• il y a 10 mois

Aujourd'hui dans "Punchline", Laurence Ferrari et ses invités débattent de la situation entre le gouvernement et les agriculteurs à l'approche du Salon de l'Agriculture.
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Transcription
00:00 Il est 18h01, nous sommes en plateau avec Eric Nelot qui est journaliste.
00:04 Bonsoir mon cher Eric. Kevin Bossuet qui est professeur d'histoire.
00:07 Monsieur le professeur, bonsoir. Florian Tardif du service politique de CNews.
00:10 Bonsoir. Nous sommes avec un ancien député, Jean-Baptiste Moreau.
00:13 Bonsoir. Vous êtes aussi éleveur dans la Creuse.
00:14 On va parler de ce qui va se passer, ce grand débat qui se profile pour samedi.
00:19 Céline Pina, politologue, journaliste à cause.
00:21 Bonsoir. Et Philippe Guibert, notre ami Philippe Guibert, écrivain.
00:25 Un très bon livre qui est en train d'excercter aujourd'hui.
00:27 "Guilibert enchaîné, le déclin du chef politique en France en addition du surf".
00:30 Merci.
00:31 On va parler des agriculteurs tout de suite si vous le voulez.
00:33 Parce qu'on a appris cette nouvelle formule du grand débat
00:37 qui avait réussi à Emmanuel Macron pour sortir de la crise des gilets jaunes.
00:40 Ça va se tenir samedi matin sur le ring.
00:44 Alors je ne mens pas, Florian Tardif, c'est bien un ring où sont présentés les bovins.
00:47 On est d'accord.
00:47 Oui, j'ai même sorti des images qu'on pourra peut-être commenter également pour nos auditeurs
00:54 de ce ring qui est présent dans le hall 1 du Salon de l'agriculture,
00:58 qui est le plus grand hall porte de Versailles qu'on peut retrouver à la droite
01:02 quand on arrive au fond à droite et qui sert en général de présentation
01:06 pour les bovins aux différentes espèces.
01:08 Puisque c'est sur ce ring qu'ont lieu les concours
01:10 et les spectateurs peuvent admirer ces concours.
01:14 C'est belle bête.
01:14 On va revenir dans un instant sur l'organisation de ce grand débat,
01:16 mais j'aimerais qu'on écoute les agriculteurs, notamment dans le Loise.
01:19 Ils sont assez remontés.
01:21 Ils sont prêts à rencontrer Emmanuel Macron.
01:23 Écoutez les.
01:24 Déjà, je lui donne un conseil, c'est de venir avec des boules de pièces
01:27 parce qu'on va se faire entendre.
01:29 Ça, c'est clair.
01:30 Il va passer un sale quart d'heure parce qu'on veut lui montrer
01:34 qu'on n'est vraiment pas content et qu'on veut lui faire montrer notre mécontentement
01:40 et qu'il prenne le dossier agricole comme un dossier prioritaire.
01:45 S'il annonce qu'il va caresser les culs des animaux,
01:49 c'est le cul des agriculteurs qu'il va voir.
01:52 Voilà pour cet agriculteur de Loise.
01:54 Bon, ça laisse présager des moments assez intéressants.
01:58 Amélie Robillard est avec nous, vice-présidente de la coordination orale.
02:00 Bonsoir à vous.
02:01 Vous êtes sur la même ligne que l'agriculteur qu'on vient d'entendre
02:03 ou vous voulez un débat républicain puisqu'il sera organisé comme cela ?
02:08 Alors, un débat, nous, on a du mal à comprendre pourquoi un énième débat, en fait.
02:12 On lui a donné toutes les pistes pour sortir de cette crise.
02:16 Donc, on a un petit peu de mal à savoir ce que va faire Emmanuel Macron.
02:22 Pourquoi il ne répond pas à nos revendications principales ?
02:25 Et, tout à fait clair, il va dans un exercice d'hostile qui maîtrise parfaitement,
02:31 c'est-à-dire le débat.
