• il y a 8 mois
Nous sommes infiniment petits et fragiles sous le ciel immense et cruel dont le soleil nous brûle, la foudre nous effraie et les pluies diluviennes nous glacent... Un élément intermédiaire est indispensable pour s’interposer entre nous et cette immensité : un ciel de substitution capable d’engendrer un monde à notre échelle, à l’image du fils du dieu de la religion chrétienne qui intercède entre les hommes et son père terrible et vengeur...
C’est le sens de tous ces baldaquins éphémères dont rend compte la peinture Renaissance et classique, édifiés pour protéger les têtes couronnées, ou de ces multiples dais chargés de velours rehaussé de fils d’or et de perles qui viennent entourer les corps vulnérables des Vierges à l’enfant, notamment peintes par Jan Van Eyck...
Des dispositifs que l’on retrouve aujourd’hui dans l’architecture contemporaine de nos sociétés démocratiques pour protéger et mettre en valeur les citoyens anonymes. Ainsi le drap de béton tendu entre deux rangées de pylônes par Alvaro Siza et Eduardo Soto de Moura pour l’Exposition Universelle de Lisbonne en 1998 ; la voute suspendue à son portique réalisée en 2002 par Paulo Mendes da Rocha sur la place des Patriarches à São Paulo ; l’ombrière-miroir en inox poli de Norman Foster flottant sur le quai du vieux port de Marseille (2013) ou le préau de la petite école Vieilley réalisé par Bernard Quirot en 2003 qui parvient à hisser les enfants à la hauteur des montagnes qui les entourent...
Transcription
00:00:00 Le bal d'aquin.
00:00:02 J'ai expliqué la dernière fois pourquoi le bal d'aquin et pas le toit.
00:00:07 Le toit c'est un élément fonctionnel qui protège des intempéries.
00:00:12 Le bal d'aquin c'est autre chose.
00:00:14 C'est beaucoup plus ambitieux qu'un toit.
00:00:18 Un bal d'aquin c'est quelque chose aussi qui est un peu plus...
00:00:24 qui définit un espace.
00:00:30 Un peu comme le mur.
00:00:32 Le mur définit latéralement un espace.
00:00:36 Tandis que le bal d'aquin détermine...
00:00:40 C'est une surface en général plane qui surplombe,
00:00:44 qui vient au-dessus de vous et qui détermine un espace.
00:00:50 On va voir que le bal d'aquin a beaucoup de rapport avec le sol.
00:00:56 Le cours que nous avons fait la dernière fois.
00:01:02 C'est vrai que le bal d'aquin,
00:01:04 comme je l'avais annoncé lors de la séance de présentation,
00:01:08 c'est quelque chose qui vient se substituer au ciel.
00:01:14 Parce que le ciel, c'est un truc...
00:01:18 C'est quelque chose qui nous dépasse complètement.
00:01:22 Il y a des bourrasques, il y a des cyclones,
00:01:25 il y a des averses de neige, de pluie,
00:01:28 il y a de la glace qui tombe, il y a la foudre, il y a le vent.
00:01:33 C'est quelque chose qui est totalement impondérable.
00:01:36 Un roi, il peut se battre, il peut se battre,
00:01:40 il peut construire des châteaux, il peut construire des routes,
00:01:43 mais il peut difficilement construire le ciel.
00:01:47 Et c'est un peu justement cette construction du ciel,
00:01:50 construire le ciel, c'est peut-être ce que nous allons voir aujourd'hui.
00:01:56 Par exemple, ça c'est une gravure du XVIe siècle,
00:02:01 où on voit Louis XII à cheval et le roi.
00:02:06 On voit Louis XII à cheval et très bizarrement, il est recouvert par un dé.
00:02:13 Et ce dé est constellé, mais pas d'étoiles,
00:02:18 il est constellé de fleurs de lys.
00:02:21 C'est comme si le monde de Louis XII se refermait sur lui-même,
00:02:28 pour ne pas être justement confronté au ciel.
00:02:33 Parce que devant le ciel, qu'on soit paysan ou roi, on n'est rien.
00:02:38 On est face à l'infini.
00:02:40 Je vous invite à lire dans les pages des philosophes d'Emmanuel Kant
00:02:47 sur l'angoisse devant le ciel étoilé, le ciel infini.
00:02:53 Devant l'infini, vous voyez.
00:02:55 Ou les pages d'autres philosophes qui se sont préoccupés par la question du sublime.
00:03:04 Donc effectivement, face au ciel, on n'est rien.
00:03:08 Et donc, il faut absolument qu'il y ait un élément qui vienne intercéder entre l'homme et le ciel.
00:03:18 Cet élément, ça sera le dé, le baldaquin, le plafond.
00:03:23 Ça sera donc toutes ces grandes surfaces qui sont lancées horizontalement
00:03:31 pour justement se substituer au ciel.
00:03:35 Ce sont des éléments qui tiennent mieux du ciel,
00:03:40 mais ce sont des cieux qui sont totalement domestiqués.
00:03:46 Ce sont des cieux où toute violence a été complètement éradiquée.
00:03:53 Voilà un autre exemple.
00:03:55 On en trouve plein dans la peinture.
00:03:57 Ça paraît même bizarre.
00:03:59 Là, c'est un François 1er et Charles Quint.
00:04:01 Et puis il y a un évêque dont je ne me rappelle pas le nom.
00:04:04 Ils sont tous les trois à cheval sur leur baldaquin.
00:04:09 Et dès que Paris se pousse pour rester bien au centre du baldaquin,
00:04:13 comme si effectivement le baldaquin définissait une frontière
00:04:17 d'un espace, disons, civilisé,
00:04:21 de l'espace sur lequel on pouvait régner.
00:04:25 Et bien sûr, toutes les images religieuses.
00:04:29 Ça, c'est la Vierge à l'enfant entre Saint Jean-Baptiste et Sainte-Marie-Madeleine de Sima da Conebiano.
00:04:35 Elle est dans un paysage, un grand paysage, complètement ouvert,
00:04:41 mais elle a quand même besoin, pour être dans un monde à sa mesure,
00:04:47 à la mesure de l'enfant, d'avoir cette représentation du ciel
00:04:52 qui vient au-dessus d'elle et qui représente justement un ciel plus clément
00:04:59 que le vrai ciel, qui est complètement terrifiant.
00:05:03 Autre exemple.
00:05:05 La Vierge de la Madone de Luc de Jeanne d'Anec.
00:05:11 Là, c'est très bizarre, si vous voulez, parce que tout à l'heure,
00:05:15 on était dans un grand paysage, donc quelque part, le baldaquin s'est justifié.
00:05:19 Et là, on est dans une petite chambre, puisqu'effectivement,
00:05:23 dans toutes les représentations religieuses et dans le Nouveau Testament,
00:05:29 la Bible, c'est quelqu'un de pauvre.
00:05:32 Elle ne vit pas dans un château.
00:05:34 Mais malgré tout, comme la pièce est peut-être trop petite pour elle,
00:05:38 elle aurait peut-être été écrasée par la pauvreté de cette pièce,
00:05:42 elle a un baldaquin qui lui permet de respirer à sa mesure,
00:05:48 d'être mise en gloire à sa mesure.
00:05:52 C'est ça, le baldaquin, c'est ça qu'il faut comprendre.
00:05:56 Il y a aussi un autre élément dans lequel nous allons revenir pendant le cours.
00:06:00 Ce que je disais lors de la présentation, c'est que le baldaquin,
00:06:04 il vient intercéder entre un ciel terrible et les hommes.
00:06:11 Et là, quelque part, c'est une figure religieuse.
00:06:16 Dans la religion chrétienne, Dieu a un fils,
00:06:22 parce que Dieu, il est trop méchant, il est trop cruel,
00:06:26 on se rappelle de ce qu'il a fait à Abraham et compagnie.
00:06:29 Il faut un intercesseur plus doux, plus gentil, plus compréhensif.
00:06:36 Et ce sera effectivement le Christ.
00:06:38 Vous voyez, il y a une sorte de mise en abyme dans le tableau,
00:06:41 entre le baldaquin qui vient anesthésier la violence du ciel,
00:06:49 et puis là, le fils de Dieu qui vient atténuer la violence de Dieu.
00:06:58 Et c'est aussi, on pourrait dire, c'est ce qu'on va voir dans ce cours,
00:07:03 c'est toute la question de l'architecture, puisqu'elle est là
00:07:07 pour intercéder entre l'homme en général et la nature.
00:07:12 C'est sûr que la nature, elle se fout complètement des hommes.
00:07:16 Et les hommes, ce sont les pires des parasites qui la colonisent.
00:07:23 Et effectivement, l'architecture, c'est l'arme absolue de cette colonisation.
00:07:29 Et si on ne comprend pas ça, on ne comprend rien à ce qu'est essentiellement l'architecture.
00:07:36 Alors, mettre le monde à l'échelle des corps, c'est la question du baldaquin.
00:07:43 Juste, je cite ce film, je le connais depuis longtemps,
00:07:47 j'en ai même parlé quand j'étais enseignant à l'école de Paris-Val-de-Seine,
00:07:51 le film de Straub, de Daniel Huillet, "En rachachant",
00:07:55 je l'ai revu avant-hier à la Cinémathèque.
00:07:57 Mais c'est un film complètement dément, parce que c'est l'histoire d'un petit garçon.
