Alexa Foulon, présidente de l'AFGES sur la précarité étudiante

  • il y a 6 mois
Des syndicats étudiants appellent à manifester devant le CROUS de Strasbourg ce mercredi 13 mars contre la hausse des loyers des résidences universitaires en Alsace. Le logement coûte très cher aux étudiants, déjà plus touchés par la précarité. La présidente de l'AFGES, Alexa Foulon, est l'invitée de France Bleu Alsace.

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00:00 des étudiants qui manifestent sur le campus de Strasbourg.
00:02 Ils refusent l'augmentation des loyers des logements du CRUS,
00:06 des logements pour les étudiants avec peu de moyens,
00:08 car la précarité des étudiants est encore très forte.
00:10 Mais on connaît en plus les difficultés du marché du logement en Alsace.
00:14 Bonjour Alexa Foulon.
00:15 Bonjour.
00:16 Présidente de l'AFGES, principale association qui représente les étudiants en Alsace,
00:20 le logement c'est le premier poste de dépense pour les étudiants.
00:24 Est-ce que le dégel des loyers des résidences universitaires vous inquiète ?
00:28 Alors effectivement, au niveau de l'AFGES,
00:30 et même d'un point de vue plutôt national au niveau de la FAGE,
00:33 ça nous inquiète énormément.
00:35 Ça fait des années maintenant qu'on milite pour plus de moyens dans l'enseignement supérieur
00:39 et pour un réel intérêt des gouvernements pour les étudiants,
00:44 qui reste quand même une part majoritaire de la jeunesse,
00:47 et c'est aussi l'avenir de la France.
00:49 Donc nous ça nous inquiète énormément de voir que l'enseignement supérieur a hier eu une baisse de moyens,
00:55 aujourd'hui qu'on taxe les étudiants encore plus sur leur loyer,
00:59 surtout quand on sait que le loyer étudiant représente plus de la moitié d'un budget d'un étudiant
01:04 qui est déjà assez faramineux.
01:06 L'AFGES a l'habitude de discuter avec le CRUS sur vos interlocuteurs réguliers,
01:11 est-ce que vous avez tenté de les dissuader de cette hausse ?
01:13 Alors effectivement, on a essayé de discuter avec eux,
01:16 mais en fait, étant donné que c'est des directives nationales,
01:19 on sait qu'eux font ce qu'ils peuvent,
01:21 malgré tout on votera quand même contre en conseil du CRUS,
01:25 et ça à l'échelle nationale,
01:26 pas en opposition envers le CRUS,
01:29 mais plutôt pour marquer ce désintérêt du gouvernement en fait,
01:34 et envoyer un réel message au niveau national.
01:36 Parce que 3,5% de hausse en l'état, ça a l'air peu,
01:40 mais ça représente beaucoup pour des étudiants ?
01:42 Ça a l'air peu, mais un loyer d'un étudiant est en moyenne dans les 350€ dans une chambre CRUS,
01:48 en moyenne, donc ça peut monter encore plus haut,
01:51 donc sur 350€, 3,5%, ça commence quand même à chiffrer,
01:56 et puis pour un étudiant qui galère déjà à finir ses fins de mois,
01:59 et qui est sur des restes à vivre de 3€ journalier,
02:02 on lui rajoute 30€ de loyer,
02:05 et derrière, c'est un étudiant qui ne peut probablement presque plus manger.
02:07 La question du logement, elle est très compliquée dans les villes alsaciennes,
02:12 à Strasbourg particulièrement, mais on l'a entendu aussi ce matin à Mulhouse.
02:16 Vous vous sentez écouté sur ce sujet-là ?
02:20 Parce que ça fait quand même des années que les étudiants ou les associations étudiantes en parlent.
02:24 Alors nous, sur ce sujet, ça va être très compliqué.
02:26 En fait, on va se sentir écouté,
02:28 mais en même temps, on se sent écouté pour les projets qu'on va monter,
02:31 et pas réellement pour la cause du logement étudiant.
02:33 Par exemple, l'AFGES organise depuis 2017 un dispositif de logement provisoire,
02:37 qui consiste à héberger gratuitement à la rentrée universitaire des étudiants,
02:41 depuis 2020, en chambre d'hôtel,
02:43 et là, pour l'édition de la rentrée 2023,
02:46 on avait pu héberger 84 étudiants,
02:48 et en fait, derrière, on va avoir un écho,
02:51 on va avoir des retours des collectivités et des institutions,
02:54 pour ce dispositif, pour un soutien au dispositif,
02:56 mais en fait, nous, c'est pas ça qu'on demande.
02:58 À l'AFGES, on va demander plus de moyens, plus de logements,
03:01 des logements de qualité, et pas des logements insalubres,
03:04 c'est quand même mieux, quand même, pour un étudiant, pour sa réussite et ses conditions de vie.
