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Dans son émission média, Thomas Isle et sa bande reçoivent chaque jour un invité. Aujourd'hui, Patrice Duhamel, journaliste et écrivain, pour le documentaire “Georges Pompidou - La cruauté du pouvoir” qui sera diffusé ce mercredi 27 mars à 21h10 sur France 3.
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Dans son émission média, Thomas Isle et sa bande reçoivent chaque jour un invité. Aujourd'hui, Patrice Duhamel, journaliste et écrivain, pour le documentaire “Georges Pompidou - La cruauté du pouvoir” qui sera diffusé ce mercredi 27 mars à 21h10 sur France 3.
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NewsTranscription
00:00 Europe 1.
00:01 Vous écoutez Culture Média sur Europe 1 9h30 11h avec Thomas Hill et votre invité ce matin Thomas.
00:06 Oui je reçois ce matin Patrice Duhamel parce que ce soir France 3 diffuse le documentaire
00:10 "George Pompidou la cruauté du pouvoir" que vous avez écrit avec Jean-Pierre Coté et Eric Roussel
00:16 et qui s'inscrit dans la célébration du 50e anniversaire de la disparition du président Pompidou.
00:21 C'était le 2 avril 74, il n'avait que 63 ans et même si son visage était vraiment marqué par la maladie,
00:29 visiblement ça a surpris tout le monde et notamment la direction de l'ORTF, la télévision de l'époque,
00:34 parce que rien n'était prêt, c'est ce que vous montrez en ouverture de ce doc.
00:38 Et je peux même ajouter, j'étais là le soir quand il y a un événement comme celui-là, tous les journalistes arrivent.
00:44 Je m'occupais des affaires économiques et financières et pétrolières, c'est pour ça que j'ai connu Pompidou
00:50 parce qu'il y avait des négociations à ce moment-là, il y avait une crise pétrolière, une crise financière.
00:55 Et donc j'étais là le soir du 2 avril et ce qui était extraordinaire sans être trop long,
01:01 c'est que tous les journalistes de la rédaction ont découvert qu'il n'y avait pas de ce qu'on appelle des nécrologies
01:08 du président sur instruction de l'Elysée, qui avait dit "il ne faut pas alimenter les rumeurs".
01:13 Et pour l'anecdote, c'est quelque chose d'extraordinaire, quand je le raconte on a du mal à me croire, mais c'est pourtant la réalité.
01:21 Il y a un jeune chef d'édition qui est devenu ensuite rédacteur en chef avec Boruzi, qui s'appelle Pierre Géraud,
01:28 qui avait vu une équipe de la télévision japonaise faire un film sur Pompidou parce qu'ils avaient entendu les rumeurs.
01:35 Et alors on a appelé à la NHK, la télévision japonaise, ils nous ont dit "ils sont dans l'avion, ils rejoignent Tokyo".
01:43 Et à ce moment-là, le gouvernement français, le ORTF, ça fonctionnait ensemble, donc le gouvernement a fait atterrir l'avion.
01:49 Et c'est la nécro de la télévision japonaise qui a été diffusée par la télévision française ce soir-là, vers 11h30.
01:58 Sans le son du coup.
02:00 Alors il n'y avait pas les sonores de Pompidou, mais sans le son puisque c'était en japonais.
02:05 C'était en japonais, non mais c'est quand même incroyable que sur la télévision française, pour la mort du président, on diffuse des images du jeune.
02:10 Et quand on me demande comment était l'ORTF, puisque je suis arrivé fin 69, je raconte toujours cette...
02:16 C'est plus qu'une anecdote, c'était absolument extraordinaire.
02:21 Et alors écoutez comment le grand Léon Zitrone lui-même semble un peu perdu ce soir-là.
02:25 Nous allons maintenant de plus en plus pouvoir vous passer des images qui correspondront à diverses époques de la vie du président décédé, il y a environ une heure et demie.
02:37 Nous allons les mêler d'informations parlées, nous allons je vous l'ai dit improviser, parce que ce qui est survenu aujourd'hui, eh bien je dois dire que nul ne s'y attendait.
02:50 Nous, pas plus que les...
02:52 C'est complètement fou ça.
02:54 Il s'en sort bien quand même, à Léon Zitrone.
02:56 Nous allons les mêler d'informations parlées.
02:58 Pompidou le saint prisonnier.
03:00 Dix mois plus tôt, il y avait une grande négociation qui se déroulait à Reykjavik en Islande, on voit d'ailleurs les images qui sont très connues de l'arrivée de Pompidou, parce qu'il a beaucoup...
03:09 Son visage a grossi, etc.
03:11 On voit qu'il ne va pas bien du tout.
03:13 Et j'étais là-bas pour couvrir ce sommet avec Nixon, le sommet sur la crise monétaire.
03:18 Et on m'a fait revenir à Paris, en envoyant un avion spécial de l'armée pour monter le sujet à Paris, pour être sûr que sur instruction de l'Elysée, il n'y ait pas de gros plans de Georges Pompidou.
