En l'espace de 50 ans, le nombre de maternités en France métropolitaine a été divisé par trois, et le nombre de lits par maternité divisé par deux. Pourtant, parallèlement, depuis une douzaine d'années, le nombre de sage-femmes n'a cessé d'augmenter, tout comme s'est élargi leur périmètre d'exercice, notamment dans le domaine gynécologique. Exerçant en maternité, en activité territoriale ou dans le cadre d'un exercice libéral, les sage-femmes déplorent aujourd'hui la méconnaissance de leur travail par le grand public, l'allongement de la durée de leur formation et la pénibilité des conditions de travail. La satisfaction des attentes des usagers, la question de l'accès aux soins sur l'ensemble du territoire et la santé psychique des femmes qui accouchent et des sage-femmes sont autant de questions abordées au cours de ce débat.Pour en débattre, Jean-Pierre Gratien reçoit France Artzner, co-présidente du Collectif Interassociatif Autour de la Naissance et représentante d'usagers au Réseau de Santé Périnatal Parisien, Isabelle Derrendinger, présidente du Conseil national de l'Ordre des sages-femmes et directrice de l'École de sages-femmes - CHU de Nantes et Philippe Vigier, député de l'Eure-et-Loir, groupe Démocrate (MoDem et Indépendant), membre de la commission des affaires sociales. LCP fait la part belle à l'écriture documentaire en prime time. Ce rendez-vous offre une approche différenciée des réalités politiques, économiques, sociales ou mondiales....autant de thématiques qui invitent à prolonger le documentaire à l'occasion d'un débat animé par Jean-Pierre Gratien, en présence de parlementaires, acteurs de notre société et experts.
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00:00:00 Générique
00:00:01 ...
00:00:16 -Bienvenue à tous.
00:00:17 En l'espace de 50 ans, le nombre de maternités
00:00:20 en France métropolitaine a été divisé par 3
00:00:23 et le nombre de lits par maternité divisé par 2.
00:00:26 C'est ce troublant constat qui nous préoccupe aujourd'hui
00:00:30 dans ce débat doc, avec, pour commencer,
00:00:32 le documentaire qui va suivre et est intitulé "Salle des naissances".
00:00:36 Direction la maternité de l'hôpital de Nancy,
00:00:39 où ce film nous immerge, vous allez le voir,
00:00:42 en salle de naissance,
00:00:43 comme aux urgences obstétriques et gynécologiques,
00:00:47 le tout au plus près des sages-femmes,
00:00:49 avec leurs gestes, leurs paroles au quotidien,
00:00:51 mais aussi une forme d'usure et de souffrance
00:00:55 lorsqu'il est question d'évoquer l'exercice de leur métier.
00:00:58 Je vous laisse le découvrir et je vous retrouverai juste après
00:01:02 sur ce plateau, en compagnie du député Philippe Vigier,
00:01:05 de la coprésidente du collectif interassociatif
00:01:08 autour de la naissance, Franz Erzner,
00:01:11 et de la présidente du Conseil national
00:01:13 de l'ordre des sages-femmes, Isabelle Dorand-Dinger.
00:01:17 Avec eux, nous nous interrogerons sur l'avenir des maternités
00:01:21 et le blues des sages-femmes. Bon doc.
00:01:24 ...
00:01:54 ...
00:02:23 ...
00:02:33 -Je prends de l'air par la bouche, par le nez.
00:02:36 -Comme vous voulez. -D'accord.
00:02:38 -Ca, c'est comme vous voulez.
00:02:40 ...
00:02:41 -Allez-y.
00:02:43 ...
00:03:02 -Ca va ?
00:03:03 -Non.
00:03:04 -Ca fait des choses ?
00:03:06 -Ouais.
00:03:07 -Alors...
00:03:09 Alors...
00:03:10 ...
00:03:11 Voilà, prenez des grandes inspirations.
00:03:14 Respirez bien.
00:03:15 Respirez bien, respirez, tranquille.
00:03:18 ...
00:03:20 ...
00:03:21 -Vous sentez ? -Ouais.
00:03:24 -Allez-y, c'est parti.
00:03:26 ...
00:03:28 C'est très bien. Continuez encore, encore, encore.
00:03:31 ...
00:03:32 C'est bien. Allez-vous. On tient, on tient, encore.
00:03:35 ...
00:03:37 Oui, comme ça, c'est super. Continuez.
00:03:39 ...
00:03:40 Encore, encore.
00:03:42 Allez, lâchez pas, lâchez pas, lâchez pas.
00:03:44 Encore.
00:03:45 Encore.
00:03:47 Encore.
00:03:48 ...
00:03:49 Encore.
00:03:50 Oui, c'est bien, ça. Encore.
00:03:52 Encore.
00:03:53 Encore.
00:03:54 Ouais.
00:03:55 -Ouais, super.
00:03:58 Allez, on y retourne.
00:03:59 ...
00:04:06 -Allez, c'est super bien. Continuez.
00:04:09 ...
00:04:10 Ouais.
00:04:11 Allez, encore, encore. Fâchez-vous un bon coup.
00:04:14 Encore.
00:04:15 Encore.
00:04:16 ...
00:04:17 OK, c'est bien.
00:04:18 -Ca, j'ai un peu mal.
00:04:21 -Et la prochaine, c'est la bonne. D'accord ?
00:04:24 -OK. -Oh, oui.
00:04:25 Allez, encore. La tête avance super bien.
00:04:28 Encore, encore, encore. Oui, encore.
00:04:31 Encore.
00:04:32 Allez-y, fort.
00:04:33 Fort.
00:04:34 Allez, fort, fort, fort.
00:04:36 ...
00:04:37 -Super, super. -Encore.
00:04:38 Continuez.
00:04:39 Reposez-vous.
00:04:41 ...
00:04:42 -J'ai une faible tête. -T'es dehors.
00:04:44 -Oui, forcément.
00:04:45 -Elle a été incollée.
00:04:46 -Poussez-vous un petit coup encore pour l'épaule.
00:04:49 OK, stop.
00:04:50 -Ca y est, regardez-la.
00:04:52 -Oh !
00:04:53 -Bonjour, mon amie. -OK.
00:04:55 -Félicitations.
00:04:56 -Eh ben, félicitations.
00:04:58 ...
00:04:59 Bravo.
00:05:00 ...
00:05:01 Eh ben, oui, alors. Je vais tesser un peu la bouche.
00:05:04 -Salut, ma puce.
00:05:05 -C'est la première. -Oh !
00:05:07 -Bonjour. -Oh, c'est trop mignon.
00:05:09 -C'est trop mignon.
00:05:10 ...
00:05:11 -Maman.
00:05:12 ...
00:05:14 -Je vais chercher un propre.
00:05:15 -Vous l'appelez, madame ? Je vais chercher un ange propre.
00:05:19 -Salut, ma petite puce.
00:05:20 ...
00:05:22 T'as plein de cheveux.
00:05:23 ...
00:05:25 Oui, salut, ma puce.
00:05:27 ...
00:05:28 Oui.
00:05:29 -Elle est fiquée.
00:05:30 ...
00:05:32 ...
00:05:40 -Maman.
00:05:41 ...
00:05:43 -Qu'est-ce qu'il y a ?
00:05:44 ...
00:05:47 ...
00:05:48 ...
00:05:49 -C'est quoi ?
00:05:50 ...
00:05:52 ...
00:05:53 -C'est des petits...
00:05:54 ...
00:05:55 ...
00:05:56 ...
00:05:57 ...
00:05:59 ...
00:06:00 ...
00:06:01 ...
00:06:02 ...
00:06:03 ...
00:06:04 ...
00:06:05 ...
00:06:07 ...
00:06:08 -Alors, est-ce que tu veux bien marcher un petit peu ?
00:06:11 ...
00:06:12 ...
00:06:13 ...
00:06:14 -Ouais.
00:06:15 ...
00:06:17 Oui.
00:06:18 ...
00:06:19 ...
00:06:20 ...
00:06:21 ...
00:06:22 ...
00:06:24 ...
00:06:25 ...
00:06:26 ...
00:06:27 ...
00:06:28 OK.
00:06:30 -Alors, le Géorgien ne ressemble absolument pas au Russe.
00:06:35 Ca n'a rien à voir.
00:06:36 -Ah, oui, oui.
00:06:37 ...
00:06:38 Oui.
00:06:39 -Bon, on va écouter bébé en faisant du...
00:06:43 On va faire du mime.
00:06:44 ...
00:06:51 Moi, je suis la sage-femme.
00:06:53 Camille, sage-femme.
00:06:54 Midwife. OK ?
00:06:55 On va écouter bébé.
00:06:57 Vous venez ?
00:06:58 ...
00:07:06 Le bébé, il bouge.
00:07:08 Norman.
00:07:09 Ouais.
00:07:10 Euh...
00:07:11 ...
00:07:13 En bas.
00:07:14 De l'eau, sang, rien.
00:07:16 Vous avez pas mal à la tête ?
00:07:20 ...
00:07:22 Mal à la tête, non ?
00:07:24 Bzzz. Non ?
00:07:26 Des petits points, comme ça ? Super.
00:07:29 ...
00:07:31 C'est froid.
00:07:32 ...
00:07:34 Voilà, bébé.
00:07:35 ...
00:07:38 Six problèmes...
00:07:39 ...
00:07:40 -Non. -Pour m'appeler.
00:07:41 -Non, non.
00:07:43 -S'il faut m'appeler... -Non.
00:07:45 -On sonne là. D'accord ?
00:07:46 ...
00:07:50 Hop.
00:07:51 ...
00:07:56 Les urgences, Camille Dumortier, sage-femme, bonjour.
00:07:59 ...
00:08:01 D'accord.
00:08:03 Au moins, ce qu'il en est.
00:08:04 Ce qu'on va vous donner, c'est un traitement symptomatique.
00:08:07 Pour calmer les vomissements.
00:08:10 Mais on ne fera rien...
00:08:11 Si votre souhait, c'est l'interruption de grossesse,
00:08:14 on pourra rien faire en ce sens-là, aujourd'hui.
00:08:17 Les interruptions médicamenteuses, si c'est le choix que vous faites,
00:08:22 ça peut se faire à l'hôpital ou ailleurs.
00:08:25 ...
00:08:27 D'accord. Oui, effectivement, je pense que dans ce cas-là,
00:08:30 vous êtes un peu échaudée du médicament.
00:08:32 OK. Il n'y a pas eu d'échographie de faite, pour l'instant ?
00:08:36 Ouais.
00:08:37 Oui, dans ce cas-là, venez plutôt ici.
00:08:39 On puisse vérifier la localisation
00:08:41 et puis faire ce qu'il faut pour vous.
00:08:44 D'accord ?
00:08:45 OK, très bien.
00:08:46 Bonne route et à tout à l'heure.
00:08:48 ...
00:08:50 Au revoir.
00:08:51 ...
00:08:53 Oups.
00:08:54 Bon.
00:08:55 Une patiente qui a six semaines de grossesse,
00:08:58 IVG souhaitée, mais qui vomit tripes et boyaux
00:09:01 avec des douleurs à bdos et grossesse non localisée.
00:09:04 Je ne suis pas sage-femme par choix.
00:09:13 Je suis sage-femme, je disais, au départ, par hasard,
00:09:16 et puis après, c'est plutôt la profession qui m'a choisie.
00:09:19 Enfin, on s'est trouvés, la profession de sage-femme et moi.
00:09:23 Mais...
00:09:24 J'adore, j'adore mon métier,
00:09:28 mais en même temps, plus ça va
00:09:30 et plus il me pèse, à la fois moralement, physiquement.
00:09:35 Dans mon boulot,
00:09:36 je vis des moments stressants,
00:09:37 mais je ne dois pas donner mon stress aux patients,
00:09:40 donc j'ai l'habitude de l'emmagasiner.
00:09:43 Au bout d'un moment, le corps n'est pas fait
00:09:45 pour emmagasiner toute la tristesse, la joie, la colère
00:09:48 et la frustration de tout le monde.
00:09:50 Adam ?
00:09:52 C'est Léa, au subo.
00:09:53 On a besoin de toi pour une consultation d'Anneste en urgence
00:09:56 pour une GUE rompue.
00:09:57 La dame est dans la grande salle sur un brancard.
00:10:00 Elle était en train d'avoir un rapport.
00:10:02 Elle a eu super mal au ventre d'un seul coup.
00:10:05 Elle a été pliée en deux, on lui a posé une voix,
00:10:07 on a fait un bilan préop, rail, carte de groupe,
00:10:10 et il y a du sang dans l'abdomen.
00:10:12 La dame a des bleus à l'intérieur des cuisses,
00:10:15 elle dit qu'elle n'est pas victime de violences.
00:10:18 -La tension, c'était comment ? -La tension, elle avait...
00:10:21 Elle avait pas de taquicardie, elle chauffe pas.
00:10:24 -OK. Avec qui elle est ? -Elle a...
00:10:26 -Elle est de... -97, elle a 25.
00:10:29 -T'as eu le téléphone avec ? -Non, avec une dame
00:10:31 qui demande si elle doit consulter.
00:10:34 -Merci !
00:10:35 -Désolée, madame, je vous ai mis en attente,
00:10:37 il y avait une urgence. Vous avez perdu du liquide, c'est ça ?
00:10:41 37,6...
00:10:44 Les filles, je vous amène juste un dossier d'une dame,
00:10:51 qui est en 5e part, à 37,6,
00:10:53 qui contracte, qui a rompu et qui prend donc la route seule.
