pollution de l'air,
00:28:22 on va faire ça, ça, ça.
00:28:24 Je suis trop motivé.
00:28:26 Et juste ça, cette lueur-là que j'arrive un peu à voir
00:28:28 dans leurs yeux, ça me suffit pour me dire,
00:28:30 on est un peu utile.
00:28:32 Alors après, de là à croire
00:28:34 qu'on fait du vraiment bon boulot,
00:28:36 qu'on va réussir à sauver je ne sais pas qui,
00:28:38 moi, je suis assez...
00:28:40 pas pessimiste, mais assez tragique
00:28:42 dans ma manière de voir la vie.
00:28:44 Et donc, je...
00:28:46 Je n'ai pas grand espoir en grand chose.
00:28:48 Je me dis juste que, voilà,
00:28:50 tant que j'ai encore un peu d'énergie,
00:28:52 je la mets là-dedans
00:28:54 parce que, quelque part, ça recrée aussi
00:28:56 quelque chose en moi que j'avais peut-être perdu.
00:28:58 Et c'est
00:29:00 magnifique à voir.
00:29:02 Après, je suis très lucide sur les capacités,
00:29:04 l'inertie du système,
00:29:06 le fait que ça met du temps à bouger,
00:29:08 et que le fait que ça met du temps à bouger,
00:29:10 ça montre aussi qu'on ne peut pas non plus s'accaparer
00:29:12 trop de victoire en disant, on a fait ça,
00:29:14 on a fait ci, on a réussi à changer le monde,
00:29:16 en vrai, tranquille.
00:29:18 Parce que...
00:29:20 Parce que, je ne sais pas, j'ai du mal
00:29:22 avec ceux qui...
00:29:24 qui pensent qu'ils sont incroyables,
00:29:26 qui changent tout, qui sont...
00:29:28 Alors que nous, en toute modestie,
00:29:30 on fait bouger quelques deux, trois trucs,
00:29:32 on accompagne pas mal de jeunes, des premiers concernés,
00:29:34 des trucs... Mais voilà, tranquille.
00:29:36 Il y a des gens, j'ai l'impression,
00:29:38 on les entend, ils ont fait des trucs de fous.
00:29:40 Et...
00:29:42 Je peux comprendre que ça booste l'ego,
00:29:44 mais une des erreurs, une des craintes
00:29:46 que ça peut créer, c'est
00:29:48 potentiellement se dire
00:29:50 que voilà, on est...
00:29:52 On est utile, on a fait le taf,
00:29:54 on a réussi, il y a tel ou tel média qui t'a invité,
00:29:56 c'est que du coup, le taf a été fait,
00:29:58 alors qu'il n'y a aucune corrélation
00:30:00 entre la reconnaissance qu'on va te donner
00:30:02 et la réalité du terrain,
00:30:04 et ce que t'as fait bouger les choses. Il n'y a aucun lien. Il y a des gens qui,
00:30:06 toute l'année, sont sur le terrain et font bouger
00:30:08 les choses, et à aucun moment sont reconnus
00:30:10 médiatiquement. Et/ou symboliquement.
00:30:12 Donc du coup,
00:30:14 voilà, c'est un peu ça ma posture.
00:30:16 - Non, je vois complètement ce que tu racontes,
00:30:18 et en fait c'est drôle parce que ça fait écho avec
00:30:20 la deuxième partie du stream qu'on va pas tarder à commencer,
00:30:22 puisque notre invité, Margot,
00:30:24 est arrivé, mais en gros ça fait écho
00:30:26 avec l'idée de, à quel moment est-ce que
00:30:28 l'action individuelle, et l'impact
00:30:30 de l'action individuelle et de l'action collective
00:30:32 dans le combat écologique
00:30:34 est
00:30:36 suffisamment grand ou pas ? Parce qu'en fait, moi,
00:30:38 quand je pense
00:30:40 à ce qu'on peut faire pour l'écologie,
00:30:42 je pense à la politique des petits gestes,
00:30:44 qui moi me déprime,
00:30:46 je trouve ça très difficile de se dire que, en fait,
00:30:48 moi par exemple, ça me déprime d'aller au McDo,
00:30:50 que je vois qu'il y a des pouelles de trie
00:30:52 et tout, et qu'après dans un reportage de, je sais pas,
00:30:54 envoyé spécial, je me rends compte qu'en fait les pouelles de trie,
00:30:56 elles sont toutes dans le même pouet, ils s'en foutent.
00:30:58 Et j'ai un côté un peu pervers de me dire que
00:31:00 c'est une manière aussi de culpabiliser un peu l'individu,
00:31:02 et de déporter la responsabilité
00:31:04 sur d'autres personnes qui ont plus de responsabilités.
00:31:06 Mais reste que,
00:31:08 l'action collective, comme ce que vous faites,
00:31:10 a un impact sur le fait de,
00:31:12 potentiellement, toutes les personnes que vous allez former,
00:31:14 c'est ce que tu me disais,
00:31:16 peut-être qu'elles vont aller en parler à d'autres personnes,
00:31:18 peut-être qu'elles vont, je sais pas, prendre des fonctions politiques,
00:31:20 et derrière, continuer à porter le message,
00:31:22 et peut-être porter un peu d'espoir pour notre planète.
00:31:24 - Ouais, j'espère aussi.
00:31:26 - Bon, merci beaucoup, Féris,
00:31:28 d'avoir participé à ce stream.
00:31:30 - Merci beaucoup à toi, commentaire,
00:31:32 j'étais dubitatif en venant,
00:31:34 mais c'était très agréable.
00:31:36 C'était cool. - Ouais, ça fait plaisir.
00:31:38 - De voir, d'être avec Ragnard,
00:31:40 de voir deux ou trois jeunes passer,
00:31:42 c'était marrant.
00:31:44 - Bah écoute, merci beaucoup.
00:31:46 Ce qui va se passer, c'est que je libère Féris,
00:31:48 et avec Ragnard, on va rester, on va accueillir Margot Jacques,
00:31:50 qui est une spécialiste de la transition écologique
00:31:52 des territoires, et avec qui on va
00:31:54 discuter de plein de trucs.
00:31:56 Y'a les alarmes de Féris qui sonnent, parce qu'il faut qu'il rejoigne
00:31:58 le reste de son assaut.
00:32:00 Merci beaucoup de nous avoir suivis, on revient dans à peu près 5 minutes,
00:32:02 le temps que j'installe Margot, et puis le temps de dire au revoir à Féris.
