Alors que l'Espagne a adopté une loi instaurant un congé menstruel pour les femmes qui souffrent de règles douloureuses, des parlementaires français planchent sur une législation similaire. Mais, pour la porte-parole de l'association "Osez le féminisme", une telle mesure pourrait encourager la discrimination à l'embauche, en plus de normaliser la douleur liée aux règles, sur laquelle la recherche reste sous-financée. Elle propose une solution alternative dans la vidéo ci-dessus.
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00:00 avant de créer un congé menstruel, il faudrait penser à déstigmatiser les règles.
00:04 Qui ne se rappelle pas, quand elle était adolescente,
00:15 avoir eu honte de demander une protection périodique à une de ses amies
00:19 et devoir, finalement, attendre la fin du cours
00:22 pour aller se changer discrètement.
00:24 Cette stigmatisation, si un congé menstruel était créé en France,
00:27 résulterait sur un empêchement pour les femmes, ou en tout cas une gêne,
00:30 à demander ce congé menstruel.
00:32 C'est le cas au Japon, où le congé menstruel existe depuis 1947
00:35 et où il est très peu demandé par les femmes,
00:37 même dans les entreprises qui le rémunèrent.
00:38 Derrière le débat sur le congé menstruel,
00:40 il y a un débat qui est encore plus important,
00:42 c'est celui de la santé des femmes et des budgets
00:45 qui sont alloués à la recherche pour traiter des problèmes spécifiques,
00:48 notamment comme l'endométriose.
00:50 Et finalement, si on se pose la question du congé menstruel
00:53 et des règles trop douloureuses, on doit aussi se poser la question
00:56 de la façon dont on envisage la douleur vécue par les femmes
00:58 et de la façon dont on la stigmatise,
01:00 puisque, à la base, avoir ces règles ne rend pas inapte au travail.
01:04 C'est quand les règles sont trop douloureuses
01:06 que ça peut éventuellement rendre "inapte" temporairement au travail,
01:10 et dans ce cas-là, il faut soigner, il faut avoir une réponse médicale,
01:14 et le simple fait de renvoyer les femmes chez elles quelques temps
01:18 ne réglera pas cette douleur.
01:23 On le sait aujourd'hui, les employeurs font un calcul simple dans leur tête
01:26 et discriminatoire,
01:27 c'est de se dire "Bon, à compétence équivalente,
01:29 entre un homme et une femme, l'homme ne va pas tomber enceinte,
01:33 donc je vais peut-être le privilégier dans ce poste,
01:36 puisque j'aurai moins de chances qu'il parte en arrêt pendant une durée longue".
01:40 C'est le même cas dans l'évolution de carrière,
01:42 où les femmes sont bloquées dans leur évolution de carrière
01:44 pour ce type de motif,
01:46 et c'est pour ça notamment qu'on rencontre seulement 20 % de femmes
01:50 dans les cadres dirigeantes en France.
01:52 Et puis ça pose un autre problème, celui du respect de la vie privée,
01:54 puisque quels seraient les contours en termes de secret médical ?
01:57 Si une femme arrive en posant un congé menstruel chaque mois
02:00 et que c'est marqué "congé menstruel" dessus,
02:02 on ne sait pas, après tout, quels seraient les contours de cette législation,
02:05 est-ce qu'il faudrait marquer "congé menstruel" ou juste "arrêt maladie" ?
02:08 Bref, si c'est indiqué "congé menstruel"
02:10 et qu'arrivée un mois, elle ne le prend pas,
02:12 alors qu'elle le prenait tout le temps avant,
02:14 est-ce que l'employeur ne va pas se dire "Peut-être qu'elle est enceinte",
02:16 alors même que la personne n'aura pas eu forcément l'envie de le signaler
02:20 à ce moment-là et que c'est son droit le plus intime ?
02:23 Donc face à ces risques, on est plutôt pour une autre alternative.
02:27 Ce qu'on propose chez OZFéminisme, ce serait de s'interroger
02:29 sur la possibilité de créer pour chaque salarié, femme comme homme,
02:33 des arrêts maladie sans délai de carence,
02:35 avec un nombre forfaitaire dans l'année,
02:37 ce qui permettrait aux femmes de partir sans délai de carence,
02:40 donc en étant indemnisées dès le premier jour de règles trop douloureuses,
02:44 sans être discriminées à l'embauche ni dans l'évolution de carrière,
02:47 puisque l'employeur, de toute manière,
02:49 ferait bénéficier tous ses salariés de cette possibilité
02:52 d'avoir des arrêts maladie sans délai de carence
02:54 à hauteur d'un nombre de jours à déterminer.
02:57 Évidemment, ça pose un problème de financement,
02:59 mais il faut plus de budget pour la santé des femmes,
03:02 et de manière générale, les pouvoirs publics trouvent toujours
03:05 les enveloppes budgétaires quand ils les veulent
03:07 et les mettent et les affectent à des budgets définis.
03:10 Donc en fait, c'est un choix de politique publique.
03:12 Sous-titrage ST' 501
03:15 [Musique entraînante diminuant jusqu'au silence]