Sonia Devillers reçoit François-Xavier Bellamy, tête de liste de Les Républicains pour les élections européennes. Il se pose en opposition à l'idée d'une offre politique réduite à "En Marche" contre le Rassemblement national. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-7h50/l-invite-de-7h50-du-lundi-25-mars-2024-1520988
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00:00 France Inter, le 7/10.
00:03 7h49, Sonia De Villers, votre invitée ce matin, vice-président du parti Les Républicains,
00:09 tête de liste aux élections européennes.
00:11 Voilà, meeting de lancement ce week-end à Aubervilliers en Seine-Saint-Denis, elle
00:15 vient de nous en parler.
00:16 Bonjour François-Xavier Bellamy.
00:18 Bonjour.
00:19 Alors, c'est une question de vie ou de mort le 9 juin ?
00:20 Au moins si les auditeurs ont bien écouté la manière dont Yael Ghosn a raconté ce
00:27 meeting, on sait exactement qui vous voulez voir disparaître.
00:30 Eh bien je suis désolé Yael Ghosn, les Républicains sont encore là, la droite existe encore dans
00:34 ce pays.
00:35 Et maintenant ça suffit en fait, cette espèce de traitement totalement malhonnête qui consiste
00:39 à faire croire qu'on serait en train d'essayer de survivre alors que nous sommes le seul
00:43 parti politique dans cette élection européenne à ne pas avoir menti aux Français, à ne
00:47 pas avoir changé de ligne, à avoir un vrai bilan, à avoir eu des résultats.
00:50 Le seul parti politique qui soit capable aujourd'hui de réunir une majorité au Sénat, un groupe
00:55 décisif à l'Assemblée Nationale, d'avoir des milliers d'élus locaux partout sur le
00:58 terrain.
00:59 Mais pardon, mais je suis désolé, je voudrais vous dire simplement à quel point je suis...
01:03 Les tuites de vote vous annoncent à 7% si vous faites moins de 5.
01:06 Qu'est-ce qui arrivera au parti des Républicains si vous faites moins de 5 ?
01:08 Mais d'abord, ne vous inquiétez pas, nous n'allons pas faire moins de 5.
01:11 La campagne commence maintenant.
01:13 Je ne m'inquiète pas, je vous pose simplement la question.
01:14 Et moi je dis encore une fois simplement que le récit que les médias voudraient nous
01:18 imposer et qu'on vient d'entendre à l'instant, qui nous explique que le RN a déjà triomphé,
01:22 parce que c'est ce que vous voulez voir, parce que c'est ce que vous avez envie de
01:25 raconter.
01:26 Mais écoutez, je vous entends à l'instant, le RN aurait assommé les Républicains avec
01:31 l'annonce de l'arrivée de Malika Sorel.
01:32 Pardon, je suis confus de vous le dire, ce n'est pas parce que le Rassemblement National,
01:37 exactement comme Emmanuel Macron, pratique le débauchage individuel, que nous allons
01:40 disparaître.
01:41 Ce n'est pas parce qu'il y a des gens qui choisissent de changer de parti que nous,
01:45 nous sommes condamnés à accepter les compromis.
01:47 Nous, nous tenons notre ligne.
01:48 Et je le redis dans cette élection européenne, nous sommes, nous sommes, nous sommes.
01:52 Il se trouve que des gens, c'est Fabrice Leggeri, ancien président de l'Agence Européenne
01:55 de Surveillance des Frontières, Frontex, qui s'est présenté à ce micro comme un
01:59 homme de droite, qui a toujours été de droite, qui reste de droite et quand je lui pose la
02:04 question « est-ce que la droite aujourd'hui c'est Jordan Bardella ? », il me répond
02:08 « oui ». Il se trouve que la Malika Sorel était brandie par François Fillon en 2017
02:14 comme une icône de la laïcité et qu'aujourd'hui cette frioniste est manifestement soluble
02:20 dans le lepéniste.
02:21 C'est tout.
02:22 Ce que nous voyons, c'est que vous avez deux camps politiques qui pratiquent effectivement
02:27 le débauchage individuel, comme si c'était l'alpha et l'oméga d'une vision politique.
