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00:00 Sarah Durocher, le combat pour le droit à l'avortement ne s'est pas terminé avec la loi Veil en 1974.
00:06 Est-ce qu'il s'arrête aujourd'hui avec cette entrée dans la Constitution ?
00:09 Oh non, je pense que c'est une étape supplémentaire de tous les combats gagnés par les féministes aujourd'hui.
00:15 Depuis la loi de 75, évidemment, il y a eu, en toute cette proposition de loi,
00:19 il y a eu des batailles, que ce soit sur le remboursement pour les mineurs, les allongements des délais.
00:23 Donc bien évidemment que vous pouvez compter sur les militantes féministes de faire en sorte que ce combat persiste.
00:29 Je crois que dans le monde, toutes les militantes savent que c'est un droit fragile,
00:33 savent que c'est un droit qui doit progresser, qui doit jamais stagner.
00:37 Donc bien évidemment qu'on va être dans la 50e année de l'anniversaire de la loi Veil
00:41 et nous avons des propositions à faire au gouvernement et au-delà de la parole politique,
00:45 puisque là il y a des paroles politiques qu'on a pu voir dans les hémicycles
00:49 en disant qu'il fallait des moyens sur l'avortement, des moyens pour le planning familial.
00:53 Nous irons chercher ces sénatrices et sénateurs et ces députés pour leur rappeler leur parole et leur engagement.
00:58 - Quelle proposition vous voulez faire au gouvernement ?
01:00 - Écoutez, aujourd'hui il y a des fermetures, il y a des vraies difficultés en termes d'offres,
01:03 puisqu'il y a 20% des femmes qui sont obligées de partir dans un autre département.
01:07 - Parce que là où elles habitent, il n'y a pas de quoi.
01:10 - Voilà, ça veut dire qu'il y a des fermetures de maternité et de centres IVG de proximité.
01:15 Donc il y a une vraie difficulté là-dessus.
01:17 Donc aujourd'hui on veut des moyens pour la santé, mais j'ai envie de dire que c'est beaucoup plus global.
01:20 Mais on sait que la santé des femmes, c'est une des choses qui est un peu sacrifiée parfois dans certains centres de santé.
01:26 Et puis l'autre chose, c'est que nous avons...
01:29 C'est ça la victoire aussi, ça veut dire que nous avons mis une sacrée défaite aux anti-choix.
01:34 Je pense en France, mais je pense aussi en Europe et dans le monde.
01:37 Et qu'aujourd'hui il y a un vrai besoin d'éducation à la sexualité et un vrai besoin de vraie information.
01:42 Puisque on sait qu'ils achètent des noms de domaine, ils font des sites internet,
01:46 et que nous on bricole et que là il faut vraiment mettre des moyens.
01:49 Il faut que ça soit associé à une vraie campagne concernant les droits sexuels et reproductifs en France.
01:53 Les femmes en France aujourd'hui sont inégales face à l'IVG en fonction de l'endroit où elles habitent,
01:58 vous l'avez dit, en fonction des moyens qu'elles ont aussi,
02:01 comme c'était d'ailleurs le cas quand l'avortement était clandestin avant 1974.
02:05 Tout à fait, ça veut dire qu'aujourd'hui il y a à peu près encore 5000 femmes qui partent à l'étranger,
02:09 parce que les délais ne sont pas assez longs.
02:10 14 semaines aujourd'hui en France selon la loi de 2022.
02:13 Donc il y a des femmes qui partent en Angleterre, qui partent en Espagne, qui partent évidemment en Hollande,
02:18 voilà, jusqu'à 22 semaines. Pourquoi en France on n'est pas à 22 semaines ?
02:21 Quelqu'un dans d'autres pays ?
02:23 Tout à fait. Pendant le débat sur l'IVG dans la Constitution,
02:26 bien évidemment que nous avions en tête, puisqu'il y a eu un débat sur l'avortement finalement,
02:30 mais le planning historiquement a toujours eu ces batailles-là,
02:33 que ça soit la clause de conscience et le fait qu'il fallait absolument allonger les délais,
02:36 et vous pouvez compter sur les militantes féministes, dont celle du planning, pour continuer ce combat.
