7 MINUTES POUR COMPRENDRE - Mort d'Émile: quelles sont les pistes?
Si les ossements du petit Émile ont été découverts, samedi 30 mars, et identifiés formellement, de nombreuses questions restent en suspens. Notamment concernant la mort de l'enfant. Les trois pistes envisagées par le procureur d'Aix-en-Provence sont la chute accidentelle, l'homicide involontaire ou le meurtre. Mais à ce jour, les analyses du crâne "ne permettent pas de dire quelle est la cause de la mort d'Émile" a-t-il précisé.
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00:00 - Avec nous le docteur Olivier Pascal, vous dirigez l'Institut français d'empreintes génétiques basé à Nantes.
00:05 Bonjour docteur et merci d'être avec nous en direct ce matin face à Dominique Rizet, consultant politique et justice de BFMTV.
00:11 Bonjour Dominique, merci d'être là au lendemain de cette conférence de presse du procureur de la République d'Aix-en-Provence.
00:17 C'est la première fois qu'il prenait la parole pour annoncer les dernières avancées de cette enquête
00:21 et notamment les vêtements du petit Émile qui ont été retrouvés à 150 mètres du lieu où avait été retrouvé le crâne d'Émile
00:29 samedi dernier. Ces vêtements ont été découverts lundi. Les recherches vont se poursuivre, ce n'est pas terminé.
00:36 Alors on va d'abord prendre la direction du Haut-Vernay où nous attend Anjie Lwata. Anjie, les gendarmes se remettent au travail ce matin.
00:42 Que recherchent-ils dans le même endroit ?
00:45 - Alors Anjie Lwata, on n'a pas un spoil de maison avec Anjie Lwata. - On va le retrouver dans un instant.
00:51 - Les trois pistes annoncées par le procureur, c'est la chute, l'homicide involontaire ou le meurtre.
00:57 Et moi je voudrais, Dominique, qu'on vous pose des questions très caches, très instinctives que l'on se pose à part avoir lu et relu les mots du procureur.
01:05 D'abord, à l'heure où l'on parle, rien ne permet de dire comment Émile est mort, on est d'accord ?
01:11 - Absolument. On a peu d'éléments. On a un crâne, les restes d'un crâne, la partie haute, pas de maxillaire et des morceaux de vêtements.
01:17 Donc le crâne, il est en analyse à l'IRC Gênes et pour l'instant, rien ne permet. Il y a des micro-fissures dessus, il n'y a pas de fractures lourdes.
01:26 Donc des micro-fissures qui peuvent correspondre à une chute de l'enfant, en tout cas pas à une agression avec un objet contondant où on l'aurait frappé à la tête.
01:34 Les vêtements, même chose, à l'analyse et rien pour l'instant.
01:37 - Donc on ne sait pas comment il est mort, ni quand ?
01:40 - On ne sait pas non plus quand Émile est mort. On peut simplement dire qu'avec cette phrase du procureur, les eaux n'ont pas été enfouies,
01:48 ils ont été exposés longtemps à la météo, donc le corps est extrêmement dégradé.
01:53 Depuis le 8 juillet, on peut dire qu'avec une quasi-certitude, la mort est concomitante au 8 juillet, jour de la disparition.
02:01 - Docteur Olivier Pascal, pour l'instant on n'a que le crâne, on n'a pas les eaux de l'enfant.
02:07 Est-ce que l'analyse du crâne va permettre de dater la mort ?
02:11 - Alors, en ce qui concerne nos analyses, c'est-à-dire l'ADN, nous n'avons aucun élément qui nous permette de dater la mort.
02:19 Je pense que les médecins anthropologues vont avoir la même problématique.
02:24 - Petite fracture sur le crâne, petite fissure. Ça peut être le signe de quoi ça ?
02:31 - Alors, ça peut être effectivement le signe d'animaux qui ont pu déplacer le corps, qui ont pu effectivement dégrader le corps.
02:41 Ça peut être également, je pense, des chutes, mais encore une fois, ce n'est pas ma spécialité. C'est plus à un anthropologue de répondre.
