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00:00Heureux Pinsoir, 19h21, Stéphanie Demureux.
00:06Merci de nous rejoindre, nous avons un nouveau gouvernement pour Noël, un cadeau ou pas selon de la part de François Bayrou au français.
00:16Nous sommes en ligne avec Jean-Christophe Gallien, politologue. Bonsoir Jean-Christophe.
00:22Bonsoir Stéphanie.
00:23Alors première réaction à ce nouveau gouvernement, on voit les réactions ici ou là, notamment à gauche, qui ne sont pas fameuses, du côté du Rassemblement National non plus.
00:35Paris réussi, Paris loupé ou c'est un petit peu trop tôt pour le dire Jean-Christophe Gallien ce soir ?
00:41Ce qui est très tôt c'est qu'effectivement on va peser un petit peu le poids des personnalités parce que finalement ce qui a été quand même promis est quand même présent.
00:52C'est-à-dire qu'on a quelques anciens premiers ministres qui deviennent des ministres d'un gouvernement quand même dans une situation fragile,
01:00ce qui est quand même un acte politique important, on a des anciens ministres socialistes comme ce serait de la même,
01:05on a l'affirmation et le retour de quelqu'un qui était parti, M. Darmanin, un poste très important, celui du garde des Sceaux,
01:13un tandem qui risque de faire effectivement un peu d'étincelle avec M. Retailleau au ministère de l'Intérieur.
01:19Oui, il y a quand même, pour le coup c'était la promesse, des figures, et des figures politiques en tout cas avec un dosage qui ne bouge pas trop pour le coup
01:27parce qu'on est toujours depuis LR jusqu'à Ensemble pour la République pour ceux qui sont encore encartés et puis c'est ce qu'il y a d'ex-socialistes,
01:36M. Valls par exemple, M. Restamen et voilà donc on a quelque chose qui...
01:41Oui, des figures Jean-Christophe Gallien qui ne sont pas forcément populaires aux yeux des Français.
01:47On rappelle quand même qu'Elisabeth Borne est l'architecte de la réforme des retraites qui est très décriée, très impopulaire dans le pays,
01:54c'est aussi Mme 49-3, donc bon, peut-être des poids lourds mais pas forcément un gage de popularité pour ce nouveau gouvernement.
02:03Ah oui, quand je parle de poids lourds, c'est presque une histoire politique, ils ont des valises chargées effectivement, négatives, positives,
02:09beaucoup de négatifs aussi évidemment. Et aujourd'hui, ils ne sont plus dans la réalité de l'actualité politique, c'est clair, en tout cas en termes d'audience positive.
02:17M. Valls, ça fait longtemps qu'il est parti, il était même parti faire un tour en Catalogne, vous voyez, M. Restamen était reparti il y a 10 jours.
02:22Il a réussi à revenir aussi.
02:23C'est un peu des voyageurs de la politique, vous voyez qu'ils reviennent, donc voilà.
02:26Donc je suis assez d'accord avec vous sur le plan de la popularité, ce n'est pas forcément un gain, mais sur le poids de l'expérience peut-être,
02:32peut-être que là pour le coup dans une période troublée, faible, c'est quelque chose qui fait un pari de l'expérience.
02:38Et puis après, vous avez toutes celles et tous ceux qui étaient déjà en place, je pense à Rachida Dati, je pense à Aminata Mirunachet,
02:44voilà, le président de la République certainement a pu affirmer un certain nombre de préférences, en tout cas de possibilités pour certaines de rester.
02:51Jean-Michel Salvador, aujourd'hui, qu'est-ce qui va primer finalement Jean-Christophe Gallienne ?
02:55On vient de nous parler d'expérience, c'est vrai qu'il faut être habile en ce moment avec ce contexte de compromis ou finalement c'est le fond qui va compter le plus ?
03:05Là pour l'instant, on a la feuille de match et ce qui est important, c'est qu'on a quand même un gouvernement de poids lourd.