00:10:56 Elle a vu ta 30 minutes. -Seule ?
00:10:58 -Je lui ai dit "Au moindre doute, vous vous arrêtez la voiture,
00:11:01 vous appelez les pompiers." Elle me dit "Pour l'instant, ça va,
00:11:05 mais je sens que je contracte, je viens pour accrocher."
00:11:08 -Si t'as besoin, t'y es. -Merci.
00:11:10 -Ca fait seulement deux ans que je travaille.
00:11:16 Pour l'instant, je ne suis pas concernée
00:11:18 par le surmenage ou le burn-out,
00:11:21 même si certaines semaines sont plus denses que d'autres.
00:11:24 Mais à titre perso, je m'éclate vraiment dans ce que je fais.
00:11:28 J'adore venir travailler.
00:11:30 J'espère que ça durera le plus longtemps possible,
00:11:35 mais en tout cas, aujourd'hui, c'est vraiment ça.
00:11:37 -Réexpliquez-moi. Vous avez eu une IVG
00:11:40 ou du méthotrexate pour une grossesse qui n'était pas dans l'utérus ?
00:11:44 -Non, une IVG. -Une IVG. Quel jour ?
00:11:47 -Le 1er 8 juillet.
00:11:50 -Donc là, il y a 48 heures.
00:11:52 C'est ça ? OK.
00:11:54 -C'est un peu marquant.
00:11:55 -Juste pour que j'ai un point de départ,
00:11:57 pour savoir si ce que je vais vous mettre en antalgique,
00:12:00 ça permet de diminuer l'intensité,
00:12:02 si vous deviez donner une note à la douleur entre 0 et 10,
00:12:05 sachant que 0, vous n'avez pas mal,
00:12:07 souvent, nous, à partir de 3, on donne spasmondoliprane,
00:12:11 et après, c'est crescendo jusqu'à 10. Là, vous êtes où ?
00:12:14 -Entre 8 et 9. -OK.
00:12:15 Je vous pose la perfusion, on commence les antalgiques,
00:12:18 et on va voir si ça va. -D'accord.
00:12:20 -Hé !
00:12:21 ...
00:12:23 ...
00:12:33 -Voilà, c'est tout. Essayez de reposer.
00:12:36 Ca y est.
00:12:37 -Je vous dis de stop si ça va pas, OK ?
00:12:39 Donc là, je mets une compresse pareille que tout à l'heure.
00:12:43 ...
00:12:49 -Oh, je peux pas, je peux pas !
00:12:51 -OK. Je vais retirer la compresse.
00:12:53 ...
00:12:56 -Tout ça, ça veut dire que c'est un peu ce qu'on craignait, d'accord ?
00:13:00 Là-haut, c'était tout normal, et après, ça s'est mis à saut.
00:13:04 ...
00:13:22 La pauvre dame, qui avait déjà bien mordu avant.
00:13:25 ...
00:13:29 Après, là, ça s'est calmé,
00:13:31 donc j'espère que ça va rester comme ça.
00:13:33 ...
00:13:42 ...
00:13:50 Si je dois parler d'un très mauvais souvenir de garde,
00:13:54 finalement, ça va être plusieurs mauvais souvenirs.
00:13:56 C'est ces gardes où il y a des patients de tous les côtés,
00:14:00 où j'ai l'impression de jamais être présente,
00:14:02 pour aucune d'entre elles,
00:14:04 de courir d'une patiente à l'autre,
00:14:06 d'avoir oublié des tonnes de trucs,
00:14:08 d'avoir oublié de noter,
00:14:09 d'avoir pas fait correctement mon travail, en fait,
00:14:13 parce que moi, j'aime travailler beaucoup,
00:14:15 mais par-dessus tout, j'aime travailler bien.
00:14:18 Et partir avec ce sentiment d'avoir survolé plein de choses,
00:14:22 c'est...
00:14:24 Ouais, c'est quelque chose qui me fait beaucoup de mal.
00:14:28 Et à l'inverse, je dirais que c'est les rares fois
00:14:32 où on va avoir moins d'activité,
00:14:34 où je vais pouvoir m'occuper d'une patiente, d'un couple,
00:14:37 et faire du one-to-one, une femme, une sage-femme.
00:14:40 C'est juste ça qui m'aide à tenir,
00:14:43 parce que de temps en temps,
00:14:45 c'est possible de faire ce genre de choses.
00:14:48 Mais le travail à la chaîne, dans notre domaine,
00:14:52 pour moi, c'est...
00:14:54 C'est le contraire de ce pourquoi j'ai fait ce métier.
00:14:57 -Ah oui, salut.
00:15:00 -Salut.
00:15:01 -Tu veux mettre ta bouche ?
00:15:04 -Merci.
00:15:05 -Aaah !
00:15:08 -Aaah !
00:15:09 -Aaah !
00:15:11 -Aaah !
00:15:12 -Aaah !
00:15:13 -Aaah !
00:15:14 -Aaah !
00:15:15 -Aaah !
00:15:16 -Aaah !
00:15:18 -Aaah !
00:15:19 -Aaah !
00:15:20 -Aaah !
00:15:21 -Aaah !
00:15:22 -Aaah !
00:15:23 -Aaah !
00:15:24 -Aaah !
00:15:26 -Aaah !
00:15:27 -On fait une petite pause.
00:15:29 Il faut encore que je lui fasse deux, trois petites choses
00:15:33 et je te remets tes parents.
00:15:35 OK ?
00:15:36 J'ai vraiment cru que pour une fois de la semaine,
00:15:39 j'allais rentrer chez moi à l'heure. Vraiment. J'ai cru.
00:15:42 Mais ça ne m'arrive jamais.
00:15:44 -Rassure-toi, moi non plus.
00:15:45 -Je suis rassurée, alors ! -Jamais, jamais, jamais.
00:15:49 ...
00:15:53 ...
00:16:00 ...
00:16:04 ...
00:16:16 ...
00:16:20 Notification.
00:16:21 ...
00:16:24 Musique rythmée
00:16:27 ...
00:16:34 ...
00:16:46 ...
00:16:55 -11,5.
00:16:59 Une future première part.
00:17:01 41 semaines d'améliorés.
00:17:03 -Alors, elle, il avait pas mal été à quitter
00:17:06 pendant une heure, il ralentissait.
00:17:08 Il était en partie haute moyenne à la contraction.
00:17:11 Je lui ai dit qu'on partait en César que de range.
00:17:14 Et au bloc, elle a réussi à bien le pousser en partie basse.
00:17:17 Et il a relevé les bras. Mais ça s'est bien passé.
00:17:20 ...
00:17:22 -Une dame qui a un diabète sous insuline,
00:17:25 on avait dit pas de déclenchement,
00:17:27 finalement, elle refaisait des hippos.
00:17:29 Du coup, on l'a déclenchée, elle a 40 et quelques.
00:17:32 -OK. -C'est un petit garçon, une petite fille ?
00:17:35 -Un garçon. -Je peux me permettre
00:17:37 de regarder votre ventre ?
00:17:39 Alors...
00:17:40 Y a pas de contraction ?
00:17:41 -Non, mais des fois, je le sens comme dépoussé.
00:17:45 -Mais rien de très intense, comme vous avez dû connaître
00:17:48 pour les précédents accouchements ? -Non.
00:17:50 -Là, on a un terme... -Moi, je vous le dis,
00:17:53 c'est quand même petit, quoi. 36 semaines.
00:17:55 -Une semaine près, on parle plus du tout de prématurité.
00:17:58 C'est des bébés qui peuvent quand même se débrouiller tout seuls.
00:18:02 -Alors, on y va ? -Il appuie, là.
00:18:04 -Il appuie ? -Ou alors, il change de position.
00:18:07 Mais en tout cas, c'est tout dur. J'ai mal, là.
00:18:09 -Je pense qu'il change de position. -Ouais, il doit changer, là.
00:18:13 Je pense que vous l'énervez, même.
00:18:15 -Mais je vais y aller, alors.
00:18:18 Rires
00:18:19 -Ah ! Stop, stop, stop !
00:18:22 ...
00:18:23 -Respirez.
00:18:25 ...
00:18:27 -Vous allez trop loin, là.
00:18:29 -J'ai votre col. Il faut que je voie s'il est ouvert à l'intérieur
00:18:32 ou pas. J'ai presque fini. Vous me dites quand vous êtes prête.
00:18:35 -Allez-y. -On y va ?
00:18:37 ...
00:18:39 -Stop, stop, stop ! J'ai trop mal, là. Ca y est, stop.
00:18:42 ...
00:18:46 -Ca passe ? -Ouais.
00:18:48 -Vous me dites quand vous êtes prête.
00:18:50 -Vous en vous encore ? -J'ai presque fini,
00:18:53 mais le col est encore long, donc je dois voir
00:18:55 si j'ai atteint l'orifice interne. On y est presque, madame.
00:18:59 ...
00:19:00 Vous me dites. -Allez-y.
00:19:03 -Respirez bien.
00:19:04 ...
00:19:07 -OK. Je vous emmène pas plus. -Allez, stop, stop.
00:19:10 ...
00:19:15 -Je pense que les gens imaginent la profession
00:19:20 comme la naissance physiologique, en fait.
00:19:25 Les gens ne pensent pas que ça peut parfois mal se passer,
00:19:31 que notre métier comprend aussi la gestion des morts fétales
00:19:34 et utéros, des interruptions médicales de grossesse,
00:19:38 des contextes sociaux et autres, de violence et autres.
00:19:43 Les gens agressifs, les bébés qui sont porteurs
00:19:49 d'une pathologie X ou Y, non, les gens ne voient que le rose.
00:19:54 Ils ne voient pas le gris ni le noir, ni le rouge,
00:19:58 quand ça saigne.
00:19:59 ...
00:20:03 -On commande à midi ? -Ouais.
00:20:05 -On va manger. T'as rien ramené, moi non plus ?
00:20:08 Ou alors on va manger au self, c'est bien.
00:20:10 -Ah, entrez, docteur ! -Bonjour.
00:20:13 -Bonjour, docteur. -Bonjour, les docteurs.
00:20:16 -Bonjour.
00:20:17 Rires
00:20:19 -Vous êtes à l'attelier, les docteurs.
00:20:21 -Ca va ? -Je sais pas quoi dire.
00:20:23 -Vous êtes en forme, j'espère ?
00:20:25 -On est contentes de vous voir. On a dit qu'on était sur.
00:20:28 On a un siège, vous savez ? -On va se présenter à la dame.
00:20:31 -Elles ont 32 semaines. -32,6.
00:20:33 Petite fille, 88e percentile.
00:20:35 Elle est à 8 cm, il faut refaire le point.
00:20:37 -Tu me dis parfait. -Emmanuelle nous donne des nouvelles.
00:20:40 -Elle a des sensations de poussée au niveau du rectum.
00:20:43 -On va aller faire le point.
00:20:45 On va aller l'examiner. -Ca marche.
00:20:47 -Super. -Merci.
00:20:48 -A tout à l'heure. -A tout à l'heure.
00:20:50 ...
00:20:55 On toque à la porte
00:20:57 ...
00:20:59 -Je vous embête un peu ? Si je vous fais mal, vous me dites.
00:21:02 Vous n'avez pas senti que bébé s'est tourné ?
00:21:05 -Je pense pas. -OK.
00:21:07 Eh ben, moi, j'ai un doute. -Ah.
00:21:12 -Hm.
00:21:13 Je pense qu'on a la tête en bas. On va faire une échographie.
00:21:19 Ca va ? -Oui.
00:21:22 -Allez, ça y est.
00:21:23 Il y a une contraction, là ?
00:21:25 Oui, il y a une contraction. Je me permets d'attendre ?
00:21:28 On peut avoir des modifications du col avec ou sans contraction.
00:21:32 Là, j'arrive à mettre deux doigts. Ca a bien fonctionné.
00:21:35 Vous avez pas mal pour rien. C'est super, ce que vous avez fait.
00:21:38 -Merci.
00:21:40 -Allez, je retire mes doigts. -D'accord.
00:21:42 -Soufflez bien.
00:21:43 Super. Bon, on va descendre en salle ?
00:21:47 -Oui. -Oui.
00:21:48 ...
00:21:50 Pas de perte de sang, de perte de liquide.
00:21:53 Ca brûle pas quand vous faites pipi.
00:21:55 Pas de mouches devant les yeux, de bourdonnement dans les oreilles.
00:21:59 Rien de particulier,
00:22:00 sauf qu'on suspecte un gros bébé.
00:22:02 -Oui.
00:22:03 -Quand j'ai débuté en tant qu'étudiante sage-femme,
00:22:06 si on peut parler de chiffres, ma première paie,
00:22:08 j'ai eu 1 600 euros.
00:22:10 Pour, donc, 5 ans d'études.
00:22:12 Alors, quand on n'a jamais eu de paie et qu'on a 1 600 euros,
00:22:15 et que le SMIC est un peu en dessous, on se dit "c'est génial".
00:22:19 Et quand j'ai commencé à rentrer dans le travail
00:22:22 et à me rendre compte des responsabilités qu'on avait,
00:22:25 euh...
00:22:27 Des...
00:22:28 Des horaires de travail qui restent compliqués.
00:22:31 Le jour, la nuit, les week-ends, les jours fériés.
00:22:34 T'as dormi, c'est bien, t'as pas dormi, c'est pas grave.
00:22:37 Enfin, physiquement, je sais qu'en travaillant de nuit,
00:22:40 euh...
