• il y a 9 mois
Le chef étoilé, Akrame Benallal, a été sélectionné pour cuisiner au village olympique pendant les JO à Paris. Que vont manger nos athlètes ? Il nous dévoile ses recettes.
Regardez L'invité de RTL Soir du 22 février 2024 avec Alexandre de Saint Aignan.

Category

🗞
News
Transcription
00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 Alexandre de Saint-Aignan, Vincent Derosier, Cyprien Signy, RTL bonsoir.
00:09 RTL bonsoir, qui continue avec toute la bande. Cyprien, Vincent et place à présent à notre grand invité.
00:14 Bonsoir Akram Benalal. Bonsoir. Alors vous êtes le chef du restaurant étoilé Akram à Paris. Vous êtes
00:20 l'un des trois chefs français qui ont été choisis pour nourrir les athlètes lors des prochains Jeux Olympiques de Paris 2024. On attend
00:26 40 000 athlètes du monde entier au village olympique. Évidemment, vous serez loin d'être seul derrière les fourneaux.
00:31 J'imagine que l'expérience elle va être très différente de tout ce que vous avez connu. Oui bien sûr, en termes de logistique et
00:38 de distribution, pour ça, justement, 20 000 repas par jour, il faut être préparé. C'est dingue. Au niveau des plats,
00:45 alors évidemment vous n'allez pas leur faire des choucroutes garnies et tout ça. Il faut s'adapter à l'alimentation des sportifs.
00:50 Vous allez préparer quoi ? Parce que nous, enfin moi je pense tout de suite à pâte, blanc de poulet, crudités quoi.
00:55 Ça tourne vite en rond, c'est ça que je veux dire. Non, mais ça pourrait être parce qu'en fait au sein même du village olympique,
01:01 il va y avoir
01:02 une cantine, c'est à dire que ça va être un réfectoire où il va y avoir toutes les cuisines du monde parce qu'il y a quand même
01:08 des gens du monde entier qui vont être là. Donc chacun des intolérances alimentaires
01:11 ou des choses qui ne mangent pas forcément. Il y en a aussi qui ont une empreinte culturelle très marquée.
01:18 Du coup, ça a été de revoir tout ça et d'essayer d'être au plus proche de ce qu'ils aiment.
01:24 Mais à côté, c'est aussi de leur montrer que
01:27 la France aussi c'est un peu la gastronomie et en tant que chef aussi,
01:31 d'être un peu comme les athètes, de leur montrer un peu notre savoir-faire.
01:34 Et donc,
01:35 nous ce qu'on a fait,
01:37 moi, Amandine Chéniaud et Alexandre Mazia, c'est de créer donc six plats. On tourne donc tous les deux jours.
01:42 C'est comme une maison qui sera en plein
01:47 village olympique. - Ah donc vous y serez physiquement ? - J'y serai pendant les deux jours, absolument.
01:52 - Vous n'avez pas juste fait la carte en disant "c'est bon, on fait ça" ? - Pas du tout.
01:56 Puis c'est un immense honneur. Je crois que
01:58 je ne réalise même pas encore la chance
02:01 que c'est d'être dedans, de pouvoir
02:03 voir comment ça se passe. Et même c'est, au point de vue...
02:07 c'est hyper intéressant.
02:09 - J'imagine que les équipes sont gigantesques par rapport à ce que vous connaissez d'habitude. - Les brigades.
02:13 - Alors nous, on est assisté par Sodexo Live qui, eux, opèrent.
02:18 Donc c'est eux qui nous apportent toute cette logistique.
02:21 Parce que vous comprenez que 20 000 personnes, moi je ne sais pas... - Je ne peux pas faire de cuisine.
02:26 - Une seule fois, donc c'est vrai qu'ils ont été... enfin c'est eux qui vont chapoter tout ça.
02:32 Et ça c'est formidable. Et ça nous apprend aussi,
02:34 même à l'intérieur, de comment,
02:38 point de vue,
02:40 voilà, logistique, comment gérer ça. C'est hyper intéressant.
02:43 - Alors vous le disiez, l'objectif c'est de faire découvrir la gastronomie française avec des produits de saison.
02:48 Alors ce sera quoi les produits de saison cet été pendant les Jeux ?
