"Formation ≠ Exploitation" : les internes dans la rue contre la 4e année pour les généralistes
Les étudiants en médecine se sont de nouveau rassemblés, jeudi 17 novembre, pour manifester contre la quatrième année d'internat obligatoire en zone sous-dense. Emmenés par plusieurs syndicats étudiants et seniors, plusieurs centaines de manifestants ont défilé à Paris. What's up Doc les a suivis pour comprendre leurs revendications.
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00:00 Il y a des décisions qui sont prises en ce moment qui peuvent être délétères pour l'avenir.
00:04 C'est-à-dire, si le jeune ne s'installe pas, qui va soigner la population ?
00:07 "Nous ne sommes pas des militants, nous ne sommes pas des militants"
00:13 Je me sens super concernée puisque je veux faire médecin généraliste,
00:17 en tout cas dans ma pratique future, dans l'Ariège qui est un désert médical,
00:21 comme d'ailleurs finalement 87% du territoire français.
00:25 Vous vous demandez peut-être pourquoi derrière moi, il y a plein de camions de CRS qui font la queue.
00:36 Et bien c'est parce qu'encore derrière, il y a un cortège d'étudiants en médecine très remonté
00:43 contre l'ajout d'une quatrième année d'internat de médecine générale.
00:47 Ils étaient déjà dans la rue le 14 octobre.
00:50 On va aller voir aujourd'hui combien ils sont dans la rue
00:53 et on va surtout aller leur demander pourquoi ils sont révoltés
00:55 contre cette quatrième année d'internat en médecine générale, dans les zones sous-denses.
01:00 C'est ce que veut en tout cas le gouvernement qui est en train de faire voter
01:04 le projet de loi de financement de la sécurité sociale.
01:08 On va essayer d'aller comprendre ce bras de fer.
01:10 Là vous vous êtes fait interpeller dans la rue par un monsieur
01:19 qui ne comprenait pas forcément pourquoi vous étiez en grève.
01:24 Tout à fait. On a l'impression que la plupart du "grand public" ne comprend pas nos revendications
01:33 et a du mal à comprendre pourquoi on ne veut pas aller une année dans des déserts médicaux.
01:38 Je pense que pour comprendre, il faut essayer de voir un peu plus la globalité
01:41 de ce que c'est vraiment les études de médecine en France actuellement.
01:44 Parce qu'ils vous jugeaient un peu égoïstes.
01:47 Déjà 87% du territoire français est en désert médical.
01:52 De ce point de vue là, déjà c'est...
01:54 Pourquoi s'y opposer alors ?
01:56 Pourquoi s'y opposer ? C'est parce que ça rajoute une année supplémentaire sans encadrement.
02:02 Donc avec une formation qu'ils laissent à désirer, finalement ça va être un remplacement,
02:06 une activité de médecine générale déguisée, avec toujours un salaire d'interne qui est vraiment précaire.
02:14 En termes de nombre d'heures...
02:16 Parce que c'est quoi un salaire d'interne en dernière année d'interneur ?
02:20 Un salaire d'interne, là on est en dernière...
02:22 Enfin moi je suis encore en 8ème année, c'est 1700 euros...
02:26 Net ?
02:27 Net.
02:28 À Paris ?
02:29 À Paris, ouais.
02:30 Parce que moi je suis en Bretagne et c'est 152 mois.
02:35 C'est des salaires quand même assez précaires, en dehors des gardes.
02:39 Mais ramenés du coup à...
02:41 Au taux horaire en fait.
02:42 Au taux horaire, c'est surtout ça qui est terrible.
02:44 Moi là je viens d'enchaîner toute la semaine dernière, plus le week-end entier, plus le début de la semaine.
02:50 Et je pense aussi que la deuxième problématique c'est qu'on pense que c'est pas une vraie solution pour les déserts médicaux.
02:55 Parce que du coup ça va envoyer des internes qui n'auront pas choisi d'aller là-bas, juste pour 6 mois à 1 an,
03:00 et qui vont vouloir un peu expéder ça, rentrer chez eux le plus possible, peut-être déjà fouiner quelque chose ailleurs.
03:05 Tous les gens qui vivent dans des déserts médicaux et qui ont une maladie chronique,
03:08 qui vont voir le médecin généraliste tous les 3 mois,
03:10 finalement si c'est un interne qui vient et qui change tous les 6 mois,
03:13 ils vont voir la même personne pendant 6 mois, enfin 2 rendez-vous, puis après ils vont changer.
03:17 Donc ça n'a pas trop d'intérêt sur le plan du suivi médical dont ont besoin ces patients.
03:22 Et en plus, ça rajoute 1 année aux études de médecine,
03:26 alors que déjà le problème c'est l'arrivée des futurs médecins sur le marché du travail.
03:31 Donc ça veut dire qu'on arrive un an plus tard.
03:34 Le problème c'est qu'on veut nous créer une 4ème année pour finalement nous former,
03:38 qui aurait un but pédagogique, mais finalement, quel but pédagogique ?
03:42 Puisque nous serons en déserts médicaux, là où actuellement il n'y a pas de médecin,
03:46 pas de médecin pour nous encadrer et nous former.
03:48 Mais vous aurez bien un référent ?
03:50 A l'heure actuelle il y a 50% des cours pas disponibles,
03:52 et on va avoir un référent, mais on va avoir un référent.
