Pierre Chasseray, délégué général de l'association 40 millions d’automobilistes, répond aux questions d’Alexandre Le Mer.
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00:00 L'invité éco avec Banque Populaire, engagé aux côtés de ceux qui entreprennent.
00:05 Il est 6h41 sur Europe 1, si vous prenez la route ce week-end ou que vous êtes en vacances,
00:11 vous risquez bien de voir le prix à la pompe augmenter.
00:14 Dans certaines stations, le prix de sans plomb 95 frôle maintenant les 2 euros, 1,91 euros en moyenne.
00:19 C'était 1,80 euros seulement au mois de janvier.
00:22 Le prix du gazole quant à lui bondit de 21 centimes sur un an.
00:25 Alors faut-il oui ou non plafonner les prix des carburants ?
00:29 On en parle ce matin avec mon invité sur Europe 1. Bonjour Pierre Chasseret.
00:33 Bonjour Alexandre, bonjour à tous.
00:35 Délégué général de l'association 40 millions d'automobilistes, alors vous votre réponse elle est claire,
00:40 vous venez de lancer une pétition pour plafonner les prix des carburants.
00:45 1,50 euros et on a trouvé un nom d'opération qui va être très facile à retenir, ça s'appelle 1euro50.fr.
00:53 Comme ça on ne peut pas faire mieux, vous allez tomber sur un site internet
00:56 où vous allez voir qu'on a mis une petite vidéo parce qu'on est parti demander aux français
01:01 qu'il était pour eux le juste prix à la station service.
01:04 Mais en fait ce que les français nous disent à l'unanimité, ce que les automobilistes nous disent, c'est 1,50 euros.
01:09 Alors quand on voit que les prix certainement la semaine prochaine vont dépasser les 2 euros le litre,
01:15 ça va redevenir un sujet extrêmement politique parce que par cette fiscalité qui s'abat sur les carburants,
01:22 on est tout simplement en train de confiner une partie de la population à domicile,
01:26 celle qui n'a plus les moyens de soutenir des tarifs aussi fous.
01:30 - Bien 1,50 euros c'est le tarif maximum envisageable après votre consultation Pierre Chasserey,
01:37 mais comment pensez-vous, parce qu'il faut le rendre réel ce chiffre,
01:42 que cette baisse, qu'une telle baisse puisse être financée ?
01:46 - Alors ça paraît fou et en même temps c'est facile.
01:50 Partons du constat aujourd'hui que quand on paye, on n'est pas en train de payer une fiscalité à hauteur de 60%,
01:55 60% sur le prix du carburant actuellement, ça ne s'appelle plus de la fiscalité, ça s'appelle une rançon.
02:01 Donc sur le droit de rouler, qu'est-ce qu'on va mettre en place ?
02:04 On propose une baisse de la TVA ou une baisse de la TICPE, les deux taxes qui s'abattent sur les français.
02:10 - Oui la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques.
02:15 - Exactement, ou alors tout simplement aussi, parce que ça c'est fou,
02:19 en France on a une mécanique assez dingue sur les carburants, on paye une TVA sur la TICPE,
02:24 c'est-à-dire une taxe sur la taxe.
02:26 - Une taxe sur une taxe, oui.
02:27 - Donc il faut être complètement barjo pour avoir mis ça en place.
02:31 Si vous revenez sur un système fiscal acceptable, on va s'approcher déjà un petit peu plus d'un euro 60,
02:38 et dans ces cas-là il restera quoi ?
02:40 Un dernier effort à faire porter à qui ?
02:43 A la distribution et aux raffineurs évidemment, il ne faut pas les oublier.
02:47 Et si tout le monde s'y met, on arrivera à ce prix d'un euro 50.
02:50 - Pierre Chasseret, on entend votre colère, et vous qui parlez d'effort,
02:53 il faut rappeler quand même que l'État est en train de chercher actuellement des économies à tous les étages,
02:58 on cherche à déshabiller Pierre alors qu'il n'y a déjà plus rien pour habiller Paul.
03:02 La TICPE...
03:03 - C'est moi Pierre en plus, c'est vrai.
03:04 - Oui c'est vous Pierre en plus, voilà.
03:05 Il faut rappeler que la TICPE elle rapporte 30 milliards d'euros par an à l'État,
03:10 je crois que c'est plus la moitié des recettes publiques liées au secteur des transports.
03:13 Il faut bien la compenser si on la supprime ?
03:16 - C'est simple, TVA + TICPE en France c'est 45 milliards d'euros,
03:20 c'est-à-dire grosso modo pour se rendre compte,
03:22 quasi la moitié de la TVA à l'échelle française et la moitié de l'impôt sur le revenu.
03:27 Donc ce n'est pas anodin, mais c'est trop.
03:29 C'est-à-dire que l'automobiliste est devenu la variable d'ajustement d'un budget qui est mal géré.
03:32 L'utilisation des données publiques n'est pas à la hauteur.
03:35 Quand on revient à l'époque Nicolas Sarkozy, il faut remonter un petit peu,
03:39 mais les taxes carburants rapportaient à l'État en gros 30 milliards d'euros.
