Marie Rimbault-Joffard : "La société dit : votre corps ne nous appartient pas" #ToutesFéministes
Marie Rimbault-Joffard est président de la société Gynove, et créatrice de la culotte gynécologique Imagyne.
Retrouvez la journée #ToutesFéministes sur France Inter : https://www.franceinter.fr/espace-presse-de-france-inter/toutesfeministes-journee-speciale-sur-france-inter-vendredi-6-mars-2020-de-5h-a-00h
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Transcript
00:00Toute la société nous dit que notre corps ne nous appartient pas.
00:09Mon féminisme, c'est le fait d'avoir arrêté mon activité
00:13professionnelle, d'avoir renoncé à mon salaire,
00:19à mon indépendance financière pour pouvoir me mettre au service
00:23des femmes et concevoir une solution qui leur permet de se
00:29sentir mieux lors de leurs consultations gynécologiques.
00:32Il s'agit d'un sous-vêtement qui a été pensé
00:35pour permettre la réalisation des examens gynécologiques.
00:41C'est un sous-vêtement tout simple, avec une ouverture au niveau
00:43du vagin, qui permet aux femmes d'avoir la sensation de
00:47ne plus être nue et de plus avoir ce moment de vulnérabilité
00:52quand on est sur la table d'examen et que concrètement, on écarte les
00:55jambes. Et ce moment-là, après avoir fait beaucoup de
00:58sondages, et être allée au-delà de ma propre expérience personnelle,
01:02semble être le moment le plus difficile pour les femmes
01:05de la consultation gynéco.
01:11Les femmes qui m'inspirent aujourd'hui ? Il y a des
01:14femmes de ma famille. Les femmes du quotidien.
01:17Les femmes qui luttent autour de moi. Je les vois toutes essayer
01:20de se lancer dans des projets pour récupérer un peu de place dans
01:24la société et de considération. Mais je dirais que, par exemple
01:28récemment, et c'est quelqu'un que je suis depuis un moment,
01:31il y a Virginie Despentes qui, je trouve, est très
01:35impressionnante parce que'elle a une façon d'exprimer sa
01:39vision justement des femmes dans la société et du
01:42féminisme d'une façon tellement naturelle.
01:45Et je me rends compte que'elle a un cheminement, qu'elle a déjà initié
01:49depuis tellement d'années. Elle en parle avec une facilité
01:53que j'admire. Et je me dis que moi, je vois là,
01:57je lutte pour cheminer personnellement et elle, elle en
02:00parle, voilà donc elle, c'est quelqu'un que j'admire.
02:04Je pense que j'admire aussi Christiane Taubira,
02:07parce que en plus d'être femme, elle est une femme noire et je pense
02:10que son parcours, à mon avis clairement, m'impressionne.
02:16Mais c'est vrai que le féminisme aujourd'hui, je pense
02:19qu'il est multifacettes et c'est en train de s'infiltrer
02:24petit à petit et on est en train, nous, les femmes, de prendre
02:27conscience du manque de considération des
02:30violences qu'on subit au quotidien depuis notre enfance.
02:37A mon avis, la première chose, c'est donner de l'argent et des moyens
02:41pour pouvoir mener les actions que déjà, toutes les
02:45associations concernées mettent en évidence. Tous les
02:51problèmes qu'on peut avoir identifié.
02:53Moi, à mon niveau, ce que j'aimerais parce que j'ai deux
02:56petites filles, j'aimerais aujourd'hui qu'on leur dise - pas
03:01seulement à la maison - mais qu'à l'école et plus tard
03:04dans leur parcours, qu'on leur parle du consentement et que
03:08leur corps leur appartient. C'est que j'ai le sentiment que
03:11depuis toute petite, toute la société nous dit que
03:15notre corps ne nous appartient pas.
03:18Que ce soit dans le cadre du couple, que ce soit dans le cadre
03:21de la famille et des violences dans la famille qu'on peut subir,
03:25que ce soit à l'école, que ce soit ensuite dans les études, que ce
03:29soit dans le milieu médical. Faire des programmes pédagogiques
03:32éducatifs sur ces thématiques-là, sur les thématiques du consentement
03:36aussi adressés aux petits garçons pour qu'ils comprennent.
03:40Parler d'égalité à tout le monde et
03:46à l'école maternelle, à l'école primaire, au collège ou au lycée,
03:49surtout au moment où la question de la sexualité arrive.
03:53Je pense que ce serait vraiment important.