00:32:04 A tout à l'heure. - Bisou, bisou.
00:32:06 - Re-bonjour à tous.
00:32:08 Donc, on a laissé Féris rejoindre
00:32:10 les équipes de Borlieu Climat,
00:32:12 et on accueille Margot Jacques.
00:32:14 Margot, bienvenue. - Salut.
00:32:16 - Margot, je vais te présenter. Tu es donc
00:32:18 spécialiste de la transition écologique
00:32:20 des territoires, c'est bien ça.
00:32:22 - Oui, alors ça veut tout et rien dire, mais c'est ça, ouais.
00:32:24 - Et notamment, t'es écrivaine,
00:32:26 puisque t'as écrit un livre,
00:32:28 est-ce que je peux le prendre pour le montrer aux gens ? - Ouais, bien sûr.
00:32:30 - Petit manuel de répartie écologique.
00:32:32 En gros, si jamais un jour, vous êtes
00:32:34 en dîner de famille,
00:32:36 et que votre oncle,
00:32:38 un peu anti-écolo, n'arrête pas de vous
00:32:40 balancer des arguments à tir l'arrigo,
00:32:42 lisez ce bouquin, vous allez savoir comment lui répondre.
00:32:44 Je résume bien ? - Ouais, c'est ça. Alors, ça peut être
00:32:46 l'oncle, mais ça peut être le pote.
00:32:48 En fait, c'est un peu intergénérationnel.
00:32:50 Moi, j'ai vraiment voulu
00:32:52 montrer qu'en fait, c'est pas une histoire de
00:32:54 jeûne contre les vieux, ou l'inverse.
00:32:56 Qu'en fait, y a des anti-écolo
00:32:58 partout, et des écolo partout, et qu'il faut
00:33:00 juste essayer de dialoguer avec
00:33:02 tout le monde, et d'apporter
00:33:04 des arguments qui soient rationnels,
00:33:06 et qui touchent à la raison, et au cœur aussi.
00:33:08 - Est-ce que toi, Arnaïa, par exemple, c'était déjà
00:33:10 arrivé de devoir convaincre quelqu'un qui n'était pas écolo ?
00:33:12 - Oui, ça m'est déjà arrivé.
00:33:14 Après, pas forcément dans la famille,
00:33:16 parce que c'est pas des débats
00:33:18 qu'on a forcément, mais
00:33:20 oui, dans la vie de tous les jours,
00:33:22 dans certains endroits, ça a pu m'arriver.
00:33:24 - Qu'est-ce que t'as eu comme remarques ?
00:33:26 - Ben, que...
00:33:28 J'ai souvent du fatalisme,
00:33:30 des choses comme... Ah, merci.
00:33:32 Des choses comme, dans tous les cas,
00:33:34 on va bien mourir de quelque chose,
00:33:36 ou le typique, de toute façon,
00:33:38 t'as vu comment il fait froid en ce moment,
00:33:40 ça peut pas exister, des choses comme ça.
00:33:42 - OK.
00:33:44 - Ça peut l'aider, du coup, ton bouquin ?
00:33:46 - Oui, carrément ! Ben en fait, y a une...
00:33:48 Moi, je l'ai découpée en différents profils types
00:33:50 d'interlocuteurs. Donc,
00:33:52 par exemple, les premiers, c'est les sceptiques, donc ceux qui vont dire
00:33:54 "Non mais quand même, c'est pas si grave,
00:33:56 ben regarde, l'été qu'on a connu,
00:33:58 il était plus vieux", enfin voilà, exactement ce que tu dis.
00:34:00 Et après, la deuxième catégorie,
00:34:02 c'est les immobilistes, donc là, c'est ce que tu disais,
00:34:04 c'est des gens qui vont dire "Mais ça sert à rien,
00:34:06 on va bien mourir de quelque chose, finalement,
00:34:08 ben voilà, c'est déjà lancé,
00:34:10 et on peut pas arrêter
00:34:12 cette dynamique néfaste."
00:34:14 - Je fais un petit coucou à Siming
00:34:16 1976, vous voyez dans le chat,
00:34:18 il nous dit "Bonsoir". - Bonsoir !
00:34:20 - Bonsoir Siming, et qui en plus a suivi l'Ibé,
00:34:22 donc merci d'avoir suivi l'Ibé, la chaîne Twitch de l'Ibé.
00:34:24 Je vous propose qu'on rentre dans le vif du sujet.
00:34:26 Rania,
00:34:28 est-ce que tu pourrais expliquer à Margot
00:34:30 les grands enjeux
00:34:32 de ce qu'on vit en banlieue,
00:34:34 par rapport au changement climatique ? Pollution de l'air,
00:34:36 bon bref,
00:34:38 je te laisse raconter tout ça,
00:34:40 et nous raconter un peu ton expérience, comment toi tu l'as vécu.
00:34:42 - Ok. Ben il faut savoir
00:34:44 qu'en banlieue, c'est assez
00:34:46 spécial, on va dire, parce que
00:34:48 ce sont les personnes qui vont être les plus concernées,
00:34:50 en tout cas en métropole, par le changement climatique,
00:34:52 mais ce sont les personnes qui sont
00:34:54 le moins représentées
00:34:56 ou interpellées
00:34:58 sur cette question. On voit
00:35:00 les logements insalubres,
00:35:02 tous les travaux qu'il y a qui créent
00:35:04 de la pollution de l'air, de la pollution sonore,
00:35:06 de la pollution visuelle.
00:35:08 Il y a aussi
00:35:10 tout ce qui est de la question
00:35:12 des boulots, des boulots
00:35:14 des personnes. Les métiers sont pas
00:35:16 forcément...
00:35:18 sont pas forcément adaptés au changement
00:35:20 climatique, ou les personnes sont
00:35:22 pas forcément équipées pour.
00:35:24 - T'as un exemple précis en tête,
00:35:26 je sais pas... - Par exemple,
00:35:28 dans les chantiers pour les géos
00:35:30 et tous les autres chantiers, on voit qu'il y a plein de
00:35:32 personnes qui meurent d'accidents,
00:35:34 souvent qui sont exposées à des particules
00:35:36 ou des produits qui sont
00:35:38 pas du tout adaptés à l'homme,
00:35:40 qui sont vraiment nocifs.
00:35:42 Et on les laisse parce que c'est
00:35:44 une certaine catégorie de personnes qui
00:35:46 travaillent dans ce domaine-là.