00:08:01 C'est une histoire qui va nous permettre de comprendre le projet suivant,
00:08:05 mais qu'il faut bien garder en tête pendant tout le cours.
00:08:07 C'est l'histoire d'un petit garçon, et il dit à sa mère, "Maman, je ne veux plus aller à l'école."
00:08:12 Sa mère lui dit, "Mais enfin, Ernesto, pourquoi tu ne veux plus aller à l'école ? Pourquoi ?
00:08:17 Il faut que tu apprennes." Et il répond à sa maman,
00:08:21 "Ecoute, maman, à l'école, on m'apprend des choses que je ne sais pas."
00:08:25 C'est ça. Ça fait rire, mais c'est un truc très important.
00:08:30 Parce qu'en fait, Ernesto, quelque part, je pense que c'est un philosophe,
00:08:34 au sein de Nietzsche, c'est un mec qui rumine.
00:08:37 Le philosophe, ce n'est pas le reporter, qui est là partout,
00:08:40 sur tous les fronts, qui monte aux arbres, qui va dans les pays lointains.
00:08:44 Non, ce n'est pas ça. C'est un type qui reste chez lui,
00:08:47 et qui rumine constamment, qui revient sur ce qu'il a vécu.
00:08:54 Voilà. Et donc, on va voir la relation entre ce film, cette scène,
00:09:01 un film d'Estrobes, mais c'est aussi un texte de Duras.
00:09:05 C'est un sujet qui a travaillé Duras toute sa vie,
00:09:08 parce qu'elle avait écrit un livre pour enfants,
00:09:11 et Estrobes en a fait un film, un film,
00:09:13 après elle a fait elle-même un film qui s'appelait "Les enfants",
00:09:16 et puis après elle a fait une pièce de théâtre,
00:09:18 qui s'appelait aussi "Les enfants".
00:09:20 C'est une chose, pour elle, qui l'a énormément travaillé,
00:09:23 le fait que, justement, on puisse apprendre,
00:09:27 mais en fait, il vaut mieux apprendre des choses que l'on sait,
00:09:32 et pas des choses que l'on ne sait pas.
00:09:34 Et là, c'est justement, c'est une école,
00:09:37 c'est une école du très génial Bernard Quiraud,
00:09:40 et d'Olivier Bichard, c'est près de Besançon,
00:09:44 c'est à Vielle-Îche, c'est peut-être pas trop mal,
00:09:49 c'est un petit groupe scolaire, si vous voulez,
00:09:51 qui est à la frontière entre la ville et la nature, voyez.
00:09:55 Là, plus loin, en plus bas, il y a un vallon qui descend vers une rivière,
00:10:00 et puis, de l'autre côté, il y a les massifs du Jura,
00:10:04 donc c'est un tout petit bâtiment, comme ça,
00:10:07 et ce bâtiment, justement, quand on le voit, déjà, sur l'image,
00:10:12 il y a, d'un côté, un portique, qui est à l'échelle des enfants,
00:10:16 par où ils vont rentrer, et puis après, d'autre côté,
00:10:19 il y a un baldacin, très haut, dans lequel les enfants vont sortir.
00:10:25 Et c'est un peu comme si les enfants, ils arrivaient ici,
00:10:30 ils arrivaient à l'école, comme ça, et puis, ils étaient écrasés,
00:10:34 justement, comme je disais tout à l'heure, voyez, par le ciel,
00:10:37 donc ils étaient tout petits, minuscules, absolument sans intérêt,
00:10:41 les adultes ne les écoutent pas, et puis, à la fin de la journée,
00:10:46 ou à la fin de la matinée, même, ils sortent vers le bois,
00:10:50 sous le baldacin, et là, tout d'un coup, ils sont grands.
00:10:54 Ils ont atteint leur pleine maturité, leur pleine mesure.
00:11:00 Et on peut imaginer qu'ensuite, des savants du monde entier
00:11:03 viennent pour leur parler, grâce à ce dispositif pédagogique
00:11:08 qui pourrait presque fonctionner sans institutrice, sans maîtresse.
00:11:14 Le groupe scolaire, il y a juste trois classes,
00:11:17 c'est des grandes B, comme ça, elles correspondent aux trois classes,
00:11:20 les plots, là, qui sont au-dessus, sur le toit,
00:11:23 c'est l'éclairage génital qui permet d'éclairer le couloir,
00:11:26 et puis les vestiaires où les enfants déposent leurs manteaux.
00:11:30 On voit au fond, donc, les massifs du Jura,
00:11:33 et puis, on voit, au premier plan, le baldacin, qui élève,
00:11:38 vous voyez, qui élève les enfants, vous voyez,
00:11:41 qui élève les enfants, donc, au rang du paysage,
00:11:45 et qui leur donne, justement, peut-être, le regard, vous voyez,
00:11:49 du roi François Ier ou Charles Quint, vous voyez, sur le paysage.
00:11:55 Le plan, bon, peu importe, la coupe, j'expliquais tout à l'heure,
00:11:59 vous voyez, donc, l'éclairage génital, et bien sûr, le baldacin.
00:12:03 Et en plus, ce baldacin, on sait qu'on ne le voit peut-être pas très bien sur l'image,
00:12:06 mais il est accompagné, vous voyez, par un mur,
00:12:09 voilà, qui est très baroque, si vous voulez, très borrominien,
00:12:13 et qui vient, en plus, vous voyez, accompagner les enfants,
00:12:16 qui vient diriger, quelque part, leur regard vers le paysage.
00:12:22 Voilà, le baldacin se dresse, on voit les enfants, les maîtresses,
00:12:26 là, qui se promènent, voilà, ils sont là,
00:12:31 et quand ils sont sous le baldacin,
00:12:35 sous ce voile embêtant qui pèse, voilà, au-dessus de leur tête,
00:12:40 et bien, voilà, tout d'un coup, ils sont grands,
00:12:44 et ils dominent le paysage, parce que finalement,
00:12:48 l'architecture, c'est un élément qui leur a permis,
00:12:52 donc, de constituer un monde à leur échelle,
00:12:57 et puis d'affirmer, voilà, ce regard de domination sur le monde.
00:13:03 Alors, bien sûr, on peut mettre, avec l'architecture,
00:13:07 le monde à l'échelle du corps de l'enfant,
00:13:12 mais aussi, on peut le mettre à l'échelle d'un corps social.
00:13:16 Là, c'est vrai que c'est un baldacin, aussi,
00:13:18 c'est le projet de salle des fêtes du restaurant "L'Ecole"
00:13:22 à Olot, en Espagne, des architectes RCR,
00:13:27 qui sont prises "prezca prais",
00:13:30 et qui ont construit toute leur oeuvre à Olot,
00:13:35 et dans les environs d'Olot, même si maintenant,
00:13:37 effectivement, ils construisent en France et en Europe,
00:13:41 et ils ont fait, donc, un restaurant,
00:13:43 et c'est vrai que ce restaurant, il est vraiment très étonnant,
00:13:46 si vous voulez, parce que c'est simplement des tubes de métal,
00:13:50 vous voyez, qui sont lancés comme ça,
00:13:53 c'est des tubes hyper lourds, vous voyez,
00:13:55 et donc ces tubes, comme ils sont très lourds,
00:13:57 ils ont pesé, et puis ils ont dessiné des courbes,
00:14:01 des courbes qui rappellent, bien sûr, les baldacins,
00:14:03 mais qui rappellent aussi les guirlandes,
00:14:05 que l'on voit, vous voyez, les guirlandes tressées,
00:14:07 que l'on imagine, vous voyez, pour les fêtes antiques,
00:14:10 sous lesquelles se passent les manifestations des fêtes antiques,
00:14:14 ça c'est vraiment, vous voyez, un espace,
00:14:18 pour le rassemblement, donc, d'une communauté,
00:14:21 et d'ailleurs, sur l'image, je crois que c'est un mariage,
00:14:23 tout s'organise, vous voyez, autour de,
00:14:27 non pas du corps de l'enfant, mais du corps de la mariée,
00:14:30 et du corps social qui est constitué, donc,
00:14:33 par ses parents, par ses cousins,
00:14:37 par sa famille, au sens large.
00:14:40 Voilà, donc là, ça vient prendre possession
00:14:46 d'un terrain qui est planté,
00:14:48 et les arbres passent, donc, à travers de la structure,
00:14:52 et il y a deux massifs en béton, de part et d'autre,
00:14:57 qui permettent de tenir ces grands tubes d'acier cortène,
00:15:03 et en fait, si vous voulez, la courbe de la toiture,
00:15:07 elle est totalement naturelle,
00:15:09 c'est la courbe qui a pris, donc, automatiquement,
00:15:13 vous voyez, ces poutres très particulières,
00:15:16 puisqu'elles sont cylindriques.
00:15:23 On voit, donc, c'est juste deux massifs,
00:15:27 en béton, recouverts de pierre.
00:15:29 Ces poutres en cortène,
00:15:33 qui soutiennent, donc, une toiture très légère,
00:15:37 en polycarbonate, qui permet de protéger de la pluie,
00:15:40 et puis après, donc, tout un système
00:15:42 qui permet, donc, de protéger les arbres,
00:15:47 donc, faire en sorte que les arbres puissent sortir
00:15:50 de la toiture, sans, quand il pleut,
00:15:53 permettre à la pluie de rentrer dans le restaurant.