03:43 Aujourd'hui c'est 45, ce n'est plus de l'inflation à ce niveau-là.
03:46 C'est pourquoi ? Parce que le gouvernement Hollande,
03:49 avec un ministre de l'économie et des finances qui s'appelait à l'époque
03:52 roulement de tambour Emmanuel Macron,
03:54 a mis en place une augmentation de la fiscalité
03:57 où on a augmenté comme des barjots l'essence
04:00 et comme des fous furieux le diesel pour aligner les carburants par le haut.
04:04 Et on se retrouve depuis Hollande avec une problématique fiscalité sur les carburants
04:10 qui revient franchement, ça devient un marronnier.
04:12 C'est-à-dire que tous les six mois, on retrouve ce même sujet.
04:17 Ça suffit, revenons sur cette fiscalité parce qu'en plus,
04:20 économiquement parlant, pardonnez-moi, mais c'est une connerie de surfiscaliser.
04:25 Pourquoi ? Parce que c'est de l'argent qui ne travaille pas dans la société.
04:28 C'est un impôt direct, vous en avez besoin, vous allez bosser, vous faites le plein.
04:31 L'argent part directement à l'État.
04:33 Il n'a pas travaillé cet argent.
04:35 Pour l'instant, le gouvernement n'a pas basculé entre d'autres mains.
04:37 Pas d'annonce du côté du gouvernement pour l'instant
04:39 pour lisser cette hausse des prix à la pompe.
04:42 On se souvient quand même de ce qu'avait dit Bruno Le Maire.
04:45 C'était au mois de décembre.
04:47 Il avait dit que s'il est à 1,95€ ou 2€ le litre était à nouveau atteint,
04:52 l'indemnité carburant aux plus modestes serait réactivée.
04:56 Il faut y aller là pour vous, on y est ?
04:58 Non, parce que le problème, c'est que cette aide ciblée
05:02 que met systématiquement en place le gouvernement,
05:05 c'est-à-dire 100 balles et 1 mars,
05:07 et bien cette aide ciblée, quand on sait que l'archer,
05:11 celui qui tient l'arc et la flèche, c'est Bruno Le Maire,
05:14 vous avez la garantie que vous passez à côté de la cible.
05:18 Vous passez à côté de la cible.
05:20 Donc cibler, ça ne sert à rien parce que ça ne change pas le prix à la pompe.
05:23 Vous savez, le prix le plus affiché dans notre vie au quotidien,
05:27 que l'on soit automobiliste ou pas,
05:28 le prix que l'on voit le plus, c'est celui qui est affiché à la pompe.
05:32 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, le prix du litre d'essence a supplé
05:35 le prix de la baguette de pain en indices économiques.
05:38 Donc si ce n'est pas une aide qu'il faut, c'est baisser le prix à la pompe.
05:41 - Non mais d'accord, Pierre Chassol, on a parlé des taxes, certes, en effet,
05:44 mais cette hausse, elle découle aussi de l'augmentation du prix du baril.
05:48 90 dollars, il y a la guerre au Proche-Orient,
05:51 il y a aussi ce phénomène saisonnier qu'on appelle la "driving season",
05:54 c'est les Américains qui prennent la route en masse avec les vacances aux États-Unis.
06:00 - Oui, eux, ils peuvent.
06:02 - Ça suffit en tout cas à tirer la demande.
06:03 Est-ce que c'est vraiment à l'état de compenser cette hausse des prix ?
06:08 - Alors deux choses, l'Ukraine, elle a bon dos, donc on va arrêter avec la guerre.
06:11 - Là, je parlais du Proche-Orient.
06:12 - C'est pas l'Ukraine qui a monté tous les prix en France.
06:14 Proche-Orient, pareil, ça a eu un effet sur l'augmentation du prix du baril,
06:18 mais le prix du baril, il faut savoir qu'il est 20 dollars plus bas
06:22 que ce qu'il était au moment de l'accession de François Hollande au pouvoir.
06:25 Donc on n'est pas sur un prix du baril aujourd'hui qui est exorbitant.
06:30 Il est plus cher que d'habitude, mais il n'est pas exorbitant.
06:32 Or, on n'arrive pas à retrouver les tarifs de l'époque,
06:36 parce que la fiscalité qui a été apposée depuis maintenant une dizaine d'années
06:41 par le gouvernement Hollande a mis un frein considérable sur la mobilité.
06:47 Et taxer la mobilité, prenons quelques exemples.
06:50 Allez, deux exemples simples.
06:51 Ce matin, il y a des papas, des mamans qui vont prendre leur voiture
06:55 pour amener leur gamin à l'école.
06:57 60% de taxes pour ce type de déplacement.
07:00 Vous avez des gens qui vont se rendre à l'hôpital.
07:02 Cette mobilité est taxée à 60% sur les prix des carburants.
07:05 Ce n'est plus audible.
07:07 Pierre Chasseret, votre pétition pour un prix de l'essence plafonnée à 1,50 € le litre.
07:12 Combien de signataires ce matin ?
07:14 On approche le million.
07:15 On approche le million.
07:16 Merci Pierre Chasseret.
07:18 Délégué général, je le rappelle, de l'association 40 millions d'automobilistes sur Europe 1.