• il y a 7 mois
Émilie Nguyen reçoit sur le plateau de Télématin Nadège Abomangoli, députée LFI de Seine-Saint-Denis pour revenir sur un sujet qui a fait beaucoup parler cette semaine : le projet de loi pour instaurer un congé menstruel pour les femmes salariées. La députée défend ce sujet et explique pourquoi il est important.

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Transcription
00:00 Bonjour Nadejda Boumengoli. C'est vrai que c'est un sujet qui a animé l'actualité politique.
00:05 Le projet de loi pour instaurer le congé menstruel pour les femmes salariées que vous soutenez.
00:09 En deux mots, il prévoit quoi ce projet de loi et pourquoi c'est si important ?
00:13 Alors tout d'abord c'est un arrêt menstruel. C'est très important parce que pendant des années,
00:19 les femmes souffrent en silence au travail lorsqu'elles ont des règles douloureuses.
00:23 Il y a 15 millions de femmes menstruées, de personnes menstruées.
00:27 Une sur deux indique qu'elle a des règles douloureuses et 20% très douloureuses.
00:31 Donc c'est un sujet de santé pour les femmes et c'est aussi un sujet pour faire évoluer la société.
00:36 Parce qu'on nous dit souvent de souffrir en silence, que ce sont des sujets tabous de bonnes femmes.
00:40 Nous on dit que le monde du travail doit s'adapter à ce que les femmes vivent tout au long de leur vie
00:46 et déviriliser en quelque sorte le monde du travail ou le culte de la performance.
00:51 Déviriliser ? Il est trop viril le monde du travail.
00:53 En fait dans le monde du travail, c'est le culte de la performance où on nous explique que
00:58 tout ce qui est perçu comme une faiblesse est négatif.
01:01 Les lieux de travail ne sont pas forcément adaptés à ce que vivent les femmes.
01:06 Et bien nous c'est l'objectif.
01:08 Donc ce projet de loi il visait à prévoir des jours d'arrêt pour les femmes qui ont des règles douloureuses.
01:13 Pourtant ce projet il a été rejeté par les députés en commission des affaires sociales.
01:17 16 voix pour, 16 voix contre, hyper serrées.
01:20 Il manquait qu'une seule voix pour que ça passe. Vous êtes déçus, en colère ?
01:23 Très déçus parce que ce sont les députés de la majorité de droite et d'extrême droite qui ont rejeté ce texte
01:29 en invoquant la question des coûts pour la sécurité sociale, que ce soit des arrêts de travail.
01:34 Mais en fait nous on estime que pour la société, et d'ailleurs même y compris en termes de productivité au travail,
01:40 c'est un investissement.
01:43 Et puis vous avez tout fait pour tenter de convaincre les collègues de voter, en particulier les hommes députés.
01:49 Ils ont pu tester ce que peuvent ressentir les femmes qui ont des règles douloureuses grâce à un appareil qui simule ces douleurs.
01:55 Vous l'avez apporté. On va d'ailleurs le faire tester à Damien qui est équipé.
01:59 Là il est en train de regarder la télécommande pour voir quelle intensité il va nous mettre.
02:02 Les députés eux risquent en tout cas de s'en souvenir.
02:05 Stop, stop, stop.
02:07 Aaaaah !
02:08 Ah la vache, c'est lourd.
02:10 Qu'est-ce que c'est ?
02:12 Waouh !
02:13 Aaaaah putain !
02:14 Aaaaah !
02:15 Ça fait super mal en fait.
02:17 Ah ouais c'est chiant.
02:18 Ah oui c'est une douleur particulière, c'est particulier.
02:21 Non mais c'est horrible en fait.
02:22 T'as l'impression d'avoir des petits coups de poignard en fait.
02:24 Ça vous fait sourire ?
02:25 Ça me fait sourire mais en même temps ça me fait sourire un peu jaune parce que finalement,
02:29 certains d'entre eux après n'ont pas voté ce texte.
