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NewsTranscription
00:00 Bon et puis on va parler cinéma maintenant avec quelqu'un qui est pas mal aussi c'est Olivier Benkemoun
00:05 qui pour la première fois va faire sa chronique sans caleçon ce matin
00:09 et c'est un vrai plus pour les auditeurs d'Europa
00:13 puisqu'il a dû changer, non mais le pauvre il est arrivé tout trempé, il a fait du vélo ce matin
00:18 et voilà vous avez dû aller vous changer. - Il sort d'orage à Paris.
00:20 - Il y a un orage terrible. - Une sorte d'orage inattendu.
00:23 - Oh inattendu pas tant que ça quand même, on le dit depuis ce matin.
00:26 - Faut préciser qu'il a un pantalon quand même.
00:28 - Oui il a un pantalon, effectivement il y a la station heureusement.
00:31 - Passons au cinéma s'il vous plaît.
00:33 - Passons au cinéma. - Quitons la réalité pour la fiction.
00:35 - Avec le Salaire de la peur qui fait son retour sur les écrans.
00:39 - Oui parce qu'il y a une adaptation qui est faite, enfin remake qui est faite pour Netflix
00:42 mais je voulais qu'on revienne un peu en arrière aux chefs-d'oeuvre d'Henri-Georges Clouseau sorti en 53
00:47 seul film à avoir remporté à la fois l'Ours d'or de Berlin et le Grand Prix du Festival de Cannes
00:52 qui était l'ancêtre de la Panne-Medor. Bref, chefs-d'oeuvre avec Yves Montand, Charles Vanel,
00:56 Folko Lully, Peter Van Eyck, ça racontait l'histoire de quatre pauvres bougres engagés par une compagnie
01:01 pétrolière américaine pour transporter en camion des centaines de litres de nitroglycérine instable,
01:06 explosive donc, sur des routes impossibles d'un bled d'Amérique du Sud.
01:09 Au bout du chemin, une poignée de dollars pour quitter cet endroit perdu mais la nitro c'est dangereux.
01:14 - Luigi, il n'y a plus de Luigi.
01:16 Et puis merde ça devait arriver à force de jouer aux couillons, on finit toujours par gagner.
01:21 Voilà, dialogue signé du frère d'Henri-Georges Clouseau, 71 ans plus tard.
01:26 Voici donc sur Netflix le remake français du Salaire de la peur.
01:29 Là on peut dire que c'est pas dans les dialogues qu'ils ont mis le pognon mais dans les scènes d'action.
01:33 Au casting, Franck Gastambide, Alban Lenoir, Fianso et Anna Gerardo, tous engagés pour une mission impossible.
01:40 - On aimerait que vous ramenez cette nitro jusqu'ici en camion.
01:46 - C'est la nitro, c'est la base. Mais là aussi, il y a un bled perdu, là aussi il y a un puits de pétrole en feu sur lequel il faut lancer la nitro.
01:56 Là aussi, la compagnie pétrolière qui va engager le chauffeur n'est pas nette-nette.
02:00 Mais la comparaison s'arrête là, dans la version de Clouseau, le véritable ennemi c'était la route, ses boss, ses trous, ses pièges qui à tout moment pouvaient faire sauter les camions.
02:08 Et vous trembliez d'ailleurs pour ces chauffeurs. Dans la version 2024, la route est presque accessoire.
02:13 Les chauffeurs sont tous des professionnels du combat, ils savent manier les armes, ils défouraillent à longueur de temps.
02:18 Le danger, non, le danger c'est pas tellement la route, en revanche ce sont les pirates de la route qui ont un look de méchants djihadistes.
02:24 Et on peut dire que les Kalachnikovs, les lance-missiles et les mines sont bien plus menaçantes que les petits cailloux du désert.
02:30 Du coup, il y a plus d'action, il y a moins d'émotion et des dialogues... bon, mais je me répète.
02:34 - C'est une mine en t-shirt, je peux pas la désamorcer. - Ok.
02:37 - Putain !
02:41 - Voilà, c'est surtout un pur film d'action qui pourrait être très franc-cartonne depuis sa mise en ligne il y a une petite semaine.
02:46 - Et alors vous Olivier, votre avis par rapport à la première version ? Est-ce que vous avez aimé ?
02:50 - Oui, c'est quand même assez pas mal.
02:52 - Bon, là c'est un petit plus là !
02:54 - Non, c'est bon, en tout cas, je remercie Netflix d'avoir eu la bonté de publier la version restaurée du film de Clouseau,
03:00 qui pour moi est quand même la plus intéressante, parce que Clouseau est d'abord très critique de ces compagnies pétrolières américaines
03:05 qui pensaient à l'époque tout s'acheter, y compris des vies pour une poignée de dollars.
03:09 Clouseau en même temps dénonce dès 53 ces petits colons qui ont cru qu'il suffisait d'aller au bout du monde pour se refaire la cerise
03:16 et qui se retrouvaient portant des loques sales, sans pièces, sans rien, etc.
03:20 mais refusant bien entendu de faire le travail des pouilleux du coin, le racisme était partout.
03:25 Et puis les femmes dans le film de Clouseau, elles sont pas au premier plan, même au deuxième, son quatrième plan,
03:31 elles sont humiliées, battues, abandonnées, et le personnage de Montand est absolument odieux.
03:36 C'est gentil mais ça n'a pas d'éducation, c'est moitié sauvage.
03:40 Voilà, en tout cas vous avez deux Salaires de la peur pour le prix d'un sur les six.
03:45 Vous l'avez vu Bernard Mignet, le Salaires de la peur ?
03:47 Ah oui, le premier, moi j'ai vu, évidemment, et puis je voulais rebondir sur l'autre chose effrayante dans le tournage du Salaires de la peur,
03:54 c'est Henri-Georges Clouseau lui-même, j'en ai parlé dans un roman précédent qui est en oeil dans la nuit où il est question de cinéma,
03:59 et en fait Clouseau c'était un tyran absolu, mais à un point terrifiant.
04:03 Sur le tournage de La vérité avec Bardot, comme il ne trouvait pas le jeu de Bardot assez crédible,
04:07 elle devait être alcoolisée, il lui a fait boire de l'alcool pour de bon,
04:11 et à son insu il avait remplacé ses faux somnifères par des vrais.
04:15 Et il se trouve que 15 jours après la fin du tournage, Bardot a fait une tentative de suicide,
04:20 tellement elle était au bout du rouleau sous la pression que lui mettait Clouseau.
04:25 Salaires de la peur, on va voir cette nouvelle version.
04:27 Et il y avait un autre tyran sur le tournage, c'était Montand,
04:30 ils ne voulaient pas partir en Amérique du Sud, il devait y avoir le tournage,
04:34 ils ont dû tout changer, il n'y a eu que des catastrophes sur ce tournage,
04:37 si vous avez intérêt à se regarder, ils ont tourné en Camargue finalement.
04:41 - Et vous savez, vous m'avez donné envie de regarder les deux,
04:43 parce que je n'ai vu aucun des deux, et ça m'a donné envie, et ne serait-ce que pour comparer.
04:47 - 2h30 de film, celui de 53, un peu moins de 2h pour la nouvelle version.
04:51 - Les deux sont sur Netflix. - Oui, mais en tout cas, dans les deux, ça fait badaboom.
04:55 - Une simple goutte de ce liquide.
04:57 - On sent une différence de son quand même.
05:02 - Merci Olivier Benkemou, allez un petit peu de musique maintenant.
05:04 - De la musique et du cinéma, vu qu'on vient de parler de cinéma.