Ses précédents spectacles ont rassemblé quelques 800.000 spectateurs : Caroline Vigneaux remonte sur scène avec "In Vigneaux veritas", présenté en ce moment et jusqu'à fin mars à Paris, au théâtre Edouard VII, puis en tournée dans toute la France.
Regardez L'invité de RTL Soir du 20 février 2024 avec Marion Calais et Cyprien Cini.
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00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 On est dans toute la France, Bronc, Clermont-Ferrand, Rohan, Roubaix dans les prochains mois, entre autres.
00:08 Vous commencez dans ce spectacle par vous y décrire comme au sommet de la montagne, c'est à dire qu'à 49 ans vous avez fait
00:16 vos années d'ascension et maintenant c'est la descente qui s'annonce. L'avantage c'est que de votre sommet à mi-chemin, vous pouvez parler à
00:24 tout le monde, à toutes les générations. Est-ce que ça vous le constatez justement aussi dans les salles ?
00:28 Complètement, mais c'est une version très optimiste de la montagne, parce que ça voudrait dire que j'ai jusqu'à 100 ans,
00:33 quand même, donc c'est quand même la version hyper optimiste.
00:36 Mais c'est assez drôle de voir de génération comme ça que je comprends très bien avec mes fils et avec ma mère et qu'ils vivent
00:42 dans des mondes complètement opposés et je comprends pourquoi ils ne se comprennent pas.
00:45 Surtout que je sais que j'ai fait partie des jeunes qui disaient "ouais, ils comprennent rien, ma mère, mon père, mon grand-parent,
00:49 maintenant je suis en haut de la montagne, un peu en mode sagesse".
00:52 Je dis ça parce que mes enfants écoutent.
00:55 Sagesse, évidemment.
00:57 Non, vos enfants n'écoutent pas RTL, c'est votre mère qui écoute RTL.
00:59 C'est ceux qui sont en bas de la montagne.
01:01 Oui, mais peut-être que ce soir, ils écouteraient pour faire plaisir à leur maman.
01:05 Vous gagnez deux auditeurs, les amis.
01:07 En tout cas, pour les plus vieux, vous imaginez une valise remplie de drogue pour faire passer les dernières années ?
01:13 Pas toutes les drogues, que les drogues dures et dangereuses.
01:15 Et vous citez d'ailleurs, on l'a bien noté, la valise RTL, pour la référence.
01:19 Oui, c'est vrai.
01:21 Vous savez qu'on ne met pas que des choses illégales dans la valise ?
01:23 Non, pas du tout de choses illégales.
01:25 Je ne sais pas ce qu'on m'a dit mon grand-père, à la fois où il l'avait gagné.
01:29 Il a gagné la valise RTL votre grand-père ?
01:31 Non, il ne faut pas croire tout ce que je dis.
01:33 Alors dans ce spectacle, vous vous amusez de tous les sujets qui agitent la société.
01:37 Il y a le wokisme, l'intelligence artificielle, les masculinistes aussi.
01:41 Vous avez ça en commun avec Alex Vizorek, de tenter de vous détruire de la mort.
01:45 C'est qui Alex Vizorek ?
01:47 Je suis jeune, moi encore.
01:49 Oui, c'est bien connu.
01:51 Vous parlez même de la mort de votre père qui avait 68 ans.
01:55 Oui, c'est affreux.
01:57 Je ne pensais pas qu'on pouvait mourir à cet âge-là, à notre époque.
02:01 Et c'est arrivé très violemment, je n'étais pas prévenue.
02:03 C'est comme un accident de la route. On vous appelle un jour et on vous dit "il est mort".
02:07 C'est mon corps entier qui réagit au point où je dois être hospitalisée.
02:14 Alors que ce ne sont que des mots, mais la violence, le choc, l'impact de ces mots est incroyable.
02:20 Je me suis retrouvée par terre comme un animal hurlant,
02:23 mais vraiment avec des cris qui sortaient de mon corps que je ne pouvais même pas imaginer.
02:27 Et aujourd'hui, vous arrivez à faire rire avec ça ?
02:29 Oui, c'est parce que je suis passée par plusieurs étapes.
02:32 La première, évidemment, la douleur.
02:34 Après, il y a eu la colère. J'ai été prise de colère pendant assez longtemps.
02:37 Incompréhension du monde, pourquoi mon père ?
02:40 Surtout qu'il se trouve que le père de mon père, donc mon grand-père, était encore vivant.