03:08 Vous disiez 84 étudiants, ce sont des étudiants qui trouvent un logement ensuite, ou pas ?
03:12 Ça va dépendre des fois, malheureusement.
03:13 En fait, nous, on va leur proposer un accompagnement le plus social possible,
03:17 on va leur proposer un accompagnement pour se sortir de là,
03:20 éviter les arnaques, parce que c'est quand même un gros problème à Strasbourg,
03:23 éviter les mauvaises annonces,
03:25 éviter un peu tous les pièges qu'on peut retrouver à Strasbourg.
03:27 Malheureusement, on n'a pas de logement à leur proposer, nous,
03:30 donc ça va vraiment dépendre des personnes,
03:32 et à la fin de dispositif, on a quand même des personnes qui sont sorties,
03:35 et qui sont rentrées chez elles, chez leurs parents,
03:38 sachant qu'on a beaucoup d'internationaux qui sont rentrés au pays, du coup.
03:41 Alexa Foulon, invitée de France Bleu Alsace, présidente de l'AFGES,
03:44 on discute de ses loyers en résidence universitaire qui vont grimper de 3,5%.
03:49 Bonjour Christelle !
03:50 Oui, bonjour.
03:52 Vous avez la bienvenue de Strasbourg, chère Christelle.
03:55 Je me permets de le préciser, vous êtes étudiante en situation de handicap.
04:00 Je vais vous couper un petit peu, mais en une phrase.
04:02 Donc en 2008, je suis à l'origine, avec le député Armoyou,
04:06 notre regretté député,
04:09 du changement de loi, du versement de l'AH au travailleurs handicapés de 50 à 79%,
04:17 voté à l'unanimité au Sénat et à l'Assemblée nationale.
04:21 D'accord, chère Christelle.
04:23 Et pour les étudiants là ?
04:24 La cause est toujours actuelle,
04:25 puisque la précarité des étudiants handicapés ne cesse d'augmenter,
04:30 sachant que cela touche principalement les malades génétiques rares,
04:34 qui doivent payer.
04:35 Alors on s'imagine qu'avec l'ALD,
04:38 ils ont tous les traitements qui sont payés hors CFO.
04:41 Moi j'en fais partie, il y a des traitements que je dois payer,
04:44 et même des prêts.
04:46 Nous avons aussi des prêts de plus de 100 euros à payer de notre poche.
04:52 Christelle, comment vous accueillez cette nouvelle, cette information ?
04:55 Donc la hausse des loyers de 12 à 14 euros par mois,
04:58 pour vous c'est considérable ?
05:00 Pour un étudiant qui est en cité universitaire,
05:03 parce que j'y étais aussi à l'époque,
05:05 c'est considérable.
05:07 Surtout pour une personne handicapée qui doit payer justement ses traitements.
05:12 Moi je suis d'accord avec la jeune fille de l'ABSES.
05:16 Alexa Foulon qui est effectivement notre invitée ce matin.
05:18 Christelle, on vous remercie de votre témoignage de ce matin.
05:20 Passez une belle journée et à bientôt sur France Blanc Alsace.
05:25 Vous continuez à témoigner, 03 88 25 15 15.
05:28 En plus généralement, tous les témoignages le disent,
05:30 c'est difficile de vivre quand on est étudiant actuellement.
05:32 Comment est-ce que vous à l'AFGES,
05:34 vous voyez cette précarité des étudiants ?
05:38 Alors à l'AFGES, nous on va voir une précarité des étudiants
05:40 qui est grandissante d'année en année.
05:42 C'est un véritable fléau.
05:44 Ça fait depuis des années qu'on le combat et qu'on le dénonce.
05:50 Depuis 2013, en Alsace, on met en place des agoraïs.
05:54 Donc l'AFGES met en place des épiceries sociales et solidaires
05:58 qui permettent aux étudiants de venir faire leurs courses
06:00 à 10% du prix du marché.
06:02 Donc globalement, de venir acheter des paquets de pâtes
06:04 à 10 centimes au lieu d'un euro.
06:06 Chez nous, on a deux épiceries à Strasbourg,
06:08 plus un agora truck qui est en fait une épicerie mobile
06:10 et qu'on envoie sur les campus les plus excentrés.
06:12 Ça c'est pour tous les étudiants ?
06:14 C'est un projet social.
06:16 Donc en fait, on accueille à plus ou moins grande échelle
06:20 les étudiants qui sont dans le besoin.
06:22 Et donc ça, il y en a de plus en plus des étudiants dans le besoin ?
06:24 Il y en a de plus en plus en fait.
06:26 Donc nous, on va se baser sur le reste à vivre journalier.
06:28 Donc en fonction de combien la personne a pour manger tous les jours,
06:31 quand on enlève le loyer, les charges incompressibles,
06:33 et bien en fait, on regarde, ça fait un montant journalier.
