Dans son édito du 28/03/2024, Paul Sugy revient sur les économies à faire dans le budget de l'État et sur la fin du remboursement à 100 % des affections longues durées.
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00:00 La politique avec vous Paul Sujit, depuis qu'on connaît les chiffres ahurissants du déficit public sur l'année dernière,
00:05 on sait qu'il faut faire d'importantes économies dans le budget de l'État.
00:08 Ça concerne aussi l'assurance maladie, il va falloir faire des choix Paul.
00:11 Oui, on sait qu'il y a un débat en cours sur les coûts budgétaires qu'on pourrait faire dans les remboursements opérés par l'assurance maladie.
00:17 Et en particulier, on sait qu'une idée sur le bureau de Bruno Le Maire,
00:21 ce serait la fin du remboursement à 100% de ce qu'on appelle les ALD, les infections de longue durée,
00:26 comme le diabète ou le cancer par exemple.
00:28 C'est un dispositif, ce remboursement qui concerne 13 millions de patients en France, c'est énorme.
00:32 Et ce chiffre continue d'augmenter considérablement avec le vieillissement de la population,
00:36 et aussi les progrès de la médecine, il faut bien le dire.
00:39 Et puis, ces traitements sont de plus en plus coûteux,
00:42 et ce seraient les deux tiers presque des remboursements d'assurance maladie
00:47 qui seraient concernés par ces infections de longue durée.
00:50 On parle de 110 milliards d'euros en 2020, donc c'est une enveloppe qui est énorme.
00:54 En revanche, l'annonce d'une étude sur la fin du remboursement à 100% de ces infections
00:59 fait l'unanimité contre elle, surtout chez les médecins.
01:02 Et il y a une coïncidence en particulier qui me trouble,
01:04 c'est qu'au moment même où on envisage de faire des coupes sèches sur ces maladies,
01:08 on s'apprête à légiférer sur la fin de vie pour permettre le suicide assisté, l'euthanasie,
01:12 tout ceci étant pour le coup entièrement remboursé par la Sécurité sociale.
01:15 Qu'est-ce que vous voulez dire ?
01:16 Eh bien Romain, que si l'on regarde les choses avec un peu de cynisme,
01:20 les choix qu'on a en train de faire pour l'assurance maladie
01:22 tendent à diminuer la contribution solidaire de la société
01:26 pour la prise en charge de ces maladies qui sont très coûteuses,
01:28 tandis que dans le même temps, on va offrir sur un plateau d'argent
01:31 à certains patients la possibilité d'en finir sans avoir à débourser un sou de leur poche.
01:35 Alors l'idée qu'on puisse privilégier l'euthanasie pour faire des économies,
01:38 ça paraît évidemment odieux.
01:39 Simplement, songez quand même à ceci,
01:41 depuis deux ans, il y a un lobbying très actif de la part des mutuelles françaises,
01:45 singulièrement le président de la mutualité française Thierry Baudet,
01:47 qui a publié une tribune pour soutenir la loi
01:50 qui allait dans le sens de l'euthanasie du suicide assisté,
01:53 alors que ces mêmes organismes privés sont ceux qui payent
01:55 pour justement les soins des patients atteints de maladies graves.
01:58 Et donc, le conflit d'intérêt paraît flagrant.
02:01 Moi, ce que je redoute, c'est qu'un jour, les patients finissent par choisir l'euthanasie,
02:04 non pas seulement, ou d'ailleurs les familles à leur place pourraient choisir aussi l'euthanasie,
02:08 non pas seulement par lassitude de la vie, mais par facilité économique,
02:11 parce qu'ils n'auront tout simplement pas les moyens de faire autrement pour continuer de se soigner.
02:15 C'est en effet une vision très cynique.
02:17 Oui, je le reconnais, mais ce n'est pas moi qui l'invente, Romain,
02:19 et en particulier au Canada, c'est déjà quelque chose qui est dans le débat public.
02:24 Alors, c'est un rapport qui a été fait par le directeur parlementaire du budget
02:28 sur les économies dans le système de santé au moment d'une discussion
02:31 sur une loi qui allait élargir le champ de l'euthanasie,
02:34 permettant à un millier de personnes supplémentaires d'y recourir.
02:39 Eh bien, dans ce rapport, il y avait une estimation des économies
02:42 sur les dépenses de santé que cela permettrait.
02:44 Donc, on parle de 1200 environ d'euthanasie supplémentaire.
02:48 Et le directeur parlementaire du budget a écrit que les budgets de la santé
02:52 pourraient faire des économies d'environ 150 millions de dollars grâce à cela.
02:56 Alors, effectivement, ça paraît complètement odieux
02:59 et on espère en France que jamais ce dilemme économique se fera,
03:03 mais c'est malheureusement ce que cela fait craindre.
03:05 On arrive dans les pires films dystopiques.
03:07 Moi, je pense par exemple à Soleil vert, qui, il y a plus d'une cinquantaine d'années déjà,
03:10 imaginait que dans des circonstances extrêmes,
03:12 on en vienne à privilégier l'euthanasie des personnes les plus pauvres ou les plus âgées,
03:17 eh bien, pour faire des économies dans une situation où l'humanité
03:19 n'a pas les moyens d'assurer sa propre survie.
03:22 Paul Sujit, merci Paul.
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