03:13Ce qui change par rapport au gouvernement Barnier. Avec Barnier, il n'y avait qu'un seul poids lourd, c'était Retailleau.
03:19Tous les autres étaient des inconnus ou des gens qui avaient sans doute des qualités, mais qui n'avaient pas d'expérience politique.
03:24Là, on a quatre ministres d'État, dont deux anciens premiers ministres et c'est vrai que dans la période qui s'annonce,
03:32c'est vrai que ça sera sûrement très utile à François Veyroux, mais pour l'instant, ça n'est que la feuille de match.
03:38Ensuite, il va falloir voir ce qui va se faire, mais c'est vrai que ce qui frappe dans ce gouvernement, c'est que c'est quand même un gouvernement qui penche très sérieusement à droite.
03:48C'est-à-dire que les personnalités importantes de droite sont souvent d'une droite assez décomplexée, c'est le cas notamment de Retailleau, mais il y en a d'autres.
03:58Et les personnalités de gauche sont plutôt des personnalités de gauche modérées et en rupture de banc avec le PS.
04:04Et là, on voit bien le calcul de Bayrou, en fait, Bayrou, il a un choix qui est tout simple, il faut qu'il achète la neutralité, soit du PS, soit du RN.
04:15Non, c'est pas gagné là, parce que...
04:16Non, mais il n'y a pas moyen de faire autrement.
04:18Et là, il a bien vu qu'avec le PS, ça n'était pas possible, notamment à cause de la réforme des retraites.
04:23Et là, il essaye de jouer, je ne suis pas en train de vous dire qui va y arriver, mais il essaye de jouer la neutralisation provisoire, en tout cas, du RN.
04:34Et donc, on verra ce que ça donne, mais le calcul, il est vraiment là.
04:40Et il y a cette idée, quand même, qu'avec, par exemple, ce couple d'Armanin à la justice et Retailleau à l'intérieur,
04:52il y aura peut-être moyen de siphonner l'électorat du RN pour le ramener vers une droite plutôt parlementaire.
05:00Le sujet, c'est que c'est précisément parce que ce gouvernement est assez à droite
05:06que Marine Le Pen aura peut-être envie de faire de la surenchère assez rapidement pour ne pas leur laisser le temps de réussir.
05:12Gilles Boutin, c'est intéressant, cette analyse de Jean-Michel Salvatore, siphonner le RN avec, c'est vrai, ce duo de choc qui est un vrai signal vis-à-vis à l'endroit des électeurs de droite.
05:25Qu'est-ce que vous en pensez ?
05:26Effectivement, c'est un enjeu.
05:29Une bonne stratégie, je ne sais pas.
05:30Je pense que Bayrou est beaucoup plus guidé par des réalités et qu'il ne contrôle pas tellement la direction dans laquelle il va.
05:36Mis à part le fait que je ne critique pas fondamentalement son gouvernement, il a quand même réussi un joli coup en nommant des personnalités qui sont connues.
05:45C'est-à-dire qu'on passe d'un gouvernement où on ne connaissait quasiment personne, à un gouvernement où beaucoup de Français connaissent une bonne partie des ministres.
05:52Et ça, ce n'était pas gagné.
05:53Ça ne peut pas être poussoir, justement, à l'inverse ?
05:55Des Français qui en ont un petit peu assez de ces élus vieux.
05:58Moi, j'entends les commentaires déjà dans ma tête.
06:01Là, ça y est, les vieux qui reviennent.
06:03Emmanuel Valls, pardon, qui insiste depuis des mois pour revenir, il revient, non ?
06:08Ça, c'est du discours.
06:09On n'en veut plus, on veut qu'il sorte.
06:11Et en même temps, dès qu'on n'en connaît plus, c'est presque un sujet d'amusement.
06:14Donc, il faut trouver une ligne et ce n'est pas facile.