00:22:41 Je...
00:22:42 Je contrains mon corps à un épuisement
00:22:44 qui sera beaucoup plus précoce.
00:22:46 Je le sais, je le sens, de toute façon.
00:22:48 Je le sens physiquement que je m'expose à de l'obésité,
00:22:51 à des maladies cardiovasculaires,
00:22:53 à des choses qui sont prouvées scientifiquement.
00:22:55 ...
00:23:08 -Oui ?
00:23:09 -On peut pas imprimer ?
00:23:10 -Ça dépend les fois.
00:23:12 -Oui, on peut les imprimer.
00:23:14 -Comment ça va ?
00:23:15 -J'ai pas envie de faire un malaise, j'ai peur.
00:23:18 -Pourquoi vous feriez un malaise ? -Y a pas de raison.
00:23:21 Là, votre tension, avec le stress, elle est montée.
00:23:24 De toute façon, il pourra que vous faire du bien, ce médicament.
00:23:27 Vous allez avoir mal à la tête, vous allez...
00:23:29 ...
00:23:31 -Si les médicaments, sur le bébé et tout, j'ai pas envie.
00:23:35 -Oui, mais des fois, il faut trouver l'équilibre
00:23:37 pour vous et pour le bébé.
00:23:39 -Tant j'ai vu la psychologue et tout, mais bon...
00:23:43 -C'est bien d'avoir pu la rencontrer pour en parler.
00:23:46 -Mais bon, ça me calme pas forcément le stress.
00:23:48 Surtout d'arriver comme ça.
00:23:50 -Oui.
00:23:51 Ca va pour l'instant ? -Oui.
00:23:54 ...
00:23:56 -Hier, elle le sentait pas trop bouger, l'après-midi,
00:23:59 quand la sage-femme est venue, elle a réussi à la stimuler,
00:24:03 elle bougeait bien, mais elle l'a pas ressenti après.
00:24:06 Et la dame, elle contracte depuis une semaine,
00:24:09 elle en peut plus, en fait.
00:24:11 -Ah ! On n'en a pas de place.
00:24:13 -Voilà.
00:24:14 -On aurait pas dû prendre les trois déclenches.
00:24:17 En fait, on aurait dû se laisser de la soupape
00:24:20 pour qu'on la déclenche elle.
00:24:22 -Possiblement. Ca fait deux fois qu'elle vient
00:24:24 pour des missions des meufs.
00:24:26 -Je te laisse faire ton jugement, mais le contexte...
00:24:29 -Il y a des situations où, vraiment,
00:24:31 on sort de garde et on se dit "J'ai fait de la technique",
00:24:35 mais alors l'accompagnement, zéro.
00:24:37 On a sauté d'un box à l'autre.
00:24:39 Enfin, je sors d'une salle pour aller dans une autre salle,
00:24:42 pour courir au plus rapide, au plus pressé, au plus urgent.
00:24:45 Alors, effectivement, tout le monde est en bonne santé à la fin,
00:24:50 où il n'y a pas de quoi que...
00:24:52 vital, ni pour la maman, ni pour le bébé,
00:24:55 mais on dit "Je ferai pas ça jusqu'à 60 ans, c'est pas possible."
00:24:58 -On s'écoute pas trop.
00:25:00 Je suis toujours, moi, dans l'action,
00:25:02 dans le "je veux faire", dans le "je veux bien faire",
00:25:05 dans "il faut faire", et on s'écoute pas trop,
00:25:08 jusqu'au jour où le corps dit "Maintenant, c'est...
00:25:11 "Voilà, tu vas t'arrêter."
00:25:13 Et je me suis pas rendue compte, au départ,
00:25:15 que j'étais pas bien,
00:25:18 et que j'étais plus bien, non plus, au travail,
00:25:20 en me disant "Mais je vais y arriver,
00:25:23 "pourquoi les autres, ils y arriveraient,
00:25:25 "et moi, j'arriverais pas à tout gérer,
00:25:28 "à gérer mes enfants, à gérer d'être..."
00:25:30 Voilà, on est aussi dans une société, je trouve,
00:25:33 qui en demande beaucoup, où il faut qu'on soit la mère parfaite,
00:25:37 qu'on fasse les meilleurs gâteaux,
00:25:39 qu'on fasse manger bio à ses enfants,
00:25:41 qu'on les habille super bien, qu'ils aient jamais un cheveu qui dépasse,
00:25:45 qu'on soit un super professionnel, qu'on soit toujours de bonne humeur,
00:25:49 il faut aussi être une femme au foyer, belle,
00:25:52 il faut aussi être indépendante,
00:25:54 il faut qu'on ait toutes les casquettes,
00:25:56 et moi, j'ai pas toutes les casquettes, j'ai de gros défauts,
00:26:00 et ça s'est ressenti à un moment donné sur le travail,
00:26:02 et c'est là que j'ai dit "Bon..."
00:26:05 Ca a commencé en me disant "Je vais me prendre une semaine
00:26:08 "pour pouvoir régler les gros trucs que j'ai à régler
00:26:11 "sur le côté perso, et je vais retourner au travail."
00:26:14 Et je me suis arrêtée 6 mois.
00:26:15 ...
00:26:29 -Réfugiée ukrainienne arrivée en France le 30 du 3.
00:26:32 -Hum, hum.
00:26:33 -Oui, c'est vrai.
00:26:34 -Il y a un mois.
00:26:35 ...
00:26:40 -Grosses géménières,
00:26:42 et des jumeaux.
00:26:43 Faire rester en Ukraine.
00:26:46 J'ai une copine ukrainienne.
00:26:49 A 18h, je dois pouvoir l'appeler pour lui demander
00:26:52 si elle est dispo pour me faire la traduction.
00:26:55 -Oui, pas de souci.
00:26:56 Oui, bonjour, Mathilde Bouvor,
00:26:57 je suis l'interne de garde à la maternité de Nancy.
00:27:01 Je viens d'accueillir une patiente qui est réfugiée ukrainienne,
00:27:05 qui parle pas du tout français ni anglais.
00:27:07 Je voulais savoir si vous étiez OK pour me faire la traduction.
00:27:11 -Oui, eh bien, super.
00:27:13 ...
00:27:19 On entretient la porte.
00:27:20 ...
00:27:22 -Bonjour.
00:27:23 Elle peut me dire où c'était, ces douleurs ?
00:27:28 -Vous pouvez me montrer où vous avez des douleurs ?
00:27:31 -Au plus bas.
00:27:33 Je vous ai dit que c'était au plus bas,
00:27:36 mais je crois que c'est plus bas.
00:27:39 -Elle a l'impression qu'il y a quelque chose
00:27:41 qui est descendu très bas dans son ventre.
00:27:43 -Je suis pas censée vous donner des informations par téléphone.
00:27:47 Vous auriez voulu savoir quoi ?
00:27:49 Est-ce que vous savez pourquoi elle est là, déjà ?
00:27:51 Est-ce que vous savez pourquoi elle est venue chez nous ?
00:27:55 Oui ?
00:27:56 Parce que moi, je ne savais pas que vous vous parliez français.
00:28:01 Enfin, tout ça, on n'a pas réussi à le savoir.
00:28:04 Ah, vous parlez pas ukrainien, vous ?
00:28:06 Ah, mais effectivement, pour la traduction, c'est compliqué.
00:28:09 Et vous communiquez comment avec elle ?
00:28:11 Est-ce que vous avez possibilité de venir lui rendre visite ou pas ?
00:28:19 Ah !
00:28:23 Vous êtes sur Bordeaux, c'est ça ?
00:28:30 ...
00:28:36 -Après l'hôpital, la maternité, de manière générale,
00:28:39 ça reste un endroit où on ne peut pas obliger les gens
00:28:42 et enchaîner les gens au lit.
00:28:43 Si la dame souhaite sortir, on va tout faire pour la dissuader
00:28:47 de sortir si on considère que son état médical
00:28:49 ne lui permet pas de sortir.
00:28:52 Par contre, si elle signe une décharge et qu'elle veut partir,
00:28:55 elle pourra partir.
00:28:56 On peut pas emprisonner les gens, la maternité.
00:29:00 -D'accord, d'accord, très bien.
00:29:02 Très bien, je m'occupe de ça, je vous rappelle.
00:29:05 Merci, au revoir, monsieur.
00:29:07 Je vais mourir aujourd'hui.
00:29:09 -Qu'est-ce qu'il a dit ?
00:29:11 -Donc le mec m'appelle, il veut des nouvelles de la dame.
00:29:14 -Oui.
00:29:15 -Qu'est-ce que t'as compris, là ?
00:29:17 -C'est un mec, je sais pas, qui s'occupe de...
00:29:20 Mais qui est à Bordeaux, alors...
00:29:22 -Ouais, donc le monsieur veut des nouvelles de cette dame,
00:29:25 il me dit "je suis le papa", sauf que moi, dans le dossier,
00:29:28 il y a marqué "Marie, restez en Ukraine".
00:29:32 Je dis "donc vous êtes en Ukraine avec les enfants ?"
00:29:35 "Non." "Vous parlez ukrainien ?" "Non."
00:29:37 Donc en fait, il m'a dit "non, mais pour tout vous dire,
00:29:40 "c'est la mère porteuse de nos enfants."
00:29:42 Donc il m'a dit...
00:29:44 Sauf que moi, lui donner des nouvelles,
00:29:46 il me dit "je suis le père des enfants."
00:29:48 Il communique qu'avec Google Trad,
00:29:51 il veut savoir comment elle va,
00:29:54 il me dit quand même "elle a tendance à vouloir partir,
00:29:57 "vouloir se sauver, rentrer chez elle,
00:30:00 "chez elle en Ukraine ou à Epinal."
00:30:02 "Non, on lui a trouvé un appartement à Epinal,
00:30:05 "mais il faut pas qu'elle sorte."
00:30:07 "Parce que la santé des enfants, c'est quand même primordial."
00:30:11 -Bah oui, lui, il y en a beaucoup, là.
00:30:13 -Oui, mais en fait, pas qu'eux, quoi.
00:30:15 Je permets de le dire, parce que moi, dans ton cas,
00:30:18 ça va un peu dur. -Bah ouais, mais après...
00:30:20 -Bon, eh ben...
00:30:22 Je vais voir la patiente.
00:30:23 Elle prend beaucoup le travail préféré.
00:30:25 ...
00:30:39 ...
00:30:44 -Ma collègue me disait que vous vouliez me demander quelque chose.
00:30:48 -Pour quand je veux.
00:30:49 Il commence à 0h00 jusqu'à 7h00.
00:30:53 -Tant que vous êtes avec nous, il peut venir quand il veut.
00:30:56 D'accord ? -Oui.
00:30:57 C'est pour ça que j'ai besoin de demander un service à toi.
00:31:01 S'il y a un moyen, j'appelle.
00:31:04 Comme ça, tu peux m'expliquer comment...
00:31:07 -Bien sûr.
00:31:09 Vous voulez l'appeler là, maintenant ? -Oui.
00:31:11 -Allez-y.
00:31:12 ...
00:31:15 -Allô ?
00:31:16 -Bonjour, monsieur.
00:31:18 Je suis la sage-femme qui s'occupe de votre compagne.
00:31:23 -Oui ?
00:31:24 -Elle me disait que vous travaillez de minuit à 7h.
00:31:29 -Oui, c'est ça.
00:31:30 -Et qu'elle était toute seule.
00:31:32 -Oui.
00:31:33 -Est-ce qu'il n'y a pas moyen que vous puissiez passer du temps avec elle ?
00:31:37 Parce que le bébé, il va arriver certainement cette nuit.
00:31:42 Je sais pas à quelle heure.
00:31:44 -D'accord.
00:31:46 -Vous essayez de vous organiser, voire avec votre patron ?
00:31:51 Sachez que vous pouvez arriver à n'importe quelle heure.
00:31:54 Je vous la passe ?
00:31:55 -Oui.
00:31:56 -Je vous laisse entre vous, je reviens tout à l'heure.
00:31:59 Surtout que vous êtes soulagés. A tout à l'heure.
00:32:02 -Oui, à tout à l'heure.
00:32:03 ...
00:32:07 -Voilà.
00:32:08 Ma collègue arrive.
00:32:11 ...
00:32:16 Vous aviez eu un petit peu les infos par rapport à la pause de péril ?
00:32:20 Pour la position, tout ça, on vous avait déjà un peu expliqué ?
00:32:23 -On nous avait dit que c'était en condition assise.
00:32:26 Après...
00:32:27 Je sais plus trop.
00:32:28 -On va... Je vais vous aider, y a pas de souci.
00:32:31 On va commencer par nettoyer votre dos, ça va être froid.
00:32:34 -J'ai...
00:32:35 -Alors, pour l'instant, vous la gérez aussi bien que tout à l'heure.
00:32:39 On continue de faire le nettoyage du dos pour pas perdre de temps.
00:32:43 D'accord ? Ça fait juste froid.
00:32:45 On fait rien qui pique.
00:32:46 Voilà, soufflez bien.
00:32:49 C'est super, ce que vous faites.
00:32:52 C'est super.
00:32:53 ...
00:32:59 On va y aller, madame ?
00:33:01 -Oui. -Vous pouvez la laisser ici.
00:33:03 -Essayez de ne pas bouger.
00:33:05 Voilà, c'est parfait.
00:33:06 Non, vous ne vous excusez pas, c'était très bien.
00:33:09 Vous allez sentir un petit peu que ça chauffe un peu dans le dos,
00:33:12 c'est normal.