00:35:48 Après, oui, c'est
00:35:50 toutes les usines qui sont
00:35:52 autour de chez nous, les échangeurs,
00:35:54 les voix,
00:35:56 le périph',
00:35:58 et tout ça, c'est autour de nous, mais
00:36:00 on n'a pas le droit de dire qu'on n'a
00:36:02 pas envie de ça, parce qu'on y vit,
00:36:04 malgré nous, en banlieue, c'est...
00:36:06 tout le monde
00:36:08 vit là-bas parce qu'ils ont...
00:36:10 c'est parce qu'ils appartiennent
00:36:12 à une certaine classe sociale,
00:36:14 et donc ils peuvent pas changer d'endroit,
00:36:16 et ils sont un peu
00:36:18 condamnés, et on leur donne
00:36:20 pas la parole. - Ouais, c'est une forme
00:36:22 où on s'habitue un peu. - C'est ça, on
00:36:24 s'habitue, parce que de toute façon,
00:36:26 on est obligés de faire avec.
00:36:28 - Une sorte de fatalisme. - Exactement,
00:36:30 c'est du fatalisme, on est obligés de faire avec,
00:36:32 dans tous les cas, on n'a pas
00:36:34 d'autre choix que de vivre ici,
00:36:36 et donc ça fait qu'il y a des personnes
00:36:38 qui subissent,
00:36:40 et surtout qu'on leur donne pas
00:36:42 la parole, donc...
00:36:44 qu'est-ce qu'on peut faire, finalement ? - Bah, banlieue climat,
00:36:46 j'imagine. - C'est une réponse !
00:36:48 - Exactement !
00:36:50 - Est-ce que cette expérience, Margot, ça fait écho
00:36:52 avec des trucs que toi t'as pu étudier ?
00:36:54 Je sais pas, que ce soit
00:36:56 dans d'autres zones en France, dans d'autres pays,
00:36:58 dans le monde, je ne sais pas. - Ouais,
00:37:00 bah, moi dans mon livre, il y a un fil conducteur
00:37:02 qui est le fait que
00:37:04 la transition, si on veut la réussir,
00:37:06 cette transition écologique, il faut absolument
00:37:08 que ça passe par
00:37:10 la justice sociale, en fait, c'est-à-dire que
00:37:12 imposer des mesures écolo, sans proposer
00:37:14 d'alternatives, sans inclure les populations,
00:37:16 sans aller aussi
00:37:18 vers de l'anti-racisme, vers de
00:37:20 l'anti-colonialisme, ça ne marchera pas
00:37:22 parce qu'en fait, on a le même
00:37:24 ennemi qui est le système
00:37:26 capitaliste, clairement, et
00:37:28 en fait, ce système capitaliste,
00:37:30 il est fondé sur l'exploitation des ressources,
00:37:32 et où est-ce qu'on va chercher ces ressources ?
00:37:34 Sur des terres, des terres où il y a
00:37:36 des populations qu'on essaie
00:37:38 peut-être de décrédibiliser
00:37:40 pour éviter qu'elles s'organisent.
00:37:42 Et donc ça, c'est clairement, on le voit
00:37:44 à l'échelle internationale,
00:37:46 par exemple, vous connaissez peut-être
00:37:48 la décharge, c'est toujours dur à dire,
00:37:50 à Glogboshi,
00:37:52 au Ghana, c'est dans la banlieue
00:37:54 d'Akra, la capitale,
00:37:56 et donc c'est une énorme décharge
00:37:58 à ciel ouvert, avec énormément de
00:38:00 déchets électroniques,
00:38:02 en fait, donc c'est la poubelle de l'Occident.
00:38:04 C'est comme les déchets
00:38:06 de vêtements en Indonésie.
00:38:08 Exactement,
00:38:10 et du coup, c'est pour ça que
00:38:12 les deux sont totalement liés,
00:38:14 que la justice sociale, ça doit être le fil conducteur
00:38:16 de toutes mesures écolos.
00:38:18 Est-ce que...
00:38:20 C'est un peu une question
00:38:22 qui me vient sur le lit, mais je me demande
00:38:24 s'il n'y a pas un sentiment
00:38:26 par moments d'abandon,
00:38:28 où on a l'impression qu'on abandonne nos territoires.
00:38:32 Je sais pas,
00:38:34 est-ce que toi, par exemple, quand tu étais
00:38:36 en banlieue, quand tu voyais
00:38:38 qu'il y avait des trucs qui étaient soit
00:38:40 toujours en construction, soit
00:38:42 tu as une usine juste à côté de chez toi, ou un échangeur comme Bagnolet,
00:38:44 parfois tu n'as pas l'impression d'être
00:38:46 abandonné par les gens qui pourraient
00:38:48 changer les choses ?
00:38:50 J'ai déjà eu ce sentiment-là, mais c'est pour ça aussi
00:38:52 que je m'engage aujourd'hui, je pense que ça vient
00:38:54 de là. C'est que
00:38:56 parfois on en a marre d'être
00:38:58 pas écouté du tout.
00:39:00 Et...
00:39:02 Enfin, il y en a qui s'en fichent,
00:39:04 qui font avec,
00:39:06 et ils ont le droit, c'est pas un souci.
00:39:08 Mais moi je sais que
00:39:10 ça me travaillait beaucoup,
00:39:12 et je trouvais ça difficile
00:39:14 de concevoir que je devais
00:39:16 supporter ça, sans rien dire.
00:39:18 Et je pense aussi que
00:39:20 c'est pour ça qu'il y a plein de gens qui commencent
00:39:22 à entrer en politique, alors qu'ils n'avaient pas
00:39:24 forcément l'environnement
00:39:26 pour, ou la vocation pour,
00:39:28 mais qui d'un coup s'engagent, même
00:39:30 des militants comme Féris, etc.
00:39:32 Je pense que ça naît aussi de ce constat de
00:39:34 on se sent condamné, on sait pas quoi faire,
00:39:36 donc peut-être qu'il faut prendre en main les choses
00:39:38 soi-même. - Et là t'as l'impression du coup
00:39:40 que vous êtes plus écoutée, pris au sérieux,
00:39:42 parce que vous êtes autour d'une structure
00:39:44 associative et qui prend de l'ampleur ?
00:39:46 - Je sais pas si on est écouté
00:39:48 totalement, mais en tout cas, par exemple,
00:39:50 de faire un live avec
00:39:52 Libération, c'est une chance inouïe.
00:39:54 Honnêtement, j'aurais pas imaginé ça
00:39:56 si je m'étais engagée
00:39:58 toute seule, sans structure autour de moi.
