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Le corps d'un homme d'origine malienne a été envoyé par erreur au Sénégal. À cause d'« une confusion » de l'hôpital de Corbeil-Essonnes (Seine-et-Marne), Ibrahima Traoré a été enterré à la place d'un autre à Dakar. Depuis plus de dix jours, sa femme et ses enfants se battent pour le rapatriement du père de famille afin qu'il soit inhumé, comme il le souhaitait, au Mali.

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00:00Il est où, mon mari ? Il est où, Ibrahima Traoré ?
00:03Moi et mon grand frère, Abbas Traoré,
00:05on devait effectuer un lavage mortuaire de mon père.
00:09Je rentre dans une chambre mortuaire
00:11et je vois directement que ce n'est pas mon père.
00:12Là, mes frères demandent des explications à l'hôpital.
00:15L'hôpital commence à s'affoler, à aller chercher un petit peu partout.
00:18Ils finissent par venir leur voir, un petit peu toupeux, on va dire,
00:21et leur expliquer qu'ils ont eu une confusion,
00:24que du coup notre père à nous, Ibrahima Traoré, a été envoyé à Dakar
00:29et a été enterré à Dakar.
00:31Alors que nous, on est d'origine malienne
00:34et qu'on n'a aucun rapport avec le Sénégal, tout simplement.
00:39Ils nous ont détruit, ils ont détruit ma famille.
00:44Fatoumata, Hawa et Cheikh se battent pour faire rapatrier
00:47le corps de leur père et mari, Ibrahima Traoré.
00:50Décédé d'essuie d'un arrêt cardiaque au centre hospitalier de Corbeil-Esson le 2 mars dernier,
00:54son corps a été confondu avec celui d'un autre homme
00:57et envoyé par erreur au Sénégal le 7 mars.
01:00Ibrahima Traoré est à ce jour enterré à Dakar, dans la capitale sénégalaise,
01:04alors qu'il devait être inhumé sur sa terre natale au Mali, dans la région de Sikasso.
01:08Mon père il ressemblait à ça, voilà.
01:10Ça c'était mon père.
01:11Mon père faisait 1m85, il était chauve.
01:17On leur montre un homme qui a les cheveux afro,
01:21qui ne ressemble pas du tout à ça, qui est dénudé en plus de ça.
01:25Donc mon petit frère est complètement, à ce moment-là, choqué et traumatisé.
01:28Je suis rentrée comme une folle.
01:31Dans le bureau, j'ai tapé sur la table.
01:33J'ai dit « sortez mon mari, il est où ? »
01:35Là, on nous explique que la confusion elle est devenue parce que les deux messieurs s'appelaient Traoré.
01:41Ensuite, on nous explique que la confusion elle est devenue parce que mon père s'appelait Ibrahima
01:45et que le monsieur s'appelait Ibrahim.
01:48Ensuite, on apprend que le monsieur s'appelait Me***.
01:51Quelle cohérence, quel rapport il y a en fait ?
01:54Donc ce n'est pas lié au nom ?
01:56Ce n'est pas lié au nom du tout.
01:57Et je ne vais même pas mettre ça sur le fait de l'ethnie ou autre.
02:01Je vais plus mettre ça sur le fait de l'incompétence de cet hôpital en fait.
02:03Là, ce que j'ai devant les yeux, c'est un document qui prouve, qui atteste leur erreur.
02:08Le corps de monsieur Traoré Ibrahima, né le 31 août 1958, est décédé le 2 mars 2025.
02:15A été transféré sous scellé pour une inhumation à Dakar le vendredi 7 mars 2025.
02:21Le corps était intact.
02:22Il a été reconnu par les membres de l'autre famille
02:25et a bénéficié d'une toilette rituelle en présence de l'imam.
02:28Le centre hospitalier sud-francilien de Corbeil-Essonne
02:30assure qu'une enquête administrative a été diligentée
02:33et que tout est en œuvre pour organiser un rapatriement rapide.
02:36Pourtant, depuis cette lettre, les Traorés n'ont reçu aucune nouvelle
02:40concernant le retour du corps du père de famille.
02:42Ils ont fait la pire erreur du siècle, mais ils ne nous ont pas contacté.
02:45Je ne sais pas, pour eux, c'est une journée normale peut-être.
02:48Pour eux, peut-être que ça n'a rien passé.
02:50On ne sait même pas si c'est vraiment notre père qui a été envoyé là-bas.
02:53Nous, ce qu'on veut, c'est un test ADN pour prouver que c'est bien notre père,
02:56dans ce cercueil-là, déjà, pour commencer,
02:58et qu'il soit de retour pour être envoyé là où il voulait être envoyé.
03:02L'enterrer dignement, comme il m'a toujours demandé,
03:06le jour que ça va l'arriver, de l'envoyer à Ségaso,
03:11auprès de sa maman, qui est enterrée au cimetière de Ségaso, au Mali.
03:17Il y a 10 ans, c'est moi et mon papa quand j'étais petite.
03:21Il était vendeur agroalimentaire à Rangis, au marché de Rangis.
03:26Pour l'instant, on ne peut se consoler qu'avec ça,
03:29qu'avec des phrases qu'il utilisait, qu'avec les vidéos qu'on regarde.
03:35Moi, ça me fait rigoler quand je vois une vidéo de lui en train de jongler avec le ballon du PSG,
03:40alors que c'était un fan incontesté de l'OM.
03:42Comment on peut faire notre deuil ?
03:44Moi, je n'arrive même plus à dormir.
03:45J'ai l'impression de perdre la tête.
03:50La mort nous a vraiment séparés.
03:52Après 40 ans de vie commune, je suis blessée.
03:57Je suis blessée.
03:59Et la mort, la douleur, mais une autre douleur qui se rajoute,
04:03la perte du corps, il est où ?
04:08La perte du corps, il est où ?
04:11C'est le grand point d'interrogation.
04:13Il est où mon mari ?
04:14Il est où le papa des enfants ?
04:16Il est où le grand-père des enfants ?
04:18Il est où une personne si douce, si gentille ?
04:24Je pose la question à l'hôpital de Corbeil.
04:27On a un avocat qui va entamer des démarches
04:31et qui va porter plainte contre l'hôpital de Corbeil,
04:34contre les dirigeants de l'hôpital de Corbeil,
04:37contre la morgue et contre la société des pompes funèbres, je pense.
04:41L'erreur est advenue parce qu'ils sont incompétents, tout simplement.
04:45C'est vrai.
04:45Même dans un film, même dans une série,
04:47jamais, jamais, jamais, jamais j'ai entendu ça.
04:50Oui, c'est vrai.

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