00:33:14 D'accord ?
00:33:15 Ça va ?
00:33:16 ...
00:33:23 Contraction. -Voilà, une contraction.
00:33:26 Respirez bien comme tout à l'heure.
00:33:28 On souffle doucement par la bouche,
00:33:31 tout doucement, tout doucement.
00:33:33 ...
00:33:40 Est-ce que ça passe doucement ?
00:33:42 ...
00:33:52 C'est super, ce que vous faites.
00:33:54 Vous êtes courageuse.
00:33:55 ...
00:34:03 -Ça va, madame ? -Oui.
00:34:04 -Parfait.
00:34:06 ...
00:34:22 ...
00:34:46 -Bonsoir.
00:34:47 -Bonsoir.
00:34:48 ...
00:34:54 Je me suis dit que je vais faire infirmière.
00:34:57 Ma maman m'a dit que j'allais m'occuper des gens malades.
00:35:00 Je côtoie des élèves sages-femmes dans le travail.
00:35:05 Je lui ai demandé ce que c'était.
00:35:07 "Je devais avoir 10 ou 12 ans."
00:35:09 "10 ou 12 ans ?"
00:35:10 "C'est mettre des bébés au monde."
00:35:12 "Ah, bah oui, oui."
00:35:14 "En plus, tu ne verras pas beaucoup de malades."
00:35:17 "C'est vrai, peut-être."
00:35:18 La naissance, les bébés,
00:35:21 alors que dans ma vraie vie de jeune femme,
00:35:24 hors de question d'avoir des bébés.
00:35:26 Les enfants, c'était pas possible.
00:35:29 J'en ai quand même, maintenant, qui sont grands.
00:35:32 C'est vrai qu'en vieillissant, c'est compliqué de venir travailler,
00:35:36 mais au final, une fois qu'on a mis l'habit scène, le costume,
00:35:40 eh bien, un bébé qui pleure,
00:35:43 un bébé qui arrive, en fait, à accueillir une naissance,
00:35:47 bah, c'est...
00:35:49 C'est ce qui fait tenir, en fait.
00:35:53 Alors, des fois, il y a des naissances compliquées.
00:35:56 Les bébés pleurent
00:35:59 ...
00:36:06 -Vous voyez, comme ça ? Vous sentez plus rien.
00:36:09 ...
00:36:27 -Oh oui, c'est ça.
00:36:28 ...
00:36:36 -Ouais, après, je vais faire monter un transfert,
00:36:39 et pour le moment, la salle est pleine.
00:36:41 Il y a deux dames qui ont à coucher,
00:36:44 donc il y en a une qui devrait pas tarder à monter, je pense.
00:36:48 Mais la deuxième,
00:36:50 il faudra juste être couchée.
00:36:52 Je t'avoue que là, c'est un peu bouché, quoi.
00:36:55 J'en parle à Estelle.
00:36:57 -Il y a une dame, un déclenchement...
00:37:00 -Ah oui, c'est pas possible. Non, non.
00:37:02 Sincèrement, la dame du 1,
00:37:05 semble-t-il, elle était très algique.
00:37:08 Et puis, il y a la dame du 7.
00:37:10 -Oui, elle a...
00:37:11 -Le registrement est en cours,
00:37:13 c'était juste pour voir si c'était possible.
00:37:15 -Qu'elle soit en travail, c'est une chose,
00:37:18 c'est qu'elle est algique. -Oui, ça, j'entends bien.
00:37:21 -Bonsoir, la salle de naissance.
00:37:23 -Je suis enceinte, j'arrive à terre dans deux jours,
00:37:26 mais j'ai beaucoup de contractures.
00:37:28 -OK, j'arrive tout de suite, madame.
00:37:30 -Bonjour.
00:37:31 -Comment on va faire ?
00:37:32 ...
00:37:35 -Anne, elle est partie... Voilà.
00:37:37 Et puis, il y a des entrées.
00:37:39 -C'est un code orange, Anne. -C'est code orange, Anne.
00:37:42 J'ai pas imprimé les tensions ?
00:37:44 -Elle a fait la rendez-vous
00:37:46 le 3 juillet.
00:37:47 ...
00:37:52 -Ça va ?
00:37:53 T'en as encore pas longtemps ? -Non.
00:37:55 ...
00:38:00 -Mais est-ce que je dois pas attendre Charles ?
00:38:02 -Mais c'est ici.
00:38:03 -Oh, t'es là ! D'accord.
00:38:06 Oh, t'es là, Charles.
00:38:08 Vous savez, je vous avais dit que bébé,
00:38:10 il aimait pas les contractions.
00:38:12 Mais pour que le corps puisse s'ouvrir,
00:38:14 il nous faut des contractions.
00:38:16 Donc on va pas le faire souffrir, on va pas le fatiguer.
00:38:19 On va le faire naître par Césarienne.
00:38:22 D'accord ?
00:38:23 Je vais vous donner à boire,
00:38:25 parce que la majorité, elle offre le champagne.
00:38:28 ...
00:38:31 Tenez.
00:38:32 -Tac.
00:38:33 -Euh...
00:38:34 Ce champagne de la maternité, c'est pas très bon, vraiment.
00:38:38 Mais il faut le boire.
00:38:39 Ca empêche les remontées à...
00:38:41 -Bah !
00:38:42 -Je vous l'avais dit, mais il faut le boire.
00:38:45 C'est important.
00:38:46 Sinon, on peut pas faire l'opération.
00:38:48 ...
00:38:58 -C'est pour ça, du coup, qu'on s'est amenées là-bas
00:39:01 et qu'on était en mission.
00:39:03 ...
00:39:21 -Bah, c'est bon.
00:39:22 ...
00:39:45 -Mouah !
00:39:46 -Mouah !
00:39:47 -Mouah !
00:39:49 -Mouah !
00:39:50 -Merci, madame.
00:39:51 ...
00:40:06 ...
00:40:24 ...
00:40:35 ...
00:40:56 ...
00:41:18 Message.
00:41:20 -Bonjour, madame.
00:41:21 -Oui, bonjour, vous désirez ?
00:41:22 -Mesdames et messieurs,
00:41:24 je suis le transfert de l'hôpital de Mercury à la Malongue.
00:41:27 -Oui, je vous ouvre.
00:41:29 -Bonjour.
00:41:30 ...
00:41:36 -Vous avez l'identité ?
00:41:37 -Oui.
00:41:39 ...
00:41:43 -Allez, on y va, madame ?
00:41:44 ...
00:41:46 Allez, on pousse, on pousse !
00:41:48 Allez, allez !
00:41:50 Allez-y, là !
00:41:52 Encore, là !
00:41:53 ...
00:41:54 Stop.
00:41:55 -OK, the contractions is finished.
00:41:58 You just have to close your eyes.
00:42:01 Everything is OK.
00:42:02 You want to push ?
00:42:03 You need to push ?
00:42:04 -Oh non !
00:42:05 -Il y en a une nouvelle.
00:42:07 -Allez, c'est la nuit.
00:42:08 -Allez, four, four, four !
00:42:10 -Oui !
00:42:11 -Oui, c'est bien, c'est très bien !
00:42:13 -Encore, encore !
00:42:14 -Ouais !
00:42:15 -Encore, encore !
00:42:16 ...
00:42:17 -And push again.
00:42:19 -Allez.
00:42:20 ...
00:42:21 -Encore !
00:42:22 ...
00:42:23 -Oui, très, très bien !
00:42:25 C'est super !
00:42:26 -Très bien.
00:42:27 -Oui, c'est super !
00:42:28 -Allez, encore !
00:42:30 Encore !
00:42:31 -Ouais !
00:42:32 -Allez, là !
00:42:33 -Oui, c'est bien !
00:42:34 Encore !
00:42:35 -Everything is OK.
00:42:37 The baby is coming.
00:42:38 ...
00:42:39 -Maman !
00:42:40 -Allez, on pousse.
00:42:41 -Oh non !
00:42:42 -Regardez !
00:42:43 -Oui !
00:42:45 -Oui !
00:42:46 -Bravo !
00:42:47 Bravo, madame !
00:42:48 ...
00:42:53 -Thank you, Jesus.
00:42:54 Thank you, Jesus.
00:42:55 Thank you, Jesus !
00:42:56 Thank you, Jesus !
00:42:58 Thank you, Jesus !
00:42:59 Thank you, Jesus !
00:43:00 Thank you, Jesus !
00:43:01 Thank you, Jesus !
00:43:02 ...
00:43:03 Bravo, bravo !
00:43:05 ...
00:43:06 Merci.
00:43:07 Bravo !
00:43:08 Bravo !
00:43:09 Bravo !
00:43:10 Bravo !
00:43:11 Thank you, Jesus !
00:43:13 ...
00:43:14 ...
00:43:38 ...
00:43:39 -C'est bien, maman ?
00:43:40 -Oui, c'est bien.
00:43:41 ...
00:43:42 ...
00:43:43 Thank you, Jesus.
00:43:45 ...
00:43:46 C'est bien.
00:43:47 -C'est bien.
00:43:48 -Il est beau.
00:43:49 -Quand tu fais pas l'initiative, c'est t'autonomiser un peu.
00:43:53 -La prise en charge, c'est d'être...
00:43:55 -Le relationnel, c'est très bien.
00:43:57 Les gestes techniques, on voit que ça va.
00:43:59 Tout ça, ça va.
00:44:00 On voit que tu sais tout faire.
00:44:02 -Je savais pas si je pouvais, là, en 4e, déjà,
00:44:05 être dans cette démarche.
00:44:07 -Tu peux proposer.
00:44:08 T'as pas l'appréhension de la douleur des dames.
00:44:11 Tu vois les gestes techniques à côté.
00:44:13 Maintenant, ce qui te reste, c'est ça.
00:44:15 C'est ça, la 5e année.
00:44:17 Mais franchement, c'est bien.
00:44:19 C'est un plaisir de travailler avec toi.
00:44:21 -Merci.
00:44:22 -Ton premier accouchement,
00:44:24 tu vis pas un moment magique.
00:44:25 Moi, je l'ai pas vécu comme un moment magique.
00:44:28 Je l'ai vécu juste comme un moment de stress et de...
00:44:31 "OK, je dois faire ça, je dois faire ça, je dois faire ça,
00:44:34 "carré, pour être sûre de rien oublier."
00:44:36 Maintenant, j'arrive à sortir du boulot et à oublier,
00:44:40 et je me dis que c'est pas le plus beau métier du monde.
00:44:42 Quand on est confronté au décès néonato,
00:44:45 quand on doit faire accoucher des mamans
00:44:47 où leur bébé est déjà décédé, c'est pas rigolo, quoi.
00:44:50 C'est pas le plus beau métier du monde, pas tous les jours.
00:44:53 Allez-y, allez-y, allez-y, allez-y, allez-y.
00:44:56 Allez, encore, encore, encore, encore, encore.
00:44:58 Encore un peu.
00:45:00 Voilà, maintenez le plus longtemps possible.
00:45:07 On souffle tout.
00:45:08 Eh bien, elle en a, des cheveux, cette enfant.
00:45:14 -C'est ce qu'on nous a dit.
00:45:16 -Oui.
00:45:17 -Quelle couleur ?
00:45:18 -Ah, bah, je vous dis pas.
00:45:20 On va pas spoiler la fin alors que ça y est presque.
00:45:23 -Plein d'air.
00:45:25 Allez-y.
00:45:26 Allez-y, allez-y, allez-y, allez-y, allez-y, allez-y,
00:45:29 allez-y, allez-y, allez-y, allez-y, allez-y, allez-y, allez-y.
00:45:33 -C'est pas le plus beau métier du monde.
00:45:35 -Allez-y, allez-y, allez-y, allez-y, allez-y.
00:45:37 -Oh, mon Dieu.
00:45:39 -Voilà, la petite douche.
00:45:43 On s'en doutait.
00:45:44 On va mettre un choupinotte.
00:45:46 Hop.
00:45:47 C'est même pas la peine de pousser pour l'épaule.
00:45:50 Elle arrive.
00:45:51 On va dire à maman.
00:45:52 Tendez les bras.
00:45:54 Allez, venez, venez, venez, venez.
00:45:56 -Oh...
00:45:57 -Voilà.
00:45:59 -Oh, délicieuse.
00:46:00 -Bravo.
00:46:01 Bravo.
00:46:02 Midi et quart.
00:46:06 -Midi et quart.
00:46:07 -Excusez-moi, je vais faire une...
00:46:09 -Oui.
00:46:11 -Allez, à demain.
00:46:12 -Ciao.
00:46:13 -Voilà, respirez profondément.
00:46:15 Elle est encore reliée au cordon.
00:46:17 Elle n'a pas réalisé qu'elle était arrivée.
00:46:19 Bonjour, pépé.
00:46:20 -T'as pas tes cheveux.
00:46:22 -Alors, t'ouvres les yeux.
00:46:24 Maintenant, j'aurais bien envie que tu cries un bon coup.
00:46:27 Non, tu cries pas ?
00:46:28 Je vais vous l'emprunter.
00:46:30 -Je vais vous l'emprunter.
00:46:31 Deux minutes, juste pour aller l'aspirer.
00:46:34 -Allez.
00:46:43 Elle gémit.
00:46:44 Elle gémit.
00:46:45 Elle gémit.
00:46:46 Elle gémit.
00:46:47 -Ouais, elle a vu la tache.
00:46:49 En même temps, je suis trempée.
00:46:52 Elle gémit.
