• il y a 9 mois
Nous recevons aujourd’hui Jean-Philippe Chauvin militant royaliste de toujours et professeur d’histoire dans un grand lycée d’Ile-de-France. En sa compagnie nous découvrons un aspect méconnu de la monarchie et de l’Ancien régime : sa dimension sociale.
1) Louis XVI et la question sociale. Une image à repenser en général sur la monarchie mais particulièrement sous Louis XVI. Au moment de la grande peur des campagnes à la suite de l’explosion d’un volcan islandais qui plonge l’Europe dans un grand trouble climatique assorti de mauvaises récoltes, Louis XVI consacrera une part du budget pour venir en aide aux paysans.
2) La révolution est-elle antisociale avec la loi Le Chapelier et le décret d'Allarde ? C’est en effet une révolution bourgeoise, laquelle se montrera impitoyable tant pour les paysans que pour les premiers ouvriers. Les décrets cités plus haut consacrent la privatisation des communaux accessibles jadis aux paysans pauvres. Quant à l'appropriation des biens du clergé qui étaient un peu la sécurité sociale de l'époque, cela provoqua une grande misère laquelle va durer jusqu’au milieu du XIX° siècle. On se souvient de la révolte des Canuts lyonnais. La République fit tirer sur le peuple et cela va continuer à Fourmies, Anzin, Carmaux, Courrières, et la répression des républicains fut impitoyable : Thiers, Cavaignac et Clémenceau en furent les auteurs.
3) Cette misère fut donc au cœur des grandes révoltes du XIXème siècle particulièrement et c'est là qu'il faut citer l'action des monarchistes sociaux qui luttèrent par la loi contre le travail des enfants jusqu'au début du XXème siècle. Le Front populaire mit fin à la révolution et constitue une date importante dans l’histoire sociale. Après ces années, tous les gouvernements de Vichy au CNR adoptèrent la même politique sociale.
4) Une monarchie pourrait-elle aujourd'hui mieux résoudre les problèmes sociaux ? Gilets jaunes, agriculteurs, mondialisation, UE, euro ? Jean-Philippe Chauvin répond sur les questions du repos dominical, sur la répression des Gilets jaunes, sur la mondialisation et les délocalisations, ainsi que la crise agricole. Une approche nouvelle et éclairante.

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Transcription
00:00 [Générique]
00:17 Bonjour à tous. Bienvenue sur le plateau de politique et économie.
00:21 Chers amis, cette émission, vous le savez, depuis dix ans, est consacrée aux questions économiques
00:28 et parfois à questions politiques et institutionnelles.
00:31 Aujourd'hui, j'ai voulu que nous entendions une personnalité du mouvement royaliste.
00:38 Car sur ce sujet, vous avez des choses à dire. Jean-Philippe Chauvin, soyez le bienvenu dans "Politique et économie".
00:46 Alors, vous avez des choses à dire, notamment sur le plan social.
00:50 Or, nous sommes aujourd'hui au cœur de "Problèmes sociaux".
00:53 On en parlera dans la deuxième partie de cette émission.
00:56 Mais Jean-Philippe Chauvin, vous êtes professeur d'histoire dans un très grand lycée prestigieux de l'île de France.
01:05 Et vous avez toujours milité pour le retour du roi.
01:11 Alors évidemment, ça nous paraîtra peut-être un petit peu original, un peu anachronique aujourd'hui.
01:16 Eh bien, pas du tout. Parce que moi, je vous ai entendus dans une conférence.
01:20 Et j'en ai été convaincu. C'est ce qui m'a valu de vous inviter sur ce plateau.
01:27 Alors, vous êtes donc, Jean-Philippe, royaliste.
01:33 Et je pense que, pour commencer cet entretien,
01:37 il faudrait que nous évoquions ce qui s'est passé à la fin de la monarchie et au moment de la Révolution.
01:46 Contrairement à une opinion, hélas, trop répandue,
01:52 le roi avait la préoccupation de ses sujets.
01:56 Et il avait une véritable préoccupation sociale.
02:00 N'est-ce pas ? Louis XVI notamment.
02:03 – Tout à fait.
02:05 – Comment se concrétisait cette préoccupation sociale ?
02:08 – Alors en fait, le roi Louis XVI est un grand méconnu de l'histoire,
02:11 et en particulier de l'histoire sociale.
02:13 Alors, si l'on prend même le début, je dirais, du vocabulaire social,
02:19 le terme de "justice sociale" est un terme que nous devons au roi Louis XVI,
02:23 en 1784, où il s'en prend au féodaux de manière assez virulente.
02:29 Et il y a un texte qui a été répété à l'époque,
02:33 et qui donc met en avant, pour la première fois, cette formule de justice sociale,
02:38 c'est-à-dire cette combinaison entre la justice et les questions sociales,
02:42 et les questions des pauvres et des riches, d'une certaine manière.
02:46 Mais en définitive, c'est assez logique.
02:48 Le roi, après tout, lorsqu'il reçoit les objets du sacre,
02:52 que ce soit la main de justice ou l'alliance,
02:55 qui est l'union du peuple et du roi,
02:58 eh bien, se doit d'être justement ce père justicier.
03:01 Moi, j'ai été très marqué, quand j'ai travaillé sur les différents rois de France,
03:06 de voir que le roi Saint-Louis, par exemple, c'est le roi de la justice,
03:10 c'est le chêne, c'est un arbre cher aux Français,
03:13 et de voir que Louis XVI, que l'on a moqué souvent,
03:16 eh bien, était sans doute un de ceux qui avait le plus pris à cœur
03:20 ce rôle de justicier, y compris pour la justice sociale.
03:24 Et j'en ai quelques éléments.
03:27 On oublie un petit peu trop l'avant 1789.
03:31 D'abord, la France est, sous Louis XVI, la première puissance mondiale,
03:35 pas seulement européenne, mondiale.
03:37 Elle vient de vaincre les Anglais.
03:40 Elle a commencé aussi sa révolution industrielle, ce qu'on ne sait pas, généralement.
03:43 – Oui, absolument.
03:45 Absolument, on pense toujours que c'est après 1789.
03:49 Non, non, ça a commencé avant.
03:51 – Ça a commencé avant.
03:52 On en a quelques éléments, avec même Oberkamp et Jouy-en-Josaph,
03:56 on a quelques éléments, on a quelques mines.
03:59 – Les Peugeots.
04:00 – Tout à fait.
04:01 On a quelques grandes familles, comme cela,
04:03 qui prennent, je dirais, le tournant de l'industrie et de l'industrialisation.
04:06 Sauf que, ce n'est pas de la même manière que les Anglo-Saxons.
04:10 Les Français n'ont pas connu encore, à l'époque, ce mouvement des enclosures,
04:14 qui est un mouvement de privatisation de la terre.
04:16 Et qui a… privatisation, le terme peut s'entendre de deux manières,
04:19 parce que c'est aussi une privation de terre pour les paysans les plus pauvres.
04:23 Et c'est ce qui a dégagé des masses de paysans pauvres
04:27 pour aller vers l'industrie, vers les mines, etc.
04:30 – Les fameux communaux.
04:31 – Tout à fait.
04:32 – Que les nobles se sont appropriés.
04:36 Ces communaux servaient pour les paysans pauvres.
04:39 Ils glanaient, ils ramassaient du bois,
04:41 ils faisaient pêtre quelques animaux, n'est-ce pas ?
04:44 C'est bien ça.
04:45 – Tout à fait.
04:46 Et il y avait aussi beaucoup de terres de l'Église
04:48 qui étaient ainsi laissées à l'usage des paysans les plus pauvres.
04:51 On avait, en définitive, ce que certains ont nommé, aux États-Unis particulièrement,
04:54 une sorte de socialisme d'ancien régime.
04:56 Pas le socialisme idéologique, ni surtout pas à celui de M. Hollande ou M. Guxman,
05:01 mais un socialisme réel d'une certaine manière, au sens premier du terme,
05:05 c'est-à-dire qui justement prend en compte tous les éléments d'une société,
05:10 pas forcément les plus riches et les plus visibles, mais aussi les plus pauvres.
05:13 – Et en vous entendant, vous parliez des féodaux.
05:16 C'est d'une actualité brûlante.
05:17 – Tout à fait.
05:18 – Nous avons des féodaux aujourd'hui.
05:20 Les oligarques, les gavets de la terre, comme je l'ai appelé, ils sont là.
05:26 On en reparlera tout à l'heure sur ces féodaux.
05:28 Donc Louis XVI a une vocation sociale dans la nature même de la monarchie.
05:34 – Oui.
05:35 – Et au fond, si je vous comprends bien, la Révolution va gâcher tout ça, finalement.
05:39 – La Révolution gâche tout.
05:41 La Révolution gâche tout.
05:43 J'ai souvent dit que la question des Gilets jaunes, par exemple,
05:47 le Comte de Paris avait dit que la Révolution française
05:53 avait créé le prolétariat d'une certaine manière.
05:55 Ce n'est pas faux. Pourquoi ?
05:57 Parce que 1789, c'est une véritable privatisation,
06:00 y compris des domaines de l'Église, qui était à l'usage de tous.
06:03 – Oui, bien sûr, il y a du CRG.
06:04 – Voilà, c'était une forme de sécurité sociale avant l'Église.
06:06 – Absolument.
06:07 – Et tout cela va disparaître.
06:10 En fait, la Révolution française, c'est la prise du pouvoir
06:14 par l'économique sur le politique.
06:17 Et avec cet argument très simple des bourgeois, c'est de dire que,
06:21 eh bien, nous sommes la richesse, nous sommes l'économie,
06:24 nous devons aussi avoir le pouvoir politique.