00:15:57 Tout est, il n'y a que ça,
00:16:01 le mobilier, c'est ce qu'ils ont dessiné,
00:16:03 est en plexiglas, il est complètement invisible,
00:16:07 il y a juste, vous voyez, cette toiture,
00:16:09 et c'est elle, donc, qui détermine l'espace.
00:16:14 Cet espace, c'est festif.
00:16:17 C'est un peu ce que j'expliquais au départ,
00:16:19 le bal d'aquin, effectivement, ça permet,
00:16:22 juste par la couverture,
00:16:25 donc, de déterminer un espace,
00:16:28 il n'y a besoin de pratiquement aucun autre élément.
00:16:32 Voilà, autre exemple, un peu du même type,
00:16:37 c'est le pavillon de Lisbonne,
00:16:41 de Portugal, pardon, pour l'exposition universelle
00:16:45 de Lisbonne, en 98, d'Alvaro Cisa,
00:16:49 et c'est vrai qu'il a réussi un exploit totalement délirant,
00:16:52 c'est-à-dire que, vous voyez, au lieu de tendre un drap,
00:16:55 pour protéger les gens,
00:16:58 eh bien, il a tendu un voile en béton,
00:17:01 une dalle en béton, vous voyez,
00:17:03 donc la dalle, on a pris des câbles métalliques,
00:17:07 on a coulé la dalle autour des câbles
00:17:10 qui étaient dans des tubes, pour pouvoir travailler,
00:17:13 et on a construit ces énormes portiques
00:17:17 qui permettent de tenir
00:17:21 les poids latéraux qui sont exercés
00:17:25 par les forces latérales
00:17:29 qui sont exercées par le poids de la dalle.
00:17:33 Vraiment, c'est un truc sidérant, vous voyez,
00:17:36 c'est une chose...
00:17:38 C'est étonnant, toujours, de la part de Valero Cisa,
00:17:40 parce que c'est plutôt quelqu'un qui est connu, finalement,
00:17:43 pour s'être occupé du logement, du logement social,
00:17:46 au Portugal, c'est comme ça qu'il a commencé,
00:17:49 mais là, c'est un geste, vraiment, d'une force absolue.
00:17:53 C'est sans doute le bâtiment le plus impressionnant
00:17:56 qu'il ait pu faire.
00:17:58 Vous voyez, les contreforts, vous voyez,
00:18:01 qui tiennent la dalle.
00:18:04 Et là, vous voyez, on voit les câbles
00:18:07 qui viennent s'accrocher à ces portiques
00:18:10 et qui rentrent, et qui coulissent, vous voyez,
00:18:13 à l'intérieur de la dalle.
00:18:17 Le bal d'Aqqa.
00:18:25 Simplement, vous voyez, un espace très monumental,
00:18:29 pas tellement pour protéger, mais justement, vous voyez,
00:18:32 comme les Vierges en gloire,
00:18:35 c'est pour mettre les gens en valeur,
00:18:38 pour leur accorder la dimension qu'ils méritent.
00:18:42 Et la dimension de quelqu'un, c'est pas forcément, vous voyez,
00:18:45 2,50 m sous plafond, c'est pas ça, quoi.
00:18:48 Il faut autre chose pour parvenir à mettre les corps en gloire.
00:18:53 Alors, je vous avais dit, effectivement,
00:18:56 qu'on va retrouver un petit peu des questions
00:18:59 qu'on s'est posées la dernière fois sur le sol,
00:19:02 notamment la question de la trame.
00:19:05 On a vu la dernière fois, effectivement, que le sol,
00:19:08 il est tramé, vous voyez.
00:19:11 Ça permet de marquer, vous voyez, donc, sur la Terre,
00:19:16 la puissance, quelque part, de la raison humaine,
00:19:19 de la pensée humaine, la puissance humaine.
00:19:22 Ça permet aussi de coloniser, donc, le sol.
00:19:25 Mais on peut aussi tramer le ciel.
00:19:28 Voilà, donc, une annonciation de Mazzaccio.
00:19:31 Le sol, il est tramé, mais le ciel, le plafond,
00:19:37 eh bien, il est tramé, lui aussi, de la même façon.
00:19:41 Et là, comme ça, on a un espace qui est rigoureusement orthonormé,
00:19:46 qui est rigoureusement mathématique,
00:19:49 qui est rigoureusement humain.
00:19:52 Autre exemple de tramage du ciel,
00:19:55 c'est la nouvelle galerie nationale de Berlin, de Mise en d'Eros.
00:19:59 C'est une gigantesque toiture à caisson,
00:20:02 qui est presque autoporteuse, si on veut,
00:20:05 parce qu'on pourrait la porter presque en hélicoptère.
00:20:08 Et elle est portée juste par 8 poteaux, vous la voyez,
00:20:11 qui ne sont pas placés dans les angles, mais qui sont placés latéralement.
00:20:14 Et surtout, les poteaux, ils sont légèrement en débord.
00:20:18 Donc, ça permet, effectivement, de laisser, vous la voyez,
00:20:22 complètement inflotter cette gigantesque toiture
00:20:26 qui apparaît en lévitation.
00:20:29 Et effectivement, c'est un musée.
00:20:32 Je ne sais pas trop, je crois que...
00:20:35 Oui, on peut exposer quelques œuvres monumentales dans cet espace,
00:20:39 mais en même temps, l'espace, il est vraiment intéressant
00:20:42 que lorsqu'il est vide, parce que finalement,
00:20:45 la sculpture, c'est vraiment le public qui parvient
00:20:48 à mettre en scène, à représenter,
00:20:52 à mettre en évidence, à mettre en gloire.
00:20:56 On voit le poteau qui est légèrement déporté,
00:21:01 avec la rotule qui permet, effectivement,
00:21:04 une certaine flexibilité au système,
00:21:07 et qui permet, justement, à cette toiture à caisson
00:21:11 de flotter, malgré sa lourdeur,
00:21:14 de flotter totalement au-dessus de l'espace.
00:21:17 Et on voit, bien sûr, ici, que le sol, autour du bâtiment,
00:21:21 il est aussi tramé.
00:21:24 Voilà.
00:21:26 On est dans un espace totalement orthonormé,
00:21:30 au sol comme au plafond.
00:21:33 On est donc entre deux surfaces horizontales,
00:21:38 et en plus, des surfaces qui sont carroyées.
00:21:42 Autre exemple, très différent,
00:21:45 c'est le théâtre plein de Bernardo Secchi
00:21:48 et Paola Vigano, en verre.
00:21:52 C'est l'aménagement d'une place devant le théâtre,
00:21:56 je ne sais plus comment il s'appelle ce théâtre,
00:21:58 mais peu importe, c'est un théâtre des années 70.
00:22:01 Comme dans les années 70, c'est vrai qu'on ne s'occupait absolument pas
00:22:04 de la représentation des bâtiments,
00:22:06 donc c'est sans doute une salle très bien,
00:22:09 mais c'est vrai que quand on passe devant, on ne sait pas ce que c'est.
00:22:12 Et donc, ils ont construit cette gigantesque structure
00:22:17 qui fait, je crois, 15 mètres de haut,
00:22:20 pour justement faire en sorte que le bâtiment puisse avoir une représentation.
00:22:26 Et surtout que le public puisse avoir,
00:22:30 le public qui va au théâtre,
00:22:32 avant d'entrer dans le théâtre,
00:22:36 avant de s'asseoir pour voir une comédie ou un drame,
00:22:41 et surtout en sortant du théâtre,
00:22:44 se mettre en scène,
00:22:47 se constituer comme les acteurs de la vie sociale.
00:22:53 Ce sont des mâts, ce n'est même pas des poteaux,
00:22:57 ce n'est pas des colonnes, ce n'est pas des piliers,
00:23:00 ce sont des mâts en métal,
00:23:02 là on voit vraiment la trame en transparence,
00:23:05 puisque les poutres, la poutre principale, sont inversées.
00:23:10 Ce qu'on voit là, ce sont les poutrelles,
00:23:14 c'est le système secondaire qui porte le vitrage de la toiture,
00:23:19 mais en transparence, ça dessine un caroyage,
00:23:25 ça dessine une trame.
00:23:27 Mais ce qui est très beau aussi, c'est que l'escalier de secours du théâtre,
00:23:31 il vient se greffer sur la structure du baldaquin,
00:23:37 et c'est extrêmement impressionnant,
00:23:40 cette architecture un petit peu nautique,
00:23:43 de haubans, de câbles, de mâts,
00:23:46 qui vient porter en très peu de points ce grand escalier.