00:46:53 -T'as une couleur toute bleue, jeune fille.
00:46:56 -L'eau, quatre !
00:46:57 Venez !
00:46:59 Elle gémit.
00:47:00 -Oui.
00:47:01 -Non, je l'ai au bébé.
00:47:02 Parce qu'elle est un peu glop.
00:47:05 -Allez, attends.
00:47:06 Elle gémit.
00:47:07 -Allez, bébé.
00:47:08 Voilà. Faut pas que t'oublies de respirer,
00:47:11 entre-temps. C'est juste ça, ton truc.
00:47:13 ...
00:47:16 Je te laisse prendre le relais, quatre.
00:47:18 -Allez.
00:47:20 -37 semaines et un jour, un travail bien, apirétique.
00:47:24 Accouchement spontané,
00:47:27 pas particulièrement long,
00:47:29 mais beaucoup de liquide clair.
00:47:31 ...
00:47:35 ...
00:47:45 ...
00:47:58 Brouhaha.
00:47:59 ...
00:48:16 -Coule, elle, lui.
00:48:17 ...
00:48:18 -Ah bah oui.
00:48:19 ...
00:48:23 -Bye-bye.
00:48:25 ...
00:48:33 -Au revoir, maman.
00:48:34 -Au revoir, monsieur. Félicitations, aussi.
00:48:37 -Allez, au revoir, maman.
00:48:38 -De toute façon, moi, ce que j'ai fait,
00:48:41 c'est l'aspirer, surtout, parce que je sentais,
00:48:43 avec la main posée sur elle, que ça groulait de tous les côtés.
00:48:47 Tout le monde aura vérifié de vous courir vite.
00:48:50 -Oui, bien entendu.
00:48:51 -La dernière année, elle a été particulièrement difficile
00:48:54 parce que le mois de septembre
00:48:56 a pu trouver de sens dans ce que je faisais.
00:49:00 Je suis allée voir mon médecin, parce que j'étais à plat
00:49:04 et que je pense qu'il fallait que j'aille en parler à quelqu'un.
00:49:10 Ce qui était surtout compliqué, à ce moment-là,
00:49:14 c'est que... Mes collègues m'ont rassurée
00:49:17 en me disant que ça se voyait pas,
00:49:19 mais en tout cas, moi, à l'intérieur de moi,
00:49:21 j'avais l'impression que toutes les patientes
00:49:24 étaient des casse-pieds.
00:49:25 Il y avait toujours un truc qui m'agaçait
00:49:28 pour une raison X ou Y, et je m'en voulais beaucoup,
00:49:31 parce que je me disais, enfin, à quoi tu joues, Camille ?
00:49:34 Finalement, cette patiente, elle est là, tu dois t'en occuper,
00:49:38 y a même pas à discuter.
00:49:39 J'en ai parlé avec mon médecin traitant,
00:49:41 qui, au bout de quelques minutes, m'a dit,
00:49:44 "C'est pas compliqué, je vous arrête."
00:49:46 En me parlant de plusieurs mois, je me suis mise à pleurer
00:49:49 en lui disant, "Non, pas plusieurs mois, par pitié.
00:49:52 "Arrêtez-moi trois jours, et je vais me reposer."
00:49:55 Donc là, il m'a dit que c'était même pas,
00:49:58 il m'a dit, "Mais trois jours, même pas en rêve.
00:50:00 "C'est 15 jours non négociables,
00:50:02 "parce que sinon, je vais être obligée de vous arrêter
00:50:06 "pendant plusieurs mois d'affilée."
00:50:08 -Je me suis posée la question quand j'étais pas bien d'arrêter.
00:50:12 Déjà, je vois pas ce que je pourrais faire d'autre,
00:50:14 et en plus, je me dis quand même que...
00:50:17 Je suis pas prête dans ma vie à me dire
00:50:21 que je vais plus jamais d'accouchement.
00:50:23 Pour l'instant, je suis pas prête.
00:50:25 Le boulot de sage-femme, c'est global,
00:50:27 il y a plein de choses, mais...
00:50:29 Psychologiquement, je serais pas prête
00:50:31 à me dire que je ferais plus n'aide d'enfant,
00:50:34 que je n'aiderais plus à donner naissance.
00:50:36 -Je suis là, hein ? -D'accord.
00:50:38 Encore un peu !
00:50:41 Super ! Soufflez !
00:50:43 -Je pense qu'on peut y retourner tout de suite.
00:50:46 -C'est très bien, on maintient bien l'effort en bas.
00:50:49 -On retient ? Allez-y, on y va.
00:50:51 -Oui, allez, fort et longtemps, c'est super.
00:50:53 -C'est bien, allez-y encore.
00:50:55 -Ouais, génial !
00:50:57 -Encore un peu ! -Super !
00:50:59 -Oui, c'est top, oui ! Super !
00:51:01 -Soufflez ! Parfait.
00:51:03 -Tap ! -Allez, poussez !
00:51:05 -Tap ! -Allez, poussez !
00:51:06 -Ne poussez plus !
00:51:08 -Bien, et dans l'axe.
00:51:10 -Dans l'axe.
00:51:11 -On t'entend.
00:51:12 On t'entend.
00:51:13 On t'entend.
00:51:15 -On t'entend.
00:51:16 -Bravo, madame.
00:51:17 Je vous ai super bien poussé. Bravo.
00:51:19 Tu peux dépousser tes colonnes ?
00:51:22 -Oui.
00:51:23 -Et en même temps,
00:51:24 je vais peut-être...
00:51:26 -Je vais peut-être...
00:51:27 -Comme ça, ça nous permet de traiter le corps.
00:51:30 -D'accord.
00:51:31 -Et là, tu utilises tout.
00:51:33 -Oui.
00:51:34 -C'est normal.
00:51:35 -C'est normal.
00:51:36 -Allez, on y va.
00:51:38 -Ca y est, toute la famille qui appelle.
00:51:40 -Ouais. -Hein ?
00:51:41 -Ca commence.
00:51:42 -On y va.
00:51:43 -Allô, on y va, les gars.
00:51:45 -Allô, on y va, les gars.
00:51:47 -Ca va ?
00:51:48 -Oui.
00:51:49 -Tu comprends, toi.
00:51:51 Toi, tu comprends, toi.
00:51:52 Hein ?
00:51:53 Allez, mouche.
00:51:56 -Ca, c'est pas sympa, Dédé.
00:51:59 Oh non, ça, c'est pas sympa.
00:52:01 -C'est tout.
00:52:02 -C'est tout, c'est tout.
00:52:04 -Ca t'embête pas plus.
00:52:05 -T'as vu, il est...
00:52:07 -Il est...
00:52:08 -Ouais.
00:52:09 -Ca va ?
00:52:10 -C'est parfait.
00:52:11 ...
00:52:16 -Qu'est-ce qu'il fait ?
00:52:17 -T'es mou.
00:52:18 -Que la force soit avec vous.
00:52:23 Bonne garde.
00:52:24 ...
00:52:31 -La maternité de l'hôpital de Nancy,
00:52:34 comme si vous y étiez,
00:52:35 côté sage-femme en salle de naissance,
00:52:38 comme aux urgences gynécologiques et obstétriques,
00:52:41 avec ce documentaire réalisé par Karine Lefèvre-Kenel.
00:52:45 De quoi s'interroger, après ce film,
00:52:48 sur l'avenir des maternités et le blues des sage-femmes.
00:52:51 C'est ce que nous allons faire
00:52:53 avec nos invités présents sur ce plateau de Débadoc.
00:52:56 Avec vous, Philippe Ligier, bienvenue.
00:52:59 -Bonjour.
00:53:00 -Vous êtes député modem et indépendant
00:53:02 de l'Eure-et-Loire,
00:53:03 membre de la commission des affaires sociales
00:53:06 de l'Assemblée nationale.
00:53:07 Vous êtes biologiste, docteur en pharmacie
00:53:10 des hôpitaux de Paris,
00:53:12 et vous avez été, entre autres,
00:53:14 rapporteur pour une proposition de loi
00:53:16 sur l'égal accès au soin des Français
00:53:20 sur l'ensemble du territoire
00:53:22 et sur l'efficacité des politiques publiques
00:53:25 mises en oeuvre pour lutter
00:53:27 contre la désertification médicale en milieu rural,
00:53:30 et on l'oublie souvent, également en milieu urbain.
00:53:34 Franz Hasner est également avec nous.
00:53:36 Bienvenue.
00:53:38 Vous êtes coprésidente du collectif interassociatif
00:53:41 autour de la naissance, le CIAN,
00:53:42 qui est un collectif d'associations
00:53:45 de parents et de patients agréés
00:53:47 pour représenter les usagers du système de santé.
00:53:51 Vous avez sondé les usagers
00:53:54 des maternités,
00:53:56 avec une importante étude
00:53:57 à laquelle on fera référence dans cette émission.
00:54:00 Isabelle de Rendinger est également avec nous.
00:54:03 Vous êtes présidente du Conseil national
00:54:05 de l'ordre des sages-femmes
00:54:07 et directrice de l'école de sages-femmes
00:54:10 du CHU de Nantes.
00:54:12 Une première précision,
00:54:14 pour ceux qui ne connaissent pas bien
00:54:16 cette spécialisation,
00:54:17 et les maternités en France.
00:54:19 Dans ce film, nous étions à l'intérieur
00:54:22 d'une maternité de niveau 3.
00:54:25 Vous pouvez nous préciser
00:54:26 de quelle sorte de maternité il s'agit
00:54:28 lorsqu'on parle d'une maternité de niveau 3 ?
00:54:31 -Il y a trois types de maternités en France.
00:54:33 Elles visent à être organisées
00:54:35 pour assurer la sécurité physique et psychique
00:54:38 et la qualité des soins.
00:54:39 Il y a des maternités de niveau 1,
00:54:41 pour des femmes en bonne santé,
00:54:43 qui vont accueillir des enfants en bonne santé.
00:54:45 Il y a des maternités de niveau 2,
00:54:47 qui sont des maternités intermédiaires,
00:54:50 qui ont, à côté d'elles, un service de soins intensifs
00:54:52 pour les nouveau-nés.
00:54:54 Il y a des maternités de niveau 3,
00:54:56 celles que l'on voit dans l'émission,
00:54:58 qui sont des maternités avec une réanimation néonatale,
00:55:01 pour l'enfant en mauvaise santé,
00:55:03 et des maternités d'adulte, pour les mères en besoin.
00:55:06 -Avec des interventions, bien sûr,
00:55:08 que nous avons pu vivre à travers ce documentaire.
00:55:11 Je l'ai dit en présentation de cette émission,
00:55:14 en l'espace de 50 ans,
00:55:15 le nombre de maternités en France métropolitaine
00:55:18 a été divisé par trois.
00:55:19 Le nombre de lits par maternité a été divisé par deux.
00:55:23 La France compte aujourd'hui 460 maternités.
00:55:27 Et puis, parallèlement,
00:55:28 depuis une douzaine d'années, le nombre de sages-femmes
00:55:32 n'a cessé d'augmenter.
00:55:34 C'est pas particulièrement vrai, d'ailleurs,
00:55:36 dans la période 2012-2017.
00:55:39 Autrement dit, si on découvre ce dossier,
00:55:42 on se dit que le confort de travail des sages-femmes
00:55:45 a dû augmenter, compte tenu de ces chiffres.
00:55:48 Or, on assiste à un blues des sages-femmes,
00:55:51 tel qu'il est défini et décrit dans ce documentaire.
00:55:54 Expliquez-nous. -Vous avez raison.
00:55:56 Cela peut apparaître un paradoxe.
00:55:58 Premièrement, l'émission nous montre une maternité,
00:56:02 les sages-femmes n'exercent pas seulement en hôpital,
00:56:05 elles exercent aussi en activité territoriale,
00:56:07 ce qu'on appelle communément la PMI, et en exercice libéral.
00:56:11 Dans cette émission, on voit une facette du métier,
00:56:14 mais exclusivement une facette. Par ailleurs...
00:56:16 -59 %, je donne quelques chiffres
00:56:18 pour que les gens se rendent bien compte,
00:56:21 59 % des sages-femmes travaillent à l'hôpital public
00:56:24 et 54 % sont, effectivement, des sages-femmes libérales.
00:56:27 Et puis, environ une sage-femme sur trois
00:56:31 fait une mixité entre hôpital public et exercice libéral.
00:56:34 -Tout à fait. Donc, vous avez raison,
00:56:37 nous constatons un nombre croissant de sages-femmes
00:56:40 et pour autant des difficultés croissantes.
00:56:42 En 2009, l'augmentation des compétences des sages-femmes
00:56:45 s'est marquée par la réalisation de l'activité en gynécologie
00:56:49 qui n'était pas présente antérieurement.
00:56:51 J'ai presque envie de dire,
00:56:53 quand on pense l'entièreté de la santé des femmes,
00:56:56 que le périmètre d'activité des sages-femmes s'est doublé.
00:56:59 Il y a des sages-femmes qui sont en âge et qui ont des enfants,
00:57:03 mais à tous les moments de la vie des femmes.
00:57:05 On voit un décalage entre le nombre de sages-femmes
00:57:08 et l'augmentation des compétences.
00:57:10 -D'accord avec ce constat, Philippe Ligier ?
00:57:13 -Complètement d'accord. -Constat basique.