02:33 Il va endormir un petit peu plus les agriculteurs,
02:35 mais nous, on ne lui demande pas un débat,
02:36 on lui demande de réagir à nos revendications
02:39 et de régler cette crise une bonne fois pour toutes.
02:42 Madame Robillard, il y aura aussi, je lisais, des associations écologistes
02:46 comme les Soulèvements de la Terre.
02:48 Les agriculteurs seront avec eux pour interroger le président.
02:51 Qu'est-ce que ça vous inspire ?
02:53 C'est une très bonne chose.
02:54 D'abord, c'est important qu'on débatte aussi bien les agriculteurs que les écologistes
02:58 parce qu'il faut arrêter d'opposer l'agriculture et l'écologie.
03:03 Nous sommes les premiers écologistes sur le terrain.
03:06 On est les garants de la santé des Français
03:08 et on est les garants aussi de la bonne santé de notre planète, on va dire.
03:11 Donc, c'est une très bonne chose que tout le monde se mette autour de la table pour débattre.
03:16 Mais d'un autre côté, ça a été fait il y a déjà un moment
03:19 et nous, on attend des réponses concrètes.
03:20 On n'attend pas un énième débat et une énième loi.
03:23 On veut des réponses concrètes.
03:25 Jean-Baptiste Moreau est avec nous, elle vient dans la creuse.
03:28 C'est bon, c'est ce que vient de dire Mme Robillard.
03:32 On a fait le débat, ils ont eu ce débat, ils ont parlé au président.
03:34 Il y en a eu quelques-unes, il en faut certainement d'autres,
03:37 beaucoup plus structurelles, mais après on peut pas dire
03:39 on veut une réponse mais en même temps on ne veut pas de loi.
03:40 Il y a un moment, il faut savoir ce qu'on veut.
03:42 J'ai entendu les revendications de la coordination orale, c'est l'année blanche.
03:46 Moi, j'en ai connu au moins trois années blanches déjà,
03:47 2015, 2012, je ne sais plus, ça ne résout rien du tout.
03:51 C'est juste du dégât.
03:52 Ça donne un peu d'air quand même.
03:53 L'année blanche sur les intérêts, sur les emprunts,
03:56 ça n'a jamais rien résolu.
03:57 Moi, j'ai été éleveur et en 2015, on a eu une année blanche.
04:00 Je n'ai pas vu que la trésorerie, par miracle,
04:03 elle s'était considérablement améliorée.
04:05 Donc, à mon avis, ce n'est pas ça la solution.
04:07 Il faut des annonces concrètes,
04:09 ce n'est pas que faire du blabla et que débattre.
04:11 Moi, honnêtement, les associations écolo, autour de la...
04:14 Je crains, franchement, vu le niveau d'énervement
04:17 d'un certain nombre d'agriculteurs,
04:18 franchement, inviter les soulèvements de la terre,
04:20 je ne suis pas sûr que c'était la meilleure idée du siècle.
04:21 Honnêtement, j'ai peur que ça dérive assez vite
04:25 parce qu'entre inviter une organisation comme Greenpeace
04:28 ou toi avec qui on peut avoir un discours
04:30 et les soulèvements de la terre, ce n'est pas la même chose.
04:31 Ils sont beaucoup plus radicaux.
04:32 On se rappelle des images de Saint-Denis,
04:34 des gendarmes attaqués.
04:35 Ça va bien se passer parce que, de toute façon,
04:37 le gouvernement a cherché à dissoudre.
04:38 Oui, donc moi, ce qui est intéressant,
04:41 c'est d'échanger avec lui quand même
04:43 et qu'il annonce des choses concrètes.
04:45 J'entends, Monsieur Moreau,
04:46 mais alors Mme Robière, elle n'est pas d'accord avec vous.
04:47 Allez-y, expliquez-vous, Mme Robière.
04:49 Oui, alors moi, je ne suis pas du tout d'accord
04:50 avec l'histoire de l'année blanche.
04:52 En 2015, nous n'avions pas les charges qui ont explosé,
04:54 qui ont été multipliées par 4, voire par 5.
