• il y a 9 mois
«L'intelligence artificielle va accentuer tous les risques, notamment sur nos modèles politiques et les démocraties » explique Asma Mhalla, politologue spécialiste des enjeux politiques et géopolitiques de la Tech et de l'IA, chercheure à l'EHESS. Elle a publié en février 2024 son premier essai, « Technopolitique. Comment la technologie fait de nous des soldats », aux éditions du Seuil. Dans cet essai, Asma Mhalla analyse l'enjeu des nouvelles Intelligences artificielles sur la vie des citoyens au quotidien et sur l'absence de position des gouvernements sur ce sujet. Elle donne des solutions pour que la technologie ne fasse pas de nous des soldats.
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Transcription
00:00 Est-ce que l'intelligence artificielle va accentuer tous les risques qu'on voit déjà advenir dont on parle,
00:05 notamment sur nos modèles politiques sur les démocraties, en l'occurrence, ou sur le travail ?
00:08 Oui, je le crois fondamentalement.
00:10 Et en fait, pour comprendre, il faut avoir en tête que, avant d'être soldat,
00:21 il faut comprendre qu'on est tous potentiellement une cible.
00:24 Et on est une cible aujourd'hui, par ce que j'appelle moi les technologies de l'hypervitesse,
00:28 parce que ces technologies-là, et de quelles technologies on parle ?
00:31 Intelligence artificielle générative, réseaux sociaux,
00:34 les implants neuralink de Elon Musk, les Starlink, etc.
00:37 Toutes ces petites pièces du puzzle technologique sont en fait un système,
00:41 et ce sont des technologies qu'on appelle duales,
00:44 c'est-à-dire qu'elles sont à la fois, par nature, by design, civiles et militaires.
00:49 Et la différence avec toutes les autres technologies précédentes, du XXe siècle notamment,
00:54 qui pouvaient aussi avoir un petit côté dual,
00:56 c'est que cette fois-ci, elles sont toutes potentiellement dans votre poche,
00:59 ou à terme, dans votre cerveau, les implants.
01:02 Et donc à partir de ce moment-là, c'est toute la question de se dire,
01:04 puisque ces outils qui sont initialement ludiques, pratiques, sympathiques et gothiques,
01:10 sont aussi potentiellement des armes de guerre,
01:13 on parle aujourd'hui beaucoup de lutte informationnelle,
01:15 de guerre cognitive sur les réseaux sociaux, en l'occurrence, mais pas que, les IA génératives.
01:20 On est dans une année électorale qui est extrêmement dense à l'échelle internationale,
01:24 et donc c'est toute la question de se dire comment chaque citoyen,
01:27 sachant qu'il a une cible potentielle, devient en réalité son propre rempart.
01:32 Et le rempart non pas simplement pour soi, mais aussi pour sa nation.
01:35 Ma principale inquiétude concernant l'intelligence artificielle,
01:38 ce n'est pas tellement tout ce narratif qui vient de la Silicon Valley sur des super-intelligences
01:43 qui viendraient détruire l'homme, l'humanité, ou je ne sais quoi.
01:46 Ça vraiment, ce sont des récits qu'il faut vraiment déconstruire,
01:48 et qui viennent, qui sont nourris par tous les imaginaires de la science-fiction.
01:53 Ce qui m'inquiète davantage, beaucoup plus, c'est notre politique publique immédiate.
01:56 C'est-à-dire quelle vision politique, quel projet on a autour de technologies,
02:00 aujourd'hui, qui sont systémiques, qui sont des infrastructures socles,
02:04 à partir desquelles se déploie absolument tout le reste.
02:07 Et je dois bien admettre qu'en Europe et qu'en France, aujourd'hui,
02:11 le discours politique, la vision politique est d'un vide sidéral
02:15 sur la question de la souveraineté technologique, à comprendre non pas comme autarcie,
02:19 mais comme capacité à développer une vraie vision techno-industrielle,
02:23 pour faire quoi ? Tenir un rapport de force, le cas échéant, avec ses alliés,
02:27 donc les États-Unis.
02:28 Et de ce point de vue-là, il y a évidemment des projets,
02:31 il y a des initiatives, notamment au niveau européen.
02:34 Thierry Breton a changé la doctrine à son arrivée en 2019,
02:38 mais il reste énormément à faire.
02:40 Et pour l'instant, notre réponse en Europe, elle est davantage défensive, normative.
02:45 Et ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas le faire.
02:47 Du point de vue du signal politique, c'est important
02:49 d'expliquer à des acteurs extra-communautaires qu'au sein de nos frontières,
02:52 il faut respecter nos règles, mais en revanche, il nous manque la dimension proactive.
02:57 Est-ce que l'intelligence artificielle va accentuer tous les risques
03:00 qu'on voit déjà advenir dont on parle, notamment sur nos modèles politiques,
03:03 sur les démocraties, en l'occurrence, ou sur le travail ?
03:05 Oui, je le crois, fondamentalement, pour une raison très simple.
03:08 Aujourd'hui, les idées génératives vont amplifier, industrialiser et à bas coût,
03:12 les risques de désinformation, de manipulation de l'information, de deepfake,
03:16 mais aussi l'impact sur le travail.
03:18 Et là, ce qui est intéressant de comprendre,
03:20 c'est que la balle est dans notre camp d'une certaine façon.
03:22 Il s'agit de politique publique et donc de volonté et de courage politique.
03:25 Ce n'est pas une fatalité l'intelligence artificielle.
03:28 Encore une fois, ce sont des outils à notre disposition.
03:30 Et toute la question qu'on doit se poser, c'est comment on fait avec
03:33 et au service d'un projet, de société, donné, qu'il nous faudra définir,
03:37 plutôt que de simplement le subir.
03:39 [Musique]

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