02:51 - Alors déjà, ce qui a été fait, ça a été de prendre que des produits français.
02:57 C'est-à-dire que, par exemple, tout ce qui est avocats s'est banni.
03:00 On a vraiment essayé, dans tout le village olympique.
03:03 - Après, il y a eu des agriculteurs en plus. - Bien sûr.
03:06 Et donc les produits qui ont été utilisés, ils ont été tous achetés autour de Paris.
03:12 C'est-à-dire que d'essayer de... - Un circuit court en plus. - Un circuit court.
03:15 Mais après de rester au maximum en France.
03:19 Et ça, je trouve que c'est formidable parce que justement, c'est faire honneur aux producteurs, aux paysans.
03:24 Et nous, par exemple, on a créé un plat qui est un peu l'iconique.
03:30 C'est vrai que je le mets assez souvent.
03:32 C'est le quinoa, donc le rouge et blanc, qui vient de la région centre.
03:37 Donc c'est cultivé à côté d'Orléans.
03:39 - Donc déjà, on apprend qu'on cultive du quinoa en France. - Absolument.
03:41 Et moi, je ne le savais pas aussi, d'ailleurs.
03:43 Donc tout ça pour vous dire que l'effet Jeux Olympiques, j'ai eu énormément de personnes qui m'ont contacté.
03:50 Et donc je les invite encore à me contacter parce que c'est vrai qu'on ne le sait pas.
03:54 On le découvre. Et là, j'ai découvert, j'ai dit "Ah, c'est incroyable".
03:56 Du coup, on va travailler avec ce quinoa, qui est un plat qui...
04:00 Enfin, je l'ai intitulé le "Musli de quinoa et yaourt fumé".
04:04 Donc il y a différents jeux de goûts, de textures, de gourmandises, bien évidemment.
04:09 Et puis ça va être servi une portion plus petite que les plats, juste pour qu'ils dégustent.
04:14 - Pour qu'ils aillent goûter, en fait. - Exactement.
04:16 Même si ce n'est pas dans leur culture, même si ce n'est pas dans leurs habitudes, ils vont goûter.
04:18 Et si un athlète éthiopien, finlandais, chinois veut goûter le plat, il pourra le faire.
04:23 Vous pouvez la manger pour tout le monde si toutes les nationalités veulent goûter vos plats.
04:27 Oui, oui, absolument.
04:28 S'il y en a qui nous battent un peu trop, quand même, dans certaines entreprises, on ne peut pas exagérer.
04:31 Je me demandais aussi, avec Alexandre Mazia et Amandine Chéniot,
04:34 qui sont les autres chefs qui préparent ces repas,
04:37 vous êtes concertés pour ne pas faire les mêmes choses ? Il y a eu des réunions ?
04:40 - Comment ça s'est passé ? - Oui, complètement.
04:42 Vous savez, c'est un projet qui date de presque 5 ans, je crois.
04:45 Donc il y a eu toute une réflexion là-dessus.
04:48 Ensuite, quand il fallait créer les plats, bien évidemment on s'est concertés.
04:51 Puis chacun a une vraie identité.
04:53 Donc c'est ça qui est bien.
04:56 Puis Amandine et Alexandre, c'est d'abord des amis.
04:59 Et puis ensuite, de pouvoir partager avec eux ce moment-là, ça va être formidable.
05:03 - Vous, vous avez décidé, pour faire rayonner la cuisine française,
05:06 de faire des plats uniquement végétariens.
05:10 - Oui, quasiment.
05:12 - C'est surprenant parce que la viande, elle prend quand même aussi beaucoup de place dans la gastronomie française.
05:15 - Et même les athlètes, il faut le savoir, parce qu'ils ont besoin de se nourrir.
05:20 - Ils ont des protéines. - Exactement.
05:21 Non, j'ai décidé de faire ça pour plaire, d'être un peu plus cosmopolite.
05:27 C'est-à-dire d'essayer d'ouvrir ma cuisine à beaucoup plus d'athlètes
05:30 et de leur montrer que vous voyez avec le végétarien ce qu'on fait.
05:34 Parce que si on a des athlètes, par exemple, d'Inde,
05:37 eux, ils mangent beaucoup de légumes, de cuisine végétarienne.