04:57 Là, nous demandons une année blanche
04:58 pour avoir un petit peu d'air,
05:00 pour pouvoir payer nos factures.
05:01 Alors, bien sûr, c'est une mesure à court terme,
05:03 mais nous avons principalement deux revendications.
05:06 Cette mesure à court terme,
05:07 qui nous permettrait d'avoir un peu d'air
05:08 et de pouvoir s'organiser un petit peu mieux
05:10 dans les mois qui suivent,
05:11 mais également une mesure à long terme
05:13 qui est tournée vers l'Europe.
05:17 On sait que nous avons un président de la République
05:20 qui est pro-européen.
05:21 Nous demandons un minimum de protection
05:23 de notre agriculture française
05:25 parce que vous imaginez bien que, nous,
05:27 tout ce qu'on demande, c'est des prix rémunérateurs.
05:29 On n'est pas là pour demander des aides,
05:30 on n'en a marre de demander des primes,
05:32 de demander l'aumône.
05:33 On veut vivre de notre métier.
05:35 Donc, pour avoir des prix rémunérateurs,
05:37 il y a une seule chose à faire,
05:39 c'est de protéger l'agriculteur français
05:41 en pouvant nous donner, en fait,
05:43 un moyen de pression sur notre marché.
05:47 C'est-à-dire que, tant que vous aurez
05:49 des importations de l'autre bout de la planète
05:51 qui pourront être meilleur marché
05:52 que ce que nous nous proposons en France,
05:54 ça ne fonctionnera pas.
05:55 Tout ce qu'on veut, nous,
05:56 c'est pouvoir proposer aux consommateurs
05:59 un produit de qualité qu'on fait depuis un moment,
06:01 mais ne pas avoir des importations
06:03 néfastes sur notre terrain.
06:05 Et ça, ça passe par une protection
06:07 au niveau de l'Europe,
06:08 mais une protection aussi
06:09 de ne pas faire rentrer l'Ukraine en Europe.
06:11 Donc, ce n'est pas le discours
06:13 qu'on avait entendu de M. Macron.
06:15 Amélie Robillard, vice-présidente
06:16 de la Coordination rurale.
06:17 Un dernier mot, M. Moreau.
06:18 Oui, mais ce qu'elle dit,
06:19 c'est la protection, effectivement.
06:21 Et moi, je ne peux que souscrire
06:22 puisque j'ai fait écrire
06:23 et j'ai écrit l'article 44 de la loi Egalim
06:25 qui interdit à la vente tout produit
06:27 qui ne correspond pas au minimum
06:28 des normes européennes.
06:29 Le problème, c'est que c'est inscrit dans la loi,
06:30 mais que ce n'est pas appliqué.
06:31 Le souci, c'est qu'il faut mettre des moyens.
06:32 Il faut avoir une vraie répression
06:34 des fraudes européennes qui aillent contrôler,
06:37 mais qui ne contrôlent pas
06:38 juste au port de Rotterdam ou au port du Havre,
06:40 qui aillent contrôler dans les pays d'origine,
06:41 qui aillent contrôler au Brésil
06:43 les méthodes de production qui sont utilisées,
06:45 qui contredisent nos méthodes de production à nous.
06:47 C'est ça qu'il faut.
06:48 C'est ça qu'il faut aujourd'hui mettre en place.
06:50 Voilà.
06:51 Il n'y a pas de baguette magique,
06:53 mais il y a des solutions.
06:54 Maintenant, il faut la volonté politique
06:56 de les amener au pouvoir.
06:57 Et ça fait quand même, oui,
06:58 un petit moment que le président Macron
06:59 est au pouvoir.
06:59 On est d'accord, vous avez eu l'occasion
07:00 de dire tout ça, monsieur le député.
07:02 L'article 44, il est voté depuis 2018.
07:04 D'accord.
07:05 Alors, Éric Nelot, second débat.
07:07 Retour du grand débat,
07:08 retour du grand débit.
07:10 Et il y a fort à parier que la montagne
07:13 va encore accoucher, non pas d'un bœuf,
07:14 seulement de l'agriculture,
07:15 mais d'une souris.
