• il y a 8 mois
Députés et sénateurs ont proposés plusieurs lois pour adapter le monde du travail aux personnes ayant des règles douloureuses. Sans succès.

Et si les règles douloureuses faisaient l’objet d’une loi ? L’idée d’instaurer un congé menstruel revient régulièrement dans le débat politique et plus des deux tiers des Françaises y sont favorables. Plusieurs propositions de loi ont été étudiées à l’Assemblée ou au Sénat, sans compter qu’elles ont été initiées par différents groupes, voire ont fait l’objet d’une approche transpartisane. Dans ce cas, pourquoi ça coince ?

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Transcription
00:00 Et si les règles douloureuses faisaient l'objet d'une loi ?
00:02 L'idée d'instaurer un congé menstruel revient régulièrement dans le débat politique
00:06 et semble même faire consensus dans la société.
00:09 De nombreuses propositions de loi ont été étudiées à l'Assemblée ou au Sénat.
00:13 Sans compter qu'elles ont été initiées par différents groupes,
00:15 voire ont fait l'objet d'une approche transpartisane.
00:18 Mais alors, pourquoi ça coince ?
00:19 On y viendra.
00:20 Pas aujourd'hui peut-être, mais on y viendra.
00:22 Parce que ce que le politique refuse, la société finit par l'imposer.
00:26 Quand il s'agit des droits des femmes...
00:28 Bon déjà, il n'y a pas qu'une seule possibilité pour légiférer sur la question.
00:32 Mais spoiler, aucune de ces trois solutions ne fait l'unanimité.
00:36 Les deux premières consistent à inscrire officiellement l'endométriose
00:39 comme "affection de longue durée"
00:40 ou que les personnes qui en souffrent puissent bénéficier
00:43 de la reconnaissance de la qualité de travailleurs handicapés.
00:46 Cela a d'ailleurs été défendu à l'Assemblée par les Insoumis et l'ERN.
00:49 Sauf que certaines personnes peuvent déjà en bénéficier.
00:52 Mais les démarches sont très longues et complexes
00:54 et ce n'est possible que pour les cas les plus graves.
00:56 Ce qui fait que sur 1,5 à 2,5 millions de malades,
01:00 seuls 15 000 ont obtenu le statut d'ALD.
01:02 Ces deux solutions sont donc jugées insuffisantes.
01:05 Surtout qu'il n'y a pas que l'endométriose.
01:07 Dans un sondage IFOP de 2022, plus d'une salariée sur deux
01:10 dit avoir des règles douloureuses
01:11 et avoir déjà été confrontée à des difficultés liées aux règles au travail.
01:16 C'est pourquoi certains plaident pour une autre solution,
01:19 le congé menstruel.
01:20 Ils proposent de ne pas se limiter à l'endométriose,
01:23 mais de parler de "règle incapacitante".
01:25 Petit point vocabulaire, on parle couramment de congé,
01:28 mais ces partisans préfèrent parler d'arrêt de travail ou d'arrêt menstruel.
01:31 Parce que ce ne sont pas des vacances.
01:33 Sauf que qui dit arrêt maladie, dit prescription et indemnisation.
01:37 Et dans l'indemnisation, il y a aussi la question du montant et du délai de carence.
01:41 Actuellement, une femme qui se fait prescrire un arrêt de travail
01:44 pour règles douloureuses doit revenir à chaque fois chez son médecin.
01:47 Et un délai de carence s'applique,
01:49 c'est-à-dire qu'elle n'est pas payée pour les premiers jours de son arrêt.
01:51 Ce qui représente une perte de salaire.
01:54 Les partisans de l'arrêt de travail proposent donc de déroger à ces principes.
01:57 L'arrêt s'étalerait sur l'année,
01:59 avec un nombre maximum de jours à prendre par mois ou par an.
02:02 Et il n'y aurait pas de délai de carence,
02:04 comme cela avait été le cas pour le Covid.
02:06 Mais cette proposition ne fait pas l'unanimité,
02:08 y compris chez les associations.
02:10 Pour les sénateurs centristes et de droite,
02:12 les absences répétées pourraient désorganiser les entreprises.
02:15 Sauf que certaines qui ont testé des dispositifs
02:17 assurent au contraire que cela leur permet une meilleure anticipation.
02:20 Mais pour anticiper, l'employeur doit être au courant.
02:23 Pour les opposants de la mesure,
02:24 cela revient à mettre à mal le principe du secret médical.
02:27 Enfin, les opposants craignent que la mise en place d'un arrêt menstruel
02:31 soit une source de discrimination supplémentaire à l'embauche des femmes.
02:34 S'ajoute aussi une question, celle du coût.
02:37 La sénatrice Laurence Rossignol l'évaluait dans son rapport à 100 millions d'euros.
02:41 Contacté par le HuffPost, le député Sébastien Pétavis parle lui d'un milliard d'euros.
02:45 Un montant qui fluctue, faute de chiffre officiel et selon la mesure retenue.
02:49 En l'État, le gouvernement s'oppose à une telle mesure
02:52 et renvoie au dialogue social.
02:54 Il faut néanmoins accompagner ces femmes
02:56 pour leur faire connaître leurs droits dans leurs entreprises
02:58 et encourager les employeurs à créer ce dialogue avec leurs employés.
03:01 Nous avons conscience que beaucoup reste à faire pour changer les mentalités,
03:04 mais ce n'est pas par cette proposition que, je crois, nous atteindrons cet objectif.
03:08 Côté association, parler de congés menstruels
03:10 et tenter d'adapter le monde du travail est une bonne chose.
03:13 Mais cela ne suffit pas.
03:15 Elle demande à ce qu'un effort soit fait pour investir davantage
03:17 dans la recherche sur la santé des femmes.
03:19 Et d'espérer qu'avec la découverte de traitements,
03:21 la question d'un arrêt spécifique n'est plus à se poser.
03:24 [Musique entraînante diminuant jusqu'au silence]

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