Interview ou reportage d'une émission cinéma produite par CANAL+ autour d'un film disponible sur CANAL+ ou sortant en salles, un événement ou une actualité du 7ème Art
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00:00 Bonjour Laurent. Bonjour Antoine.
00:01 Je suis désolé, j'ai pas eu le temps de me débarrasser de mon manteau avant d'arriver.
00:04 C'est dommage parce qu'il est beau.
00:05 Je vous le ferai avec plaisir si ça vous tente.
00:07 C'est gentil, merci.
00:08 C'est mon cap d'invisibilité ici.
00:11 Vous aviez froid justement, ça tombe bien.
00:15 Je suis doublement heureux de vous retrouver ici
00:17 au foyer des comédiens de la comédie française
00:20 parce que c'est une institution vénérable que je vénère moi depuis toujours
00:24 et où vous jouez Cyrano de Bergerac en ce moment même.
00:26 Donc deux raisons pour moi d'être heureux.
00:28 Vous allez être en scène dans quelques heures.
00:31 C'est quoi l'état d'esprit ?
00:32 C'est quoi les petits rituels ?
00:34 D'accord, des interviews de 10 minutes ?
00:37 Juste avant de jouer.
00:38 Non, j'ai pas de rituel.
00:40 Enfin j'aime bien ne pas arriver trop tôt au théâtre.
00:42 Sinon j'ai un peu trop le temps de prendre conscience de ce qui risque.
00:47 De ce qui va se passer ?
00:47 Oui, de ce qui va se passer ou de ce qui risque d'arriver.
00:50 Donc j'aime bien arriver le plus tard possible.
00:52 Là je suis obligé d'arriver un petit peu plus tôt que d'habitude
00:54 parce que j'ai la pose du nez qui prend une bonne demi-heure.
00:56 Ah, c'est pas posé encore ?
00:58 Non, elle est pas posée.
00:59 Je vous en remercie.
01:00 Merci.
01:05 Et...
01:06 Mais bon, en même temps, c'est un moment où je me détends.
01:10 C'est bien ce que je dis.
01:10 Il faut vraiment être détendu quand même
01:11 parce que là on rentre sur scène,
01:13 les 1800 verres de Cyrano,
01:15 rôle emblématique que tout le monde croit connaître.
01:18 Oui, moi aussi, je crois le connaître.
01:21 Non ? Arriver totalement détendu comme ça ?
01:23 Oui, c'est vrai que ça m'a...
01:24 J'ai mis un peu de temps à être vraiment complètement détendu
01:27 parce que c'est vrai qu'à partir du moment où on pose le pied sur le plateau
01:29 et que c'est parti pour trois heures,
01:31 il faut en même temps être sûr de soi, être fort
01:34 et en même temps suffisamment fragile
01:36 pour laisser le présent exister et les émotions venir.
01:41 Donc, il suffit.
01:42 Sinon, ça devient une espèce de performance un peu athlétique
01:44 ou des démonstrations théâtrales.
01:46 Tu es sûr de pouvoir continuer ?
01:48 Il faut continuer.
01:51 Il y a ici 50 personnes qui n'auraient rien à manger.
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02:44 Il y a ici 50 personnes qui n'auraient rien à manger.
02:47 La dimension sociétale, le regard qu'il posait sur ses contemporains,
02:51 l'humour, le courage aussi.
02:53 Et puis cet équilibre qu'il a eu, de devoir toujours être...
02:56 manier quand même les alliances.
02:59 Et il était obligé d'être protégé par le roi pour exister.
03:03 Et en même temps, il avait quand même envie d'avoir un regard corrosif sur son époque.
03:09 Et on a l'impression que c'est un peu la naissance d'un esprit très français, très critique.
03:15 - C'est une question d'une très haute actualité.
03:17 - Ah ouais, toujours.
03:19 Quand on jouait Don Juan l'année dernière, tous ensemble, à chaque fois,
03:23 on entendait des répliques qui prenaient un sens archi contemporain.
03:27 Mais j'entendais souvent dire ça de Molière, mais j'entendais ça un peu comme un cliché.
03:31 "Oui, c'est très contemporain, c'est pour ça qu'on continue à monter 400 ans après."
03:35 Mais je ne ressentais pas vraiment la réalité.