07:16 Il y a, non mais il y a chez le président de la République
07:18 quand même une confiance déraisonnable
07:20 dans la communication et dans le pouvoir du verbe.
07:22 Ça ne peut pas tout résoudre.
07:23 Parce que les agriculteurs n'arrêtent pas
07:25 d'appuyer sur le point qui fait mal.
07:27 Il faut prendre des mesures radicales
07:29 qui vont à l'encontre de la mondialisation.
07:32 Et quand vous expliquez,
07:33 vous n'êtes pas le premier d'ailleurs,
07:34 nous expliquez ici que les lois existent
07:36 mais qu'en fait elles ne sont pas appliquées,
07:37 ça rend tout le monde dingue, vous comprenez.
07:39 Parce qu'on se dit, mais alors à quoi ça sert ?
07:40 Mais il faut que les députés arrêtent de légiférer
07:42 et qu'ils vérifient l'application des lois sur le terrain.
07:43 Ça serait beaucoup plus utile à la démocratie.
07:45 La phrase que vous prononcez, pour moi c'est sidérant
07:47 parce que ça va passer par de nouvelles lois.
07:49 On se dit, mais si ces nouvelles lois
07:51 sont à leur tour non appliquées,
07:52 qu'est-ce qui va se passer ?
07:53 Il y a quelque chose qui ne va pas.
07:54 Il faut que les députés légifèrent beaucoup moins,
07:56 qu'ils soient moins à Paris,
07:57 qu'ils soient plus sur le terrain,
07:58 vérifier l'application des lois.
07:59 Moi j'ai été député pendant 5 ans
08:00 et on ne peut pas être à Paris du lundi au jeudi
08:02 à faire des lois à la chaîne les unes derrière les autres
08:05 et en même temps vérifier sur le terrain qu'elles sont appliquées.
08:07 Et c'est ce qui manque.
08:08 L'engagement du président de la République
08:10 c'était lutter contre l'État profond,
08:11 essayer de faire en sorte que quand on décide d'y rencontrer,
08:13 ça se résoude.
08:14 Mais il ne l'a pas fait, il ne l'a pas fait.
08:15 C'est indéniable. Alors Céline Pina, rapidement, et Kevin.
08:19 Quel était le discours libéral ?
08:22 C'était de dire l'État ne doit pas être producteur,
08:24 l'État ne doit pas être agent,
08:25 l'État doit être un garant.
08:27 Sauf que pour être garant, il faut pouvoir contrôler.
08:30 Et pour pouvoir contrôler,
08:32 ce n'est pas les députés,
08:33 les députés peuvent peut-être faire remonter
08:35 un certain nombre d'infos à Paris,
08:36 mais il faut que vous ayez les organismes de contrôle,
08:39 il faut que ces organismes de contrôle
08:40 aient suffisamment de monde pour agir.
08:42 Aujourd'hui, l'inspection du travail,
08:45 ça fait rigoler tout le monde,
08:46 mais le contrôle de la sécurité sociale,
08:47 il est quasiment absent.
08:49 Tous les organismes de contrôle sont sous-dimensionnés,
08:52 souvent ridicules,
08:53 leurs objectifs ne sont pas clairs.
08:55 Quant à leurs moyens face à des industriels
08:58 ou à des gens importants,
08:59 ils sont ridicules.
09:00 Comment l'État peut être garant s'il n'offre aucun contrôle ?
09:03 Voilà, Kevin Bossuet.
09:04 On a affaire à un président de carte postale
09:06 et un président schizophrène de carte postale,
09:09 parce qu'il est tout fou.
09:10 Ça fait beaucoup, Kevin, pour le président de la République.
09:12 En réalité, il est toujours dans la surcommunication.
09:14 Il pense qu'il va résoudre tous ses problèmes
09:17 en communiquant, en organisant des grenelles,
09:19 en organisant des débats qui ne déboucheront sur rien.
09:22 Ensuite, un président schizophrène,
09:24 parce qu'il dit le contraire à Paris
09:27 par rapport à ce que font ses propres députés européens à Bruxelles.