06:17C'est pour ça que je dis que François Bayrou semble avoir trouvé un gouvernement, non pas pour faire compétition au RN, mais parce qu'il ne pouvait pas faire tellement autrement.
06:25C'est-à-dire que les réalités qui prévalaient lorsque Michel Barnier est devenu Premier ministre sont toujours les mêmes.
06:30C'est-à-dire que Michel Barnier était obligé de gouverner avec, tacitement, le RN.
06:35Ça n'a pas changé.
06:36Le discours de la gauche qui prétend qu'on peut s'en passer, ça ne fonctionne pas.
06:41Et d'ailleurs, on le voit bien, la jambe gauche de ce gouvernement, c'est plus une patte folle.
06:44C'est M. Rebsamen qui n'est même plus socialiste et qui est en rupture de banc avec eux, qui a largement critiqué les orientations prises par Olivier Faure.
06:53Tout ça pour dire que ce n'est pas tant pour faire compétition au RN qu'un constat de réalité qui est l'état des forces actuelles et qu'il faut bien le prendre en compte.
07:03Et c'est assez ironique pour un Premier ministre qui visite le centre en permanence.
07:07Forme de cynisme.
07:08Jean-Christophe Gallien, le communicant, vous êtes également.
07:11Quelle est sa vision là-dessus ?
07:13C'est vrai que Jean-Michel Salvatant nous faisait remarquer que ça pourrait peut-être siphonner le RN.
07:18C'est vrai que sur la sécurité, notamment, le duo Retailleau-Darmanin peut faire des éclats.
07:25Oui, ce sera aussi la limite de leur temporalité.
07:29Je pense que si ça va trop loin, trop vite et si ça fonctionne trop bien, il y aura forcément de la contre-mesure du RN qui ne peut pas se permettre des avancées trop importantes.
07:43Et même, vous poussez plus loin, ça a l'air affirmé, encore pousser peut-être ce binôme ou ce duo encore plus dans les tours de quelque chose qui va les opposer.
07:50De fait, dans la cohabitation qui demeure quand même à l'intérieur du gouvernement entre des gens qui ne sont pas bien au NHL, ne veulent pas du tout de cette stratégie politique.
07:57Donc c'est quelque chose qui est important.
07:58Et puis de l'autre côté, ça a tout de suite immédiatement fait la réunification du nouveau Front Populaire qui, même s'ils n'ont pas...
08:05C'est de la polyphonie toujours.
08:06Ils ont tous dit que c'était de la provocation depuis M. Ford jusqu'à la France insoumise en passant par Marine Gondelier.
08:12Donc attention, en fait, en réalité, rien n'a changé.
08:17Je veux dire, le paysage politique et la météo politique n'a que très peu bougé.
08:22M. Béraud tente de gagner du temps.
08:24Il a pris des gens qui étaient tous, il faut le dire, les poids lourds dont on parle.
08:28Ils avaient très envie de venir, très envie de venir.
08:30Ils étaient là à poser leur candidature déjà depuis M. Barnier quasiment.
08:35Donc M. Valls, il n'a tant que ça.
08:37M. Rebsamen, là, depuis que c'était M. Béraud, il le voulait.
08:40Mme Borne aussi, vous voyez, c'est à la fois de la victoire et en même temps, c'est quelque chose qui va poser, par contre, une question politique aux autres.
08:48Parce que, évidemment, ça recompose, malgré tout, une architecture gouvernementale qui est plus forte dans un État faible, mais une architecture gouvernementale qui est plus forte.
08:55Jean-Michel Salvatore.
08:56Moi, je ne suis pas tout à fait d'votre avis.
08:58Moi, je pense que ça change quand même un petit peu la donne, si vous voulez.
09:01Ce choix d'essayer de neutraliser, assez franchement, le Rassemblement National.
09:07Il y a quand même un événement qui est assez important dans ce remaniement.