00:23:55 Créer deux plans horizontaux, parallèles,
00:24:03 ça c'est un dessin d'Arsic Zoom,
00:24:07 et c'est peut-être ça l'architecture finalement,
00:24:10 on crée deux plans, complètement ouverts, protégés,
00:24:14 qui nous permettent d'avoir une vision panoramique sur le monde,
00:24:20 un regard sur le monde,
00:24:22 qui permet de voir le monde,
00:24:24 qui permet de vérifier tout ce qui se passe dans le monde,
00:24:29 et c'est effectivement ce que réalise le mieux Miss Vanderohe,
00:24:33 au Crown Hall à Chicago,
00:24:36 puisque là, il n'y a pas de poutres qui apparaissent,
00:24:40 en plafond du bâtiment,
00:24:43 puisque les poutres sont inversées,
00:24:46 au lieu d'être sous le toit, elles sont au-dessus du toit,
00:24:50 mais je vous assure, c'est complètement sidérant,
00:24:55 ça c'est vrai, ce ne sont pas mes photos,
00:24:57 je ne sais même pas où elles sont, c'est des diapositives,
00:24:59 donc je n'ai pas pu les retrouver,
00:25:01 mais c'est sidérant, quand on est plongé dans cet espace,
00:25:04 ce sentiment que l'on peut avoir,
00:25:07 sous ce gigantesque plafond,
00:25:11 où on ne voit pas de poutres,
00:25:15 et quelque part aussi, on ne voit pas les poteaux,
00:25:18 puisque les poteaux sont très fins,
00:25:20 et puis se confondent avec les menuiseries
00:25:24 qui portent le mur de verre.
00:25:29 Voilà, les poutres inversées,
00:25:33 le plafond plat,
00:25:38 toujours pareil, un peu comme,
00:25:41 d'ailleurs c'est toujours le même système chez Misondero,
00:25:43 c'est-à-dire qu'il y a toujours un grand espace ouvert,
00:25:46 et après dessous, effectivement,
00:25:49 c'est un sol servant,
00:25:52 avec des bureaux, des salles de réunion,
00:25:56 et là, pour le musée,
00:25:58 pour la nouvelle galerie de Berlin,
00:26:01 il y avait cette grande salle,
00:26:03 où on exposait parfois quelques sculptures monumentales,
00:26:05 et puis après, dessous,
00:26:07 en sous-sol pratiquement,
00:26:09 le musée, et là c'est pareil,
00:26:12 les grandes salles, des grandes salles de travail,
00:26:14 puisque le Kronholdt, c'est une école d'architecture,
00:26:16 donc il y a des ateliers où on peut travailler,
00:26:19 et puis en dessous,
00:26:21 tout ce qui est toilettes, tout ce qui est bureaux,
00:26:23 tout ce qui est salles de réunion.
00:26:26 Voilà, on est plongé dans cet espace,
00:26:29 entre ce sentiment,
00:26:31 un sentiment de liberté,
00:26:34 il n'y a aucune colonne,
00:26:36 il n'y a aucune poutre,
00:26:38 on ne sait pas du tout comment le toit est porté,
00:26:43 comment il tient,
00:26:45 il y a une impression de flottement,
00:26:49 de flottement total,
00:26:51 presque irrationnel,
00:26:53 il y a un côté presque magique dans cette architecture.
00:26:57 Voilà, donc il s'ouvre sur le paysage,
00:27:01 bon, il ne s'ouvre pas vraiment sur le paysage,
00:27:03 parce que les vitrages du bas,
00:27:05 ils sont sablés,
00:27:07 comme c'est une salle de travail,
00:27:09 pour que les étudiants puissent travailler,
00:27:11 il n'y a que ceux du haut qui sont transparents,
00:27:13 pour permettre à la lumière de rentrer en abondance dans les salles,
00:27:18 tout en étant aussi fermé par des stores héniciens.
00:27:22 Autre exemple,
00:27:28 d'entre deux plans,
00:27:32 c'est le centre culturel de Vienna de Castello,
00:27:35 au Portugal, de Eduardo Soto de Moura,
00:27:38 bon, vous voyez, il devait faire une salle de sport,
00:27:40 enfin une salle polyvalente,
00:27:42 et en même temps,
00:27:44 il y avait une règle d'urbanisme qui s'était lui-même fixée,
00:27:47 avec Alvaro Siza,
00:27:49 c'est d'avoir, je crois,
00:27:51 une sorte de ligne, comme ça,
00:27:53 à 6 mètres.
00:27:55 Donc, il a fait, il a suivi,
00:27:57 oui, on la voit, donc,
00:27:59 on voit la ligne au premier plan,
00:28:01 dans le bâtiment du premier plan,
00:28:03 le bâtiment de Soto de Moura,
00:28:05 et on le voit dans les autres bâtiments,
00:28:07 notamment le bâtiment qui est complètement à droite,
00:28:09 qui est la bibliothèque d'Alvaro Siza,
00:28:11 donc, il y a un plan continu,
00:28:13 et voilà, tout le travail,
00:28:15 ça a été d'avoir cette idée,
00:28:17 vous voyez, avoir l'idée de balde d'acat,
00:28:19 d'avoir l'idée d'une horizontale,
00:28:21 comme ça, en suspension,
00:28:23 à l'extérieur et à l'intérieur,
00:28:25 même si elles ne vont pas correspondre,
00:28:27 parce qu'effectivement, la salle de sport,
00:28:29 elle a besoin d'un grand volume,
00:28:31 donc elle est partie, en partie creusée,
00:28:33 et puis, le toit lui-même,
00:28:35 vous voyez,
00:28:37 il est creusé,
00:28:39 et il faut laisser une hauteur suffisante
00:28:41 à tous les jeux qui peuvent être organisés
00:28:43 dans cet espace,
00:28:45 qui est à la fois un espace de concert
00:28:47 et un espace sportif.
00:28:49 On a vraiment l'impression
00:28:51 d'une table en béton
00:28:53 qui repose sur des poteaux,
00:28:55 en fait, tout est en métal,
00:28:57 on va le voir tout à l'heure,
00:28:59 l'idée aussi,
00:29:01 pour faire oublier,
00:29:03 que finalement, la salle,
00:29:05 elle continue, au-delà de la ligne horizontale,
00:29:07 c'est de mettre
00:29:09 tout le réseau de ventilation
00:29:11 à l'horizontale,
00:29:13 au-dessus de cette table.
00:29:15 Vous voyez, on voit la coupe,
00:29:17 on voit la ligne horizontale,
00:29:19 et on voit que le bâtiment
00:29:21 est creusé à la fois dans le sol
00:29:23 et puis à la fois au-dessus,
00:29:25 en toiture,
00:29:27 pour avoir la hauteur nécessaire
00:29:29 à tous les jeux
00:29:31 qui peuvent être organisés
00:29:33 dans cette salle.
00:29:35 Donc,
00:29:37 imposée par tous les événements
00:29:39 de cette salle.
00:29:41 Voilà,
00:29:43 ça c'est la structure en métal,
00:29:45 c'est des photos du chantier,
00:29:47 c'est une grande poutre,
00:29:49 des grandes poutres
00:29:51 trahies périphériques
00:29:53 qui reposent sur des poteaux en béton,
00:29:55 et puis ensuite,
00:29:57 il y a d'autres poutres
00:29:59 trahies, plus fines,
00:30:01 qui viennent porter la toiture
00:30:03 et soutenir le plafond.
00:30:05 Et le plafond,
00:30:07 contrairement à la plupart des salles de sport
00:30:09 où il y a des tubes de partout,
00:30:11 là il n'y a rien,
00:30:13 l'extraction se fait par les côtés,
00:30:15 elle se fait surtout par les gradins,
00:30:17 l'air est insufflé par les gradins,
00:30:19 l'extraction ensuite
00:30:21 se fait par les côtés,
00:30:23 et donc le plafond,
00:30:25 il est pratiquement lisse,
00:30:27 il y a juste des spots encastrés,
00:30:29 c'est la façon la plus simple,
00:30:31 la moins voyante
00:30:33 de positionner un éclairage.
00:30:35 Bon, bien sûr,
00:30:41 le baldaquin, c'est vrai qu'il affirme
00:30:43 la légèreté.
00:30:45 Moi, j'aurais pu parler de tas de choses,
00:30:47 c'est vrai que c'était toujours embêtant
00:30:49 pour faire un cours,
00:30:51 parce que le cours dure une heure et demie,
00:30:53 on peut se dire "putain, j'aurais dû dire ça".
00:30:55 J'aurais pu dire aussi que le baldaquin,
00:30:57 ça vient de l'attente,
00:30:59 ça vient de, peut-être,
00:31:01 c'est quelque chose qui s'invite,
00:31:03 dans l'architecture en pierre.
00:31:07 Par exemple, les baldaquins religieux,
00:31:09 le baldaquin de Saint-Pierre du Bernin,
00:31:11 il est à Saint-Pierre-de-Rome,
00:31:14 il vient s'inviter comme ça,
00:31:16 dans le bâtiment.
00:31:18 Comme pour nous rappeler,
00:31:20 avant de construire, peut-être,
00:31:23 d'être des sédentaires,
00:31:25 nous avons été des nomades.
00:31:28 Peut-être qu'il y a ça aussi
00:31:30 dans le baldaquin.
00:31:32 C'est aussi une chose que l'on voit,
00:31:34 peut-être, dans la religion juive,
00:31:37 avec les mariages juifs
00:31:39 qui se font sous la houppa,
00:31:41 sur une cabane en toile,
00:31:43 qui est ouverte aux quatre vents,
00:31:45 comme la maison d'Abraham.
00:31:47 Il y a aussi cette idée-là,
00:31:49 dans le baldaquin,
00:31:51 vraiment de protection première,
00:31:55 comme une sorte d'habit.
00:31:57 La tente, c'est presque comme un habit.