09:30 Et ça, ce n'est pas possible.
09:31 La vérité, c'est que les agriculteurs
09:33 ont l'impression d'être baladés.
09:34 Il y a deux échéances.
09:35 Il y a le salon de l'agriculture
09:37 et ensuite, il y a les élections européennes.
09:38 Ils se disent qu'il faut passer ces deux étapes-là
09:40 et il n'y aura plus rien.
09:42 Et ce qui est remis en cause,
09:43 c'est les trois piliers du macronisme.
09:45 C'est le libre-échange,
09:46 c'est l'écologie politique
09:47 et c'est l'européisme.
09:48 Et Emmanuel Macron ne remettra jamais en cause cela.
09:51 C'est pour ça qu'il préfère le verbe
09:53 plutôt que l'action, parce qu'il est impuissant.
09:55 Il ne veut pas tourner le dos à sa petite idéologie.
09:58 - Alors, du libère. - Du libère, oui.
10:00 Il y a deux rapports de force à avoir pour Emmanuel Macron
10:03 pour que ça soit autre chose que de la communication.
10:05 C'est un avec Bercy par rapport à la grande distribution,
10:08 parce qu'on sait très bien que Bercy défend la grande distribution.
10:11 Et puis deux, c'est au niveau européen
10:13 où l'Allemagne a des intérêts complètement opposés
10:16 aux nôtres en matière de libre-échange.
10:18 Et ça, c'est deux bras de fer à avoir.
10:20 Peut-être que le premier avec Bercy est un peu plus facile
10:22 que celui avec l'Europe et avec l'Allemagne.
10:25 - Pas sûr. - Pas sûr.
10:27 - Pas sûr, tu as raison. - Pas sûr.
10:28 Mais à un moment donné, il ne tournera pas autour du pot.
10:30 C'est de ça dont on parle.
10:31 Madame Robillard, vous êtes encore avec nous.
10:33 Vous, si la coordination rurale est invitée,
10:36 vous irez sur ce ring pour de hâte avec le président ?
10:39 On est déjà invité au petit-déjeuner avec le président de la République.
10:43 J'en ferai sûrement partie.
10:44 Donc, ce sera l'occasion d'échanger à nouveau.
10:47 Mais moi, je vous avoue que je ne suis pas du tout optimiste.
10:52 J'ai du mal, en fait, à comprendre la politique actuelle.
10:55 C'est-à-dire qu'on n'a pas le même discours de M. Attal et de M. Macron.
10:59 On a du mal à avoir une vision à long terme
11:01 de la politique agricole que veut le gouvernement,
11:04 que ce soit au niveau français et au niveau européen.
11:07 Donc, c'est vrai qu'on n'a pas de discours clair, en fait.
11:11 Et on n'a pas de cap.
11:12 Et c'est ce qui manque énormément à la profession actuellement.
11:16 C'est terrible ce que vous dites, c'est un constat terrible.
11:18 C'est ce que je disais au début.
11:19 Ce qui est attendu surtout du président, c'est qu'il donne effectivement un cap,
11:22 à savoir, est-ce qu'on veut une agriculture productive
11:25 qui produit l'alimentation pour nos concitoyens,
11:27 ou est-ce qu'on veut juste des jardiniers d'espace vert
11:29 qui entretiennent les paysages ?
11:31 Moi, ma réponse, c'est la première, c'est clair.
11:33 Après, les agriculteurs pensent à attendre, justement.
11:36 Et de ça découlera...
11:37 Mais ça fait cinq fois qu'ils font des annonces.
11:40 Cinq fois, c'est la cinquième reprise.
11:42 Combien de temps ?
11:43 La symbolique du ring, c'est quand même l'homme contre le reste du monde.
11:47 Or, ça veut dire aussi que je ne bougerai pas de mon idéologie.
11:51 Et le rêve d'Emmanuel Macron, c'est d'arriver...
11:54 Oui, vous l'appelez par son petit nom, enfin, Céline.
11:56 C'est le président de la République, je vous le rappelle.