02:44 Et lui, il est allé jusqu'à 100 ans.
02:46 C'est pour ça que ma montagne, c'est possible.
02:48 Mais du coup, après la colère, il y a l'apaisement.
02:50 Et aujourd'hui, je suis dans la phase d'apaisement.
02:52 Et je me suis dit qu'en parlant comme ça dans mon spectacle, en faisant rire avec ça,
02:54 je vais pouvoir donner comme message qu'on arrive à vivre avec et on arrive à être heureux à nouveau.
02:59 Vous allez se reculer aussi parce que vous parlez des funérailles, même de votre papa.
03:02 Oui, c'est vrai.
03:04 Sur le moment, je ne sais pas si vous avez réussi à rire, mais la façon dont vous le racontez est très drôle.
03:08 C'est la première fois où j'ai ri après la mort de mon père, je le dis dans le spectacle.
03:11 Mais je pensais que je n'irais plus jamais. J'étais complètement vide.
03:14 Et il se trouve qu'à l'enterrement de papa, ce qui s'est passé, c'est que le prêtre m'a fait beaucoup rire.
03:19 Il a vraiment égratigné. À chaque fois qu'il a prononcé le nom de votre père, il a à chaque fois égratigné son nom.
03:24 Ah mais il n'a pas prononcé une seule fois.
03:26 C'est un truc de fou.
03:27 Mais moi, je vous jure, je pleurais de rire.
03:29 Ma soeur, elle était un peu mortifiée.
03:32 Et c'est là où je lui dis cette phrase magique.
03:34 Je lui dis, écoute, la bonne nouvelle, c'est que papa n'est pas mort.
03:37 J'ai choisi avocat pour faire plaisir à mon père, puis humoriste pour faire chier à mon père.
03:42 C'est ce que vous dites dans votre spectacle.
03:44 Il n'a pas compris quand vous êtes passée des prétoires à la Seine, il y a 16 ans maintenant.
03:48 Non, non, ça va mon père.
03:50 Non, non, non, mais moi, vous savez, j'ai été éduquée.
03:52 Le mot, il est fort.
03:53 Si bien que faire des études, ce n'était pas une question.
03:55 Bien sûr, j'allais faire des études.
03:56 La question, c'était est-ce que je voulais faire médecine ou droit ou pour les anciens qui nous écoutent,
04:01 maths sup, maths bae.
04:02 Je ne sais pas comment ça s'appelle aujourd'hui.
04:04 Mais en tout cas, c'était ça.
04:05 D'ailleurs, ma soeur a fait médecine.
04:06 Moi, j'ai fait droit.
04:07 Et l'idée d'être sale, timbrant, de faire des blagues ou de monter sur scène n'est même pas venue.
04:13 C'est-à-dire que même quand j'étais jeune avocate, tout le monde me disait un jour, tu sais, tu vas tout planter pour faire des blagues.
04:17 Je vous aurais traité de dingue.
04:18 Mais bien sûr, ça ne va pas bien la tête.
04:20 Ce n'est pas un métier.
04:21 Ce n'est pas un métier.
04:22 Ça n'existe pas.
04:23 Quand vous êtes éduquée, c'est ce que je dis souvent.
04:25 D'ailleurs, c'est pour ça que je parle de la misogynie, du racisme, de l'homophobie.
04:29 On n'est pas comme ça.
04:30 Quand on est enfant, on est enfant.
04:31 Il ne faut pas oublier que nos parents nous disent qu'il y a un père Noël qui arrive.
04:33 On le croit.
04:34 On n'a pas de cheminée.
04:35 Ce n'est pas grave.
04:36 Il arrive quand même.
04:37 En une nuit, il livre tout le monde, la petite souris, tout ça.
04:38 On croit.
04:39 Si vos parents passent votre temps à vous dire que tu dois faire des études, c'est comme ça,
04:42 ou les Noirs, ce n'est pas bien, les Juifs, c'est mal, les Arabes, c'est comme ça, vous le croyez.
04:46 C'est pour ça que vous êtes forgés, vous êtes éduqués.
04:48 Le monde irait mieux, je pense, si toutes les mères étaient féministes, par exemple.
04:51 - Et votre sœur, elle est toujours médecin, elle ?
04:53 - Elle est dentiste.
04:55 - Elle est jongleuse de bolo.
04:56 - Elle est dentiste à Fontenay-aux-Roses, docteur Vigneault.
