Neuf mois après sa disparition dans le hameau du Haut-Vernet, la mort du petit Émile a été confirmée ce dimanche 31 mars, après la découverte d'ossements, dont son crâne. Si "toutes les pistes continuent d'être exploitées" pour comprendre les circonstances de sa mort, les enquêteurs n'excluent pas un déplacement des ossements du garçonnet. Jacques Dallest, ancien juge d'instruction et procureur de la République, était en direct de Première édition ce lundi.
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00:00 Vous savez, tout est possible, malheureusement, dans une affaire de cette nature.
00:04 Même un ratissage extrêmement serré sur une surface, une superficie très vaste, peut
00:10 faire passer à côté d'un corps.
00:13 On pourrait imaginer que l'enfant ait été recroquevillé, peut-être dans un trou, au
00:18 moment où le ratissage a eu lieu, et qu'on ne l'ait pas découvert.
00:21 Alors, ce qui est possible aussi d'envisager, c'est que des animaux sauvages aient déplacé
00:26 le crâne de l'enfant.
00:27 Ça s'est vu, malheureusement, dans d'autres affaires.
00:30 Le temps passant, la nature et les animaux déplacent.
00:33 Et donc, on peut s'étonner aujourd'hui de retrouver ce crâne alors qu'il était peut-être
00:37 dissimulé avec le reste du corps dans une infractualité, dans un trou.
00:42 C'est ça un peu la difficulté.
00:43 Et ça n'écarte pas, évidemment, l'hypothèse de l'intervention d'une tierce personne dans
00:49 le décès du petit Emile.
00:51 Pauline, juste sur cette histoire de crâne qui aurait échappé aux gendarmes.
00:55 Est-ce que dans des affaires récentes, des zones ratissées, multiratissées, n'ont pas
01:01 permis de découvrir un corps qui s'y trouvait ?
01:03 Oui, il y a un cas qui a été développé d'ailleurs par Jacques Dallest, et je parle
01:07 sous son contrôle.
01:08 Lucas Tronche 15 ans, il disparaît en mars 2015 dans le Gard.
01:11 Il y a des battues, on explore les cours d'eau, il y a même un hélicoptère à vision thermique
01:15 exactement comme le cas d'Emile, en vain.
01:17 Et il est retrouvé six ans après sur le pic du Mas Jaune, non loin de sa maison, au pied
01:22 d'une falaise.
01:23 Et le gendarme, il retrouve un sac à dos importable des ossements, c'est donc son
01:26 ADN.
01:27 Ils sont descendus à flanc de falaise pour trouver ces ossements de Lucas Tronche.
01:31 Je parle sous votre contrôle, monsieur Dallest, mais c'est un cas qui peut être envisagé
01:34 dans le cas présent.
01:35 Tout à fait.
01:36 Dans les régions de montagne, on s'aperçoit qu'on peut passer à côté du corps d'une
01:43 personne qui est décédée accidentellement.
01:44 Vous savez, un corps se dégrade très vite, les couleurs passent, ça devient terreux
01:50 et ça se confond très vite avec la nature environnante.
01:53 Donc, il faut toujours admettre que quoi qu'on fasse, même avec des drones, on peut passer
01:58 à côté d'un corps qui n'est pas forcément présenté de façon très évidente, qui
02:03 peut être encore une fois recroquevillé.
02:05 Et c'est peut-être ce qui s'est passé en l'espèce pour le petit Emile.
02:09 Jacques Dallest, est-ce que l'état de la terre où ont été retrouvés ces ossements
02:15 peut être déterminant ?
02:16 Bien sûr.
02:18 Tout le travail maintenant qui est envisagé, qui est ordonné, c'est la détermination
02:23 si possible des causes du décès.
02:25 Donc, il faut travailler activement sur le crâne, sur le reste des ossements si on les
02:30 trouve pour savoir si des coups ont pu être portés, si des violences ont pu être exercées.
02:36 Il y a tout un travail d'anthropologie médico-légale, qui est une discipline qui se développe, pour
02:41 affiner la connaissance des causes du décès.
02:44 C'est ce qui va être aussi complexe, parce qu'il se peut qu'on n'ait pas tous les
02:48 ossements et qu'on puisse être en difficulté pour identifier clairement, savoir de quoi
02:52 clairement le petit Emile est décédé.
02:55 Jacques Dallest, est-ce que d'expérience, on peut retrouver de l'ADN d'une tierce personne
03:01 sur le crâne d'un enfant neuf mois après sa disparition ?