02:31 Mais ce qui compte pour nous, c'est de demander au Rassemblement National ce qu'il
02:36 pense vraiment de Frontex, c'est de lui demander ce qu'il pense vraiment des questions
02:39 migratoires.
02:40 Et pourtant, le Rassemblement National critiquait Frontex très durement quand M.
02:44 Legiri en était le directeur exécutif.
02:46 Aujourd'hui il le recrute.
02:47 Vous parlez d'une victoire, moi je parle d'un reniement.
02:49 Et je dis très clairement qu'en réalité, si la France a besoin aujourd'hui de voir
02:54 une vie démocratique se reconstruire, ça ne pourra se faire que sur la clarté, que
02:58 sur la constance, que sur la cohérence.
03:00 Et cette cohérence, c'est nous qui l'incarnons aujourd'hui à droite.
03:02 Nous sommes les seuls à la droite.
03:03 Parce que ça sert à quoi de faire des prises de guerre qui viennent de la droite si c'est
03:07 pour amener la France dans le mur ? On l'a suffisamment vu avec ce gouvernement.
03:10 Donc moi ça m'est complètement égal si vous voulez.
03:12 Les stratégies individuelles de gens qui veulent survivre politiquement, qui veulent
03:15 garder un mandat, qui vont là où la carrière est la plus assurée.
03:18 Nous ce que nous disons aujourd'hui avec la droite française, ce qui compte pour nous,
03:22 c'est de tenir notre ligne.
03:23 Ce qui compte pour nous c'est d'avoir des résultats.
03:25 Ce qui compte pour nous c'est de défendre un bilan et d'avoir une vision pour l'avenir.
03:28 Et pardon de le dire, nous, pourquoi vous ne le racontez pas de cette manière-là ?
03:33 Nous, nous avons la chance de construire une équipe avec Céline Himard qui vient du monde
03:36 de l'agriculture, qui le connaît comme personne.
03:38 Avec le général Gomart qui est l'ancien patron des forces spéciales.
03:41 Nous n'avons pas à rougir de l'équipe que nous construisons.
03:43 Et ces gens-là, ils viennent aujourd'hui s'engager à droite sans avoir rien renié,
03:47 sans avoir changé de ligne, sans être obligés de renoncer à leurs idées.
03:50 Ils viennent parce qu'ils sont convaincus que c'est là que l'avenir peut se construire.
03:54 Mais c'est le ça qu'il faut parler, c'est les électeurs qu'il faut parler.
03:56 Vous vous retrouvez avec Éric Ciotti, président du parti, qui dit "revenez, cessez d'égarer
04:01 votre vote".
04:02 Parlons des électeurs.
04:03 Comment vous expliquez que des électeurs de droite…
04:05 Laissez-moi parler s'il vous plaît.
04:06 En quoi est-ce que ça paraît comme un cri désespéré ?
04:07 Mais c'est incroyable de raconter les choses comme ça.
04:09 Comment vous expliquez que des électeurs de droite se retrouvent dans ces deux maisons ?
04:14 Ok, il y a des candidats qui se retrouvent dans ces deux maisons, qui se retrouvent dans
04:18 ces deux maisons avec une cohérence par rapport à leur conviction.
04:21 Comment vous expliquez que des électeurs, et les sondages le disent, hésitent entre
04:26 vos deux maisons ? Est-ce que la frontière est devenue si tenue entre ces deux maisons
04:30 que les électeurs puissent hésiter ?
04:32 Les électeurs, ils sont partis parce que certainement la droite dans son histoire n'a
04:39 pas été à la hauteur.
04:40 Et le but pour moi n'est pas de le nier.
04:41 Mais aujourd'hui, ce que nous comptons faire, c'est d'écrire l'histoire de la droite
04:45 de demain, d'écrire l'histoire de la France de demain, qui a besoin d'une majorité
04:48 claire pour pouvoir se reconstruire.
04:49 Mais si les électeurs sont partis, c'est aussi parce qu'ils ont été trompés, parce
04:54 qu'ils ont été trahis.