05:00 - Aujourd'hui, en tant qu'humoriste, vous avez passé un cap, puisque votre spectacle est autoproduit.
05:06 C'est-à-dire que vous êtes à la scène, à la mise en scène, à la production.
05:10 Vous avez tout géré.
05:11 Ça veut dire que personne ne voulait vous suivre dans ce spectacle qui est très intime ?
05:15 - C'est pas une bonne personne.
05:16 - C'était difficile de convaincre les producteurs ?
05:21 - Ça n'a pas été si difficile.
05:22 C'est-à-dire que moi, j'avais des envies, et je me suis rendue compte très vite
05:25 que quand vous avez un producteur, souvent, il vous met dans son propre théâtre.
05:28 Et puis moi, j'avais envie d'aller au théâtre Edouard VII.
05:31 Il y a un producteur qui m'a dit non, et ça m'a pris.
05:33 J'ai dit "bon, très bien, quand on me dit non, ça ne veut pas dire non".
05:35 Et je suis partie, j'ai dit "je vais me le produire moi-même".
05:38 Il se trouve que quand papa est décédé, on devait racheter sa maison.
05:41 La maison dans laquelle j'ai grandi avec ma sœur, j'ai découvert ça,
05:43 mais c'est 20% qu'on doit racheter.
05:45 Donc on ne pouvait pas financièrement, donc on a dû la vendre.
05:47 Avec cet argent, j'ai acheté une petite maison dans les Alpies.
05:50 Je regarde Alex Vizorek, puisque nous sommes voisins là-bas.
05:54 Et dans les Alpies, j'ai acheté cette petite maison,
05:56 et je l'ai mise en gage pour payer Edouard VII.
05:58 - Donc c'était une question de liberté, en fait, ce choix-là ?
06:00 - Oui, une question totale de liberté, mais d'angoisse également,
06:03 puisque je n'avais pas envie de la perdre.
06:05 Après, je me suis juste dit "écoute, Caro, sois honnête,
06:08 tu as bien vécu jusqu'ici sans maison secondaire".
06:10 Je ne suis même pas de maison primaire, donc je suis en location à Paris.
06:12 Donc je me suis dit "si je la perds, il n'y a pas de drame,
06:15 je n'ai pas mis en jeu la vie de mes enfants,
06:17 j'aurais peut-être un peu plus réfléchi".
06:19 - Mais parce qu'on vous disait "vous ne remplirez pas Edouard VII, c'est trop grand".
06:23 - C'est trop grand, je ne suis pas assez connue.
06:24 - C'est combien de places ?
06:25 - 700 places, en tout, ça fera 34 000 billets.
06:29 En tout.
06:31 - Tadam !
06:32 - Alex ?
06:33 - Non, je voulais juste dire "n'allez pas au spectacle pour qu'elle puisse garder sa maison".
06:36 Allez-y, parce que c'est vraiment marrant le spectacle.
06:39 - Parce que là on l'a tourné un peu, genre "aidez-la".
06:42 - Je crois qu'il a vraiment peur que je débarque chez lui avec mes valises.
06:46 Vous pouvez l'aider et vous pouvez aller rire aussi dans ce spectacle
06:50 et découvrir aussi un spectacle où il est question d'intimité.
06:54 C'est un spectacle pour vous très intime et on va en parler dans un instant.
07:00 RTL Bonsoir se poursuit juste après ça.
07:03 A tout de suite.
07:04 RTL Bonsoir.
07:06 Marion Calais, Alexandre Desaint-Aignan, Cyprien Signé.
07:10 RTL Bonsoir, la deuxième heure continue avec notre grande invitée,
07:13 l'humoriste Caroline Vigneault.
07:15 - Je ne savais pas que j'étais si grande moi.
07:17 - C'est la grande invitée.
07:18 - Son dernier spectacle, "In Vignaud Veritas" actuellement au théâtre Édouard VII à Paris
07:23 avant une tournée dans toute la France dès le mois d'avril.
07:25 - C'est un spectacle très intime aussi, où vous parlez des agressions sexuelles et du viol dont vous avez été victime.
07:31 Vous n'en aviez jamais parlé avant ?
07:32 - Jamais.
07:33 - À personne ?
07:34 - Personne.
07:35 Mais vraiment quand je dis personne, c'est personne.
07:36 Il n'y avait que deux personnes au courant.
07:38 Enfin trois, moi et mes trois agresseurs et c'est tout.
