Témoins de l'actu - 14/02

  • il y a 7 mois
Témoins de l'actu - 14/02

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00:00 A 8h10, venez nous dire si vous faites partie de ces français qui font moins l'amour.
00:04 On le rappelle, selon un récent sondage, 76% ont eu un rapport dans les 12 derniers
00:09 mois, une baisse de sexualité de 15 points par rapport au dernier sondage en 2006.
00:14 Comment l'expliquer ? Est-ce important ? Appelez-nous dès maintenant, vous êtes nos témoins de
00:18 l'actu, nous vous attendons.
00:19 02 38 53 25 25.
00:22 Et Marie Dorcé pour en parler ce matin.
00:23 Notre invitée est une sexologue orléanaise.
00:26 Bonjour Audrey Souchet.
00:27 Bonjour.
00:28 Est-ce que les français font vraiment de moins en moins l'amour ?
00:30 Alors de moins en moins l'amour, en tout cas de moins en moins enflammer, j'ai entendu
00:34 tout à l'heure et c'est plutôt ça qu'il faut regarder.
00:35 De mon regard, effectivement, l'activité sexuelle aujourd'hui, elle est en concurrence
00:40 avec plein de choses.
00:41 Est-ce qu'en réalité, on a le temps de rêver, de poser notre imaginaire érotique ? Est-ce
00:46 qu'on a le temps de se connecter à soi, à l'autre ? Pas tout à fait.
00:49 La concurrence est rude et notamment la concurrence des écrans.
00:51 Pour vous, c'est effectivement un lien avec l'environnement qu'on a.
00:56 Oui, tout à fait, c'est un lien avec l'environnement parce qu'en fait, notre cerveau érotique
00:59 a besoin d'être un cerveau désirant et pour ça, il faut de l'espace cognitif et aujourd'hui,
01:03 on en a de moins en moins.
01:04 Et alors, comment on fait pour en retrouver ?
01:05 Alors, ce qui me semble intéressant, c'est de regarder effectivement comment on peut
01:09 tout simplement prendre le temps, soit avec soi, venir à des choses plus calmes et puis
01:13 laisser la sensorialité et notre corps finalement aux commandes.
01:16 Je me rends compte en consultation que j'ai beaucoup de personnes qui sont dissociées
01:20 de leur corps et finalement beaucoup dans leur tête, avec beaucoup de stress.
01:24 On sait qu'il y a une augmentation en fait des activités sexuelles dans les périodes
01:27 d'été finalement où on se retrouve avec les guinguettes, avec le doux, avec tous nos
01:32 souvenirs érotiques qui étaient des souvenirs souvent estivaux.
01:35 Les premières fois, on sait qu'il y a beaucoup plus de premières fois dans les périodes
01:38 estivales pour les jeunes parce qu'ils sont posés, parce qu'ils se calment et parce qu'il
01:41 y a tout simplement un espace pour se connecter.
01:44 On parle de contexte.
01:45 Le contexte, c'est aussi que selon l'étude, ce sont les jeunes qui sont les plus touchés
01:49 par cette baisse de libido.
01:51 Est-ce que c'est une vraie baisse de libido ?
01:52 Alors, c'est une vraie baisse de connexion.
01:55 Ça, c'est une réalité.
01:56 Et aujourd'hui, effectivement, il y a beaucoup de stress associé à la sexualité.
02:00 Les mouvements #MeToo et consentement ont permis aussi de s'autoriser à pouvoir dire
02:04 non ou en tout cas à vouloir une vraie sexualité libérée et choisie.
02:08 Je ne suis pas sûre qu'en 2006, c'était réellement des rapports peut-être enflammés
02:13 et nourrissants.
02:14 Donc ça, c'est intéressant de le regarder.
02:15 Et surtout, effectivement, entreprendre le risque de ne pas réussir à avoir une belle
02:19 érection, ne pas réussir à te faire du bien, avoir peur de te faire du mal, avoir peur,
02:24 eh bien je vais peut-être préférer une série Netflix parce que ça me fait moins peur.
02:26 Aujourd'hui, il y a un évitement des jeunes qui peuvent me dire qu'ils sont un peu perdus
02:31 dans la relation, qu'ils ne savent plus faire, qu'ils n'ont plus les codes de séduction,
02:34 de peur d'être affichés comme violents, violentes ou comme trop sexuels.