00:40:00 Le fait qu'on invite
00:40:02 Sana et Féris sur des plateaux
00:40:04 de télé pour parler de ça,
00:40:06 selon moi c'est déjà une petite victoire, parce qu'il y a de la représentation.
00:40:08 Et c'est important quand même.
00:40:10 - Mais justement, pourquoi c'est important ?
00:40:12 Parce que si je me mets
00:40:14 dans
00:40:16 un point de vue très naïf,
00:40:18 en fait, moi je peux me dire, je comprends pas en quoi
00:40:22 ça peut aider de
00:40:24 voir quelqu'un qui me ressemble parler de problèmes écolos.
00:40:26 Pourquoi est-ce que ça change rien ?
00:40:28 Pourquoi est-ce que ça change quelque chose, que ce soit une femme qui parle
00:40:30 d'écologie, ou... En quoi ça change
00:40:32 quelque chose ? - C'est comme
00:40:34 quand on est enfant et qu'on voit des gens
00:40:36 qui nous ressemblent faire des métiers
00:40:38 qu'on rêverait de faire. Par exemple,
00:40:40 là, Thomas Pesquet, c'est un grand astronaute.
00:40:42 Et aujourd'hui, il y a plein d'enfants
00:40:44 qui s'inspirent de lui, parce qu'il leur ressemble.
00:40:46 De voir des femmes
00:40:48 qui deviennent astronautes aussi,
00:40:50 ça inspire des jeunes filles à le faire.
00:40:52 Je sais plus, j'avais lu,
00:40:54 c'était le Parisien qui avait publié
00:40:56 une une qui disait que les femmes,
00:40:58 les filles allaient de moins en moins vers
00:41:00 les sciences, après le bac.
00:41:02 Et ça, je pense que c'est aussi lié
00:41:04 au fait qu'on voit moins de femmes
00:41:06 expertes, scientifiques à la télé, même si elles existent.
00:41:08 On leur donne pas forcément la parole.
00:41:10 Et c'est, en fait,
00:41:12 c'est pas conscientisé, mais
00:41:14 la représentation, ça joue
00:41:16 sur nos modèles. Et le fait de pas
00:41:18 avoir un modèle qui nous ressemble, on se dit que c'est impossible.
00:41:20 Donc on va pas aller vers ça.
00:41:22 Aujourd'hui, de voir des gens qui nous ressemblent prendre la parole
00:41:24 sur la question écologique, c'est se dire aussi
00:41:26 "Moi aussi, je suis légitime de parler de ça".
00:41:28 Et il y a aussi cette question de légitimité
00:41:30 qui est vraiment là,
00:41:32 qu'on oublie.
00:41:34 Mais une personne issue de banlieue,
00:41:36 elle peut se demander si elle est légitime
00:41:38 de parler de ça, parce qu'elle se sent pas
00:41:40 forcément écolo, c'est ce qu'on disait avec Féryce tout à l'heure.
00:41:42 Parce qu'on pose pas de mots dessus, mais on le fait
00:41:44 malgré nous.
00:41:46 Et est-ce que moi, même si je suis pas
00:41:48 écolo, militant,
00:41:50 est-ce que je suis légitime de parler de ça ?
00:41:52 Je pense que c'est aussi la question de légitimité qui est importante
00:41:54 dans la représentation.
00:41:56 - L'aspect légitimité, je rejoins totalement.
00:41:58 - L'aspect légitimité, c'est un truc que
00:42:00 toi, au fil du travail
00:42:02 que t'as fait sur ton livre, tu l'as
00:42:04 ressenti aussi ?
00:42:06 - La légitimité de parler de ces sujets ?
00:42:08 - Ouais, c'est ça. Dans des quartiers
00:42:10 plus populaires,
00:42:12 ce sentiment de peut-être
00:42:14 que je me sens pas légitime de parler de ces sujets.
00:42:16 - Tu veux dire sur la question
00:42:18 des quartiers populaires ? - Ouais.
00:42:20 - Moi, j'ai pas forcément une expérience,
00:42:22 j'ai pas grandi en quartier dit "populaire",
00:42:24 donc je sais pas si j'ai une légitimité à parler de ça.
00:42:26 Après, j'ai pas mal d'expérience
00:42:28 dans le milieu associatif écolo,
00:42:30 et là-dessus, on a fait
00:42:32 des ateliers d'écologie
00:42:34 populaire dans des écoles,
00:42:36 et là-dessus, je me sens plus légitime,
00:42:38 mais par contre, parler de quartier populaire,
00:42:40 là, non, je pense pas.
00:42:42 - Il y a un commentaire qui est hyper intéressant
00:42:44 dans le chat, que je vais prendre dès maintenant,
00:42:46 Stunt_HaloGo, qui dit
00:42:48 "après, ils auront les moyens d'acheter le bon air, la bonne eau,
00:42:50 la bonne nourriture". En fait, je trouve ça
00:42:52 particulièrement pertinent, puisque ça montre
00:42:54 déjà le lien
00:42:56 entre l'économie et l'écologie,
00:42:58 et la
00:43:00 différence
00:43:02 entre des quartiers potentiellement plus riches,
00:43:04 si on met des guillemets, et des quartiers potentiellement plus populaires,
00:43:06 le clivage qu'il y a entre les deux,
00:43:08 c'est quelque chose
00:43:10 qui existe, je sais pas, dans d'autres pays,
00:43:12 que toi, tu ressens ?
00:43:14 Par exemple, Margot, pour commencer.
00:43:16 - En fait, le truc, c'est qu'aujourd'hui,
00:43:18 quand on parle d'écologie,
00:43:20 on a l'impression que c'est un truc
00:43:22 de riche, dans l'imaginaire collectif.
00:43:24 Mais en fait, je pense qu'il y a vraiment un prisme qui est
00:43:26 assez faux, ou en tout cas que le système
00:43:28 essaie de nous faire gober,
00:43:30 qui est l'éco-citoyenneté. En fait, l'écologie,
00:43:32 ce serait faire les petits gestes,
00:43:34 alors c'est bien, je veux pas dire que c'est
00:43:36 mauvais de trier,
00:43:38 éviter
00:43:40 d'utiliser trop de plastique,
00:43:42 ces petites choses, et en fait, ça nous renvoie
00:43:44 à une vision hyper libérale
00:43:46 de l'écologie, qui serait centrée uniquement
00:43:48 sur l'action individuelle.
00:43:50 Donc, ça sur-responsabilise l'individu.