03:54 Et on va avoir un référent, mais on va avoir un référent.
03:56 Et on va avoir un référent, mais on va avoir un référent.
03:58 Et on va avoir un référent, mais on va avoir un référent.
04:00 Et on va avoir un référent.
04:01 A l'heure actuelle il y a 50% des cours pas dispensés pour 3 ans d'internat,
04:05 et là on veut rajouter une 4ème année.
04:07 En plus on veut la créer en 100% ambulatoire,
04:09 ça veut dire complètement en tout cas en cabinet, donc dans le libéral.
04:14 Sauf que si on n'a pas de médecin dans le libéral pour nous accompagner,
04:17 pas de maître de stage, ce ne sera pas comme à l'hôpital,
04:20 où on aura plus facilement les professeurs, etc.,
04:23 qui seront sur place pour encadrer le service.
04:26 Mais ça, le gouvernement essaye de revenir dessus, sur le 100% libéral.
04:33 Oui tout à fait, ils veulent faire des dérogations, etc.,
04:36 pour le rendre plus possible.
04:38 C'était justement une de nos revendications,
04:40 parce qu'on trouvait que ce n'était vraiment pas possible,
04:42 et que ça ne répondait pas finalement à nos objectifs pédagogiques,
04:45 qui étaient finalement quand un médecin, en tout cas un interne,
04:48 va s'installer et va devenir médecin, qu'est-ce qui lui manque ?
04:51 Il lui manque tout le savoir finalement sur le libéral,
04:54 comment fonctionne un cabinet.
04:55 Donc ça veut dire que le gouvernement, il vous écoute quand même ?
04:58 Mais ce ne sont pas les concessions réellement qu'on demande,
05:00 c'est mieux que rien finalement.
05:02 En quoi est-ce que c'est important en tant que syndicat senior
05:08 de venir soutenir les étudiants ?
05:10 MGFrance, c'est le principal syndicat des généralistes,
05:12 et la 4ème année, c'est en fait la 10ème année d'études des généralistes
05:15 qui est en cause.
05:16 Et effectivement, en ce moment, on a une attaque tout azimut
05:19 contre la profession, qu'il s'agisse des études,
05:22 parce que la 4ème année a été mise en place sans que les conditions soient faites.
05:27 Donc il n'y a pas de contenu pédagogique,
05:29 les conditions d'accueil des étudiants ne sont pas au point,
05:32 moi je n'ai pas de local pour les recevoir,
05:34 donc on n'est pas contre le principe d'une 4ème année,
05:37 mais il faut que toutes les conditions soient remplies, ce qui n'est pas le cas.
05:40 Mais alors comment faire, si ce n'est par la coercition,
05:44 pour faire en sorte qu'il y ait suffisamment de médecins généralistes
05:48 dans les déserts médicaux ?
05:50 Les propositions sont très connues, on les a données à tout le monde,
05:56 mais ça demande des moyens,
05:57 et ce n'est pas de mettre à mal notre profession qui va régler les problèmes,
06:03 il y aura de moins en moins de médecins.
06:04 Mais alors comment faire ?
06:05 Alors comment faire ? Il y a des propositions,
06:08 c'est-à-dire d'abord l'attractivité de la profession,
06:11 donc faire entendre les jeunes pour qu'ils aient de plus en plus envie de s'installer,
06:16 au lieu de partir, ce qui est le cas,
06:18 aider les médecins en activité pour qu'ils prennent en charge de plus en plus de patients
06:22 grâce à des collaborateurs, des assistants médicaux,
06:24 des infirmiers avec qui on va travailler, mais en coopération.
06:28 En tout cas, on lance une alerte,
06:29 si on n'est pas entendu que les députés et les élus prennent leurs responsabilités,
06:33 mais comme on a prévenu à l'époque sur le numerus clausus,
06:37 là on prévient, attention, les mesures à courte vue que vous prenez
06:41 pour régler dans l'immédiat un problème auquel vous n'avez pas pensé avant,
06:44 malgré nos alertes.
06:45 Si vous faites n'importe quoi en dérégulant le système,
06:48 on va le payer, la population va le payer dans les années à venir.
06:51 Bon, je viens de passer deux heures dans le cortège avec les manifestants,
06:54 difficile d'estimer le nombre,
06:55 en tout cas c'est sûr qu'il y en avait au moins plusieurs centaines.
06:57 Le cortège était parti de Panthéon, je l'ai quitté à Montparnasse,
07:01 mais eux ils continuent jusqu'au ministère de la Santé,
07:04 où là jeudi après-midi, des représentants syndicaux
07:08 sont en train d'être reçus par le ministère de la Santé.
07:11 Alors, qu'est-ce qu'ils se sont dit ?
07:13 Eh bien, je leur ai posé la question.
07:15 En tout cas, la semaine prochaine va être décisive
07:40 le projet de loi de financement de la Sécurité Sociale.
07:42 Après être passé au Sénat, revient à l'Assemblée Nationale.
07:45 Selon toute vraisemblance, le gouvernement va utiliser le 49.3
07:49 pour à nouveau passer en force.
07:52 Les parlementaires et le gouvernement auront-ils entendu
07:55 les revendications des manifestants qui ont marché aujourd'hui ?
07:58 Eh bien, rendez-vous la semaine prochaine,
08:00 évidemment sur WhatsApp Doc, pour avoir toutes les réponses.
08:03 [Musique]