02:32 Pourtant, tout...
02:34 Oui, le but c'était quand même de lire un texte.
02:36 Il n'y en a pas un qui n'a pas gémi ou s'est plié des douleurs.
02:40 Ça a été un anonyme.
02:41 Donc en fait, l'anonymité aurait dû être retrouvée en commission.
02:43 Bon, ça n'est pas terminé.
02:44 On va quand même beaucoup en parler la semaine prochaine puisque les écologistes comptent remettre ce sujet sur la table jeudi avec leur niche parlementaire à l'Assemblée...
02:50 C'est "Bastard, pète ta vie" Marine Charbonneur, je veux le rendre hommage.
02:53 ...Assemblée où les femmes sont minoritaires.
02:55 Est-ce que c'est ça qui explique aussi que ça n'a pas été voté ?
02:58 Ça explique des choses mais je pense que c'est pas la raison principale.
03:03 C'est quoi ? C'est que les règles c'est un tabou encore ?
03:05 Les règles c'est encore un tabou et un tabou au point que les questions budgétaires et comptables
03:12 l'emportent sur un apport à long terme.
03:14 C'est un investissement pour le long terme et finalement pour le bien-être au travail des femmes.
03:19 Je pense qu'il faut penser ça tout au long de la vie.
03:22 Du lycée au monde du travail, il y a aussi la question de la ménopause et les symptômes qui sont associés.
03:28 Je pense qu'il faut faire rentrer ce sujet parce que c'est un sujet de santé publique tout simplement.
03:32 Vous, vous avez dit que c'était une mesure de dignité.
03:34 C'est une question de dignité pour les femmes ?
03:36 C'est une question de dignité parce que vivre ça de manière cachée,
03:42 aussi parfois mettre en place des stratégies sur le lieu de travail pour pouvoir où se reposer
03:47 ou pour tout simplement avoir des sanitaires adaptés.
03:49 Parfois on se retrouve dans des toilettes sans poubelle.
03:52 Comment fait-on pour la protection hygiénique ?
03:54 Ce n'est pas l'avis d'une femme, députée Renaissance, Brichyte Kyliso,
03:57 qui s'est elle aussi exprimée lors de cette commission.
04:00 Toutes les femmes n'ont pas des règles douloureuses, toutes les femmes souffrent deux ou trois jours par mois, plus ou moins.
04:07 Ma carrière professionnelle a été longue et je dois dire que je n'ai jamais rencontré au cours de ma carrière
04:14 aucune de mes collègues qui se soit arrêtée systématiquement pour cause de règles douloureuses.
04:20 Votre réaction ?
04:22 Ma réaction c'est que justement elle démontre que ce n'est pas un sujet.
04:25 Peut-être que personne ne lui en a jamais parlé parce que même entre femmes,
04:29 on n'en parle pas forcément lorsqu'ils souffrent de règles douloureuses.
04:33 Et puis on ne s'arrête pas systématiquement parce qu'il y a là aussi des questions financières.
04:37 C'est une perte de revenu.
04:38 Elle a raison, en tout cas quand elle dit que ça ne l'a pas empêchée de faire carrière,
04:40 vous non plus ça ne vous a pas empêché de faire carrière, d'être cadre en entreprise en plus d'être députée.
04:45 Cet article du texte visait à instaurer un arrêt de 13 jours par an en cas de règles incapacitantes.
04:51 Est-ce que vous ne craignez pas la désorganisation dans des petites entreprises ?
04:55 Ou pire, des discriminations à l'embauche, à l'encontre des femmes ?
04:59 C'est ce que craignent en tout cas des associations féministes.
05:01 C'est ce qu'avait été craint, la question des discriminations.
05:04 Mais alors la réponse qu'on a apportée, toutes et tous qui soutenons ce texte,
05:08 c'est que des discriminations dans l'entreprise pour les femmes, elles existent déjà.
05:12 Nous ce qu'on veut, c'est surtout...
