• il y a 8 mois
Ça y est, c'est le printemps, le temps du renouveau, de l'amour. Un thème au cœur de la relation, qui se veut toute simple, que tissent Sophia et Sylvain dans cette romance québécoise sur laquelle revient Léo Karmann. Si nous décidons l'amour, alors nous aurons moins le risque de nous y perdre.

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Transcription
00:00 Rejoignez-nous dans ce studio 104 autour de cette table, mon cher Cody, pour écouter
00:06 l'une des pages culturelles de cette soirée qui est consacrée au cinéma.
00:09 Et c'est donc bien le tour de Léo Carman.
00:11 Vous allez nous parler de « Simple comme Sylvain », le film de Mona Chokri, qui a
00:15 d'ailleurs remporté le Césaire du meilleur film étranger au nez et à la barbe d'Oppenheimer.
00:20 Ça y est, c'est le printemps.
00:22 Vous ne le sentez pas, la saison du renouveau, des renaissances, le parfait alibi pour vous
00:27 parler d'adultère.
00:28 Non, c'est moche de dire ça parce que l'histoire de Sophia et Sylvain, c'est bien plus qu'une
00:32 banale aventure interdite.
00:33 C'est un coup de foudre, un cataclysme, du genre à en faire trembler les jambes, du
00:38 genre à remettre tout en question.
00:39 Pourtant, l'amour, c'est un sujet que Sophia est censée maîtriser théoriquement.
00:43 Agrégée de philo à Montréal, elle enseigne entre autres les théories de Platon, celles
00:46 qui parlent de l'amour comme d'une expression du désir, en y associant forcément la pulsion
00:50 sexuelle et qui donc le pensent vivace tant que l'autre ne nous appartient pas totalement
00:54 et que la frustration demeure.
00:55 Sophia aime les questionner, ses théories, et les confronter à la réalité de son couple
00:59 longue durée avec Xavier, son homme depuis 10 ans et son alter-ego intellectuel.
01:03 Ensemble, grâce à leur rationalité, ils défient les bassesses de la passion.
01:07 Chambre à part, lecture croisée, vie sans enfant.
01:11 À 40 ans, ils semblent avoir trouvé une hauteur de vue qui les rassure, de celle qui
01:15 les rend différente de leurs amis.
01:16 Non mais putain, la plupart des enfants à notre époque, là, ouf, quelle idée angoissante.
01:23 Ils font l'amour en moyenne 3-4 fois par semaine.
01:27 Ah oui.
01:28 Par contre, ils s'engueulent tout le temps.
01:29 J'aime mieux pas m'engueuler.
01:31 Sauf qu'arrive Sylvain.
01:36 L'ouvrier en bâtiment qui doit retaper leur nouveau charrette campagne.
01:40 Et avec lui, tout ce que Platon avait écrit, tout ce que Sophia avait enfoui, la passionne
01:45 dans toute sa puissance, celle que la sagesse des années a voulu taire, préférant en
01:49 oublier la vitalité pour en éviter la violence.
01:52 Sylvain est physique, magnétique, intense, vivant.
01:55 Avec lui, Sophia reconnecte à une partie d'elle qu'elle avait totalement abandonné,
01:59 son corps.
02:00 Et la simplicité qui vient avec lui, celle où on t'est le raisonnable, celle où on
02:04 arrête de penser pour vivre l'instant.
02:06 Le vrai amour, t'sais, moi je pense que je suis trop romantique.
02:09 Moi je m'imagine, je sais pas, avoir envie d'être avec la femme que je vais aimer tout
02:12 le temps, t'sais.
02:13 Tout partager avec elle.
02:14 Je me construirais une maison, on ferait l'amour tout le temps, on promènerait dans le bois
02:18 avec nos kids, vieillir ensemble avec nos rides, nos vieux corps fatigués.
02:22 Tout ça, une main, t'sais.
02:23 On va pas être compliqué d'amour.
02:26 Mais cette simplicité est-elle vraiment possible ? Sophia en est-elle vraiment capable ? Et
02:30 surtout, en a-t-elle vraiment envie ? Dans l'un de ses cours, elle cite Bell Hooks.
02:34 Pour elle, l'amour est un acte et non un sentiment.
02:37 On ne subit pas, on décide d'aimer.
02:40 Et c'est peut-être ça que raconte finalement simple comme Sylvain.
02:42 Si nous décidons l'amour, alors nous aurons moins le risque de nous y perdre.
02:46 Mais surtout, il se peut même qu'à travers lui, nous nous trouvions nous-mêmes.
02:49 Merci Léo Carman !

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