• il y a 7 mois
Dans son édito du 08/04/2024, Paul Sugy revient sur l'isolement de Jean-Luc Mélenchon empêtré dans ses prises de position face à la guerre qui se déroule actuellement au Proche-Orient entre Israël et le Hamas.

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Transcription
00:00 Ça fait six mois qu'Antonique Jean-Luc Mélenchon
00:02 laboure les esprits d'émissions de télévision en discours politique
00:05 et qui prend sa grosse voix, vous savez, en pointant bien théâtralement son index de tribun
00:10 pour fustiger, dit-il, les soutiens inconditionnels du massacre.
00:14 Est-ce qu'il faut rappeler ce qu'il raconte au sujet de l'offensive israélienne à Gaza ?
00:18 C'est pas une guerre, si ça le puisse-t-elle être par ailleurs, c'est un génocide, dit-il.
00:22 Ceux qui aident Israël sont des complices de crimes contre l'humanité,
00:25 ceux qui supportent ou qui ne disent rien sont des coupables par procuration.
00:28 En revanche, présentez-lui à Sciences Po une jeune étudiante
00:31 que l'on empêche d'entrer en amphi parce qu'elle est juive
00:33 et vous parlera d'un incident dérisoire.
00:34 Ça, c'est ce que pense Jean-Luc Mélenchon.
00:36 Et bien, qu'est-ce que pensent les Français ?
00:37 Tout l'inverse, c'est en tous les cas l'enquête de l'IFOP pour le compte du CRIF
00:42 qui a été publiée hier par la Tribune du Dimanche qui le montre.
00:44 Les sermons que Jean-Luc Mélenchon tient d'une voix grave
00:47 n'ont pas d'effet sur l'opinion publique.
00:48 Et alors, que nous dit exactement ce sondage ?
00:50 D'abord que les Français partagent majoritairement la conviction
00:53 que les objectifs militaires d'Israël à Gaza, c'est-à-dire l'éradication du Hamas, sont légitimes.
00:58 56% d'entre eux le pensent encore, malgré d'ailleurs le fait que, en 6 mois,
01:02 le pouvoir israélien s'est enfermé dans un jusqu'au-boutisme
01:05 qui, on le voit, suscite de plus en plus de réserves,
01:07 y compris chez les alliés occidentaux d'Israël.
01:09 Ce qu'on note, c'est que les Français sont moins nombreux qu'avant
01:12 à soutenir cet objectif militaire par rapport au lendemain du 7 octobre
01:16 où ils étaient plus des deux tiers à penser que cet objectif était légitime.
01:19 C'est donc un soutien, mais pas un soutien inconditionnel.
01:22 Ce n'est pas un blanc-seing que donne l'opinion publique française aux Israéliens
01:26 pour mener de n'importe quelle façon leurs opérations.
01:29 Plus intéressant encore, les deux tiers des Français pensent que
01:32 un cessez-le-feu n'est possible qu'à condition d'abord que tous les otages soient libérés.
01:36 Ça, alors même que la majorité des Français pensent que Israël
01:40 a malgré tout une responsabilité dans la situation à Gaza.
01:43 Ce que ça montre, c'est que l'opinion publique française est très majoritairement hostile
01:47 à ce slogan qu'on entend dans les manifestations pro-palestiniennes
01:50 qui réclame un cessez-le-feu immédiat sans avoir un mot pour les victimes
01:53 et en particulier les otages du 7 octobre.
01:55 Il y a une forme de fraternité de la France vis-à-vis d'Israël.
01:59 Ce sont deux pays marqués l'un comme l'autre par le terrorisme.
02:02 Les Français sont sensibles à cette question des otages.
02:05 Ils ont été traumatisés par l'agression terroriste aveugle, abjecte, due à masse le 7 octobre.
02:11 Ils comprennent qu'Israël ne fait pas la guerre à un peuple,
02:13 mais à un groupe armé terroriste qui se terre au milieu des civils.
02:16 S'ils n'exemplent pas Benyamin Netanyahou de ses fautes,
02:19 ils jugent malgré tout légitime la volonté d'éliminer la menace terroriste
02:23 qui est juste à côté d'Israël, à ses portes dans la bande de Gaza.
02:26 Alors pourquoi Jean-Luc Mélenchon s'obstine selon vous ?
02:29 Il y a trois explications possibles, Anthony.
02:31 La plus récurrente, celle qu'on entend le plus, ce serait par électoralisme.
02:34 Vous savez, c'est Jean-Luc Mélenchon qui se met très pieusement
02:36 à appliquer le catéchisme de la gauche Terra Nova,
02:40 qui a compris que le prolétariat, l'ancien prolétariat, est fatigué du multiculturalisme,
02:45 que par conséquent, il ne votera plus à l'extrême gauche,
02:47 mais il votera plutôt pour des candidats nationalistes,
02:49 et que par conséquent, il faut un nouveau prolétariat,
02:52 celui que formerait par exemple les damnés de la terre des nouvelles populations immigrées
02:57 qui, étant majoritairement arabo-musulmanes, sont très hostiles à la politique israélienne.
03:02 Donc il faudrait leur donner finalement ce qu'ils ont envie d'entendre.
03:05 Ça, c'est l'argument électoraliste.
03:06 Je ne pense pas qu'il soit suffisant à lui seul pour expliquer le positionnement de la FI,
03:10 parce que d'abord, ce sont des électeurs qui votent assez peu en réalité,
03:14 et surtout, il y a une explication politique plus ancienne,
03:17 qui remonte à l'hérédité intellectuelle de Jean-Luc Mélenchon,
03:21 c'est que le trotskisme d'abord et le maoïsme ensuite,
03:23 les racines intellectuelles de l'extrême gauche,
03:26 ont toujours défendu un discours anticolonial,
03:29 parce que c'était une manière de s'en prendre à l'Occident, blanc et chrétien, si j'ose dire.
03:34 Vous voyez, il y a cette idée quand même dans les facs maoïstes des années 70,
03:39 de poser les bases de ce que seront aujourd'hui les revendications postcoloniales,
03:45 et on voit cette continuité finalement entre discours d'un Jean-Luc Mélenchon
03:48 ou d'une Judith Butler.
03:49 Et puis, il y a une explication psychologique,
03:51 Jean-Luc Mélenchon n'est rien tant que de dire l'inverse de ce que tout le monde raconte.
03:55 [Musique]
03:59 [SILENCE]

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