00:57:15 -Oui, mais c'est un vrai constat qui s'appuie sur le fait
00:57:18 que le niveau de formation des sages-femmes s'est renforcé,
00:57:22 qu'il y a eu des délégations de tâches,
00:57:24 des médecins et des gynécos qui ont donné à des sages-femmes
00:57:28 de plus en plus de choses.
00:57:29 Il y a de moins en moins de gynécos.
00:57:31 Les sages-femmes sont en première ligne,
00:57:34 la protection maternelle, l'infantile,
00:57:36 la PMI, l'accueil des mamans.
00:57:38 Maintenant, les maisons de naissance,
00:57:40 parce qu'on voit que dans des petites villes,
00:57:43 chez moi, à Châteaudun, il y avait une maternité,
00:57:45 il y avait 400 naissances par an,
00:57:47 on estime qu'on ne peut pas garantir la sécurité,
00:57:50 c'est tout un débat qui n'est pas facile pour un territoire.
00:57:54 Imaginer qu'on ferme une maternité dans un territoire,
00:57:57 c'est incroyable.
00:57:58 Heureusement, on a monté une maison de naissance
00:58:01 et les sages-femmes jouent un rôle pion.
00:58:03 -La maison de naissance est substituée à la maternité à Châteaudun ?
00:58:07 -Absolument. C'est une immense douleur,
00:58:09 une incompréhension, donc au moins,
00:58:11 pour toutes les sages-femmes n'ayant pas de pathologie,
00:58:15 aucun caractère de risque, ni pour elles ni pour l'enfant.
00:58:18 Il y a des risques pour l'enfant, mais pas pour la maman.
00:58:21 Donc, ça permet, me semble-t-il, d'avoir la possibilité d'accoucher,
00:58:25 d'être suivi pendant toute la grossesse,
00:58:27 et après l'accouchement,
00:58:29 dans un centre hospitalier,
00:58:31 il y a une maternité de niveau 2 ou 3.
00:58:33 -Je faisais référence à une étude que vous avez menée
00:58:36 au sein de votre association.
00:58:38 Elle concerne une étude qui a porté sur 8 500 femmes,
00:58:41 c'est considérable, entre 2016 et 2021.
00:58:43 J'ai ressorti 3 points.
00:58:45 On parle donc des usagers.
00:58:47 Bien entendu, trois femmes sur dix
00:58:49 n'ont pas eu le choix de leur lieu d'accouchement,
00:58:52 et cela, bien sûr, a eu des conséquences négatives
00:58:55 sur le ressenti de leur expérience.
00:58:58 Un quart des femmes attendant un premier enfant
00:59:01 n'ont pas suivi de préparation,
00:59:04 et de fait, ont très mal vécu leur premier accouchement.
00:59:07 Troisième chiffre que j'ai retenu de votre étude,
00:59:10 50 % des femmes notent un manque d'attention
00:59:14 de l'équipe soignante
00:59:15 concernant leur état émotionnel et psychologique.
00:59:19 S'il fallait hiérarchiser ces attentes des usagers,
00:59:23 de ces femmes qui attendent leur premier enfant,
00:59:25 mais pas seulement,
00:59:27 quelle hiérarchie mettriez-vous en place ?
00:59:30 J'ai cité trois points,
00:59:32 mais c'est peut-être pas ceux-là.
00:59:34 -Il y en a plus. On pourrait citer aussi
00:59:36 les 70 % des femmes qui ont vécu leur accouchement
00:59:39 de manière différente de ce qu'elles en attendaient.
00:59:42 Il n'y a pas eu adéquation entre ce qu'elles souhaitaient
00:59:45 et ce qui s'est passé, peut-être par manque de préparation,
00:59:49 par manque d'accès au suivi qu'elles souhaitaient,
00:59:52 et peut-être aussi pour une inadaptation
00:59:54 de ce qu'on leur propose par rapport à ce dont elles auraient besoin.
00:59:58 Un manque de sages-femmes, de personnel,
01:00:01 un manque de place, aussi,
01:00:02 ça a des répercussions ensuite directes
01:00:06 sur le vécu des femmes et leur santé.
01:00:08 -Ce chiffre interpelle un 3 fois sur 10
01:00:10 qui n'ont pas eu le choix de leur lieu d'accouchement.
01:00:14 -C'est lié au fait qu'en France,
01:00:16 l'offre de soins pour les femmes
01:00:18 pendant leur grossesse et leur accouchement
01:00:21 est hospitalo-centrée.
01:00:22 On ne peut accoucher qu'en maternité.
01:00:24 Il est très difficile de faire émerger
01:00:26 d'autres types de lieux d'accouchement,
01:00:29 en maison de naissance, à domicile,
01:00:31 ou même dans une filière physiologique,
01:00:34 c'est-à-dire un parcours particulier pour des femmes
01:00:37 qu'on aurait bien ciblées.
01:00:38 Les maisons de naissance, par exemple, ont été pérennisées.
01:00:42 En 2020, le gouvernement a parlé de 20 maisons de naissance.
01:00:46 -Il y en a une à Chateaud.
01:00:47 -En 2022, en 2023, on n'a toujours que 8 maisons de naissance.
01:00:51 C'est celle de l'expérimentation.
01:00:53 Une maison de naissance ne peut pas se substituer à une maternité
01:00:56 car elle est accolée à une maternité
01:00:58 pour des histoires de sécurité,
01:01:00 de pouvoir faire les transferts quand il y en a besoin.
01:01:03 Mais effectivement, il y a des oppositions fortes
01:01:06 à la création d'autres filières plus physiologiques
01:01:10 pour les femmes qui le souhaitent,
01:01:12 car toutes les femmes ne le souhaitent pas.
01:01:14 On a des études qui montrent qu'elles sont nombreuses
01:01:17 à souhaiter d'autres parcours.
01:01:19 -Y compris l'accouchement à domicile.
01:01:21 La bascule, c'est qu'en réalité, au tout début des années 50,
01:01:25 ou au tout début des années 50,
01:01:27 il y a eu davantage d'accouchements en hôpital qu'à domicile,
01:01:31 alors qu'évidemment, avant, on accouchait à domicile.
01:01:35 -Oui. Après, l'accouchement à domicile,
01:01:38 c'est comme l'accouchement à maison de naissance.
01:01:41 Il ne répond pas à tout le monde, il répond à certaines femmes
01:01:44 qui souhaitent un suivi avec une sage-femme,
01:01:47 mais sans péridurale, et à qui on pourrait proposer autre chose.
01:01:50 Pour toutes les femmes qui le souhaitent,
01:01:53 et c'est légitime qu'on soulage leur douleur pendant l'accouchement,
01:01:57 le recours à la péridurale nécessite forcément
01:02:00 un plateau technique et la présence d'un anesthésiste
01:02:03 et de toute une équipe qui va avec.
01:02:05 Mais si on pouvait mieux répartir,
01:02:07 quand on parle qu'il y a beaucoup de sages-femmes,
01:02:10 mais effectivement, une crise dans les maternités,
01:02:13 et des femmes qui ne se sentent pas assez soutenues
01:02:16 par le vaccin, mieux répartir en fonction des besoins de chacune,
01:02:20 plus de médicalisation là où c'est nécessaire,
01:02:22 peut-être moins là où on peut s'en passer,
01:02:25 ce serait peut-être une piste de solution.
01:02:28 -Qu'en pensez-vous des principales conclusions de cette enquête ?
01:02:31 Vous l'avez lue, vous en avez pris connaissance ?
01:02:34 Qu'est-ce qu'on met en face comme solution
01:02:37 face à ces attentes des usagers ?
01:02:39 -Le premier élément, c'est le respect du droit des usagers.
01:02:42 Il y a une loi Kouchner, elle date du 4 mars 2002,
01:02:45 et nous estimons, et je pense que c'est partagé,
01:02:48 que cette loi ne s'applique pas pour le droit des femmes,
01:02:51 notamment dans la diversité de l'offre de soins.
01:02:54 Vous évoquiez Châteaudun.
01:02:55 Ce n'est pas une maison de naissance,
01:02:58 c'est un centre périnatal de proximité,
01:03:00 mais effectivement, qui prend le relais d'un établissement
01:03:04 et qui, du coup, limite le choix des femmes
01:03:06 à s'orienter vers une maternité.
01:03:08 Je n'ai pas précisé tout à l'heure,
01:03:10 mais une maternité de niveau 1, c'est une maternité de proximité,
01:03:14 une maternité de niveau 2 ou de niveau 3.
01:03:17 Il faut offrir la possibilité aux femmes d'accéder aux soins,
01:03:20 certes en fonction de leur santé, de leur niveau de santé,
01:03:23 de leurs besoins en termes de santé, mais aussi de leur choix.
01:03:27 C'est vrai pour les maisons de naissance,
01:03:29 pour l'accouchement accompagné à domicile,
01:03:32 pour une maternité 1 ou un centre périnatal de proximité.
01:03:35 -Ce qui vous importe, c'est le libre choix de la femme.
01:03:38 -Oui. -Qu'en pensez-vous ?
01:03:40 -Le libre choix de la femme avec un élément,
01:03:43 c'est la sécurité de la femme et de l'enfant.
01:03:45 Parce que moi, je suis ouvert à toutes les solutions.
01:03:48 Je pense qu'on ne dirait pas le contraire,
01:03:50 mais le jour où on a une hémorragie à la naissance
01:03:53 et qu'on est à 70 km de l'hôpital central
01:03:56 pour lequel il y a la transfusion à faire,
01:03:58 il y a un petit sujet qui se pose.
01:04:00 La liberté et le choix doivent être essentiels.
01:04:03 Mais dès qu'il y a le moindre risque,
01:04:05 on peut voir qu'en matière de biologie,
01:04:07 le nombre d'investigations qu'on fait,
01:04:10 ça va diminuer. On a énormément progressé.
01:04:12 Et donc, il faut bien comprendre,
01:04:14 c'est un accompagnement personnalisé,
01:04:17 parce qu'on a classé les maternités dans différents niveaux.
01:04:20 C'est un classement qui date de quelques années,
01:04:23 qui fait qu'on a dit qu'il fallait être habitué
01:04:26 à un accouchement par jour,
01:04:27 il n'y aurait pas une maîtrise parfaite
01:04:30 de l'ensemble des praticiens,
01:04:31 ce qu'on a entendu beaucoup.
01:04:33 Donc, il faut trouver le bon équilibre
01:04:35 du choix de la future maman,
01:04:38 et, une fois de plus,
01:04:39 en tant que professionnel de santé,
01:04:41 il faut assurer cette sécurité.
01:04:43 J'ai des souvenirs assez douloureux au fond de moi-même.
01:04:46 De maman qui avait perdu un enfant,
01:04:48 je suis passé par Néquer-en-Fins-Malade,
01:04:50 quand j'ai fait mon internat.
01:04:52 Vous savez ce que c'est que la sécurité de l'enfant,
01:04:55 l'arrêt à néonates,
01:04:56 vous avez vraiment la meilleure prise en charge
01:04:59 de tous les enfants pour lesquels il y a une difficulté.
01:05:02 Après, c'est cette palette qu'il faut présenter.
01:05:05 Les sages-femmes ont une nouvelle activité,
01:05:07 comme je disais, sur la preuve des maladies sexuellement transmissibles,
01:05:11 qui font 95 % du travail.
01:05:13 Ca n'était pas le cas il y a 15 ans.
01:05:15 On a quasiment plus de gynéco en ville.
01:05:17 On a un problème d'accès aux soins généralisés,
01:05:20 même si on a eu moins de naissances,
01:05:22 vu que c'était plus de 720 000 naissances en 2022.
01:05:24 Donc, cette belle natalité.
01:05:26 On pourra continuer à former plus encore
01:05:28 naturellement des sages-femmes, tout en sachant enfin
01:05:31 que sur le nombre de temps travaillé,
01:05:34 il y a des choix différents.
01:05:35 Il faut respecter ce mode d'organisation,
01:05:37 qu'on voit pour les médecins, pour les infirmiers,
01:05:40 pour l'ensemble des professionnels de santé,
01:05:43 qui n'étaient pas un choix qu'on voyait tout le temps.
01:05:46 Naturellement, plus que le nombre,
01:05:48 je le dis souvent quand je parle d'accès aux soins,
01:05:51 c'est le nombre d'heures médicales disponibles.
01:05:53 C'est ça, vraiment, la véritable approche.
01:05:56 -Ca vous fait réagir ? -Totalement.
01:05:58 -Sur la sécurité, les maisons de naissance,
01:06:01 elles ont montré, il y a eu un rapport qui a été fait,
01:06:04 par l'unité Inserm, qui montre que c'est tout aussi sécure
01:06:07 pour une femme à condition de respecter le cahier des charges.
01:06:11 C'est-à-dire savoir quel type de grossesse
01:06:13 on fait suivre en maison de naissance,
01:06:16 sans montrer leur parfaite sécurité vis-à-vis des maternités
01:06:19 de type 1, 2 ou 3.
01:06:20 Il y a d'autres systèmes de soins,
01:06:23 si on regarde ce qui se passe à l'étranger,
01:06:25 où on peut avoir des organisations différentes,
01:06:28 avec des très grosses maternités,
01:06:30 mais qui offrent la possibilité d'avoir une femme,
01:06:33 comme en Norvège, par exemple,
01:06:36 et ça assure aussi aux femmes
01:06:40 de pouvoir vivre leur accouchement, leur grossesse,
01:06:43 d'être mieux accompagnées.
01:06:45 Sur le long terme, une des premières causes de mortalité
01:06:48 pour les femmes, c'est le suicide.