03:38 - Je reviens au film "Le Molière imaginaire" d'Olivier P.
03:41 Est-ce que le fait de jouer un acteur qui lui-même est en train de mourir sur scène,
03:47 ça pimente le jeu ?
03:50 - Oui, alors je ne sais pas si c'est parce qu'il est en train de mourir,
03:53 mais déjà, de jouer au cinéma un acteur qui joue sur scène,
03:57 parce qu'on voit quelques petits passages du "Molière imaginaire",
04:00 et qui joue sa propre pièce et sa propre mort aussi,
04:03 le film est très métaphysique.
04:05 Parce qu'il y a quand même une réplique un peu comme ce manteau.
04:09 - Oui, métaphysique. - Conceptuel, je dirais.
04:12 - Mais ce que tu veux.
04:14 - Il y a quand même cette réplique géniale dans le malade,
04:17 "N'y a-t-il pas quelques dangers à contrefaire le mort ?"
04:20 C'est pile ce qu'il est en train de faire, c'est son métier,
04:23 de contrefaire la vérité, c'est ce que lui reproche l'Église aussi.
04:26 Et il y a aussi cette tension pendant tout le film,
04:29 est-ce qu'il va accepter de signer la renonciation à son métier d'acteur
04:32 pour pouvoir être enterré en profondeur sainte et recevoir les derniers sacrements ?
04:38 - C'est une vision assez singulière de Molière,
04:41 une vision plutôt queer, si je ne m'abuse.
04:44 - Queer... - Un petit peu quand même.
04:46 - Par rapport à Michel Barron ? - Oui.
04:48 - On sait très peu de choses, il y a beaucoup de choses qui sont très probables,
04:51 dont cette histoire avec Michel Barron, mais qui n'est jamais traitée,
04:54 alors que c'est aussi probable que plein d'autres éléments qu'on considère comme acquis.
04:57 - Vous rappelez à notre téléspectateur qui est Michel Barron ?
05:00 - Je ne sais pas. C'est un type qui n'a pas du tout travaillé son rôle.
05:05 - Michel Barron est un jeune acteur que Molière va prendre sous son aile,
05:08 il le rencontre, il a à peine 15 ans, et il va le prendre sous son aile,
05:12 il va même vivre chez lui d'ailleurs, et il va devenir la star de l'époque.
05:17 Il est d'une beauté renversante de ce qui est raconté,
05:21 et il va prendre un peu la succession de Molière.
05:24 Après sa mort, c'est lui qui va rejouer tous les grands rôles qu'aura créé Molière,
05:27 et qui va participer à la réunification des deux troupes
05:29 et à la création de la Communauté française.
05:31 - Et Olivier vous a confié le rôle, Olivier Puy,
05:34 parce qu'il trouve que vous ressemblez physiquement à Molière,
05:37 dans la représentation qu'en donne Nicolas Mignard sur le cinéma portrait.
05:41 - Pas tant que ça, je trouve que Philippe Cobert ressemble plus
05:45 aux peu de portraits qu'on connaît de Molière, je trouve.
05:49 La petite faussette. Je ne trouve pas que je ressemble beaucoup.
05:53 - Au Cobert qui a fait le Molière avec Mnouchkine, non vous n'étiez pas né ?
05:58 - J'étais très peuné.
06:00 - Et pour finir, classique un jour, classique toujours,
06:04 là vous êtes en train de préparer un Lucien Guitry.
06:07 Vous avez l'intention de faire le tour de tous les grands dramaturges du repertoire ?
06:10 - Oui, je vais jouer Oscar Wilde, je vais jouer Corneille.
06:14 - Oui parce que vous parlez couramment anglais en plus.
06:16 - Oui je parle couramment.
06:17 - Vous êtes très fluide.
06:18 - Oui je suis très fluide.
06:19 - Vous avez joué en anglais ?
06:20 - Oui, j'ai joué.
06:21 - Quand ?
06:22 - Quand j'étais en Angleterre.
06:24 - Ah vraiment ? Qu'avez-vous joué en Angleterre ?
06:26 - J'ai joué Muchedo but nothing.
06:29 - Beaucoup de bruit pourri.
06:30 - Oui.
06:31 - Vraiment ?
06:32 - Oui, vraiment. Mal mais bon.