04:55 Ils sont partis d'abord chez M.
04:56 Macron, les électeurs de droite.
04:57 Et le fait est qu'aujourd'hui, après 7 ans de bilan, Dominique Seux parlait à l'instant
05:01 de la situation du pays et de son faible pouvoir d'innovation dans l'avenir.
05:05 Le fait est que les électeurs de droite, ils ont été trompés par un pouvoir qui
05:09 a endetté la France comme jamais, qui a laissé galoper une immigration illégale qui aujourd'hui
05:14 contribue à l'insécurité du pays.
05:16 Si vous aviez une chose à leur dire, François-Xavier Bellamy, une chose, vous parlez de clarté.
05:20 Si vous aviez une chose à leur dire, pour leur dire "votez LR, ne votez pas RN",
05:25 et ça fait une différence, une chose, vous leur diriez quoi ?
05:28 Mais qu'est-ce que nous savons de ce que le RN pense réellement ?
05:31 Vous l'avez dit à l'instant, vous parlez de la transformation permanente du RN comme
05:35 si c'était du génie tactique.
05:36 Moi j'appelle ça du reniement.
05:37 Il y a 5 ans, le RN disait qu'il était pour le Frexit, pour la sortie de l'Europe,
05:41 pour la sortie de l'euro, que c'était même la première des mesures qu'il fallait
05:44 appliquer.
05:45 Aujourd'hui, il dit le contraire.
05:46 Et tout le monde dit "extraordinaire stratégie du RN".
05:49 J'appelle ça du mensonge.
05:51 Il y a 5 ans, le RN disait du mal de Frontex, refusait l'APAC.
05:55 Aujourd'hui, il vote pour et il recrute l'ancien directeur de Frontex.
05:57 Sur tous les sujets, le RN ne cesse de changer d'avis et de dire le contraire de ce qu'il
06:02 disait auparavant.
06:03 Céline Dimard, votre numéro 2 sur votre liste, a annoncé au meeting qu'elle était
06:06 fière de ne jamais avoir voté Emmanuel Macron, ni en 2017, ni en 2022.
06:12 Vous diriez la même chose ? Vous n'avez jamais voté Emmanuel Macron, ni en 2017,
06:17 ni en 2022 ?
06:18 Mais d'abord, il y a un isoloir, c'est la beauté de la démocratie.
06:22 Moi, je n'ai pas non plus voté pour Emmanuel Macron parce que je n'ai jamais cru au
06:25 macronisme.
06:26 Je n'ai jamais choisi Emmanuel Macron dans les candidatures qui étaient présentées
06:29 à l'élection présidentielle parce qu'Emmanuel Macron était, pour moi, à travers le en
06:34 main de l'incarnation de la confusion.
06:35 Donc, dans un deuxième tour, Emmanuel Macron face à Marine Le Pen ? Vous avez voté Marine
06:38 Le Pen ?
06:39 Vous voyez Sonia De Villiers, c'est ça qui est important justement.
06:40 Et c'est exactement ça qui nous distingue.
06:42 C'est que nous ne sommes pas enfermés dans un deuxième tour perpétuel de l'élection
06:46 présidentielle.
06:47 Cette élection européenne n'est pas une répétition du deuxième tour de la présidentielle.
06:50 On nous a fait le coup en 2017.
06:52 Vous avez voté Marine Le Pen en 2022 ?
06:54 On nous a fait le coup en 2022.
06:55 On voudrait nous refaire le coup en 2024.
06:57 Est-ce que vous avez voté Marine Le Pen en 2022, François-Xavier Béhamy ?
07:01 Mais c'est ça qui est grave aujourd'hui.
07:03 C'est qu'on voudrait nous faire croire que la seule offre politique dans ce pays,
07:06 c'est En marche contre Marine Le Pen.
07:08 Mais ça n'est pas vrai.
07:09 Ça n'est pas vrai.
07:10 Le vrai clivage européen d'ailleurs, c'est celui qui distingue la gauche et la droite.
07:14 Qu'est-ce que vous avez voté au deuxième tour en 2022 ?