11:59 J'en suis désolée, mais en fait, c'est que Macron...
12:02 Le rêve d'Emmanuel Macron, c'est d'arriver à convaincre des gens
12:06 sans bouger de son idéologie, sans tenir compte de leur situation.
12:10 Et ça, c'est complètement délirant et déconnecté.
12:12 Petite pause, on remercie Mme Revière.
12:14 On se retrouve dans un instant dans Punchline sur CNews et sur Europe 1
12:17 pour un continu de débat. À tout de suite.
12:19 18h19h sur CNews et Europe 1.
12:23 Punchline, Laurence Ferrari.
12:25 18h19h, Punchline sur CNews et Europe 1.
12:30 Laurence Ferrari.
12:31 18h, on se retrouve en direct dans Punchline sur CNews et sur Europe 1.
12:34 Le débat n'a pas arrêté pendant la coupe en pub.
12:36 Chers amis auditeurs et téléspectateurs, j'ai dû les freiner
12:38 pour qu'ils gardent un petit peu sous le pied pour l'antenne.
12:41 Juste, quand même, on va revenir sur cette histoire de grand débat
12:43 et le fait qu'il y ait donc, samedi matin, au cœur du Salon de l'Agriculture,
12:47 200 personnes autour d'Emmanuel Macron...
12:49 - Peut-être même plus, on dirait. - Peut-être plus.
12:51 Allons-y, 2000.
12:52 Mais surtout, avec...
12:54 Alors, on sait bien que des associations écologiques, c'est important,
12:56 parce qu'il faut qu'ils travaillent main dans la main.
12:58 Mais les soulèvements de la terre, Florian, vous l'avez dit tout à l'heure,
13:01 le gouvernement a bien demandé la dissolution des soulèvements de la terre.
13:04 On les a bien trouvés à la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, à Saint-Sauline,
13:09 et là, donc, ils vont être des interlocuteurs du président de la République
13:12 au même titre que les agriculteurs, que les syndicats ?
13:16 C'est surréaliste ?
13:17 Oui, au même titre que les agriculteurs, les cultivateurs, les syndicats,
13:21 les ONG, la grande distribution, les industriels.
13:24 C'est vrai que ça nous a tous étonnés.
13:26 Je faisais partie d'un briefing presse qui a été organisé en amont de ce salon de l'agriculture,
13:30 justement pour préparer la venue du président de la République.
13:33 Et lorsque on nous a annoncé, parmi l'ensemble des invités,
13:36 les soulèvements de la terre, on s'est tous...
13:38 Enfin, on a tous dit...
13:40 On a bien entendu, on sait bien les soulèvements de la terre.
13:43 Cette organisation, enfin, ce mouvement, vous avez tenté de dissoudre il y a peu.
13:47 Alors certes, ça a été cassé, cette dissolution.
13:50 Mais bon, on a tenté de comprendre, donc on a rappelé l'Élysée.
13:53 J'ai rappelé l'Élysée pour savoir vraiment si c'était...
13:56 Vous avez le portable d'Emmanuel Macron, vous ?
13:58 Oui, mais je n'ai pas appelé le président de la République personnellement.
14:01 Florian Tardif a des entrées à l'Élysée.
14:04 Et on nous a dit que c'est bien les soulèvements de la terre,
14:06 on respecte l'État de droit, certes, donc cette dissolution a été cassée,
14:10 et le président n'a peur de rien.
14:12 "Le président n'a peur de rien." Est-ce que vous entendez cette phrase ?
14:15 C'est quand même tout...
14:17 - Politique ? - Oui, ça se traduit comme ça.
14:19 - C'est calculé. - On ne fait pas tout ça en même temps.
14:21 C'est une mise en scène où Emmanuel Macron peut se mettre en position centrale
14:24 face aux agriculteurs les plus revendicatifs
14:27 et aux écologistes les plus extrémistes.
14:30 À mon avis, ce que je commence à comprendre
14:32 de ce que Florian nous décrit...
14:35 - Mettre tout le monde sur le même plan, ce n'est pas possible.
14:39 - M. Moreau ? - Oui, c'est très dangereux.