07:42 - Et comment vous décidez de l'écrire ? Pourquoi ? Comment on réagit au début autour de vous ?
07:46 - Déjà moi je décide de ne pas en parler à chaque fois.
07:48 Mais ni à ma mère, ni à personne.
07:50 Donc quand j'ai écrit le spectacle, il a fallu d'abord que j'aille le leur dire.
07:53 Je ne voulais pas que je le découvre comme ça.
07:54 Et ça a été un peu dur pour elle évidemment.
07:56 Mais moi c'était parce que j'avais honte.
07:59 Et que la honte c'est plus facile à gérer quand personne n'est au courant.
08:02 Donc le fait de ne pas en parler, j'avais juste à gérer ça moi de mon point de vue.
08:06 Et puis voilà.
08:07 Le problème c'est que j'ai écrit un spectacle qui s'appelait "Croque la pomme"
08:10 qui était très engagé féministe.
08:11 Et donc beaucoup de journalistes régulièrement me disaient
08:13 "Mais pourquoi vous êtes aussi féministe ? D'où vient cet engagement ?"
08:16 Je racontais des choses qui sont vraies, mais il y avait le fond.
08:18 J'avais ce truc qui montait et j'avais envie de le dire.
08:21 Et en même temps je ne voulais pas le dire parce que j'avais peur.
08:23 Moi je vais beaucoup mieux grâce à Me Too, je peux le dire officiellement.
08:26 De voir ces femmes prendre la parole et dire "Moi aussi Me Too, c'est ça que ça veut dire, ça m'est arrivé."
08:31 Je me suis rendu compte de l'ampleur de cette vague.
08:33 Je me suis dit "En fait, ce n'est peut-être pas moi le problème, ce n'est pas ma faute."
08:36 Donc du coup je vais mieux.
08:38 Et donc je me sens mieux moi.
08:40 Mais après je commence à sentir un autre truc qui monte en moi.
08:43 C'est la honte, enfin pas de la honte, mais je me sens lâche.
08:47 - De ne pas le dire, de ne pas le dire.
08:49 - De ne pas le dire. - De faire votre Me Too.
08:51 - Exactement, je dis aux gens "Vas-y, sois féministe, engage-toi, fais ceci, fais cela."
08:54 Et je dis "Toi, tu ne le fais pas."
08:56 Mais le problème c'est d'assumer tout ce qui va avec.
08:58 Ce que je vis aujourd'hui, c'est-à-dire les insultes, les messages odieux.
09:02 - Le fait de l'avoir dit, ça vous crée des problèmes ?
09:04 - Bien sûr, c'est à la mode d'avoir été violée.
09:07 C'est quand même un truc...
09:09 C'est hyper à la mode, c'est hyper agréable.
09:11 - Vous écris ça sur les réseaux sociaux ? - Bien sûr.
09:13 Alors ça je l'avais anticipé, ce que j'avais moi anticipé, c'est les gens qui me reprochent.
09:15 Puisque comme je l'explique dans le spectacle, non seulement je n'en ai pas parlé,
09:17 mais du coup je n'ai même pas porté plainte.
09:19 Je suis incapable de le faire. - Alors que vous étiez étudiante en droit et avocate.
09:21 - Mais je n'avais aucune envie...
09:23 C'est hyper violent d'aller porter plainte, d'aller parler à la police,
09:25 de raconter ce qui vous est arrivé, d'aller faire des examens médicaux,
09:28 d'affronter après un avocat au tribunal, si vous allez jusque là,
09:31 qui explique que vous mentez.
09:33 Si jamais en plus vous perdez, lui, officiellement il est innocent.
09:36 Vous, vous pouvez même vous retrouver en diffamation
09:38 pour avoir dit qu'il était un violeur, qu'il ne l'est pas officiellement.
09:40 C'est un parcours qui est très violent.
09:42 Donc moi je ne me sentais pas du tout de le faire.
09:44 Et puis voilà, aujourd'hui je m'en veux.
09:46 Ça serait aujourd'hui, je le ferais.
09:48 Mais à l'époque, je le ferais.
09:50 Et donc des gens m'ont reproché de ne pas l'avoir fait en me disant
09:52 "bah tu es en fait coupable de...
09:54 et tu es même... ouais...
09:56 tu es coupable des viols qu'ils ont faits".
