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Nicolas Chauvin, 18 ans, est mort en 2018 après un double plaquage d’une grande violence lors d'un match de rugby avec l'équipe du Stade Français espoir. Le non-lieu prononcé dans cette affaire, illustre l’omerta du rugby face à ce drame qui aurait mérité un autre traitement.

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Transcription
00:00C'est l'histoire d'une mort qui semble ne plus gêner personne.
00:02Dans le monde du rugby, il est quasiment impossible de parler de cette histoire.
00:05De la colère d'un père qui se sent abandonné.
00:06On peut mourir sur un terrain de rugby en toute légalité.
00:09Est une fédération française de rugby bien silencieuse.
00:11Moi j'ai rien promis parce qu'on n'était pas là à l'époque.
00:13L'histoire dont je vais vous parler, c'est celle de Nicolas Chauvin.
00:16A 18 ans, il joue au rugby dans l'équipe Espoir du stade français.
00:18Mais alors que Nicolas commençait à peine à toucher à son rêve de haut niveau,
00:22il est mort sur un terrain de rugby après avoir subi un double plaquage.
00:25On parle tous d'un truc que personne n'a vu.
00:27Nous avons décidé de vous montrer la vidéo de l'accident en accord avec la famille
00:30pour bien comprendre ce qui s'est passé ce jour-là.
00:32Attention, ces images peuvent être choquantes.
00:33Nous sommes le 9 décembre 2018.
00:35L'équipe Espoir du stade français se déplace en Gironde
00:37pour un match contre l'Union Bordeaux-Beigle au stade André Mauga.
00:40Pour la première fois de la saison, Nicolas Chauvin est titulaire.
00:42Arrivé au stade français à l'été 2018,
00:44le 3ème ligne de 18 ans fait partie des gros potentiels de l'équipe Espoir.
00:47Depuis le début de la saison, il grappille du temps de jeu en tant que remplaçant
00:50et de prendre l'expérience dans une nouvelle catégorie où tout va plus vite
00:53et où chaque joueur sur le terrain rêve de devenir professionnel un jour.
00:56On le voit ici avec son casque et son numéro 6.
00:59Et à l'image de son équipe, Nicolas fait un très très bon début de match.
01:02Il marque même le premier essai de la rencontre,
01:04quelques secondes à peine après le coup d'envoi.
01:10Tout semble rouler pour le jeune joueur qu'on retrouve sur presque toutes les actions.
01:13Il fait parler son gabarit, 1m95x95kg, et ses 11 ans de rugby.
01:18Il faut se rendre compte que tout le temps passé à l'entraînement
01:20dans son petit club du Val-de-Marne,
01:22tous les sacrifices que sa famille et lui ont réalisés l'ont emmené vers ce moment-là.
01:26Un match en tant que titulaire avec le maillot rose du stade français sur le dos.
01:29Pourtant, à peine 5 minutes après le début du match,
01:32sa vie et la vie de sa famille vont définitivement basculer.
01:34Comme je vous le disais, on n'est qu'à la 5ème minute de la rencontre.
01:38Le stade français est sous pression dans son camp.
01:42La défense bordelaise est très agressive.
01:46Et Nicolas reçoit le ballon.
01:50Il ne pouvait avoir l'impression que des plaquages comme ça on en voit tous les week-ends.
02:00Mais en fait, il n'a rien de banal.
02:01Si on dissèque l'action, les deux plaqueurs, le 5 ici et le 7 avec son casque rouge,
02:09arrivent sur Nicolas après une course d'environ 15m.
02:11Les deux plaquages sont quasi simultanés.
02:13Le premier, c'est le 7, caché derrière son coéquipier ici.
02:16Il se baisse et plaque au niveau des épaules de Nicolas.
02:18Le choc est d'une violence inouïe.
02:20Tellement qu'on le voit agiter son épaule, électrisé par la puissance du plaquage.
02:25Le deuxième plaqueur, le 5, arrive lui avec le buste droit.
02:28Il n'en sert pas Nicolas avec les deux bras et ne maîtrise pas son geste.
02:32La preuve, il atterrit les deux mains au sol, propulsé par sa vitesse.
02:35Selon la justice, l'impact du 7 fait se relever le buste de Nicolas
02:38qui reçoit au même moment l'impact du numéro 5.
02:41Dans les tribunes, les supporters commandent ce qui n'est encore qu'un gros plaquage.
02:44Certes violent, mais personne ne s'attend à ce qui va se passer ensuite.
02:47Il a ramassé, là.
02:50Ça fait du bruit.
02:51Sur le terrain, les joueurs de Bordeaux se congratulent.
02:54Pour eux aussi, à ce moment-là, ce n'est qu'une bonne séquence défensive.
02:57Vous pouvez d'ailleurs voir l'un des deux plaqueurs, le numéro 5 juste ici,
03:00qui est par ailleurs le capitaine de l'équipe bordelaise,
03:02qui se permet même une petite tape amicale sur les fesses de Nicolas.
03:05Ce qu'il ne sait pas à ce moment-là, c'est qu'après ce plaquage,
03:07Nicolas ne se relèvera jamais.