06:26 – Le pouvoir politique.
06:27 – Or, les rois de France ont toujours été très distants
06:29 à l'égard de l'argent et des puissances d'argent.
06:31 On se rappelle de Jacques Coeur, mais surtout c'est Fouquet,
06:34 Nicolas Fouquet.
06:35 Lorsque Nicolas Fouquet a oublié ses devoirs d'État et ses devoirs sociaux,
06:39 le roi a frappé celui qui était l'homme le plus riche
06:42 et le plus puissant de France.
06:43 C'est un sacré symbole.
06:45 Et j'ai trouvé que le symbole était marquant
06:47 parce que lorsque Nicolas Sarkozy, un autre Nicolas,
06:50 a été élu en 2007, eh bien, il est allé au Fouquet's.
06:55 – Oui.
06:56 – Tout un symbole.
06:57 – Ah oui, Fouquet's.
06:58 – La revanche de Nicolas Fouquet's quelque part, ou Nicolas Fouquet.
07:01 – Et la devise était "jusqu'où ne montrera-t-il pas ?"
07:04 – Voilà.
07:05 – L'écureuil, bien sûr, le Fouquet.
07:07 – Eh bien, on a vu qu'il pouvait descendre aussi très bas
07:09 parce que le roi était capable de le faire redescendre.
07:11 Est-ce qu'on imagine aujourd'hui que les puissants de ce monde
07:15 ou les puissants de France puissent être ainsi arrêtés dans leur élan ?
07:19 Il semble qu'à chaque fois on prenne beaucoup de gants,
07:21 même quand ceux-ci sont malhonnêtes.
07:23 Il faut attendre des temps, je dirais, presque immémorables
07:27 avant que l'on fasse chuter ces grands oligarques.
07:30 Le roi, lui, il n'a pas hésité.
07:32 Louis XVI, Louis XIV n'a pas hésité.
07:34 Louis XVI le rappelle d'ailleurs, dans cette fameuse formule.
07:37 Alors, justement, parce qu'il disait à un moment,
07:39 j'avais trouvé cette formule, c'est dans l'esprit des journaux de décembre 1784.
07:44 Et pourquoi est-ce que je tiens à le citer ?
07:47 Parce que j'en ai un petit peu assez d'entendre une certaine gauche
07:50 toujours revendiquer la notion de justice sociale.
07:52 Or, au XIXe siècle, c'est une notion qu'elle n'utilise quasiment pas.
07:57 Justement parce qu'elle est connotée.
07:59 Et qu'elle n'est pas connotée du bon côté.
08:01 Et par exemple, à la fin de sa déclaration, Louis XVI dit ceci,
08:05 "Si l'abus ne se couvre jamais, c'est-à-dire ne s'excuse jamais,
08:09 c'est sans doute lorsqu'il s'agit des droits sacrés de l'humanité,
08:12 du trône et de la justice sociale."
08:15 L'humanité, le trône, la justice sociale.
08:17 On a là, en fait, la philosophie de la monarchie, y compris sous Louis XVI.
08:21 Je voulais juste prendre deux exemples du côté très social de Louis XVI
08:24 qu'on oublie un petit peu trop.
08:26 C'est que lorsqu'il y a eu ce volcan islandais qui a explosé...
08:31 – Ah oui, et qui a couvert l'Europe de cendres.
08:33 – Et qui a fait un grand froid, eh bien le roi va donner de sa personne.
08:38 C'est ce fameux tableau que l'on voit où il est en manteau,
08:42 en train de distribuer des homo-hommes à des pauvres à côté de Versailles.
08:45 Mais l'on oublie une chose, c'est qu'il a ouvert 1% du budget de l'État,
08:50 3 millions de livres de l'époque, pour justement éviter une disette,
08:55 éviter le pire des malheurs, c'est-à-dire une nouvelle famine, etc.
08:59 – Oui, parce que les conséquences de ce volcan,
09:01 c'est qu'il y a eu énormément de pluie, de froid, de très mauvaise récolte,
09:06 et on sait que la paysannerie s'agit avant 89, avant la prise de la Vassie.
09:10 – Tout à fait.
09:11 – Il y a des troubles dans les campagnes,
09:14 qui sont liés aux mauvaises récoltes, manifestement.
09:17 – Oui, c'est surtout les questions météorologiques, effectivement,
09:21 qui vont, je dirais, affaiblir l'économie française.
09:25 Puis il y a une chose que je voulais faire remarquer aussi,
09:29 c'est que le roi en est tout à fait conscient, c'est un scientifique le roi.
09:32 Louis XVI c'est un scientifique, on l'oublie un peu trop, c'est un géographe,
09:36 et c'est quelqu'un qui va mettre en avant, grâce à Parmentier,
09:39 il découvre un jour la pomme de terre
09:41 lors d'une sorte de salon de pharmacie ou de science,
09:44 et il va tout de suite comprendre l'intérêt de la pomme de terre
09:47 par rapport aux céréales, qui sont justement,
09:49 dont la production a baissé ces années précédentes,
09:53 et il va faire planter des pommes de terre,
09:55 il va porter la petite fleur de pomme de terre à son chapeau,
09:58 il va servir des pommes de terre à sa table,
10:01 sachant que les philosophes de l'époque considéraient
10:03 que c'était juste réservé pour le bétail, cette nourriture,
10:06 et il va laisser les champs qu'il avait fait garder
10:09 de manière assez rigoureuse par les soldats.
10:11 – Pour attirer.
10:12 – Voilà, au moment où la récolte est faite, il enlève ses soldats,
10:16 les paysans peau vont aller glaner ces pommes de terre,
10:19 et c'est ainsi qu'ils ont ce "mets du roi" d'une certaine manière,
10:22 dans leurs assiettes, et si aujourd'hui nous mangeons des frites,
10:24 de la purée, des pommes de terre, sous toutes les formes, etc.,
10:27 et bien d'une certaine manière nous le devons au roi Louis XVI.
10:29 – Et j'ai observé d'ailleurs que les évêques prenaient le relais,
10:33 Mgr de Lamarche qui était l'évêque du Léon,
10:36 a fait planter des pommes de terre, dans des terres qui étaient acides
10:40 et pauvres bien sûr, au bénéfice de ces Léonards,
10:43 et c'est quelque chose évidemment que finalement,
10:48 un grand comité de l'État, fut-il ecclésiastique,
10:51 devait nécessairement faire.
10:53 – Tout à fait.
10:54 – Alors vous avez évoqué évidemment les biens du clergé,
10:59 et vous avez dit, c'était comme une sécurité sociale.
11:02 Alors bien sûr, il y avait des abus, il y avait ce qu'on appelait des évêques,
11:07 quelle était la formule, pardon ?
11:09 – Des abbés de cour parfois, des évêques qui avaient oublié un petit peu leur foi,
11:13 pour ne garder que les intérêts de ceci.
11:16 – Je cherchais le mot, oui, voilà.
11:18 Mais en fait, les biens du clergé servaient surtout à financer les hôpitaux,
11:21 que je sache, donc c'était bien la sécurité sociale.
11:24 – Et les écoles.
11:25 – Et les écoles, pardon.
11:26 – Je viens d'un établissement scolaire qui a été créé par la reine Marie Leschinska,
11:30 mais qui était tenue par des chanoines de Saint-Augustin,
11:33 et qui ont été chassées à la Révolution française,
11:36 alors que c'était des élèves qui n'étaient que… il n'y avait que des filles,
11:39 c'est allé jusqu'à 600 élèves-filles,
11:41 mais la Révolution française n'aimera pas ce qu'avait fait la monarchie,
11:44 ni la religion, et encore moins les femmes,
11:47 qui seront les grandes victimes de la Révolution française.
11:49 – Et le code civil sera d'une sévérité ravageuse pour les femmes.
11:53 – C'est le moins que l'on puisse dire.
11:55 – Et ça va durer tout le XIXe siècle, n'est-ce pas ?
11:57 – Oui, c'est ça.
11:58 – Bon, bref, la sécurité sociale, et la preuve d'ailleurs,
12:02 je crois que vous allez le confirmer à nos téléspectateurs,
12:06 c'est qu'à partir de 1995-1996, et puis dans les années qui sont sous le directoire,
12:12 il y a une très grande misère dans les campagnes.
12:14 – Oui, tout à fait, il y a une grande misère.
12:16 On oublie une chose, c'est que la Révolution française
12:18 s'est faite contre un certain nombre de corps sociaux,
12:20 le clergé bien sûr, c'est évidemment ce qu'on retient souvent,
12:24 mais ça s'est aussi fait contre le monde paysan.
12:28 N'oublions pas qu'en définitive, le monde paysan
12:30 est l'une des principales victimes de la Révolution française.
12:32 On utilise le monde paysan, on parle de la nuit du 4 août,
12:35 on parle de la grande peur qui l'a précédée, etc.
12:37 Mais le monde paysan se révolte un peu partout contre cette Révolution,
12:40 surtout quand elle est devenue république.
12:42 Il faut voir aussi les guerres de l'Ouest sous cet angle-là,
12:44 et c'est aussi un angle économique.
12:46 Et c'est aussi le fait que beaucoup de ces paysans sont tout à fait déçus
12:49 de voir que les biens du clergé auxquels ils participaient un peu,
12:53 d'une certaine manière en allant faire perdre leurs vaches, etc.,
12:56 se retrouvent clôturés, se retrouvent privatisés
12:59 au profit de gens qui souvent viennent de la ville.
13:01 Pas toujours, mais souvent qui viennent de la ville,
13:04 et on voit d'une certaine manière se mettre en place
13:06 cette sorte de pays légal économique
13:09 qui se distingue de plus en plus du pays réel enraciné des paysans.
