• il y a 7 mois
À 7h50, Valérie Hayer, tête de liste Renaissance aux élections européennes, dénonce le projet du Rassemblement national qui vise, selon elle, à "détricoter et affaiblir l'Union européenne". Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-7h50/l-invite-de-7h50-du-lundi-04-mars-2024-7535167

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00:00 Il est 7h48, Sonia De Villers, votre invitée ce matin a été désignée tête de liste
00:05 Renaissance aux élections européennes.
00:07 Elle était déjà depuis 2019 députée européenne du parti d'Emmanuel Macron.
00:12 Elle vient de Mayenne, elle a 37 ans, elle dit, elle redit fièrement qu'elle est fille
00:16 et petite fille d'agriculteur.
00:17 Les sondages la donnent 10 points derrière la liste de Jordane Bardella.
00:23 Bonjour Valérie Heillet.
00:24 Bonjour.
00:25 Tous les grands partis ont leur tête de liste, vous arrivez après eux dans la bataille des
00:29 européennes, n'est-ce pas déjà trop tard ?
00:30 La bataille n'a pas commencé, j'ai été désignée jeudi tête de liste.
00:34 Elle n'a pas commencé la bataille ?
00:35 On y est, on y est, on est mobilisés.
00:38 Depuis le premier jour, nous on parle d'Europe au sein de la majorité présidentielle.
00:42 On est la seule coalition pro-européenne dans ce débat et on jette nos forces dans
00:47 la bataille pour ces élections.
00:48 Eh bien justement, s'il y a bien un principe qui caractérise Emmanuel Macron depuis le
00:51 début, c'est sa foi dans l'Europe.
00:53 S'il y a un sujet sur lequel le camp présidentiel a toujours été unanime, c'est l'Europe.
00:57 Alors on aimerait bien comprendre pourquoi quand il s'agit d'entrer en campagne pour
01:01 peser en Europe, Stéphane Séjourné dit non, Bruno Le Maire dit non, Julien Denormandie
01:06 dit non, Jean-Yves Le Drian dit non.
01:08 Vous l'avez dit, c'est un élément de force, on a un bilan à faire valoir, on a des propositions
01:13 qui sont fortes et qu'on va décliner dans les prochaines semaines.
01:15 Moi je vous dis que je suis là, je suis là devant vous, déterminée à mener cette bataille.
01:18 Pourquoi tous ces ténors ils disent non ?
01:19 Il y a eu des discussions entre les personnes que vous citez et le président de la République,
01:23 il y a eu des discussions entre moi-même et le président de la République.
01:25 Donc je vous le redis, je suis là et je sais que je pourrais compter sur le soutien de
01:29 l'ensemble des personnes que vous citez.
01:30 Et vous n'êtes pas une candidate de substitution ?
01:31 Absolument pas, je crois que j'ai la légitimité, j'ai été élue, vous l'avez rappelé, en
01:36 2019 au Parlement européen.
01:37 J'ai beaucoup travaillé notamment sur les enjeux budgétaires, je suis aujourd'hui président
01:40 du groupe centriste et central sans lequel aucune majorité n'est possible au Parlement
01:44 européen.
01:45 J'ai des choses à dire, on a des choses à dire en tant que majorité présidentielle.
01:48 Personne ne veut assumer un résultat cuisant qui placerait la majorité 10 points derrière
01:53 Jordan Bardella et la liste du Rassemblement national ?
01:55 On a l'impression que les jeux seraient déjà faits en écoutant les heures et les
01:58 autres.
01:59 Les jeux ne sont pas faits, je viens d'être désignée tête de liste, on entre en campagne
02:02 et on est déterminé évidemment, il y a une réalité.
02:04 On regarde évidemment les sondages dont vous parlez, moi je ne peux pas me résoudre à
02:10 ce que le Rassemblement national soit si haut dans le pays.
02:13 Donc on va mener la bataille.
02:15 Et le nouveau slogan de Jordan Bardella, la France revient, l'Europe revit.
02:19 Vous ne pouvez plus, comme en 2019, les qualifier de « frexiteurs ». Vous ne pouvez plus
02:25 comme en 2019 les accuser d'europhobie en disant « votez pour nous si c'est eux,
02:30 c'est le chaos ». Comment vous allez les contrer ?
02:31 Soyons lucides sur le projet qu'ils portent.
02:34 Leur projet c'est un projet pour détricoter et affaiblir l'Union européenne.
02:38 Tout dans leur vote le démontre.
02:40 Quand on parle des enjeux, par exemple de l'énergie, ils disent qu'il faut sortir
02:45 du marché européen de l'énergie.
02:46 Ça veut dire qu'on sort de l'Union européenne.
02:48 Il n'y a pas de collocation dans laquelle on reste sans respecter les règles communes.
02:52 C'est leur projet, c'est un frexit.
02:54 Et par ailleurs, je rappelle aussi, nous majorité présidentielle, nous sommes 23
02:58 qui avons été élus en 2019.