09:58 - Des agressions dans la rue,
10:00 dans votre cage d'ascenseur,
10:02 un viol chez vous par un homme que vous connaissez,
10:05 ce sont malheureusement des scénarios
10:08 terriblement classiques.
10:10 Et quand on sait qu'une femme sur deux
10:12 a déjà subi des violences sexuelles dans sa vie,
10:14 on peut imaginer qu'à chaque représentation
10:16 vous touchez au cœur certaines de vos spectatrices.
10:19 Vous y pensez ?
10:21 Vous vous dites que ça peut les aider, leur permettre de parler ?
10:23 - Je l'ai écrit pour ça, en fait.
10:25 Vraiment uniquement pour ça.
10:27 Je le sens maintenant parce que je ne m'étais pas rendu compte.
10:29 Déjà l'écrire ça a été violent pour moi.
10:31 Mais là je n'avais pas du tout anticipé
10:33 que de le jouer tous les soirs,
10:35 en fait ça ne me fait pas du bien.
10:37 C'est même assez violent à vivre corporellement.
10:39 - Vous le revivez ?
10:41 - Oui, je le sens en fait.
10:43 En revanche ce qui me fait du bien
10:45 c'est de recevoir tous les soirs,
10:47 quand je vous dis des centaines,
10:49 mais c'est des centaines de messages de femmes.
10:51 Et ce qui m'effraie, c'est qu'elles me disent la même chose.
10:53 Moi non plus je n'ai pas porté plainte.
10:55 Donc quand je vois les chiffres contre lesquels on se base aujourd'hui
10:57 qui sont déjà énormes, rien que sur ma petite personne
10:59 il y en a trois de plus, voyez-vous, par rapport à ces chiffres.
11:01 Il semblerait que je ne sois pas la seule
11:03 à ne pas avoir eu le courage ou la force
11:05 de dénoncer, d'en parler.
11:07 Donc je pense que les chiffres sont affreux.
11:09 Vraiment.
11:11 - Et la réaction du public tous les soirs,
11:13 c'est un spectacle comique, on le répète,
11:15 c'est très drôle,
11:17 et en même temps vous en jouez,
11:19 et on ne sait pas trop s'il faut en rire.
11:21 Comment vous ressentez le public par rapport à ça ?
11:23 C'est tous les soirs pareil ?
11:25 - Tous les soirs pareil, mais je le dis aux gens,
11:27 on va en rire ensemble et rester avec moi.
11:29 Parce que quand je décide d'en parler dans mon spectacle,
11:31 je me dis ce qui serait génial c'est d'arriver à en faire rire.
11:33 - Parce que vous faites des vannes sur les situations
11:35 qui ne sont pas drôles du tout.
11:37 - Oui, mais il faut en rire aussi, parce que ce que je dis,
11:39 c'est que pour toutes les femmes et tous les hommes
11:41 à qui c'est arrivé, il ne faut pas oublier les hommes,
11:43 ça ne peut pas nous déterminer.
11:45 Et si on arrive à en rire, il faut continuer à vivre,
11:47 il faut continuer à rire malgré ce qui nous est arrivé.
11:49 Quand je ris à l'enterrement de mon père,
11:51 c'est affreux mais en même temps c'est une bonne chose.
11:53 Mon père serait malheureux de savoir
11:55 que je suis encore en train de pleurer.
11:57 Et après une agression sexuelle, il faut reprendre le dessus,
11:59 il ne faut pas redonner ce pouvoir-là.
12:01 Donc je me dis, si on arrive à faire rire avec ça,
12:03 ça sera encore plus beau.
12:05 - Et en même temps dans votre spectacle,
12:07 il y a aussi un côté un peu provoque,
12:09 c'est-à-dire que quand vous parlez du consentement,
12:11 notamment, vous parlez du "non",
12:13 vous faites rire aussi à ce sujet-là.
12:15 Le "non" n'est pas forcément un "non".
12:17 - Alors ça c'est marrant, parce que ça a choqué
12:19 beaucoup de féministes.
12:21 Je le dis parce que la version officielle,
12:23 c'est que "non" ça veut toujours dire "non".
12:25 Et ça c'est la version officielle.
12:27 Sauf que moi je sais que c'est faux.
12:29 Ça énerve les féministes, mais c'est faux.
12:31 J'existe, je fais partie d'une génération de femmes qui existe,
12:33 et on est nombreuses à pouvoir le dire,
12:35 en montrant "oui" parce qu'on dit "non",
12:37 parce qu'on ne veut pas dire "oui" trop vite alors qu'on en a envie.