13:13 Et puis il y a une deuxième catégorie sociale
13:15 qui va souffrir énormément de la Révolution française
13:18 et dont les conséquences seront jusqu'aux années 1930-1940,
13:22 ce sont les ouvriers.
13:23 – Alors justement, vous nous avez parlé de ces paysans
13:26 qui quittent la terre pour aller travailler dans les premières usines,
13:29 mais il y a eu la loi Le Chapelier et le décret d'Alarde.
13:33 Alors là il faut que vous nous en parliez.
13:35 – Alors c'est en deux temps en fait.
13:36 Le décret d'Alarde c'est d'une certaine manière
13:39 la suppression des corporations, des règlements, etc.
13:42 La loi Le Chapelier va encore plus loin
13:44 puisqu'elle interdit le droit d'association, l'association ouvrière.
13:47 Elle ne veut pas voir de corps intermédiaire entre l'État et l'individu.
13:51 Elle considère que c'est une atteinte à la liberté.
13:53 Et en définitive on se rend compte que cette fameuse liberté du travail
13:56 c'est la liberté de l'argent, c'est-à-dire de l'argent
13:58 qui désormais va financer le travail.
14:00 C'est une coupure incroyable.
14:01 Le Comte de Paris avait dit dans son livre "Le Prolétariat"
14:04 écrit en 1937 que la Révolution française
14:07 c'était la naissance du prolétariat.
14:08 C'est vraiment cela.
14:09 Pourquoi ? Parce qu'on va créer des populations ouvrières
14:13 complètement dépossédées.
14:16 Jadis, sous les corporations qui avaient leur qualité et beaucoup de défauts.
14:19 Des défauts, nous sommes bien d'accord.
14:21 Mais il y avait quand même une exigence.
14:23 Garantir la qualité du travail et garantir les conditions de vie des travailleurs.
14:28 Tout cela disparaît en 1789-71.
14:31 Je rappelle quand même que le droit de grève qui existait sous l'Ancien Régime
14:34 a été supprimé par cette loi Le Chapelier.
14:37 Que le droit d'association a été supprimé, qu'il a fallu attendre 1864
14:42 pour le droit de grève, à nouveau, pour avoir à nouveau un droit de grève.
14:45 - Sur Napoléon III.
14:46 - Voilà, c'est la loi Émile-Olivier.
14:47 Et il faudra attendre 1884 pour l'association et pour les syndicats.
14:51 Mais que de temps perdu.
14:53 Que de temps perdu parce que ça veut dire que le monde ouvrier,
14:56 désormais, est complètement dépendant de ceux qui ont l'argent.
14:59 On a une véritable révolution libérale.
15:02 Et alors, il y a quelqu'un qui l'avait remarqué, qui n'est pas du tout de droite.
15:06 C'est Alain Badiou.
15:08 C'est un maoïste.
15:09 - Oui, oui, oui.
15:10 Il est resté.
15:11 - C'est le dernier.
15:12 - Oui, c'est le dernier.
15:13 Il faudra l'empayer.
15:14 - Je pense.
15:15 - Je pense, mais il n'est pas loin de l'empaillage complet.
15:18 Mais Alain Badiou a quand même eu quelques réflexions très intéressantes.
15:22 En 2016, il écrit un livre dont le titre m'échappe,
15:24 mais où il fait remonter les problèmes.
15:27 Je crois que c'est justement le livre "Les problèmes viennent de plus loin", etc.
15:31 Il fait remonter les problèmes, le problème, la question sociale,
15:34 à la fin du 18e, par l'Angleterre,
15:36 et par l'influence que l'Angleterre, justement,
15:38 a eue sur les classes dirigeantes françaises révolutionnaires.
15:42 - Le modèle anglo-saxon.
15:43 - Tout à fait.
15:44 - Je crois comprendre que ce modèle anglo-saxon continue de sévir aujourd'hui.
15:48 - Tout à fait.
15:49 En fait, c'est un modèle franklinien.
15:51 C'est le modèle franklinien, c'est-à-dire "le temps c'est de l'argent".
15:54 En France, on a toujours accordé une importance, je dirais,
15:57 plus au temps qu'à l'argent.
15:59 Là, à partir de Benjamin Franklin,
16:01 et à partir du moment où une certaine bourgeoisie
16:03 se rallie aux idées anglo-saxonnes,
16:05 que dénonçait d'ailleurs Maurras,
16:07 eh bien, le temps c'est de l'argent.
16:08 Et c'est une formule terrible.
16:10 Parce que, du coup, cela veut dire que la Révolution française
16:12 va supprimer tous les jours de congé que les ouvriers avaient,
16:15 y compris le dimanche.
16:16 - Et les fêtes religieuses, bien sûr.
16:18 - Tout à fait.
16:19 - Et il faudra attendre 1906, sauf erreur,
16:21 pour établir le congé du dimanche.
16:23 - Non. En fait, c'est quelque chose qu'on ne sait pas.
16:25 C'est que l'une des premières lois adoptées sous le roi Louis XVIII,
16:28 c'est la loi de sanctification du dimanche.
16:31 C'est une loi de 1814, de juin 1814, je crois,
16:35 et qui remet le congé dominical, pour tous,
16:39 contre l'avis de la bourgeoisie,
16:41 qui dit "Ah là là, on va perdre de l'argent".
16:43 Et Napoléon avait déjà été questionné sur cet aspect-là.
16:48 Il avait refusé de rendre le dimanche entier aux travailleurs,
16:51 disant que, puisque les travailleurs voulaient manger,
16:53 il n'avait pas de raison qu'ils ne puissent pas travailler.
16:55 Eh bien, l'une des premières mesures que le roi Louis XVIII prend,
16:58 c'est de rétablir le repos dominical.
17:01 Bien sûr, on dira "c'est une question religieuse".
17:03 Non, pas seulement.
17:04 - Pas seulement.
17:05 - C'est une manière de contourner la bourgeoisie.
17:07 Et puis, il va aller plus loin, le roi Louis XVIII,
17:09 parce qu'il y a quelque chose qui est assez étonnant.
17:11 C'est que Louis XVIII est un personnage un peu pas très sympathique,
17:14 peut-être, et tout, un peu agaçant, un peu...
17:17 Mais, c'est lui aussi,
17:19 et il est dans la continuité de son frère, après tout,
17:22 qui va créer le livret d'épargne, la caisse d'épargne.
17:25 Et quel est le but ?
17:26 C'est que, justement, chacun des Français,
17:28 quel qu'il soit, quelle que soit sa condition,
17:30 ait quelque chose pour pouvoir subvenir à la suite.
17:33 Eh bien, c'est la monarchie qui a créé les conditions
17:36 d'une justice sociale à plus long terme,
17:38 puisqu'aujourd'hui, il y a encore 55 millions de Français
17:41 qui ont un livret d'épargne.
17:42 - Un livret d'épargne.
17:43 - Eh bien, vous voyez, comme la pomme de terre,
17:45 nous pouvons remercier Louis XVI,
17:46 le livret d'épargne, nous pouvons remercier Louis XVIII.
17:48 - Et alors, sur le plan social,
17:50 c'est clair que les grandes révoltes auxquelles on assiste,
17:54 par exemple, les Trois Glorieuses, en 1830,
17:57 c'est sous-tendu par la question sociale.
18:00 - Oui, alors, je dirais que c'est surtout,
18:03 en fait, les journées de février 1848.
18:06 - Oui, 1848.
18:08 - Qui sont sous-tendues par la question sociale.
18:10 Mais c'est une véritable escroquerie.
18:12 La bourgeoise y fait croire, au monde ouvrier,
18:14 qu'elle va le soutenir.
18:15 Et on voit les bourgeois et les ouvriers,
18:17 main dans la main, bras dessus, bras dessous.
18:20 Or, tout cela va disparaître dès le mois de juin 1848,
18:24 où on va écraser les révoltes ouvrières.
18:26 On va promettre beaucoup.
18:28 Je dirais que c'est une manière d'aller plus loin,
18:31 d'établir la République.
18:32 Mais une fois que la République est établie,
18:34 elle redevient le pouvoir de l'oligarchie.
18:36 Et en juin 1848, on rappelle aux ouvriers
18:38 que c'est l'oligarchie qui domine,
18:40 au nom de la République, et qu'eux ne sont rien.
18:42 Et on leur tira dessus.
18:43 - Voilà.
18:44 Et parmi les grands agents de cette répression,
18:48 on peut citer quand même quelques-uns ?
18:50 - Adolphe Thiers, déjà, et pas très loin.
18:52 Alors, il n'est pas le seul, hein.
18:54 Mais il y a, me semble-t-il, Cavignac.
18:56 - Cavignac, je pensais à lui.
18:58 - Et puis un certain nombre d'autres chefs,
19:01 plutôt républicains, en tout cas,
19:03 qui ont une force possédante.
19:04 Et alors, je vais être clair.
19:05 1848, c'est la naissance de la lutte des classes en France.
19:08 Je crois que ça, c'est quelque chose qui est très marquant,
19:10 à partir de juin 1848.
19:12 C'est-à-dire qu'en définitive, en 1791,
19:15 c'est l'année la plus terrible, je dirais,
19:17 pour le monde ouvrier.
19:19 Mais il n'y a pas encore l'idée de constitution de classe.
19:21 On aura même des essais de regroupement
19:23 par corporations, par associations de métiers,
19:26 durant cette période-là.
19:28 En 1848, là, on voit une bourgeoisie
19:30 qui traite les ouvriers de classes dangereuses,
19:32 véritablement, et qui vont, là,
19:35 véritablement engager une véritable lutte
19:38 pour empêcher ces ouvriers d'arriver au pouvoir.