03:09Seuls quelques joueurs parisiens proches de l'action réclament une faute,
03:11mais pour l'arbitre Adrien Marbeau, aujourd'hui arbitre en top 14,
03:14l'urgence est ailleurs.
03:16Il a vu que Nicolas ne bouge plus.
03:17Les soigneurs se précipitent vers le joueur.
03:19La première étape pour la médecin, c'est de savoir si Nicolas est conscient.
03:23Vous pouvez la voir qui essaye de lui parler.
03:25Ça fait plus de deux minutes que Nicolas est au sol et qu'il n'a pas bougé.
03:27Le temps est extrêmement long.
03:29Alors que les joueurs des deux équipes tentent de rester chauds,
03:31pensant que le match reprendra,
03:33on prend toutes les précautions pour mettre Nicolas sur le dos
03:35et on ramène une civière.
03:41L'inquiétude gagne ses coéquipiers.
03:42Et pour cause, le visage de Nicolas devient bleu.
03:45La médecin sait que chaque minute qui passe, c'est du temps perdu.
03:48Depuis le plaquage, il s'est déjà passé quatre minutes.
03:50La docteure prend alors son téléphone et appelle les secours.
03:53Pendant ce temps, Adrien Marbeau prend le pouls de Nicolas
03:55et tente de communiquer avec lui, mais le jeune homme ne réagit pas.
03:59Au micro, le speaker déclare.
04:01Le match, vous comprenez bien, est arrêté.
04:04Pour la protection du joueur, on attend normalement les secours.
04:11Puis la caméra se coupe.
04:12On apprendra plus tard que Nicolas a fait un arrêt cardiaque sur le terrain
04:15et que la médecin va tout faire pour sauver le joueur
04:17en pratiquant un massage cardiaque pendant une vingtaine de minutes.
04:19Nicolas Chauvin est finalement transféré à l'hôpital Pellegrin de Bordeaux.
04:22Un membre du staff parisien prévient les parents de Nicolas par téléphone.
04:25J'ai déposé Nicolas le matin à la gare,
04:297h ou 7h30, je ne sais plus, Montparnasse.
04:33Et on est prévenus à 15h30.
04:38On était avec mon épouse en train d'aller acheter un sapin de Noël.
04:42Au téléphone, le staff parisien n'entre pas dans les détails sur l'état de santé de leur fils.
04:46Nicolas a eu un accident, il y a eu un choc, il est KO.
04:52Les pompiers l'ont pris en charge et il est évacué vers l'hôpital Pellegrin.
04:57On demande s'il y a quelque chose de grave.
05:02Il dit non, il est pris en charge, il est évacué.
05:07Il faut que tu appelles l'hôpital, ils t'en diront plus.
05:10Les Chauvins, c'est une famille de rugbyman.
05:12Le père Philippe a joué au rugby pendant 25 ans.
05:14C'est lui qui a transmis son amour du rugby à ses trois enfants.
05:17Alors au moment du coup de fil, la famille ne cède pas à la panique.
05:20On se dit que ce n'est pas le premier et que ce ne sera sans doute pas la dernière fois
05:23que Nicolas prendra un KO sur un terrain.
05:25Et là, à l'hôpital, ils sont beaucoup plus clairs.
05:27Ils me disent, oui, on vient de l'admettre en réanimation.
05:35Et il passe au bloc opératoire pour une fracture des vertèbres.
05:43Et on apprend aussi qu'il a fait un arrêt cardiaque.
05:47Ça, effectivement, c'est plus clair pour le coup.
05:49Donc forcément, à la question s'il faut venir maintenant,
05:53la réponse, c'est oui, c'est important que vous venez.
05:57Et c'est là où on réalise que Nicolas est dans une très, très, très mauvaise posture.
06:01Trois jours plus tard, le 12 décembre 2018,
06:04Nicolas Chauvin meurt à l'hôpital, entouré par sa famille.
06:07Pour comprendre l'impact qu'a eu cet accident, il faut se plonger dans le contexte de l'époque.
06:10On est en 2018, à la fin d'une année particulièrement meurtrière pour le rugby français.
06:15Nicolas n'est pas le seul jeune homme qui est mort sur un terrain de rugby cette année-là.
06:18Avant lui, Adrien Descrules, 17 ans, est retrouvé mort dans son lit le 20 mai 2018,
06:23victime la veille d'un traumatisme crânien après un plaquage.
06:25Il y a aussi Louis Favroski, 21 ans, joueur d'Oriac en Pro D2,
06:29mort après avoir été victime de plusieurs malaises suite à un violent plaquage subi au niveau du thorax
06:33le 10 août 2018.
06:35Sans oublier Nathan Soyeux, 23 ans, qui a succombé à ses blessures en janvier 2019
06:39après plusieurs mois à l'hôpital.
06:41Lui aussi avait subi un plaquage dangereux dans un tournoi de rugby amateur.
06:44Nicolas Chauvin vient donc compléter cette sordide liste.
06:46C'est alors que commence le combat d'un père qui va vouloir rendre justice à son fils.
06:50Le pré qui est juste derrière là, par exemple,
06:53c'est l'endroit où il pouvait faire des parties de rugby à n'en plus finir.