09:11C'est pas tellement... Enfin, c'est non seulement les gens qui sont nommés, mais c'est aussi les gens qui n'en font pas partie.
09:16Et Xavier Bertrand, lui, voulait être ministre de la Justice.
09:20Le nom avait été un peu testé comme ça dans les médias.
09:24Et le Rassemblement National a très rapidement dit que, là, c'était véritablement une ligne rouge.
09:29Et que si Xavier Bertrand était nommé au ministère de la Justice, le gouvernement Bayrou serait censuré dès le 14, le 15 ou le 16 janvier, pas le Rassemblement National.
09:41Et le fait que Bayrou cède là-dessus, je trouve que c'est quand même une indication sur son pari.
09:47Alors, ça ne veut pas dire...
09:48Est-ce que ça va, oui ? Est-ce que ça va suffire ?
09:50Ensuite, je trouve que la vraie question, c'est de savoir maintenant ce que le Rassemblement National est prêt à donner en échange.
09:57Bayrou a fait un geste avec Xavier Bertrand, fait un geste avec notamment ce duo retaillot d'Armanin,
10:05qui va évidemment dans le sens de plus de sécurité et un contrôle beaucoup plus efficace de l'immigration,
10:11donc qui donne véritablement des gages à la droite et à l'extrême droite.
10:15Est-ce que le Rassemblement National va donner quelque chose en échange ?
10:18Et donner quelque chose en échange, c'est quoi ?
10:20C'est laisser tranquille Bayrou au moins un mois ou deux mois.
10:24Ou est-ce que le calcul du Rassemblement National, c'est finalement de prendre les bénéfices, mais de ne rien changer à sa stratégie ?
10:33Qui peut se retourner contre lui, le Rassemblement National, parce que je pense que les Français en ont peut-être assez des petits calculs politiques et ne sont pas duffes, n'est-ce pas, Gilles Boutin ?
10:43Beaucoup de Français n'ont pas bien compris le choix du RN de voter la censure.
10:48Il y en avait un certain nombre qui plaidaient pour, cependant...
10:51Les sondages ne sont pas vraiment durs pour le RN.
10:55Cependant, vous avez aussi des reportages plus qualitatifs dans les chiffres du RN qui mettent en évidence que ce n'est pas partagé par tout le monde.
11:02Donc le RN a aussi confondu ses bruits internes avec le bruit plus global.
11:08Et il ne faut pas satisfaire uniquement sa propre base, il doit aussi se montrer constructif.
11:12C'est ce qu'il a cherché à faire constamment.
11:15Est-ce qu'ils ne sont pas acculés justement à devenir constructifs avec la démonstration que vient nous faire Jean-Michel Salvator, avec les gages finalement qu'a donné François Bayon, où ça va finir par se voir, non ?
11:24C'est une nouvelle équation, il va falloir trouver une nouvelle grammaire, parce qu'effectivement les thématiques vont être assez similaires.
11:29Gérald Darmanin peut nous surprendre en essayant une mue un peu comme Xavier Bertrand en réalité, un petit peu populiste, proche des gens, mais en conservant un discours qui se voudra social.
11:44C'est ce qu'il a tenté de faire d'ailleurs lors de son départ de la place Beauvau, en évoquant les difficiles conditions d'intégration, d'actes de progression sociale quand on a un nom à consonance étrangère.
11:56C'était assez inattendu, donc je pense qu'il va vouloir se différencier de cette façon, et il y a la tentation de faire naître un populisme social pour contrecarrer celui du RN.
12:06Jean-Michel Savatin, est-ce qu'on peut imaginer une forme même de petite concurrence, un petit combat de coque à droite entre Bruno Retailleau et Gérald Darmanin ?
12:14Quelle est la relation entre les deux hommes ?
12:18Pour l'instant, je pense que Retailleau a pris une option assez importante par rapport à Darmanin, alors ensuite on va voir ce que va donner Darmanin.
