Interview ou reportage d'une émission cinéma produite par CANAL+ autour d'un film disponible sur CANAL+ ou sortant en salles, un événement ou une actualité du 7ème Art
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00:00Rédouane bonjour. Bonjour. Je suis ravie de passer cette tête à tête avec vous. Alors d'habitude on dit Rédouane Bougué-Rabat, humoriste et comédien.
00:06Maintenant on doit ajouter réalisateur, scénariste, producteur. Qu'est-ce que j'oublie ? Montreur d'ours. Aussi ? Aussi, ouais. Sale thème banque.
00:14S'il ne fallait retenir qu'une seule casquette, ce serait laquelle votre préférée ? Ouais, c'est comédien. Comédien avant tout ? Ouais.
00:21Alors vous êtes à l'affiche de Délocalisé. C'est un film que vous co-réalisez avec Ali, votre frère. C'est l'histoire de Rédouane, ça tombe bien.
00:27C'est vous, mais ce n'est pas vraiment vous. Mais ce n'est pas moi. Un employé exemplaire d'une usine de matelas qui rêve d'être promu et qui s'apprête d'ailleurs à être promu.
00:36Mais il apprend que son usine va être délocalisé et il va partir en Inde. Comment est-ce qu'elle est née cette histoire ?
00:42Elle est née il y a 4 ans. J'ai été approché par deux auteurs. Je sors d'un spectacle et il y a deux auteurs qui sont Germain Blau et Cédric Donne.
00:48Ils viennent me voir et me disent « Donne, tu ne nous connais pas, on est auteurs, on bosse, on a fait pas mal de trucs.
00:53Et on t'a vu dans plein de films avec tes rôles secondaires, notamment la vie scolaire. Nous, on t'adore. On aimerait écrire un film autour de toi pour ton premier rôle.
01:03On aimerait que tu écrives avec nous. » Donc on fait le rendez-vous pour trouver justement une idée.
01:08Le père de Germain travaillait dans une usine de matelas qui a été délocalisée. Du coup, on avait le thème.
01:14On aurait pu délocaliser en Pologne, au Maroc, n'importe où. Mais on voulait une destination justement originale qui nous fasse voyager.
01:23Oui, c'est ça.
01:24Nous, on a grandi avec les films indiens, les parents, les cassettes vidéo, Dave Dass. On est fans de Slumdog Millionnaire, de Lion.
01:30Du coup, on s'est dit qu'on allait en Inde parce que l'Inde, il y a un côté exotique. Tu ne dis pas « Je pars en vacances en Inde ».
01:37Oui, non, c'est sûr.
01:38Ça n'existe pas. Tu pars en Inde, c'est parce que tu vas faire un stage de yoga ou tu vas faire un voyage spirituel, une quête spirituelle ou tu vas faire de l'humanitaire.
01:49Mais tu n'entends pas « Ouais, c'est hiver. Allez, c'est parti. On prend les enfants. Direction Mumbai. » Non.
01:55Du coup, on s'est dit qu'on allait en Inde. Justement, il va y avoir ce choc des cultures. Et c'est comme ça qu'on s'est retrouvés à Calcutta pour shooter le film 44 jours.
02:03Moi, je vais venir en Inde.
02:04Ça fait des années qu'on accepte tout. Vous avez racheté l'usine il y a 5 ans. Vous avez mis un plan social soi-disant pour préserver les emplois. On a dit oui.
02:14Vous avez gelé les salaires. On a dit oui. Vous avez augmenté les cadences. On a dit oui.
02:19Tout ça pourquoi ? Pour au final fermer l'usine ? Vous voulez nous niquer notre vie ?
02:23Non.
02:24À partir de maintenant, je vais dire non.
02:26Vous croyez quoi ? Que vous allez nous enlever le pain de la bouche ?
02:29Vous croyez qu'on va se laisser faire ?
02:31Non.
02:32Moi, je pars en Inde.
02:33Non.
02:34Oui.
02:36Vous vous rendez bien compte que vous allez devoir y vivre.
02:38Je serai toujours contre-maître ?
02:39Oui.
02:40Qu'est-ce que vous avez découvert alors là-bas ? Qu'est-ce qui vous a plu ?
02:42Calcutta, c'est la ville la plus pauvre d'Inde, la plus pauvre du monde. T'arrives, il y a les klaxons, il y a la surpopulation, il y a cette densité.
02:50Tout le monde, il y a un taux d'humidité à 85%. Tu te dis, je vais pas m'en sortir en fait.
02:55Tu te dis, ça y est, on est cuit. Et en fait, non. Les gens sont tellement accueillants, chaleureux, il y a une ambiance magnifique.
