Grand témoin : Jean-René Cazeneuve, député Renaissance du Gers
GRAND DÉBAT / Règles douloureuses au travail : la fin d'un tabou ?
« Le récap » par Bruno Donnet
Créer un congé spécial pour les femmes qui souffrent de douleurs menstruelles : c'est le sens d'une proposition de loi au programme de la niche écologiste, le jeudi 4 avril 2024, à l'Assemblée nationale. Le texte prévoit notamment jusqu'à 13 jours d'arrêt par an, disponibles après obtention d'un certificat médical faisant état de « menstruations incapacitantes ». Ils seraient pris en charge par la Sécurité sociale, sans jour de carence. Pour sensibiliser les hommes à ces souffrances féminines, les écologistes ont fait tester à plusieurs députés de tous bords un simulateur de règles. Ils ont unanimement reconnu que certaines douleurs pouvaient être invivables. La majorité reste toutefois réticente à ce congé menstruel, dont le coût est évalué par le gouvernement entre 600 millions et un milliard d'euros par an. Sa mise en place ne risque-t-elle pas d'ouvrir la voie à une multiplication des arrêts maladie et à une nouvelle forme de discrimination des femmes à l'embauche ?
Invités :
- Mélanie Vogel, sénatrice écologiste des Français établis hors de France
- Brigitte Liso, députée Renaissance du Nord
- Alice Romerio, maîtresse de conférences en sciences politiques à Paris 8
- Violaine De Filippis-Abate, avocate féministe et chroniqueuse à « L'Humanité »
- En Skype : Juliette Ryan, Présidente d'ENDOmind
GRAND ENTRETIEN / Jean-René Cazeneuve : recherche économies désespérément...
Le rapporteur général de la commission des finances, Jean-René Cazeneuve, a été chargé par le Premier ministre, Gabriel Attal, de piloter une taskforce sur la taxation des rentes. Dans un contexte où la dette explose et où le déficit est bien supérieur aux prévisions du gouvernement, où l'Etat français peut-il piocher pour faire des économies ?
Grand témoin : Jean-René Cazeneuve, député Renaissance du Gers
LES AFFRANCHIS
- Yaël Goosz, éditorialiste et chef du service politique à France Inter
- Richard Werly, correspondant France/Europe pour « Blick »
« Bourbon express » : Marco Paumier, journaliste LCP
Ça vous regarde, votre rendez-vous quotidien qui prend le pouls de la société : un débat, animé par Myriam Encaoua, en prise directe avec l'actualité politique, parlementaire, sociale ou économique.
Un carrefour d'opinions où ministres, députés, élus locaux, experts et personnalités de la société civile font entendre leur voix.
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GRAND DÉBAT / Règles douloureuses au travail : la fin d'un tabou ?
« Le récap » par Bruno Donnet
Créer un congé spécial pour les femmes qui souffrent de douleurs menstruelles : c'est le sens d'une proposition de loi au programme de la niche écologiste, le jeudi 4 avril 2024, à l'Assemblée nationale. Le texte prévoit notamment jusqu'à 13 jours d'arrêt par an, disponibles après obtention d'un certificat médical faisant état de « menstruations incapacitantes ». Ils seraient pris en charge par la Sécurité sociale, sans jour de carence. Pour sensibiliser les hommes à ces souffrances féminines, les écologistes ont fait tester à plusieurs députés de tous bords un simulateur de règles. Ils ont unanimement reconnu que certaines douleurs pouvaient être invivables. La majorité reste toutefois réticente à ce congé menstruel, dont le coût est évalué par le gouvernement entre 600 millions et un milliard d'euros par an. Sa mise en place ne risque-t-elle pas d'ouvrir la voie à une multiplication des arrêts maladie et à une nouvelle forme de discrimination des femmes à l'embauche ?
Invités :
- Mélanie Vogel, sénatrice écologiste des Français établis hors de France
- Brigitte Liso, députée Renaissance du Nord
- Alice Romerio, maîtresse de conférences en sciences politiques à Paris 8
- Violaine De Filippis-Abate, avocate féministe et chroniqueuse à « L'Humanité »
- En Skype : Juliette Ryan, Présidente d'ENDOmind
GRAND ENTRETIEN / Jean-René Cazeneuve : recherche économies désespérément...
Le rapporteur général de la commission des finances, Jean-René Cazeneuve, a été chargé par le Premier ministre, Gabriel Attal, de piloter une taskforce sur la taxation des rentes. Dans un contexte où la dette explose et où le déficit est bien supérieur aux prévisions du gouvernement, où l'Etat français peut-il piocher pour faire des économies ?
Grand témoin : Jean-René Cazeneuve, député Renaissance du Gers
LES AFFRANCHIS
- Yaël Goosz, éditorialiste et chef du service politique à France Inter
- Richard Werly, correspondant France/Europe pour « Blick »
« Bourbon express » : Marco Paumier, journaliste LCP
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NewsTranscription
00:00 [Générique]
00:06 Bonsoir et bienvenue, très heureuse de vous retrouver dans "Ça vous regarde"
00:10 Ce soir, taxes, rentes, impôts, la grande confusion.
00:14 Bonsoir Jean-René Kesneuve.
00:15 Bonsoir.
00:16 Et merci d'être notre grand témoin.
00:17 Ce soir, vous êtes le rapporteur général du budget à l'Assemblée nationale.
00:22 Autant dire que vous avez beaucoup de pain sur la planche.
00:25 Les déficits dérapent et la majorité se déchire.
00:29 Fractures sur la réforme de l'assurance chômage, concours lépine pour trouver des économies et pour déminer tout ça.
00:36 Et bien le Premier ministre vient de vous nommer à la tête d'une task force de député.
00:41 On va en parler tout à l'heure dans le détail, dans la deuxième partie.
00:44 Notre grand débat ce soir, pour ou contre l'instauration d'un congé menstruel au travail.
00:51 Une proposition de loi écologiste doit être débattue ce soir.
00:54 A autorisé une réserve de 13 jours d'arrêt par an sur présentation d'un certificat médical.
01:00 En France, une femme sur deux souffre de règles douloureuses.
01:03 Une sur dix est atteinte d'endométriose.
01:06 Alors ce congé vrai ou fausse bonne idée ? Nous en débattons dans un instant sur ce plateau.
01:11 Enfin, nos affranchis ce soir.
01:13 Le parti prix politique de Yaël Gauze.
01:15 L'Europe dans tous ses états.
01:17 Richard Verli et puis Bourbon Express pour terminer avec Marco Pommier.
01:21 Voilà pour le sommaire.
01:22 On y va Jean-René Cazeneuve.
01:24 Ça vous regarde, générique.
01:26 Le tabou des règles est en train de tomber dans notre pays.
01:41 En France, deux femmes sur trois ont déjà été confrontées à des difficultés liées à leurs règles au travail.
01:46 Certaines sont même anéanties par des douleurs terribles.
01:50 Et les revoilà. Donc l'idée d'instaurer un congé menstruel.
01:53 Il revient régulièrement ce congé dans le débat public.
01:57 Alors est-ce que c'est cette fois-ci la bonne ?
02:00 On verra ça ce soir dans la soirée pour ceux qui suivent le live tweet de LCP tout à l'heure.
02:05 En attendant, on en débat.
02:07 Mélanie Brugel, bonsoir.
02:09 Merci d'être là.
02:10 Vous êtes sénatrice écologiste des Français de l'étranger.
02:13 C'est vous qui aviez porté la proposition de loi au Sénat sur le congé menstruel.
02:17 Rejetée par la droite.
02:19 Vos collègues, ici à l'Assemblée, députés, reviennent à la charge ce soir dans l'hémicycle.
02:24 C'est une niche parlementaire.
02:26 Ça veut dire qu'il y a un temps restreint.
02:28 À minuit, c'est fini. On verra ce qu'il en sera.
02:31 Peut-être que le texte sera compromis, le débat.
02:34 On le verra plus tard.
02:36 Bonsoir, Brigitte Liseau.
02:37 Merci d'être là.
02:38 Vous êtes députée Renaissance du Nord.
02:40 Vous avez voté contre ce congé menstruel en commission des affaires sociales.
02:43 Vous nous direz pourquoi.
02:44 Bonsoir, Alice Romério.
02:46 Bienvenue sur ce plateau.
02:48 Vous êtes sociologue du travail.
02:49 Vous avez beaucoup travaillé sur les conséquences de l'endométriose sur la vie professionnelle des femmes.
02:54 Bonsoir, Violaine de Philippis Abatt.
02:57 Bienvenue à vous.
02:58 Vous êtes avocate féministe.
03:00 Vous êtes porte-parole jusqu'à encore quelques jours, c'est ça, d'Oser le féminisme, l'association.
03:06 Et vous êtes aussi chroniqueuse à l'humanité.
03:09 Jean-René Cazeneuve, le seul homme de ce plateau, je l'espère, aura des questions à nos invités.
03:14 Je crois aussi que vous êtes le père d'une jeune femme.
03:17 Peut-être concernée, vous nous le direz, mais d'abord, on va planter le décor comme chaque soir.
03:22 Que prévoit cette proposition de loi ?
03:24 Tout de suite, le récap de Bruno Donnet.
03:26 [Musique]
03:35 Bonsoir, mon cher Bruno.
03:37 Bonsoir, Myriam. Bonsoir à tous.
03:38 Dans votre récap ce soir, une proposition de loi pour changer les règles.
03:42 Oui, car les règles qui nous occupent ce soir, Myriam, sont à la fois un grand sujet de santé publique,
03:47 mais également une préoccupation très politique qui n'a plus peur de dire son nom.
03:52 Les jeunes femmes aujourd'hui, et c'est leur grande victoire, n'ont plus peur de dire qu'elles ont leurs règles.
03:58 Elles le disent, le tabou des règles, c'est terminé.
04:01 Car les fameuses menstruations, qui on le sait, peuvent être infiniment douloureuses,
04:07 ainsi que l'endométriose qui touche une femme sur 10, posent problème au travail.
04:12 Alors, aujourd'hui, les règles sont simples.
04:14 Les femmes qui souffrent de douleurs menstruelles peuvent prendre un arrêt maladie.
04:18 Seulement, voilà, cet arrêt est soumis à un délai de carence qui les prive donc d'une partie de leur revenu.
04:24 Ces jours de carence sont une véritable punition financière,
04:28 et ce, pour le simple fait d'être une femme et d'avoir des douleurs menstruelles.
04:32 C'est donc pour cette raison-là que le groupe écologiste a donc choisi de déposer une proposition de loi
04:38 qui prévoit notamment 13 jours d'arrêt maladie par an, 100 jours de carence, payés à 100% par l'assurance maladie.
04:46 Néanmoins, certains n'ont pas eu besoin de loi.
04:48 Des grands groupes comme Carrefour, L'Oréal, permettent déjà aux femmes de s'arrêter de travailler sans perdre de salaire.
04:55 C'est également le cas dans certaines municipalités comme Saint-Ouen, Arras, Grenoble, Strasbourg, ou encore Lyon.
05:01 Et même dans certaines petites entreprises comme Louis Design, dont le créateur a récemment expliqué les modalités, somme toute assez simples, qu'il applique.
05:10 Pas de mot du médecin, pas de justificatif.