06:36 Et en fonction de ce montant, cette personne peut dépenser
06:38 un panier plus ou moins grand dans nos épiceries
06:40 pour que celles qui en ont vraiment besoin
06:42 puissent faire l'entireté de leurs courses chez nous
06:44 et les autres puissent faire un complément de course.
06:46 Et là, sans communication différente des autres années,
06:50 on a presque doublé le nombre de demandes
06:52 et on a augmenté drastiquement le nombre d'acceptés.
06:56 Donc vous avez doublé le nombre de personnes
06:59 que vous devez servir dans ces épiceries solidaires ?
07:01 C'est ça.
07:02 Il y a également des files d'attente qu'on voit
07:04 devant les restaurants universitaires,
07:06 surtout depuis que le repas à 1 euro pour les boursiers
07:08 a été mis en place.
07:10 C'est aussi un indicateur de la précarité pour vous ?
07:13 Complètement. Alors, l'augmentation des files
07:16 devant les restaurants universitaires vient de plusieurs choses.
07:18 Effectivement, le repas à 1 euro facilite énormément
07:20 la vie des étudiants.
07:22 C'est une mesure qui fonctionne bien.
07:24 Mais malheureusement, on pouvait s'attendre
07:26 à ce que ce soit juste l'attrait du repas à 1 euro
07:28 qui fasse venir les gens.
07:30 Mais malheureusement, on ne voit pas de grosse différence
07:32 depuis que le repas à 1 euro a été généralisé
07:34 à tous les étudiants.
07:36 Et maintenant, il est seulement pour les étudiants
07:38 en boursier et les étudiants dans le besoin.
07:40 Donc ça montre que la population dans le besoin
07:42 est quand même grandissante et assez conséquente.
07:45 Donc nous, on continue quand même de se battre
07:48 à l'échelle locale et à l'échelle nationale
07:50 pour un repas à 1 euro généralisé pour tous les étudiants.
07:53 Mais on voit quand même qu'actuellement,
07:55 vu les étudiants dans le besoin,
07:57 c'est déjà une population assez énorme.
07:59 L'autre sujet que l'on pose sur la table ce matin,
08:01 c'est celui du revenu universel.
08:03 Pourquoi pas est-ce qu'il permettrait aux étudiants
08:05 de sortir de la précarité ?
08:07 On a Cédric et Gérard qui sont actuellement
08:09 sur France Bleu Alsace.
08:11 Cédric de Blotsheim, bonjour Cédric.
08:13 Et Gérard qui est à Benfeld.
08:15 Messieurs, on vous accueille et je sais qu'entre vous deux,
08:17 il va y avoir débat parce que Cédric,
08:19 vous êtes plutôt pour le revenu universel
08:21 parce que, je lis Gérard, vous êtes contre.
08:23 On va écouter Cédric dans un premier temps et puis Gérard,
08:25 on vous écoutera ensuite. Cédric, pourquoi vous êtes pour ?
08:27 - Déjà, quand on voit tout comme...
08:29 tout augmente et je suis un peu choqué
08:31 de ce que j'entends de la demoiselle,
08:33 de tout ce qu'ils doivent mettre en place.
08:36 Un étudiant est parti pour étudier,
08:38 je ne comprends pas pourquoi l'État ne les aide pas plus,
08:40 alors qu'ils envoient de l'argent à l'étranger pour d'autres choses.
08:42 C'est un truc, c'est aberrant quand même.
08:44 Les études, c'est quand même important.
08:45 Moi, personnellement, j'étais en apprentissage,
08:47 j'avais un revenu, donc je travaillais et j'étais à l'école,
08:49 ce que beaucoup d'étudiants font actuellement,
08:51 sans ce revenu à l'époque.
08:53 Étant d'une famille modeste, je n'aurais pas pu finir mes études.
08:56 Et je trouve ça quand même aberrant qu'en 2024,
08:58 il faut encore faire partie de classe sociale.
09:00 Si on a de l'argent, on peut arriver loin
09:02 et si on n'en a pas, il faut galérer,
09:04 il faut aller mendier à manger.
09:06 Vous imaginez des étudiants qui doivent mendier à manger ?
09:08 C'est comme aberrant.
09:10 Et je ne comprends pas pourquoi on tape sur les loyers.
09:12 C'est déjà des institutions qui ont assez d'argent.
09:14 Je ne vois pas pourquoi on les taxerait.
09:16 Donc oui, un revenu universel serait une bonne idée.
09:18 Le Crous répond à ça,
09:20 qu'ils veulent rénover aussi le parc de logement,
09:22 dont on sait que certains sont totalement insalubres.
09:24 Il y a eu beaucoup de scandales
09:26 qui ont éclaté ces dernières années par rapport à ça.