03:02L'équipe de tournage était bien, les acteurs formidables. Du coup, ça matchait.
03:07Et ce personnage, il est tellement attachant, il est habité par son désir de connaître…
03:11Carrière.
03:12Oui, carrière. Il veut connaître cette ascension sociale aussi, parce qu'il est en couple et il veut être à la hauteur, il veut assurer.
03:18Et puis aussi, il vient d'un milieu modeste, il veut s'en sortir. Est-ce qu'il y avait des résonances avec votre parcours ?
03:23Oui, je pense que c'est le parcours de tout le monde. L'acceptation des beaux-parents, l'acceptation de la société, de ses parents, de ses amis, de sa fiancée.
03:32Qui est jouée par Vanessa Hickey.
03:33Exactement. On a besoin d'avoir ce regard admiratif des gens qui nous aiment. On veut toujours leur prouver, on veut leur montrer.
03:39Et je pense que c'est le parcours de tout le monde. Tout le monde a toujours eu une soif de revanche ou de prouver à quelqu'un qu'il est capable, qu'il peut réussir et qu'il peut faire bien.
03:50Donc, c'est ce côté-là qu'a le personnage du film.
03:54On se fait du souci pour toi, ma chérie.
03:56Vous n'avez pas de souci à vous faire. J'ai eu une promotion. Ils m'ont doublé mon salaire.
04:01Allez, pour le coup, je m'arrête.
04:03Donc, tu ne vas pas retourner à l'usine ?
04:05Toujours à l'usine, mais à Baranagar, en Inde.
04:08En Inde ?
04:09Oui.
04:11Vous jouez aux côtés de ces comédiens indiens qui sont professionnels, qui sont absolument dingues.
04:16On ne s'en rend pas compte, mais Bollywood, c'est la plus grosse industrie cinématographique au monde.
04:20Tous les gars qu'on a pris, ils avaient un CV long, comme le bras. Ils avaient plus d'expérience que nous.
04:26Ils vous ont appris des choses ?
04:27Non, ils sont forts.
04:29Ils avaient le script en anglais. Certains parlaient hindi, certains parlaient bengali.
04:33Du coup, ça communiquait en anglais et tu n'as pas besoin de leur dire deux directives.
04:37Ils comprenaient les intentions de jeu directement.
04:40C'était super facile parce qu'ils étaient forts de proposition et de tourner avec des acteurs comme ça.
04:45C'est le rêve, c'est le rêve.
04:47Evidemment, vous avez mis votre petite touche.
04:49Quand on vous connaît, quand on vous voit sur scène, la façon dont vous vannez les gens du premier rang,
04:53vous aimez donner des surnoms à tout le monde.
04:54C'est ça.
04:55Là, chaque acteur indien a un surnom.
04:57C'est ça, c'est écrit.
04:58Ça va, c'est Cyril Yanouna.
04:59Sarkozy, Grand Corps Malade, Tupac Chakour, Stevie Wonder, Jul, ils sont tous là.
05:05Vous aimez bien donner des surnoms. Moi, par exemple, ce serait quoi ?
05:08Non, toi, c'est Laurie, c'est Laurie. Ma meilleure amie.
05:11Ah oui, c'est ça, celle-là. La fameuse, bien sûr.
05:15Ma meilleure amie, tu sais.
05:18Ravi, Kapi, Gotanata.
05:20Je ne vais jamais me souvenir de tous les prénoms.
05:22Sarkozy, Monsieur le Président.
05:25Grand Corps Malade.
05:26Cyril.
05:27Cyril.
05:28Hanouna.
05:29Hanouna.
05:30Mes petites beautés.
05:31Mes petites beautés.
05:32J'ai cité Vanessa Guy, il y a Antoine Rouy aussi.
05:34Antoine Rouy, qui est formidable.
05:35Oui, c'est votre patron. On a un peu envie de lui mettre des gifles, parfois.
05:39Il joue super bien.
05:40Super bien, il le fait très bien.
05:42On a envie de le gifler.
05:44Un peu.
05:45Mais c'est ça.
05:46Et puis, il y a Josiane Balasco.
05:47Josiane Balasco.
05:48C'est votre belle-mère.
05:49Oui, la cerise sur le gâteau.
05:50Vous n'avez pas de chance, quand même.
05:51C'est inspiré de ma belle-mère.
05:53Ce n'est pas vrai.
05:54Oui. Marianne, c'est le nom de ma belle-mère.
05:56Et Josiane incarne le rôle de Marianne, ma belle-mère, dans le film.