05:12 L'idée c'est que chaque femme a la possibilité chaque mois d'utiliser une journée de congé ou de télétravail menstruel.
05:18 C'est une journée en plus qui est offerte, payée par l'entreprise.
05:21 Et pour autant, Bruno, cette proposition de loi ne fait pas l'unanimité.
05:24 Oui, elle est contestée, Myriam, par une partie de la majorité et par certaines associations féministes.
05:30 Du côté de la majorité, on lui reproche son coût pour les finances publiques et le fait qu'elles soient assez peu concernantes.
05:36 C'est ce que vous avez défendu la semaine dernière, vous, Brigitte Liseau, en commission parlementaire. On vous écoute.
05:42 Toutes les femmes n'ont pas des règles douloureuses.
05:45 Toutes les femmes souffrent deux ou trois jours par mois, plus ou moins.
05:49 Ma carrière professionnelle a été longue et je dois dire que je n'ai jamais rencontré au cours de ma carrière
05:56 aucune de mes collègues qui se soit arrêtée systématiquement pour cause de règles douloureuses.
06:02 Alors quant à l'association Oser le féminisme, que vous représentez, vous, Violaine de Philippis,
06:08 elle est également assez réservée et pointe un risque de discrimination à l'embauche et une stigmatisation des femmes au travail.
06:16 Face à toutes ces réticences, les écologistes ont fait tester un simulateur de règles douloureuses à des hommes.
06:24 Et le résultat de l'expérience est sans appel.
06:27 Voilà, tous ces messieurs ont juré de voter en faveur de la proposition de loi.
06:43 Une proposition dont j'allais oublier de vous signaler qu'elle est résumée par une terminologie un peu cocasse.
06:49 On l'appelle en effet le congé menstruel, un congé pour des femmes malades,
06:56 comme si on parlait de congé grippal ou de congé lombalgie,
07:01 où l'on comprend, Myriam, que la vacance sémantique est quelquefois hautement symptomatique.
07:06 Merci, et merci pour cette chute sur les mots mal nommés les choses.
07:10 Vous savez, ça rajoute au malheur du monde, comme disait un certain Camus.
07:14 Avant d'en venir au congé menstruel, à ces modalités techniques,
07:19 moi je voudrais quand même commencer par ce que dit Laurence Rossignol, la sénatrice socialiste.
07:23 C'est important quand même, parce qu'est-ce que c'était long, ces millénaires de tabous.
07:28 Les femmes sont restées toutes seules à gérer tout ça dans leurs coins,
07:33 un peu de sororité, mais pas beaucoup, et c'était pas simple.
07:37 Est-ce que ce tabou brisé, enfin, merci qui ?
07:42 Mélanie Vaugel.
07:44 Je sais pas si on l'a complètement brisé, mais indiscutablement,
07:48 on progresse vers le fait de considérer que les règles, ça fait partie de la vie, c'est normal,
07:53 il n'y a pas à se cacher. Je pense qu'on n'est pas encore totalement là.
07:57 Moi, je me souviens quand j'avais porté au Parlement européen,
08:00 quand j'étais représentante du personnel, le fait qu'on installe un arrêt menstruel.
08:04 Mes collègues qui m'avaient dit "oui, on en aurait besoin" me disaient,
08:08 la première raison pour laquelle elles en avaient un peu peur, c'était
08:12 "tout le monde doit savoir que j'ai mes règles".
08:15 C'était il y a quatre ans.
08:17 Donc ça veut dire que dans l'imaginaire, l'inconscient collectif,
08:20 ça reste un peu honteux, sale, dégoutant ?
08:22 Ça reste encore, et je pense que le fait, outre lutter contre les discriminations,
08:28 permettre que le monde du travail soit adapté aux personnes qui travaillent,
08:31 et pas que les personnes qui travaillent, quand elles ont le règle,
08:34 s'adaptent au monde du travail,
08:36 c'est un peu le fait de permettre, je pense que l'arrêt menstruel
08:39 participe aussi à lutter contre ce tabou, puisque ça devient,
08:42 et le fait qu'on en discute aujourd'hui, ça en fait partie,
08:45 le fait qu'on en parle au Parlement, ça fait partie d'un mouvement de société
08:48 qui consiste à exprimer simplement le fait qu'il y a 15 millions de personnes
08:52 qui ont leurs règles en France et que c'est un fait normal.
08:56 - C'est vrai quand même, et là je me tourne vers la sociologue que vous êtes,
09:00 Alice Romério, que la société, elle avance.
09:02 C'est presque une révolution.
09:04 On peut franchement parler du sang, des tâches, des accidents,
09:08 c'est pas quelque chose d'évitant, c'est pas très glamour les règles,
09:11 mais ça change. Par exemple, la sociologue que vous êtes,
09:14 c'est un sujet récent dans les recherches,
09:17 s'intéresser aux règles et aux règles au travail ou pas ?
09:20 - Alors la question de la sociologie,
09:25 comment les règles sont traitées en sociologie,
09:27 c'est pas complètement nouveau.
09:30 Maintenant, il y a des travaux plus récents qui s'intéressent à ce sujet-là
09:34 et en particulier au travail,
09:37 mais j'aimerais quand même revenir sur le fait que le tabou est brisé.
09:40 Je pense qu'il y a une politisation du sujet
09:43 qui fait qu'on en parle plus comme étant un sujet d'actualité à prendre en compte.
09:48 C'est pas pour autant que les femmes au travail aujourd'hui
09:51 disent à leurs collègues "Aujourd'hui, je suis pas très bien, j'ai mes règles".
09:57 - On va y venir, au travail, dans un instant.
10:00 Mais sur le mouvement, parce qu'il y a une libération de la parole.
10:03 Et d'ailleurs, on a l'impression que c'est la société
10:05 qui avance un peu plus vite que les politiques,
10:07 parce que le législateur avance aussi sur la précarité menstruelle,
10:11 il y a des moyens de lutte,
10:13 il y a la question de l'écologie aussi qui s'est invitée sur les protections hygiéniques.
10:16 La société va plus vite que les responsables politiques sur ce domaine, et tant mieux.
10:22 - Le temps politique est toujours plus long que la société,
10:25 on l'a vu dans les grandes avancées féministes,
10:27 ça a souvent été poussé par des militantes, des activistes,
10:31 quelles soient, peu importe leur profession,
10:33 je pense notamment à des avocates, bien sûr.
10:35 Et là, pour l'arrêt menstruel, évidemment, sur le principe, c'est une bonne chose.
10:39 - Tout le monde dit "arrêt", je remarque, donc je vais dire "arrêt".
10:41 - C'est d'ailleurs le terme qu'ils utilisent dans la loi,
10:43 précisément parce que c'est pas un congé.
10:45 - D'accord, alors on dit "arrêt".
10:47 - C'est pas des vacances, donc évidemment, l'arrêt menstruel est une bonne chose,
10:49 parce que ça prend en compte la douleur spécifique
10:51 liée aux règles quand elles sont incapacitantes.
10:53 Maintenant, ça aurait pu, je pense, être mieux pris en compte,
10:57 c'est-à-dire, prenons le problème à la racine,
10:59 qui est finalement la suspicion des salariés EES et ES,
11:02 quand il ou elle sont en arrêt maladie, finalement, d'exagérer un peu.
11:05 Et c'est pour ça qu'on a mis des jours de carence,
11:07 dont on évoque maintenant, finalement, qu'on les doublerait.
11:10 Alors, ce ne serait plus trois jours, ce serait six jours,
11:12 enfin, c'est un débat, j'ai entendu passer ça.
11:14 Mais finalement, la question, pour ne pas discriminer les femmes au travail,
11:17 parce que dans la tête d'un employeur, et là, je parle en tant qu'avocate,
11:20 les employeurs discriminent les femmes,
11:22 on le sait dans leur évolution de carrière.
11:24 Donc, finalement, avoir un arrêt spécifique,
11:26 ça va être très difficile ensuite de prouver qu'une femme n'a pas eu un poste
11:29 parce qu'elle posait ces arrêts.
11:31 Donc, finalement, la solution serait de réfléchir à un financement
11:34 pour tous et toutes, de zéro jour de carence,
11:37 parce qu'on sait que le budget de l'Etat, c'est des vases communicants,
11:40 je rappellerais que l'impôt sur la société a été baissé de 8 points en 8 ans,
11:43 pas pour être épais, pour les grosses sociétés.
11:45 - Vous allez direct sur le sujet. - On le trouve.
11:48 - La carence, combien ça va nous coûter,
11:50 et qu'est-ce qu'on pourrait faire tout de suite ?
11:53 Je viens vers vous dans un instant, Brigitte Liseau,
11:55 mais je voudrais vous montrer, parce que c'est vrai que...
11:58 Moi, je trouve ça important, quand même, qu'on s'arrête sur un changement,
12:01 un changement de société, dans les mots, dans la manière d'en parler.
12:04 C'est quelque chose qui n'existait pas, moi, par exemple,
12:07 quand j'avais 20 ans, et donc c'est bien que ça change.
12:10 Les femmes députées, tiens, c'est un peu le système D aussi, pour elles,
12:13 à l'Assemblée, écoutez.
12:15 - Moi, j'ai le mal aujourd'hui, et je suis en niche,
12:17 et donc je serai dans l'hémicycle jusqu'à 10h.
12:19 Mais après, moi, j'ai la chance de pouvoir avoir mal,
12:22 mais pas que ça soit incapacitant.
12:23 Donc, je vais aller travailler, et c'est pas un problème.
12:25 - On m'a arrivé de souffrir sur les bancs de l'Assemblée,
12:27 alors, vous voyez, on est là, quand même, on ne fait pas d'arrêt maladie,
12:29 on est présents malgré tout.
12:31 Pour nous, c'est peut-être un peu plus facile,
12:33 parce qu'il y a des professions où, vraiment,
12:35 quand on a des douleurs menstruelles qui sont extrêmement importantes,
12:38 il est extrêmement difficile d'aller travailler.
12:40 Quand j'ai été caissière pendant des années,
12:42 je peux vous dire que quand vous avez des règles douloureuses,
12:45 aller tenir en caisse pendant 8h par jour,
12:47 en étant debout, assise, debout, assise,
12:49 en portant des poids, c'est extrêmement difficile.
12:51 - Alors, vous allez nous dire ce qu'il faut faire
12:54 avec ce congé, cet arrêt menstruel côté majorité dans un instant,
12:59 mais je voudrais qu'on entende Juliette Ryan pour ouvrir ce débat.
13:03 Bonsoir, madame.
13:04 Vous êtes la présidente d'Endomind,
13:06 l'association française d'action contre l'endométriose,
13:09 dont souffre donc une femme sur 10 dans notre pays.
13:12 Vous-même, je crois, vous êtes atteinte d'endométriose.
13:14 Alors, expliquez-nous précisément quels sont les symptômes.
13:17 Certaines femmes racontent qu'elles ne peuvent même plus
13:19 se lever de leur lit.
13:21 - Oui, tout à fait.
13:22 Alors, les symptômes de la maladie sont divers.
13:24 Il va y avoir des troubles digestifs, de la fatigue chronique,
13:26 des troubles de la fertilité, des rapports pendant les...
13:29 des douleurs pendant les rapports sexuels
13:31 et surtout la question des douleurs pendant les règles
13:34 avec des douleurs qui peuvent être largement incapacitantes.