00:32:01 On voit ensuite que cet habit,
00:32:03 ce baldaquin,
00:32:05 il n'est plus simplement en drap,
00:32:08 mais il est en soirée,
00:32:10 il est avec des fils d'or,
00:32:13 des perles,
00:32:15 ou alors il est construit
00:32:18 avec des structures.
00:32:20 Peut-être que dans le baldaquin,
00:32:23 il y a quelque chose
00:32:25 de l'ordre du nomadisme,
00:32:28 d'avant le néolithique,
00:32:31 d'avant la sédentarisation,
00:32:35 la légèreté.
00:32:38 C'est le bâtiment de Piano,
00:32:40 de Renzo Piano,
00:32:42 de l'agence Piano,
00:32:44 à Athènes,
00:32:46 sur la fondation Stavros Nerkos.
00:32:49 C'est vrai que ce bâtiment,
00:32:51 il est bien sûr vraiment remarquable,
00:32:54 son baldaquin,
00:32:56 c'est un truc qui est complètement sidérant,
00:32:59 parce que ça semble flotter complètement dans l'espace.
00:33:02 Ensuite, c'est vrai que,
00:33:04 tout à l'heure on a vu,
00:33:06 chez Miss Vandero,
00:33:08 la toiture était un plan,
00:33:10 quand on était à l'intérieur de la toiture,
00:33:12 quand on était à l'intérieur du bâtiment,
00:33:14 on voyait le plan,
00:33:16 mais quand on sortait,
00:33:18 on voyait les poutres inversées
00:33:20 qui tiennent le plan du plafond.
00:33:22 Le baldaquin, c'est une lentille,
00:33:25 c'est une lentille,
00:33:27 donc c'est des poutres qui finissent par être très très épaisses
00:33:30 en leur centre,
00:33:32 mais tout ça, ça n'apparaît pas.
00:33:34 Il y a une impression de légèreté totale.
00:33:37 Ça, c'est le premier point.
00:33:39 Ce bâtiment, quelque part,
00:33:41 c'est un baldaquin, c'est une toiture
00:33:43 qui repose, comme en lévitation,
00:33:45 sur des mâts, comme tout à l'heure,
00:33:47 le projet en verre
00:33:50 de Viganò et Secchi.
00:33:52 Ce qui est intéressant aussi,
00:33:54 c'est que, ça m'a aussi toujours frappé,
00:33:56 parce que ce projet-là,
00:33:58 il est à Athènes,
00:34:00 c'est son ancien hypodrome d'Athènes,
00:34:02 et surtout,
00:34:04 il pose un réel problème,
00:34:06 l'emplacement pose un réel problème,
00:34:08 parce que, vous voyez, il y a tout un système
00:34:10 de voies,
00:34:12 à gauche,
00:34:14 et ce système de voies, il coupe,
00:34:16 vous voyez, complètement, la baie de Faler,
00:34:18 d'Athènes.
00:34:20 Et tout ce quartier-là,
00:34:22 le quartier où se trouve
00:34:24 le...
00:34:26 où se trouvait avant l'hypodrome,
00:34:28 il est pratiquement
00:34:30 complètement enclavé. Et je sais que,
00:34:32 même dans les années 80,
00:34:34 j'étais encore étudiant, j'avais vu des projets
00:34:36 qui cherchaient à désenclaver
00:34:38 ce site, en créant
00:34:40 des jardins avec des ponts
00:34:42 au-dessus de l'autoroute urbaine
00:34:44 qui va du Piret
00:34:46 à Sounion,
00:34:48 et là, lui, putain, il s'est absolument pas occupé
00:34:50 de ça, il a gardé le terrain,
00:34:52 il a gardé l'espace,
00:34:54 qui est toujours...
00:34:56 il est pratiquement toujours aussi enclavé,
00:34:58 et surtout, ce qui est super intéressant, je trouve, c'est que,
00:35:00 plutôt que de chercher à dialoguer avec la baie
00:35:02 de Faler, il s'est retourné
00:35:04 vers Athènes, et puis,
00:35:06 il a cherché à dialoguer
00:35:08 au loin, parce qu'on le voit,
00:35:10 un cantonnet sur le Belvédère,
00:35:12 il a cherché à dialoguer au loin
00:35:14 avec le Parthénon.
00:35:16 Le Parthénon, c'est vrai qu'on le verra
00:35:18 au prochain cours,
00:35:20 sur la colonne, c'est complètement l'inverse.
00:35:22 C'est d'énormes
00:35:24 colonnes, vous voyez,
00:35:26 galbées,
00:35:28 d'énormes colonnes
00:35:30 qui sont
00:35:32 rémunérées,
00:35:34 qui portent, donc,
00:35:36 une toiture, finalement,
00:35:38 assez petite,
00:35:40 c'est complètement l'inverse.
00:35:42 C'est un effet, comme ça, de pesanteur,
00:35:44 de poussée,
00:35:46 et de l'autre côté,
00:35:48 c'est juste, vous voyez,
00:35:50 un effet, au contraire,
00:35:52 d'apesanteur,
00:35:54 de lévitation.
00:35:56 Après, effectivement,
00:35:58 le projet,
00:36:00 c'est pas que
00:36:02 le baldaquin,
00:36:04 c'est Niarchos,
00:36:06 un grand milliardaire, qui n'a jamais payé ses impôts,
00:36:08 et qui a dit, moi, je vais faire un truc
00:36:10 pour Athènes,
00:36:12 parce que c'est un armateur, donc il y a des bateaux partout,
00:36:14 je vais faire un truc pour Athènes, donc il a construit
00:36:16 un opéra,
00:36:18 et puis une bibliothèque,
00:36:20 et,
00:36:22 voilà, donc,
00:36:24 il a construit,
00:36:26 c'est un sol, en fait, le projet, c'est un sol,
00:36:28 comme l'acropole, en fait,
00:36:30 l'acropole, c'est un rocher,
00:36:32 à l'origine, il était complètement construit,
00:36:34 là, c'est pareil, c'est une acropole,
00:36:36 c'est construit, et après, dans cette acropole,
00:36:38 on a creusé,
00:36:40 on a donc un opéra,
00:36:42 et une bibliothèque.
00:36:44 Mais l'intérêt, l'important, c'est ça,
00:36:46 c'est aller, c'est quand on va,
00:36:48 donc il y a des grands jardins,
00:36:50 c'est planté, quand on monte sur ce sol,
00:36:52 et puis qu'on arrive après,
00:36:54 le soir,
00:36:56 ici, quoi, c'est...
00:36:58 C'est le sentiment, comme ça,
00:37:00 d'être grand, d'être...
00:37:02 Voilà, peut-être l'acropole, c'est pour les dieux, je ne sais pas quoi,
00:37:04 mais là, vraiment, on est complètement
00:37:06 libéré, on ne va pas prier,
00:37:08 on va plutôt boire des...
00:37:10 Je ne sais pas comment ça s'appelle, des schpritz,
00:37:12 mais voilà, on est là, plongé, comme ça,
00:37:14 dans... Grand, là, voilà.
00:37:16 Libéré, un espace
00:37:18 à notre échelle.
00:37:20 Voilà, donc,
00:37:22 on peut flotter,
00:37:24 on peut sourire,
00:37:26 on peut regarder au loin,
00:37:28 vers l'infini, mais aussi,
00:37:30 on va voir, on va revenir sur
00:37:32 Ernesto, là, qui ne voulait pas
00:37:34 apprendre des choses qu'il ne savait pas,
00:37:36 on voit aussi qu'on peut s'enfermer,
00:37:38 on peut s'enfermer
00:37:40 complètement dans son monde.
00:37:42 Voilà,
00:37:44 c'est le projet de nouvelles
00:37:46 pour la salle des congrès
00:37:48 de Lucerne.
00:37:50 C'est vraiment un truc, c'est vrai,
00:37:52 qui est complètement saisissant, parce que c'est le lac
00:37:54 de Lucerne, donc, voilà,
00:37:56 le projet s'avance vers le lac,
00:37:58 et surtout,
00:38:00 il a...
00:38:02 Enfin, la salle,
00:38:04 elle est magnifique, d'ailleurs, elle a un peu
00:38:06 anticipé, enfin, acoustiquement,
00:38:08 ce qu'il a fait ensuite à Paris,
00:38:10 à la Philharmonie. La salle, elle est vraiment...
00:38:12 Mieux que ce soit une salle à l'italienne,
00:38:14 pas du tout une salle
00:38:16 en plan de vigne, comme celle
00:38:18 de Paris. Mais voilà,
00:38:20 donc c'est un grand projet,
00:38:22 et pour ça, en fait,
00:38:24 il a fait, vous voyez,
00:38:26 une gigantesque toiture,
00:38:28 un gigantesque baldacin,
00:38:30 vous voyez, il n'est pas, vous voyez,
00:38:32 pour les enfants, comme
00:38:34 chez Quiraux, il n'est pas pour la communauté,
00:38:36 comme chez RCR,
00:38:38 ou chez CISA,
00:38:40 mais il est pour un bâtiment,
00:38:42 cette salle de concert,
00:38:44 voilà, qui vient, et qui est
00:38:46 donc
00:38:48 soulignée, mise en scène,
00:38:50 par ce gigantesque
00:38:52 baldacin,
00:38:54 qui s'avance vers le lac,
00:38:56 et en même temps,
00:38:58 le lac, vous voyez,
00:39:00 il s'avance, parce qu'il y a des plans d'eau,
00:39:02 donc il rentre dans la terre,
00:39:04 et donc ensuite, après, il y a un effet de
00:39:06 mise en abyme, puisque le
00:39:08 grand baldacin, avec ses poutres
00:39:10 inversées, comme chez Misondero,
00:39:12 pour le Crown Hall, et bien,
00:39:14 ce grand baldacin, il est en acier
00:39:16 poli, qui réfléchit,
00:39:18 vous voyez, et donc il y a cet effet
00:39:20 de mise en abyme,
00:39:22 où le plan d'eau
00:39:24 réfléchit le baldacin, qui réfléchit le plan d'eau.