19:41 - Vous avez cité "classes dangereuses".
19:43 C'est le titre d'un livre d'un historien célèbre.
19:45 - Tout à fait.
19:46 - Louis Chevalier, "Classes dangereuses,
19:48 "classes laborieuses, classes dangereuses".
19:51 C'est un livre qui a été un monument
19:53 de l'historiographie en ce domaine.
19:55 "Classes dangereuses".
19:56 Et elles resteront dangereuses ?
19:58 Jusqu'à quand, finalement ?
20:00 - Eh bien, elles resteront dangereuses,
20:01 on va dire, jusqu'aux années 30.
20:03 - Voilà, j'allais dire.
20:04 - Pourquoi ? Parce que 1936 n'est pas une révolution.
20:07 Bien sûr, enfin, les ouvriers vont récupérer
20:11 le temps de congé qu'ils avaient, en gros,
20:13 avant la Révolution française.
20:15 Vous vous rendez compte ?
20:16 Il a fallu attendre de 1789-91 à 1936
20:19 pour que l'ouvrier puisse retrouver
20:21 le temps de loisir qu'il y avait
20:24 avant la Révolution française.
20:26 Mais il y a autre chose.
20:27 C'est que le Front populaire n'a pas été une révolution.
20:30 Ça a été, au contraire, sans doute,
20:32 le moment d'intégration à la société
20:34 qui n'est pas encore de consommation.
20:36 Mais ça a été le moment où la Révolution va mourir.
20:38 Je pense que 1936, c'est la fin de l'idée,
20:41 peut-être pas de l'esprit,
20:42 mais de l'idée révolutionnaire en France.
20:44 Pourquoi ?
20:45 Parce qu'on accorde aux ouvriers,
20:47 et ce qui est très bien d'ailleurs,
20:48 on accorde aux ouvriers 15 jours de congé,
20:51 on accorde aux ouvriers les 40 heures,
20:53 une réduction du temps de travail importante,
20:55 des salaires plus importants, etc.
20:57 C'est-à-dire qu'on ne leur accorde pas
20:59 le fond de la société, en leur profit,
21:02 mais on leur accorde, je dirais, d'entrée,
21:05 de partagée, un petit peu, d'avoir un peu
21:07 les morceaux du gâteau.
21:09 Et en fait, on peut être clair,
21:10 le Parti communiste, en définitive,
21:12 et là, l'idée d'une révolution communiste,
21:14 elle meurt en 1936.
21:16 – C'est quand même très intéressant ce que vous dites là.
21:18 C'est assez original, parce que ça veut dire que
21:20 Léon Blum, Maurice Thorez,
21:23 enterrent la Révolution, au final.
21:24 – Oui, tout à fait, tout à fait.
21:26 – Et Léon Blum, je pense qu'il en est tout à fait conscient,
21:29 il a tout à fait compris, d'ailleurs,
21:31 ce n'est pas quelqu'un de révolutionnaire, Léon Blum.
21:33 C'est un grand bourgeois, qui d'ailleurs,
21:36 n'est pas un mauvais écrivain, quand on regarde bien,
21:38 mais qui se trompe régulièrement.
21:40 En 1935, je vous donne juste un exemple,
21:42 ce n'est pas sur la question sociale,
21:43 mais en 1935, il va dire qu'il faut désarmer
21:46 la France unilatéralement, pour que l'Allemagne
21:48 enclenche le même phénomène.
21:50 C'est d'une naïveté confondante.
21:52 Alors, il se rattrapera après, soyons clairs quand même.
21:54 – Oui, mais c'est même en 1932,
21:56 lors de la première élection,
21:58 où le futur chancelier remporte,
22:01 le parti nazi remporte des succès,
22:03 il dit, c'est fini.
22:06 – Oui, c'est-à-dire qu'en fait, il recule un petit peu
22:08 lors d'une deuxième élection, et dit, bon c'est fini,
22:10 on n'en parle plus.
22:11 – Il a reculé, il dit, on n'en parlera plus dans quelques mois.
22:14 – Et c'est là que je voudrais souligner le côté de Cassandre,
22:16 des royalistes, parce que Cassandre est celle
22:18 qui voit clair, mais que l'on ne croit pas.
22:20 – Oui, Cassandre.
22:21 – Dans l'action française du 1er février 1933,
22:23 Léon Daudet écrit, le brave bourgeois, en gros,
22:26 je ne sais plus quelle est la formule exacte,
22:28 ne sait pas qu'il n'est plus séparé d'une guerre d'extermination
22:30 que par l'épaisseur d'un papier à cigarette.
22:33 C'est-à-dire que le 1er février 1933, Léon Daudet dit,
22:36 on va vers la guerre d'extermination,
22:38 deux jours après l'arrivée d'Hitler au pouvoir.
22:40 Et à l'époque, personne ne le croit, personne ne l'écoute,
22:42 du moins du côté républicain.
22:44 – Oui, c'est vrai.
22:45 Il y en a un qui était, en Allemagne d'ailleurs,
22:47 qui était lecteur en Allemagne, comme les universitaires,
22:49 c'est Raymond Aron, qui le perçoit,
22:51 mais moins nettement quand même que…
22:53 – Et puis Benville avait tout dit dès les conséquences politiques
22:57 de la paix publiées en 1902.
22:59 – Et donc, nous arrivons, disons,
23:03 nous avons parcouru assez rapidement un siècle d'histoire sociale,
23:07 un siècle et demi d'histoire sociale.
23:09 Parmi les grands qui ont réprimé les révolts ouvriers,
23:16 il y a quand même Clémenceau.
23:18 – Oui, tout à fait.
23:19 – Et c'est assez intéressant parce que c'est le moment d'ailleurs
23:22 où la République ne fait plus rêver,
23:24 où les socialistes et les socialistes révolutionnaires,
23:28 ce qu'on appellerait aussi parfois les syndicalistes révolutionnaires
23:31 ou des anarchistes, commencent à pendre la mariane aux bourses du travail.
23:37 C'est Émile Janvion et quelques-uns de ses amis
23:39 qui vont pendre une mariane en disant
23:41 "on ne peut rien attendre de cette République antisociale".
23:45 Et Maura Sora va faire une série d'articles en 1908
23:48 où il prend le parti des ouvriers en révolte.
23:51 N'oublions pas qu'il y a la fusillade de Courrières,
23:55 il y a eu la fusillade de Draveil,
23:57 il y a eu une fusillade quelques années auparavant en 1891 à Fourmis.
24:00 – Fourmis, Draveil, oui absolument.
24:03 – La République tire sur les travailleurs
24:05 et beaucoup de travailleurs commencent à se dire
24:07 "mais bon, on a quelques royalistes qui s'agitent et qui disent
24:10 il faut une monarchie, il faut une monarchie populaire,
24:12 on ne dit pas encore le terme sociale, mais il faut une monarchie populaire,
24:14 il faut une monarchie sociale".
24:16 Et on a un certain nombre d'ouvriers, de syndicalistes qui se disent
24:19 "d'accord, allons-y".
24:21 Et il y a une enquête extrêmement intéressante qui est faite par Georges Vallois
24:24 qui à ce moment-là est un syndicaliste, royaliste, d'Action française,
24:27 qui est une des grandes plumes de l'Action française sociale.
24:30 – Ensuite il s'éloignera.
24:32 – Il s'éloignera, mais il montre bien les limites de la République
24:36 et surtout la malfaisance de la République et lui il dit
24:39 "la solution c'est le roi, la solution c'est le roi, c'est le roi des ouvriers".
24:43 Une petite remarque quand même, il n'est pas le seul à le dire
24:45 parce que dès les années 1870-1890, on a des revues et même après
24:51 autour du panache, autour du triboulet, etc.
24:55 autour de la jeunesse royaliste des années 1890
24:58 qui évoquent cette question sociale.
25:00 Et puis il y a surtout ces grands royalistes sociaux
25:02 qui ont existé tout le 19ème siècle, de 1900-Bargemont à la Tour du Pin.
25:06 Et la Tour du Pin qui ne cède pas sur l'idée monarchique.
25:10 – Et qui ont été les pionniers en matière de loi sociale,
25:13 notamment sur le travail des enfants par exemple.
25:15 – Tout à fait, Montalembert 1841.
25:17 Et il y aura eu beaucoup de projets de loi et ce n'est pas étonnant
25:21 que ce soit des royalistes qui défendent des lois de préservation,
25:26 de protection du travail et des travailleurs.
25:28 – Mais vous savez ce qu'elle lui dit, je ne sais plus quel grand bourgeois
25:32 à propos de cette loi sur la restriction du travail des enfants,
25:36 "c'est une atteinte à la liberté du travail".
25:39 – Tout à fait.
25:40 – Le fait c'est une atteinte à la liberté du travail en effet.
25:42 – Mais la liberté du travail façon 1791,
25:45 qui n'est pas la liberté des travailleurs
25:46 et qui est l'inverse des libertés sociales et corporatives.
25:49 Et ça c'est quelque chose, moi je dois vous avouer que plus j'avance en âge,
25:53 plus cette année 1791 me paraît absolument fondamentale.
25:58 Je voudrais vous faire une remarque,
25:59 c'est qu'elle n'est quasiment pas traitée dans les manuels scolaires.
26:02 Il y a un manuel scolaire qui évoque ces lois de 1791
26:05 mais simplement pour dire, 1864, on en enlève une partie.
26:09 Mais je suis assez frappé de voir cette méconnaissance,
26:12 y compris à gauche, surtout à gauche, de l'histoire sociale française.
