Olivia Grégoire et Christophe Béchu ont annoncé jeudi 28 mars les lauréats du plan de transformation des zones commerciales, pour en finir avec "la France moche". La ville de Vesoul en fait partie. Son maire, Alain Chrétien, est l'invité de Jérôme Florin dans RTL Petit Matin.
Regardez Les trois questions de RTL Petit Matin du 29 mars 2024 avec Jérôme Florin et Marina Giraudeau.
Regardez Les trois questions de RTL Petit Matin du 29 mars 2024 avec Jérôme Florin et Marina Giraudeau.
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 RTL
00:06 Les trois questions du petit matin.
00:08 Embélirer et redynamiser les zones commerciales à l'entrée des grandes villes,
00:11 ces zones que certains ont même appelées la France moche.
00:14 C'était un titre de Télérama il y a une dizaine d'années.
00:16 C'est l'objectif du plan de transformation initié par le gouvernement
00:19 qui a retenu 74 communes candidates, dont la vôtre.
00:23 Bonjour Alain Chrétien.
00:25 Bonjour, bonjour à tous.
00:26 Vous êtes le maire de Vezoux, en Haute-Saône.
00:28 Alors d'abord, mettons les pieds dans le plat tout de suite
00:30 parce qu'on entendait Cyprien Sini il y a quelques minutes.
00:33 Cette expression de "France moche", vous en pensez quoi vous ?
00:37 Oui, c'est un peu un raccourci, c'est un peu un slogan,
00:39 c'est pour un peu simplifier les choses.
00:42 Vezoux, comme beaucoup de nos communes, est une très belle petite ville
00:45 avec beaucoup de patrimoine et beaucoup de nature aussi,
00:49 où il fait très bon vivre.
00:50 Mais effectivement, on a des zones qui sont en déshérence,
00:54 qui commencent à vieillir et qui ne sont pas entretenues.
00:57 Et il faut qu'on s'en occupe.
00:58 C'est une zone de 5 hectares, c'est ça ?
01:00 C'est ça, 5 hectares en périphérie du centre-ville,
01:02 avec un gros supermarché et puis naturellement des boîtes à chaussures.
01:06 Comme votre reportage le disait,
01:08 le schéma est très souvent le même dans toutes les communes concernées.
01:11 Avec des bâtiments inutilisés ?
01:13 C'est ça, avec beaucoup de boîtes à chaussures inutilisées.
01:16 Et ce qui est surprenant, c'est que les foncières immobilières,
01:18 les grands propriétaires qui sont propriétaires de ces boîtes à chaussures,
01:21 ne les entretiennent pas, les parkings sont en friche,
01:25 les bâtiments commencent à tomber.
01:27 Et on a l'impression que c'est un patrimoine qui est totalement ignoré,
01:31 qui n'est pas valorisé.
01:33 Et moi, en tant que maire, je ne peux pas laisser ces choses comme ça tomber en ruine.
01:36 Les voisins, les riverains, tout le monde se pose des questions.
01:39 Quand vous habitez à côté de ce genre de truc qui est en train de tomber en ruine,
01:42 vous vous posez des questions.
01:43 Mais qui est responsable de cette floraison de panneaux publicitaires et de magasins ?
01:47 GoGo, là, c'est parce que vous êtes le maire,
01:49 mais vous n'êtes pas responsable directement de ça.
01:51 Qui laisse faire ça ?
01:52 Je pense que c'est la société de consommation.
01:54 Ce sont des outils de consommation très efficaces
01:57 qui ne se préoccupent pas du cadre de vie, qui ne se préoccupent pas du patrimoine.
02:02 On est là dans l'efficacité à tout prix.
02:04 Il faut consommer, il faut consommer.
02:06 Et donc, le seul critère, c'est l'efficacité.
02:09 Je pense qu'on doit pouvoir trouver d'autres solutions pour consommer mieux
02:13 et consommer dans un cadre de vie, dans un cadre beaucoup plus agréable.
02:17 Alors, qu'est-ce qui va se passer maintenant ?
02:19 Parce que vous allez toucher la somme de 75 000 euros.
02:22 Bon, c'est pas grand-chose. À quoi va servir cet argent ?
02:25 Alors, c'est le début.
02:26 Parce qu'en fait, quand on a ces zones, il faut savoir ce qu'on veut en faire.
02:29 Est-ce qu'on veut racheter les bâtiments ?