00:39:26 Vous voyez ?
00:39:28 Et là, c'est là, c'est là, quelque part.
00:39:30 Voilà. On est bien,
00:39:32 peut-être, ici. On peut ruminer.
00:39:34 On n'est plus
00:39:36 exposé, finalement.
00:39:38 Ça semble ouvert, mais
00:39:40 finalement, non.
00:39:42 Ça ne l'est pas, parce que
00:39:44 le plan du sol,
00:39:46 se réfléchit
00:39:48 dans celui du toit.
00:39:50 Voilà, la salle,
00:39:52 qui vient
00:39:54 se mettre en scène
00:39:56 sous le
00:39:58 grand baldacin. Un baldacin,
00:40:00 effectivement, qui ne va pas mettre en scène
00:40:02 la Madonna de Luc.
00:40:04 Non. Il met en scène
00:40:06 une salle de concert.
00:40:08 Une grande salle, une gigantesque
00:40:10 salle, à l'italienne.
00:40:12 Voilà, cette histoire
00:40:16 de narcisse,
00:40:18 de se refléter.
00:40:22 Cette histoire-là,
00:40:24 elle a aussi très bien été mise en évidence
00:40:26 par Faustère
00:40:28 à Marseille,
00:40:30 pour l'aménagement du Vieux-Port.
00:40:32 Au départ, il voulait faire simplement
00:40:34 une ombrière. Et puis après, il a eu cette idée
00:40:36 finalement,
00:40:38 assez démente, d'avoir
00:40:40 cette façade, qui est vraiment, cette fois-ci,
00:40:42 une façade miroir.
00:40:44 Donc, on est
00:40:46 sous le baldacin, on est protégé,
00:40:48 et puis on regarde en l'air, et on se voit.
00:40:50 Ah, quel plaisir !
00:40:52 Vous voyez, on est là,
00:40:54 on est pris dans notre
00:40:56 propre monde.
00:40:58 Je ne sais même pas si on regarde
00:41:00 les autres, puisqu'on peut se voir soi-même.
00:41:02 Toujours pareil, c'est toujours une lentille,
00:41:06 comme celle de Piano
00:41:08 à Athènes, ce qui lui donne cette
00:41:12 légèreté.
00:41:14 La structure.
00:41:16 Et bien sûr,
00:41:18 le plaisir,
00:41:20 le plaisir narcissiste
00:41:22 de se voir,
00:41:24 de se regarder.
00:41:26 Et même avec un côté ludique, parce qu'en général,
00:41:28 on se regarde furtivement,
00:41:30 dans un miroir,
00:41:32 dans une vitrine de magasin,
00:41:34 dans les miroirs qui sont dans les rues,
00:41:36 tandis que là, ce n'est pas furtif.
00:41:38 On se penche
00:41:40 à l'arrière, et on se regarde.
00:41:42 Et le monde se ferme
00:41:46 autour de nous.
00:41:48 Autre exemple,
00:41:50 c'est juste à côté,
00:41:52 c'est le restaurant Bonny
00:41:54 d'Ouliafour Eliasson,
00:41:56 dans l'ancienne préfecture de Paris,
00:41:58 dans l'hôtel
00:42:00 qui était
00:42:02 aménagé par Schiperfied.
00:42:04 C'est cet artiste,
00:42:06 c'est Ouliafour Eliasson, qui a fait le restaurant
00:42:08 et le bar. Et c'est vrai que
00:42:10 dans le restaurant,
00:42:12 il y a aussi
00:42:14 un baldacin, un vent,
00:42:16 qui est
00:42:18 réfléchissant, totalement réfléchissant.
00:42:20 Et quand on s'approche, quand on sort,
00:42:22 au lieu d'être confronté
00:42:24 au paysage, on se retrouve
00:42:26 confronté au sol.
00:42:28 C'est assez...
00:42:30 C'est finalement une expérience
00:42:32 assez sidérante, parce qu'en général,
00:42:34 quand on monte sur une tour,
00:42:36 c'est pour regarder au loin.
00:42:38 On monte,
00:42:40 mais finalement, on regarde en bas,
00:42:42 à ses pieds.
00:42:44 Toujours nul. Et puis là,
00:42:48 c'est le bar qui est au-dessus.
00:42:50 Le bar qui est au-dessus,
00:42:52 je ne voulais pas en parler deux fois,
00:42:54 de ce bâtiment, parce que je ne le trouve pas si intéressant
00:42:56 que ça. Mais
00:42:58 le bar qui est au-dessus, c'est autre chose,
00:43:00 puisque ce sont des caissons en verre,
00:43:02 des caissons en verre qui piègent le ciel,
00:43:04 qui permettent soit, quand il fait
00:43:06 gris, de voir le ciel,
00:43:08 soit, quand il y a de la lumière,
00:43:10 de l'eau pacifiée.
00:43:12 Et surtout, ces caissons,
00:43:14 ils sont entourés
00:43:16 de bandes lumineuses, et puis la nuit,
00:43:18 ils se réfléchissent sur
00:43:20 les vitrages, et ils créent comme ça
00:43:22 un effet
00:43:24 de baldaquin
00:43:26 virtuel.
00:43:28 Là, on ne sait plus trop où est le vrai baldaquin
00:43:30 et où commence le reflet du
00:43:32 baldaquin dans le verre
00:43:34 de la façade.
00:43:38 Mais on imagine,
00:43:40 vous voyez, la nuit,
00:43:42 quand il fait,
00:43:44 quand la lumière baisse,
00:43:46 cette trame,
00:43:48 cette trame virtuelle
00:43:50 qui vient donc
00:43:52 recouvrir la
00:43:54 capitale. Enfin, je vais reparler
00:43:56 à la fin, parce qu'il y a un autre projet,
00:43:58 je pense, bien antérieur à celui-ci,
00:44:00 et beaucoup plus intéressant,
00:44:02 de nouvelles,
00:44:04 dont on parlera en conclusion.
00:44:06 Voilà, bien sûr,
00:44:08 je l'ai dit,
00:44:10 le baldaquin,
00:44:12 ça parle
00:44:14 d'intercession,
00:44:16 c'est vrai que c'est
00:44:18 à la fois,
00:44:20 c'est quelque chose
00:44:22 qui tient
00:44:24 lieu de ciel, mais un ciel
00:44:26 plus doux, plus clément,
00:44:28 qui nous empêche
00:44:30 d'être confrontés directement
00:44:32 au sol cruel,
00:44:34 tout comme, effectivement,
00:44:36 le Christ,
00:44:38 effectivement, vient
00:44:40 intercéder entre le dieu
00:44:42 biblique,
00:44:44 cruel et incompréhensible,
00:44:46 et les hommes.
00:44:48 Voilà.
00:44:50 C'est le jugement dernier, et ça c'est fou,
00:44:52 parce que c'est le tribunal
00:44:54 de Nantes, de nouvelles.
00:44:56 C'est vrai que j'y suis retourné il y a pas longtemps,
00:44:58 j'ai des revues comme ça,
00:45:00 j'ai retrouvé ma photo que j'avais prise avant,
00:45:02 j'y suis passé, c'est vrai que c'est un baldaquin,
00:45:04 c'est vraiment une nappe,
00:45:06 comme ça, qui est au-dessus
00:45:08 du sol,
00:45:10 qui flotte au-dessus
00:45:12 du sol, c'est un baldaquin,
00:45:14 et c'est un baldaquin servant,
00:45:16 puisque ce baldaquin a des activités,
00:45:18 et dans ce baldaquin qui intercède
00:45:20 entre
00:45:22 le ciel et les hommes,
00:45:24 il y a quelque part les juges,
00:45:26 qui viennent intercéder,
00:45:28 peut-être,
00:45:30 entre le jugement dernier
00:45:32 et le jugement laïque.
00:45:36 Les juges ont leur bureau
00:45:38 en toiture,
00:45:40 et ensuite ils descendent
00:45:42 pour juger
00:45:44 dans des salles
00:45:46 des prévenus
00:45:48 qui, eux, les attendent
00:45:50 dans le sous-sol,
00:45:52 et qui vont monter,
00:45:54 exactement comme
00:45:56 toutes les représentations picturales
00:45:58 du jugement dernier,
00:46:00 les jours du jugement,
00:46:02 les gens sortent
00:46:04 de leur tombe
00:46:06 et puis montent vers
00:46:08 le juge, qui, lui,
00:46:10 descend du ciel
00:46:12 et soit vont au paradis,
00:46:14 soit au contraire,
00:46:16 ils continuent à monter,
00:46:18 soit au contraire tombent et vont
00:46:20 à l'enfer. C'est tout le génie
00:46:22 des nouvelles,
00:46:24 d'avoir mis ça
00:46:26 en évidence.