02:48 - Vous, vous êtes spécialiste des empreintes génétiques. Ce qui est intéressant aussi, c'est ces vêtements qui ont d'ailleurs été transférés dès hier soir en région parisienne pour analyse.
02:57 Quelles traces on va pouvoir chercher et éventuellement retrouver sur les vêtements d'Émile ?
03:04 - Alors, la première chose, c'est de s'assurer qu'il s'agisse bien de ses propres vêtements, même si j'imagine qu'ils ont été reconnus par la famille.
03:12 La première chose, c'est de s'assurer de cette origine. Ensuite, rechercher d'éventuelles traces d'une personne qui aurait pu être en contact avec ces vêtements.
03:21 Avec une difficulté qui est évidente, c'est qu'avec le temps, les cellules qui se trouvent à l'extérieur de ces bouts de tissu vont être agressées par le soleil, par la pluie, par les bactéries qui se trouvent sur le sol.
03:35 Donc la quantité de cellules qui étaient au départ sur ces vêtements va être profondément diminuée du fait de toutes ces agressions extérieures.
03:44 - Est-ce qu'on pourra, si d'aventure il reste de l'ADN, éventuellement identifier la présence d'un ADN étranger, l'ADN d'un tiers ?
03:54 - La difficulté, c'est que les cellules qui vont être déposées par un tiers vont être déposées en petite quantité.
04:02 Elles ne sont déposées que ce qu'on appelle des cellules de contact. Notre peau se régénère en permanence.
04:08 L'individu qui va avoir pu avoir touché ces vêtements va avoir laissé quelques dizaines ou quelques centaines de cellules.
04:15 Avec le temps, il est fort probable que ces cellules disparaissent. Avec une seule exception, peut-être, s'il s'agit d'un tissu biologique qui est riche,
04:24 je pense par exemple au sperme, s'il y a beaucoup de sperme, avec le temps, le sperme va beaucoup moins se dégrader puisqu'il y a beaucoup plus de cellules.
04:32 Donc on a peut-être une chance de le retrouver, mais ça reste quand même très hypothétique.
04:35 - On pense aussi au sang. Est-ce que le sang résiste aux intempéries, à la pluie, à la chaleur ?
04:41 - Bien sûr, le sang peut résister, mais il faut qu'il y en ait une quantité importante.
04:47 C'est-à-dire qu'il faut que l'individu ait saigné de façon importante pour pouvoir retrouver encore des cellules.
04:52 Il ne faut pas oublier que ça a coulé plusieurs mois et que selon les indications du procureur, le corps serait resté à l'extérieur.
04:59 Donc vous avez tous les éléments qui sont mis en place pour que les cellules soient dégradées très rapidement.
05:04 - Alors Dominique, on a eu le sentiment hier en écoutant le procureur, je dis bien le sentiment, que la thèse de l'accident avait pris un peu d'avance par rapport aux autres thèses.
05:16 On réécoute le procureur et puis je vous interroge sur cette notion juste après.
05:20 - Ces seuls os ne permettent pas de dire quelle est la cause de la mort d'Émile Soleil.
05:26 Vous aurez donc compris que sous l'autorité des juges d'instruction, l'enquête va se poursuivre avec la même intensité.
05:36 Elle se poursuit en ce moment sur le terrain car les fouilles ne sont pas terminées.
05:41 Elles vont se poursuivre sur le plan criminalistique car les éléments retrouvés n'ont pas fini d'être analysés.
05:46 Entre la chute de l'enfant, l'homicide involontaire et le meurtre, on ne peut toujours pas privilégier une hypothèse plus qu'une autre pour expliquer la disparition puis la mort de l'enfant Émile.
06:00 - Interrogeons-nous d'abord sur cette hypothèse de la chute.
06:03 Et c'est vrai que quand on regarde un peu basiquement les choses, on se dit que cet enfant a parcouru combien ?
06:08 - Presque 2 kilomètres.
06:10 - Presque 2 kilomètres.
06:11 - Entre 1,5 et 2 kilomètres.
06:12 - 2,5 kilomètres. Il s'est aventuré seul, à priori, dans un chemin, je cite le procureur, difficile, très escarpé, broussailleux, tout seul.