05:43 C'était aussi de répondre à un grand nombre, mais en même temps de twister ces recettes
05:48 pour qu'elles soient entre la gastronomie, puis le végétarien, c'est très intéressant.
05:52 C'est non-infini.
05:53 - Vous avez un exemple de plat végétarien ?
05:55 - Oui, on va faire. - Pas trop technique.
05:57 - Non, pas du tout.
05:58 - C'est comme un kromeski, je dirais, de champignons fumés,
06:03 champignons de Paris fumés.
06:04 - Moi, je suis venu en cuisine, c'est quoi un kromeski ?
06:06 - Expliquez-moi.
06:07 - Un kromeski, c'est une croûte comme ça, qui est un peu frite,
06:10 mais nous, on ne la fait pas frire, on la cuit au four.
06:12 Du coup, il n'y a pas de gras.
06:14 Et on met à l'intérieur des oignons qui ont été caramélisés.
06:20 On met aussi des champignons de Paris en duxelle qu'on fait fumer.
06:24 Et on met des pickles aussi de champignons pour donner un peu de...
06:28 Comment dire ?
06:29 Voilà, donner à quoi ? Voilà.
06:31 - C'est bon.
06:32 - On sent vraiment l'influence de la gastronomie française.
06:35 Est-ce qu'il y avait aussi peut-être une volonté de mettre des plats
06:37 un peu plus classiques de la gastronomie française ?
06:40 C'est-à-dire, par exemple, je ne sais pas moi, un pot-au-feu ?
06:42 - Une planquette de veau !
06:43 - Oui, au mois de juillet !
06:45 - Non, mais on aurait pu, c'est vrai.
06:47 Mais comme vous dites, c'est vrai que c'était au mois de juillet.
06:49 Donc, il y a tout un...
06:50 Vous savez, quand on cuisine, il faut aussi prendre le contexte de la météo,
06:55 de la saison aussi, et de ce que le corps a besoin.
06:58 Et je pense que ça, c'est une vraie réflexion qu'on a eue tous.
07:02 Et chacun, en fait, cuisine des plats.
07:04 Donc, c'est très diversifié.
07:06 C'est-à-dire que l'athlète, il peut venir manger aujourd'hui.
07:08 Il reste deux jours, il va goûter mes plats.
07:09 Ensuite, il va goûter celui d'Alexandre Mazziar.
07:11 Et ensuite, celui d'Amanine Chignon.
07:13 Donc, c'est formidable.
07:14 - On sait que les athlètes sont des gens exigeants.
07:15 Est-ce que vous allez préciser sur tous vos plats
07:17 exactement de quoi ils sont constitués ?
07:18 En gras, en sucre, en lipides ?
07:20 - Alors, on n'a pas encore travaillé là-dessus.
07:23 Mais je pense que oui, tout ça, ça va être fait.
07:25 Parce qu'il y a eu quand même des normes qui ont été exigées.
07:28 - Ah oui.
07:29 - Donc, forcément, il fallait quand même que...
07:30 Par exemple, tout ce qui est tartare, huîtres...
07:33 - Interdit ?
07:33 - Bah oui.
07:34 Parce qu'un athlète, il peut tomber malade.
07:36 Bon, malgré qu'on est sûr de nos produits.
07:38 Mais s'il tombe sur une huître, il est...
07:40 - Oui, ça, vous n'y pouvez rien, en plus.
07:42 - L'exclusion alimentaire en plan géo, ce n'est pas l'idée.
07:43 - Ah non, ce n'est pas... Non.
07:45 - Allez, on va continuer de régaler nos oreilles avec vous.
07:47 Akram Ben Halal, vous restez avec nous.
07:49 Vous êtes notre grand invité pour cette deuxième heure de RTL Bonsoir.
07:53 On marque une courte pause.
07:53 - À tout de suite.
07:54 * Extrait de RTL Bonsoir *
08:05 - RTL Bonsoir, la deuxième heure qui continue avec notre grand invité.
08:07 Ce soir, le chef Akram Ben Halal,
08:09 qui est l'un des chefs sélectionnés pour nourrir les athlètes pendant les JO.
08:12 - Et alors, Akram Ben Halal, je crois que vous êtes assez fan de sport, vous.