02:39 Donc il y a vraiment ça, il y a un apprentissage de mon regard à faire.
02:42 D'ailleurs, la France a légiféré pour des heures de vie affectives et sexuelles.
02:46 C'est génial.
02:47 Il faut continuer à les mettre en place et surtout auprès de professionnels qui sont
02:51 qualifiés.
02:52 - Vous dites que le mouvement #MeToo a joué.
02:54 Expliquez-nous un petit peu, est-ce que c'est la question du consentement qui se pose aussi
02:59 beaucoup plus ?
03:00 - Oui, bien sûr, ça fait partie du contrat relationnel dès la première seconde, dès
03:03 la première minute.
03:04 C'est une très belle chose parce que, alléluia, le devoir conjugal est vraiment enlevé.
03:08 Donc on a cette autorisation et aussi cette autorisation à dire "j'ai pas envie en fait,
03:11 aujourd'hui je suis asexuel" ou "aujourd'hui je suis intermittent du sec, j'ai des moments
03:15 où il y a de la sexualité puis des moments un peu moins".
03:17 Et des moments où oui, je suis sexophile, j'aime cette activité et j'ai envie de la
03:20 vivre.
03:21 Donc il y a cette autorisation-là.
03:22 - Notre invitée ce matin est une sexologue orléanaise, vous l'entendez.
03:26 Venez nous dire au 0238 53 25 25 si vous faites de moins en moins l'amour, comme le dit cette
03:32 étude, Marie.
03:33 - Et oui, vous parlez aussi encore une fois du contexte.
03:35 Chez les jeunes notamment, il y a une angoisse du futur qui peut jouer sur cette baisse d'activité
03:41 sexuelle ?
03:42 - Oui, vous avez tout à fait raison.
03:43 L'hormone qui est nécessaire pour avoir une belle sexualité et de la motivation de
03:46 manière générale dans la vie, c'est la dopamine.
03:48 L'opposé, c'est l'adrénaline et le cortisone, les hormones de stress.
03:51 Donc plus je stresse sur mon devenir, sur le futur, sur est-ce que demain j'aurai un
03:56 travail, est-ce que demain il y aura la guerre, est-ce que demain les hommes-femmes seront
04:00 vraiment opposés, est-ce qu'il y aura une guerre des sexes, est-ce que demain je ferai
04:05 un enfant ou pas dans ce monde ?
04:06 Toutes ces angoisses-là du futur entraînent de l'angoisse de manière générale, de l'anxiété
04:11 et donc les hormones de stress qui vont annihiler le désir.
04:14 On sait bien, et on est des animaux, on n'a jamais vu un lion ou même un chevreuil avoir
04:19 un kouit en pleine nature s'il y a un danger autour, il est sous une cuite ou en ciel,
04:24 il n'a pas à manger, il y a des carnivores.
04:25 Et nous aussi, la chose la plus importante c'est la sécurité avec moi, avec l'autre
04:29 et avec l'environnement.
04:30 - Vous parlez de "est-ce que je ferai des enfants ou pas", la sexualité est encore
04:35 très liée à l'accouplement et au fait de faire un enfant ?
04:39 - En tout cas le rapport sexuel, oui, et effectivement dans cette étude on parle plutôt de rapport
04:44 sexuel, donc il faudrait regarder ce que ça veut dire, pour moi en tant que sexologue
04:47 ça veut dire le kouit et pas forcément la relation sexuelle.
04:50 Donc aujourd'hui effectivement le kouit il peut encore être associé à du reproductif
04:54 et pas forcément du récréatif, on nous enseigne beaucoup plus les risques de grossesse non
04:59 désirée, diesté et de limites de consentement, que ce soit un consentement masculin ou féminin,
05:04 et beaucoup moins le "comment je me connecte à toi", comment la sexualité va me permettre
05:08 d'être résistante au stress, comment ça va permettre une meilleure immunité, comment
05:12 ça va permettre à mon corps de se sentir mieux, comme le sport.
05:15 - Bon et est-ce qu'on regarde pas un peu trop de vidéos pour adultes, puisque à peu près
05:19 je sais plus, 70% du trafic d'internet est lié à des vidéos X ?
05:22 - Et de plus en plus jeunes aussi.