06:00Donc, j'ai fait le match meilleur des deux mondes.
06:03Et elle a vu le film ?
06:05Je pense qu'elle va le voir. Je pense qu'elle a déjà vu l'extrait.
06:07Elle va le prendre comment ?
06:08Je pense qu'elle va bien le prendre.
06:10Oui, c'est un bel hommage.
06:12Tu te la sers, ta saucisse ?
06:14D'accord, si vous insistez.
06:16Mais je prends juste la petite, au milieu.
06:18Voilà.
06:21Pas plus grande peur.
06:22Tant qu'il t'emmène vivre en Algérie, il a réussi à trouver pire.
06:26Tu ne vas quand même pas le suivre en Inde.
06:28Josiane est extrêmement drôle.
06:30Josiane, même entre les prises, nous a régalé.
06:32Vous l'avez convaincu facilement ?
06:34Oui.
06:35De venir à jouer avec vous ?
06:36Oui, parce que je la connais, je la côtoie.
06:38C'est une personne adorable.
06:40Et je pense que c'est un peu elle qui nous a donné envie de faire des films.
06:43« Gazon maudit », « Le Père Noël est une ordure », « Papy fait la résistance ».
06:48C'est ça.
06:49C'est exceptionnel.
06:50Et nous, on a grandi avec ça.
06:52Et de se retrouver avec Josiane Balasco sur un plateau, sur un set,
06:56à jouer, à donner les répliques, c'est...
06:58Est-ce que vous vous étiez impressionnée ?
07:00Stressée ?
07:01Non, je n'étais pas stressée.
07:03J'étais ravie, en fait.
07:05Il y avait l'appréhension, mais la bonne appréhension.
07:07De tourner avec un monstre sacré du cinéma,
07:09une légende, une des personnalités préférées des Français.
07:13Moi, j'étais content.
07:14Et alors, au cœur du film, il y a cette histoire d'amour, avec Vanessa Guyde.
07:18Et alors, votre frère, il dit « Je voulais voir mon frère dans un registre différent,
07:21au sein d'une comédie sociale, mais aussi romantique. »
07:24Oui.
07:25Tout le monde connaît Ravenel Le Clasheur, le premier rang,
07:28toujours fait avec amour et bienveillance.
07:30Mais dans ce film, il y a un côté sensible que je montre.
07:33Le stand-up, c'est « On va chercher les gens ».
07:35Le cinéma, c'est la caméra qui vient nous chercher.
07:37Du coup, il ne faut pas surjouer parce que ça va vite se voir.
07:40On me voit dans un autre registre.
07:42C'est important pour vous, de montrer aussi autre chose ?
07:44Oui, bien sûr. Il faut montrer, il faut ouvrir son public.
07:46Mon spectacle, il est interdit au moins de 21 ans.
07:49Le film, il est tout public.
07:51Là, on peut y aller avec les enfants, les petits-enfants.
07:53C'est plus large qu'un jeu de société.
07:56C'est de 5 à 99 ans.
07:58Et comment ça se passe avec votre frère ?
07:59Comment est-ce que vous vous répartissez la tête ?
08:01Il n'y a jamais de problème ?
08:02Non, il n'y a pas de problème.
08:03Il n'y a que des solutions.
08:04Il me fait faire plein de scènes.
08:06Il m'a tout fait faire.
08:07Il m'a fait danser.
08:08Il m'a fait faire bouffer de la bouffe.
08:10Il m'a fait faire sucer des doigts.
08:12Il m'a tout fait.
08:14Il y a eu une petite vengeance ?
08:16Je ne sais pas s'il y a eu une vengeance,
08:18mais il m'a poussé au-delà de mes limites.
08:20Oui, c'est ça. Il s'est fait plaisir.
08:22Est-ce que vous avez appris des choses à travers cette expérience ?
08:25Oui, on a le leitmotiv.
08:27On ne vit pas au-dessus des gens, mais à leur côté.
08:29Mais c'est une vraie leçon humaine de se retrouver là-bas en Inde,
08:33de voir dans quelles conditions ils vivent,
08:35qu'on est des privilégiés.
08:37Ça nous remet la tête sur les épaules.
08:39On relativise.
08:40Le cinéma chez les Bouguérabas, c'est une histoire de famille.
08:42Il y a vous et vos trois frères.
08:44Ali, qui est metteur en scène et comédien.
08:46Hakim, créateur et scénariste.
08:47Hichem, comédien et scénariste.
08:49Comment est-ce que vous expliquez cette fibre artistique ?
08:52On est quatre comme les frères Wayans.
08:54Chacun est fort dans son domaine.