13:37 Pour vous donner un ordre d'idée,
13:39 on va être sur des douleurs qui peuvent être en période de crise
13:41 similaires à celles qu'on peut ressentir
13:43 pendant un accouchement.
13:45 - Certaines femmes disent même que l'accouchement,
13:47 c'est moins douloureux que l'endométriose
13:49 pendant leurs règles.
13:51 Alors, il y avait une résolution ici à l'Assemblée
13:53 qui avait, alors sans pouvoir contraignant,
13:55 normatif, juridique,
13:57 mais qui avait reconnu comme affection de longue durée,
13:59 c'était à l'initiative de la France insoumise Clémentine Autain,
14:02 l'endométriose comme affection de longue durée.
14:04 Est-ce que vous...
14:07 vous avez facilement des arrêts maladie
14:10 quand vous souffrez d'endométriose
14:12 ou c'est le parcours du combattant ?
14:14 - Alors, tout d'abord, pour réagir,
14:16 la proposition de loi qui avait été adoptée
14:18 à l'unanimité de l'Assemblée nationale n'a pas fait l'objet
14:20 d'une mise en œuvre par voie de décret.
14:22 Donc aujourd'hui, l'endométriose n'est toujours pas reconnue
14:24 comme affection de longue durée ALD30.
14:26 Donc c'est toujours une difficulté importante
14:28 pour les femmes qui ont de l'endométriose
14:30 de réussir à accéder à cette reconnaissance en ALD
14:33 qui permet justement de ne pas subir le jour de carence.
14:37 Donc aujourd'hui, il y a 0,5% des femmes
14:40 qui ont de l'endométriose qui bénéficient
14:42 de cette reconnaissance en ALD.
14:43 Donc ce dispositif reste largement perfectible
14:46 sur cette question.
14:47 - C'est pourquoi vous l'attendez,
14:49 cette proposition de loi écologiste, j'imagine,
14:51 de pied ferme, pour que ce ne leur coûte pas
14:54 de s'arrêter, tout simplement.
14:56 - Exactement. Alors aujourd'hui, il y a plus de 50% des femmes
14:59 qui estiment que du fait de leur pathologie,
15:01 elles ont été freinées ou empêchées dans leur carrière.
15:04 Et comme ça a déjà été dit,
15:06 il y a la question très importante du jour de carence.
15:08 Les femmes subissent déjà des revenus inférieurs
15:12 à ceux des hommes de manière générale.
15:14 Avec une maladie qui suscite des arrêts
15:18 qui peuvent être courts mais répétés,
15:20 pour certaines femmes, cela peut signifier
15:22 des pertes de salaire chaque mois,
15:24 ou tous les deux mois, ou tous les trois mois.
15:26 - Bien compris.
15:27 Merci beaucoup, Mme Ryan.
15:29 Brigitte Lisaud, quand on écoute, franchement,
15:32 cette représentante des malades de l'endométriose,
15:35 on se dit que c'est du bon sens
15:37 que de leur accorder cet arrêt et ces jours de carence
15:41 qui doivent disparaître, ça ne doit pas coûter aux salariés.
15:45 Ça semble tout simplement légitime, non ?
15:48 - Moi, je vais vous dire, sur le plan philosophique,
15:51 je suis d'accord avec la loi qui a été présentée
15:54 à l'Assemblée par Sébastien Pétavy.
15:57 Ce qui me gêne, c'est cet aspect forfait
16:01 pour les femmes et annuel, on va dire.
16:04 - Forfait, c'est quoi ? C'est les 13 jours annuels ?
16:06 - 13 jours par mois,
16:07 avec une consultation médicale pour l'année.
16:10 Donc voilà, et ce forfait peut être soit une fois par mois,
16:15 enfin, selon ce que souhaite la femme.
16:18 - Vous voudriez qu'on puisse, pour voir quoi,
16:20 bénéficier de cet arrêt, au cas par cas ?
16:22 - Au cas par cas.
16:23 D'abord, je voudrais dire que les règles ne sont pas une maladie.
16:27 S'il y a règle pathologique...
16:28 - L'endométriose en est une.
16:30 - Attendez, je suis bien.
16:32 Les règles pathologiques peuvent tout à fait justifier
16:35 un arrêt de travail, et c'est la plupart du temps le cas.
16:38 L'endométriose est effectivement référencée
16:41 comme une maladie très invalidante,
16:43 et dans ce cas-là, effectivement,
16:45 le recours au médecin, je dirais, coup par coup,
16:48 même si c'est une fois par mois,
16:50 devrait et doit toujours être le cas.
16:52 Juste pour l'endométriose,
16:54 signaler qu'il existe depuis très peu de temps
16:57 un test salivaire qui coûte très cher,
17:01 je crois que c'est 1 000 euros.
17:03 Catherine Vautrin s'est engagée à le rembourser l'année prochaine,
17:07 enfin, en 2025, donc ça, ça va déjà soulager,
17:10 parce qu'il y a aussi un problème de diagnostic
17:12 de l'endométriose à ne pas négliger.
17:14 Et puis, moi, je m'engage aussi à demander lors du PLF,
17:19 je parle devant le projet de loi de finances,
17:23 que ce jour de carence ne soit plus un jour de carence
17:26 en cas de règles douloureuses, invalidantes.
17:29 - D'accord. Avançons au cas par cas,
17:31 il y a des raisons budgétaires qui vont être plus prudentes.
17:34 - Je ne nie pas les difficultés,
17:36 ni les douleurs que ressentent certaines femmes.
17:38 - Mélanie Vaugel, oui à cet arrêt,
17:40 mais pas comme il est écrit aujourd'hui
17:42 dans votre proposition de loi.
17:44 - Oui, pas ici, pas comme ça, pas maintenant,
17:46 mais sur le principe, on est d'accord.
17:48 La raison pour laquelle Sébastien Payetavie
17:52 et Marie-Charlotte Garin ont proposé un système
17:55 qui permet, au fond, de faire confiance aux femmes
17:58 et de leur dire, voilà, on sait que vous avez vos règles,
18:02 si ça vous empêche de venir travailler,
18:05 vous venez pas travailler, sinon vous venez travailler.
18:08 En gros, on vous fait confiance à vous,
18:10 et on vous impose pas à chaque fois d'aller voir un médecin
18:13 pour dire bonjour, en sachant en plus que, pardon,
18:15 les médecins ont autre chose à faire,
18:17 on a un manque de médecins, des déserts médicaux,
18:19 de dire aux femmes, il faut aller voir le médecin
18:22 pour leur dire, bonjour, j'ai 30 ans,
18:24 vous voyez, tous les 28 jours, j'ai mes règles,
18:26 j'ai mal, on voit pas bien l'intérêt,
18:28 et la réalité, c'est que, en fait,
18:30 moi, je suis parfaitement d'accord,
18:32 ce n'est pas une maladie, c'est d'ailleurs la raison
18:34 pour laquelle ça s'appelle un arrêt menstruel,
18:36 parce que ce n'est pas une maladie,
18:38 et que, malgré le fait que ce soit pas une maladie,
18:40 eh bien, parfois, c'est incapacitant,
18:42 et donc, c'est la raison pour laquelle
18:44 on doit le dissocier du traitement médical,
18:46 parce qu'en fait, moi, c'est mon cas,
18:48 j'ai des règles très douloureuses, hémorragiques,
18:50 je suis venue quand même, j'ai mes règles,
18:52 j'ai mal au ventre, je suis fatiguée.
18:54 -Merci d'être venue. -Je suis venue quand même,
18:56 je suis pas caissière,
18:58 si j'étais caissière, je devais rester
19:00 toute la journée à pisser le sang sur une chaise,
19:02 sans pouvoir me lever, en accédant
19:04 de manière difficile aux toilettes,
19:06 ce serait beaucoup plus compliqué,
19:08 c'est le cas pour la plupart des femmes,
19:10 quand on est sénatrice, ça va, on a accès aux toilettes
19:12 assez rapidement, c'est moins un problème,
19:14 mais j'ai pas d'endométriose,
19:16 mais j'ai quand même mal de temps en temps.
19:18 -Donc, dire, faire confiance aux femmes,
19:20 un arrêt maladie, un arrêt menstruel
19:22 pour l'année, et on avance.
19:24 Vous, vous êtes sociologue, c'est intéressant,
19:26 on peut faire confiance dans les deux sens,
19:28 c'est-à-dire, est-ce que les femmes
19:30 qui ont mal, qui souffrent,
19:32 elles vont vraiment y aller, à cet arrêt ?
19:34 Parce qu'elles peuvent aussi,
19:36 tout simplement, redouter
19:38 l'employeur dans les faits,
19:40 même s'il y a un cadre légal,
19:42 voyez-vous sur le terrain l'envie de dire
19:44 "je pose mon arrêt si j'ai la loi derrière moi" ?
19:47 -Aujourd'hui, pour les femmes
19:49 atteintes d'endométriose,
19:51 c'est 80 % d'entre elles
19:53 qui ont des réticences
19:55 à aller voir un médecin et demander
19:57 un arrêt-travail. Donc, en fait,
19:59 on est déjà dans
20:01 une situation de non-recours,
20:03 en fait, qui s'explique
20:05 de plusieurs manières.
20:07 Il y a la question
20:09 du jour de carence qui est avancée,
20:11 avec la perte de revenus associés,
20:13 mais ce n'est pas la seule cause.
20:15 La deuxième, c'est également le sentiment
20:17 d'illégitimité et de voir à nouveau
20:19 se justifier auprès d'un médecin
20:21 qu'aujourd'hui, ça ne va pas,
20:23 alors même qu'elles ont eu 7 à 10 ans
20:25 de diagnostic,
20:27 donc un rapport aussi
20:29 au médecin qui est compliqué.
20:31 Troisièmement, un contexte
20:33 organisationnel, un environnement
20:35 de travail qui n'est pas forcément favorable
20:37 au fait de pouvoir s'absenter
20:39 et donc qu'elles préfèrent
20:41 tenir, malgré tout,
20:43 quitte à prendre des médicaments,
20:45 des antidouleurs extrêmement forts
20:47 qui ont des effets
20:49 en termes de dégradation de leur état de santé
20:51 parce qu'elles vont anticiper
20:53 que c'est de la charge de travail
20:55 pour les collègues.
20:57 - Et le cadre légal permettrait de changer les choses ?
20:59 - La question se posera
21:01 de savoir si
21:03 elles recourront ou pas
21:05 à ce droit.
21:07 - Il existe même des droits sociaux,
21:09 je pense au RSA, et il n'y a pas de recours.
21:11 Est-ce que si l'autorisation légale,
21:13 il y aurait un élan pour oser
21:15 dire à son employeur
21:17 "c'est mon droit, c'est la loi,
21:19 je recours à ces 13 jours par an" ?
21:21 - Je pense que ça dépendra
21:23 notamment
21:25 de l'environnement et du contexte
21:27 de travail. C'est évidemment pas la même chose.
21:29 - Selon les entreprises,
21:31 selon le travail fait ?
21:33 - Par exemple, j'imagine une aide-soignante,
21:35 ce sera beaucoup plus compliqué
21:37 de se sentir légitime à recourir
21:39 à ce droit que si on est cas
21:41 dans une grande entreprise
21:43 qui a une grande autonomie
21:45 dans sa manière de gérer ses horaires.