00:43:54 Alors certes, c'est bien,
00:43:56 ces petites choses, évidemment, mais en fait,
00:43:58 on peut pas s'arrêter à ça, parce que le problème, il est
00:44:00 absolument systémique, et du coup,
00:44:02 si c'est faire que ça, mais ça s'appelle pas
00:44:04 de l'écologie, ça s'appelle juste être en accord
00:44:06 avec certaines de ses valeurs,
00:44:08 juste, oui, je fais pas couler l'eau
00:44:10 deux heures, parce que juste, je trouve que c'est
00:44:12 mauvais, mais c'est pas...
00:44:14 c'est juste être, un minimum,
00:44:16 conscient, mais c'est pas une action politique
00:44:18 en tant que telle.
00:44:20 En fait, c'est l'aspect fondamental de notre comportement,
00:44:22 enfin, c'est vraiment notre mode de vie
00:44:24 qui pose problème,
00:44:26 et en fait,
00:44:28 oui, ce que
00:44:30 je disais, c'est le logo.
00:44:32 Après, ils auront les moyens
00:44:34 d'acheter la bonne air, le bon eau,
00:44:36 la bonne nourriture, c'est vrai que ça aide,
00:44:38 quand on a les sous,
00:44:40 on peut acheter
00:44:42 le bon pour
00:44:44 chaque aspect de notre vie,
00:44:46 mais oui, je trouve que c'est
00:44:48 notre mode de vie à tous
00:44:50 qui est problématique,
00:44:52 et souvent,
00:44:54 en fait, on nous dit,
00:44:56 sur les gestes écolos, on nous dit que c'est important
00:44:58 qu'il faut mettre en pratique
00:45:00 ces gestes écolos, etc.,
00:45:02 mais c'est beaucoup plus facile de mettre en pratique
00:45:04 des gestes écolos quand on a les sous,
00:45:06 et du coup, on culpabilise une certaine tranche de la société,
00:45:08 alors qu'ils ont pas forcément le choix,
00:45:10 c'est comme l'alimentation,
00:45:12 on va aller acheter de la nourriture
00:45:14 de mauvaise qualité parce qu'on
00:45:16 peut pas faire autrement,
00:45:18 alors que quand on a de l'argent,
00:45:20 un capital financier,
00:45:22 dans ce cas-là, on peut se permettre d'acheter
00:45:24 de la bonne nourriture locale,
00:45:26 biologique, etc.,
00:45:28 mais je trouvais ce commentaire pertinent.
00:45:30 - Et fondamentalement,
00:45:32 on a un autre exemple, c'est la voiture électrique.
00:45:34 Je vais prendre un exemple
00:45:36 personnel.
00:45:38 Aujourd'hui, je roule en moto électrique,
00:45:40 et j'en suis relativement content,
00:45:42 même si c'est une toute petite
00:45:44 bécane qui est pas hyper puissante,
00:45:46 et du coup, je peux pas aller très très loin.
00:45:48 J'aimerais bien investir dans une moto
00:45:50 un peu plus puissante,
00:45:52 mais du coup, si je veux rester sur l'électrique,
00:45:54 ça commence à monter dans des 10,
00:45:56 15, 20, 30, 40, 50 000 euros.
00:45:58 Jamais je mets le prix
00:46:00 d'un petit appart dans une moto, jamais.
00:46:02 Mais du coup, je me dis quasiment
00:46:04 que je vais repasser à la thermique, mais c'est terrible
00:46:06 de se retrouver à penser à ça.
00:46:08 - En fait, il faut que les mesures
00:46:10 soient accompagnées.
00:46:12 Il faut une gradation.
00:46:14 Là, par exemple, le leasing
00:46:16 pour les personnes en situation
00:46:18 de précarité, le leasing de voitures électriques,
00:46:20 c'est une très bonne chose. Après, on voit que c'est assez limité,
00:46:22 finalement, il n'y a pas tant de voitures que ça
00:46:24 qui sont pour l'instant disponibles, mais ça, typiquement,
00:46:26 c'est une mesure qui aurait, par exemple,
00:46:28 évité peut-être une partie
00:46:30 du mouvement des gilets jaunes, parce qu'en fait,
00:46:32 il y a eu une taxe carbone qui a clairement
00:46:34 pénalisé les plus précaires qui avaient
00:46:36 besoin de leur voiture au quotidien
00:46:38 pour aller au travail. Et du coup, évidemment,
00:46:40 il y a une contestation sociale parce que
00:46:42 ce n'est pas accompagné. Donc, après,
00:46:44 il y a la question de l'électrique. Est-ce que l'électrique,
00:46:46 c'est la panacée ou pas ? Bon, pas sûr non plus.
00:46:48 Après, sur la moto, c'est différent,
00:46:50 mais sur la voiture électrique,
00:46:52 c'est vrai qu'on met énormément
00:46:54 de marketing autour de la voiture électrique, mais en fait,
00:46:56 le gros problème, en tout cas, l'enjeu,
00:46:58 c'est de sortir de la voiture individuelle.
00:47:00 En fait, c'est...
00:47:02 Là, on a l'impression qu'il suffit de changer le moteur pour
00:47:04 que ça soit écolo, mais ça pose énormément
00:47:06 de questions en termes d'eau,
00:47:08 d'extraction de matières premières, de biodiversité.
00:47:10 Et en fait, il faut...
00:47:12 Enfin, il ne faut pas
00:47:14 passer d'un modèle A à un modèle A'.
00:47:16 En fait, il faut juste, en changeant le moteur,
00:47:18 s'échanger de modèle.
00:47:20 Voilà.
00:47:22 - Mais c'est une tâche qui est gardante.
00:47:24 J'ai l'impression que
00:47:26 pour arrêter de foncer à 130 km/h
00:47:28 dans un mur
00:47:30 de réchauffement climatique,
00:47:32 de problèmes climatiques, il faut faire
00:47:34 un 360 degrés dans notre société.
00:47:36 - Mais en soi, nos grands-parents,
00:47:38 ils ne vivaient pas comme nous.
00:47:40 C'était...
00:47:42 En fait, le changement, il a été
00:47:44 très rapide et très intense.
00:47:46 Après, c'est à nous de faire des sacrifices
00:47:48 sur notre mode de vie.
00:47:50 On n'est pas tous capables de le faire.
00:47:52 Même moi, je trouve ça hyper compliqué.
00:47:54 Je ne suis pas du tout parfaite.
00:47:56 - Après, sur les sacrifices,
00:47:58 les sacrifices doivent être différenciés aussi.