02:31 Est-ce qu'on veut les réhabiliter ?
02:32 Est-ce qu'on veut les raser pour faire du logement ?
02:34 Est-ce qu'on veut faire du service public ?
02:36 Comment on va rénover les voiries qui desservent ces bâtiments ?
02:41 Donc, il y a un travail de fond, d'études à faire,
02:44 pour savoir comment tout ça va être requalifié.
02:46 On ne va pas arriver avec un bulldozer demain matin pour tout raser
02:49 et ensuite se gratter la tête pour se demander ce qu'on va faire après.
02:52 Donc, ça paye une expertise.
02:53 Voilà, un travail de réflexion,
02:55 puisque le gouvernement souhaite aussi remettre de la mixité.
02:58 Parce que dans ces zones, on ne fait que d'y consommer.
03:01 Donc, le soir, c'est complètement vide, c'est complètement désert.
03:04 Et puis, en journée, c'est bondé parce que tout le monde s'y concentre.
03:07 Donc, il faut aussi qu'on repense la ville dans sa totalité
03:11 et qu'on mette un peu de mixité pour éviter jour, nuit, vide ou complètement plein.
03:17 Donc, c'est un rééquilibrage de ces zones pour y mettre une vie différente.
03:22 Donc, on est bien d'accord, il ne s'agit pas de supprimer ces magasins
03:25 qui restent très fréquentés.
03:26 Je rappelais tout à l'heure ce chiffre.
03:28 72% des dépenses des Français se font dans ces zones commerciales.
03:32 Naturellement, parce que c'est simple, c'est rapide.
03:34 Vous savez, quand vous avez des enfants, vous prenez la voiture le samedi après-midi
03:38 et vous êtes obligé d'aller remplir votre caddie pour la semaine.
03:42 Donc, c'est quand même beaucoup plus simple.
03:43 Même si le gouvernement, avec Edouard Philippe, a aussi mis en place Action Coeur de Ville,
03:47 qui est une politique de renforcement de nos centres-villes.
03:50 Parce que si 72% des gens font leurs courses dans les centres commerciaux,
03:53 il y en a encore 28, quand même, qui vont dans les centres-villes.
03:55 Oui, mais c'est souvent plus cher.
03:57 C'est sûr, c'est question d'équilibre.
03:59 Il faut qu'il y en ait pour tous les goûts, il faut qu'il y en ait pour toutes les envies.
04:01 Il y a des gens qui veulent aller en centre-ville parce qu'ils se trouvent ça plus agréable
04:05 et d'autres en zone commerciale parce que c'est plus efficace.
04:08 Donc, je crois qu'il faut trouver une solution pour tout le monde.
04:10 Donc, comment vous voyez cette zone dans les prochaines années autour de Vesoules ?
04:14 Vous avez déjà des plans ?
04:15 Alors non, on n'a pas encore de plan, justement.
04:17 C'est l'occasion de mettre tout ça en place.
04:20 Mais moi, je rêve d'avoir des espaces verts,
04:23 je rêve de voir tous ces parkings supprimés ou en tout cas arborés,
04:27 y remettre beaucoup d'arbres, y remettre des pistes cyclables
04:30 pour que les gens puissent aussi venir en vélo.
04:33 J'y rêve aussi de voir du logement collectif.
04:37 Je veux retrouver un cadre de vie beaucoup plus agréable
04:42 et beaucoup moins triste et surtout remettre de la vie
04:48 parce que ces boîtes à chaussures, aujourd'hui, ne sont plus utilisées.
04:51 Vous parlez de consommation, aujourd'hui, dans cette zone,
04:53 on n'a quasiment plus de consommation, on n'a que des ruines.
04:56 Et c'est un chantier de combien d'années, ça, concrètement ?
04:59 Il faut beaucoup de temps parce qu'il faut racheter.
05:02 Si les propriétaires fonciers ne veulent pas vendre, ça passe par des expropriations.
05:06 Il faut provisionner de l'argent.
05:09 Ce sont des reconversions qui vont mettre au moins 10 ans.
05:12 Il faut vraiment beaucoup de patience, beaucoup de détermination
05:15 et surtout, comme vous l'avez dit, un cap clair, un projet clair
05:19 qui puisse être mis en place année après année.
05:21 Merci beaucoup Alain Chrétien, maire de Vesoules.
05:24 d'avoir été là.