02:40 La clause de conscience qui est double en ce qui concerne l'IVG spécifiquement ici en France,
02:45 permise par la loi Veil, mais aussi par le Code de Santé Publique, vous me corrigez si je me trompe,
02:50 elle accorde la possibilité aux médecins de refuser de pratiquer un avortement
02:56 pour des raisons personnelles ou professionnelles. Cette clause de conscience court toujours.
03:00 Cette clause de conscience a été même au centre des débats.
03:03 J'ai envie de dire qu'il y a eu un amendement au Sénat pour la mettre dans la Constitution.
03:06 J'ai envie de vous dire que c'était vraiment la peur qu'on avait.
03:08 Le planning familial n'aurait pas suivi si jamais il y avait eu cette clause de conscience,
03:12 puisque en effet, on veut supprimer cette clause de conscience.
03:15 Il faut savoir que tous les médecins ont une clause de conscience,
03:17 mais il y a une clause spécifique seulement sur l'avortement.
03:21 C'est ce qu'a appelé la droite l'équilibre de la loi de Simone Veil.
03:24 Je crois qu'aujourd'hui, symboliquement même, il faut enlever cette clause de conscience.
03:29 Et quand on voit en Italie ce qui se passe avec 70% des médecins qui prônent leur clause de conscience,
03:35 aujourd'hui en France, on ne sait pas.
03:36 On a juste des témoignages de femmes qui viennent nous voir et qui nous disent
03:39 "écoutez, on m'a refusé un avortement pour des raisons que je n'arrive pas trop à comprendre,
03:43 ou alors on me donne un rendez-vous dans 10 jours".
03:45 La loi impose à ces médecins qui font état de leur clause de conscience
03:49 d'indiquer à la patiente où est-ce qu'elle pourrait aller
03:52 dans le cadre de la loi pour respecter les délais.
03:54 Est-ce que vous, ce que vous constatez sur le terrain,
03:56 c'est que des femmes sont empêchées et dépassent du coup les délais à cause de l'application de la clause de conscience ?
04:01 En fait, je pense que tout est lié.
04:02 Ça veut dire que la première chose que font les femmes quand elles vont chercher,
04:05 puisqu'il y a un gros tabou sur l'avortement, mais on pourra en parler après si vous le souhaitez,
04:08 mais je pense que là-dessus, on n'a pas gagné encore.
04:11 Une femme qui souhaite avorter, elle va taper sur Internet "je suis enceinte, j'ai envie d'avorter".
04:15 Elle ne va pas aller voir son médecin traitant parce qu'elle n'a pas forcément envie d'en parler.
04:18 Elle va aller chercher un médecin et elle risque de tomber sur un médecin
04:21 qui prône la clause de conscience mais qui ne le dit pas.
04:24 Et donc, quelque part, c'est un parcours parfois d'aller voir trois professionnels de santé
04:28 pour arriver à enfin avoir le bon médecin.
04:31 Donc, en fait, ou vous supprimez cette clause de conscience,
04:33 ou les médecins affichent la clause de conscience et que ça soit clair.
04:36 Il faudra l'assumer politiquement alors qu'on vient juste de faire entrer l'IBG dans la Constitution.
04:41 Il y a une urgence aussi à améliorer l'accès à l'information.
04:45 Combien de femmes qui nous regardent ne savent pas que, par exemple, ici en France, l'IBG c'est gratuit ?
04:49 Eh bien oui, ça fait partie du combat du planning familial, évidemment.
04:54 Ça veut dire que, comme les femmes en Argentine qui veulent l'avortement,
04:57 qui veulent la contraception et l'éducation,
04:59 je crois que c'est une revendication mondiale sur l'éducation à la sexualité complète.
05:04 Connaître ses droits, c'est essentiel.
05:05 Vous avez raison, aujourd'hui, on voit plein de femmes au planning familial
05:08 qui ne connaissent pas leurs droits, qui ne savent pas comment leur corps fonctionne.
05:11 Énormément de choses.
05:12 Et quelle que soit la classe sociale, qu'on soit très très clair.
05:14 Donc, bien évidemment, pour éviter que ces antichoix donnent de la mauvaise information,
05:19 informons les personnes, faisons une grande campagne aussi en France.
05:22 On attend ça aujourd'hui du gouvernement également.
05:24 C'est que ça fait dix ans qu'il n'y a pas eu de campagne nationale sur les droits sexuels et reproductifs.
05:27 Et c'est ce qu'on demande aujourd'hui au gouvernement.