09:28 Merci beaucoup Cédric d'avoir donné votre avis ce matin.
09:30 Et donc on a également Gérard en ligne avec nous.
09:32 Bonjour Gérard.
09:34 Oui, bonjour.
09:36 Moi j'ai deux enfants étudiants qui travaillent maintenant.
09:38 Tous les deux sont ingénieurs.
09:40 Les deux ont été à l'étranger.
09:42 Une en Pologne et mon fils au Danemark.
09:44 L'expérience négative du Danemark pour mon fils était tout simplement que les étudiants étaient payés.
09:52 Ce qui fait augmenter incroyablement le loyer.
09:56 C'est-à-dire que lui, quand il était six mois,
09:58 imaginez-vous qu'il a été obligé de changer trois fois de logement.
10:02 Le dernier logement, il avait une petite chambre et tout était à l'étage.
10:06 Et c'était exorbitant.
10:08 Pourquoi ? Parce que les étudiants revenaient et bien sûr, eux étaient payés.
10:12 Et il y avait, comment je pourrais dire ça, les gens qui louent là-bas privilégiaient les gens qui restaient tout du long.
10:22 Et donc du coup, moi je trouve que si on libère, on leur donne plus de moyens, les gens vont encore augmenter plus.
10:30 Moi je suis plutôt favorable.
10:32 La jeune fille ce matin, j'ai entendu qu'elle disait qu'il faut qu'elle travaille une heure de plus.
10:38 Moi je conseille, je suis conseiller.
10:40 J'accueille beaucoup d'étudiants derrière moi.
10:44 Mes responsables sont devenus les gens que j'ai conseillés, que j'ai aidés à grandir.
10:50 Donc je dirais aux entreprises, écoutez, prenez le maximum d'étudiants.
10:56 Ils ont besoin de main-d'oeuvre, ils ont des idées.
11:00 Je dirais, on a aujourd'hui besoin de main-d'oeuvre.
11:04 Une heure de plus, ce n'est pas grand-chose.
11:06 Donc Gérard, ce que vous nous dites en tout cas sur le...
11:10 Le travail forme...
11:12 Gérard, sur le revenu universel, en tout cas on l'entend.
11:14 Ce que vous nous dites, c'est que ça peut être finalement une fausse bonne idée et que les propriétaires pourraient s'en servir pour, pourquoi pas, augmenter les loyers.
11:20 De ce que vous nous dites, Gérard, je vous remercie.
11:22 Merci d'avoir composé le numéro de France Bleu Alsa.
11:24 On vous souhaite de passer une excellente journée.
11:26 On poursuit le débat.
11:27 Alors Alexa Foulon, je voudrais juste vous demander quand même, sur ces étudiants qui doivent prendre un travail en plus de leurs études.
11:34 Ça se fait de plus en plus en tout cas.
11:36 Ils y sont contraints au-delà de l'attrait au travail dont Gérard pouvait nous parler.
11:41 Alors effectivement, sur le public étudiant, l'attrait au travail est en fait assez rare.
11:46 Surtout les étudiants qui sont salariés en parallèle de leurs études.
11:50 On va avoir énormément de jobs alimentaires malheureusement.
11:53 Et les jobs alimentaires, nous on pourrait les qualifier de OK si ça ne pénalise pas les études.
11:59 Malheureusement, les études ont prouvé depuis des années qu'un job en parallèle des études de plus de 15 heures par semaine,
12:04 et encore ça, ça dépend des profils, va explicitement induire un échec des études.
12:11 Et du coup, c'est pour ça que nous on se bat contre depuis des années via une réforme structurelle des bourses.
12:18 Oui, c'est ça l'enjeu.
12:19 Alors elle a été repoussée par la ministre l'année dernière.
12:21 Vous, vous le regrettez.
12:22 Vous dites que c'est ça la solution pour aider les étudiants à revoir les bourses.
12:26 Exactement, à l'AVGES et au niveau national, comme je disais tout à l'heure,
12:29 on va se battre pour une réforme structurelle des bourses.
12:32 Le fait qu'elle ait été reportée deux fois est vraiment dommage.
12:36 On le dénonce vraiment depuis ces dernières années,
12:38 et ça montre le désintérêt toujours national de la cause étudiante.
12:42 Au niveau de l'AVGES et au niveau de la FAGE, nous on va se mobiliser pour une réforme en trois axes.
12:48 Une défamiliarisation, une déterritorialisation et une décohabitation.
12:57 Trois axes qui vont aller derrière pour cette réforme des bourses.
13:00 On vous réinvitera à l'occasion pour pouvoir en reparler.
13:02 Merci beaucoup d'avoir été avec nous ce matin Alexa Foulon, présidente de l'AVGES.
13:06 Et merci aussi aux auditeurs qui ont participé à notre débat ce matin.

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