Interview ou reportage d'une émission cinéma produite par CANAL+ autour d'un film disponible sur CANAL+ ou sortant en salles, un événement ou une actualité du 7ème Art
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00:00Marina, alors certains perdent tous leurs moyens face aux actrices, moi je perds ma voix, c'est vrai, et je m'en excuse.
00:07Je vous en prie, je ne juge pas les gens sur leur capacité physique.
00:11J'ai remarqué que quand vous choisissez un rôle, vous faites souvent en sorte que ce soit un rôle très éloigné de ce qu'on attend de vous.
00:19En vrai, je ne sais pas ce qu'on attend de moi, déjà ce serait merveilleux que les gens attendent quelque chose de moi, je ne suis pas sûre que ce soit vrai,
00:27mais disons que je suis très attirée par les choses que je ne connais pas, qui vont me mettre un tout petit peu en difficulté artistique,
00:39il n'y a pas de grand danger, mais j'essaye d'aller dans des zones que je n'ai pas fréquentées.
00:45Vous êtes plus Vésuve que Soufrière.
00:49Oui, mon histoire me rapproche de Naples plus que de la Guadeloupe, mais j'ai adoré, je ne connaissais pas, je connaissais peu,
00:59j'avais dû y aller en vacances une fois, et là on y a passé beaucoup de temps, à basse terre, donc pas vraiment dans la zone touristique,
01:08dans la zone authentique, c'est très beau, c'est hyper sauvage, c'est dur, c'est violent, le paysage il est fort, la nature elle est puissante,
01:18j'ai trouvé ça hyper beau, je me suis sentie hyper bien.
01:21Alors vous aimez bien les rôles qui vous font un peu peur, là vous qui êtes sujette au vertige, vous vous retrouvez dans la peau d'une volcanologue, c'est une surmesure.
01:32Oui, c'était un peu dur pour l'équipe parce que c'était très physique, on est vraiment monté tout en haut du volcan, on est arrivé dans des paysages hallucinants,
01:41on était sur la lune, on a été dans des zones où les gens n'ont pas vraiment le droit d'aller, nous on avait le droit parce qu'on était très encadrés,
01:48c'est des paysages magnifiques que je n'oublierai jamais, c'était déjà du cinéma en fait, avant d'en faire, et pour l'équipe il y a eu une vraie difficulté,
01:58il faut monter le matos, et moi ma difficulté c'était moi-même parce que j'ai le vertige, j'ai peur, et en fait je ne fais pas semblant de ne pas avoir peur,
02:05c'est ça qui est chiant pour les autres, c'est que je le dis, j'ai râlé, j'ai râlé de peur.
02:12Je crois que ce qui est intéressant quand on a des choses à jouer c'est de faire avec le réel, avec ce qu'on ressent vraiment,
02:18donc tout ce qui est de l'ordre de la peur, du déséquilibre, de l'inconfort, forcément ça vous rend vivant,
02:24donc si vous êtes vivant vous êtes plus intéressant à être filmé, donc on se démerde avec ce qu'il y a.
02:29– Et Cyprien Vial dit qu'il a eu l'idée de se filmer pendant le confinement,
02:33en voyant un documentaire sur la fameuse histoire de la Soufrière en 77,
02:37il y a eu plein d'histoires avec les gens qui ont dû quitter leur domicile,
02:40il y a eu 75 000 personnes qui sont restées déplacées, déplacées plus que de raison quoi.
02:45– Oui, puis qui ont perdu leur emploi, enfin qui se sont retrouvées dans une situation au-delà d'inconfortable
02:50et dans une grande précarité à cause de cette bataille d'experts qui est passionnante,
02:54mais c'est vrai que ça raconte comment, d'une certaine manière, l'élite qui pense s'autorise à réfléchir,
03:01on a besoin de la pensée, de construire des trucs et tout,
03:04mais c'est vrai que pour le coup il y a eu une déconnexion avec le réel,
03:08et puis c'est des élites qui pensent depuis Paris, pour une terre qui est si lointaine
03:14et dont ils connaissent si peu la réalité, il y a quand même un problème,
03:20il y a quand même forcément quelque chose qui ne marche pas si les voix du terrain,
03:24si les gens qui sont sur place n'ont pas voix au chapitre.