21:47 - Donc risque de discrimination
21:49 entre les entreprises dans lesquelles
21:51 les femmes travaillent. Violaine de Philippi
21:53 s'abatte, oser le féminisme,
21:55 pointe un risque de discrimination
21:57 à l'embauche. C'est-à-dire que
21:59 les patrons, je dois dire,
22:01 les hommes, souvent, mais ce n'est pas
22:03 que des hommes qui sont à la tête des entreprises,
22:05 se diront "dans ces cas-là,
22:07 je ne vais pas embaucher
22:09 tel salarié
22:11 pour après avoir à la remplacer".
22:13 - Oui, c'est vrai que l'association pointait
22:15 depuis déjà au moins un an
22:17 ce qu'on appelle une fausse bonne idée.
22:19 C'est-à-dire qu'effectivement,
22:21 on peut être que pour, philosophiquement,
22:23 mais j'irais plus loin,
22:25 c'est un besoin des femmes.
22:27 Maintenant, la question, c'est comment on le fait.
22:29 Et là, sur le volet de discrimination,
22:31 il y a un vrai souci, puisque,
22:33 et encore une fois, je le vois aussi sur le terrain
22:35 en tant qu'avocate, c'est qu'on a vraiment
22:37 beaucoup de mal à prouver les discriminations.
22:39 Donc, fondamentalement, je soutiens
22:41 cette proposition de loi, je la trouve bonne,
22:43 mais la problématique, c'est que...
22:45 - Vous pensez qu'on pourrait contourner la loi, c'est ça ?
22:47 - Je pense qu'en fait, mais là, c'est vraiment sur le plan
22:49 purement légal, si on se base sur ce qui
22:51 existe au niveau juridique, on a
22:53 ces arrêts qui sont prévus pour les travailleuses
22:55 et les travailleurs. La problématique, c'est
22:57 le dête de carence. Et donc, en fait, si on supprime
22:59 ces dêtes de carence, encore faut-il les financer, d'ailleurs,
23:01 pour tout le monde... - On va demander ensuite
23:03 à Jean-René Cazeneuve comment on va faire.
23:05 - On enlève la suspicion qu'on a
23:07 des salariés en France. C'est toujours cette idée,
23:09 "Oh là là, il ou elle exagère,
23:11 "il n'est pas vraiment malade, enfin, malade, vous, en arrêt
23:13 "pour menstrualité douloureuse."
23:15 Et donc, ça, c'est
23:17 problématique dans notre pays. Et cette suspicion
23:19 envers les salariés, elle existe depuis
23:21 longtemps. Et si on n'avait pas ça,
23:23 les femmes qui auraient aujourd'hui besoin de s'arrêter
23:25 pour agrir la capacitante, elles le feraient déjà,
23:27 puisqu'elles n'auraient plus de dête de carence. Donc, ça existerait déjà,
23:29 finalement. Le droit de s'arrêter pour agrir la capacitante
23:31 existe. Par contre, il y a ces
23:33 trois jours de carence, qui ne vont pas, mais qui ne vont pas pour tout le monde.
23:35 Et si on le supprime,
23:37 ces délais de carence que pour
23:39 les règles de capacitante, les employeurs,
23:41 quand ils vont avoir la compétence équivalente à promouvoir
23:43 quelqu'un, eh bien, ils risquent de prendre
23:45 l'homme. Et comment vous allez prouver ça,
23:47 ensuite ? C'est vraiment compliqué. Mais donc,
23:49 c'est pour ça qu'au niveau du budget,
23:51 je pense que c'est une question de volonté politique.
23:53 Pourquoi on a descendu de 8 points l'impôt sur les sociétés ?
23:55 Pourquoi on n'a pas gardé cet argent pour le financer, pour justement
23:57 les droits des femmes et les droits des salariés en général ?
23:59 -C'est intéressant, parce que
24:01 sur le coût de cette mesure,
24:03 il y a différents coûts qui circulent.
24:05 Les écologistes disent 100 millions
24:07 par an. -Maximum.
24:09 -Maximum. Parce que
24:11 vous aurez une petite quantité, simplement,
24:13 de femmes qui iront jusqu'à
24:15 les réclamer avec
24:17 certificat médical. Et
24:19 la majorité dit plus. C'est ça, 600 millions
24:21 à un milliard. -On a entendu un milliard, oui.
24:23 -Sur...
24:25 Permettez-moi, peut-être, déjà,
24:27 de rectifier... On n'a pas baissé
24:29 les impôts des grandes entreprises, on a baissé les impôts
24:31 de toutes les entreprises. -C'est pour les sociétés
24:33 qui font un bénéfice supérieur à 40 000 euros net.
24:35 -Faites-moi confiance. -Je connais mon travail.
24:37 -Faites-moi confiance. -C'est pour les sociétés
24:39 qui font plus de 1 million qu'un milliard net.
24:41 -On a relevé le seuil pour les PME qui ont un taux
24:43 privilégié de 15 %. Je vous promets, on a baissé
24:45 le taux d'un 5 %. -Le taux de 33, il est baissé à 25.
24:47 -C'est pas le sujet. Je voudrais...
24:49 -C'est vrai qu'on va essayer de comprendre
24:51 les moyens, parce que 100 millions, après tout,
24:53 avec des déficits dans le rouge,
24:55 est-ce que c'est pas le moment ?
24:57 -Franchement, c'est pas du tout, du tout, du tout
24:59 la motivation et la position
25:01 de notre groupe politique
25:03 sur cette loi.
25:05 C'est pas du tout le sujet.
25:07 -C'est pas la question budgétaire.
25:09 -C'est pas la question budgétaire. D'abord, je voudrais saluer
25:11 ce débat, parce que, moi, j'appartiens à une génération
25:13 qui en a jamais parlé.
25:15 J'ai une maman,
25:17 j'ai une femme,
25:19 j'ai une fille...
25:21 -Avec votre fille, vous n'en avez jamais parlé.
25:23 Elle a quel âge ? Une quarantaine d'années ?
25:25 -On permettrait de garder ça pour...
25:27 pour nous.
25:29 Mais voilà, je trouve qu'on progresse.
25:31 C'est un vrai sujet de santé publique.
25:33 Je vois que
25:35 on est capable de proposer
25:37 des solutions. Il y a un plan
25:39 sur l'endométriose qui a été proposé
25:41 par le président de la République en 2022.
25:43 Il faut le dérouler. Il y a ce test,
25:45 il y a l'accompagnement, il y a la continuité
25:47 territoriale aussi. On oublie, moi,
25:49 je suis un élu d'un territoire...
25:51 d'un territoire rural.
25:53 Il faut le faire.
25:55 Après, sur la solution proposée, c'est intéressant.
25:57 D'abord, il n'y a pas d'unanimité.
25:59 Et puis, dans les exemples que vous avez donnés,
26:01 on voit bien que c'est
26:03 en fonction du travail
26:05 de la personne. On sent bien
26:07 que c'est en fonction du type d'entreprise.
26:09 L'entreprise proposait,
26:11 j'ai bien compris, votre chroniqueur
26:13 le disait, soit un congé, un jour de congé
26:15 ou un jour de télétravail. Donc, on sent bien
26:17 qu'en fonction de la
26:19 pénibilité et de l'impact,
26:21 et je ne veux surtout pas le minimiser, évidemment,
26:23 les solutions peuvent être
26:25 adaptées et peuvent être trouvées.
26:27 Ce qui se passe avec ce droit-là...
26:29 - A la charge du salarié, hein ?
26:31 - Non, non, parce que... - Ça dépend. Carrefour, non.
26:33 Pour certaines grandes entreprises, non.
26:35 - Il y a deux exemples qui donnaient. - Qui ont pris les devants.
26:37 - La personne a été payée. C'est très bien. Il y a probablement d'autres solutions.
26:39 Mais, je...
26:41 Je crois que la
26:43 fracture est aussi sur le droit.
26:45 Le fait que ça crée un droit, évidemment, si ça crée
26:47 un droit, vous ouvrez la
26:49 possibilité aux abus, et il y en a,
26:51 et c'est évidemment pas spécifique à ce
26:53 droit-là, mais de manière générale, il y a
26:55 des abus, et surtout,
26:57 ça crée aussi une inégalité par rapport à
26:59 un certain nombre de maladies.
27:01 Ça n'est pas une maladie, bien évidemment, mais
27:03 moi, j'écoute les médecins, je suis vraiment
27:05 pas compétent sur ce... Donc, il y a beaucoup de médecins
27:07 avec lesquels j'ai discuté sur ce sujet-là, et ils disent
27:09 "Oui, mais attendez, mais, personnes qui ont de l'asthme
27:11 critiques, qui ont des maladies cardiovasculaires
27:13 critiques, est-ce
27:15 qu'une maladie donne droit
27:17 à des gens
27:19 de congé ?" Non, ça n'est pas comme ça
27:21 que nous fonctionnons. - C'est pour ça qu'il ne parle pas de congé.
27:23 - Oui, mais c'est pour ça qu'aujourd'hui, c'est pas comme ça
27:25 que fonctionne notre modèle
27:27 social et médical, c'est-à-dire qu'il fonctionne
27:29 à partir d'un diagnostic d'un médecin qui va
27:31 trouver la solution la plus adaptée, et
27:33 aujourd'hui, c'est possible.
27:35 - Alors, c'est très intéressant, parce que cet argument
27:37 de la boîte de Pandore,
27:39 des victimes avec des difficultés
27:41 ou des maladies, c'est quelque chose
27:43 qui a été dans le débat. Je vous redonne la parole
27:45 juste après le sujet
27:47 de Clément Perrault, parce que d'autres pays l'ont
27:49 fait, l'Espagne qui fait figure de
27:51 pionnière en Europe. Alors, comment
27:53 ce congé s'est mis en place
27:55 il y a un an ? Premier bilan, regardez.
27:57 - Première historique en Europe,
28:05 c'était le 26 février 2023
28:07 au Cortes, l'Assemblée nationale
28:09 espagnole. Les députés votent
28:11 d'une courte majorité, une loi
28:13 créant un congé menstruel
28:15 pour les femmes souffrant de règles douloureuses,
28:17 une victoire pour la coalition
28:19 de gauche au pouvoir en Espagne.
28:21 - Terminer d'aller au travail en ayant
28:23 mal, plus besoin de prendre des pilules
28:25 et de devoir cacher que nous avons mal
28:27 et que nous sommes incapables de travailler ces jours-là.
28:29 - Ce congé menstruel
28:31 est pris en charge intégralement par
28:33 l'assurance maladie et aucune limite
28:35 de temps n'est fixée. Ce projet
28:37 de loi ambitieux est devenu aujourd'hui
28:39 une réalité dans la société espagnole
28:41 et pourrait inspirer d'autres pays
28:43 dont la France.
28:45 - Je crois que cette loi
28:47 entre dans un processus inexorable.
28:49 C'est une avancée claire pour les droits des femmes
28:51 et pour continuer la marche en avant
28:53 des sociétés modernes qui cherchent l'égalité.
28:55 Parce qu'au final,
28:57 on parle de toutes les femmes
28:59 et donc de la moitié de la population
29:01 dont on n'a pas toujours tenu suffisamment
29:03 compte.