08:15 - Oui, absolument.
08:16 - De quoi ?
08:17 - La boxe.
08:17 - Oui.
08:18 - La Formule 1.
08:19 Enfin, j'aime beaucoup tout ce qui est mécanique.
08:23 - Le foot, non ?
08:25 - Le foot...
08:25 - Si vous voulez que le foot, ça m'arrange,
08:26 parce qu'on va aller faire un tour sur les matches de l'Europe.
08:27 - Pas trop, mais j'aime bien la Coupe du Monde.
08:29 - Ok, c'est pas mal.
08:30 - En tout cas, on a trois matchs en cours qu'on continue de suivre en fil rouge ce soir dans RTL Bonsoir.
08:35 - Oui, absolument.
08:36 Huitième de finale, retour de la Ligue Europe.
08:38 Rennes qui reçoit l'Assez Milan, Philippe Audon.
08:41 Alors, est-ce que ça va mieux pour les Rennes ?
08:42 - Oui, il y a un partout là, tout à l'heure.
08:43 - Eh ben, ça va pas mieux.
08:44 Toujours un partout et toujours trois buts de retard,
08:47 puisque Rennes, on le rappelle, s'était incliné 3-0 il y a une semaine en Italie.
08:52 Il y a eu cet espoir avec ce but dès la onzième minute de Bourigeau.
08:56 Magnifique frappe des 20 mètres.
08:57 Mais malheureusement pour les Rennes, Jovic a égalisé pour le Milan Assez.
09:02 Il y a quand même une belle ambiance.
09:03 Une équipe renaisse qui continue d'y croire, mais ça va être difficile.
09:06 - Il reste une mi-temps.
09:07 - Il reste un peu plus d'une mi-temps, puisqu'on est effectivement à la 42e minute.
09:11 Et quand même, marquer trois buts au Grand Milan Assez, ça va pas être simple.
09:15 Toulouse reçoit le Benfica Lisbonne au stadium, Patrick Hisson.
09:18 - Oui, toujours 0-0 à deux minutes, un petit peu plus de la fin de cette première période.
09:23 Et malheureusement, double coup dur pour les Toulousains
09:26 après la sortie de Dieraz et Dessler qui s'est blessé.
09:28 Ce qui a un petit peu déventelé la défense toulousaine.
09:31 Et depuis, le jeu s'est équilibré, même s'il n'y a pas eu de...
09:34 S'il y a eu une grosse occasion, très grosse pour Demaria,
09:36 qui était tout de même seul quasiment au second poteau, qui a mis à côté.
09:39 Mais sinon, le jeu s'est équilibré, les Toulousains ont du mal à trouver la faille.
09:43 Il leur suffit d'un petit but pour aller gagner au moins les prolongations.
09:47 Tout est possible encore pour les Toulousains.
09:49 Il reste plus d'une mi-temps là aussi.
09:51 - Et puis, sans doute un peu plus d'optimisme également à Lens,
09:54 qui a marqué sur la pelouse de Fribourg Samuel Duhamel.
09:57 - Exactement, le but de David Pereira d'Acosta, la 28e minute,
10:01 suite à un ballon mal repoussé par le gardien Atouboulou sur un coufran de Frankowski.
10:06 Pereira d'Acosta qui ne se pose pas de questions,
10:07 qui enchaîne avec une demi-volée du gauche, ça fait 1-0 pour Lens.
10:10 Mais attention, parce que Fribourg a touché le poteau,
10:13 pratiquement dans la foulée, une déviation malencontreuse de Medina.
10:16 Donc détourné par Samba sur le poteau pour l'instant,
10:19 ça tient, Lens qui mène et Lens qui se qualifie.
10:21 - Merci à vous trois, et n'oubliez pas, surtout le match de l'OM ce soir,
10:24 Marseille, Shakhtar Dometsk, surtout pas à suivre dans les Flashs sur RTL.
10:28 Et la télévision en clair, ce sera sur la chaîne W9, tous les trois les garçons.
10:31 On vous retrouve dans quelques minutes pour un nouveau point sur cette soirée de Ligue Europe.
10:35 On est toujours avec le chef Akram Benalal,
10:37 vous êtes notre grand invité ce soir,
10:39 vous qui allez cuisiner pour les sportifs des Jeux Olympiques.