06:59Ça ne ramènera pas, Nicolas, une enquête ou une procédure en justice,
07:03il ne ramènera pas, Nicolas, il s'en en a tout à fait conscience.
07:06En revanche, si ça peut éviter à d'autres joueurs ce genre de maladresse ou de bêtise,
07:12eh bien, ça aura au moins sa vie à ça.
07:13C'est pour ça qu'on voulait qu'il y ait effectivement une instruction,
07:18une mise en examen pour que les responsables assument les conséquences de leurs actes.
07:24L'enterrement de Nicolas Chauvin a lieu le 19 décembre 2018
07:26à l'église Notre-Dame d'Auteuil, à quelques mètres du stade Jean-Bouin.
07:29Les coéquipiers de Nicolas sont présents.
07:31Il y a aussi les dirigeants du rugby français,
07:33à commencer par Bermar Laporte, président de la FFR.
07:35C'est tout le rugby français qui est touché par ce drame.
07:38Une fois que Nicolas est enterré,
07:39son père Philippe Chauvin décide de regarder la vidéo de l'accident.
07:42Il veut comprendre.
07:48Et quand vous voyez ça, vous vous dites c'est pas possible.
07:51Donc il y a nécessairement une faute.
07:54Philippe décide alors de monter tout un dossier où il analyse l'action image par image
07:58en se basant sur les règlements,
07:59calcule la vitesse de chaque joueur, leur position au moment de l'impact.
08:02Il calcule même l'énergie cinétique créée par le choc.
08:05En fait, quand vous avez perdu votre fils sur un terrain de rugby,
08:11il y a quand même une question qui se pose, c'est comment est-ce que ça peut arriver ?
08:14Visiblement, on n'est pas nombreux à se la poser
08:16parce qu'on a tellement banalisé la violence sur les terrains de sport
08:19que ça en est devenu normal.
08:22C'est presque même anormal de se poser la question,
08:25mais moi je me la pose toujours.
08:26Les résultats d'autopsie révèlent que Nicolas a été victime d'un arrachement
08:29et de la dislocation de deux vertèbres cervicales.
08:32Le rapport d'analyse médicale affirme même que c'est bien deux chocs à la tête
08:35qui ont provoqué cette blessure mortelle.
08:36C'est juste un choc qui relève de la violence routière.
08:41Ça n'a rien à voir avec le sport.
08:43Pourtant, aucune sanction sportive n'est prononcée contre les deux plaqueurs.
08:47On peut se dire que les conséquences de ces gestes étaient tellement graves
08:51que personne n'a cherché à établir qu'il y ait faute ou pas faute ou quoi que ce soit.
08:55Et c'est vrai que ce n'était pas le moment, je pense.
08:57Alors voilà le premier objectif de son combat,
08:59prouver que ce 9 décembre 2018, il y a bien eu une faute sur Nicolas Chauvin
09:03et que cette faute a provoqué sa mort.
09:05Un double plaquage avec cette intensité-là
09:09et avec cette volonté finalement de percuter coûte que coûte le joueur
09:17sans jamais essayer de l'éviter,
09:21c'est absurde.
09:23C'est gratuit, c'est absurde, c'est même anti-sportif.
09:26L'objectif c'était de, je ne vais pas dire de détruire,
09:29parce que je ne pense pas qu'on rentre sur un terrain de rugby pour détruire l'autre,
09:32je l'espère,
09:34mais en tout cas c'était tout clairement de faire mal.
09:37Et ça a été au-delà des espérances puisqu'ils l'ont tué.
09:41Dans les jours qui suivent le drame,
09:42on rend hommage à Nicolas sur tous les terrains de rugby de France.
09:45La famille Chauvin est même invitée à Jambon à part le stade français
09:47pour qu'elle assiste à cet hommage.
09:53J'ai préféré qu'on applaudisse mon fils
09:56en me disant que c'était pour lui, ce n'est pas pour moi.
09:58Moi, le silence, je vais l'avoir toute ma vie.
10:01Il est parti.
10:02Lui, s'il a une minute d'applaudissement dans les grandes salles de France,
10:06c'est tant mieux pour lui.
10:07Et c'est tout ce que je lui souhaitais puisqu'il était heureux sur un terrain de rugby.
10:10Si on devait caractériser le rugby pour Nicolas,
10:12finalement les tournois c'était ça.
10:14Un bon sandwich dans l'herbe
10:16et je profite de mon moment de bonheur.
10:19J'ai les potes, j'ai le ballon, j'ai le sandwich.
10:22Elle n'est pas belle la vie ? Et en plus ses parents ne sont pas là.
10:25Mais une fois les hommages passés, Philippe Chauvin se rend compte
10:27que ce combat, il est en train de le mener seul.
10:29Je pense qu'il n'y a pas que de la spontanéité.
10:34C'est-à-dire qu'on utilise l'événement
10:36pour rappeler un certain nombre de valeurs de famille du rugby,
10:39de choses de genre qui sont à dessein.
10:42C'est-à-dire regarder la grande famille du rugby autour de Nicolas Chauvin,
10:46regarder comme c'est beau dans les stades la minute de silence ou la minute d'applaudissement.