29:05 - Première en Europe,
29:07 l'Espagne n'est pourtant que le sixième
29:09 pays au monde à avoir installé
29:11 ce congé menstruel.
29:13 Le pionnier, c'est le Japon.
29:15 Appelé Seri-Kyuka, il figure
29:17 au code du travail depuis 1947
29:19 mais dans les faits,
29:21 seul 30% des entreprises l'appliquent
29:23 et moins d'un pour cent des femmes l'utilisent.
29:25 Les congés menstruels
29:27 existent aussi en Indonésie,
29:29 en Corée du Sud
29:31 et à Taïwan. Dans ces pays,
29:33 ils sont limités à un ou deux jours par mois
29:35 et souvent partiellement remboursés.
29:37 Un pays africain,
29:39 la Zambie, l'applique également
29:41 avec un jour par mois sans préavis médical.
29:43 - Mme Yvogel,
29:47 on a des premiers retours d'expertise
29:49 à l'étranger. Qu'est-ce que vous répondez
29:51 à Jean-René Cazeneuve qui disait "attention, il peut y avoir
29:53 des abus et en général,
29:55 on a un diagnostic médical
29:57 pour chaque affection".
29:59 - Précisément, ce n'est pas une affection.
30:01 Le diagnostic médical, c'est que vous êtes une femme,
30:03 vous avez des ovaires,
30:05 un utérus et vous avez
30:07 entre 11 et
30:09 50 ans.
30:11 C'est ça le diagnostic dont vous avez besoin.
30:13 Globalement, c'est ça. Parfois vous avez mal,
30:15 parfois non, mais ça ne nécessite pas... En fait, il n'y a rien
30:17 à diagnostiquer. Vous allez chez le médecin,
30:19 vous allez lui dire "voilà,
30:21 je suis une femme, j'ai 30 ans".
30:23 - Et j'ai mal. - Et j'ai mal,
30:25 mais en fait, je n'ai pas mal parce que je suis malade.
30:27 J'ai mal parce qu'en fait,
30:29 il arrive, c'est deux tiers
30:31 des femmes qui ont l'oreille, qui n'ont pas
30:33 nécessairement ni de l'endométriose,
30:35 ni des ovaires polycystiques,
30:37 ni un fibre muterin,
30:39 ni une affection particulière,
30:41 elles ont des crampes,
30:43 des chutes de tension. - Vous pensez qu'elles ne seront
30:45 pas plus de 30%,
30:47 20% à réclamer ?
30:49 - Ça fait des millénaires
30:51 que les femmes ne disent rien,
30:53 travaillent, s'occupent de leurs
30:55 enfants, font des courses,
30:57 portent des trucs, en ayant leurs règles.
30:59 Pourquoi en 2024,
31:01 soudainement, vous pensez qu'il va y avoir
31:03 toute la société qui va se traduire ?
31:05 - La moitié de l'humanité. - Non, voilà,
31:07 je ne crois pas que ça va arriver,
31:09 je crois d'ailleurs que, et tout le monde le dit,
31:11 c'est qu'un petit bout
31:13 d'une grande bataille
31:15 contre ce tabou,
31:17 et quand on va le mettre en place tout de suite,
31:19 je pense que peu de femmes le prendront tout de suite
31:21 et que petit à petit, les mentalités changent,
31:23 ça fait partie de ce qui peut faire
31:25 qu'une société, et toutes les discriminations,
31:27 elles existent déjà, c'est ça le problème.
31:29 - Le mot de la fin, "Si c'est pas pour cette nuit,
31:31 ce sera pour plus tard", vous dit Mélanie Vaugelle,
31:33 le mouvement est enclenché.
31:35 - Ecoutez, moi, je ne suis pas devant...
31:37 - Qu'est-ce que vous en pensez ?
31:39 - Je pense juste qu'il faut aussi, quelquefois,
31:41 se mettre à la place du chef d'entreprise,
31:43 et ce n'est pas toujours,
31:45 on n'est pas tous patrons de Carrefour,
31:47 mais on peut avoir une entreprise avec deux personnes,
31:49 deux femmes, et c'est très difficile de se réorganiser.
31:51 Ce que vous évoquiez tout à l'heure est tout à fait juste.
31:53 La charge qu'on va laisser,
31:55 entre guillemets, bien évidemment,
31:57 aux collègues masculins,
31:59 jusqu'à quand vont-ils l'accepter ?
32:01 - Je n'ai pas dit ça, hein !
32:03 - Je sais peut-être, vous, excusez-moi.
32:05 Pendant combien de temps vont-ils l'accepter ?
32:07 Et puis, il y a des solutions,
32:09 Jean-René l'a évoqué rapidement,
32:11 le télétravail, c'est pas suffisamment
32:13 mis en place.
32:15 - Oui, quand on est caissière, télétravailler,
32:17 c'est compliqué.
32:19 - Il faut être télétravaillée, on en est bien conscients,
32:21 mais il y a peut-être encore d'autres choses à faire.
32:23 Et puis, moi, il y a quand même
32:25 cette essentialisation du corps de la femme
32:27 qui me gêne, et ça, c'est pas
32:29 un mot d'une femme de 65 ans,
32:31 mais d'une jeune de 22.
32:33 - D'accord. C'est votre fille qui vous dit ça ?
32:35 - Non, c'est pas ma fille, mais c'est une jeune.
32:37 - D'accord. En tout cas, c'est drôle,
32:39 parce que c'est un débat où on retrouve
32:41 les étincelles que font parfois les féministes
32:43 entre elles d'hier et d'aujourd'hui.
32:45 Merci beaucoup. On s'arrête là, on verra ce que ça donne ce soir.
32:47 Vous restez avec moi, Jean-René Cazeneuve.
32:49 Dans une dizaine de minutes, les partis
32:51 prient de nos affranchis.
32:53 Ce soir, Attal, hyper Premier ministre
32:55 dans le viseur de Yael Ghose.
32:57 Un axe inattendu à l'OTAN,
32:59 Washington-Paris.
33:01 Ce sera dans le billet européen de Richard Berli.
33:03 Et puis, de quoi nous parlez-vous ce soir
33:05 dans Bourbon Express, Marco Pogné ?
33:07 - Ce soir, je vous parle d'une victoire des écologistes
33:09 sur les PIFAS, ces polluants éternels.
33:11 - À tout à l'heure, les amis.
33:13 Mais d'abord, on va parler
33:15 économie et politique
33:17 avec vous, Jean-René Cazeneuve.
33:19 Face au dérapage des déficits et aux réformes
33:21 annoncées, l'inquiétude monte fort
33:23 dans la majorité. Vous êtes celui
33:25 qui doit ramener l'ordre
33:27 et la paix dans la maison
33:29 Renaissance à l'Assemblée. Comment ?
33:31 Avant d'en parler, l'invitation
33:33 de Marco Pogné.
33:35 - Si on vous invite, Jean-René Cazeneuve,
33:41 c'est parce que vous êtes
33:43 le monsieur budget de la majorité présidentielle
33:45 à l'Assemblée et qu'en ce moment,
33:47 vous avez du pain sur la planche
33:49 car il faut faire des économies.
33:51 En 2023, le déficit
33:53 public sera plus élevé que prévu.
33:55 5,5% du PIB
33:57 au lieu de 4,9%
33:59 annoncé par le gouvernement.
34:01 Une différence à 15 milliards d'euros.
34:03 Alors la droite accuse.
34:05 - Vous avez menti aux Français.
34:07 Vous saviez, dès la présentation
34:09 en octobre du budget 2024,
34:11 que vos chiffres étaient faux.
34:13 - Pour 2024,
34:15 Bercy a annulé 10 milliards d'euros
34:17 de dépenses et se creuse la tête
34:19 pour trouver 20 milliards d'économies
34:21 supplémentaires pour l'an prochain.
34:23 - Faites-moi des propositions d'économies.
34:25 Arrêtez de me faire des propositions
34:27 de dépenses supplémentaires.
34:29 - En bon élève, Jean-René Cazeneuve,
34:31 vous avez pris les deux vents.
34:33 Comme vous êtes rapporteur général du budget,
34:35 depuis décembre,
34:37 vous épluchez les dépenses de l'Etat
34:39 secteur par secteur.
34:41 Votre bête noire, c'est le crédit impôts-recherche
34:43 qui coûte un pognon de dingue.
34:45 Le gouvernement, lui,
34:47 envisage une nouvelle réforme de l'assurance-chômage.
34:49 Une annonce de Gabriel Attal
34:51 qui a fait l'effet d'une bombe
34:53 dans la majorité.
34:55 Une partie des députés Renaissance,
34:57 comme la présidente de l'Assemblée nationale,
34:59 sont furieux et le disent.
35:01 - Nous avons déjà réduit
35:03 la durée d'indemnisation.
35:05 Il me semble qu'il n'est pas forcément
35:07 une bonne méthode de réformer
35:09 aussi rapidement
35:11 à nouveau un point majeur.
35:13 - Votre groupe est aussi
35:15 en ébullition sur la fiscalité.
35:17 L'aile gauche et le modem font
35:19 pression pour une surtaxe sur les plus riches.
35:21 Mais l'exécutif ne veut pas
35:23 augmenter les impôts.
35:25 - Nous ne nous en prendrons jamais aux Français qui travaillent,
35:27 aux fruits de leur épargne,
35:29 aux Français qui ont travaillé toute leur vie.
35:31 - Pour cadrer le débat, le Premier ministre
35:33 vient de créer une task force de députés
35:35 chargé de faire des propositions
35:37 sur la taxation des rentes.
35:39 Mais ce mot reste flou.
35:41 Un mot valise, disent certains.
35:43 Alors, puisque c'est vous le capitaine,
35:45 dites-nous, Jean-René Cazeneuve,
35:47 c'est quoi une rente ?
35:49 - Voilà une bonne question,
35:51 Jean-René Cazeneuve.
35:53 - C'est ce qui n'est pas directement ou indirectement
35:55 le résultat de votre travail.
35:57 Ce sont des profits,
35:59 par exemple... - Des superdividendes
36:01 pour être assimilé à une rente ?
36:03 - C'est très important, ce que certains appellent
36:05 des superprofits, qui seraient liés
36:07 non pas à la performance
36:09 de cette entreprise, mais qui seraient liés
36:11 au contexte économique,
36:13 lié à l'inflation, lié
36:15 à l'augmentation des prix sur l'électricité.
36:17 - Donc taxer les superprofits
36:19 exceptionnels,
36:21 ça n'est pas tabou dans cette task force ?
36:23 - Si ces profits sont liés
36:25 à un phénomène exogène,
36:27 c'est-à-dire pas à la performance de l'entreprise, absolument.
36:29 - Et le rachat d'actions, c'est des rentes ou pas ?
36:31 - Le rachat d'actions,
36:33 c'est pas directement une rente,
36:35 mais c'est là aussi quelque chose qui n'est pas
36:37 lié au travail. - Normal ?
36:39 - Non, mais c'est pas de l'argent
36:41 qui est mis au service de l'investissement.
36:43 Donc ça nous pose aussi un certain nombre de questions.
36:45 - Donc le débat est ouvert sur l'éventuelle taxe ?
36:47 - Donc le débat est ouvert également sur ce sujet, absolument.
36:49 - Intéressant. L'arme fiscale
36:51 donc n'est pas à proscrire,
36:53 s'il faut bien comprendre, dans ce débat sur les déficits ?