02:59 Ils sont combien au RN ? Ils sont 23 aussi.
03:03 Ils ont été élus en 2019.
03:04 Quel est leur bilan ? Rien.
03:05 Ils n'ont rien fait au Parlement européen.
03:07 Donc nous on est en responsabilité, on agit au service des Français, là où eux sont
03:11 dans l'opportunisme électoral et ne proposent rien et ne font rien au Parlement européen.
03:15 Pour être élue Valérie Ayé en 2017 et 2022, Emmanuel Macron a bénéficié de nombreuses
03:20 voix de gauche et même il n'aurait pas pu faire sans.
03:23 Pour ces prochaines élections, vous pensez pouvoir compter sur des voix de gauche ?
03:26 Bien sûr.
03:27 Le macronisme, vous l'avez décrit, c'est le dépassement et c'est d'ailleurs l'une
03:31 des raisons pour lesquelles j'ai choisi de rejoindre Emmanuel Macron en plus de son
03:34 engagement pro-européen.
03:35 On a un bilan pour nous.
03:37 On a été, nous majorité présidentielle, à la manœuvre pour accélérer la transition
03:41 environnementale, pour avoir des mesures en matière sociale.
03:44 On va faire valoir nos bilans et on aura aussi des projets.
03:47 Il y a au moins quatre listes à gauche.
03:49 Le Parti communiste, la France insoumise, les écologistes, Raphaël Glucksmann, candidat
03:53 PS, place publique.
03:54 Vous ne pensez pas que s'il y a eu une rupture entre des électeurs de gauche et la majorité
04:00 présidentielle, il y a largement de quoi faire pour ces électeurs-là à gauche ?
04:03 Moi je dis aux électeurs de gauche, regardez qui est influent, qui a les capacités de
04:08 faire bouger les lignes en Europe.
04:09 Et aujourd'hui c'est nous, c'est la troisième force, le groupe Renew.
04:12 Et par ailleurs, une remarque, je vois que Raphaël Glucksmann, on partage beaucoup de
04:18 nos votes, il vote beaucoup comme nous, mais la vraie capacité d'influence elle est chez
04:22 nous et je regrette par ailleurs qu'à Bruxelles on vote la même chose mais qu'il reste un
04:27 FEOD au PS sous la coupe de Jean-Luc Mélenchon.
04:30 Alors son parti place publique dément vos propos et publie une liste de mesures sur
04:35 lesquelles vos votes sont complètement opposés.
04:37 On a 90% de votes qui sont en commun.
04:39 Peu importe, s'il n'y a aucune différence à Bruxelles comme vous le dites, alors pourquoi
04:44 les électeurs de gauche qui se sentent trahis par le macronisme ne voteraient pas Raphaël
04:49 Glucksmann justement pour rompre avec cette famille de gauche ?
04:51 Je vous le redis, parce que l'influence elle est chez nous.
04:53 Parce que si on veut véritablement avoir une capacité d'action sur les enjeux sociaux,
04:57 sur les enjeux de transition environnementale, il faut être en capacité de faire peser
05:01 la ligne dans chacun de nos groupes politiques.
05:03 Au mois de mai dernier, Valérie Yehié, vous signez dans Le Monde une tribune au vitriol
05:08 qui dénonçait la dérive du parti Les Républicains en matière d'immigration, ces derniers se
05:12 rapprochant très dangereusement de Marine Le Pen selon vous.
05:15 Mais Valérie Yehié, 6 mois après, le gouvernement et votre parti faisaient voter une loi immigration
05:21 entièrement remaniée par les LR et adoptée avec le vote du Rassemblement National.
05:25 Ça vous a posé problème ?
05:27 Aujourd'hui, la ligne est très claire.
05:29 Cette loi immigration, les débats ont eu lieu au niveau national.
05:33 Les votes du Rassemblement National n'ont pas permis de faire passer cette loi.
05:38 En parallèle, il y a des discussions, et si j'ai un regret à exprimer dans cette séquence,
05:42 c'est qu'on n'a pas assez parlé des discussions qui ont lieu en ce moment au Parlement européen
05:45 sur les enjeux migratoires.
05:47 Trop longtemps, on a mis la poussière sous le tapis.
05:49 Maintenant, on est en train de finaliser un texte parce que la vraie réponse sur les
05:53 enjeux migratoires et sur le défi migratoire, elle doit être posée à l'échelle européenne.
05:57 On a un texte qui est solide, qui permet de répondre aux problématiques migratoires,
06:01 de renvoyer ceux qui n'ont pas vocation à être sur le terrain.
06:05 Nous, on a des propositions concrètes.
06:07 Le Rassemblement National, c'est le chaos sur ces questions-là.
06:10 Et peut-être un élément de rappel, les alliés du Rassemblement National, quand les
06:15 populistes font des propositions en matière d'immigration, ça donne le Brexit, explosion
06:21 des flux migratoires.
06:22 Ça donne Georgia Melanie, qui, elle, pendant la campagne, propose un blocus naval et qui,
06:28 en fait, à la fin, en exercice, appelle à une réponse européenne.