01:06:50 Et la prévention du suicide,
01:06:52 elle est complètement absente aujourd'hui.
01:06:54 -Je vais pas aller sur le suicide.
01:06:56 Ce n'est pas un accident médical.
01:06:58 -Ce n'est pas l'hémorragie.
01:07:00 -On parle de santé psychique des femmes.
01:07:03 -Il y a des pathologies qui font que le suicide,
01:07:05 c'est pas pareil.
01:07:07 -Si on fait une pré-eclampsie,
01:07:08 on n'est pas suivi en maison de naissance,
01:07:11 on ne fait pas un accouchement à domicile.
01:07:13 Et quand c'est au dernier moment, l'hémorragie, la délivrance,
01:07:17 ça existe toujours, mais ce n'est plus la première cause
01:07:20 de mortalité pour les femmes en France.
01:07:22 -C'est pour ça qu'il faut trouver toujours le très bon équilibre.
01:07:26 On a eu trois accouchements au Bande nationale
01:07:29 en simplement quelques années.
01:07:31 Heureusement qu'on a eu beaucoup de chance à chaque fois.
01:07:34 -Peut-être parce que vous n'avez plus de maternité.
01:07:37 -Est-ce qu'on peut parler...
01:07:39 Vous savez, sur la classification,
01:07:41 il me semble avoir eu quelques publications,
01:07:43 même des SHFM demandaient s'il y avait
01:07:46 une classification des maternités.
01:07:48 -Est-ce qu'on peut parler d'une fracture territoriale
01:07:51 lorsqu'on parle d'accès aux soins pour suivre une grossesse
01:07:54 et évidemment une naissance ?
01:07:56 -C'est l'objet de nos échanges ici.
01:07:58 On voit bien qu'en fonction des territoires,
01:08:01 il y a de vraies inégalités.
01:08:02 On a une répartition de l'offre de soins
01:08:05 qui ne s'adapte plus aux besoins de la population.
01:08:08 Je crois que les participants l'évoquent.
01:08:10 -Tout à fait. On en a déjà parlé.
01:08:12 -La sécurité reste, mais pas sans mot physique,
01:08:15 la sécurité physique et psychique.
01:08:17 La lutte contre la dépression du postpartum
01:08:20 et donc le décès par suicide des femmes,
01:08:22 c'est un principe de sécurité psychique.
01:08:24 Qu'a-t-on vu dans le reportage des SHFM
01:08:27 qui sont des fraternités de niveau 3
01:08:29 et qui disent qu'elles ont une perte de sens
01:08:31 car elles ne sont plus en mesure d'assurer
01:08:34 la sécurité physique et psychique des femmes ?
01:08:36 -On va voir un extrait du documentaire.
01:08:39 C'est une interne de l'hôpital de Nancy
01:08:41 qu'on a vue dans ce documentaire qui s'exprime.
01:08:44 -Il y a des situations où vraiment...
01:08:46 On sort de garde et on se dit "j'ai fait de la technique",
01:08:50 mais alors l'accompagnement, zéro.
01:08:52 On a sauté d'un box à l'autre.
01:08:54 Enfin, je sors d'une salle pour aller dans une autre salle,
01:08:58 pour courir au plus rapide, au plus pressé, au plus urgent.
01:09:01 Alors, effectivement, tout le monde est en bonne santé à la fin.
01:09:05 Il n'y a pas de quoi que...
01:09:08 vital, ni pour la maman, ni pour le bébé,
01:09:11 mais je me dis que je ne ferais pas ça jusqu'à 60 ans,
01:09:14 c'est pas possible.
01:09:15 -"Je ne ferais pas ça jusqu'à 60 ans, c'est pas possible."
01:09:18 C'est cette souffrance exprimée dans le film que nous venons de voir,
01:09:22 et il faut parler de ce fameux blues des sages-femmes.
01:09:26 Vous le disiez, et vous l'avez écrit, d'ailleurs,
01:09:29 avec l'Ordre national des sages-femmes,
01:09:33 on est aujourd'hui en face d'une pénurie des vocations,
01:09:37 et vous êtes bien placée pour le savoir,
01:09:39 parce que vous êtes aussi directrice d'une école de sages-femmes
01:09:43 au CHU de Nantes.
01:09:44 Il y a bien une pénurie des vacations ?
01:09:46 -Il y a deux mécanismes.
01:09:47 Il y a des sages-femmes qui quittent la profession
01:09:50 dans l'exercice, ce vide de sens,
01:09:52 c'est ce que nous venons d'entendre,
01:09:54 et des étudiants qui doutent de l'entrée
01:09:57 dans ces études de sages-femmes, qui sont difficiles,
01:10:00 ce sont des études médicales, puisqu'il s'agit d'une profession.
01:10:04 -C'est cinq ans d'études. -C'est cinq ans,
01:10:06 demain, c'est six ans.
01:10:07 Et ces études, donc, qui sont extrêmement difficiles,
01:10:11 les étudiants n'ont plus envie de les faire.
01:10:13 Et depuis septembre...
01:10:15 Depuis cette rentrée, septembre 2022,
01:10:17 nous observons un déficit de place de 20 %.
01:10:19 Et non seulement ils n'ont plus envie de les faire,
01:10:22 mais ceux qui les font vont plutôt dans le libéral
01:10:25 que dans l'hôpital public, c'est aussi un autre constat.
01:10:28 -C'est pas tout à fait vrai.
01:10:30 C'est vrai qu'il a été pensé, il y a un an, deux ans,
01:10:33 que les sages-femmes quittaient l'hôpital
01:10:35 pour aller dans l'activité libérale.
01:10:37 Ce n'est pas le cas, en fait.
01:10:39 Les sages-femmes quittent la profession,
01:10:41 pour arrêter d'exercer,
01:10:43 et elles disent qu'elles sont prêtes à y revenir
01:10:45 si les conditions de travail s'améliorent,
01:10:48 elles sont en mesure d'assurer la sécurité physique et psychique.
01:10:52 Nous disons la même chose, aussi bien côté usager
01:10:54 que dans ce reportage,
01:10:56 ou au niveau de toutes les instances représentatives
01:10:59 de la profession, et au niveau, de façon plus générale,
01:11:02 des professionnels de la périnatalité.
01:11:04 -Ce qui compte, c'est le chiffre qui figure
01:11:07 en bas de la feuille de paye.
01:11:08 Ce chiffre-là, en moyenne, pour une sage-femme,
01:11:11 j'ai lu que c'était 1 800 euros net, plus quelques primes.
01:11:15 On parle de celles qui travaillent
01:11:17 dans les établissements et les hôpitaux publics.
01:11:20 Dans le libéral, c'est un peu plus,
01:11:22 ça serait 2 300 euros net, en moyenne.
01:11:24 -Les sages-femmes exercent la profession libérale
01:11:27 dans les professions de santé la moins bien rémunérée.
01:11:30 On oublie souvent, et nous-mêmes, sur ce plateau,
01:11:33 la place des sages-femmes territoriales,
01:11:35 qui ont été oubliées dans les accords du Ségur,
01:11:38 qui ne bénéficient pas de la prime médicale,
01:11:40 puisqu'il a été décidé de ne pas leur octroyer,
01:11:43 car ils avaient une approche moins technique et moins performante.
01:11:47 Les sages-femmes de la PMI.
01:11:48 -Je voulais expliquer ce que c'est.
01:11:50 -Ce sont des sages-femmes
01:11:52 qui sont rattachées aux conseils départementaux.
01:11:55 L'Etat ne peut pas décider pour les conseils départementaux.
01:11:58 Il faut trouver un système de revalorisation
01:12:01 comme le médico-social, au sens large du terme.
01:12:04 Avec le groupe parlementaire dont je fais partie,
01:12:06 nous avons interpellé le gouvernement
01:12:09 sur ces oubliés du Ségur.
01:12:10 C'est la revalorisation de l'ensemble de ces professions.
01:12:14 -Et celle-là, en particulier ?
01:12:15 -Pardonnez-moi, mais les infirmières,
01:12:18 vous savez combien elles gagnent.
01:12:20 On parle beaucoup d'un mot qui commence à rentrer
01:12:23 dans la tête des Français, les IPA.
01:12:25 Infirmières de pratique avancée, donc à son bac +5.
01:12:28 Une IPA à l'hôpital,
01:12:29 elle gagne 50 euros de plus que celle qui n'est pas IPA,
01:12:32 alors qu'elle s'est formée deux ans en plus.
01:12:35 On a un sujet de revalorisation des professionnels.
01:12:38 C'est ce qu'ont fait les généralistes.
01:12:40 La consultation à 25 euros, on peut dire ce qu'on veut.
01:12:43 On a un sujet de rémunération et d'attractivité.
01:12:46 Là, vous avez raison, ce qu'on ne constate pas
01:12:49 que pour les sages-femmes.
01:12:50 C'est vrai en médecine, beaucoup.
01:12:52 C'est vrai pour les infirmières.
01:12:54 Il y a des abandons de carrières,
01:12:56 mais c'est aussi, il faut le dire,
01:12:58 un nouveau mode de génération dans lequel nous sommes,
01:13:01 où on ne fait plus une profession pendant 40-45 ans.
01:13:05 C'est très triste,
01:13:06 car ces métiers du soin sont merveilleux.
01:13:08 Il y a une dimension humaine en plus.
01:13:10 -Je vous laisse répondre, et ensuite, je vous donne la parole.
01:13:14 -Ma profession a une particularité,
01:13:16 son caractère médical est méconnu.
01:13:18 Certes, nous évoquons les salaires,
01:13:20 et je vous rejoins sur la nécessaire valorisation des salaires,
01:13:24 mais c'est aussi la place qui est conférée dans notre société,
01:13:27 dans les instances de gouvernance des hôpitaux,
01:13:30 et à tous les niveaux de la société,
01:13:32 la place de la parole des sages-femmes,
01:13:35 comme avis pour accompagner la santé et les droits des femmes.
01:13:38 -Juste un point de compréhension,
01:13:40 les sages-femmes, aujourd'hui,
01:13:42 c'est une profession considérée comme paramédicale,
01:13:45 et une proposition de loi qui vient d'être votée
01:13:48 par le Parlement français,
01:13:50 reconnaîtrait cette profession comme médicale.
01:13:53 Ca semble un pas important.
01:13:54 -Elle vient surtout de reconnaître la nécessaire mise en oeuvre
01:13:58 d'une 6e année d'études.
01:14:00 S'il n'y a pas de mesures prises pour valoriser la profession,
01:14:03 ce qui, effectivement, est salué par la profession
01:14:06 comme étant une avancée, risque de ne pas en être une.
01:14:09 -Si je peux juste me permettre... -Allez-y, je vous en prie.
01:14:13 -Le fait que la profession de sage-femme soit méconnue,
01:14:16 c'est même auprès du grand public et des femmes.
01:14:18 Dans notre requête, on montre qu'un tiers des femmes
01:14:21 ne savent pas, au début de leur grossesse,
01:14:24 vers qui se tourner pour faire suivre leur grossesse.
01:14:27 Obtenir un rendez-vous chez un gynécologue, c'est très long,
01:14:30 c'est nécessaire pour toutes les grossesses,
01:14:33 mais savoir qu'une sage-femme peut suivre une grossesse
01:14:36 lorsqu'elle n'est pas pathologique, elles ne le savent pas.
01:14:39 Savoir que la sage-femme pourra aussi venir à domicile,
01:14:42 ensuite de couche, après, elles ne savent pas que c'est possible,
01:14:46 qu'elles pourront ensuite faire la visite médicale
01:14:49 des six semaines, elles ne savent pas que c'est possible.
01:14:52 Il y a tout ça qui est à faire, même la préparation à la naissance.
01:14:56 Peu de femmes la font, finalement, en France.
01:14:59 Il y a une information sur ce qu'elle apporte et sur qui la fait,
01:15:02 à savoir les sages-femmes, évidemment,
01:15:05 et le fait que les partenaires, aussi,
01:15:07 ne sont pas inclus dans cette préparation à la naissance
01:15:11 et que la solitude des femmes...
01:15:14 -Vous parlez des partenaires, vous parlez des hommes.
01:15:17 -Des hommes ou des partenaires femmes,
01:15:20 de celles qui accouchent,
01:15:21 qui sont de plus en plus brésentes,
01:15:23 mais qui ne prennent pas tous leur congé paternité.
01:15:27 C'est une entreprise, peut-être aussi,
01:15:29 mais n'ont pas la possibilité, autant que leurs femmes,
01:15:32 d'aller faire une préparation à la naissance
01:15:35 ou d'avoir des réponses à leurs problématiques,
01:15:38 de savoir comment ils pourront soutenir leur compagne
01:15:41 quand le bébé sera là, comment s'en occuper.
01:15:44 Tout ça, c'est un angle mort.
01:15:45 -Votre étude démontre fondamentalement
01:15:48 la méconnaissance de ce métier.
01:15:50 -Oui. -Vous souhaitez ajouter quelque chose ?
01:15:52 -La compétence gynécologique est totalement inconnue des citoyennes.
01:15:57 -On le voit, quand il y a des départements
01:15:59 où il n'y a plus de gynécologues médicaux,
01:16:01 on voit des publications disant que les femmes doivent s'inquiéter,
01:16:05 mais sans qu'elles soient orientées vers les médecins généralistes
01:16:09 et les sages-femmes.
01:16:10 -Philippe Vigée, vous souhaitez ajouter quelque chose ?