26:17 Sans doute parce que la gauche n'a pas été tout à fait sociale dès l'origine.
26:21 Et qu'en fait les premiers "sociaux" c'était des catholiques,
26:24 c'était des royalistes, souvent des légitimistes d'ailleurs,
26:26 et qu'ils ne se sont pas contentés de dire qu'il fallait protéger le monde ouvrier,
26:31 ils l'ont fait par la loi.
26:33 Il y a eu des lois, et les premières lois sociales,
26:35 ce sont des catholiques sociaux et des monarchistes qui les ont établies,
26:38 Armand de Melun, Mgr Frépel et même Albert de Main,
26:42 qui se ralliera à la République, mais une particularité que les gens ne savent pas,
26:47 c'est qu'en lisant un certain nombre de dossiers, de courriers, de papiers,
26:52 sur Albert de Main, qui est décédé en 1914, si je me souviens bien,
26:55 eh bien il est resté royaliste au fond de lui.
26:58 Rallier à la République ne voulait pas dire pour autant
27:00 qu'il ne se doutait pas des limites de celle-ci.
27:02 – Pour ceux qui veulent approfondir d'ailleurs,
27:04 nous avons les débats parlementaires, les interventions de ces hommes,
27:08 on peut les trouver sur internet, il faut chercher un petit peu,
27:13 mais les débats sont très intéressants, très très intéressants.
27:16 Alors Jean-Philippe Chauvin, vous nous avez éclairés sur "150 ans d'Histoire",
27:22 ce qui est une belle synthèse, et on voit le métier,
27:26 puisque vous êtes professeur d'Histoire,
27:28 tout à l'heure vous avez dit "les grands bourgeois tirent sur les ouvriers",
27:33 mais est-ce qu'on n'a pas tiré sur les vignes et les jaunes ?
27:36 – Oui, tout à fait.
27:37 – Bon, eh bien ce sera une façon d'aborder, après la pause,
27:41 l'époque contemporaine, si vous voulez bien.
27:43 [Générique]
27:47 Alors Jean-Philippe Chauvin, royaliste, militaire royaliste, depuis…
27:53 – Très longtemps, 1980.
27:55 – Eh oui, nos téléspectateurs ont pu juger de la connaissance
27:59 que vous aviez de cette question sociale, vue à travers la question monarchique.
28:06 Mais la question que je vais maintenant vous poser, c'est évidemment,
28:10 est-ce qu'une monarchie aujourd'hui pourrait mieux résoudre les problèmes sociaux,
28:13 Gilets jaunes, les agriculteurs ?
28:16 Quelle serait son attitude vis-à-vis de la mondialisation par exemple ?
28:20 Vis-à-vis de l'Union européenne aussi, vis-à-vis de la monnaie même, l'euro,
28:27 on peut se poser la question.
28:29 Commençons par l'affaire des Gilets jaunes.
28:33 C'est quand même une chose étonnante, ce n'est pas le prolétariat,
28:39 je pense que vous serez d'accord avec moi, c'est, comme disent les Américains,
28:45 "lower middle class", le bas de la classe moyenne,
28:48 qui est asphyxiée, qui n'en peut plus, qui est asphyxiée de normes, de taxes,
28:55 comme les agriculteurs d'ailleurs, quelques années après.
28:58 – Exactement.
28:59 – Et il me semble, mais vous nous le direz,
29:03 que la réaction du pouvoir macronien est exactement celle de la bourgeoisie du 19ème siècle.
29:08 – Tout à fait.
29:09 Moi j'ai été très frappé de cet événement des Gilets jaunes,
29:14 qui était annoncé depuis longtemps, qui était annoncé depuis longtemps,
29:18 il suffit de lire par exemple quelqu'un qu'on a un peu oublié, Jean Lassalle,
29:21 il avait fait un voyage en France avec sa cravate et sa chemise,
29:26 il avait rencontré un salon de gens, il avait fait un livre de témoignages,
29:30 et je me souviens d'ailleurs de la condescendance, voire de l'ironie,
29:33 avec laquelle il avait été traité par le Figaro magazine à ce moment-là,
29:36 il y avait un petit articulé qui était très méchant sur Jean Lassalle,
29:39 en gros on se moquait un peu de lui et de ce qu'il voyait,
29:42 de ce peuple qu'il abordait, etc.
29:44 Or il avait sans doute compris, mais il n'était pas le seul,
29:48 Christo Guillet par exemple, tout à fait.
29:50 – Les périphéries.
29:51 – Tout à fait, avait vu les choses, mais ils ne sont pas les seuls,
29:54 nous cela fait quelques années qu'on sentait les choses,
29:57 c'est-à-dire qu'en se promenant dans des villes désindustrialisées,
30:01 en se promenant par exemple dans des villes de Mayenne,
30:03 où j'ai vu fermer les petits commerces les uns après les autres,
30:06 en se promenant à Quimperley, où j'ai vu un centre-ville mourir, etc.,
30:10 en se promenant un petit peu partout en France,
30:12 pas dans la France simplement des métropoles,
30:14 mais dans la France des petites et moyennes villes,
30:17 dans la France du monde rural, on sentait que ça couvait,
30:19 mais jusque-là c'était la désespérance qui l'emportait,
30:22 c'est-à-dire qu'il y avait une espèce de fatalisme,
30:25 la mondialisation, on ne peut rien y faire,
30:27 la globalisation qui écrase les petits au profit de grosses multinationales,
30:33 on ne peut rien y faire, etc.
30:34 – Les délocalisations.
30:35 – Les délocalisations, qui continuent, ça ne l'arrête pas là actuellement.
30:38 – Bien sûr.
30:39 – La Croix, par exemple aujourd'hui, je crois que c'est la Croix-Javel
30:42 qui va disparaître de France, on a eu Pépito, Château-Thierry la semaine dernière,
30:46 si vous regardez la presse économique, vous voyez tous les jours
30:50 des entreprises qui ferment alors qu'on parle de réindustrialisation,
30:54 et que, je l'avoue quand même, il y a quelques-uns des députés,
30:59 y compris d'ailleurs de Renaissance, qui est assez surprenant,
31:02 qui ont pris un petit peu la mesure, enfin, de la désindustrialisation.
31:07 Est-ce que ça sera suffisant ? Je crains que le système ne les rattrape.
31:10 – Oui, le système va les rattraper, parce qu'il est tout puissant,
31:15 il est tout puissant, l'oligarchie tient les banques,
31:18 l'oligarchie tient les fonds, y compris le problème des retraites.
31:22 – Tout à fait.
31:23 – Qui est dans le collimateur des gavets de la terre.
31:27 – Tout à fait, la retraite par répartition, d'autant plus que…
31:30 La retraite par répartition, c'est une création des années 30-40, d'ailleurs,
31:34 parce qu'on se constate que de 1936 à 1946, c'est à peu près les mêmes équipes,
31:38 et qu'en définitive, malgré trois régimes différents,
31:41 la Troisième République, le régime de Vichy, les débuts de la Quatrième,
31:44 on a un peu la même logique quand même d'aller vers un État
31:48 qui donne un peu plus au monde social.
31:50 Moi, je n'oublie pas que les retraites, par exemple, la retraite par répartition,
31:53 c'est une création, assez étrangement peut-être, pour certains en tout cas,
31:57 du régime de Vichy, qui va être récupérée après,
32:00 parce que le Comité National de la Résistance, d'après le Conseil National,
32:07 va récupérer ce qui était bon dans les années 40, on oublie un peu trop.
32:12 – Et la fête du travail ?
32:14 – Tout à fait, le 1er mai, etc., parce que le 1er mai était la fête du travail,
32:17 mais le Front Populaire n'en avait pas fait un jour férié.
32:20 Or, c'est le régime de Vichy qui va faire un jour férié,
32:23 donc pour le 1er mai, dont nous profitons toujours,
32:26 même si malheureusement, on constate que beaucoup de grandes surfaces
32:29 et de grands magasins, etc., ne respectent plus vraiment
32:33 cette fête du travail et des travailleurs.
32:36 – Alors, donc, nos Gilets jaunes seront l'objet d'une répression,
32:40 M. Castaner, bien oublié aujourd'hui, s'est montré indigne et mûle
32:45 de Clémenceau et de Caveniac.
32:47 – Ça a été la grande peur des bien-pensants.
32:49 – Mais personne ne l'a, très bien vu, mais personne ne l'a dénoncé.
32:53 – Alors, ceux qui l'ont dénoncé n'avaient peut-être pas toute la voix
32:57 ou le porte-voix que les médias, les grands médias pouvaient avoir,
33:01 même s'il y a quand même eu une prise de conscience.
33:03 D'abord parce que les Gilets jaunes, au début, je dis bien au début,
33:07 et j'y ai participé pendant un certain nombre de temps, de mois,
33:11 eh bien, les Gilets jaunes étaient soutenus par près de 80% de la population.
33:15 – Voilà, nous étions sur les ronds-points.
33:17 – Tout comme les agriculteurs, tout à fait.
33:19 – Au début, nous étions sur les ronds-points.
33:21 – Et sur les ronds-points, on trouvait des drapeaux des provinces de France,
33:23 des drapeaux fleurs de l'Isée aussi, parfois aussi des drapeaux de Che Guevara,
33:27 mélangés à un drapeau au Sacré-Cœur, on avait…
33:30 – Et des barbecues. – Tout à fait.
33:32 – Détestés par Mme Sandrine Rousseau.
33:34 – Mais bon. – Bon, mais ça a été saboté par les Black Blocs,
33:42 essentiellement l'extrême-gauche.