12:26Mais je pense que Bayrou joue avec les cartes qu'il a. Son premier choix c'était d'aller vers le PS.
12:34Souvenez-vous, il disait que ce qu'il voulait c'est un gouvernement de Bertrand à Cazeneuve.
12:40Il n'a ni Bertrand ni Cazeneuve, parce que le PS avait des lignes rouges qui étaient pour le coup rouge et carlate.
12:48La renonciation à la réforme des retraites qui était évidemment inacceptable, le non-remboursement des médicaments qu'il voulait annuler.
12:56Il a pas dit son dernier mot, François Bayrou sur les retraites.
12:58Malgré tout, il n'est pas question pour François Bayrou de renoncer à la réforme des retraites.
13:08Il voulait reprendre la discussion mais sans suspendre la réforme.
13:12Comme il a vu que ça n'était pas possible avec le PS, il va du côté du RN et il essaye.
13:20Ça ne veut pas dire qu'il va réussir, mais il essaye avec les cartes qu'il a.
13:24La difficulté qu'il a, c'est qu'il a un gouvernement de poids lourd, avec des gens très expérimentés,
13:30qui ont fait plus ou moins leurs preuves, mais qui représentent politiquement quelque chose.
13:34On se dit que s'il n'y arrive pas avec cette équipe-là, il n'y a quasiment plus aucune solution.
13:42Le sujet de la démission du président de la République se reposera avec une inquiétude nouvelle.
13:48Jean-Christophe Gallien, ça va se jouer quand ? Le 14 janvier, lors du discours de politique générale,
13:54et qui sera suivi du budget en février ?
13:58Je ne crois pas. Pour le coup, je pense que c'est dans l'intérêt de personne,
14:03en tout cas sur l'espace qu'il y a du bord gauche de ce gouvernement jusqu'aux réformes nationales,
14:08y compris d'avoir trop vite à nouveau une instabilité.
14:12Je ne perçois pas aujourd'hui cet intérêt.
14:16Pour le coup, je suis moins d'accord sur l'idée que les Français n'ont pas compris la stratégie du réforme national.
14:22Je pense qu'il y avait une limite et une fin de course de la stratégie de la cravate.
14:26Ils sont quand même dans cette difficulté d'être constructifs.
14:30C'est quelque chose qui les fait exister réellement, là où ils doivent être.
14:33Je pense qu'ils commettraient une erreur s'ils rentraient trop dans le rang de quelque chose qui les officialise trop.
14:38Donc on aura trois, quatre, peut-être cinq mois maximum.
14:42Dès qu'on va arriver au milieu du printemps, pas très loin du début de l'été, les choses risquent quand même de se tendre.
14:49Je vous le dis, ils ne peuvent pas se permettre d'avoir une trop grande réussite.
14:52Donc le budget va passer selon vous, Jean-Christophe?
14:54Oui, je pense que le binôme est la menace pour eux.
14:59C'est-à-dire qu'il va falloir qu'ils les poussent un peu dans leur retranchement.
15:03Il va falloir que les autres aient des résultats assez vite.
15:05S'ils n'en ont pas, ce sera compliqué évidemment d'exister.
15:09Ne pas solder sa puissance dans quelque chose qui serait d'être constructif.
15:14Mais pourquoi et pour qui?
15:15Je pense qu'effectivement à un moment donné, tout le monde a intérêt, l'ensemble de la classe politique,
15:19à remettre un coup de pression sur Emmanuel Macron.
15:22Donc durer trop longtemps, j'y crois peu.
15:25La réalité, c'est que tous les fusils, maintenant, sont orientés sur le président de la République.
15:29Et qu'on soit à l'intérieur du gouvernement, hormis peut-être Ensemble pour la République,
15:33et encore de chez M. Attal, on s'est affranchis, on a même presque acquis l'idée,
15:38sans parler de M. Philippe, qu'il y a des trous pour gouvernement,
15:41qui disent d'ailleurs eux aussi que finalement le président de la République n'ira peut-être pas jusqu'en 2027.