12:39 C'est pour ça que je vais plus loin dans le raisonnement,
12:41 qu'il ne faut pas s'arrêter à ça.
12:43 Il faut se dire "pourquoi est-ce que les femmes disent "non"
12:45 alors qu'elles ont envie de dire "oui" ?
12:47 Il y a un vrai problème d'éducation là-dessus.
12:49 Et je suis désolée, ça existe,
12:51 on ne peut pas me dire "j'ai pas le droit de dire ça".
12:53 Ce nombre de femmes qui le font, dont je fais partie,
12:55 on existe.
12:57 - C'est le "non" de la femme qui ne veut pas
12:59 passer pour une fille facile, c'est ça que vous dites ?
13:01 - Non, c'est ce que vous dites dans le spectacle,
13:03 quand on vous dit "non",
13:05 violemment, "non",
13:07 - Ne vous emballez pas quand même !
13:09 - Même toi tu fais la différence !
13:11 Intelligence émotionnelle zéro !
13:13 Alex, même toi, je suis sûre que tu fais la différence
13:15 entre "non, merci, j'ai dit non" et
13:17 "non, non, non, non, non, non, non, non, non, non"
13:19 - Tu la vois la différence ou pas ?
13:21 - 0,3 secondes de Mc Ryan !
13:23 - Vous êtes tous là, elle a dit "oui" !
13:25 - Mais moi je pense qu'il faut aller plus loin,
13:29 j'ai hâte du moment où les femmes pourront dire
13:31 "oui, vas-y, fais-moi ça, j'en ai envie !"
13:33 - On a tous hâte de ce moment-là !
13:35 - Il y a un passage aussi, ça vaut,
13:37 sur ce tonton Gérard, bien lourd, aux mains baladeuses,
13:39 avec l'affaire Depardieu,
13:41 cette vanne elle a pris encore plus de sens,
13:43 c'est fascinant, non ?
13:45 - J'avais écrit bien avant, mais il y a eu l'affaire Depardieu,
13:47 donc Gérard Depardieu,
13:49 après on a quand même eu l'affaire du président du Sénat,
13:51 mais c'est moi, je suis encore un Gérard !
13:53 - Il n'a rien fait le président du Sénat !
13:55 - Ah oui, pardon, l'avortement, j'ai oublié !
13:57 - L'avortement quand même, il refuse de la...
13:59 - J'étais sur les violences sexuelles !
14:01 - Et puis Gérard Miller qui vient d'arriver aussi,
14:03 sur la liste des Gérards, donc franchement,
14:05 cette vanne a pris une ampleur monstrueuse,
14:07 j'appelle les tontons Gérard, mais c'est "ferme bien ta gueule Gérard" !
14:09 - C'est comme ça !
14:11 - "Ferme bien ta gueule Gérard", voilà,
14:13 c'est mon nouvel maxime !
14:15 - Le cinéma français en ce moment,
14:17 il vit au rythme des révélations,
14:19 ces dernières semaines, plusieurs réalisateurs,
14:21 Jacques Doyon, Benoît Jacot, ont été mis en cause
14:23 pour ce nouveau "me too" du cinéma en France,
14:25 vous le voyez comment ?
14:27 - C'est merveilleux, il était temps que ça arrive !
14:29 Ce qui est dingue, c'est que ça arrive petit à petit,
14:31 parmi les lieux, mais Aenel l'avait déjà fait
14:33 il y a longtemps, mais ça n'a pas suivi,
14:35 elle en a pris plein la tête !
14:37 Et aujourd'hui c'est en train de marcher, ça y est, la vague est en train de partir,
14:39 et tant mieux ! Weinstein, avant qu'il puisse tomber,
14:41 il a fallu qu'il y ait une première, et puis combien avant
14:43 elle a essayé de porter plainte, et c'était écrasé
14:45 contre la paroi ! Donc là, aujourd'hui,
14:47 c'est en train de partir, et tant mieux !
14:49 Il y a tellement de réalisateurs formidables,
14:51 des gens à qui on pourrait donner,
14:53 et faire réaliser des films, autant leur donner
14:55 la parole à eux, plutôt que de faire travailler
14:57 des Gérards !
14:59 - On s'est laissé dire que pour la Saint-Valentin,
15:01 vous jouiez le soir de la Saint-Valentin,
15:03 il y avait ma tante dans la salle,
15:05 vos spectatrices
15:07 ont eu droit à un petit cadeau !