10:41 Vous nous parliez de la boxe tout à l'heure,
10:43 je crois que vous avez dans votre restaurant parisien, Akram,
10:46 une étoile Michelin, je le rappelle.
10:47 Vous avez dans l'entrée une photo du bicep de Mohamed Ali.
10:51 - Alors oui, c'est... - C'est toujours le cas ?
10:52 - Oui, exactement, c'était...
10:54 Alors il n'y est plus maintenant parce qu'on a changé...
10:56 - La décoration ? - Mais effectivement, oui.
10:58 Mais ça représente beaucoup cette photo,
11:00 parce que c'est notamment le courage, le combat et "Never give up".
11:04 Donc c'est un peu ma philosophie de vie,
11:07 voilà, là où j'en suis aujourd'hui.
11:09 - C'est une façon, oui, effectivement, de ne rien lâcher.
11:12 - Oui.
11:12 - Comment on fait pour être...
11:13 Je me demandais, parce que vous avez plein de restaurants,
11:15 à Hong Kong, à Istanbul, à Marrakech, à Doha...
11:17 Enfin, voilà, vous êtes chef.
11:19 Comment on fait pour être chef dans plein de restaurants en même temps ?
11:21 - En fait, ce qui a été dès le départ,
11:24 quand j'ai eu mon restaurant Akram, à l'époque, rue L'Horiston,
11:27 on a eu la première étoile...
11:28 - Dans la Paris, près du Champs-Elysées.
11:29 - Voilà, exactement.
11:30 La première étoile, la deuxième étoile,
11:31 et pour moi, c'était vraiment d'essayer d'exporter mon savoir-faire à l'étranger.
11:35 Donc j'ai toujours eu un modèle que j'ai toujours admiré,
11:38 c'est Alain Ducasse.
11:38 Pourquoi ? Parce que je pense qu'il a vocation à nous tirer vers le haut,
11:43 et je crois qu'il ne faut pas voir rond de ce qu'on fait
11:45 et justement de diversifier son savoir-faire
11:48 pour mieux l'exporter à l'étranger.
11:50 Et du coup, c'est comme ça que j'ai commencé.
11:53 Mais surtout, ce qui a été un très gros travail,
11:55 ça a été dans le management, chez des équipes formidables.
11:57 - Oui, ça.
11:58 - Je les traite... Enfin, c'est même pas une équipe, c'est une famille.
12:00 Et du coup, chacun apporte sa pierre à l'édifice,
12:03 et j'ai une confiance en eux, vraiment aveugle,
12:08 et je l'essaye vraiment de les monter vers le haut.
12:11 C'est-à-dire que si j'ai une place qui se libère dans un des pays,
12:15 ils vont là-bas, donc ils voyagent, ils sont concernés par mes projets aussi.
12:18 Et donc ça, c'est formidable.
12:19 Parce qu'il y a l'entrepreneur, il y a le chef,
12:23 mais il y a le leadership, mais aussi le père de famille.
12:25 Et donc je crois qu'il faut avoir tout cette panelle, on va dire,
12:30 pour justement amener ces équipes là où on veut aller.
12:34 - Oui, parce qu'en plus, ils sont dépositaires de votre nom,
12:36 entre guillemets, enfin de votre image de marque,
12:38 de tout ce qui fait votre renommée.
12:40 - Bien sûr, exactement.
12:41 Mais en fait, c'est d'apprendre aussi à savoir déléguer.
12:45 Et je crois qu'au départ, on a du mal,
12:48 parce qu'on a toujours l'impression que ça va être mal fait.
12:51 Donc il faut tolérer qu'il y a des jeunes qui ont envie d'avoir cette responsabilité.
12:56 Il faut leur donner cette possibilité-là.
12:58 Il faut leur faire confiance, il faut leur expliquer aussi.
13:00 Parce que forcément, ils vont faire des erreurs,
13:02 mais il faut accepter qu'ils vont faire des erreurs.
13:04 - Mais ça veut dire que vous vous rendez sur place régulièrement ?
13:06 - Oui, complètement.
13:07 Alors nous, maintenant, on n'est plus en Asie,
13:08 parce qu'on a développé à Doha,
13:11 on est aussi à Marrakech, au Monde Oriental, au Koweït.