03:27– Le hasard du calendrier veut que nous soyons dans une époque
03:30qui danse littéralement au bord du volcan.
03:33– Oui, l'idée de la menace elle est très concrète.
03:36– Là c'est très concret aussi, vous y voyez une petite métaphore possible ?
03:41– Très honnêtement, quand on a préparé le film, je ne voyais pas comme ça,
03:45l'idée de la menace, quand vous l'avez dit tout à l'heure,
03:47j'ai dit oui, je crois que c'est quelque chose qu'on ressent tous en ce moment,
03:53évidemment on ne saura jamais par où et comment ça va péter,
03:56il n'est pas question de perdre l'optimisme sinon on est mort,
04:00je me raccroche beaucoup à cette phrase de Deleuze qui dit
04:03le pouvoir exige des corps tristes, donc la joie est une arme,
04:08l'optimisme avec, l'espoir, parce que bon, la fin du monde,
04:11on l'a prédit depuis toujours puis elle n'arrive jamais, vraiment jamais,
04:14mais cette idée de menace qui nous rend un peu plus vigilants peut-être,
04:18ou un peu plus exigeants que d'habitude, peut-être c'est la chance qu'on a.
04:22– Hier soir j'étais à Faune, j'étais chez moi, j'étais un peu fiévreux,
04:26et j'ai jeté ces quelques mots sur un papier que j'ai saisi sur ma table de nuit,
04:32je vous les lis comme une petite leçon,
04:34car dans ce siècle ardent, toute âme est un cratère et tout peuple un volcan.
04:39– Ben oui.
04:40– C'est pas moi, c'est Victor Hugo, c'est bien quand même.
04:43– Putain, je n'avais pas reconnu, pourtant je connais Victor Hugo par cœur.
04:46– Vous me connaissez aussi un petit peu quand même.
04:49Ça aurait pu être un excellent titre ou sous-titre pour ce film ?
04:54– Oui, et je crois que la vie, s'il n'y a rien de volcanique nulle part,
04:59on se ferait chier, je veux dire l'explosion possible,
05:03on peut l'entendre de plein de manières différentes,
05:06les gens qui récupèrent leur histoire, la colère ça peut être un bon moteur,
05:10se battre pour ses idéaux, ça peut en être un aussi, résister,
05:16tout ce que ça m'évoque ce n'est pas des choses négatives ni graves, au contraire.
05:22– Je passe d'un auteur à l'autre, de Victor Hugo à Hervé Guibert,
05:26que vous jouez littéralement tous les soirs sur scène au Théâtre de la Porte Saint-Martin,
05:32vous êtes Hervé Guibert, avec un long monologue,
05:36je parlais de vertige tout à l'heure avec le volcan,
05:38est-ce que ça c'est aussi vertigineux ce que vous faites tous les soirs ?
05:41– Alors oui, c'est un monologue qui dure 20 minutes,
05:45il y a 20 minutes en scène et le spectacle il dure 2 heures,
05:51il y a plein d'acteurs qui sont tous formidables et plein de moments très différents,
05:54mais ce moment-là spécifiquement, j'avoue que j'ai toujours un mini-vertige
05:58quand je le commence parce que je me pose quand même toujours la question
06:01de comment je vais aller jusqu'au bout, j'essaye d'être hyper rigoureuse
06:05pour restituer le texte qui est ultra-musical, qui produit des images magnifiques,
06:09qui est en même temps très littéraire et lui aussi très concret, très charnel,
06:13donc j'essaye de respecter cette langue et de voir ce que ça va produire chez moi.
06:20Et je crois que ça m'émeut un peu tous les soirs,
06:24tous les soirs, ça parle de la maladie, ça parle du sida, ça parle de l'agonie,
06:28ça parle de quelqu'un qui meurt beaucoup trop jeune, qui meurt d'atroces souffrances,
06:31mais ça parle aussi d'amitié et perdre un ami c'est un vrai truc,
06:36moi je ne suis pas d'accord, a priori, je trouve que non, ça ne me plaît pas.
06:42– Pardon. – Je vous en prie.
06:45– On va voir. – Vous voulez une piqûre ?
06:49Parce que j'ai été médecin dans des films, donc je sais faire des piqûres,
06:53je sais maîtriser des volcans, je sais faire des piqûres.
06:57– Merci Marina. – De rien, merci à vous.