10:50Mais ça, c'est des éléments qui permettent, je pense, à un sport
10:56de faire son acte de contrition et en même temps de passer des messages.
11:01Des messages qui sont, entre guillemets, ceux du rugby.
11:05L'entrée de la solidarité, les valeurs.
11:08Mais ça, c'est du marketing, il ne faut pas se raconter de l'histoire.
11:11En juin 2019, l'enquête préliminaire ouverte pour mort anormale est classée sans suite.
11:16On estime que la mort de Nicolas relève d'un accident.
11:18Autrement dit, circuler, il n'y a rien à voir.
11:20Il décide alors de porter plein de contrix pour homicide involontaire
11:23six mois après la mort de son fils, parce qu'il en est sûr et certain,
11:26la mort de Nicolas est le résultat de ce double plaquage qui méritait une faute,
11:30comme il l'a démontré dans son analyse.
11:32Où j'ai été extrêmement surpris, c'est que la seule analyse qui a été faite, c'est la mienne.
11:35Ce que je vais vous montrer maintenant, c'est que malgré les belles déclarations,
11:37le monde du rugby n'a finalement pas fait grand-chose
11:39pour aider la famille Chauvin après la mort de Nicolas.
11:41Mais alors que les institutions le lâchent,
11:43Philippe Chauvin trouve le soutien de quelqu'un qui s'intéresse lui aussi à la mort de son fils.
11:47Je suis Ludovic Ninet, journaliste indépendant et également auteur.
11:52J'ai beaucoup couvert le rugby.
11:54C'est le spécialiste de l'affaire Chauvin.
11:56Il enquête depuis maintenant deux ans sur ce sujet
11:58qui cristallise un malaise dans le milieu du rugby.
12:00Et les arbitres ou les DTN, vous les appelez, vous dites que vous êtes journaliste,
12:04ils sont souriants, ils sont prêts à vous parler,
12:06vous dites que vous voulez parler de Nicolas Chauvin, tout se ferme.
12:11Et encore une fois, je repose cette question,
12:12si en fait, il n'y a pas de sujet, pourquoi est-ce qu'ils n'en parlent pas ?
12:18Un tabou qui pose forcément question
12:20et auquel nous avons été confrontés tout au long de l'enquête.
12:22Nous avons sollicité plusieurs personnalités du monde du rugby
12:25pour nous aider à analyser les images du plaquage.
12:27Des arbitres retraités, des arbitres étrangers, des anciens joueurs
12:30impliqués dans la question de la sécurité des joueurs.
12:32Personne n'a répondu favorablement à notre demande.
12:34Pour moi, ça, c'est déjà le témoin de quelque chose.
12:36Alors qu'il est expliqué par ailleurs qu'en fait, c'est la fatalité
12:41et donc que le rugby n'est pas responsable.
12:43Mais alors, s'il n'est pas responsable, pourquoi on n'en parle pas ?
12:45L'un des points qui suscite le plus de tensions, c'est cette fameuse question.
12:49Est-ce qu'il y a eu une faute sur Nicolas Chauvin ce jour-là ?
12:51Tout repose sur le visionnage de la vidéo, dans cette instruction.
12:57Puisque déjà, l'arbitre de champ du jour du match, qui est Adrien Marbeau,
13:00qui est aujourd'hui arbitre de top 14,
13:03et ses deux assesseurs disent que selon eux, il n'y a pas faute.
13:06Le rugby, c'est un sport régi par énormément de règles,
13:08censé garantir la bonne tenue du jeu
13:09et surtout, assurer la sécurité des joueurs.
13:12Toutes les phases de jeu possibles sont en principe régulées
13:14par le règlement de World Rugby.
13:16L'organisme qui dirige le rugby mondial, c'est comme la FIFA au foot.
13:19Soit le rugby dit aujourd'hui, c'est effectivement la fatalité.
13:23Ça peut arriver.
13:25Et donc, il faut arrêter de dire que c'est un sport sécure, en quelque sorte.
13:30Soit il y a réellement une faute,
13:32c'est-à-dire avec carrément une responsabilité pénale engagée.
13:34Et c'est aussi très important de le reconnaître
13:36parce que peut-être que ça contribuerait
13:39à changer des comportements dangereux et violents dans le monde du rugby.
13:44Dans le cas de l'affaire Chauvin, ce qui nous intéresse,
13:45c'est la règle 9, alignée à trait sur les plaquages dangereux.
13:48Elle indique, un plaquage dangereux comprend notamment,
13:50mais pas exclusivement, plaquer ou tenter de plaquer un adversaire
13:53au-dessus de la ligne des épaules,
13:55même si le plaquage a commencé en dessous de la ligne des épaules.
13:58En clair, il est normalement interdit de plaquer à la tête et au cou.
14:01Le problème, et c'est très important pour la suite,
14:03c'est que la règle est souvent soumise à l'interprétation de l'arbitre.
14:06Si vous voulez, ce n'est pas comme au foot où un hors-jeu peut être arbitré mécaniquement.
14:09Au rugby, il n'y a pas d'outils technologiques qui permettent de juger précisément
14:12le point d'impact et la dangerosité d'un plaquage,
14:15encore moins au niveau espoir.