15:09 - Oui, il y a 700 en place
15:11 dans la salle, et le soir de la Saint-Valentin,
15:13 et le lendemain d'ailleurs, on a offert des
15:15 "womanizers" à toutes les femmes de la salle !
15:17 Et la bonne nouvelle, je l'annonce quand même sur RTL,
15:19 c'est qu'il y avait moins de femmes que prévu,
15:21 donc il nous en reste à peu près
15:23 800 ou 900 ! - Ah oui, quand même !
15:25 - Oui, quand même ! Donc tous les soirs,
15:27 les 50 premières femmes qui rentrent dans la salle
15:29 ont un "womanizer" ! - Ah, mais ça, ça va
15:31 attirer du monde ! - Oui, il faut être les 50
15:33 premières, ça se verra à l'heure ! - Il faut être expliqué
15:35 pour les auditeurs ! - Qu'est-ce qu'un "womanizer" ?
15:37 - C'est un "sex toy" ! Comme ça qu'on dit,
15:39 un jouet sexuel ! - C'est un "sex toy"
15:41 qui a une particularité, c'est la technologie
15:43 au service du plaisir féminin. Et en fait, vous le posez
15:45 sur le clitoris, il aspire le clitoris,
15:47 il vous déclenche l'orgasme en moins d'une minute.
15:49 C'est un peu comme un "Dyson" !
15:51 - Alors n'essayez pas
15:53 chez vous avec le "Dyson", attention ! - Non, non, non !
15:55 Caroline Vigneault, il y a donc
15:57 votre spectacle que vous allez présenter
15:59 dans toute la France dès le mois d'avril,
16:01 mais vous avez aussi réalisé un film,
16:03 "Flashback", c'est une expérience
16:05 que vous aimeriez renouveler,
16:07 à laquelle vous pensez, torse déjà,
16:09 ou on ne peut pas tout cumuler ?
16:11 - Ah non, bien sûr qu'on peut tout cumuler,
16:13 moi j'y pense plus que j'y pense, j'écris des scénarios
16:15 pour essayer de refaire un film.
16:17 Celui-là, c'est le troisième, j'en avais déjà écrit
16:19 deux que personne n'avait voulu, et celui-là,
16:21 on l'a abouti, et c'était magnifique,
16:23 puisque c'est 1300 figurants,
16:25 90 acteurs, 10 époques différentes,
16:27 puis avec des moments magnifiques,
16:29 enfin, que moi je trouve magnifiques, par exemple
16:31 dans les procès de 1972
16:33 avec Gisèle Halimi, qui fait jouer par Sophia Aram,
16:35 où c'est mot pour mot la plaidoirie
16:37 de Gisèle, ou quand je rencontre Napoléon,
16:39 je couche avec Napoléon quand même,
16:41 c'est l'histoire d'une avocate qui est balancée dans le passé
16:43 et qui en fait va vivre des époques
16:45 où il n'y a pas de féminisme, et donc on va comprendre
16:47 pourquoi le féminisme. Et c'était une expérience
16:49 extraordinaire, puisque pour le coup,
16:51 c'est une expérience d'équipe, on était nombreux.
16:53 - Oui, c'est ça, vous passez de l'un à l'autre,
16:55 - Exactement, la solitude sur la scène, Alex la connaît,
16:57 c'est pas super drôle, alors que là,
16:59 il y a vraiment, c'est une équipe,
17:01 c'est une histoire de famille, c'était vraiment
17:03 extraordinaire, donc oui, je le dis au cinéma français,
17:05 s'il m'entend, j'arrive !
17:07 - Le message est passé,
17:09 Caroline Vignault, vous la grande invitée
17:11 de RTL, bonsoir, vous nous accompagnez,
17:13 jusqu'à 20h dans un instant,
17:15 on va parler musique
17:17 avec Anthony Martin,
17:19 la playlist ce soir,
17:21 "We are the world",
17:23 avec un documentaire, - Un thème collectif,
17:25 - Exactement, un thème, - Mythique !
17:27 - Mythique, pour la famine en... - En Ethiopie !
17:29 - La famine en Ethiopie, en 85.
17:31 - Et puis c'est de mon allonge d'aujourd'hui.
17:33 - Tout de suite !
17:35 - Céline Callet, Alexandre de Saint-Aignan,
17:37 Cyprien Sidney, RTL Bon.
17:39 Merci à tous !