33:45 Est-ce qu'il n'y a pas une certaine analogie avec les sans-culottes, finalement ?
33:51 – Oui, je pense que oui et non.
33:54 C'est-à-dire qu'en fait, moi j'ai vu dans ce mouvement des Gilets jaunes,
33:57 en particulier quand j'allais discuter avec eux à côté des Champs-Élysées, etc.,
34:01 on avait une forme, non pas de jacquerie,
34:03 parce que la jacquerie aurait été limitée au monde agricole,
34:05 là nous vivons une jacquerie, mais on avait une véritable choinerie,
34:08 c'est-à-dire qu'on avait des gens de classes différentes,
34:11 mais qui se retrouvaient dans le même milieu,
34:13 c'est-à-dire qu'en gros c'était les périphéries contre le centre,
34:16 j'exagère un peu évidemment, mais contre la métropolisation.
34:19 Et moi ce qui m'a beaucoup frappé, c'est qu'on se rend compte
34:21 que la mondialisation est un fait, elle n'est pas un bienfait.
34:24 Et ce qui m'a frappé aussi, c'est que les Gilets jaunes, ils allaient où ?
34:27 Ils n'allaient pas à Bastille-Nation, ils n'allaient pas à Bastille-République,
34:30 ils allaient aux Champs-Élysées qui le sont le symbole même
34:33 de la mondialisation et d'une France qui leur a échappé.
34:36 Guilly, dont on parlait tout à l'heure, a fait un livre qui s'appelle "Les dépossédés".
34:39 La dépossession c'est ça.
34:40 – C'est le dernier équivalent.
34:41 – Tout à fait, la dépossession c'est cela.
34:43 Et moi je dois avouer que cette attaque contre les Champs-Élysées,
34:46 qui n'appartiennent plus d'une certaine manière aux Français,
34:49 mais qui sont véritablement la représentation mondialisée
34:52 d'une France mondialisée, c'était un symbole
34:55 qu'ils s'attaquent à ces grandes vitrines d'une certaine manière.
34:58 Alors je tiens à dire une chose, j'ai participé et j'ai vu ce qui s'est passé.
35:02 Il y a une véritable insurrection, une véritable révolte populaire, etc.
35:08 avec des braves gens, etc.
35:10 Les Black Blocs ou l'extrême gauche ou un certain nombre de casseurs
35:13 vont arriver souvent dans un deuxième temps.
35:15 Parfois les premiers jours, par exemple le 1er décembre, en fin de soirée,
35:19 on voit changer totalement, je dirais, le sens même des affrontements
35:24 et même de la casse, etc.
35:27 Et on va voir très rapidement comment le gouvernement va en jouer.
35:30 C'est-à-dire qu'il va jouer sur l'émotion tout à fait légitime
35:34 qu'il pouvait y avoir à voir des graffitis sous l'arc de triomphe.
35:38 Je tiens à rappeler, j'y étais, j'y étais, je suis arrivé,
35:41 que ce sont des Gilets jaunes, des vrais Gilets jaunes,
35:44 qui ont préservé, qui ont protégé la tombe du soldat inconnu
35:48 que quelques types venus de, entre guillemets, banlieue,
35:51 quelques, eh bien, voulaient profaner.
35:54 Attention, ce sont des Gilets jaunes, beaucoup étaient d'anciens militaires,
35:57 beaucoup étaient attachés viscéralement à la France.
36:00 Et j'en veux aussi une autre preuve, c'est que cette grande métropole de Paris,
36:04 etc., elle ne vit que par rapport aux autres métropoles.
36:07 Quand je vois que les étudiants de Sciences Po,
36:09 qui sont de braves étudiants sans doute,
36:12 mais on les envoie en année de césure dans une autre grande ville
36:15 de la métropolisation, si on veut vraiment les dépayser,
36:19 plutôt que de les envoyer dans un pays où ils parleront tous
36:22 la même langue, anglaise, économique, qu'on les envoie dans la Creuse
36:25 ou dans le centre-Bretagne. Le vrai dépaysement, il est là.
36:28 Et donc, en définitive, cette révolte des Gilets jaunes,
36:31 ça parait plus à une chouannerie, à une véritable chouannerie,
36:34 qu'à une simple jacquerie ou qu'à de la casse façon Black Box et compagnie.
36:38 Le problème, c'est la récupération très rapide
36:42 par surtout des débats annexes.
36:45 On voit bien qu'on part du révolte un peu antifiscale,
36:48 mais qui est un ras-le-bol, qui a lieu, remarquez bien,
36:51 50 ans après mai 68, c'est-à-dire qu'il y avait une tentative
36:55 de commémoration de mai 68 qui a avorté.
36:58 Et on a une sorte de contre-mai 68 que sont les Gilets jaunes.
37:02 Et j'étais d'autant plus marqué qu'à Versailles,
37:05 je me suis enguirlandé avec des gens qui disaient, en gros,
37:08 des braves gens qui disaient "il faut leur tirer dans le tas".
37:10 Je leur dis "mais attendez, ce sont des gens de chez nous,
37:12 il y a le drapeau tricolore, il y a les drapeaux des provinces,
37:15 il y a le drapeau normande, rotonde, il y a la fleur de lys, etc.
37:17 Et vous dites "il faut leur tirer dessus".
37:19 Oui, oui, ce sont que des casseurs, ce sont des...
37:22 En gros, une espèce de mépris social total.
37:25 Et c'est moi, le vieux royaliste, etc., qui prenait la défense
37:29 de ces gens qui étaient des petits gens.
37:31 J'ai discuté avec des centaines, peut-être plus, de Gilets jaunes,
37:35 de toute confession, de toute profession, de tout milieu social,
37:39 pratiquement, même si c'était des milieux sociaux,
37:41 des classes moyennes, principalement périphériques, etc.
37:44 Il n'y avait pas de fonctionnaires, assez peu de fonctionnaires.
37:46 Et d'ailleurs, les professeurs n'étaient pas présents,
37:48 à part quelques-uns comme moi, et c'est bien dommage.
37:51 Et alors, ce qui est assez amusant, c'est que lorsque je partais
37:53 de Versailles pour aller vers Dreux,
37:56 eh bien, je voyais des Gilets jaunes, plus j'avançais vers Dreux.
38:00 Ce qui était frappant, c'est qu'en m'arrêtant à Oudan,
38:03 puis à Dreux, tout le monde avait derrière son pare-brise
38:07 un Gilet jaune.
38:08 Et puis, quand je faisais le chemin inverse vers Versailles,
38:10 les Gilets jaunes disparaissaient.
38:12 On a véritablement eu une révolte contre la mondialisation.
38:15 – Et ce qu'il y a de paradoxal dans l'extrême-gauche,
38:21 c'est que son internationalisme lui fait soutenir la mondialisation.
38:26 – Tout à fait.
38:27 – Qui est, par excellence, capitaliste.
38:29 C'est quand même extraordinaire.
38:31 – Alors, je crois que parce qu'ils sont plus mondialisés
38:33 qu'internationalistes.
38:34 Quand on dit international, ça veut dire qu'on prend en compte les nations.
38:37 International.
38:38 – Oui, c'est vrai.
38:39 – Et le terme, en fait, ce sont les "gauchistes" d'aujourd'hui,
38:43 en particulier ceux qui veulent l'effacement,
38:45 ne sont pas des internationalistes.
38:47 La meilleure preuve, c'est que sur leur panneau,
38:49 ils parlent dans une seule langue, l'anglais.
38:51 Un véritable internationaliste, ou un véritable nationaliste,
38:55 eh bien, il s'engage à, lorsqu'il va dans un pays,
38:58 essayer de parler la langue, au moins quelques mots,
39:00 du pays qu'il accueille.
39:02 Or, aujourd'hui, cette gauche, cette extrême-gauche,
39:04 ne pense plus que par une seule langue.
39:06 Et donc, c'est pour ça que je fais une grande différence
39:08 entre ces mondialisés, qui ne sont pas internationalistes,
39:11 qui sont le contraire de l'internationalisme,
39:14 et encore plus, évidemment, du nationalisme.
39:16 – Et l'anglais, c'est la langue du modèle.
39:19 – Tout à fait, c'est la langue de Benjamin Franklin.
39:21 – Voilà, il faut encore s'en souvenir.
39:23 Alors, nos étudiants d'HEC ou de Sciences Po,
39:27 vous voulez les envoyer dans la Creuse ou dans le centre de Bretagne,
39:32 ce serait en effet une solution intéressante,
39:35 simplement, il y en avait un qui avait essayé,
39:37 mais de façon assez brutale, c'était Mao,
39:39 qui avait envoyé les intellectuels dans les élevages de cochons.
39:41 – Oui, ce n'est pas le style de la maison, comme dirait l'autre.
39:44 Non, je pense qu'il y a quand même quelque chose à faire de ce côté-là.
39:47 Aujourd'hui, je suis très frappé de voir
39:49 que les jeunes qui naissent dans un milieu,
39:51 un certain milieu, n'en sortent plus.
39:53 Il y a une sorte d'entre-soi social qui est très dangereux
39:55 et qui empêche de faire France.
39:57 C'est-à-dire que beaucoup de jeunes de ces classes dominantes
40:00 ne connaissent pas la France.
40:02 Or, justement, l'intérêt, c'est de faire France.
40:04 Et avec ce retour aux campagnes,
40:07 ce retour aux petites et moyennes villes.
40:09 – Et vous avez d'autant plus raison que, dans les années 60,
40:13 on sait que l'école permettait de faire monter des enfants,
40:17 des classes modestes, ce qui n'est plus possible aujourd'hui.
40:20 – Ce n'est plus possible.