14:41 - Pourquoi c'est dangereux ? - Parce que les agriculteurs
14:43 sont suffisamment remontés contre justement, notamment,
14:45 les soulèvements de la terre qui n'hésitent pas à saccager
14:49 et à pirater des tracteurs.
14:52 - Ravager des plantations ? - Réellement.
14:56 Ce sont des gens qui ont endommagé des exploitations agricoles,
14:59 des exploitations forestières.
15:01 Je veux dire, c'est très risqué de les mettre en présence dans un ring.
15:05 Ça peut finir au pugilat.
15:07 - Alors attendez, ça peut finir au pugilat ?
15:09 - Oui, oui, c'est peut-être... - On sait qu'ils peuvent se battre devant le président ?
15:11 - Les agriculteurs sont dans un niveau de désespoir tel
15:13 que la violence physique n'est pas loin.
15:15 Et mettre les soulèvements de la terre
15:18 ou mettre Génération Futur à côté,
15:20 c'est excessivement dangereux.
15:22 Pour moi, on joue avec le feu.
15:24 - Politiquement, c'est vicieux, mais ça peut marcher.
15:28 Autrement dit, qu'est-ce que vous faites ?
15:30 Vous décrédibilisez et vous ridiculisez,
15:33 vous faites passer pour des ozos ultra-violents.
15:35 D'un côté, les agriculteurs que vous ne pouvez pas gérer
15:39 parce que vous ne voulez pas, vous attaquez aux problèmes européens.
15:42 Et de l'autre côté, les écologistes qui vous enquitinent quand même.
15:46 Donc, vis-à-vis de la population,
15:48 vous expliquez que c'est des fous furieux
15:50 et vous vous passez pour l'homme courageux
15:52 qui a osé les affronter et qui en est sorti...
15:56 - Mais quelle est la cohérence dans tout ça ?
15:58 - Qui aurait pu y laisser quelque chose ?
16:00 Il n'y en a aucune. Le but du jeu, c'est de durer.
16:02 - C'est de la com'.
16:03 - C'est de durer et de préserver une image présidentielle
16:06 d'homme fort, on est dans la virilité, là.
16:08 - Inraisonnable.
16:09 - On se moque complètement de la réalité,
16:11 on se moque complètement des vraies difficultés des gens.
16:14 - Je ne suis pas sûre, je pense que le président est concerné par tout ça,
16:16 mais là, je ne comprends pas cette mise en scène.
16:18 Je ne comprends pas le fait qu'on mette des militants radicaux
16:22 qu'on voulait dissoudre il y a quelques mois
16:24 aux côtés d'agriculteurs qui n'arrêtent pas à survivre.
16:27 - Vous avez parlé tout à l'heure des effets cathartiques.
16:28 Chez Aristote, c'est quoi, l'effet cathartique ?
16:30 C'est la purification de l'âme du spectateur
16:33 par le spectacle du châtiment du coupable.
16:36 C'est-à-dire, vous mettez le coupable au milieu...
16:38 - Mais qui est le coupable ?
16:39 - Mais c'est ça, qui est le coupable et qui ?
16:41 - Emmanuel Macron.
16:42 - Vis-à-vis de certains agriculteurs, c'est Emmanuel Macron.
16:44 Vis-à-vis d'autres agriculteurs, c'est peut-être les soulèvements de la terre.
16:47 Donc, montrer qu'il y a un châtiment des soulèvements de la terre
16:50 parce que forcément, ça va mal se passer,
16:52 ça permet, entre guillemets...
16:54 - On va avancer, mais...
16:55 - C'est théorique, mais de faire baisser la pression des uns et des autres.
16:58 C'est le côté des fouloirs, en fait.
17:00 - C'est concernant ? Vous êtes concerné, Eric Nolot ?
17:02 - Dans l'espace d'une seule émission, j'apprends qu'il faut baisser les bras
17:04 pour rester poli devant les dealers
17:06 parce qu'on place sur un plan d'égalité des agriculteurs
17:09 et un mouvement écoterroriste
17:11 qui s'est distingué en s'en prenant
17:13 un instrument de travail de ces agriculteurs.