03:29 Le directeur de la formation m'a fait rentrer et m'a dit "est-ce que vous savez garder un secret d'état ?"
03:36 C'est la première fois qu'on me posait la question, je dis "bah oui, mais c'était pas glorieux d'accepter ça".
03:41 Mais en même temps, j'ai gardé l'information pour moi, j'en ai parlé qu'à mon frère aîné, puisqu'on se dit tout.
03:47 Mais je ne l'ai dit à personne pendant dix mois.
03:50 Et je savais pas ce qu'il avait, mais je savais que c'était excessivement grave.
03:54 Et ça se voyait effectivement sur son visage aussi. Alors vous allez dérouler de manière très chronologique toute la vie de Pompidou dans ce documentaire.
04:01 Certains diront que c'est classique le fait de le faire de manière chronologique.
04:05 Moi, j'ai trouvé ça au contraire très agréable de le suivre depuis son enfance, parce qu'on suit l'histoire d'une vie, la traversée de la guerre, dans laquelle il n'a pas tenté de rejoindre la résistance, ce qui sera un problème pour lui dans la suite de sa carrière.
04:18 C'est même surprenant qu'il ait réussi à former ce couple aussi solide dans le temps avec De Gaulle, alors qu'il ne faisait pas partie de son clan au départ.
04:25 Il n'était pas dans les gaullistes purs et durs qu'avaient notamment ceux qui avaient rejoint Londres dès juin, juillet, août 1940.
04:32 Il s'en est expliqué d'ailleurs sur la résistance. Il a dit "j'étais pas tenté par l'esprit d'aventure".
04:37 C'était un jeune professeur. Alors il a fait un peu de résistance passive, mais il ne s'est pas allé au-delà de ça.
04:44 C'est sûr que ça posait un problème avec les gaullistes et que ça a fait partie notamment, c'est une des choses qui ont provoqué cette affaire épouvantable qu'on appelle l'affaire Markovitch,
04:54 où sa femme a été honteusement, ignominieusement mise en cause avec des photos truquées, etc. affreux.
05:01 - On peut croire qu'elle participait à ces parties-ci. - Ça a changé la psychologie de Georges Pompidou.
05:06 Il est devenu, pour référence à ce que vous avez diffusé tout à l'heure, beaucoup plus dur à partir de ce moment-là.
05:12 Et ce qui est assez frappant dans ce doc, c'est que lorsqu'on retrace son parcours, on a l'impression qu'il n'a pas demandé grand-chose et que tout s'est plus ou moins imposé à lui.
05:21 J'avais même un peu de mal à croire qu'on arrive tout en haut comme ça, sans faire preuve de stratégie, de rourrie aussi parfois.
05:28 Et ça, on ne le ressent pas vraiment.
05:29 - Mais moi, j'en parle dans un livre que j'ai sorti il y a deux mois, sur les couples Président-Premier ministre.
05:36 Et c'est un des... Je les ai tous connus, sauf De Gaulle.
05:40 Et Georges Pompidou, dont je suivais des voyages, il était extraordinairement impressionnant de son intelligence, sa rapidité,
05:48 une vision, pas sur tous les sujets, mais sur un certain nombre de sujets, une vision absolument extraordinaire.
05:54 C'est le premier président à nommer un ministre de l'Environnement, par exemple.
05:58 À un moment où on en parlait très peu, et alors qu'il adorait la voiture, il roulait en Porsche, il descendait dans le Midi en Porsche,
06:04 ce que lui reprochait le général De Gaulle d'ailleurs.
06:07 Mais c'était un homme incroyablement impressionnant, vraiment d'intelligence et de charisme en même temps.
06:15 - Et l'autre chose qui est assez frappante dans ce type de documentaire, c'est la manière de s'exprimer, la qualité de la langue de l'époque,
06:21 l'élégance des réponses face aux journalistes aussi. Là, c'est vrai qu'en regardant ça, on se dit qu'on a peut-être descendu quelques étages au cours de la cinquième république.
06:28 - Oui, notamment sa réponse en septembre 1969 sur l'affaire Russier, cette institutrice qui s'est suicidée parce qu'elle avait été condamnée
06:36 après avoir eu une liaison et qu'elle avait fait un peu de prison, une liaison avec un de ses élèves de 17 ans.
06:41 - Ici, Paul Éloard. - Et Georges Pompidou va citer de mémoire un poème d'Éloard absolument magnifique,
06:49 qui avait été écrit par Éloard en référence aux femmes tendues à la libération, comprennent qui voudra la victime, etc.
06:59 Et en réalité, ses proches amis, que certains je connaissais extrêmement bien, m'ont dit après qu'ils pensaient au calvaire qu'avait vécu sa femme pendant l'affaire Markovitch.
07:12 - On vous recommande vraiment ce documentaire ce soir, Georges Pompidou, "La cruauté du pouvoir". C'est à voir sur France 3 à 21h10.
07:20 Restez avec nous, Patrice Duhamel, pour commenter l'actu des médias dans un instant.