05:23 - Tout à fait, il peut y avoir une intrusion en fait d'images sexuelles très tôt qui
05:27 vont faire des dégâts importants dans le cerveau des jeunes, on sait qu'il y a des
05:31 pornos qui sont accessibles parfois sur des jeunes en cours de récréation sur 8-10 ans,
05:36 bien sûr que ça fait très peur, bien sûr qu'en plus pour nous déjà, être à la hauteur
05:41 de ces acteurs, de ces scénarios formidables, moi je joue pas personnellement, je sais que
05:45 je vais pas être à la hauteur, donc pour des jeunes qui sont en difficulté, encore
05:48 plus.
05:49 Ils vont avoir l'impression qu'il faut tout scénariser, des jeunes femmes vont pouvoir
05:52 s'exprimer et crier de façon... parce qu'il y a ça, et en fait c'est pas du tout la réalité.
05:58 Et puis angoisse, parce que mon image corporelle correspond pas, parce que mes performances
06:02 correspondent pas, donc encore une fois, je vais rester sur mon téléphone parce que
06:05 ça a l'air d'être hyper dangereux en fait la sexualité.
06:07 - Pourtant on a l'impression que cette jeune génération justement, elle est plus ouverte
06:11 sur les différentes sexualités, la sexualité aussi en un seul mot, sur voilà on sait que
06:17 le porno c'est pas la vraie vie etc.
06:18 On a cette image là un peu de cette jeune génération qui est peut-être plus ouverte
06:21 et donc qui aurait plus tendance à explorer et à se laisser aller.
06:25 - Ce qui est intéressant c'est de se dire, les films comme Fast and Furious, il n'y a
06:28 pas eu beaucoup d'accidents sur les routes.
06:30 On a compris qu'il y avait une différence.
06:31 Les jeunes générations qui vont bien, qui ont une belle estime d'eux, qui ont confiance
06:35 en eux, qui ont une bonne image corporelle, une fantasmatique érotique, qui ont pas de
06:39 troubles sexuels, vont aller vers une sexualité simple, libre, consentie.
06:42 Toutes ces personnes là je les vois pas en cabinet et tant mieux.
06:45 Je les vois en atelier de prévention.
06:47 Et très souvent ils ont beaucoup de questions et il y a une ouverture.
06:49 Par contre dès qu'on a un problème d'estime de soi, de confiance en soi, une image corporelle
06:53 qui est pas simple, une psyché abîmée, des modèles plus ou moins modèles qu'on a eu
06:57 dans notre enfance, et malheureusement il y a aussi ça, on va avoir ensuite un évitement
07:01 de relation, que ça soit de relation affective ou sexuelle.
07:04 - Cette étude elle sort pas nulle part, elle a été commandée par une marque de jouets
07:08 pour adultes, mais est-ce que c'est si grave que ça si les français font moins l'amour ?
07:13 - Alors déjà, quels français ? Je sais pas à qui on a posé la question.
07:17 Est-ce qu'on a posé la question à des personnes qui étaient sexophiles ? Est-ce qu'on a posé
07:20 la question à des personnes qui ont des troubles sexuels ? Aujourd'hui si vous avez des douleurs
07:23 au rapport ou des difficultés érectiles, bien sûr que vous évitez.
07:26 Donc est-ce que c'était des personnes qui allaient bien ? Ensuite c'est effectivement
07:30 pour moi vraiment une étude qui est orientée, il y a que 1500 personnes qui ont répondu,
07:34 dans une marque de sextoys, orientée plutôt coït et pénétratif.
07:37 Donc est-ce que c'est vraiment grave ? C'est pas grave à partir du moment où on est dans
07:42 un couple qui va bien.
07:44 Pour moi, je suis aussi thérapeute de couple, du coup la sexualité elle fait partie intégrante
07:48 du pilier du couple.
07:49 Mais la sexualité c'est aussi l'intimité, le pot à pot, le regard valorisé, le corps
07:53 de l'autre, se connecter, se masser, c'est pas toujours pénétré.
07:57 - Et tout ça effectivement on en reparlera un tout à l'heure avec vous, puisqu'on vous
08:00 retrouve au Dressouchet tout à l'heure dans l'émission "A votre service" présentée
08:04 par Juliette Géraud de 9h15 à 10h, à l'occasion de la Saint-Valentin, on parlera du couple
08:09 et de comment rallumer la flamme avec son partenaire.
08:11 Merci beaucoup d'avoir été notre invitée dans les Témoins de l'Actu.