06:32 Pas de démagogie sur ces questions-là, des solutions pragmatiques à l'échelle des 27.
06:36 Démagogie justement.
06:37 La colère des agriculteurs a fait trembler le monde politique.
06:40 Céline Issmard, céréalière dans le Tarn, est propulsée numéro 2 de la liste LR.
06:45 Vous voici fièrement affichée, je l'ai dit, fille et petite-fille d'agriculteur en Mayenne,
06:50 représentant la majorité présidentielle.
06:52 C'est de l'opportunisme ?
06:53 Absolument pas.
06:54 D'abord, vous me découvrez, mais j'ai toujours dit que j'étais très fière d'être fille
06:57 d'agriculteur et d'être issue d'un milieu dans lequel il y a des valeurs qui sont très
07:01 fortes de respect et de travail.
07:03 Un élément de rappel également, nous, sur notre liste, on a des députés sortant au
07:08 Parlement européen au sein de la majorité présidentielle qui sont agriculteurs.
07:11 Je pense notamment à Jérémie de Serles.
07:12 Donc depuis le premier jour, on s'est engagé au service du monde agricole.
07:16 Nous, notre position, elle est claire.
07:19 S'agissons des autres, je vous laisse juger si c'est opportuniste ou électorale.
07:21 Vous n'ayez pas de différence.
07:23 C'est qu'en 2019, le numéro 2 de votre liste, et à l'époque, il était présenté
07:27 comme une prise de guerre.
07:28 Il s'appelait Pascal Canfin.
07:29 Il était écologiste.
07:31 On a l'impression que le vent a tourné.
07:34 Est-ce qu'un écologiste aussi haut placé, aujourd'hui en 2024, ça fait mauvais genre ?
07:38 Le vent n'a absolument pas tourné.
07:40 Sur le Green Deal, notre ligne a toujours été la même.
07:43 Ne pas opposer le monde agricole et l'environnement.
07:46 On a besoin d'avancer main dans la main.
07:48 Et d'ailleurs, au sein des 23 députés de la majorité présidentielle, les deux dont
07:53 je viens de citer, dont on vient de parler, Pascal Canfin et Jérémie de Serles, ont
07:56 toujours travaillé main dans la main.
07:57 C'est ça la force aussi.
07:58 Ambition écologique et pragmatisme, adaptation.
08:02 Et Pascal Canfin, votre position n'a pas changé ? Il est toujours numéro 2 sur la
08:05 liste ?
08:06 Je ne vais pas.
08:07 Les discussions sont en cours s'agissant des positionnements des uns et des autres.
08:11 Moi, ce que je peux vous dire, c'est que Pascal Canfin a fait un travail remarquable
08:14 au Parlement européen.
08:15 Mais on dit partout qu'il est devenu une tête de Turc depuis la crise agricole et
08:18 que sa place ne cesse de dégringoler sur la liste.
08:21 Pas d'attaque personnelle.
08:22 Pascal Canfin a fait un travail extraordinaire.
08:23 Il nous a permis de décliner de manière concrète notre objectif d'ambition de neutralité
08:28 climatique d'ici à 2050.
08:29 On a besoin aussi de profils comme lui.
08:31 C'est la fin du quoi qu'il en coûte au niveau européen comme à échelle nationale.
08:35 On nous annonce 10 milliards d'économies en France.
08:37 J'aimerais bien vous poser une question sur un sujet qui émerge très peu, bizarrement,
08:40 dans cette campagne.
08:41 Pendant ce temps-là, les multinationales continuent allègrement de ne pas payer l'impôt.
08:44 1000 milliards de dollars ont échappé au fisc en 2022.
08:47 Or l'évasion fiscale, c'est d'abord en Europe que ça se joue.
08:51 C'est en Irlande, c'est aux Pays-Bas, c'est en Belgique, c'est à Chypre.
08:54 Comment vous justifiez ce laisser-faire politique ?
08:57 Pas de laisser-faire politique.
08:58 Vous savez, je me suis mobilisée dès le début de mon mandat sur les enjeux budgétaires.
09:01 On a besoin de taxer les multinationales.
09:06 On a travaillé à l'échelle internationale.
09:08 C'est en train d'être décliné à l'échelle nationale.
09:09 On attend un petit coup de pouce des Américains pour taxer les géants du numérique.
09:13 Et oui, il faut, à l'échelle des 27, harmoniser.
09:16 Je ne vais pas rentrer dans la technique, mais on est en train d'avancer sur cette question-là.
09:20 Qui n'avance pas beaucoup.
09:21 Alors pourquoi ? Parce qu'on parle d'enjeux économiques, budgétaires et fiscaux.
09:25 C'est toujours extrêmement compliqué.
09:26 La volonté politique est là.
09:27 Moi, je vois un chemin.
09:28 Merci Valérie Guillet.
09:29 Merci à vous.
09:30 Et merci Sonia.
09:31 Il est 7h58.

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