14:16Tous les gens du stade français qui sont interrogés considèrent qu'il y a un plaquage haut,
14:21sachant que pour la plupart, ils sont interrogés sans avoir vu la vidéo.
14:24C'est leur souvenir.
14:25Ils sont tous un peu embêtés, mais tous disent que selon eux, il y a faute, il y a plaquage haut.
14:30Et du côté de l'UBB, Bordeaux-Beigle, tout le monde trouve que c'est bien,
14:36que les joueurs ont plaqué bas, etc.
14:38Quand on voit les images, et c'était aussi le but de diffuser la vidéo,
14:44on peut constater que les postures des deux plaqueurs, en tout cas, posent au moins question.
14:49Une question à laquelle a voulu répondre le juge d'instruction.
14:52Au cours de l'instruction, il entend quatre arbitres.
14:54Adrien Marbeau, l'arbitre du match, pour qui il n'y a pas faute.
14:57Didier Meunet, ancien arbitre et directeur technique national de l'arbitrage jusqu'en 2016,
15:02apporté en tant qu'expert par la partie civile.
15:04Pour lui, il y a deux fautes manifestes.
15:06Et au milieu, il y a les deux directeurs nationaux de l'arbitrage,
15:10Joël Dumais et Franck Nassilo, qui, de manière très spontanée dans l'audition,
15:15avant même d'être questionnés, vont trouver de nombreuses circonstances atténuantes
15:19pour expliquer qu'il n'y a pas forcément de raison de siffler.
15:23Et c'est parce que le magistrat instructeur leur explique que les conclusions médico-légales
15:29prouvent qu'il y a eu deux chocs épaule-tête des deux plaqueurs,
15:32que là, ils acceptent de considérer la chose différemment.
15:36Sachant que ces deux personnages ont vu la vidéo.
15:39Il y en a un des deux qui dit « alors si ça s'est passé comme vous le dites, alors… »
15:47Quatre arbitres, plusieurs avis différents,
15:49on vous parlait d'interprétation de la règle, et bien on est en plein dedans.
15:51Ce qu'on peut trouver dommageable aussi dans l'histoire,
15:54c'est que l'instruction judiciaire a été conduite
16:00sans l'expertise de la Fédération française de rugby.
16:02Or, s'il y a bien une institution qui est experte en matière de rugby en France, c'est celle-là.
16:07Cette mort pour le rugby français, c'est une très mauvaise affaire.
16:10Certaines personnes m'ont dit « c'est un caillou dans la chaussure », bien sûr.
16:14Il faut aussi se rappeler du contexte.
16:15Quatre ans plus tard, la France va organiser la Coupe du monde de rugby.
16:18L'enjeu est énorme pour les institutions.
16:20Un sport qui cherche à exister dans la concurrence du monde du sport,
16:23des audiences télé, d'attirer toujours plus d'argent,
16:27plus de moyens, plus de spectateurs.
16:31Oui, ce genre de drame, ça contribue à véhiculer soit une mauvaise image,
16:37soit de l'inquiétude, donc c'est pas bon.
16:40Alors, on aurait pu penser que la Fédération française de rugby
16:42allait prendre le problème à bras-le-corps,
16:44au moins pour rassurer ses pratiquants et potentiels futurs pratiquants.
16:47Pourtant, vous allez voir que la Fédé adopte une toute autre stratégie.
16:50Dans les jours qui ont suivi la mort de Nicolas,
16:51Philippe Chauvin rencontre à deux reprises Bernard Laporte, alors président de la FFR.
16:55L'ancien secrétaire d'État au sport est très touché par le combat du père
16:58et la mort de son fils, alors à l'époque, sa position est très claire.
17:02La santé des joueurs, elle est prioritaire.
17:05Et moi, je trouve qu'il y a des joueurs qui se comportent mal sur le terrain.
17:08Ceux qui viennent pour faire mal, placardons avec les épaules, etc.
17:13Moi, je suis pour les exclure et les punir grandement.
17:18Je trouve qu'on est trop laxiste en termes de sanctions
17:23avec des joueurs qui vont sur un terrain pour faire mal.
17:25Et notamment sur des placages hauts, où ce n'est pas des placages,
17:28parce que quand on plaque, il faut fermer avec les bras.
17:31Aujourd'hui, je vois des joueurs qui viennent et qui,
17:33à l'image d'un boxeur, avec l'épaule vont agresser le haut du corps de l'adversaire.
17:37Et tout ça est dangereux.
17:38Suite au drame qui ont secoué le rugby français l'année précédente,
17:40la FFR décide de mettre en place de nouvelles règles pour protéger les joueurs.
17:44La limite de placage est abaissée à la taille et le placage à deux devient interdit.
17:48Mais ces nouvelles règles, même si elles vont dans le bon sens,
17:50elles ne sont appliquées qu'au niveau amateur.
17:52La catégorie de Nicolas, qui évolue en espoir, n'est donc pas concernée.
17:55Et ça, c'est une première désillusion pour Philippe Chauvin,
17:57d'autant plus qu'il n'a quasiment plus aucune nouvelle de Bernard Laporte et de la SFR.