40:22 – Or, ce qui a rendu cette chose impossible,
40:25 ce sont les fameuses réformes de l'école,
40:28 voulues par les bourdieux et compagnie,
40:32 qui nous ont fait, au nom de l'égalité,
40:36 une école profondément inégalitaire aujourd'hui.
40:39 – Profondément inégalitaire et qui a oublié une chose.
40:41 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, on est dans un monde
40:43 qui communique et qui oublie de transmettre.
40:45 Et ça, c'est quelque chose qui me marque
40:47 parce que l'actuelle crise agricole que nous vivons
40:50 et que nous allons vivre, je pense, encore pendant quelques semaines,
40:53 c'est aussi une crise de la transmission.
40:55 Pourquoi ? Parce que c'est Robert Redeker,
40:57 dans un très bel article du Figaro, qui l'a signalé.
40:59 Et Pierre Vermeuren a confirmé le lendemain, dans ce même Figaro,
41:02 qui, pour une fois, était de très bonne lecture.
41:05 Eh bien, il y a une crise de la transmission,
41:08 il y a une crise de civilisation, quelque part.
41:10 Nous sommes dans le monde de l'immédiateté,
41:12 dans le monde du TikTok, quelque part,
41:15 des 15 secondes ou d'une minute, pas plus.
41:18 – Plus le TikTok que le Tik, d'ailleurs.
41:20 – Tout à fait. Et donc, en définitive,
41:23 on constate que la transmission a été brisée.
41:25 Aujourd'hui, il faut savoir que 6 agriculteurs sur 10 vont partir,
41:30 pardon, 1 agriculteur sur 2, pardon, va partir à la retraite d'ici 6 ans.
41:35 Et alors, où sont les jeunes qui vont prendre la suite ?
41:39 Il y en a, malheureusement, ils ne sont pas assez nombreux.
41:41 Il y a une espèce de dessèchement,
41:43 on a tout fait pour déraciner par le dessèchement,
41:46 et l'école a joué un rôle extrêmement ambigu,
41:49 et l'école ne transmet plus.
41:51 Ce que dit Robert Redeker, avec beaucoup d'à propos,
41:54 c'est que la crise agricole que nous vivons
41:57 est la même que la crise de l'école,
41:59 une crise de la transmission et de la civilisation.
42:03 Or, je pense que les Gilets jaunes avaient compris cela.
42:05 Justement, ce qu'ils voulaient, c'était transmettre à ceux qui venaient après eux,
42:08 car ce sont des familles qui, en général, ont 2, 3, 4 enfants,
42:11 ce ne sont pas des familles souvent avec 1 ou 2, ou pas d'enfants.
42:16 J'avais remarqué, j'avais été très marqué
42:18 par cette sorte de configuration sociologique.
42:20 Alors évidemment, il y a d'autres particularités,
42:22 mais ils veulent transmettre à ceux qui vont suivre.
42:26 Or, qu'est-ce qu'ils voient ?
42:27 On ferme les écoles à côté de chez eux
42:29 parce qu'on est en dessous d'un certain nombre.
42:31 On veut tout mélanger, on veut mélanger,
42:34 on veut les forcer à une culture qui n'est même pas,
42:37 je dirais, la culture française,
42:38 qui est une culture de plus en plus mondialisée.
42:40 Et ces gens-là, qui sont proches des réalités de la Terre,
42:43 qui passent tous les matins devant un vieux puits,
42:45 une vieille église, etc.,
42:47 qui parlent français, je dirais, un français avec des accents,
42:51 parce que la vraie diversité, la vraie pluralité,
42:53 elle est dans nos campagnes.
42:55 Eh bien, ils sont évidemment complètement déboussolés
42:58 et abandonnés, en définitive,
43:00 par une mondialisation et par une classe mondialisée
43:02 qui les considère comme, entre guillemets, des ploucs,
43:05 qu'ils soient agriculteurs ou gilets jaunes.
43:07 – Oui, mais en fait, nous sommes tous des ploucs
43:09 au regard de l'homme qui préside au destiné de la France,
43:13 qui est d'une maladresse insigne,
43:16 mais qui cultive aussi le mépris et qui ne s'en est pas guéri.
43:21 On pourrait imaginer qu'au début de son premier mandat,
43:24 c'était un dérapage, mais il continue dans le mépris.
43:29 Comment expliquez-vous cela ?
43:30 – Il y a quelque chose, c'est qu'on a souvent comparé Macron à un roi.
43:34 On l'a mis sous les traits de Louis XVI,
43:36 c'est l'anti-Louis XVI.
43:38 Il y a quelqu'un qui l'a remarqué, c'est Marcel Gaucher.
43:40 Le philosophe Marcel Gaucher l'a remarqué en 2018.
43:43 Il avait expliqué ceci,
43:46 "Macron s'est trompé sur ce que l'on attendait d'un roi.
43:49 Un roi, ce n'est pas un manager, pas un patron de start-up
43:53 qui secoue ses employés pour qu'ils travaillent 18 heures par jour,
43:57 pour que les Français, par effet d'entraînement,
44:01 deviennent tous milliardaires.
44:03 Dans la tradition française, un roi, c'est un arbitre.
44:07 Quelqu'un, et c'est très important ce que dit Marcel Gaucher,
44:10 parce qu'il fait toute la différence.
44:11 - C'est très fort, c'est quand même...
44:13 Quelle révolution alors !
44:14 - Tout à fait.
44:15 Donc, quelqu'un qui est là,
44:16 dans la tradition française, un roi, c'est un arbitre,
44:19 quelqu'un qui est là pour contraindre les gouvernants
44:22 à écouter les gouvernés.
44:24 Quand les gens accusent Macron d'être le président des riches,
44:27 ils lui reprochent surtout de ne pas être l'arbitre
44:30 entre les riches et les pauvres.
44:32 Et c'est ce qui fait que M. Macron n'est pas un roi
44:34 et que je suis d'autant plus royaliste,
44:36 quand j'entends dire qu'il l'est, d'autant plus royaliste,
44:39 parce que je dément, il est bien un président de la République.
44:42 D'ailleurs, il a bien été élu,
44:44 souvent par les mêmes, d'une élection à l'autre.
44:47 Il n'est pas un roi.
44:49 Un roi, lui, justement, écoute et parfois prend des décisions
44:53 qui ne vont pas dans le sens des puissants
44:56 et des idéologies dominantes.
44:58 C'est l'intérêt d'ailleurs du monarchie,
45:00 c'est de ne pas devoir son pouvoir à une élection,
45:03 et d'être un arbitre.
45:05 Gaucher le dit très bien, un arbitre.
45:07 Très intéressant.
45:09 Ça nous fait glisser vers le plan institutionnel.
45:12 Parmi les dernières questions que j'aimerais vous poser,
45:15 évidemment, c'est si une monarchie s'installait en France,
45:19 elle serait constitutionnelle ou pas ?
45:22 Alors, en fait, je dirais que les dernières monarchies
45:25 qui se sont installées, aussi actives, aussi fortes soient-elles,
45:29 sont des monarchies constitutionnelles.
45:31 Parce que Louis XVIII octroie une charte,
45:34 qui est d'ailleurs très intéressante,
45:36 qui me regarde bien, et qui est un bon équilibre
45:38 entre les aspirations des uns et des autres,
45:40 et qui, en fait, place le roi dans la position d'un exécutif fort.
45:44 C'est-à-dire que ce n'est pas l'exécutif
45:46 qui est soumis, je dirais, au Parlement, etc., à l'Assemblée.
45:50 Il y a une espèce de jeu d'équilibre intelligent.
45:52 Je dirais que cette charte de 1814,
45:55 qui mériterait d'être relue avec attention,
45:57 eh bien, elle est reprise en partie
46:00 par la constitution de la Vème République.
46:02 Eh oui, je vais vous dire.
46:03 Le seul problème, c'est que la Vème République,
46:05 c'est une monarchie avec un monarque électif,
46:08 et qui n'est pas allé jusqu'au bout d'elle-même.
46:11 Et je dirais que, peut-être, on l'a dit,
46:13 bon, les historiens n'ont pas complètement tranché là-dessus,
46:17 que le Charles de Gaulle, que le général de Gaulle,
46:19 souhaitait, pourquoi pas, s'effacer devant le comte de Paris
46:23 après son premier mandat.
46:25 Ça n'a pas été le cas.
46:26 Ce qui est certain, c'est que ça n'a pas été le cas.
46:28 Mais il est vrai que, dans les institutions de la Vème République,
46:32 dans la manière dont de Gaulle envisage l'État,
46:37 il y a des éléments qu'un lecteur de la Tour du Pin,
46:40 qu'un lecteur de Maurras, qu'un lecteur du comte de Paris,
46:43 peut entendre.
46:44 Moi, il y a une chose qui m'a marqué,
46:46 c'est que de Gaulle est très capétien
46:48 quand il dit, à certains moments,
46:50 "la politique de la France ne se décide pas à la corbeille",
46:54 c'est-à-dire à la bourse.
46:55 La politique de la France ne se décide pas à la corbeille,
46:57 il dit une autre chose.
46:58 Et donc, d'une certaine manière,
47:00 il réintroduit le fameux politique d'abord de Maurras,
47:03 l'intendance suivra.
47:04 Alors, même s'il n'a sans doute pas dit comme tel,
47:06 mais bon, toujours est-il que c'est ça qui importe.
47:08 Je crois que l'idée d'une monarchie royale,
47:11 d'une monarchie éminemment sociale,
47:13 c'est justement qu'il y a un arbitre au-dessus,
47:16 je dirais, des puissances politiques,
47:18 des oligarchies financières et économiques,
47:21 et qui est capable, je dirais,
47:23 de décider, d'ordonner, au sens d'organiser les choses,
47:27 parfois en tordant le bras, sans doute, à quelques oligarques.
