Le Premier ministre, Gabriel Attal, s'est exprimé ce dimanche soir en direct du Salon de l'agriculture.
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00:00 -M. le président, cher Jean-Luc Poulin,
00:03 M. le vice-président, cher Jérôme Despes,
00:05 mesdames et messieurs,
00:07 vous le savez, je serai mardi, à partir de 7h,
00:10 et toute la journée, dans les travées du Salon,
00:14 au milieu des Bêtes, des Agricultures,
00:16 de nos régions, des filières et des partenaires.
00:19 Mais je n'ai pas pu refuser l'invitation
00:21 de l'organisation du Salon,
00:24 qui m'a proposé de venir célébrer avec vous
00:26 les 60 ans du Salon de l'agriculture.
00:29 Alors, je suis avec vous ce soir,
00:32 car 60 ans de Salon, c'est 60 ans de passion.
00:37 Passion des Français pour leur agriculture,
00:40 passion de nos agriculteurs pour leur métier,
00:43 passion de notre pays pour son agriculture,
00:46 qui est à la fois sa force et sa fierté,
00:49 et de la passion, il en a fallu à Jean-Luc Poulin
00:52 pour présider à l'organisation de ce moment unique
00:56 chaque année en France.
00:58 Toutes et tous, nous lui devons quelque chose.
01:01 Toute l'organisation du Salon sait ce qu'elle doit
01:04 à Jean-Luc Poulin, qui n'a jamais compté ses heures
01:07 pour donner chaque année rendez-vous
01:09 à plus de 600 000 visiteurs porte de Versailles.
01:13 Et nos agriculteurs, quant à eux, savent
01:15 que sans Jean-Luc Poulin ces dernières années,
01:18 il n'aurait pas eu un Salon qui aurait été
01:20 tout à fait le Salon auquel ils sont tant attachés.
01:24 Et vous, partenaires du Salon,
01:26 vous savez combien ce monument de notre patrimoine immatériel
01:30 qu'est le Salon n'aurait jamais tout à fait pu être le même
01:33 sans Jean-Luc Poulin. Alors oui,
01:35 à l'heure où Jean-Luc Poulin raccroche
01:38 de la présidence de ce Salon,
01:41 nous pouvons toutes et tous le remercier,
01:43 et je le remercie en mon nom, évidemment,
01:45 mais je le crois aussi très profondément
01:47 au nom de toutes celles et ceux qui m'ont précédé
01:50 dans ma fonction, au nom de l'Etat,
01:52 pour ce travail absolument remarquable
01:54 qui a été fait, pour la passion,
01:56 l'engagement qu'il y a mis toutes ces années.
01:58 Merci, Jean-Luc Poulin, et nous pouvons toutes et tous
02:02 le remercier.
02:03 (Applaudissements)
02:05 (...)
02:09 Mesdames et messieurs, parler d'agriculture,
02:11 je l'ai dit, c'est forcément parler de passion.
02:13 D'abord, il y a la passion que les Français ont pour le Salon,
02:17 je dirais même pour leur Salon.
02:19 Chacun sait combien chaque jour d'ouverture,
02:22 chaque année, c'est un peu un jour de fête nationale.
02:26 Tous les Français, peu importe leur âge, leurs origines,
02:29 peu importe qu'ils vivent en ville ou à la campagne,
02:31 qu'ils soient experts en bêtes, en plantes
02:33 ou d'aucun de ces deux mondes, tous les Français attendent
02:35 ce Salon pour y déambuler comme 600 000 de nos concitoyens
02:39 tous les ans, ou pour en voir des images,
02:42 pour ceux qui n'auraient pas la chance de pouvoir communier
02:44 en chair et en os.
02:46 Aucun Français ne passe à côté du Salon.
02:49 Et au fond, cette semaine, c'est comme,
02:51 pour reprendre des métaphores, comme vous l'avez fait,
02:54 c'est comme un 14 juillet pour notre pays
02:56 et pour son agriculture.
02:58 On y ressent toute la fierté d'être Français,
03:01 d'appartenir à une nation agricole qui, depuis des siècles,
03:04 puise ses racines dans la terre, dans le travail de la terre,
03:08 dans le goût de l'effort, dans l'amour immodéré
03:11 de tous ces produits agricoles qui forment, au fond,
03:12 l'un de nos plus beaux patrimoines.
03:14 Notre gastronomie a nul autre pareil.
03:17 Mais je suis très lucide.
03:19 Je sais combien la passion, celle du travail,
03:21 celle de la terre, celle des bêtes,
03:23 celle des champs, celle des forêts,
03:24 toute cette passion, je sais qu'elle a un prix.