00:46:28 C'est vrai que c'est un projet, je trouve,
00:46:30 formidable, parce qu'aujourd'hui,
00:46:32 on parle toujours de ce mot, je l'ai oublié d'ailleurs.
00:46:34 Comment s'appelle ce truc,
00:46:36 on oublie tout, tu vois.
00:46:38 Je sais pas, ta mère est morte,
00:46:40 t'as un avion, ton père a été coupé en morceaux,
00:46:42 mais tu continues à vivre, c'est trop génial.
00:46:44 Comment s'appelle ce mot ?
00:46:46 Comment ?
00:46:48 L'aménité, c'est le mot
00:46:50 le plus terrible d'histoire.
00:46:52 Donc là, lui, au moins, il n'y a aucune aménité.
00:46:54 C'est quoi ?
00:46:56 Non, l'aménité.
00:46:58 L'aménité, ouais.
00:47:00 C'est pas...
00:47:02 L'aménité, on arrive toujours
00:47:04 à vivre, finalement,
00:47:06 la vie est plus forte, donc on oublie ses problèmes.
00:47:08 Et tout ça s'est mis en avant aujourd'hui.
00:47:10 Tandis que lui, non, il n'y a aucune aménité.
00:47:12 Au contraire, c'est vraiment
00:47:14 la dureté totale
00:47:16 de la loi, de la civilisation
00:47:18 qui est mise en évidence.
00:47:22 Voilà, la coupe,
00:47:24 comme je l'ai dit tout à l'heure,
00:47:26 les prévenus attendent leur jugement
00:47:28 au sous-sol et ils montent
00:47:30 et les juges attendent de juger en haut
00:47:32 et ils descendent.
00:47:34 Et le baldaquin,
00:47:36 c'est un baldaquin servant
00:47:38 avec des activités.
00:47:40 Il est programmé.
00:47:42 Ce n'est pas simplement une structure.
00:47:46 Même si, là encore, vous voyez la structure,
00:47:48 on le voit sur le dessin, le rappel
00:47:50 avec ses caissons,
00:47:52 la structure
00:47:54 de la nouvelle galerie
00:47:56 de Mise en dérout,
00:47:58 de la nouvelle galerie
00:48:00 de Mise en dérout
00:48:02 à Berlin.
00:48:04 Là, il y a une forêt de poteaux.
00:48:06 Il n'y a pas quelques poteaux à l'extérieur.
00:48:08 Il n'a pas cherché,
00:48:10 si vous voulez, à faire un tour
00:48:12 de force structurelle.
00:48:14 Puisque le curseur
00:48:16 est placé ailleurs.
00:48:18 Là, c'est une toiture
00:48:20 qui est programmée.
00:48:22 C'est une toiture bourrée
00:48:24 d'éléments
00:48:26 qui permettent
00:48:28 d'éléments acoustiques
00:48:30 qui permettent de retenir les sons
00:48:32 pour éviter
00:48:34 un quelconque écho
00:48:36 dans la salle.
00:48:38 Dans la salle, il n'est pas perdu.
00:48:40 C'est très étonnant quand on rentre
00:48:42 parce qu'au sol, c'est du granit,
00:48:44 le plafond est haut, tout est métallique.
00:48:46 On a l'impression
00:48:48 que ça va être extrêmement bruyant,
00:48:50 qu'il va y avoir beaucoup
00:48:52 de réverbération. En fait,
00:48:54 non, pas du tout.
00:48:56 Voilà les salles
00:48:58 qui sont aussi
00:49:00 traitées acoustiquement pour absorber
00:49:02 les sons.
00:49:04 La salle de justice, avec la lumière
00:49:06 qui tombe d'en haut.
00:49:08 Voilà.
00:49:10 On ne s'est pas aménités.
00:49:14 Excusez-moi.
00:49:16 Non, c'est pas l'humilité.
00:49:20 C'est la résilience.
00:49:22 Merci beaucoup, monsieur.
00:49:24 C'est la résilience.
00:49:26 Là, il n'y a pas
00:49:28 de résilience.
00:49:30 Tout est...
00:49:32 C'est dur, c'est comme ça.
00:49:34 C'est tragique, c'est comme ça.
00:49:36 Voilà, notre projet...
00:49:40 Notre projet...
00:49:42 C'est un projet
00:49:44 de baldacchiens,
00:49:46 mais de baldacchiens programmés.
00:49:48 C'est un très intéressant projet
00:49:50 que viennent de gagner Anne Nacaton
00:49:52 et Jean-Philippe Bassal
00:49:54 en Arabie saoudite
00:49:56 à Al-Oula.
00:49:58 C'est un projet très bizarre,
00:50:00 parce qu'il fallait faire
00:50:02 une nouvelle Villa Médicis
00:50:04 pour rassembler l'Arabie saoudite,
00:50:06 qui n'est pas simplement
00:50:08 une...
00:50:10 une royauté pétrolière.
00:50:12 Pas du tout.
00:50:14 Il y a des tas de cultures
00:50:16 qui ont été complètement effacées
00:50:18 par l'islamisation,
00:50:20 notamment, effectivement,
00:50:22 les Nabatéens.
00:50:24 C'est une des grandes civilisations
00:50:26 nord-africaines.
00:50:28 Ce sont ceux qui ont construit
00:50:30 Petra, au Jordanie.
00:50:32 C'est une très, très grande
00:50:34 civilisation.
00:50:36 Et là, il y a beaucoup de tombes
00:50:38 et de monuments
00:50:40 Nabatéens, notamment
00:50:42 des rochers sculptés, creusés,
00:50:44 comme à Petra.
00:50:46 Et tout est fait,
00:50:48 effectivement, aujourd'hui,
00:50:50 pour faire voir,
00:50:52 soulever...
00:50:54 Justement, l'Arabie saoudite
00:50:56 s'est rapprochée de la France
00:50:58 pour essayer de voir comment
00:51:00 mettre en valeur tout ce patrimoine
00:51:02 extrêmement riche.
00:51:06 Voilà. La plupart des projets
00:51:08 de ce concours, c'est vrai que...
00:51:10 Je ne vais pas les critiquer,
00:51:12 mais c'était plutôt des objets
00:51:14 qui étaient posés.
00:51:16 Les cantons-vassales sont les seuls
00:51:18 à ne pas avoir fait d'objet,
00:51:20 mais à avoir fait un baldacin,
00:51:22 c'est-à-dire avoir créé
00:51:24 une grande surface
00:51:26 protégée, à la fois pour
00:51:28 protéger le public
00:51:30 de la chaleur, du soleil,
00:51:32 mais aussi, encore,
00:51:34 pour les mettre en valeur. Parce que, finalement,
00:51:36 le projet, c'est rien. C'est juste quelques poteaux
00:51:38 et une dalle.
00:51:40 Au-dessus, ce qu'on voit, c'est
00:51:42 les résidences d'artistes,
00:51:44 les salles d'exposition. Tout ça, c'est confié
00:51:46 à des artisans de la région. Ils ne sont pas du tout
00:51:48 travaillés là-dessus. L'important,
00:51:50 c'est d'avoir un grand espace public
00:51:52 où les gens, comme ils sont
00:51:54 dessinés, pourront
00:51:56 après se mettre en valeur.
00:51:58 Et aussi, cet espace public,
00:52:00 il vient
00:52:02 au-dessus d'une palmerie.
00:52:04 Là, on a la ville
00:52:06 à gauche. On a
00:52:08 la ville d'Alula.
00:52:10 Au fond, on a
00:52:12 la palmerie.
00:52:14 Au loin, c'est le massif
00:52:16 d'Edjaz.
00:52:18 L'idée, effectivement,
00:52:22 c'est de laisser,
00:52:24 sous le bâtiment, la palmerie.
00:52:26 Et d'avoir côté ville
00:52:28 tous les équipements
00:52:30 de la Villa Medicis,
00:52:32 cette nouvelle Villa Medicis,
00:52:34 les salles d'exposition,
00:52:36 l'administration. Et puis après,
00:52:38 au-dessus de la palmerie,
00:52:40 reliée par des passerelles
00:52:42 à la Villa,
00:52:44 avoir les résidences
00:52:46 des étudiants. Puisque comme la Villa
00:52:48 Medicis à Rome, il y aura
00:52:50 des étudiants
00:52:52 qui ne seront pas forcément français, qui viendront du monde entier,
00:52:54 qui viendront ici
00:52:56 en résidence.
00:52:58 Vous voyez, avoir une nappe
00:53:00 comme ça.
00:53:02 Il n'y a pratiquement pas
00:53:04 de fondation. Bien sûr, il y a des pieux,
00:53:06 il y a des poteaux. Mais il n'y a pas de fondation.
00:53:08 C'est simplement un bâtiment
00:53:10 qui vient flotter
00:53:12 au-dessus de l'existence. C'est un bel dac.
00:53:14 Qui va mettre,
00:53:16 peut-être, on va le voir après,
00:53:18 les citronniers qui sont cultivés
00:53:20 dans la palmerie.
00:53:22 Tous ces agrumes
00:53:24 qui étaient cultivés dans l'Antiquité,
00:53:26 qui pourront être recultivés
00:53:28 aujourd'hui. Tous ces agrumes,
00:53:30 ils vont être mis en gloire, exactement comme
00:53:32 les Vierges en Enfant
00:53:34 qu'on a vues au début
00:53:36 du cours.