18:01La deuxième désillusion arrive à l'été 2019.
18:04On dirait qu'à partir du moment où il y a eu ce drame, en fait, tout s'est arrêté.
18:09Une réunion est organisée par le Stade français
18:11pour décider de l'attitude à adopter sur le combat de Philippe Chauvin.
18:14On sait qu'autour de la table dans cette réunion, il y a Roger Boutonnet,
18:18président de l'association du Stade français, dont dépend l'équipe Espoir.
18:21Pascal Papé, ancien joueur du XV de France et du Stade français,
18:24et alors manager de l'équipe Espoir, Philippe Serrano,
18:27médecin du club et membre du comité directeur.
18:29Et puis Jean-Christophe Berlin, qui était lui aussi membre du comité directeur du club.
18:33Six ans plus tard, personne n'a vraiment envie de s'exprimer.
18:35Et Jean-Christophe Berlin est le seul à avoir accepté de nous parler de cette réunion.
18:38Le président Roger Boutonnet a ouvert la séance
18:40en menaçant de démissionner si on allait dans le sens de la famille Chauvin.
18:43Pascal Papé, le vice-président, ne voulait pas non plus d'un procès.
18:46Je ne connaissais pas Philippe Chauvin,
18:48mais je considère qu'il était bien d'écouter ce qu'il avait à dire.
18:50Pas pour faire du tort au club de Bordeaux ni aux joueurs d'en face,
18:53mais pour que cette histoire ne soit pas enterrée,
18:55qu'on sache si ce n'était qu'un accident.
18:57Tout le monde a regardé ses pompes, il n'y a même pas eu de vote.
18:59Dégoûté par l'attitude de son club,
19:01Jean-Christophe Berlin démissionne dans la foulée de cette réunion.
19:03À ce moment-là, Philippe Chauvin se sent véritablement abandonné par tout le rugby français.
19:07On récapitule, il n'a plus de nouvelles de l'FFR ni de Bernard Laporte,
19:10et le club de son fils, le Stade français,
19:12décide de ne pas le soutenir dans son combat judiciaire.
19:14Sauf que Philippe Chauvin, il va faire une rencontre qui peut absolument tout changer.
19:17Cette rencontre, c'est Florian Grille,
19:19qui était à l'époque président de la Ligue Ile-de-France
19:21et à la tête de la liste d'opposition à Bernard Laporte.
19:23Et miracle, en 2023, Florian Grille est élu président de l'FFR.
19:27Pour Philippe Chauvin, c'est le temps de l'espoir.
19:28Il a enfin un allié, et cet allié est à la tête du rugby français.
19:32Les choses vont enfin pouvoir avancer.
19:34En tout cas, c'est ce qu'il croit.
19:35Florian Grille, en fait, il s'est appuyé sur Philippe Chauvin
19:39pour, je vais dire, communiquer sur la sécurité.
19:43Notamment sur cette fameuse règle 9 alinéa 11 du règlement de World Rugby.
19:48Cette règle 9 alinéa 11 de World Rugby,
19:50c'est le cheval de bataille de Philippe Chauvin.
19:52C'est la règle qui prouve, selon lui,
19:54que les joueurs qui ont plaqué son fils auraient dû être sanctionnés.
19:56Les joueurs ne doivent rien faire qui soit imprudent ou dangereux pour autrui.
20:00En coulisse, il promet à Philippe Chauvin d'en faire plus,
20:03d'essayer de savoir ce qui s'est passé.
20:05Et en fait, avec les semaines et les mois passant,
20:07il a fini par se réfugier derrière le fait que
20:10un panel d'experts de la Direction technique nationale et de l'arbitrage
20:15auraient analysé les images et auraient conclu qu'il n'y avait rien à redire.
20:21Donc Philippe Chauvin lui a, semble-t-il, toujours demandé,
20:24dans ce cas-là, livre-moi cette analyse, que je puisse la consulter,
20:29comprendre en fait votre position,
20:31même si elle est différente de la mienne, au moins que je comprenne.
20:34Cette analyse n'a à ce jour jamais été transmise à Philippe.
20:37Florian Grille a fini par se réfugier derrière le fait
20:39qu'il ne pouvait pas contredire cette analyse.
20:42Évidemment, moi aussi, j'ai essayé d'avoir cette analyse.
20:45Ludovic l'a demandé, le service des sports du Parisien l'a aussi demandé.
20:48Mais sans réponse de l'apport de la FED,
20:49j'ai décidé de m'inviter à une conférence de presse sur l'arbitrage organisée par la FFR.
20:53À cette conférence de presse, il y a les références de l'arbitrage français,
20:56Mathieu Renal et Romain Poit.
20:57Et aussi Jean-Marc Lhermé, vice-président de la FFR
21:00et bras droit de Florian Grille depuis des années.
21:02Et c'est Jean-Marc Lhermé qui accepte de me rencontrer
21:03pour parler d'arbitrage et de sécurité des joueurs.
21:06Nous, la sécurité du joueur reste un objectif majeur
21:09dans la façon dont les consignes,
21:11et ça a été répété aujourd'hui par Mathieu et Romain,
21:14sont données aux arbitres.