36:55 - Non, parce que la situation
36:57 est sérieuse sur la dette.
36:59 - Très, très grave, a même dit
37:01 Pierre Moscovici.
37:03 Très rare un tel déficit.
37:05 - Oui, oui. Donc la situation est sérieuse.
37:07 Donc si on commence à dire "non, non, ça on fait pas, on fait pas, on fait pas,
37:09 on va pas y arriver". Donc je pense qu'aujourd'hui,
37:11 on a besoin de se mobiliser
37:13 collectivement, et je m'adresse aussi
37:15 aux oppositions, et le Premier ministre a rencontré
37:17 les oppositions dans ce sens-là,
37:19 le ministre de l'Économie
37:21 également, donc aux oppositions,
37:23 il faut trouver des solutions
37:25 collectivement. Donc on va pas,
37:27 nous la majorité, aller
37:29 de la voie orthogonale à ce que
37:31 nous faisons depuis 2017,
37:33 qui a plutôt porté ses fruits, en tous les cas,
37:35 c'est ce que nous disons, c'est ce que nous croyons.
37:37 - Mais augmenter les impôts, j'entends,
37:39 ça n'est plus une ligne rouge.
37:41 À vous entendre, j'essaye de comprendre,
37:43 parce que c'est difficile de s'y retrouver en ce moment,
37:45 est-ce que la réflexion sur une hausse
37:47 d'impôts, profit exceptionnel,
37:49 vous venez d'en parler, rachat d'actions,
37:51 contribution des plus aisés,
37:53 ça n'est plus une ligne rouge ?
37:55 - Il faut juste préciser,
37:57 quand vous parlez d'augmentation d'impôts,
37:59 vous imaginez une augmentation des impôts sur le revenu,
38:01 vous imaginez une augmentation
38:03 d'impôts sur les sociétés, il n'est pas question
38:05 de faire ça. Donc il est question de regarder,
38:07 au contraire, est-ce qu'il y a
38:09 des rentes spécifiques ? Vous savez,
38:11 nous avons, sur ces deux dernières années,
38:13 taxé la rente sur
38:15 les énergéticiens, nous avons
38:17 taxé la rente également
38:19 sur les infrastructures autour du tiers, dans le budget
38:21 2024, on disait que ce n'était pas possible,
38:23 mais on l'a fait parce qu'on a
38:25 considéré que leurs résultats étaient
38:27 quand même anormalement élevés,
38:29 on l'a fait sur les laboratoires biologiques. - J'entends que le rapporteur général
38:31 du budget que vous êtes est ouvert
38:33 sur la réflexion au Santa Bou, ça n'a pas toujours
38:35 été le son de cloche du
38:37 gouvernement et de l'exécutif,
38:39 j'attends vos propositions, vous avez
38:41 à nous en faire dès ce soir,
38:43 là, précisément ? - Non, il faut qu'on regarde
38:45 les niches fiscales, il faut qu'on regarde
38:47 effectivement l'impact de
38:49 l'inflation et de la crise sur tous
38:51 les secteurs d'activité, est-ce qu'il y a aujourd'hui
38:53 des gens qui ont bénéficié
38:55 de profits exceptionnels
38:57 liés à ce contexte
38:59 économique alors que nos Français souffrent,
39:01 que nos finances publiques souffrent, ça n'est pas
39:03 tout à fait logique, donc c'est ça qu'on veut regarder
39:05 dans le détail et c'est l'objectif de cette session.
39:07 - Donc un objectif de justice fiscale
39:09 également. - Absolument. - C'est pas franchement son
39:11 truc, les économies, à Emmanuel Macron,
39:13 à qui la faute de découvrir ce
39:15 manque à gagner de recettes
39:17 fiscales aussi importants ?
39:19 Bruno Le Maire s'est fait fraîchement
39:21 recadrer par le président de la République,
39:23 selon nos co-frères du Figaro,
39:25 c'est Bercy qui s'est
39:27 planté ou c'est plus haut à l'Élysée ?
39:29 - Tout le monde a été
39:31 surpris, alors vous savez, il y a une commission
39:33 d'enquête qui va s'ouvrir, il y a une
39:35 mission au Sénat
39:37 également qui va s'ouvrir pour essayer de trouver des
39:39 responsabilités qui auraient cachées,
39:41 je ne sais quoi. - Mais pour 2024, les prévisions de croissance
39:43 quand même étaient bien trop optimistes.
39:45 - Elles étaient très optimistes. - Tous les économistes
39:47 et toutes les organisations internationales
39:49 étaient bien moins optimistes. - On avait fait le même procès en 2023
39:51 quand on avait dit qu'on ferait 1%, on avait dit c'est beaucoup trop
39:53 optimiste et on a fait 0,9%, donc on est
39:55 à la croissance. C'est un peu facile de refaire le match
39:57 après coup. - Sur 2024,
39:59 les avertissements étaient là et les écarts étaient là.
40:01 - C'est vrai, mais en 2023, ils étaient là, les mêmes.
40:03 Ils faisaient les mêmes remarques.
40:05 C'est un peu facile, une fois que le match est terminé,
40:07 mais oui, on a
40:09 découvert tardivement, en novembre
40:11 décembre, les documents le montrent,
40:13 un dérapage
40:15 de nos recettes. Donc, lié
40:17 au contexte économique global,
40:19 vous savez, l'Allemagne a déjà revu deux fois
40:21 sa croissance à la baisse pour 2024,
40:23 c'est notre partenaire économique numéro 1.
40:25 Donc, si vous voulez, quand l'Allemagne
40:27 s'enrume ou est malade,
40:29 eh bien nous, on s'enrume, si vous voulez, c'est notre premier client,
40:31 notre premier fournisseur,
40:33 donc voilà, on a perdu
40:35 de l'IS, de l'impôt sur les sociétés,
40:37 de l'impôt sur les revenus, des cotisations sociales
40:39 et de l'intérêt. - Alors, évidemment,
40:41 j'entends que la question de la justice
40:43 fiscale revient dans le débat,
40:45 on entend aussi les critiques au sein
40:47 de la majorité, mais
40:49 n'empêche que tout le monde va devoir un peu payer
40:51 pour trouver ses baisses
40:53 de dépense, ses économies. Comment
40:55 passer, rien que pour l'année prochaine,
40:57 de 5,5 % à 4,4 %
40:59 du déficit, sans casser
41:01 la croissance, sans
41:03 s'engouffrer dans l'austérité ? Qu'est-ce que
41:05 vous, vous proposez ? Est-ce que c'est les collectivités
41:07 locales ? Est-ce que c'est l'Etat
41:09 qui doivent payer en priorité ? - Alors, vous savez,
41:11 vous avez raison, et donc la raison
41:13 pour laquelle nous allons, le gouvernement
41:15 va communiquer
41:17 la semaine prochaine sur
41:19 ce qu'on appelle... - La trajectoire.
41:21 - La trajectoire, le PESTAB,
41:23 dans le jargon à l'Europe,
41:25 et il est très probable
41:27 que l'objectif de 4,4 %
41:29 sur
41:31 2024 ne soit plus
41:33 du tout l'objectif prévu
41:35 aujourd'hui, donc il y a une mise à jour
41:37 effectivement, à partir des données,
41:39 à partir de la révision de la croissance.
41:41 - Donc si on n'est pas à 4,4 pour l'année prochaine, on ne sera
41:43 jamais à 3 % d'ici 2027,
41:45 là. C'est pas crédible de dire
41:47 aux Français qu'on va revenir, sinon c'est
41:49 vraiment un choc, un choc
41:51 d'économie qui va nous arriver dans les 3 ans.
41:53 - Vous avez raison, et c'est pour ça qu'il faut
41:55 trouver, là aussi, en matière d'économie,
41:57 un équilibre. Donc, entre ceux
41:59 qui vous disent que la dette n'existe pas,
42:01 que c'est pas un problème, qu'on peut
42:03 continuer comme si, etc., et il y en a
42:05 dans l'hémicycle, vous le savez, et ceux
42:07 qui nous disent que c'est une catastrophe,
42:09 qu'il faudrait d'un seul coup tout
42:11 arrêter, baisser massivement toutes les
42:13 dépenses, ça n'est pas
42:15 la solution parce que ça casserait
42:17 la croissance et nous avons besoin de croissance,
42:19 ne serait-ce que pour générer de futures
42:21 recettes fiscales et sociales.
42:23 - Alors vous prenez où ? - Donc il faut trouver
42:25 ce juste équilibre
42:27 entre diminution
42:29 de nos dépenses,
42:31 mais sans casser la croissance, le
42:33 peu de croissance que nous avons. - Donc l'effort doit être
42:35 parti équitablement. Vous avez un cheval de bataille,
42:37 c'est le crédit d'impôt recherche.
42:39 Les entreprises touchent ce crédit d'impôt
42:41 massivement. Est-ce qu'elles jouent le jeu ?
42:43 Est-ce qu'elles détournent pas tout cet argent public ?
42:45 - Alors, d'expérience, c'est là,
42:47 vous voyez, dès qu'il y a de l'argent public,
42:49 il y a toujours un peu de triche et des effets
42:51 d'aubaine. Donc il faut toujours regarder. Et moi,
42:53 ma philosophie, c'est que toutes les dépenses
42:55 fiscales méritent
42:57 qu'on les regarde de plus près et
42:59 qu'on modifie un certain nombre de
43:01 critères. Donc, oui, il y a un peu de fraude sur
43:03 l'impôt recherche, il y a un peu de fraude
43:05 sur l'apprentissage. Dès qu'il y a des
43:07 programmes de soutien de l'Etat,
43:09 il y a un peu de fraude sur
43:11 le bonus sur tel ou tel
43:13 appareil, donc, ou sur
43:15 les crimes, etc. - Mais vous aurez
43:17 les coups d'effrange pour lutter contre ça, parce que
43:19 on a l'impression que le Coup exécutif ne veut
43:21 pas y toucher. Tant pis pour les effets d'aubaine,
43:23 c'est le signal politique qui doit être
43:25 constant. - Oui, mais là aussi, je vous ai dit,
43:27 il n'est pas question pour nous de changer la
43:29 direction économique que nous avons, parce qu'elle
43:31 porte ses fruits. Donc, on a baissé les impôts
43:33 de 50 milliards depuis 2017,
43:35 on ne va pas d'un seul coup se mettre à les augmenter.
43:37 Ce n'est pas ce que nous voulons, parce que nous voulons
43:39 nous vivre le plein emploi, c'est ça qui nous intéresse.
43:41 - Peut-être qu'il faut s'arrêter de les baisser sur les classes moyennes ?
43:43 - Peut-être. - Peut-être. - Peut-être que... Non, mais sur la
43:45 CVAE, je pensais que vous alliez parler de la CVAE.
43:47 - La contribution sur la valeur ajoutée des entreprises.
43:49 - Voilà, c'est là qu'on a prévu de baisser de 1 milliard
43:51 chaque année. Peut-être qu'il faut se donner
43:53 un tout petit peu de temps avant de faire ça. Je veux dire,
43:55 la situation est suffisamment
43:57 sérieuse
43:59 pour qu'on regarde ces sujets.
44:01 - Et le modèle social. - Toutes les niches
44:03 des entreprises, pour répondre à votre question,
44:05 il faut aussi les regarder. Les niches fiscales, il faut les regarder.
