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00:00 - Quelque chose, parce que le personnel réquisitionné, comme vous le dites,
00:03 alors nous on dit plutôt assigné, les réquisitions sont préfectorales,
00:06 les assignations sont les assignations d'établissement.
00:08 - Utilisons les bons mots, vous avez raison.
00:10 - Le personnel assigné peut être assigné gréviste,
00:12 c'est-à-dire que s'il fait le choix d'être comptabilisé dans les chiffres de grève,
00:16 il peut le déclarer le matin à l'administration,
00:19 de façon à ce que les chiffres remontent à Paris.
00:21 Mais effectivement, vous avez raison, il est à son poste, il fait son travail,
00:24 il est payé bien sûr, heureusement,
00:26 mais il n'a pas ce rapport de force qu'on peut avoir dans d'autres fonctions publiques,
00:32 qu'on peut avoir dans le privé, vis-à-vis effectivement des revendications
00:36 et du poids que peut être la grève,
00:39 qui à l'hôpital est pratiquement sans effet aujourd'hui.
00:42 - On peut attendre beaucoup de grévistes au CHU pour aujourd'hui ?
00:46 - C'est très très variable,
00:50 non honnêtement je ne peux pas répondre précisément à cette question.
00:55 - Et comment vous faites vous en tant que syndicat pour avoir du poids dans ce genre de mouvement de grève ?
01:00 Parce qu'on l'a compris, ce mouvement est quasiment invisible, en tout cas aux yeux des patients,
01:04 ça rend le rapport de force quand même un petit peu plus compliqué.
01:06 - Alors c'est sous l'intérêt effectivement de travailler en interprofessionnel,
01:10 comme on le fait aujourd'hui, c'est-à-dire qu'aujourd'hui c'est l'ensemble de la fonction publique qui est en grève,
01:15 et c'est bien l'ensemble du service public,
01:17 et finalement ce que la santé a besoin de défendre aujourd'hui,
01:21 c'est avant tout le service public, le service aux patients,
01:23 et ça sera effectivement en grande partie défendu par nos collègues,
01:29 qui eux peuvent descendre dans la rue, peuvent manifester, peuvent se rendre visibles,
01:33 pour que nous aussi on puisse ensuite bénéficier de cette lumière qui est mise aujourd'hui sur les difficultés du service public,
01:40 et donc de l'accès de tout citoyen au service qui lui est dû, et en particulier au service de santé.
01:47 - Vous le dites, la défense de ce service public, ça commence par l'hôpital,
01:50 l'hôpital qui souffre depuis plusieurs années,
01:52 ça se traduit comment concrètement par exemple au CHU ?
01:55 - Alors concrètement au CHU par exemple, on a aujourd'hui encore des blocs opératoires qui sont fermés,
02:01 parce qu'on manque de personnel e-BOD qualifié,
02:07 donc ça veut dire des opérations qui sont reportées, différées.
02:12 Aujourd'hui on a un service qui est l'hématologie,
02:18 où le service a été dimensionné au départ pour une cinquantaine de patients,
02:24 il a été redimensionné en termes de personnel pour 70-80 patients,
02:30 et quelques fois aujourd'hui on accueille à la journée plus de 100 patients.
02:34 Donc vous voyez qu'effectivement aujourd'hui les choses sont très très tendues pour les personnels.
02:38 - Comment on fait concrètement quand on accueille beaucoup plus de patients que ce qui est prévu ? Dans les faits on fait comment ?
02:43 - Dans les services d'hospitalisation on va éventuellement doubler les chambres,
02:49 c'est à dire qu'on va loger deux patients dans une chambre ou habituellement on n'en met qu'une,
02:56 et puis en hématos c'est effectivement le cas,
03:00 c'est à dire que les box étaient au départ plutôt prévus pour un ou deux fauteuils,
03:03 aujourd'hui on peut avoir quatre patients,
03:05 et puis quelques fois on a des patients qui sont malgré tout traités dans le couloir.
03:08 Aujourd'hui on est bien obligé de répondre.
03:11 Le problème de l'hématos c'est aussi un problème de dimensionnement régional des services de santé,
03:17 c'est à dire que le maillage du territoire il est assez inégal d'un hôpital à l'autre,
03:21 et puis forcément un CHU va récupérer l'ensemble de la région et l'ensemble des patients qui ont des besoins sur la région.
03:28 - Vous parliez de ces lits dans les couloirs par exemple,
03:31 on parlait aussi depuis quelques années de lits fermés de plus en plus,
03:35 ça veut dire qu'il y a des malades qui attendent encore d'être pris en charge,
03:38 et ça prend beaucoup de temps et on continue à fermer des lits ?
03:41 - Alors on continue à fermer des lits, alors pas sur le CHU,
03:44 sur le CHU on est plutôt sur des phases d'ouverture,
03:47 mais pour un titre d'exemple si on ouvre trois lits au CHU,
03:51 souvent on en a fermé 15 dans un établissement périphérique.
03:54 Donc le besoin est réellement là et les patients vont forcément atterrir chez nous.
03:59 Il y a quelques années je vous aurais parlé de perte de chance,
04:03 aujourd'hui si on regarde ce qui s'écrit sur la situation de l'hôpital,
04:07 on parle de mort évitable.
04:09 C'est Samuel Urgence de France qui fin d'année dernière nous a parlé de 150 morts par mois,
04:16 évitables aux urgences.
04:18 En grande partie dû au fait qu'on a de l'attente sur les brancards,
04:23 qu'on sait que c'est une surmortalité à partir d'un certain nombre d'heures d'attente sur les brancards,
04:28 en particulier pour les personnes âgées,
04:30 et tout ça c'est dû au manque de lits puisqu'on n'arrive pas à désengorger les urgences
04:34 puisqu'une fois que les patients sont traités, ils ne peuvent pas monter dans les étages,
04:37 ils ne peuvent pas atterrir dans les services dans lesquels ils devraient être soignés.
04:40 Et pourtant, Gabriel Attal était venu au CHU en janvier dernier,
04:44 vous étiez là également,
04:46 il avait annoncé 32 milliards d'euros pour la santé dans les cinq prochaines années.
04:51 Vous vous dites que c'est pas assez, c'est un peu une illusion cette annonce.
04:54 C'est un peu une illusion oui, parce que les 32 milliards correspondent en fait à ce qui a été voté
04:59 à l'augmentation du budget qui a été voté,
05:01 mais l'augmentation du budget est inférieure à ce qu'elle devrait être
05:05 compte tenu du contexte inflationniste qu'on connaît.
05:08 A titre d'exemple, je crois que la facture d'électricité du CHU c'est 3 millions d'euros par an.
05:15 On avait envisagé d'arriver à 11 millions rien qu'avec l'inflation,
05:20 donc vous voyez à quel point les choses filent très très vite.
05:23 Et aujourd'hui en fait l'augmentation qui a été votée,
05:26 donc les 32 milliards dont Gabriel Attal a parlé, sont effectivement une augmentation du budget,
05:32 mais sont bien inférieures aux besoins réels.
05:35 Et ça prive globalement le système de santé d'un milliard par an.