13:15 Et puis il y a Dubaï aussi qu'on va ouvrir.
13:18 Et puis il y a d'autres projets aussi qui vont arriver.
13:20 Mais tous ces rêves-là ne seraient jamais là aujourd'hui,
13:24 enfin je ne serais jamais arrivé sans une équipe qui croit en moi
13:28 et qui a envie d'aller au front avec moi.
13:31 - Là, quand on vous entend, on comprend que vous travaillez dans le milieu du luxe,
13:34 de la gastronomie, mais vous avez passé votre enfance
13:36 dans un milieu modeste en Algérie.
13:39 Qu'est-ce qui vous a donné envie, quand vous étiez jeune,
13:41 de passer derrière les fourneaux ?
13:42 - Ça a été pour moi une évidence.
13:45 Depuis tout petit, je voulais être chef.
13:48 D'abord parce que ma mère cuisine très très bien.
13:50 Alors oui, c'est vrai que j'ai eu une enfance où mon père nous a abandonnés.
13:54 J'avais 11 ans, mais ma vie n'est pas plus exceptionnelle que d'autres.
13:57 J'ai vécu des choses où on pourrait dire "Ah là là, c'était difficile".
14:01 En réalité, pas du tout, parce que j'ai beaucoup appris.
14:04 Je crois que c'est des leçons de vie qui m'apportent beaucoup aujourd'hui,
14:07 même dans ma vie d'entrepreneur, où ce n'est pas toujours facile,
14:10 c'est des montagnes russes.
14:11 Et du coup, on apprend à mieux gérer le stress,
14:14 mieux gérer les difficultés, les problèmes aussi,
14:16 de prendre vachement de recul.
14:18 Et au final, on se rend compte d'une chose qui est plus importante,
14:21 c'est d'être bien entouré.
14:22 - Vous avez toujours rêvé d'être un grand chef, c'est ce que vous nous dites.
14:26 Il y a des noms qui vous ont inspiré ?
14:28 - Oui, bien sûr. Alain Ducasse, Pierre Gagnère.
14:32 Je pourrais parler aussi de Yannick Haleno.
14:36 Même, au sens plus large, toute la France, en vérité.
14:39 Parce que, vous savez, quand je suis arrivé en France en 1994,
14:42 j'avais une admiration totale pour les chefs, les grands chefs.
14:45 Ils étaient tous en tenue blanche, avec des toques.
14:49 Et c'était extraordinaire comment ils arrivaient à donner
14:52 ces lettres de noblesse à un métier de cuisinier.
14:54 Et donc, c'est aussi ça.
14:56 Aujourd'hui, nous, on est la génération d'après,
15:00 mais c'est vrai qu'ils ont tout fait en amont.
15:03 Tout le travail était fait avant.
15:04 Nous, aujourd'hui, on arrive, c'est vrai qu'on est beaucoup plus,
15:07 comment je pourrais dire, dans le milieu fashion, dans le milieu du luxe.
15:10 Mais c'est vrai qu'eux, ils ont fait un très très gros travail
15:13 pour que ce métier soit respecté,
15:15 pour qu'on respecte notre savoir-faire.
15:18 Alors maintenant, c'est à nous aussi, de comment,
15:21 pour les générations qui arrivent, de leur donner envie de faire ce métier.
15:25 Parce que là, aujourd'hui, on parle beaucoup que notre métier souffre
15:28 de jeunes qui ne veulent pas faire ce métier.
15:31 C'est comment arriver à leur donner cette envie.
15:33 - Et ça d'ailleurs, vous le remarquez ou pas ?
15:34 Les difficultés à recruter de la main d'oeuvre ?
15:36 Ou à ce niveau de restauration un peu chic, un peu étoilé,
15:42 c'est plus facile de recruter ou pas ?
15:43 - Oui, bien sûr.
15:44 Oui, parce qu'il y a aussi la façon qu'on a de faire.
15:47 Je pense qu'il faut qu'on change complètement notre management aussi.
15:50 Donc, on change tous la façon qu'on a de faire,
15:52 de leur donner aussi une vie.
15:54 Parce que travailler 17 heures par jour, moi je l'ai toujours fait,
15:57 mais ça ne m'a jamais dérangé.