44:07 - Très bien. - Pas plus le cirque
44:09 que les autres, mais toutes ces niches fiscales.
44:11 - Bruno Le Maire a frappé fort aussi en parlant
44:13 d'un modèle social
44:15 qui n'était plus capable, en fait,
44:17 d'être
44:19 l'État-providence et qu'il fallait devenir un État-protecteur.
44:21 Il veut toucher
44:23 l'assurance-maladie avec les jours de
44:25 carence dans le public, on en parlait,
44:27 ou les infections de longue durée.
44:29 Vous le suivez ou pas là-dessus ?
44:31 - Même chose.
44:33 Non, mais il faut savoir que
44:35 avoir une dette
44:37 qui partirait,
44:39 qui ne serait pas contrôlée,
44:41 aurait des conséquences extrêmement importantes
44:43 pour tous les Français.
44:45 Si, d'un seul coup,
44:47 on ne peut plus assumer notre dette,
44:49 ça veut dire que les taux vont augmenter
44:51 de manière très significative, donc la crise immobilière
44:53 d'aujourd'hui, c'est x2,
44:55 etc. - Un scénario à la grecque
44:57 avec "attaque sur notre dette", c'est possible ou pas ?
44:59 - Aujourd'hui, vous voyez bien que
45:01 la dette est extrêmement soutenable.
45:03 L'annonce qui a été faite sur le déficit en 55
45:05 a eu zéro effet ou quasi zéro effet
45:07 sur le marché. - La France reste incrédible.
45:09 - C'est une belle signature, la France.
45:11 Mais on ne peut pas non plus mettre la tête dans le sable
45:13 et continuer comme ça
45:15 avec ce ralentissement économique.
45:17 Si on était à 3% de croissance
45:19 du PIB comme c'était prévu
45:21 avant l'invasion de l'Ukraine,
45:23 on ne serait pas là en train de parler
45:25 de cette crise.
45:27 Donc il faut quand même apporter des solutions
45:29 pour contrôler cette dette
45:31 et, une fois de plus, il faut regarder
45:33 un certain nombre de... - Vous allez faire une revue générale
45:35 des dépenses publiques. Je voudrais vous entendre pour terminer
45:37 sur les déclarations de la présidente
45:39 de l'Assemblée, Yael Broun-Pivet,
45:41 sur la nouvelle réforme
45:43 de l'assurance-chômage. Est-ce qu'elle ne dit pas tout
45:45 ce que tout le monde pense tout bas ?
45:47 Est-ce que, franchement,
45:49 vous n'avez pas commis une faute
45:51 en laissant penser qu'on pouvait faire des économies
45:53 sur le dos des chômeurs ?
45:55 - Oui, on peut regarder toujours
45:57 le verre d'Armagnac à moitié vide, à moitié plein.
45:59 L'objectif n'est pas de faire
46:01 des économies. L'objectif,
46:03 c'est le plein d'emplois. Je pense qu'il caractérise
46:05 ce gouvernement et le discours
46:07 du Premier ministre. - Il n'y a pas d'objectif budgétaire
46:09 avec cette réforme ? - C'est le plein d'emplois.
46:11 Aujourd'hui, force est de constater
46:13 que la majorité des gens
46:15 qui touchent le chômage, aujourd'hui, sont sincères
46:17 dans leur recherche d'emploi.
46:19 Mais on le sait tous, on en connaît tous.
46:21 Il y a des gens qui jouent un peu avec le système.
46:23 "Ah bon, je ne peux travailler que 6 mois sur 2 ans ?
46:25 Pourquoi je ne travaillerai pas que 6 mois sur 2 ans ?"
46:27 Donc, cela, il faut aller les chercher. Il ne faut pas
46:29 des mesures massives, mais je pense qu'il faut encore
46:31 inciter les gens à travailler. On le fait
46:33 sur le RSA,
46:35 et je pense que c'est salué par les associations
46:37 d'insertion sur le terrain.
46:39 - On peut le faire sur l'assurance-chômage, peut-être avec le seuil
46:41 de l'éliminativité. - On le fait sur l'apprentissage.
46:43 Vous voyez, on est à 360 degrés
46:45 sur tous les dispositifs
46:47 pour viser le plein d'emplois. - Donc la réforme est bonne
46:49 pour l'emploi, mais vous avez mal communiqué, ça vous le conceudait ?
46:51 - La réforme est bonne,
46:53 il faut peut-être être plus fin dans la manière
46:55 dont on va la viser, et pas le faire
46:57 de manière générale, mais le faire
46:59 de manière plus précise en fonction
47:01 des cibles. - Merci beaucoup.
47:03 Vous reviendrez, parce qu'on a besoin de savoir
47:05 où vous les trouverez, ces économies,
47:07 ça va prendre des mois. Donc, c'est forcément
47:09 un dossier fondamental pour les Français.
47:11 Vous restez avec moi, Jean-René Cazeneuve.
47:13 Place aux Affranchis pour leur parti pris tout de suite.
47:15 (Générique)
47:23 - Yael Ghos, de la matinale
47:25 de France Inter, bonsoir à vous.
47:27 Et Richard Verly, le correspondant
47:29 France-Europe du quotidien suisse
47:31 Blic. On commence avec vous,
47:33 Yael, après
47:35 bientôt trois mois à Matignon.
47:37 L'hyper Premier ministre, Gabriel Attal,
47:39 va-t-il devoir appuyer sur le frein
47:41 et mettre de l'eau dans son vin ?
47:43 Il y a plusieurs clignotants oranges,
47:45 nous dites-vous, sur son tableau de bord.
47:47 - Oui, parce qu'il a fait sienne la devise des JO,
47:49 toujours plus vite, plus haut, plus fort,
47:51 au point que certains de ses camarades,
47:53 marcheurs ou ex-marcheurs, se demandent
47:55 si l'attalisme n'est pas une sorte de néo-sarcosisme.
47:57 Similitude troublante
47:59 entre les deux, dans le rythme de travail,
48:01 dans le quadrillage du territoire,
48:03 dans l'omniprésence médiatique, dans le choix
48:05 des ministres, Dati, Darmanin, Vautrin,
48:07 furent en leur temps des BB Sarko
48:09 ou des BB UMP, et même
48:11 dans le positionnement politique, le choix
48:13 des mots sur le travail qui doit payer,
48:15 sur la déburocratisation
48:17 et le retour de l'autorité, le "tu casses,
48:19 tu répares". Ils ont même déjeuné
48:21 en tête à tête, récemment, tous les deux, avec Nicolas Sarkozy.
48:23 Pourquoi je vous dis ça ? Parce qu'hier,
48:25 à une collègue de BFM qui l'interroge
48:27 sur ses qualités, Nicolas Sarkozy
48:29 n'esquive pas la question, au contraire.
48:31 Lui qui est si discret d'habitude, il dit que
48:33 Gabriel Attal n'est pas la copie d'Emmanuel Macron
48:35 et qu'il a même les qualités
48:37 pour être président à son tour.
48:39 - C'est un problème, ce complément ?
48:41 - Comment dire ? Aux origines du macronisme,
48:43 on trouve beaucoup d'ex-socialistes
48:45 déçus de Hollande,
48:47 mais qui ont grandi en bataillant contre
48:49 Nicolas Sarkozy, contre ses valeurs,
48:51 contre son style. Alors quand Gabriel Attal
48:53 sonne la charge, vous en parliez à l'instant
48:55 sur les économies qui restent à faire
48:57 sur les chômeurs, ça clignote en rouge
48:59 dans la majorité, pour qu'Elisabeth Borne,
49:01 l'ex-préfète de Matignon,
49:03 se fende d'un tweet et dise
49:05 que c'est peut-être pas une bonne idée
49:07 quand le chômage remonte, ça en dit long
49:09 sur le malaise. Même Emmanuel Macron
49:11 a fait savoir en Conseil des ministres
49:13 que les réformes ne devaient pas être faites
49:15 sous un angle purement comptable
49:17 et budgétaire. Ajouté à cela,
49:19 les fameuses questions au gouvernement du mercredi,
49:21 désormais en solo, Gabriel Attal
49:23 ne se fait pas avec des amis, il y a des ministres,
49:25 j'en ai entendu, qui jugent
49:27 cela contraire à l'esprit de la Ve République
49:29 et au collectif, à la responsabilité
49:31 collective qu'est censée incarner
49:33 le gouvernement. - Mais qui franchement
49:35 peut lui reprocher de vouloir aller vite
49:37 et d'avoir des résultats ? - La politique,
49:39 c'est pas moi qui vais vous la prendre, c'est aussi un accélérateur
49:41 de jalousie pas toujours justifiée.
49:43 Chez Gabriel Attal, je crois qu'il y a un facteur
49:45 qui joue à fond, le sablier.
49:47 Le sablier, parce que majorité relative,
49:49 parce qu'ambiance prématurée
49:51 de fin de mandat, à tout moment,
49:53 désormais, on le sait, la droite peut provoquer
49:55 la censure et tenter de le faire tomber.
49:57 D'où Attal, l'homme pressé,
49:59 Spidi, Gabriel. Attention quand même,
50:01 car comme le dit ce proverbe
50:03 canadien, "Qui part en lion
50:05 finit en mouton", ou plus imagé
50:07 encore, j'ai trouvé, que sert
50:09 à l'homme de gagner l'univers, j'ai pas l'accent,
50:11 que sert à l'homme de gagner l'univers s'il n'a
50:13 pas de culottes pour passer l'hiver ?
50:15 - Excellent ! - Pardonnez-moi cette digression
50:17 québécoise, c'est juste que Gabriel Attal
50:19 s'envole la semaine prochaine pour un voyage
50:21 officiel au Canada, trois jours
50:23 hors de France, une éternité
50:25 pour ce Premier ministre qui ne s'est
50:27 encore jamais absenté si longtemps de l'hôtel
50:29 de Matignon. - Merci beaucoup, il a du talent,
50:31 Soyez la gauze. - Je lui écoute tous les matins.
50:33 - Vous êtes d'accord ? - Pas toujours d'accord.
50:35 - Attal, c'est Spidi Attal, le nouveau Sarkozy ?
50:37 - On a de la chance,
50:39 on a un Premier ministre actif,
50:41 jeune, qui incarne
50:43 sa génération,
50:45 qui n'a pas de tabou,
50:47 moi je l'ai trouvé brillantissime, je suis désolé,
50:49 il a répondu, alors
50:51 à les oppositions, vous savez, à l'Assemblée nationale,
50:53 c'est ça, mieux que moi, quand il y a des questions
50:55 au gouvernement et que ce n'est pas le Premier ministre qui répond,
50:57 "Aaah !"
50:59 - Mais une fois qu'ils l'ont, ils ne sont pas contents. - Attal, c'est le Premier ministre
51:01 qui le mercredi répond, et là, il râle
51:03 pour je ne sais quoi, il a pris
51:05 100 notes, il a été, enfin je trouvais
51:07 qu'il a été très bon, d'ailleurs à tel point,
51:09 un petit secret, les socialistes qui étaient
51:11 juste à côté, je suis à la frontière
51:13 avec la NUPES, qui me disaient
51:15 "notre question n'est pas bonne, elle n'était pas assez technique,
51:17 on n'a pas réussi à le planter, donc je vous promets
51:19 que la semaine prochaine, ils viendront mercredi."