00:48:00 C'est-à-dire que la moyenne
00:48:02 de l'empreinte carbone en France,
00:48:04 ça fait 10 tonnes de CO2 par personne.
00:48:06 Mais les 50 % les plus précaires,
00:48:08 les moins riches,
00:48:10 c'est 5 tonnes leur empreinte carbone.
00:48:12 Donc, en fait, certes, les très riches,
00:48:14 par exemple, les 1 % des plus riches en France,
00:48:16 leur empreinte carbone, c'est 56 tonnes.
00:48:18 - C'est énorme.
00:48:20 - La moitié, c'est de l'avion.
00:48:22 Il y a une partie des très riches qui doivent absolument
00:48:24 décroître pour permettre à une catégorie
00:48:26 plus précaire de croître, justement.
00:48:28 - Je vais prendre un commentaire
00:48:30 très intéressant.
00:48:32 En fait, j'en prends plusieurs parce qu'il y en a un autre qui m'a fait péter de rire.
00:48:34 Fournia Lordeur qui demande
00:48:36 "Alors, comment être écologiste sans les riches ?"
00:48:38 Et Stuntologo
00:48:40 qui lui répond "Il faut les manger avant qu'ils ne nous mangent."
00:48:42 - Il faut taxer les riches.
00:48:44 - Non, mais après,
00:48:46 Fournia Lordeur reprend sa question.
00:48:48 "Comment contraindre les riches à devenir plus éco-responsables ?
00:48:50 Est-ce que c'est seulement possible, en fait ?"
00:48:52 Ah, c'est une grosse question, ça.
00:48:54 - Oui,
00:48:56 en fait, ça demande une ambition.
00:48:58 Ça demande une ambition politique.
00:49:00 C'est-à-dire qu'il y a un moment où il va falloir
00:49:02 taxer.
00:49:04 Je suis persuadée que...
00:49:06 Et puis après, à plus long terme, et de manière un peu plus douce,
00:49:08 je pense qu'il y a aussi
00:49:10 un truc à jouer sur
00:49:12 le rêve collectif.
00:49:14 Est-ce que le rêve collectif, ce qu'on souhaite,
00:49:16 ce qu'on trouve désirable, c'est aller
00:49:18 à Dubaï passer toutes ses vacances,
00:49:20 s'acheter des Rolex, ou est-ce que le rêve
00:49:22 collectif, c'est plus de
00:49:24 sobriété, plus de liens, moins de bien ?
00:49:26 Enfin, voilà, il y a cette
00:49:28 question aussi de ce qu'on prône
00:49:30 comme modèle sociétal.
00:49:32 - Alors, il y a plein d'éléments
00:49:34 hyper intéressants qu'on fait écho avec d'autres parties de ce
00:49:36 stream que j'ai prévu, mais je voudrais qu'on revienne
00:49:38 un tout petit peu en arrière pour que,
00:49:40 Margot, tu nous expliques un petit peu
00:49:42 si les problèmes
00:49:44 écologiques qui existent dans les
00:49:46 banlieues que Rania t'as décrites tout à l'heure, ça existe
00:49:48 dans d'autres zones ? - Ouais.
00:49:50 - Que ce soit aux Etats-Unis, ou dans d'autres pays, ou dans d'autres...
00:49:52 - Ben oui, ça existe, en fait,
00:49:54 partout dans le monde, et c'est pas nouveau,
00:49:56 non plus. Par exemple,
00:49:58 j'avais lu que dans les années 80,
00:50:00 en fait, aux Etats-Unis, il y a par exemple eu
00:50:02 un moment où l'État,
00:50:04 la puissance publique, a décidé d'aller
00:50:06 mettre des déchets
00:50:08 toxiques en Caroline
00:50:10 du Nord, dans une ville.
00:50:12 Qui était en plus composée à 60%
00:50:14 d'Afro-Américains, donc il y avait une surreprésentation
00:50:16 de personnes racisées dans
00:50:18 cette ville, et grosses manifestations,
00:50:20 notamment de personnes racisées,
00:50:22 les manifestations malheureusement échouent,
00:50:24 les déchets
00:50:26 toxiques sont finalement
00:50:28 enfouis quand même dans
00:50:30 une banlieue pas riche,
00:50:32 et
00:50:34 c'est un échec,
00:50:36 mais finalement, ça ouvre
00:50:38 d'autres perspectives, parce qu'il y a une étude
00:50:40 qui va finalement montrer qu'il y a
00:50:42 une corrélation aux Etats-Unis,
00:50:44 entre l'ethnicité
00:50:46 des gens, et la présence
00:50:48 de déchets toxiques enfouis
00:50:50 sous terre.
00:50:52 Donc il y a bien une corrélation,
00:50:54 en France on n'a pas de statistiques
00:50:56 ethniques, mais en fait,
00:50:58 on a des statistiques sur les personnes les plus précaires,
00:51:00 ou les personnes immigrées, qui sont à côté de
00:51:02 zones toxiques,
00:51:04 donc ça existe partout dans le monde,
00:51:06 et dans le Sud global.
00:51:08 On a un exemple aussi
00:51:10 en France, même si c'est pas la
00:51:12 métropole, en Outre-mer,
00:51:14 l'histoire du Chlordécone, aux Antilles,
00:51:16 type là. - Alors, moi je manque
00:51:18 de culture, vous pouvez me dire ce que c'est l'histoire du Chlordécone ?
00:51:20 - Alors, on peut expliquer à deux.
00:51:22 - Oui, oui, oui, si. - Le Chlordécone,
00:51:24 c'est une
00:51:26 molécule qui est dans un pesticide
00:51:28 qui a été produit
00:51:30 par Monsanto, il me semble que c'était Monsanto
00:51:32 qui le faisait, non ? - Peut-être, là, je sais
00:51:34 pas qui est le fabricant. - Bon, en France, ça a été produit
00:51:36 dans un pesticide qui a été
00:51:38 utilisé abondamment
00:51:40 sur des territoires aux Antilles,
00:51:42 c'était utilisé
00:51:44 sur des terrains où on produisait
00:51:46 des bananes. Et du coup,
00:51:48 actuellement, il y a énormément de cas
00:51:50 de cancer de la prostate,
00:51:52 en Guadeloupe, en Martinique,
00:51:54 et les terrains, certains terrains,
00:51:56 sont condamnés pour 700 ans.
00:51:58 En gros, la molécule,
00:52:00 elle est tellement nocive
00:52:02 que pour 700 ans, les bananes
00:52:04 sont mauvaises pour la santé.