05:14 Ça ne va pas les aggraver ?
05:15 On n'a pas le sentiment.
05:16 En fait, on a fait un choix.
05:18 Se dire que les discriminations existent, mais en même temps nous devons mettre ce sujet sur la table.
05:24 Ça n'empêche peut-être pas de faire des carrières, mais ça les empêche de les mener sereinement.
05:29 Ça peut en tout cas, Aminima, renvoyer l'image, et ça c'est ce que vous disiez aussi en début,
05:33 que les femmes ne peuvent pas occuper les mêmes postes que les hommes.
05:36 Vous savez en fait que cet argument reviendra tout le temps, quel que soit le sujet.
05:41 Si ce n'est pas ce sujet-là, ce sera autre chose, ce sera les enfants.
05:44 En tout cas, nous ce qu'on veut, c'est un changement de société
05:47 et mettre sur le devant de la scène les sujets qui concernent les femmes.
05:50 Nadège Abou-Mangoli, la France a 5,6% de déficit, plus de 3 000 milliards d'euros de dettes.
05:56 C'est vraiment là la priorité ?
05:58 Il me semble que la question de la santé au travail c'est une priorité.
06:02 Je sais qu'on a supprimé les comités hygiène, santé, sécurité ces dernières années,
06:08 qu'on n'a plus d'inspecteurs du travail.
06:10 Mais Sébastien Pétavide, dans son texte, propose une solution de compromis,
06:13 de faire en sorte que ce soit les entreprises qui prennent cela en compte.
06:17 En tout cas, les entreprises devront le prendre en compte parce que la sexualité évolue,
06:21 que les déments des femmes sont de plus en plus fortes
06:23 et qu'elles sont présentes dans le monde du travail.
06:25 L'Assemblée, on le disait, où les femmes sont minoritaires,
06:27 vous pensez qu'elle va en prendre compte jeudi ?
06:30 Sébastien Pétavide a proposé au Premier ministre de tester le simulateur que vous avez testé aujourd'hui.
06:36 Peut-être cela lui fera toucher les demains.
06:37 À tous, à l'ensemble des hommes de l'Assemblée ?
06:39 En tout cas, aux hommes responsables qui devront convaincre leurs députés que c'est un texte important.
06:43 Emmanuel Macron va le tester ou pas ?
06:45 On aimerait bien, mais la réalité, c'est que je pense que chacun sait que c'est important.
06:52 La question, c'est est-ce qu'on veut se dire que ce qui concerne les femmes,
06:57 leurs conditions de travail, est important ou pas ?
07:00 On a expliqué que l'égalité en femmes était une cause majeure de ce quinquennat et du précédent.
07:06 Maintenant, il faut des actes et des investissements.
07:08 On va se tourner vers Damien. Damien, est-ce que vous êtes prêt ?
07:12 J'ai deux petites électrodes qui sont collées sur le ventre.
07:15 Il faut lire un texte et vous enclencher.
07:18 Il faut que je lise un texte ?
07:19 Pour voir si vous y arrivez. Faites un lancement.
07:23 D'accord. J'appuie.
07:26 C'est le moment de retrouver l'invité d'actualité.
07:29 Vous rejoignez notre…
07:31 Ah !
07:32 Ça fait submotive.
07:33 Ah, vraiment ?
07:34 Ah, ben vraiment, oui.
07:36 Ah !
07:37 Ça peut…
07:38 En fait, c'est des coups de poignard.
07:41 Vous espérez que ça provoque des choses ?
07:43 De toute façon, là, c'est un premier geste politique.
07:47 On ne lâchera pas l'affaire.
07:49 On va essayer de faire un texte transpartisan pour essayer de convaincre.
07:53 On ne va pas laisser Damien dans ces conditions-là.
07:55 Non, mais attends, je suis pas mal suivable en plus.
07:57 Merci beaucoup, Nadejda Mombongoli, d'être venue députée LFI de Seine-Saint-Denis.

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