51:21 - Est-ce que d'être adoubé par Nicolas Sarkozy, c'est un handicap ou un avantage ?
51:23 - A double tranchance.
51:25 - Ah, joker là. - C'est à double tranchance.
51:27 - Attention aux baisers de la mort.
51:29 - Mais aujourd'hui, il n'y a que
51:31 les LR avec qui on discute,
51:33 et pas souvent, et pas avec tous.
51:35 Hélas, la gauche,
51:37 nous a fermé la porte depuis longtemps.
51:39 - Allez, vous allez réagir
51:41 à la chronique de Richard Verli.
51:43 75 ans, tiens, c'est l'âge de l'OTAN,
51:45 et malgré cette longévité, eh bien la menace russe
51:47 est plus présente que jamais.
51:49 Alors, les ministres des 32 pays membres
51:51 de l'Alliance sont réunis depuis hier à Bruxelles,
51:53 et voilà qu'un axe improbable,
51:55 nous, dites-vous, Richard, se dessine
51:57 Washington-Paris-Biden-Macron.
51:59 - Eh oui, alors cela ne vous a pas échappé.
52:01 Juste avant de rejoindre
52:03 le QG de l'OTAN, mercredi à Bruxelles,
52:05 Antony Blinken était à Paris.
52:07 Le secrétaire d'État américain
52:09 a en outre visité une usine Nexter,
52:11 vous savez, c'est le fabricant des canons César,
52:13 avant d'être reçu à l'Élysée par Emmanuel Macron.
52:15 C'est un signe très révélateur
52:17 du fait que Washington veut encourager
52:19 Paris sur le dossier ukrainien.
52:21 Notamment la volonté française
52:23 d'étudier toutes les options, y compris
52:25 celle d'un déploiement de troupes au sol,
52:27 elle est plutôt bien vue par le patron
52:29 américain de l'OTAN, cette alliance
52:31 qui a 75 ans et qui a
52:33 cruellement besoin d'un pilier
52:35 européen actif et important.
52:37 Alors, mettre la France en avance, ça oblige
52:39 les 30 autres pays alliés à garder la menace
52:41 russe dans le viseur, même si
52:43 à Bruxelles, plusieurs délégations ont
52:45 redit ce jeudi qu'elles excluaient
52:47 l'envoi de troupes au sol, c'est le cas du Royaume-Uni
52:49 ou de la Pologne notamment, pourtant deux pays
52:51 très anti-Poutine. - Alors, ça veut dire
52:53 que l'oncle Sam s'appuie sur
52:55 le pays du général de Gaulle qui n'a pas
52:57 toujours été très tendre avec l'OTAN, c'est sérieux ?
52:59 C'est durable ? - C'est surtout logique.
53:01 La France a la seule force de
53:03 dissuasion nucléaire de l'Union européenne,
53:05 elle est dotée, c'est l'expression en vogue.
53:07 Son armée, selon tous les experts,
53:09 est, malgré ses handicaps, en meilleure
53:11 forme que l'armée britannique, qui, elle, entraîne
53:13 déjà beaucoup d'Ukrainiens.
53:15 La France a aussi un socle d'industrie de défense,
53:17 que l'augmentation des dépenses d'armement
53:19 des pays européens va consolider. Alors, bien sûr,
53:21 Washington connaît l'anti-américanisme
53:23 qui prévaut ici.
53:25 Les Etats-Unis savent qu'une bonne partie
53:27 de l'électorat français, suivez mon regard,
53:29 Assemblée nationale, France insoumise,
53:31 veut avant tout la paix, quitte à laisser Poutine
53:33 l'emporter en Ukraine. Mais cette réalité,
53:35 d'abord, elle n'est pas que française,
53:37 et en s'appuyant sur Paris, l'OTAN prend les devants.
53:39 Au fond, choyer la France,
53:41 c'est le meilleur moyen de la contrôler
53:43 et d'utiliser à bon escient le côté
53:45 "va-t'en, guerre" d'Emmanuel Macron,
53:47 d'autant que les forces françaises déployées en Roumanie
53:49 seront directement concernées
53:51 si la Russie devait opérer un test du côté
53:53 de la Moldavie voisine. Bref, mettre en valeur
53:55 la France. C'est aussi passé au chancelier
53:57 allemand Olaf Scholz un message clair.
53:59 L'OTAN n'est plus une alliance parapluie.
54:01 Chacun doit prendre sa part,
54:03 et pas seulement sur le plan financier.
54:05 Washington préfère un allié turbulent
54:07 à un allié endormi, à condition, bien sûr,
54:09 que les commandes ultimes de cette alliance
54:11 restent 75 ans après
54:13 sa création, dans les mêmes mains
54:15 celles des Etats-Unis.
54:17 - C'est bon pour eux ou pour nous, cette alliance
54:19 Paris-Washington ?
54:21 - Ah, je pense que c'est bon
54:23 pour tout le monde. Je pense qu'on a besoin
54:25 de montrer les muscles, je ne sais pas si c'est
54:27 la bonne expression vis-à-vis de
54:29 de Boutille, donc je ne crois pas que
54:31 le président Macron soit un "va-t'en, guerre". Je trouve l'expression
54:33 un peu exagérée, mais je suis absolument
54:35 en phase. La réponse ne peut être
54:37 qu'européenne. Alors que la France soit
54:39 aujourd'hui le leader sur ce sujet,
54:41 comme il l'est sur un certain nombre de sujets,
54:43 j'en suis ravi, parce que c'est extrêmement important
54:45 de résister
54:47 à Poutine, et on est dans un
54:49 rapport de force, et dans la
54:51 crédibilité de notre capacité
54:53 à réagir. Mais évidemment,
54:55 la réponse ne pourra être qu'européenne.
54:57 Il faut aussi imaginer que
54:59 il y a une élection américaine, on le sait tous,
55:01 dans six mois... - Bien sûr, le temps ne suffira pas,
55:03 il faut une défense européenne. - Et peut-être que les Européens
55:05 seront bien seuls en six mois. - Allez,
55:07 la petite, la grande histoire de l'Assemblée, on termine par Bourbon Express.
55:09 Tout de suite.
55:11 Et un Bourbon Express signé Marco Pommier.
55:19 Bonsoir, Marco. - Bonsoir, Myriam.
55:21 - On en parlait hier. L'épiphase à l'Assemblée,
55:23 ça y est, c'est voté. - Oui, victoire
55:25 des écologistes. Alors,
55:27 pas totale, mais une victoire quand même
55:29 sur ces épiphases, dont ces
55:31 substances chimiques produites par l'industrie,
55:33 mais dangereuses pour la santé humaine
55:35 et pour l'environnement. L'Assemblée
55:37 a voté aujourd'hui l'interdiction
55:39 de ces polluants éternels dans les
55:41 cosmétiques, dans certains textiles,
55:43 et dans le fard pour les skis à partir
55:45 de 2026, adoption
55:47 à l'unanimité, en fin d'après-midi,
55:49 186 pour, 0 contre.
55:51 A noter quand même l'abstention des
55:53 Républicains et du Rassemblement national.
55:55 Pour l'écologiste Nicolas Thiry,
55:57 à l'origine du texte,
55:59 vous allez le voir, son pari
56:01 est réussi, il est là.
56:03 - Une victoire historique, puisque
56:05 c'est la première fois qu'on se dote,
56:07 en France et en Europe, d'une législation
56:09 qui est, en tout cas,
56:11 aussi ambitieuse pour la lutte
56:13 contre l'épiphase et contre les toxiques.
56:15 - Donc c'est rare d'avoir
56:17 une majorité dans cette Assemblée
56:19 sans majorité absolue,
56:21 donc un consensus. Il y a eu quand même
56:23 de la tension, je crois, notamment sur les poils.
56:25 - Oui, autant c'est difficile de voter
56:27 contre l'interdiction d'épiphases
56:29 sans passer pour les complices des pollueurs,
56:31 autant le camp présidentiel,
56:33 avec l'appui des Républicains et du Rassemblement
56:35 national, n'a pas hésité à exclure
56:37 du périmètre des interdictions
56:39 les ustensiles de cuisine.
56:41 Autrement dit, nos poils anti-adhésifs
56:43 continueront d'être fabriqués
56:45 avec d'épiphases, une honte pour les écologistes.
56:47 - Je regrette néanmoins,
56:49 et je commence par ça,
56:51 que le lobby grossier d'un industriel
56:53 ait pu avoir un écho auprès de députés
56:55 de la majorité de la droite et de l'extrême droite.
56:57 - Alors, est-ce que
56:59 le gouvernement a cédé au lobby ?
57:01 - Pas du tout, répond le gouvernement,
57:03 même si les salariés et les syndicats de Ceb
57:05 ont fait du bruit hier sous les fenêtres de l'Assemblée
57:07 pour le camp présidentiel
57:09 interdire ces polluants éternels
57:11 dans la fabrication des poils,
57:13 pourrait menacer l'emploi dans les usines françaises
57:15 alors qu'il existe une incertitude
57:17 sur la dangerosité ou non des épiphases
57:19 dans les poils et qu'il n'y a pas forcément
57:21 d'alternative à ces polluants éternels,
57:23 ce que réfutent les écologistes
57:25 accusés par le ministre Roland Lescure
57:27 de vouloir se payer la poêle téphale.
57:29 - On ne sacrifiera pas
57:31 la santé des Français
57:33 pour préserver de l'emploi, à condition
57:35 évidemment qu'on parle de produits qui sont dangereux.
57:37 Moi, je crois à la science, je crois
57:39 à la loi fondée sur les faits. Je ne crois pas,
57:41 désolé, à la loi émotionnelle.
57:43 - Voilà, pour être définitivement
57:45 adopté, le texte devra encore être
57:47 examiné par le Sénat, un texte
57:49 qui pourrait être repris par les sénateurs
57:51 écologistes à l'occasion de leur
57:53 journée parlementaire. Une victoire donc,
57:55 mais une victoire à confirmer. - Merci beaucoup.
57:57 Satisfacite.
57:59 - Oui, c'est très bien. Je suis assez content
58:01 qu'on ait trouvé un équilibre, ce qui nous sépare
58:03 des écologistes, qui ont une vision
58:05 très dogmatique sur la transition écologique.
58:07 Nous, on est obligés de les rappeler à la réalité.
58:09 Oui, il ne faut pas que ça se fasse
58:11 au détriment du social. - Ils vous diront
58:13 que ce sont les aiguillons qu'il faut prendre les devant.
58:15 - Exactement, on en a besoin. - Vous avez peut-être besoin de...
58:17 - Il faut aller le plus vite possible,
58:19 mais en respectant quand même nos équilibres
58:21 économiques. - Merci beaucoup. Merci
58:23 Jean-René Cazeneuve d'avoir été le grand témoin de cette émission.
58:25 Merci Les Affranchis. Marco Pognier,
58:27 à très vite. Très belle soirée sur
58:29 LCP. Rembobinat tout de suite. Patrick
58:31 Cohen, pour voir où revoir ça vous regarde.
58:33 Il y a désormais la chaîne YouTube d'LCP
58:35 mais aussi le podcast sur
58:37 toutes les plateformes de streaming.
58:39 A demain, 19h30.
58:41 (Générique)