03:27 Ce prix, c'est celui de la valeur donnée
03:29 aux fruits du travail de nos agriculteurs.
03:32 Ce prix, c'est celui d'un soutien, d'une considération,
03:35 d'une priorité qui doit toujours être donnée
03:37 à notre agriculture et à nos agriculteurs.
03:41 Ces dernières semaines, je l'ai déjà dit,
03:43 le prix de cette passion s'est fait entendre.
03:45 Partout en France, nos agriculteurs
03:48 nous ont demandé des comptes, à nous, Etat,
03:51 mais aussi à toute notre nation,
03:53 qui, parfois, a pu donner le sentiment
03:55 que nous n'avions pas de véritable destin
03:57 à proposer à notre agriculture,
03:59 qui avait le sentiment de naviguer à vue
04:01 sans retrouver le sens profond de ses 1ers engagements.
04:04 J'y reviendrai dans un instant.
04:06 Mais ce cri n'a pas été poussé que par nos agriculteurs.
04:09 Il a été poussé par tout un pays
04:11 comme un cri d'amour et de soutien pour eux.
04:14 Car oui, tout au long de ces dernières semaines,
04:16 le pays tout entier a été uni derrière ces agriculteurs.
04:19 Plus de 9 Français sur 10, ça a déjà été dit, beaucoup.
04:23 Alors il faut que ce salon reste ce qu'il a toujours été,
04:26 une fête nationale, joyeuse et sereine.
04:30 Et je suis cependant parfaitement lucide,
04:32 cette année n'est pas une année comme les autres.
04:35 Mais, mesdames et messieurs, je le crois très profondément,
04:38 les Français ne sont dupes de rien,
04:40 ni de l'instrumentalisation, ni du mensonge,
04:43 ni de la poudre aux yeux.
04:45 A l'occasion de ces 60 ans,
04:47 et puisque le Salon de l'Agriculture
04:49 est une fête nationale,
04:50 je sais combien vous tous, amis et partenaires du Salon,
04:53 vous êtes attachés à un principe simple,
04:55 et beaucoup d'entre vous me l'ont dit.
04:57 Nous ne sommes pas ici au cirque.
04:59 Le Salon n'est pas un cirque médiatique,
05:01 ni un cirque politique, ni un cirque militant.
05:04 Au fond, les agriculteurs, nos bêtes, nos filières,
05:07 ne sont pas un décor de campagne.
05:09 Alors moi, je suis venu aujourd'hui pour dire
05:11 que tout le gouvernement est aux côtés de nos agriculteurs,
05:15 qu'on agit, que depuis 3 semaines, partout en France,
05:18 l'Etat se mobilise encore davantage
05:20 et prend des engagements devant les agriculteurs.
05:23 Et autant vous dire que quand on prend un engagement
05:25 devant un agriculteur, je le sais,
05:27 on a plutôt intérêt à le tenir.
05:30 Alors c'est ce que nous faisons autour de 3 piliers.
05:32 Le constat, oui, nous traversons une crise agricole
05:34 quasiment sans précédent,
05:36 fruit d'un malaise qui date de décennies
05:38 avec des agriculteurs qui ont parfois eu l'impression
05:40 de bosser toujours plus pour s'en sortir toujours moins bien.
05:44 De l'action, cette crise,
05:46 nous l'avons entendue dès le 1er jour,
05:48 et je veux rappeler que nous avons pris 62 engagements
05:50 en lien avec les représentants des agriculteurs.
05:52 Le président de la République en a pris hier de nouveau,
05:54 concret et inédit.
05:56 Des résultats, en 3 semaines,
05:58 nous avons ouvert l'intégralité des engagements
06:00 que nous avons pris, et 8 sur 10 ont été menés à leur terme
06:03 ou sont proches de l'être.
06:05 Un nouveau point sur l'avancée de ces engagements
06:07 sera fait après la fin du salon.
06:09 Mais en même temps que nous agissons,
06:10 nous assumons une vision claire pour l'agriculture.
06:13 Et je prendrai un court instant pour la développer.
06:16 Cette vision, c'est oui à plus de production
06:19 et oui à plus de protection,
06:21 notamment contre la concurrence déloyale.
06:23 Mais protéger, cela ne veut pas dire isoler.
06:26 Notre ennemi, ce n'est pas l'étranger,
06:28 c'est la loi du marché débridé.
06:31 J'ai parlé d'exception agricole française,
06:33 c'est justement cela pour moi.
06:34 Être capable de fixer des limites, d'imposer des règles,
06:38 de briser des tabous fermés depuis des décennies
06:40 pour faire avancer notre agriculture
06:42 et faire mieux vivre nos agriculteurs.