03:04 Non, je crois que la disparition des chairs, qui rend difficile d'ailleurs la détermination
03:12 des causes, fait que l'ADN d'une tierce personne existait sur les vêtements peut-être de l'enfant,
03:20 s'il a été déplacé, s'il a été manipulé, éventuellement sur son visage, sur sa peau,
03:24 mais appartenamment il ne reste plus que des ossements, il sera très difficile d'identifier
03:29 un ADN humain.
03:30 Je suis obligé de vous poser toutes les questions évidemment qui nous passent par la tête
03:33 et qui passent par la tête du public.
03:34 Est-ce que la mise en situation opérée la semaine dernière a pu susciter chez un meurtrier
03:39 présumé une forme d'affolement et donc de dissimulation d'une partie du corps dans
03:44 la zone où on a trouvé le crâne d'Emile ?
03:47 Tout est possible, il faudra déterminer si le petit Emile est décédé à l'endroit
03:52 où on a retrouvé son crâne ou s'il a pu être déplacé, transporté.
03:57 Et pourquoi le faire ?
03:58 Ça peut se faire en fonction notamment de l'étude du terrain où on a retrouvé le crâne,
04:03 des résidus qui sont éventuellement présents sur ce crâne pour savoir s'il était là
04:08 depuis un certain temps.
04:09 C'est le fameux délai post-mortem, le délai entre le décès et la découverte du corps
04:15 qui permet de déterminer cette éventualité de l'intervention d'une tierce personne.
04:19 Dominique Rizet, est-ce que la zone où a été retrouvé le crâne est compatible avec
04:24 les dernières minutes de l'évolution de l'enfant le jour de sa disparition ?
04:30 Bien sûr, évidemment.
04:31 C'est la porte-parole de la gendarmerie qui elle sait où sont les gendarmes, à quel
04:36 endroit ils les cherchent exactement, qui parle d'une zone escarpée, rocailleuse, difficile
04:45 d'accès.
04:46 Donc évidemment, oui, c'est un endroit qui a été visité.
04:49 On sait que les fouilles ont été faites à cet endroit-là parce que des cartographies
04:53 sont effectuées pour savoir où est-ce qu'on est passé, qu'est-ce qu'il reste à faire,
04:57 qu'est-ce qui a déjà été fait.
04:58 Donc on sait pour cette raison-là que plusieurs fois les gendarmes sont passés, et puis des
05:02 particuliers aussi qui fouillent avec les gendarmes, à cet endroit-là.
05:05 Il n'empêche qu'ils peuvent être passés à côté du corps.
05:08 Vous avez de l'expérience Jacques Daesch, je vous pose aussi la question.
05:11 Quelle est votre intime conviction ?
05:12 Personnellement, j'ai pensé dès le départ qu'on était sur l'hypothèse d'une fugue
05:18 de l'enfant et d'un décès naturel.
05:20 C'est l'hypothèse que je retiens à titre principal, mais néanmoins, comme souvent
05:25 et pour éviter justement d'être dans une problématique de colcaise, il faut envisager
05:29 un homicide ou l'action d'une tierce personne.
05:31 Et ça, on ne peut pas l'écarter au moment où nous parlons.
05:33 Je crois qu'on doit la vérité à tout le monde et il faut travailler de façon très
05:37 précise pour évacuer l'éventuelle thèse criminelle.
05:41 Nous n'en sommes pas là encore aujourd'hui.
05:43 Je vous pose une dernière question.
05:45 On a quelques dizaines de personnes qui habitent dans ce hameau.
05:47 Là encore, est-ce que d'expérience, est-ce que ce type de découverte peut libérer une
05:52 parole qui ne l'avait jamais été jusqu'à présent ?
05:54 Vous savez, si c'est un acte criminel, je doute fort que l'auteur se dénonce ou que
06:02 les choses bougent en fonction de cet élément-là.
06:04 Non, mais que des témoins parlent alors qu'ils n'ont jamais parlé.
06:05 Oui, bien sûr, ça peut être le cas, mais ça supposerait que le meurtrier, si meurtrier
06:11 il y a, se soit confié à une autre personne, ce qui semble peu probable, même si encore
06:17 une fois, soyons toujours très prudents dans nos affirmations.
06:20 Le pire est malheureusement toujours sûr en matière judiciaire.
06:25 Il faut envisager la pire des hypothèses, même si ce n'est peut-être pas la bonne