06:22 - Oui, tout seul, mais il n'a peut-être pas pris ce chemin. Il est peut-être passé en amont, pas en aval c'est sûr, mais il est peut-être passé en amont.
06:27 Il a peut-être suivi un chemin qui n'était pas du tout linéaire jusqu'à l'endroit où on retrouve ses restes.
06:33 Et je vous rappelle quand même que le procureur nous parle aussi d'un rue qui coule le long de cette pente, un torrent.
06:40 C'est un chemin étroit, fort d'éclivité, très végétalisé en été.
06:45 Donc il y a ce rue et on sait que pendant l'hiver et au début de 2024, il y a eu beaucoup d'eau qui a coulé, beaucoup de ravinements.
06:54 Lui-même dit que c'est devenu un gros ruisseau, un très gros ruisseau.
06:59 Et donc si l'enfant est mort au-dessus, son corps peut avoir été transporté.
07:04 Et ce serait la raison pour laquelle on retrouve en bas le crâne. A 150 mètres éparse les vêtements, t-shirt, culotte, une chaussure et pas les ossements.
07:16 Alors c'est important d'évoquer les conditions météo, parler de la pluie. Il faut aussi parler de la chaleur et du soleil parce que c'est ce qui ressort également de l'intervention du procureur.
07:24 Les hélicoptères ont été perturbés, comment vous appelez ça ?
07:28 Les caméras infrarouges.
07:30 Les caméras ont été perturbées visiblement par la chaleur. Et le travail des chiens également ?
07:34 Oui, parce que le procureur nous dit ce jour-là, quand on a cherché, il faisait 30 degrés.
07:40 Et des chiens, je parle en connaissance de cause, des chiens quand vous les lâchez pour leur faire sentir quelque chose et quand il fait 30 degrés, vous prenez vos chiens de chasse, vous les remettez dans la voiture.
07:50 Leur odorat est perturbé par la chaleur.
07:52 Les chiens ne sentiront rien quand il fait 30 degrés. Un chien ne peut pas travailler.
07:55 La terre est sèche, c'est de la poussière, ils ont de la poussière dans le nez.
08:00 C'est très compliqué d'espérer faire travailler un chien par des températures pareilles.
08:06 Et puis il y a l'eau aussi. La trace d'Emile se perd au lavoir.
08:10 C'est la même chose pour l'eau. Les chiens sont perturbés au lavoir.
08:14 L'eau plus la chaleur 30 degrés, ça peut expliquer que même des centubaires qui ont des qualités olfactives exceptionnelles n'aient pas pu suivre la trace du petit Emile.
08:24 - Docteur Olivier Pascal, il faut évoquer avec vous un élément très important qui est la recherche du reste du corps.
08:29 S'il tentait qu'on puisse retrouver les restes du corps.
08:32 Si on retrouve des os de l'enfant, est-ce que vous pensez que ça va pouvoir déterminer de façon formelle comment il est mort ?
08:41 Est-ce qu'il a perdu connaissance ? Est-ce qu'il est mort de soif après tout ?
08:46 S'il a perdu connaissance et puis qu'il a passé du temps d'épuisement ou isolé au fond d'un ravin ? C'est possible ça ?
08:56 - Je crains que la découverte des ossements n'apporte pas grand chose.
09:01 Sauf à ce que les anthropologues trouvent des zones de fracture évidentes pouvant expliquer un choc avec un objet ou avec une voiture.
09:12 Mais les chances d'abord de les retrouver sont minimes puisqu'on se retrouve en forêt avec beaucoup d'animaux sauvages qui ont probablement profité de cette aubaine.
09:24 Et puis le fait qu'on n'ait pas sûr de retrouver les bons ossements avec les bonnes traces.
09:29 Donc de toute façon ça ne sera que des hypothèses, il n'y aura jamais aucune certitude.
09:34 - Merci beaucoup, merci à tous les deux d'être venus ce matin sur place de première édition.
09:39 J'ai encore une petite question, il faut savoir lire entre les lignes des propos des gens de justice.
09:45 Quand il évoque trois hypothèses vous avez le sentiment qu'il y en a une qui...
09:49 - Bien sûr, il y en a une qui flèche directement, c'est Emile qui se perd.