17:15 C'est pas que c'est des contestataires.
17:17 C'est qu'ils s'en prennent à leur terre, à leurs instruments.
17:19 Ils pensent que tous les moyens sont bons
17:21 et que leur cause est au-dessus de toute l'égalité
17:23 et ce sont des interlocuteurs qu'on juge crédibles.
17:27 Écoutez, vous parliez de la cohérence.
17:29 La cohérence, c'est l'inconscience.
17:30 C'est celle de l'inconscience.
17:31 C'est-à-dire d'espérer que du chaos
17:33 sortira encore quelques années de réélu.
17:35 Mais fait les dindons de la fin.
17:37 Ce sont les agriculteurs, M. Morand.
17:39 Qu'est-ce qu'ils viennent faire là ?
17:41 Sinon ça va mal finir.
17:43 Il y a un certain nombre d'agriculteurs
17:45 aujourd'hui qui sont totalement désespérés
17:47 et ça va finir, je le dis, à la violence
17:49 et à la violence physique.
17:51 Voilà.
17:53 Il ne faut absolument pas que ça en arrive là.
17:55 Il faut vraiment que le président de la République
17:57 apporte des réponses concrètes, je le dis une fois de plus,
17:59 avec une vraie direction, un vrai cap,
18:01 des annonces sur justement un protectionnisme.
18:04 Je ne dis pas que ce n'est pas une insulte.
18:06 Aujourd'hui, il y a une nécessité de cohérence.
18:09 On ne peut pas demander à nos agriculteurs
18:11 de produire toujours mieux et d'importer des produits
18:14 qui viennent de n'importe quoi.
18:16 Mais franchement, je trouve que c'est très dangereux
18:20 ce qui est prévu là.
18:22 Surtout qu'on aurait pu mettre Greenpeace ou FNH
18:24 qui sont quand même un peu plus raisonnables.
18:26 Mais alors mettre les soulèvements de la terre...
18:28 Et Génération Futur avec la grande distribution,
18:30 avec les agriculteurs...
18:32 C'est surtout très grave.
18:33 C'est légitimer la violence,
18:35 c'est légitimer l'extrémisme,
18:37 c'est finalement mettre en avant les gens,
18:39 c'est leur donner de l'importance,
18:41 c'est leur donner la parole des gens
18:43 qui bafouent quotidiennement
18:45 les valeurs républicaines et les valeurs démocratiques.
18:48 Quand on s'en prend à nos policiers,
18:50 on leur tape dessus,
18:51 quand on cible nos agriculteurs
18:53 en en faisant finalement quasiment des assassins
18:56 qui tueraient les terres qu'ils cultivent
18:58 ou qui tueraient, entre guillemets,
19:00 les animaux qu'ils élèvent, je trouve ça très grave.
19:02 Et à un moment, dans ce pays,
19:03 il y a ce qu'on appelle la "gribashing".
19:05 C'est insupportable de s'en prendre
19:07 à des gens qui se lèvent tous les matins,
19:09 qui bossent 70 heures par jour,
19:11 en nous faisant croire que ce sont des personnes
19:13 qui malmènent les terres qu'ils cultivent
19:16 ou qui malmènent les animaux qu'ils élèvent.
19:18 Ils en souffrent quotidiennement.
19:20 Vous avez des gens qui se font insulter
19:22 alors qu'ils sont dans leur champ.
19:23 Vous avez des gens qui voient leur exploitation
19:25 saccagée à cause d'écolos bobos
19:28 qui, en plus, créent un climat d'anxiété extrême.
19:31 Moi, je le vois vis-à-vis de mes élèves
19:33 qui sont dans l'éco-anxiété excessive.
19:35 Ils se disent "ne bougeons plus
19:37 parce qu'on va tous crever dans 3 ou 4 mois".
19:39 Mais c'est grave.
19:40 C'est pour moi une forme de totalitarisme idéologique.
19:43 C'était le coup de gueule de Kevin Bossuet.

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