Le politologue, Guillaume Bigot, revient sur le déplacement de Jordan Bardella à la frontière entre la France et l’Italie : «La frontière est une passoire».
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00:00 Si vous me passez la métaphore un peu osée, ça aurait pu même être un coup de menton extrêmement brillant.
00:08 L'effet a été un peu atténué par l'histoire du drapeau tricolore satanique.
00:14 Donc l'effet médiatique a été un petit peu atténué, mais c'est quand même un coup très fort.
00:18 D'abord, un, c'était intéressant de se déplacer sur cette frontière franco-italienne à menton,
00:22 parce que c'est une frontière qui est débordée, l'Italie étant débordée, nous sommes nous aussi débordés.
00:26 Le gouvernement a tenu à renforcer, il y a une frontière qui a été rétablie depuis 2015,
00:31 renforcer les moyens, déployer des soldats sentinelles, etc.
00:35 Le président du RN, comme d'ailleurs Éric Ciotti, s'est rendu sur place pour dire aussi
00:42 qu'il y a une décision très importante du Conseil d'État du 2 février dernier
00:46 qui rappelle que la frontière n'existe plus, en fait, qu'il faut revenir vraiment à l'épure de Schengen.
00:51 C'était une exception depuis Bataclan, donc il n'y a plus de frontière.
00:54 Il faut en revenir à ce qu'on appelle la directive retour votée en 2008,
00:57 c'est-à-dire qu'on ne peut pas refouler des gens à une frontière européenne.
01:01 Le principe, c'est la liberté de circulation.
01:03 On ne peut pas les refouler du simple fait qu'ils n'ont pas de titre et qu'ils sont clandestins.
01:07 En tout cas, si on les refoule, il faut leur laisser suffisamment de temps,
01:10 en quelque sorte, pour encaisser le choc.
01:12 Plusieurs du temps, parfois une semaine.
01:14 On ne peut pas les mettre dans des centres de rétention administrative.
01:16 En fait, la frontière est une passoire.
01:18 Voilà, c'était pour ça déjà que ce déplacement était important.
01:21 Ensuite, le fait de présenter cette prise de guerre, entre guillemets, comme on dit,
01:25 de Fabrice Leggeri, ça appuyait le propos, ça appuyait la démonstration.
01:29 Parce que qui est M. Leggeri ?
01:30 C'est quelqu'un qui, depuis 2015, a occupé des fonctions très importantes
01:34 au sein de l'Union européenne.
01:35 L'agence Frontex était chargée de surveiller les frontières extérieures de l'Europe.
01:40 On nous dit qu'on n'a plus de frontières à l'intérieur,
01:42 mais il y a des frontières à l'extérieur, les frontières de Schengen.
01:44 Alors, on va mettre des moyens satellitaires, on va mettre des drones,
01:47 on va mettre des garde-côtes armés.
01:49 Et vraiment, vous allez voir les gens, c'est pas grave, il n'y a plus de souveraineté.
01:53 C'est la souveraineté européenne, c'est l'État européen qui vous protège,
01:55 notre Europe qui vous protège.
01:56 Ah oui, mais sauf que lui, il était aux premières loges.
01:58 Et qu'est-ce qu'il dit, ce monsieur ?
02:00 Il dit, écoutez, c'est simple, pour l'Union européenne,
02:03 l'immigration n'est pas un problème, c'était un projet.
02:06 Alors là, évidemment, on tombe des nues, quand même.
02:08 Et c'est pour ça que ce coup est très fort.
02:11 Et il raconte, qui veut l'entendre, que lorsqu'il a pris son job au sérieux
02:16 de surveillance des frontières en refoulant des migrants clandestins
02:19 pour éviter à l'Europe la submersion migratoire,
02:21 on lui a tiré l'oreille, on lui a dit, attends, mon petit gars,
02:23 t'as pas bien compris.
02:24 En fait, ça, c'est pour la galerie, c'est pour les médias,
02:26 c'est un affichage.
02:27 En vérité, ce qu'on te demande, c'est de bien accueillir les migrants.
02:30 En fait, l'Europe, elle est vieillissante.
02:32 Donc, tu fais partie des gens sérieux, là,
02:34 on va pas faire du populisme de bas étage.
02:36 Ça, le peuple, le Populo, la République, tout ça,
02:38 c'est un truc de bas de plafond.
02:40 Nous, on est avec des gens sérieux, donc l'Europe, elle a besoin,
02:43 elle est vieillissante, elle a besoin de migrants.
02:45 Et en fait, il a été complètement lâché.
02:47 Alors, Mme Johansson, fameuse Mme Johansson,
02:49 qu'on cite souvent ici, l'équivalent du ministre de l'Intérieur de l'Europe,
02:52 la commissaire européenne des Affaires intérieures,
02:54 elle l'a remis à sa place, mais également la présidente de la commission
02:57 et ni l'Allemagne ni la France ne l'ont soutenue.
03:01 Donc, je pense qu'effectivement, c'est très fort comme ralliement
03:04 et ça dénonce surtout le double discours
03:06 et notamment le double discours de Renaissance,
03:09 qui est en lice aussi pour l'Etat européen.
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