01:16:14 -Vous voyez, les sages-femmes,
01:16:15 ma petite ville de Châteaudun,
01:16:17 il y a une montée en puissance considérable
01:16:20 de la part des sages-femmes qui ont pris en charge
01:16:23 la santé des femmes depuis quelques années.
01:16:25 Je suis un peu dubitatif sur une chose,
01:16:27 c'est le fait d'avoir des années de formation complémentaire.
01:16:31 On passe de 5 à 6.
01:16:32 Les médecins sont passés de 7 à 9.
01:16:34 On parle d'une 10e année.
01:16:36 Oui, je pense que la formation,
01:16:38 pour moi, c'est tout le long de la vie.
01:16:40 Je suis plutôt favorable à ce que,
01:16:42 qui d'ailleurs s'arrête de se former au bout de 7-8 ans ?
01:16:46 Personne. Quand vous avez un métier,
01:16:48 10 ans plus tard, vous êtes obsolète.
01:16:50 -La formation continue. -Je ne suis pas persuadé
01:16:53 que, vous voyez, on verra, au final,
01:16:55 si cette 6e année rapporte quelque chose
01:16:57 en termes d'attractivité.
01:16:59 Je n'en suis pas convaincu. En tout cas, en médecine,
01:17:02 on a les résultats. On est passés de 7 à 9.
01:17:05 La 10e arrive. En spécialité, on est à 11, 12.
01:17:07 C'est-à-dire qu'ils rentrent dans la vie active
01:17:10 à 30 ou 32 ans. C'est compliqué.
01:17:12 Les médecins s'installent très peu.
01:17:14 1 sur 10, que ça s'installe en libéral.
01:17:16 -Votre propos appelle deux réponses de ma part.
01:17:19 La première, sur la formation médicale continue.
01:17:22 -C'est ce qu'ils vont faire. -Vous civez celle-ci.
01:17:25 Les SACHAM n'y ont pas accès, notamment à l'hôpital,
01:17:28 car elles sont considérées comme paramédicaux.
01:17:30 Pour autant, elles y sont sensibles et en sont conscientes.
01:17:34 Le deuxième élément, c'est que la 6e année
01:17:36 n'a pas comme objectif de créer une attractivité.
01:17:39 Elle est déjà là pour lisser le processus de formation.
01:17:42 Il y a 1 200 heures de formation de plus en maïotique
01:17:46 comparées aux mêmes années en médecine,
01:17:48 en odontologie et en pharmacie.
01:17:50 1 200 heures de plus en enseignement théorique et clinique.
01:17:53 Les étudiants l'ont dit. Ils l'ont écrit, 2018,
01:17:56 études bien-être, 70 % des étudiants ne vont pas bien.
01:17:59 Un des objectifs...
01:18:00 -Vous croyez qu'elles iront mieux ?
01:18:02 -Elles auront au moins un volume d'enseignement théorique
01:18:06 et clinique qui sera plus lissé.
01:18:07 -Je me permets de vous dire ça,
01:18:09 car je connais les études médicales longues.
01:18:12 Il y a quatre certificats, c'était Bac + 10.
01:18:14 Il y a quelques années.
01:18:16 Au terme, je vois souvent les fédérations d'interne,
01:18:19 je les rencontre.
01:18:20 Ceux qui veulent, c'est les fils de sécurité.
01:18:23 Je préférerais qu'on trouve...
01:18:25 On a des moyens modernes de formation.
01:18:27 Vous avez raison sur le paramédical,
01:18:29 mais dans un hôpital,
01:18:31 je connais ça, dans les hôpitaux parisiens,
01:18:33 on est capable d'avoir des modules de formation
01:18:36 qui proposent à chacun, me semble-t-il,
01:18:38 de se former tout au long de leur vie professionnelle.
01:18:41 Il faut faire attention au rallongement.
01:18:44 Le rallongement, souvent, c'est le découragement.
01:18:47 -Je voudrais vous contextualiser.
01:18:49 Une proposition de loi vient d'être votée par le Parlement
01:18:52 prévoyant une année supérieure.
01:18:54 -Une sixième année d'études.
01:18:56 -Il y a des délégations de tâches
01:18:58 qui sont de nos sages-femmes.
01:18:59 -Sur la formation...
01:19:01 Sur la formation, tant initiale que continue,
01:19:04 ce qu'on peut voir dans le reportage
01:19:06 quand on parle de perte de sens du métier
01:19:08 et ce que nous, on peut voir dans notre étude,
01:19:11 c'est qu'il manque de manière primordiale
01:19:13 l'intervention des usagers dans la formation
01:19:18 pour apporter la voie de comment est-ce qu'on parle aux gens,
01:19:21 comment est-ce qu'on applique la loi Kouchner,
01:19:23 on en entend souvent parler,
01:19:25 comment est-ce qu'on fait respecter les droits du patient,
01:19:28 comment est-ce qu'on demande le consentement,
01:19:31 comment on peut présenter les soins,
01:19:33 comment on recueille le consentement des gens,
01:19:36 comment on les informe.
01:19:37 On le fait dans certaines écoles de sages-femmes.
01:19:40 À Paris, dans le DES de gynécologie obstétrique,
01:19:43 on peut intervenir pour apprendre...
01:19:45 Il y a la technique,
01:19:46 il y a le plan médical.
01:19:48 -Ca peut être mis dans les modules de formation.
01:19:50 -Et dans le continu.
01:19:52 -Je parlais de le fait d'augmenter.
01:19:55 -Mais je voudrais y revenir.
01:19:57 Vous avez raison.
01:19:58 Les études de sages-femmes ont été pensées
01:20:00 dans le programme de 2009,
01:20:02 la réforme de la 1re année commune aux sites de santé.
01:20:05 Depuis, elles n'ont jamais été révisées.
01:20:07 Qu'est-ce qui s'est passé ?
01:20:09 Élargissement des champs des compétences,
01:20:12 on a parlé de la gynécologie,
01:20:14 l'IVG aussi, une compétence nouvellement acquise,
01:20:16 qui nécessite des enseignements
01:20:18 qui doivent être faits par les études.
01:20:20 Vous évoquez quelque chose de très juste,
01:20:23 c'est la place des usagers et les besoins sociétaux.
01:20:26 Tout cela, il faut le faire entrer dans le programme.
01:20:29 Pour l'instant, ça ne rentre plus.
01:20:31 -Nous avons évoqué tout à l'heure
01:20:33 cette volonté qui semble de plus en plus forte
01:20:37 pour certaines femmes d'accoucher à domicile.
01:20:40 Il y a même un sondage,
01:20:42 l'Eliphope, qui nous dit que 17 % des femmes âgées
01:20:44 de 18 à 45 ans, interrogées,
01:20:46 souhaitaient accoucher à domicile,
01:20:49 et 19 % d'anterelles répondaient plutôt oui.
01:20:53 Il y a déjà un certain nombre d'accouchements à domicile
01:20:56 en France.
01:20:57 C'est 1 500, par exemple, en 2020,
01:21:00 femmes qui ont été suivies
01:21:03 pour un accouchement programmé à domicile,
01:21:06 mais qui n'a abouti qu'à un peu plus d'un millier
01:21:09 de naissances effectives à domicile.
01:21:11 -Ca reste très minoritaire.
01:21:13 On va rappeler tout de même qu'il y a eu 742 000...
01:21:17 Un peu plus de 742 000 naissances en 2021.
01:21:19 On parle de chiffres et d'intentions encore minoritaires.
01:21:23 Or, ça crée vraiment un débat.
01:21:25 C'est un sujet qui fâche, semble-t-il,
01:21:27 cet accouchement à domicile.
01:21:29 Il y a une demande, et en réalité,
01:21:31 et notamment du côté du personnel soignant,
01:21:34 il y a des réticences.
01:21:36 Vous pouvez m'expliquer le problème ?
01:21:38 -Il y a une demande, plus visible aujourd'hui,
01:21:40 mais elle a toujours existé.
01:21:42 Il faut savoir que dans les pays
01:21:44 où l'accouchement à domicile est organisé,
01:21:47 c'est-à-dire qui fait partie du système de soins,
01:21:49 donc les sages-femmes qui exercent les accouchements à domicile
01:21:53 font partie d'un réseau de professionnels de santé.
01:21:56 Elles ont une maternité avec laquelle ils ont une convention
01:22:00 pour pouvoir faire les transferts quand c'est nécessaire.
01:22:03 C'est une offre qui est tout à fait sécurisée,
01:22:06 à condition, évidemment, de remplir certaines conditions
01:22:09 pour la femme, d'être en bonne santé, le bébé aussi, etc.
01:22:13 En France, il y a un dogme,
01:22:14 c'est-à-dire que quand on essaye de travailler le sujet,
01:22:18 parce qu'on demande, par exemple,
01:22:20 à travailler sur cette gestion de risque
01:22:22 avec des obstétriciens, des anesthésistes,
01:22:24 des pédiatres et évidemment les sages-femmes,
01:22:27 il y a un braquage.
01:22:28 Il est impossible de travailler.
01:22:30 On fait partie de beaucoup de groupes de travail
01:22:33 dans notre collectif, et cela n'avance pas,
01:22:35 sauf à certains endroits.
01:22:37 -C'est un braquage, c'est ma question.
01:22:39 -Pour nous, c'est dogmatique. -Le milieu médical est contre ?
01:22:43 -Pas tout le milieu médical.
01:22:44 On ne sait même pas.
01:22:46 Je pense que ce sont surtout les sociétés savantes
01:22:49 qui sont contre, même quand on leur présente
01:22:51 des preuves scientifiques sur le sujet.
01:22:54 -Il y a un élément important,
01:22:56 c'est qu'aucun assureur public et privé français
01:22:58 ne leur propose de responsabilité civile professionnelle.
01:23:02 -En France, merci.
01:23:03 -C'est un des problèmes de blocage ?
01:23:05 -C'est un blocage majeur,
01:23:07 parce que l'accouchement accompagné à domicile,
01:23:10 c'est un droit des femmes.
01:23:11 Les sages-femmes ont aussi le droit
01:23:13 d'accompagner les femmes à domicile.
01:23:16 La difficulté est dans ce régime assurantiel
01:23:18 qui n'est pas possible pour des raisons prohibitives
01:23:21 au niveau tarif.
01:23:22 La façon de solutionner tout cela,
01:23:25 c'est d'avoir un gouvernement qui prenne la décision
01:23:28 d'en créer un travail en profondeur
01:23:30 sur l'accouchement.
01:23:31 -Pour une comparaison, c'est bien d'ouvrir les fenêtres
01:23:34 aux pays voisins de la France.
01:23:36 C'est une forme d'accouchement
01:23:38 qui est davantage pratiquée en France,
01:23:40 aux Pays-Bas, en Allemagne, en Espagne...
01:23:42 -En Angleterre, où les sages-femmes
01:23:45 sont salariées du système de soins,
01:23:47 où elles exercent indifféremment à l'hôpital,
01:23:50 dans des maternités classiques,
01:23:53 en filière physiologique, en maison de naissance
01:23:56 et à domicile.
01:23:57 -Philippe Vigier, l'accouchement à domicile,
01:24:00 vous êtes pour ou contre ? Vous aurez le mot de la fin.
01:24:03 -Je suis contre rien.
01:24:05 Je connais bien le système de soins en Angleterre.
01:24:07 Vous connaissez la prise en charge en Angleterre.
01:24:10 C'est la médecine de riches.
01:24:12 Il faut dire les choses clairement.
01:24:14 Vous avez une angie dans l'Angleterre,
01:24:16 on vous demande 500 livres.
01:24:18 C'est un médecin de quartier, on parle de libre choix.
01:24:21 C'est pas envisageable.
01:24:23 Pour qu'on trouve des solutions,
01:24:25 j'ai pas de blocage intellectuel.
01:24:27 Il y a un sujet, la responsabilité civile.
01:24:29 On a un deuxième sujet,
01:24:31 on peut coucher la nuit, pas à tout moment,
01:24:33 il y a des disponibilités des professionnels de santé.
01:24:36 Il y a 24 heures dans une journée,
01:24:38 donc 3 fois 8, comme on fait,
01:24:40 donc qu'il faille réfléchir à toute piste, bien sûr,
01:24:43 mais il faut qu'on fasse toujours un peu attention
01:24:46 aux effets d'annonce qu'on peut faire
01:24:48 si on n'est pas en capacité de les mettre en place.
01:24:51 Si jamais un jour, une part du financement
01:24:53 est à charge des familles, ça sera à reconsidérer,
01:24:56 mais je suis pas persuadé qu'en France,
01:24:58 c'est pas si facile à faire.
01:25:00 -Ce sera le mot de la fin ? -Il faut ne plus l'invisibiliser.
01:25:04 -C'est vous qui l'aurez.
01:25:05 Grand merci à tous les trois d'avoir participé
01:25:08 à ce débat d'octobre.
01:25:09 On a parlé du blues, des sages-femmes,
01:25:12 et puis de ces maternités qui ferment de plus en plus,
01:25:16 et les chiffres sont très parlants
01:25:18 depuis maintenant un demi-siècle en France.
01:25:21 Vos réactions, ce sera sur #DébatDoc, sur Twitter.
01:25:25 Merci à Selma Sally, qui m'a aidée à préparer cet émission.
01:25:29 Je vous donne rendez-vous pour un prochain "Débat Doc",
01:25:31 bien sûr avec son documentaire et son débat.
01:25:34 A très bientôt.
01:25:35 SOUS-TITRAGE : RED BEE MEDIA
01:25:38 Générique
01:25:41 ...