08:56On est complémentaires.
08:57On s'entraide.
08:58Dès qu'on peut tourner sur le projet d'un autre, on y va.
09:00Mais qui vous a transmis cette passion ?
09:02On a découvert ça sur le tard.
09:05Vous avez dit faire rire.
09:07C'est la première et seule drogue qui m'a fait kiffer.
09:09Oui, c'est vrai.
09:11Vous vous souvenez de la première fois où vous vous êtes dit
09:12que vous alliez faire ce métier ?
09:13Je suis monté sur scène.
09:14J'ai fait la première partie de mon frère.
09:16J'ai fait rire des gens.
09:17Ça a déclenché un moment une adrénaline.
09:18Je me suis dit waouh !
09:19C'est ce bien-être, se sentir vivant.
09:21C'est excitant.
09:23C'est ce qu'on essaie de retrouver
09:25quand on remonte sur scène.
09:27Aujourd'hui, vous sortez ce film.
09:28Tout semble facile.
09:29Mais ce qu'on oublie,
09:30c'est que vous avez quand même mis du temps.
09:32Ça a pris plusieurs années.
09:3315 ans, c'est ça ?
09:34Vous avez douté parfois ?
09:36Non, je n'ai jamais douté.
09:37Coluche disait qu'il faut 10 ans
09:39pour être connu du jour au lendemain.
09:41Et voilà, j'arrive au bon moment.
09:42Ce n'est pas un film qui a été fait
09:45après que je sois connu.
09:47Une commande.
09:48Tu arrives, tu es là.
09:49Les gens arrivent au cinéma.
09:50Ils disent, mais c'est quoi ce film ?
09:52Ça arrive pile poil.
09:53Alignement de planètes au bon moment.
09:55Quel a été, d'après vous, le déclencheur
09:57pour le cinéma ?
09:58Vous diriez que c'est la vie scolaire ?
09:59Oui, la vie scolaire.
10:00La vie scolaire, oui.
10:02Ils me connaissent très bien.
10:03Ils me connaissent aussi bien qu'Ali.
10:04Ils connaissent mes points forts,
10:05mes points faibles.
10:06Il m'avait fait déjà tourner dans Patient,
10:08un tout petit rôle.
10:09Oui, c'est vrai.
10:10Mais vraiment, le rôle du prof de sport
10:12dans la vie scolaire,
10:13tous les ados, tous les jeunes,
10:15il n'y a pas un moment
10:16où il n'y a pas un jeune qui prie ping-pong.
10:19Je l'adore, je l'adore ce personnage.
10:21Franchement.
10:22Vous avez des personnages comme ça
10:23qui vous collent à la peau ?
10:24Non, mais tous les persos que j'ai faits au cinéma
10:27sont drôles, attachants.
10:29Mais voilà,
10:30j'essaye d'être juste, d'être bon.
10:32Peu importe le rôle,
10:33il n'y a pas de petits rôles.
10:34Il n'y a que des petits acteurs.
10:35Avant de se quitter,
10:36c'est notre tradition,
10:38si je vous demande avec qui
10:39vous rêveriez de passer un tête-à-tête ?
10:40Avec Coluche.
10:41Ah, bah oui.
10:43Vous l'avez cité il y a quelques instants.
10:45Voilà, Coluche.
10:46Qu'est-ce que vous auriez envie de lui demander ?
10:47Non, mais j'ai 4000 questions
10:50à lui parler,
10:51faire un tête-à-tête,
10:52à rigoler avec lui.
10:53Mais c'était l'hésitation entre Coluche
10:55et Louis de Funès.
10:57Oui, c'est les deux personnes
10:59qui vous ont donné envie
11:00de faire ce métier ?
11:01Oui, c'est les personnes
11:02qui m'ont donné envie
11:03de faire ce métier.
11:04Coluche, comme moi,
11:05il était dans la blague.
11:06Après, si on se retrouve dans le cinéma,
11:07il a fait son rôle sérieux.
11:09C'est devenu,
11:10pour un humoriste,
11:11de faire un rôle sérieux,
11:12c'est faire son Ciao Pantin.
11:14Oui, c'est ça.
11:15Faire son Ciao Pantin.
11:16Vous l'attendez, votre Ciao Pantin ?
11:17J'aimerais y arriver un jour,
11:19mais je ne l'attends pas.
11:20Si ça doit venir, ça viendra.
11:21Il y arrivera.
11:22Oui.
11:23Au bon moment.
11:24Au bon moment, c'est ça.
11:26Il faut y aller délocalisé.
11:27Et ça, franchement,
11:28il faut y aller.