• il y a 6 mois

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00:00 On se le disait quotidiennement, souvent,
00:03 que c'était trop beau pour être vrai.
00:07 Et je lui disais des fois le soir,
00:10 "Mais qu'est-ce qui va nous arriver pour mettre fin à tout ça ?"
00:14 Tellement que c'était comme un rêve.
00:18 Benjamin, un policier de 34 ans, a perdu la vie lors d'une course poursuite.
00:21 Avec sa compagne Mélissa, il devait se marier ce 20 avril.
00:25 Elle aimerait tout de même le faire à titre posthume,
00:27 ce qui est encore aujourd'hui interdit par la loi.
00:29 Mélissa, il y a quelques jours, vous perdez votre futur mari,
00:33 qui était policier Benjamin, dans l'exercice de ses fonctions.
00:36 Vous deviez vous marier ce 20 avril,
00:38 en un mariage qui n'est pas possible à titre posthume.
00:41 Il m'a fait sa demande au mois de février, à Saint-Valentin l'année dernière.
00:46 Et en fait, le mariage pour nous,
00:51 honnêtement, ça ne représentait pas vraiment beaucoup à nos yeux
00:57 parce que voilà, on avait nos enfants.
00:59 Et pour moi, les enfants, ça ne représente plus qu'un mariage.
01:03 Le souci, c'est qu'en Belgique, au niveau de la loi,
01:07 en tant que cohabitant légaux,
01:12 ça ne veut rien dire au cas où il arrive quelque chose à l'autre.
01:18 Et donc, oui, il m'a fait sa demande pour me faire plaisir,
01:24 parce qu'il savait bien que pour moi, c'était important
01:27 que mon papa m'accompagne à l'église.
01:32 Et dans ses derniers jours ici, bien avant tout ça,
01:35 il me disait que c'était aussi important pour lui
01:39 parce que c'était certainement l'un des seuls de ses frères qui allaient se marier
01:43 et que lui aussi voulait accompagner sa maman
01:47 et qu'il sait bien que ça allait la rendre très heureuse.
01:53 Mais si on se mariait avant tout, c'était justement au cas où.
02:01 Au cas où il arriverait quelque chose.
02:05 C'est arrivé sans qu'on ne peuvent se marier.
02:10 Et il y a 15 jours, on était faire une retraite par rapport au mariage
02:15 qui nous avait été conseillée par notre curé.
02:19 En fait, la retraite, ça consiste à poser diverses questions
02:24 par rapport à notre relation, depuis le début.
02:28 Ça faisait combien de temps que vous étiez ensemble ?
02:30 Ça allait faire 13 ans, ici, au mois d'avril.
02:33 Et ici, j'ai repris son cahier.
02:37 Parce que dans le cahier, il écrit "Pourquoi vous mariez-vous ?"
02:42 Et lui, entre guillemets, il a mis que c'était pour mettre Mélissa à l'abri
02:47 en cas de problème dans la vie.
02:49 Car j'ai la profonde sensation que nous resterons le reste de notre vie ensemble.
02:57 Voilà.
02:59 Ce vendredi auront lieu les funérailles de Benjamin.
03:02 Vous allez porter votre robe de mariée ?
03:06 J'y ai pensé.
03:08 Parce que je lui ai mis, lui, son costume.
03:12 Mais finalement, je n'aurais pas le courage de la porter.
03:17 Qu'est-ce que vous attendez aujourd'hui des autorités ?
03:26 En fait, ce que je tiens à dire, c'est que, dans notre cas, nous,
03:31 ce n'est même pas une question d'argent.
03:35 C'est plutôt une question de...
03:38 par rapport à ses fonctions et à ce qu'il faisait.
03:40 J'ai l'impression que ce n'est même pas respecté.
03:42 Dans le sens où...
03:44 C'est quoi la différence entre être mariée et cohabiter en légo ?
03:48 Pourquoi on n'a pas le droit à une pension de survie
03:52 alors qu'on est ensemble depuis autant d'années
03:54 et qu'il faut être mariée pour y avoir le droit ?
03:57 Je ne trouve pas ça logique.
04:00 Donc là, vous n'aurez le droit à rien ?
04:02 À rien.
04:03 Pour élever vos trois enfants ?
04:05 Oui.
04:06 Ce drame survient quelques semaines après celui de Lansard,
04:10 avec le policier qui a perdu la vie.
04:13 Vous en aviez déjà discuté entre vous ?
04:15 Oui.
04:16 C'était dit que c'était horrible.
04:18 Et que...
04:19 Que lui aussi, des fois, il...
04:21 En fait, par rapport à son métier, lui,
04:24 quand il avait des perquisitions, quand il devait aller chez des gens,
04:28 c'était toujours lui qui devait ouvrir la porte.
04:31 Et...
04:33 Il me disait, on ne sait pas ce qu'il y a derrière la porte.
04:36 Il dit, des fois, j'ai peur de ne pas revenir.
04:39 J'ai peur de ne pas revenir à la maison.
04:41 Pour clôturer cette interview, Mélissa,
04:43 est-ce que vous pouvez rendre un hommage à votre compagnon, Benjamin ?
04:49 Je voudrais dire que...
04:55 D'ailleurs, tous ceux qui le connaissent pourront en témoigner,
04:59 c'est que c'était vraiment un homme en or.
05:02 L'homme qu'on voit dans les films,
05:07 que les filles disent, ben non, ça, ça n'existe que dans les films.
05:12 Moi, je peux dire que j'ai vécu 12 ans sans un faux pas.
05:20 Il n'y a jamais eu d'ombre entre nous.
05:26 D'ailleurs, on se le disait quotidiennement, souvent,
05:31 que c'était trop beau pour être vrai.
05:38 Et je lui disais des fois, le soir,
05:41 mais qu'est-ce qui va nous arriver pour mettre fin à tout ça,
05:44 tellement que c'était comme un rêve.
05:48 On se dit que ce n'est pas possible, mais si, c'était possible.
05:52 Il avait la joie de vivre.
05:55 Il n'était pas du tout rancunier.
05:58 Même si c'est moi qui avais tort, il allait toujours revenir vers moi.
06:09 Et c'était le grand amour de ma vie.
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06:57 Merci à tous !
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