00:52:06 Et donc,
00:52:08 il y a une corrélation
00:52:10 entre la production de bananes
00:52:12 avec du chlordécone et la montée
00:52:14 des cas de cancer de la prostate, là-bas.
00:52:16 Et ça, c'est un scandale
00:52:18 qui vient d'être
00:52:20 reconnu par l'État, il n'y a pas très longtemps.
00:52:22 Voilà, en fait, je vais tout expliquer.
00:52:24 Je sais pas. - Non, mais ce qui est terrible
00:52:26 aussi... Ah ! Oups, désolée.
00:52:28 - T'inquiète, ça va, en fait, aussi. - Ce qui est terrible,
00:52:30 c'est qu'en fait, en métropole,
00:52:32 le chlordécone a été interdit
00:52:34 dans les années 80 ou 90, je sais plus
00:52:36 exactement, mais il y a eu une dérogation
00:52:38 dans les bananeraies aux Antilles, parce que
00:52:40 aujourd'hui, il n'y avait pas forcément d'alternative,
00:52:42 en tout cas, on n'a pas voulu trouver d'alternative
00:52:44 parce que c'était peut-être très efficace
00:52:46 contre les différents
00:52:48 nuisibles dans les bananeraies.
00:52:50 Et finalement, au détriment des populations
00:52:52 locales. Donc aujourd'hui, c'est reconnu
00:52:54 scandale sanitaire par l'État.
00:52:56 - Mais c'est comme... Pardon, je t'interromps.
00:52:58 Mais c'est comme le fait que
00:53:00 t'as des marques comme
00:53:02 Nestlé et compagnie qui produisent
00:53:04 certains produits... Enfin, qui produisent
00:53:06 des aliments
00:53:08 avec certains ingrédients
00:53:10 qui sont nocifs pour la santé, interdits en Europe,
00:53:12 mais qui sont
00:53:14 produits en Europe et ensuite exportés
00:53:16 en Afrique. Et en Afrique,
00:53:18 il me semble que c'était le produit Nido.
00:53:20 Nido, c'est consommé en Afrique, et en fait,
00:53:22 dedans, c'est pas du tout bon
00:53:24 pour la santé. C'est comme aussi du lait en poudre
00:53:26 qui est produit en Afrique,
00:53:28 et en fait, c'est pas du tout bon. Et Nestlé,
00:53:30 le vent en Afrique, cependant, c'est interdit en Europe.
00:53:32 Enfin, vraiment, la molécule
00:53:34 est interdite en Europe.
00:53:36 C'est complètement banni.
00:53:38 Et eux, ils l'exportent tranquillement, ils se font des sous sur ça.
00:53:40 - OK.
00:53:42 C'est réjouissant. - Bref, c'est partout
00:53:44 dans le monde, en fait. Et puis,
00:53:46 tout ce qu'on a désindustrialisé
00:53:48 en France, qu'on a finalement...
00:53:50 Qu'on importe maintenant
00:53:52 d'Asie ou d'autres
00:53:54 pays, en fait, c'est la même
00:53:56 rengaine. C'est-à-dire qu'on crée des
00:53:58 havres de pollution un peu
00:54:00 partout dans le monde, et on délocalise notre
00:54:02 pollution au bout du monde,
00:54:04 vers des pays qui sont moins disants
00:54:06 socialement et écologiquement.
00:54:08 - Je vais prendre la question de Imself33
00:54:10 qui, pour info,
00:54:12 nous regarde souvent sur le Tute de Libération.
00:54:14 C'est un habitué. Donc, merci
00:54:16 Imself d'être toujours présent pour nous.
00:54:18 Et qui demande "Les personnes riches
00:54:20 pollueuses qui payent, ne se sentent-elles pas
00:54:22 la conscience tranquille du seul fait
00:54:24 qu'elles peuvent aisément payer ?"
00:54:26 Alors...
00:54:28 - J'y vais.
00:54:30 Non, mais c'est vrai que cette question,
00:54:32 elle est intéressante parce que
00:54:34 c'est important, par exemple, de taxer
00:54:36 les produits les plus émetteurs.
00:54:38 Par exemple, là, l'Union Européenne
00:54:40 va mettre une taxe
00:54:42 carbone aux frontières selon
00:54:44 le carbone émis
00:54:46 par tel ou tel produit. Ça, c'est une bonne mesure.
00:54:48 Mais, en fait, on peut se dire "c'est bien, mais
00:54:50 les riches, ils peuvent continuer à acheter, donc
00:54:52 très bien". Donc, c'est pour ça que
00:54:54 la taxation, elle doit aller de pair avec des
00:54:56 mesures d'interdiction, en fait,
00:54:58 qui sont peut-être aussi plus faciles à mettre en place.
00:55:00 On interdit, par exemple, l'amiante
00:55:02 dans la construction de bâtiments. Tac, c'est fini.
00:55:04 Alors, évidemment, ça continue, c'est pas fini,
00:55:06 fini, mais aujourd'hui, on
00:55:08 n'utilise plus d'amiante dans les bâtiments
00:55:10 et c'est une manière de régler le problème
00:55:12 de manière drastique et radicale.
00:55:14 - Ce que vous disiez tout à l'heure sur le
00:55:16 Jordaicone, ça fait écho à
00:55:18 ce qu'on disait aussi toute la journée
00:55:20 des problèmes climatiques dans les banlieues,
00:55:22 c'est l'impact sur la santé
00:55:24 qui est conséquent.
00:55:26 Et alors, on a beaucoup parlé de
00:55:28 maladies respiratoires, d'asthme,
00:55:30 je crois même avoir lu un papier qui parle
00:55:32 même que ça pouvait avoir des
00:55:34 conséquences sur le diabète.
00:55:36 Mais en plus de tout ça,
00:55:38 il y a un élément qui
00:55:42 me marque quand je pense à ça, c'est
00:55:44 notamment les canicules.
00:55:46 Corrigez-moi si je me trompe, mais il me semble qu'en banlieue,
00:55:48 l'organisation du territoire,
00:55:50 on va dire, la manière
00:55:52 dont sont placés les bâtiments,
00:55:54 comment la quantité d'espace
00:55:56 qu'il y a fait que la chaleur est
00:55:58 ressentie beaucoup plus
00:56:00 fortement. Et mettons
00:56:02 par exemple, on sait que les
00:56:04 personnes plus âgées,
00:56:06 les seniors, ressentent
00:56:08 beaucoup plus difficilement la canicule,
00:56:10 je n'ose pas imaginer
00:56:12 une personne plus âgée qui habite en banlieue,
00:56:14 au 7ème étage
00:56:16 de je sais pas quel tour d'immeuble,
00:56:18 à quel point ça peut être compliqué pour elle.