15:58 Mais c'est vrai qu'aujourd'hui, si j'avais 20 ans,
16:00 j'aurais envie d'avoir une vie sociale,
16:03 être avec mes amis, aller au cinéma le soir.
16:07 Vous voyez, donc tout ça fait que ça a changé, et tant mieux d'ailleurs.
16:10 - Et vous avez aménagé les horaires un peu plus du coup ?
16:12 Faire tourner les équipes ?
16:13 - Effectivement, on a aménagé avec beaucoup de difficultés,
16:15 mais je sais que, par exemple, le fait d'aménager,
16:18 déjà on rend une maison beaucoup plus accessible
16:21 pour des jeunes qui veulent venir travailler.
16:23 Après, c'est vrai que si je leur demande de faire plus,
16:25 ils le feront, parce qu'ils ont envie de le faire.
16:28 Mais c'est vrai qu'on essaye d'être au plus,
16:30 d'avoir une vie à côté pour trouver le bon équilibre.
16:33 Sinon, je ne pourrais pas leur demander 100%
16:35 s'ils n'ont pas une vie à côté.
16:36 - Alors justement, vous parliez de donner envie aux jeunes,
16:39 on dit que vous parliez d'Alain Ducasse aussi,
16:41 vous êtes le chouchou un petit peu d'Alain Ducasse,
16:42 vous avez travaillé avec lui.
16:44 - Non, je n'ai pas travaillé pour...
16:45 Non, non, non.
16:46 - Vous avez fait un plat avec lui, je crois, non ?
16:48 - Non, on a fait un dîner à l'Opéra Garnier,
16:51 tout d'abord, c'est un père spirituel,
16:52 c'est quelqu'un que je respecte beaucoup.
16:55 Pour moi, c'est un très grand monsieur,
16:56 vraiment, je l'ai toujours dit,
16:57 je le dis avec beaucoup d'affection pour lui.
17:01 Mais au-delà de ça, il m'a toujours inspiré.
17:04 Quand on le connaît vraiment, comme je le connais,
17:06 c'est un puits de savoir.
17:09 Et il me dit toujours, tu ne sais toujours pas.
17:11 Il est toujours à la recherche de savoir un peu plus,
17:14 et ça, je trouve ça formidable.
17:15 - C'était un peu le sens de ma question,
17:16 c'est-à-dire, j'imagine qu'il vous a donné des conseils.
17:18 Est-ce qu'il y en a un en particulier qui vous a marqué ?
17:21 Si vous ne deviez redire qu'un seul conseil d'Alain Ducasse,
17:23 ce serait quoi ?
17:25 - Il y en a eu plein,
17:28 parce qu'on parle beaucoup de l'entreprenariat.
17:31 - Est-ce que vous avez des conseils qui pourraient aussi
17:33 s'adresser aux jeunes qui ont envie de faire...
17:35 - Rajoute du beurre dans la purée.
17:37 Il n'y a jamais...
17:37 - Oui, la purée aussi.
17:38 - Oui, c'est possible.
17:39 - Ou de l'huile d'olive.
17:40 Non, mais je dirais que c'est plus par rapport,
17:42 justement, à toujours avoir cette soif de curiosité.
17:48 En fait, il faut le regarder, Ducasse,
17:50 il ne faut pas l'écouter, il faut le regarder comment il fait,
17:52 comment il touche la matière, comment il touche les tables.
17:54 Et c'est vrai qu'après, on prend ces mimiques-là,
17:56 mais moi, je suis un esthète,
17:58 c'est-à-dire, j'adore la matière,
17:59 j'adore l'art de la table.
18:02 Et du coup, certains dimanches, je vais avec lui au PUS,
18:07 et c'est là où j'ai appris, en fait,
18:10 l'art de vivre à la française.
18:12 Vous savez, c'est des petites choses qu'on a peut-être oubliées,
18:15 mais qui ont tout un sens dans un restaurant.
18:17 - Le chef Akram Benalal, vous restez avec nous,
18:20 vous êtes notre grand invité de RTL Bonsoir,
18:22 vous nous accompagnez jusqu'à 20h.
18:23 À tout de suite.
18:24 RTL Bonsoir
18:26 Le soir.

Recommandations