07:15 Les deux grandes forces politiques au Parlement européen, elles sont à gauche et à droite.
07:18 Répondez-moi, vous avez voté quoi au deuxième tour en 2022 ?
07:21 Mais je n'ai rien à cacher.
07:22 Vous savez, je m'en ai expliqué ici même à France Inter au deuxième tour en 2022.
07:25 J'étais panée.
07:26 Vous avez voté quoi en 2022 au deuxième tour ?
07:29 Je ne vais pas, encore une fois, on ne va pas rompre le principe de l'isoloir.
07:33 Moi, je n'ai pas voté pour Emmanuel Macron.
07:34 C'est tout ce que je peux vous dire.
07:35 D'accord.
07:36 Simplement.
07:37 Maintenant.
07:38 Mais de toute façon.
07:39 Comment voulez-vous que vos électeurs, François-Xavier Béhamy, entendent un message clair sur « choisissez-nous
07:45 et ne laissez pas prospérer le RN ».
07:47 Mais en 2017, comme en 2022, l'histoire était cousue de fil blanc.
07:51 On voudrait nous imposer un ralliement obligatoire à Emmanuel Macron alors qu'il était déjà
07:55 élu.
07:56 Et il a été élu pourquoi ? Parce que tout le travail d'Emmanuel Macron pendant des
07:58 années a été de faire monter le RN pour l'avoir pour seul adversaire.
08:01 Et c'est le travail qu'il continue à faire.
08:03 C'est l'histoire qu'il voudrait nous raconter.
08:05 Et cette histoire-là, elle est fausse.
08:08 Le vrai clivage aujourd'hui dans nos démocraties européennes, il est entre la droite et la
08:13 gauche.
08:14 Et ce clivage-là, c'est celui que nous avons le devoir de reconstruire.
08:16 Il nous reste quelques ondes.
08:17 J'aimerais bien vous… On parle de libre-échange ? Un petit moment ? Parce que c'est des
08:20 sujets qui vous passionnent pour la campagne.
08:22 Votre parti a voté contre le CETA.
08:24 C'est un accord commercial avec le Canada.
08:27 Alors maintenant, la droite est contre le libre-échange ? Parce que là, en l'occurrence,
08:31 la droite a voté avec les communistes, avec les écologistes.
08:33 Alors la différence gauche-droite ? Racontez-nous.
08:35 J'espère que c'est pas sur France Inter qu'on va me le reprocher quand même.
08:38 Non mais expliquez-nous ! La droite a voté contre le CETA parce que
08:41 nous sommes pragmatiques.
08:42 Et en réalité, cet accord de libre-échange, il est totalement déséquilibré au profit
08:46 du Canada.
08:47 Notamment sur le sujet agricole, où l'on impose à nos agriculteurs européens des
08:51 règles que ne subissent pas les agriculteurs canadiens.
08:54 Et on ne peut pas, un jour au salon de l'agriculture, dire aux agriculteurs « nous refusons de
08:58 vous imposer cette concurrence déloyale que vous subissez tous les jours » et ensuite
09:02 voter pour la soutenir comme le fait le gouvernement.
09:04 Donc vous avez voté avec les communistes et les écologistes ?
09:05 Le Canada, aujourd'hui, la France est déficitaire commercialement à l'égard du Canada.
09:07 Mais pas parce qu'on est contre l'échange et qu'on est contre la liberté.
09:10 On a voté contre cet accord parce qu'il est, encore une fois, je le redis, défavorable
09:14 aux Français et aux Européens et la vérité, c'est que le ministre du Commerce extérieur
09:19 qui nous reproche ce vote, c'est le cancre du fond de la classe qui vient nous faire
09:22 la leçon.
09:23 Parce que la France a 100 milliards de déficit de sa balance commerciale l'an dernier.
09:26 Un record, un deuxième record absolu historique, et notamment vis-à-vis du Canada.
09:31 Donc cet accord, il sera déficitaire pour la France si jamais il continue d'être
09:34 appliqué.
09:35 Merci François-Xavier Bellamy.