21:16Il est évident qu'on a travaillé beaucoup avec M. Chauvin
21:19sur la façon dont on pouvait faire évoluer les mentalités,
21:22mais aussi les règles.
21:24Il y a des choses qui ont été mises en place.
21:26Voilà, ne serait-ce que la plus visible,
21:28c'est l'inscription que tous les arbitres ont aujourd'hui sur leur manche
21:31qui incite les acteurs
21:34et notamment les joueurs à respecter les règles de sécurité
21:39qui sont inhérentes et propres à ce sport.
21:41Et puis d'autres actions qui ont été mises en place.
21:43Donc effectivement, les choses évoluent.
21:45Les choses évoluent dans le bon sens.
21:47Après, est-ce qu'on en fait assez ?
21:48Je ne sais pas, mais en tout cas, je pense que c'est vraiment un problème
21:52qu'on traite au maximum de ce qu'on peut faire
21:54et des consignes qui sont données chaque week-end aux arbitres,
21:57aux joueurs, pour que la sécurité des différents acteurs soit respectée.
22:01M. Chauvin vous a demandé un rapport d'expertise détaillé
22:04et apparemment, il attend toujours ce rapport d'expertise.
22:08Écoutez, là, il faut se tourner vers les services,
22:11la DIGC, donc la Direction des Affaires Juridiques de la Fédération Française de Rugby.
22:16Mais vous lui avez promis pourtant de...
22:17Moi, je n'ai rien promis parce que je n'étais pas là à l'époque.
22:20En avril dernier, à l'AG des grands blessés ?
22:24Je n'étais pas là, non.
22:25C'était M. Grille alors.
22:26Voilà, donc vous lui posez la question.
22:28Bon, on n'a toujours pas de réponse sur ce fameux rapport d'expertise,
22:30mais je ne repars quand même pas bredouille.
22:32Parce qu'au cours de la conférence de presse,
22:33il y a eu un élément super intéressant,
22:35quand Mathieu Reynaud, le boss de la cellule haute performance de l'arbitrage français,
22:39a expliqué la méthodologie appliquée par les arbitres pour sanctionner les plaquages de haut.
22:43C'est donc dans cette conférence de presse,
22:44et non pas lors de mon interview avec le vice-président de la FEDE,
22:47que je vais avoir des réponses à la question qui hante la famille Chauvin depuis 6 ans.
22:50On va analyser les images du plaquage
22:52en se basant sur la méthodologie fournie par Mathieu Reynaud.
22:55Chaque fois qu'il va y avoir un plaquage de haut,
22:58il y a 4 étapes.
22:59La première, est-ce qu'il y a un contact avec la tête ?
23:02Si oui, on passe à la deuxième étape.
23:04Sur les images, c'est assez clair, il y a bien au moins un contact avec la tête,
23:08d'autant plus que le rapport d'analyse médicale
23:10affirme bien que c'est un contact à la tête qui a provoqué la mort de Nicolas.
23:13Est-ce que c'est du jeu des loyaux ?
23:15Il peut arriver qu'il y ait un contact avec la tête,
23:17sans que ce soit du jeu des loyaux.
23:19Si c'est du jeu des loyaux,
23:21parce que le joueur était trop haut,
23:22parce qu'il avait le buste droit,
23:24on passe à la troisième étape.
23:26Sur l'image, vous pouvez voir le numéro 5 bordelais
23:28arriver sur Nicolas Chauvin avec le buste relevé.
23:31Il ne fait pas l'effort de se baisser
23:32et son épaule entre en contact avec la tête de Nicolas.
23:34Selon la définition de Mathieu Reynal,
23:36ça semble bien être du jeu des loyaux.
23:38Quel est le degré de danger
23:40de cette situation de jeu des loyaux ?
23:42Il y a trois points, soit on va faire le danger,
23:45danger modéré ou danger élevé.
23:48En fonction du degré de danger qui est décrété,
23:51ça donne un point d'entrée dans la sanction,
23:53qui peut être carton rouge ou carton jaune,
23:55ou simple pénalité.
23:56En prenant en compte la vitesse des deux joueurs
23:58évaluée à plus de 20 km heure,
24:00et vu les conséquences du plaquage,
24:01compliqué de considérer que le degré de danger
24:03n'est pas élevé.
24:04Et la quatrième étape,
24:05c'est est-ce qu'il y a un facteur atténuant ?
24:07Est-ce que le porteur de balle a été poussé avant ?
24:10Est-ce qu'il a changé sa direction de manière subite ?
24:12Est-ce qu'il a glissé ?
24:14Ces facteurs d'atténuation-là,
24:16s'ils sont clairs,
24:17ils vont amoindrir la sanction.
24:19Alors ça, c'est la ligne de défense officielle.
24:21Nicolas Chauvin s'est baissé au moment de l'impact,
24:23ce qui constitue un facteur atténuant.
24:25Après cinq ans d'instruction,
24:26la plainte contre Rix pour homicide involontaire
24:28déposée par la famille,
24:29a fait l'objet d'un non-lieu le 16 janvier 2025.