15:45Donc oui, c'est dans cette architecture-là qu'il y a peut-être une vérité.
15:49Maintenant, François Deroux, il peut surprendre avec cette équipe, il peut surprendre.
15:52Mais ça dépend trop, si vous voulez, des vérités de construction ou pas du Rassemblement national,
15:58de qui sera d'ailleurs à la tête de ce parti pour les prochaines grandes échéances.
16:02Et puis aussi de cette gauche, qui va peut-être faire quelque chose ou pas,
16:07dans une unité peut-être retrouvée, maintenant qu'elle est mise au point du ring.
16:11Qu'est-ce que vous en pensez de l'analyse de Jean-Christophe Gallien,
16:16qui pense que ça ira au moins jusqu'au printemps ?
16:18Parce que c'est vrai que le budget va être un sacré épisode à traverser, quand même.
16:22D'abord, je maintiens qu'effectivement, il y avait quand même une bonne part,
16:25même si les sondages montraient qu'il y avait un certain soutien au RN.
16:28Mais je pense quand même que le RN aurait plus gagné à rester dans sa dimension constructible.
16:32Ensuite, sur la capacité du gouvernement à se maintenir,
16:36a priori, si François Bayrou est débrouillard,
16:43il a bien pris note de tous les points négatifs,
16:46tous ceux qui étaient rédhibitoires aux yeux du RN, du moins officiellement.
16:49C'est-à-dire que s'il ne fait rien, il ne touche pas aux retraites pour le moment,
16:53et qu'il les confie aux partenaires sociaux pour les négocier pendant neuf mois,
16:56il est tranquille.
16:57À l'arrivée, ils n'y arriveront pas,
16:59donc il pourra dire que les partenaires sociaux n'ont rien pu faire sur les retraites,
17:02mais c'est autant de temps gagné pour lui.
17:05Ensuite, sur les histoires d'indexation, sur toutes les dépenses qui étaient...
17:10Il faut quand même trouver 60 milliards d'économies dans ce budget,
17:13donc ça va forcément coincer quelque part.
17:16C'est ça, oui.
17:17S'imaginer que le budget va être voté comme ça...
17:19C'est ce qui me semble.
17:20Ça me semble vraiment très hypothétique.
17:22À la fois, il le faut, et en même temps,
17:24il va forcément viser moins haut que ce que Michel Barnier cherchait à faire.
17:28Il va peut-être profiter d'une conjoncture qui lui sera favorable,
17:31avec la baisse des taux de la BCE,
17:32ça peut toujours accompagner une certaine reprise.
17:35Il y a d'abord une petite baisse encore de croissance qui est prévue,
17:37et après ça pourrait remonter.
17:38La consommation va revenir, l'épargne doit être utilisée.
17:42Qui sait ? Peut-être qu'il va tout simplement profiter d'un effet domaine.
17:44On va revenir d'ailleurs avec vous, Gilles Boutin, ça m'intéresse,
17:47puisque vous êtes journaliste politique économique,
17:49sur le cas de Lombard, puisqu'on a un nouveau ministre de l'économie,
17:53que peut-être les Français ne connaissent pas mieux.
17:55Éric Lombard, vous le connaissez bien, vous ?
17:57Moi, personnellement, non.
17:59C'est un homme qui est assez inconnu des Français.
18:01C'est ça qui est drôle, c'est qu'on a un gouvernement
18:04avec quasiment que des ministres connus,
18:06et l'un des plus importants,
18:08et qui va s'occuper du sujet dont tout le monde parle depuis des mois,
18:11c'est l'illustre inconnu du grand public.
18:15Éric Lombard, il est de la jambe gauche du gouvernement,
18:20pour le coup, il vient d'une gauche réformiste rocardienne.
18:23C'est le directeur de cabinet de Michel Sapin.