00:56:20 Je sais pas si dans tes proches
00:56:22 ou dans les gens que tu connais, t'as déjà vécu des trucs comme ça,
00:56:24 ou vu des choses comme ça ?
00:56:26 Oui, clairement. Déjà,
00:56:28 il n'y a pas tout le monde qui a la clim
00:56:30 chez soi en banlieue.
00:56:32 Tu fermes les stores,
00:56:34 c'est pas forcément agréable.
00:56:36 Il y a aussi de la surpopulation dans certains
00:56:38 appartements, dans certains logements.
00:56:40 C'est sûr qu'être assise
00:56:42 dans un appartement alors qu'à côté
00:56:44 dans un quartier riche, on est à deux
00:56:46 dans un château, limite,
00:56:48 c'est sûr que c'est beaucoup plus agréable.
00:56:50 Avec la clim en plus, on le ressent
00:56:52 différemment, ça c'est clair.
00:56:54 Et même les personnes âgées,
00:56:56 il y a plein d'histoires, chaque été,
00:56:58 quand il y a une canicule,
00:57:00 il y a une personne à je sais pas quel étage
00:57:02 qui n'a pas pu descendre,
00:57:04 qui avait des soucis,
00:57:06 qui a eu un accident,
00:57:08 qui est décédée ou autre,
00:57:10 parce qu'elle était toute seule
00:57:12 et parce que son appartement n'était pas
00:57:14 adapté, n'était pas aux normes,
00:57:16 et donc elle a subi
00:57:18 la canicule.
00:57:20 Et oui, on voit plein de cas comme ça.
00:57:22 Mais je pense que oui,
00:57:24 l'aménagement du territoire en banlieue fait
00:57:26 qu'on subit plus pendant les canicules.
00:57:28 - Sur le côté végétalisation aussi,
00:57:30 où il y a des grands ensembles qui ont été
00:57:32 construits sans mettre
00:57:34 pas de barres. - Est-ce que tu peux nous expliquer
00:57:36 un peu ce que c'est la végétalisation et en quoi
00:57:38 c'est important dans une zone donnée
00:57:40 qu'il y ait de la végétation, tout simplement.
00:57:42 Je peux juste te rapprocher un tout petit peu du micro.
00:57:44 - Il y a plusieurs
00:57:46 impacts positifs à la végétalisation.
00:57:48 Sur les canicules que tu évoquais,
00:57:50 en fait, en milieu
00:57:52 très urbain, on parle d'îlot de
00:57:54 chaleur urbain. C'est-à-dire que
00:57:56 quand la nuit tombe,
00:57:58 en période de canicule,
00:58:00 le béton, qui a emmagasiné de la chaleur
00:58:02 tout au long de la journée parce que c'est un matériau
00:58:04 qui est foncé, ça va
00:58:06 rejeter toute la chaleur et du coup
00:58:08 pendant la nuit,
00:58:10 on ne va pas avoir une baisse significative de température.
00:58:12 Et donc c'est super compliqué parce que
00:58:14 du coup notre organisme, il n'est pas
00:58:16 fait pour avoir 25-26°C
00:58:18 la nuit. Et donc se dormir
00:58:20 devient super compliqué.
00:58:22 Donc il y a déjà cet aspect
00:58:24 qui est totalement lié à la santé,
00:58:26 clairement. Et puis la végétalisation,
00:58:28 c'est aussi bon pour la biodiversité,
00:58:30 typiquement, mais c'est aussi bon pour
00:58:32 le bien-être mental.
00:58:34 Il y avait notamment des études
00:58:36 que j'avais lues
00:58:38 qui montraient que, en fait, quand tu es en hôpital,
00:58:40 quand ta fenêtre
00:58:42 donne sur un immeuble,
00:58:44 tu t'enguerris moins vite que quand ta fenêtre
00:58:46 donne sur un
00:58:48 lieu végétal, quand tu as des problèmes mentaux.
00:58:50 Et en fait, c'est assez
00:58:52 logique. C'est vrai qu'il y a quand même une sensation d'apaisement
00:58:54 face à la nature, plutôt que
00:58:56 quand tu es dans un lieu super dense
00:58:58 avec beaucoup de bruit.
00:59:00 C'est assez logique.
00:59:02 - Et ce qui répond à ta réflexion, Planète Dodo,
00:59:04 dans le chat, qui est également quelqu'un qui
00:59:06 nous regarde beaucoup à l'émersion, et qui disait
00:59:08 "J'ai l'impression aussi que les HLM sont des zones avec beaucoup plus
00:59:10 de bitume, donc
00:59:12 de la température plus élevée". C'est exactement
00:59:14 ce que tu racontes.
00:59:16 - Je ne sais pas si tu as
00:59:18 entendu tout à l'heure à Saint-Ouen, mais il me semble que
00:59:20 la chercheuse
00:59:22 Séverine disait que... - Séverine De Gaine,
00:59:24 - Elle disait que
00:59:26 quand on avait de la pollution
00:59:28 sonore,
00:59:30 du coup, c'était pas bon pour le sommeil.
00:59:32 Les travaux
00:59:34 à côté, ça a créé
00:59:36 des... - Des troubles nerveux.
00:59:38 - Oui, des troubles du sommeil.
00:59:40 - Oui, clairement, en fait, rien n'est
00:59:42 bon pour notre santé, après.
00:59:44 - Et par ailleurs,
00:59:46 tout à l'heure, Féris Barcade, pour
00:59:48 ceux qui nous rejoignent, qui est le cofondateur de Banlieue
00:59:50 Climat, une association qui se
00:59:52 bat pour la défense
00:59:54 de l'environnement au sein des banlieues,
00:59:56 pour conscientiser les gens à ces
00:59:58 questions-là. Et tout à l'heure,
01:00:00 il était au micro, à l'estrade,
01:00:02 il parlait de beaucoup de choses intéressantes,
01:00:04 notamment il a fait une vanne qui était rigolote,
01:00:06 il parlait de végétalisation, de
01:00:08 développement de l'écosystème,
01:00:10 et il parlait de la développement de l'écosystème,
01:00:12 et il parlait de la développement de l'écosystème,
01:00:14 et il parlait de la développement de l'écosystème,
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