24:32Mais si on regarde dans le détail,
24:33le juge considère bien qu'il y a eu deux fautes sur Nicolas.
24:39Simplement, selon la justice,
24:40ces fautes ne sont pas répréhensibles au plan pénal.
24:42Ce qui permet de conclure un non-lieu,
24:44notamment, c'est que
24:47le juge considère
24:50que ce qu'on appelle l'élément moral n'est pas constitué.
24:53Selon le code pénal, l'élément moral fait référence
24:55à l'attitude psychologique de l'auteur
24:56vis-à-vis de la commission d'essai réprimée par la loi pénale.
24:59Pour faire simple, est-ce que les plaqueurs avaient conscience
25:01qu'ils risquaient de tuer Nicolas Chauvin avec ce plaquage ?
25:03Lui estime que ces deux joueurs n'avaient pas conscience
25:06qu'ils faisaient courir à Nicolas Chauvin un risque mortel,
25:09par leur action.
25:10Et ça, Philippe Chauvin et sa famille,
25:12non seulement ils ne le comprennent pas,
25:13mais surtout, ils ne l'acceptent pas.
25:15Il aurait mis l'épaule de l'autre côté,
25:16il aurait pivoté dans l'autre sens.
25:18Il évitait Nicolas.
25:20Donc, qu'on arrête de me dire
25:22que les joueurs ont subi une situation qu'ils ne voulaient pas.
25:26Ils ont couru vers Nicolas à toute vitesse.
25:29Ils n'ont pas assuré leur geste technique
25:31en regardant avant l'impact ce qui se passait.
25:34En 2023, Philippe Chauvin a publié un livre
25:36dans lequel il raconte son combat,
25:37un livre qu'il a titré « Mourir fait partie du jeu ».
25:39Moi, j'aimerais qu'on se dise non,
25:41mourir ne fait pas partie du jeu.
25:43C'est bien ce que je pense dans mon fort intérieur.
25:47Mais ce que nous démontre aujourd'hui l'instruction,
25:49ce que nous démontre le juge d'instruction,
25:51c'est que mourir fait bien partie du jeu,
25:52puisqu'il considère que les fautes qu'a subies Nicolas,
25:55qui lui ont coûté la vie,
25:57ne sont pas suffisantes pour créer une infraction pénale.
26:01Donc, on peut mourir sur un terrain de rugby en toute légalité.
26:04Ce n'est pas un problème.
26:05Aujourd'hui encore, la famille Chauvin veut continuer le combat.
26:08Elle a décidé de faire appel et demande notamment
26:10un dépaysement de l'affaire en dehors de Bordeaux
26:12pour plus d'objectivité.
26:13Depuis 2019, d'autres drames ont secoué le rugby français.
26:16Le dernier en date, c'est Nicolas Haddad, 15 ans,
26:18qui est mort après avoir reçu un choc à la tête lors d'un plaquage.
26:21C'était le 18 mars dernier.
26:22En 2022, Mathias Dantin, 17 ans à l'époque,
26:24devient tétraplégique après avoir subi un plaquage dangereux
26:27lors d'un match UNSS.
26:28Le 18 février dernier, l'auteur du plaquage qui l'a rendu tétraplégique
26:31a été condamné à 9 mois de prison avec sursis
26:33et 2 000 euros d'amende.
26:34Comme quoi, autre affaire, autre jugement.
26:37Et cette fois-ci, le plaqueur est condamné.
26:38Aujourd'hui, les deux joueurs auteurs du plaquage mortel
26:40ne souhaitent pas s'exprimer sur la mort de Nicolas Chauvin
26:42et continuent à jouer au rugby.
26:44Bien sûr que les auteurs du double plaquage
26:49sont pour nous les principaux responsables.
26:52C'est un manque de maîtrise.
26:54C'est un geste d'une violence inconsidérée.
27:02On ne peut pas rester insensible à ce qu'on a vu sur ces images.
27:07Et nous, ça nous restera ancré dans notre esprit toute notre vie.
27:12Dylan Dichary, 28 ans, joue à l'U.S. Tiros.
27:14Actuel premier de Fédéral Une, la cinquième division française.
27:17Adrien Vigne, 26 ans, joue à Nissan Pro D2
27:19avec qui il a effectué 6 matchs cette saison.
27:22Ils n'ont jamais essayé d'entrer en contact avec la famille Chauvin.
27:24Ce n'est pas parce que vous allez mettre 6 mois de suspension à un joueur
27:27parce qu'il a fait un plaquage haut
27:29que vous allez casser sa vie.
27:31Non, même, je vais vous dire,
27:33ce n'est pas parce que vous allez le radier à vie,
27:35et c'est ce qui, à la limite, mériterait l'un des deux joueurs,
27:38radier à vie du rugby,
27:40parce qu'il est extrêmement dangereux,
27:43eh bien, peut-être qu'il ne fera pas de rugby professionnel.
27:47J'en suis désolé pour lui.
27:49Mais, en tout cas,
27:52lui, il pourra faire autre chose dans sa vie.
27:54Il pourra avoir ses parents, il pourra avoir une famille,
27:56il pourra avoir des enfants.
27:58Nous, Nicolas, il ne s'est jamais relevé.

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