18:26Il l'a été.
18:28Et puis, il est à la tête de la Caisse des dépôts et consignations.
18:31Et ça, c'est intéressant, puisqu'on n'a pas toujours en tête
18:34les missions de la Caisse des dépôts.
18:36Elle gère typiquement le livret R.
18:38C'est la chose la plus visible.
18:40Il est chargé de la protection de l'épargne de beaucoup de Français.
18:44Il est chargé aussi d'aider au développement de territoires.
18:47Cette Caisse s'intéresse directement à des questions très concrètes
18:50comme les maisons de retraite,
18:52le scandale hors PA,
18:54pour remettre sur pied des maisons de retraite en difficulté, par exemple.
18:57Et à ce titre, je pense qu'il a une idée assez claire
19:00de ce qu'il faudrait faire en tant que ministre de l'Économie.
19:03Donc ça va être intéressant à suivre.
19:05En fait, il a une double dimension qui va servir à Bayrou.
19:09D'abord, sa proximité avec les collectivités locales.
19:12Quand on est directeur général de la Caisse des dépôts,
19:16on est évidemment très au contact des collectivités.
19:19Et donc, on a vu que les collectivités locales
19:23et les corps intermédiaires avaient été plutôt négligés
19:26par Emmanuel Macron.
19:30Donc là, si vous voulez, c'est vrai qu'il a ce tropisme-là
19:33et ça peut être utile.
19:35Le deuxième tropisme, c'est la question du logement.
19:39On a bien vu que la question du logement
19:42était l'une des grandes impasses du gouvernement d'Elisabeth Borne
19:47et de Gabriel Attal.
19:49Et c'est vrai que lui, évidemment, connaît bien ces sujets-là.
19:52Et donc, si ce gouvernement a une durée de vie
19:56qui excède celle de Michel Barnier,
19:59peut-être pourra-t-il faire quelque chose.
20:01En tout cas, c'est une double dimension qui est intéressante.
20:03Et puis, d'un autre côté, il a quand même cette dimension de techno.
20:08Plutôt de gauche, mais de techno.
20:12Et quand même pro-entreprise.
20:14La Caisse des dépôts et consignations est aussi le bras armé de l'État
20:17et aide les entreprises.
20:19Il y a quand même ce côté pro-business
20:21qu'on ne pouvait pas retirer à Emmanuel Macron.
20:23Il cumule beaucoup d'aspects qui, a priori,
20:25ne devraient pas hérisser ni la gauche,
20:28ni le RN pour le moment.
20:30Je suis impressionnement social, réaliste économiquement,
20:33pro-business effectivement,
20:35mais je ne sens jamais tomber dans un discours libéral.
20:37Alors que, par exemple, dans le précédent gouvernement,
20:40le ministre chargé de la fonction publique,
20:43lui, était particulièrement clivant.
20:46Et il n'hésitait pas à le faire.
20:48Alors que lui, il va apaiser les esprits, je pense.
20:50Jean-Michel Stavaton ?
20:51Eric Lombard aussi.
20:52Il a un autre avantage pour Macron,
20:54c'est qu'il ne détricotera pas le bilan de Macron.
20:56En tout cas, il essaiera,
20:57puisqu'il est assez proche d'Emmanuel Macron.
20:59Et que même cet été,
21:01le nom d'Eric Lombard avait circulé pour Matignon.
21:07Finalement, c'est Michel Barnier qui avait été choisi.
21:09Mais Eric Lombard avait été cité,
21:12on le sait, assez proche d'Emmanuel Macron.
21:15Et donc, il y aura une volonté quand même
21:18de préserver le bilan économique de Macron
21:21avec, évidemment, une sensibilité un peu de gauche.
21:25Tout en faisant des économies.
21:26Tout en faisant des économies.
21:27Vous l'avez rappelé, vous-même, 60 milliards à trouver dans le budget.