47:30 Mais je crois que l'important, c'est de rétablir,
47:34 de restaurer le politique par rapport à l'économique.
47:36 D'une certaine manière, faire une véritable contre-révolution
47:39 par rapport à 1789.
47:40 En 1789, c'est le pouvoir économique qui s'empare du pouvoir politique,
47:44 et on a vu le résultat,
47:45 et là, il s'agirait que le pouvoir politique
47:48 n'empasse pas du monde économique,
47:50 mais s'impose véritablement au monde économique,
47:52 et en particulier aux oligarchies.
47:54 – Et le remède à la directrice.
47:56 – Tout à fait, c'est pas du dirigisme, c'est pas de l'étatisme,
47:58 il ne s'agit pas de faire les choses à la place des gens.
48:00 Louis XIV et Colbert n'ont pas fait de l'étatisme,
48:02 ils sont intervenus, ils ont fait une politique intelligente
48:06 sur le plan économique, qui laissait une grande liberté,
48:08 y compris au corps de métier,
48:10 même si Colbert avait rénové, justement,
48:12 ces fameuses corporations dont on parlait tout à l'heure.
48:15 – Alors j'utilisais parfois la métaphore, ici même, à ce micro,
48:18 de, évidemment, Philippe le Bel contre les Templiers,
48:23 le Roi, l'État National contre la Multinationale.
48:28 Bon, comparaison n'est pas raison,
48:30 mais aujourd'hui, il faut reconnaître que les Templiers l'auraient emporté.
48:34 – Aujourd'hui, les Templiers sont au pouvoir.
48:36 – Ben voilà.
48:37 – Les Templiers sont au pouvoir, Nicolas Fouquet, ou Fouquet's,
48:40 est au pouvoir, qu'il s'appelle Sarkozy,
48:43 qu'il s'appelle Hollande même, ou qu'il s'appelle Macron.
48:46 Et je pense que, justement, il y a une inversion de l'ordre,
48:49 je dirais, juste des choses.
48:51 Et c'est là où je reviens à l'idée, un petit peu, du roi Louis XVI,
48:55 quand il évoque le trône, l'humanité, la justice sociale.
49:00 C'est, en fait, en quelques mots, le programme d'une monarchie réinstaurée.
49:05 Alors, sachant que la difficulté, évidemment, c'est de la réinstaurer.
49:09 Nous parlons un peu en théorie, mais vous remarquerez
49:12 que les royalistes sociaux sont souvent sur les terrains,
49:16 je dirais, justement, de lutte contre la désindustrialisation,
49:22 de lutte du côté des paysans.
49:24 Alors, on a un nouveau terme qui vient d'apparaître,
49:26 très compliqué à dire, la désagricolisation,
49:30 qui est un terme qui vient d'apparaître.
49:32 – La dévoralisation.
49:33 – Oui, mais c'est un petit peu différent.
49:35 – Qui est pas tout à fait la même chose.
49:36 – Et donc, je pense que, justement, l'intérêt d'un État fort,
49:39 d'un État royal, c'est de permettre aux Français,
49:44 dans leur communauté, dans leur région,
49:46 il faudra d'ailleurs sans doute refaire une carte territoriale digne de ce nom,
49:49 eh bien, dans leur métier, dans leur commune, etc.,
49:53 de retrouver des pouvoirs, c'est-à-dire des libertés.
49:56 Et je pense qu'il y a une reconquête des libertés à faire
50:00 et que les royalistes sociaux s'engagent déjà à la faire à la base,
50:04 mais c'est vrai que le levier institutionnel permettrait
50:07 d'aller beaucoup plus vite et d'aller beaucoup plus fort,
50:09 et surtout de pérenniser cette nouvelle justice sociale.
50:13 – Alors, vous avez parlé de carte électorale.
50:15 Moi, je vous parle de carte administrative.
50:19 Généralement, dans les milieux royalistes et à droite en général,
50:25 on considère le département comme une création de la Révolution.
50:29 – Ce qui est vrai.
50:30 – Mais ce n'est pas tout à fait exact, comme vous le savez,
50:33 puisque Touré, qui était le constituant,
50:38 qui a conçu avec Mirabeau le département,
50:43 reprenait les Évêchés.
50:46 Et ces Évêchés reprenaient les anciens pays gaulois.
50:54 – Oui, alors avec une nuance quand même,
50:57 parce qu'il y avait 130, je crois, Évêchés avant la Révolution.
51:02 – Oui, c'est vrai.
51:03 – Il y en a quand même une quarantaine ou une cinquantaine qui vont disparaître.
51:06 – Et en Bretagne en particulier, nous en sommes les victimes.
51:08 – En Bretagne, l'évêque du Léon, par exemple,
51:10 il y avait un évêque à Saint-Paul-de-Léon et un évêque à Quimper.
51:13 – Tout à fait.
51:14 – Bon, il n'y en avait plus qu'un à Quimper.
51:16 Mais quand même, si vous juxtaposez les trois cartes, il y a une pertinence.
51:21 Et alors, je vous pose la question, est-ce que ce n'est pas cela
51:24 qui ferait que les Français sont quand même assez attachés au département,
51:29 même si Touré, l'inventeur de 91, les a laïcisés en quelque sorte ?
51:34 – Alors, je pense que de toute façon, l'intérêt d'une réforme institutionnelle,
51:39 c'est d'abord de privilégier des régions qui ont des provinces,
51:42 je préfère le terme de province, qui ont un sens historique
51:45 et qui ont aussi une pertinence économique.
51:48 Par exemple, je milite beaucoup pour que Nantes revienne en Bretagne.
51:53 – Soit attachée à la Bretagne.
51:54 – Tout à fait. Mais pourquoi ? Pas simplement pour une raison historique,
51:57 mais parce que si on regarde bien, en mettant Rennes et Nantes,
52:01 en les créant comme une forme de duopole, c'est-à-dire à 100 km,
52:04 eh bien on fait une véritable force.
52:06 Ce n'est pas 1 + 1 = 2, c'est 1 + 1 = 3.
52:10 Or, la bêtise de la République administrative,
52:12 et c'est la réforme Hollande qui a heureusement de ce côté-là
52:14 été totalement gâchée, sauf en Normandie,
52:16 c'est de continuer à séparer l'un et l'autre.
52:18 Donc, l'intérêt de l'un et de l'autre sont divergents.
52:21 Et je pense qu'en France, on a énormément d'atouts.
52:24 En France, il faut savoir une chose, c'est que la France est sans doute
52:26 le pays qui a le plus d'atouts économiques, énergétiques, agricoles ou autres,
52:30 et que la République gâche tout cela par une politique
52:34 qui ne favorise que, justement, les jeux d'argent.
52:36 Et moi, ça me navre.
52:38 Nous avons une métropole de 551 000 km².
52:41 Nous avons un outre-mer habité de 6...
52:43 Avec l'outre-mer, ça fait 645 000 km².
52:46 – Et une zone d'exclusivité maritime. – 11 millions et demi, tout à fait.
52:50 11 millions et demi d'océans, nous sommes la deuxième ZEE du monde.
52:54 Et qu'est-ce qu'en fait la République ? Rien.
52:57 Nous avons les moyens, par exemple, pour l'énergie.
53:00 Prenons un exemple simple.
53:02 Pour les énergies, on parle beaucoup de l'éolien, du solaire, etc.
53:05 Oui, certes, mais aujourd'hui, nous avons, avec 5000 km de côte
53:09 dans les métropoles et ailleurs, donc avec l'outre-mer, etc.,
53:12 nous aurions les moyens de faire une énergie complètement marine,
53:16 énergie électrique complètement d'origine marine,
53:18 que ça soit par les algos carburants, que ça soit par les hydroliennes, etc.,
53:23 par l'énergie ou le motrice, etc.
53:25 Moi, ce qui me navre, c'est que la Ve République, en ses débuts,
53:28 avait lancé de grands projets.
53:30 Il n'y a rien eu après. Nous venons de perdre 50 ans.
53:34 Et c'est là tout le désaveu pour la République que je fais,
53:39 parce qu'une monarchie, elle, le roi d'avant,
53:42 il doit penser au roi d'après, et il doit penser au roi d'après,
53:46 d'après, d'après, et encore d'après.
53:48 Et là, on voit que la politique ne pense qu'à la prochaine élection présidentielle.
53:52 Regardez que depuis quelques mois, on ne parle plus que de 2027.
53:55 Comment peut-on avoir une politique économique, sociale,
53:59 une politique diplomatique sur le long terme
54:01 quand on ne pense jamais qu'à une échéance électorale ?
54:04 – Eh bien, Jean-Philippe Chaumin, merci pour ces analyses.
54:08 Ça pourrait être votre conclusion.
54:11 En effet, ça nous dispenserait de cet électoralisme verbadant.
54:17 Je vous remercie pour votre intervention,
54:19 qui fut d'une grande richesse et d'un grand intérêt.
54:22 – Merci beaucoup.
54:23 – Et je souhaite évidemment à vos actions le plein succès,
54:27 car je sais que vous êtes très actif.
54:29 Vous étiez récemment, je crois, à Aix-en-Provence.
54:31 – Aix-en-Provence, Lyon, Marseille, pour prêcher la bonne parole royaliste.
54:35 – Eh bien, ce fut fait aussi à TV Liberté, et nous vous en remercions.
54:41 – Merci.
54:42 – Chers téléspectateurs, je vous dis à très bientôt.
54:45 [Musique]

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