06:45 C'est aussi ce qu'a annoncé le président de la République,
06:47 le chantier qu'il a ouvert des prix planchers.
06:49 Oui, il faut des règles avec un objectif clair, protégé.
06:53 L'agriculture française,
06:55 ça ne doit être ni l'URSS ni le Far West.
06:59 Pas de prix administrés, fixés par l'Etat
07:03 qui tire tout le monde vers le bas, comme en URSS,
07:06 ni le Far West avec une loi du marché
07:08 qui seule ferait tant de dégâts.
07:11 Ces prix planchers prendront évidemment en compte
07:13 les coûts de production par filière
07:15 sur la base des indicateurs interprofessionnels.
07:17 Ils ne tomberont pas d'en haut comme un coup près.
07:20 Mais, mesdames et messieurs,
07:21 vous qui êtes des professionnels de l'agriculture,
07:23 vous savez mieux que personne que cette exception agricole
07:25 ne doit en aucun cas être une fermeture.
07:28 Renoncer à commercer,
07:30 c'est condamner notre agriculture à sombrer.
07:33 Oui, nous exportons plus que nous importons.
07:36 Oui, vendre à l'international fait vivre
07:38 des dizaines et des dizaines de milliers de nos agriculteurs.
07:40 Oui, nous avons besoin de partenaires
07:42 pour importer ce que nous ne produisons pas
07:44 ou pas suffisamment, notamment pour nourrir nos bêtes.
07:47 Nous couper du monde, personne ne peut y croire,
07:49 personne ne peut le souhaiter.
07:51 Dans la minute, des exploitations
07:53 mettraient la clé sous la porte, des agriculteurs renonceraient.
07:56 Notre agriculture serait profondément affaiblie.
07:59 Je le dis dans un même mouvement sans être trop long.
08:02 Il en va de la PAC comme du commerce international.
08:04 Mon gouvernement est et sera constant
08:07 et ne changera pas d'avis sur le sujet.
08:09 Avec nous, c'est clair.
08:11 Notre gouvernement est pour la politique agricole commune,
08:13 que l'on doit évidemment réformer.
08:15 Il est pour le commerce international,
08:17 que l'on doit évidemment encadrer.
08:20 Mesdames et messieurs, depuis 4 semaines,
08:21 nous sommes dans une course contre la montre
08:23 avec une obsession, obtenir des résultats
08:25 et surtout des résultats qui arrivent dans les cours de ferme.
08:28 Nous y arriverons, j'en suis absolument convaincu.
08:31 Dans cette course contre la montre,
08:33 j'ai toujours pu compter sur les syndicats agricoles.
08:35 Ils ont été des partenaires engagés,
08:38 souvent fermement, toujours disponibles.
08:41 J'ai passé plus d'une trentaine d'heures
08:43 avec eux ces derniers jours.
08:44 C'est avec eux que nous avons construit
08:46 les réponses que nous apportons à nos agriculteurs
08:48 et je tiens à les en remercier.
08:51 Je veux donc ce soir terminer mon propos
08:53 en disant avec apaisement
08:55 que notre pays est tout entier uni derrière ces agriculteurs,
08:59 que tout notre pays est fier de ces agriculteurs.
09:04 Je veux aussi rappeler que oui, ce salon appartient
09:06 avant tout aux agriculteurs et aux Français.
09:09 Et je rappelle que le Salon de l'agriculture
09:11 doit être cette année encore la fête nationale
09:14 et le succès populaire qu'il est depuis 60 ans pour les Français.
09:18 Au fond, je crois qu'on est tous d'accord ici
09:20 sur le fait qu'on se souviendra très longtemps
09:22 de cette 60e édition du Salon de l'agriculture.
09:26 Le vœu que je veux formuler,
09:28 c'est qu'on se souvienne de cette 60e édition
09:31 du Salon de l'agriculture,
09:32 non pas comme un moment de déchirement,
09:35 mais comme un moment d'union.
09:36 Non pas comme un moment de mensonge,
09:38 mais au contraire comme une heure de vérité.
09:41 Non pas comme un moment de buzz médiatique,
09:43 mais comme une nouvelle phase du travail acharné
09:45 que nous menons depuis 3 semaines.
09:47 Non comme le Salon du renoncement,
09:50 mais comme le Salon du sursaut national
09:51 pour notre agriculture,
09:53 celui d'une nouvelle page que nous ouvrons ensemble
09:55 et qu'il nous reste à écrire avec un principe simple,
09:58 nos agriculteurs doivent vivre du fruit de leur travail,
10:01 être protégés et remerciés pour cela.
10:04 Vive le Salon, vive nos agricultures
10:05 et merci à tous et à mardi.
10:07 (Applaudissements)