21:32Mais ça sera le poste le plus...
21:33Enfin, c'est l'un des postes les plus difficiles
21:35avec celui de Rotaillot, sans doute.
21:37Parce que, bon, le budget c'est compliqué.
21:39Et se retrouver à l'Assemblée nationale,
21:42qui est devenue une véritable cocotte minute
21:45avec les deux extrêmes,
21:46d'un côté le Rassemblement national
21:48et de l'autre côté la France insoumise,
21:49c'est pas une partie de plaisir.
21:51Et qui veulent aussi la peau quand même
21:52de cette réforme des retraites,
21:54qui pourrait nous emmener droit
21:56sur une catastrophe un petit peu
21:57au niveau des finances publiques quand même, Gilles Boutin.
22:00Oui, si on touche à la réforme des retraites,
22:02c'est un signal extrêmement négatif,
22:04notamment par les agences de notation.
22:06La note de la dette pourrait baisser.
22:08Après, c'est l'effet boule de neige.
22:09On est loin du scénario à la grecque,
22:10parce qu'on a quand même une masse critique
22:12qui nous permet d'encaisser les chocs.
22:15Cependant, on joue avec le feu
22:18si on commence à détricoter ce genre de totem
22:21qui est très très visible par les investisseurs internationaux.
22:25Vraiment, il va falloir jouer,
22:27être très très habile,
22:28comme il semble le faire pour l'instant,
22:30je parle de François Bayrou,
22:31sur la réforme des retraites.
22:32Il ne vaut mieux pas bouger là.
22:34Autre curiosité quand même de ce gouvernement,
22:36on en a un petit peu parlé tout à l'heure,
22:38le retour d'Elisabeth Borne,
22:40qui est quand même cet architecte
22:42de cette réforme des retraites,
22:44la Madame 49-3,
22:46s'interroge au ministère de l'Éducation,
22:48numéro 2 du gouvernement.
22:51Là aussi, c'est un petit coup de barre à gauche.
22:53L'éducation nationale,
22:55c'est un petit peu à droite, à gauche,
22:57depuis plusieurs années.
22:58C'est vrai qu'il n'y a pas de cohérence.
23:00Il n'y a pas vraiment de cohérence entre Papendiaille...
23:02On n'est pas venu là ?
23:04Personne ne l'a oublié.
23:05Il faut quand même se souvenir que
23:07c'est sous Elisabeth Borne
23:09que Papendiaille avait été nommée.
23:11Ensuite, on a eu Mme Belloubet.
23:13Il y a eu énormément d'allers-retours.
23:15Il n'empêche quand même que
23:17pour Emmanuel Macron,
23:19Elisabeth Borne,
23:21elle a commencé le deuxième quinquennat
23:23sans majorité absolue.
23:25Elle a fait aboutir,
23:27avec énormément de difficultés,
23:29deux réformes très emblématiques.
23:31Les retraites,
23:33c'est quand même un sujet qui est là depuis 2017.
23:35Elle a utilisé évidemment le 49-3,
23:37mais elle a fait aboutir cette réforme,
23:39ce qui est quand même
23:41apporté à son actif, et puis la loi
23:43sur l'immigration.
23:45L'avantage qu'elle a, c'est qu'elle est
23:47plutôt de sensibilité de gauche.
23:49C'est une femme, et vous noterez
23:51qu'on a quand même un gouvernement
23:53qui est paritaire, facialement,
23:55mais les
23:57portefeuilles les plus importants sont
23:59détenus par des hommes.
24:01En étant finalement
24:03la deuxième personne du gouvernement,
24:05ça permet de rééquilibrer un petit peu les choses.
24:07Mais c'est vrai que
24:09évidemment, l'éducation nationale,
24:11c'est vraiment le ministère du temps long,
24:13et on ne voit pas très bien ce qu'elle va pouvoir faire
24:15si le gouvernement ne dure que 2, 3 ou 4 mois.