00:53:38 Ça reprend
00:53:40 le truc de
00:53:42 Paris...
00:53:44 Il n'y a pas la légende.
00:53:46 Paris...
00:53:48 Le truc de Jonah Friedman.
00:53:50 Paris Spatial.
00:53:52 C'est Paris Spatial de Jonah Friedman.
00:53:54 C'est le dessin de 1964.
00:53:56 Ça reprend cette idée-là.
00:53:58 Là, c'est utopique.
00:54:00 On ne va pas construire ça. Ce n'est pas possible.
00:54:02 Et là, c'est radical.
00:54:04 Quand on voit ça,
00:54:06 c'est intéressant aussi.
00:54:08 L'architecture contemporaine,
00:54:10 il faut la voir aussi comme ça.
00:54:12 Sa capacité à récupérer
00:54:14 et à déradicaliser
00:54:16 ces architectures utopiques
00:54:18 des années 1960.
00:54:20 Voilà le plan.
00:54:22 On ne voit pas grand-chose,
00:54:24 mais on voit la palmerie,
00:54:26 les palmiers qui persistent.
00:54:28 Et on voit
00:54:30 côté ville,
00:54:32 tous les équipements culturels
00:54:34 et côté palmerie,
00:54:36 l'ensemble résidentiel
00:54:38 qui vient s'immiscer
00:54:40 sous les fondaisons
00:54:42 des palmiers.
00:54:44 Et là, l'image
00:54:46 avec les cultures ancestrales
00:54:48 mises en gloire,
00:54:50 qui trouvent leur échelle
00:54:52 quelque part.
00:54:54 Grâce aux baldacchins.
00:54:56 Comme le petit corps
00:54:58 du bébé
00:55:00 tenu par sa mère
00:55:02 au début du cours
00:55:04 a trouvé son échelle
00:55:06 sous les baldacchins.
00:55:08 Le projet,
00:55:14 ce n'est pas de l'architecture,
00:55:16 c'est juste un concept.
00:55:18 Et quelque part,
00:55:20 l'important,
00:55:22 c'est tous ces corps
00:55:24 qui sont mis en gloire
00:55:26 uniquement par
00:55:28 cette dalle
00:55:30 qui vient à 6 mètres du sol
00:55:32 et qui leur accorde
00:55:34 l'espace
00:55:36 nécessaire
00:55:38 pour qu'ils puissent
00:55:40 se développer.
00:55:42 Pour que tous ces gens
00:55:44 puissent trouver
00:55:46 leur développement optimal.
00:55:48 Pour terminer,
00:55:54 je voudrais revenir
00:55:56 sur le baldacchin,
00:55:58 cette image à Anvers,
00:56:00 c'est l'entrée du duc d'Anjou.
00:56:02 C'est intéressant
00:56:04 parce qu'il vient,
00:56:06 il est sous un baldacchin,
00:56:08 et on a construit pour lui,
00:56:10 devant la porte Saint-Jean,
00:56:12 une autre construction festive,
00:56:14 un autre baldacchin.
00:56:16 Il passe d'un baldacchin
00:56:18 à un autre baldacchin,
00:56:20 c'est une sorte de cascade de baldacchins,
00:56:22 comme si quelqu'un qui se déplaçait
00:56:24 était passé constamment
00:56:26 d'un baldacchin
00:56:28 à un autre.
00:56:30 Son corps a été mis en évidence
00:56:32 à chaque fois
00:56:34 de manière différente.
00:56:36 C'est un peu ce qui se passe
00:56:38 dans l'hôtel.
00:56:40 Je n'ai jamais compris pourquoi,
00:56:42 mais je n'ai jamais vu publié en France
00:56:44 de 2000 cas, 2010.
00:56:46 Moi j'étais allé, en 2001 je crois,
00:56:48 il venait de l'ouvrir,
00:56:50 un peu par hasard,
00:56:52 et c'est vrai que c'est un bâtiment
00:56:54 complètement sidérant.
00:56:56 Il n'y a que des baldacchins,
00:56:58 c'est pareil, comme pour Louis d'Anjou,
00:57:00 qui voyage,
00:57:02 qui va à Anvers.
00:57:04 Là, il n'y a que des voyageurs
00:57:06 qui viennent à Vienne.
00:57:08 Et donc, quelque part,
00:57:10 l'hospitalité de l'hôtel,
00:57:12 elle est portée à son point d'incandescence
00:57:14 parce qu'effectivement, il n'y a que des baldacchins
00:57:16 qui mettent le corps en gloire.
00:57:18 On va voir, on est accueilli
00:57:20 quand on rentre par un baldacchin.
00:57:22 Après, on va passer à la salle des congrès,
00:57:24 et la salle des congrès,
00:57:26 elle a des balcons, et quand on sort sur le balcon,
00:57:28 on n'est pas confronté au ciel, parce qu'il est trop cruel,
00:57:30 mais on est placé sous un baldacchin.
00:57:32 Et quand on monte en haut
00:57:34 au restaurant,
00:57:36 là encore, on va avoir un baldacchin.
00:57:38 Voilà, on les voit maintenant,
00:57:40 ils sont tous colorés.
00:57:42 C'est l'artiste,
00:57:44 la très géniale artiste Pierre Pillaris
00:57:46 qui a fait tous ces plafonds lumineux
00:57:48 mais qui sont complètement délirants
00:57:50 parce qu'on a vraiment l'impression
00:57:52 d'être en plongée complète,
00:57:54 quand on est sous ces balcons,
00:57:56 en immersion complète,
00:57:58 quand on est sous ces plafonds.
00:58:00 Et voilà le bâtiment.
00:58:02 Donc, il y a un premier bâtiment,
00:58:04 c'est l'espace des congrès
00:58:06 qui vient coulisser sous le bloc
00:58:08 de l'hôtel.
00:58:10 Au fond, il y a un spa
00:58:12 et puis il y a aussi des boutiques.
00:58:14 Et ce que je disais tout à l'heure,
00:58:16 là, il y a encore
00:58:18 un baldacchin.
00:58:20 Et on va voir que quand on sort
00:58:22 du bâtiment, on sort par des balcons,
00:58:24 et on est placé
00:58:26 là, non pas sous un vrai ciel,
00:58:28 mais sous un baldacchin.
00:58:30 Le baldacchin d'accueil.
00:58:32 Le baldacchin de l'accueil qui se poursuit.
00:58:34 Enfin, le baldacchin du haut vent
00:58:36 qui se poursuit à l'intérieur de l'accueil.
00:58:38 Le petit bar
00:58:40 qui est situé près de l'entrée,
00:58:42 lui aussi,
00:58:44 sous ce baldacchin.
00:58:46 Et là, on voit,
00:58:48 comment les bâtiments
00:58:50 coulissent les uns dans les autres.
00:58:52 Et ça, c'est ce que je vous disais tout à l'heure.
00:58:54 Il y a l'espace des congrès.
00:58:56 Quand vous sortez, là, dans des salons,
00:58:58 les salons, donc,
00:59:00 ils sortent
00:59:02 de la toiture du centre de congrès
00:59:04 et puis ils viennent
00:59:06 sous
00:59:08 le bâtiment de l'hôtel.
00:59:10 Et le bâtiment de l'hôtel,
00:59:12 il a un plafond
00:59:14 lumineux et coloré
00:59:16 qui forme
00:59:18 le baldacchin.
00:59:20 Voilà, c'est ça. On est en immersion
00:59:22 complète, vous voyez, dans ce monde
00:59:24 aquatique
00:59:26 de couleurs
00:59:28 conçu par
00:59:30 le pyrpignariste.
00:59:32 Voilà, on sort.
00:59:34 En plus, c'est assez fou parce qu'il y a tout.
00:59:36 Il y a la fois, on sort, c'est un balcon,
00:59:38 on doit être dehors,
00:59:40 mais on voit des abat-jours dont on est
00:59:42 à l'intérieur, mais il y a un ciel,
00:59:44 mais le ciel, il est teint.
00:59:46 C'est un ciel qui intercède, qui n'est pas
00:59:48 le vrai ciel,
00:59:50 le vrai ciel naturel.
00:59:52 Voilà, ça, c'est le restaurant en haut.
00:59:58 Un grand espace ouvert.
01:00:00 Vous arrivez là, avec votre
01:00:02 copine,
01:00:04 vous allez prendre un verre, on boit,
01:00:06 on boit,
01:00:08 on voit d'abord le plafond lumineux
01:00:10 et puis ensuite, le plafond lumineux
01:00:12 finit par
01:00:14 se refléter sur les vitrages,
01:00:16 un peu comme dans les
01:00:18 installations d'Han Graham,
01:00:20 cet artiste américain
01:00:22 qui travaille sur la réflexion.
01:00:24 On a vraiment l'impression que
01:00:26 le plafond
01:00:28 du restaurant s'étend,
01:00:30 s'étend et vient
01:00:32 recouvrir
01:00:34 totalement
01:00:36 toute la ville,
01:00:38 tout le monde,
01:00:40 exactement comme Nosferatu
01:00:42 étend son ombre
01:00:44 sur le monde.
01:00:46 Le bal d'Aqa. Merci.
01:00:48 (Applaudissements)
01:01:00 [Bruit de la machine à l'étranger]

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